Anne Hidalgo était l'invitée du Grand Entretien mardi 18 mars. Alors que la maire socialiste de Paris a récemment annoncé ne pas se représenter pour un troisième mandat, elle publie "Résister. Le pari de l'espoir" (Éd. de l'Observatoire). Elle revient sur plus de dix ans de mandature.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin la maire socialiste de Paris.
00:04Elle publie « Résistez, le pari de l'espoir » aux éditions de l'Observatoire.
00:09Vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:15Annie Delgaux, bonjour.
00:17Bonjour à vous, bonjour.
00:18Bienvenue, bienvenue à ce micro.
00:21On va revenir avec vous sur l'actualité politique nationale et internationale.
00:25Mais d'abord, quelques mots sur ce livre qui accompagne la décision que vous avez prise
00:30de ne pas briguer un troisième mandat de maire de Paris.
00:33C'est un livre où vous donnez votre vision de ce que furent les années Hidalgo à Paris
00:40et de ce que cela a représenté aussi pour une femme.
00:43Puisque vous en parlez dans votre livre d'être à la tête d'une grande ville pendant plus de dix ans.
00:49Pourquoi avoir décidé de ne pas vous représenter ?
00:51Je vais vous reposer la question de manière plus cash.
00:54Vous en aviez marre de faire de la politique ?
00:58Non, pas du tout.
00:58Et d'ailleurs, le livre n'est pas un livre bilan sur Paris.
01:01C'est un livre de réflexion sur ce que devient la démocratie, sa fragilité, les risques.
01:07Parce que oui, le risque de voir notre démocratie se terminer,
01:13comme ce que nous voyons par exemple aux États-Unis aujourd'hui, est un risque réel.
01:17Donc j'ai voulu, à travers bien sûr mon expérience de maire, c'est un élément central,
01:23mais aussi mes lectures, mes rencontres,
01:26le travail que j'ai pu mener avec des maires, des élus, des responsables politiques.
01:31Je pense à Lula, je pense à Michel Bachelet, Dilma Rousseff et beaucoup d'autres.
01:35Bien sûr, le président Zelensky, le maire de Kiev, également Klitschko.
01:39Toutes ces rencontres qui, dans un moment qui est un moment quand même de grande fragilité de la démocratie,
01:46m'ont poussé à écrire.
01:48Et avec une idée fixe, c'est comment, parce que je pense qu'il faut de l'espoir, de l'espérance,
01:54comment on peut encore faire en sorte que des règles de droit, des règles démocratiques régissent les conflits,
02:01qui sont les conflits naturels entre tous les humains, que ce soit à l'échelle d'une ville ou à l'échelle de la planète.
02:06Alors justement, vous écrivez « Nous assistons à la lente et méthodique destruction du politique.
02:11La démocratie est minée de l'intérieur. »
02:13Vous parlez des hommes et des femmes politiques aujourd'hui qui seraient majoritairement,
02:16je vous cite, « des incompétents, ambitieux, obsédés par la com, par les clics sur leur story. »
02:22Vous les appelez les élus TikTok. Vous êtes dure.
02:25Je ne dis pas majoritairement, mais ils sont très nombreux quand même.
02:27Mais c'est… Oui, très nombreux. Peut-être pas majoritairement, si vous voulez qu'on joue sur les mots.
02:3249%, 49%.
02:34Je n'ai pas fait de statistique, je n'ai pas fait de sondage sur le sujet.
02:36Mais ce que je veux dire, c'est, vous regrettez l'époque à l'ancienne, la politique à l'ancienne du tractage sur les marchés ?
02:43Non, parce que je le pratique aussi.
02:46Mais ce que… Et je ne regrette pas le fait que, et je le dis, je fais tout un chapitre sur les pièges du Nouveau Monde.
02:53Bien sûr qu'il fallait bousculer les vieux partis qui étaient quand même dirigés par des hommes,
02:58dans lesquels les femmes avaient très peu de place.
03:00Je cite beaucoup d'exemples, y compris du Parti socialiste français.
03:05Et je ne regrette pas cette période-là.
03:07En revanche, je pense que cette espèce de génération spontanée TikTok ou autre qui arrive et qui pense que parce que je le vaux bien,
03:18je vais être élue et qu'il suffit de faire trois passages, soit sur une radio, soit sur TikTok et quelques tweets un peu viraux pour que ça marche.
03:29Ça, ça ne va pas, parce qu'il y a du travail.
03:31Moi, je pense qu'il faut réhabiliter la politique, c'est-à-dire ce travail autour de qu'est-ce que j'apporte ?
03:38Quelle est mon utilité ?
03:39Je le dis, quand on s'engage en politique, il faut faire un travail sur soi.
03:44Il faut passer du « je » au « nous ».
03:46Il faut se dire en quoi je suis et je veux être légitime à représenter des intérêts qui sont autres que ma propre vision des choses.
03:55Et ça, il faut le réhabiliter par le travail, le travail des élus, le travail politique, la lecture.
04:01Sur votre vision de la politique aujourd'hui, vous dites être fière d'avoir été la seule candidate à la présidentielle et d'être pas allée dans l'émission de Cyril Hanouna,
04:08être fière d'avoir été une des premières à quitter X, le réseau social d'Elon Musk.
04:13Vous citez les réseaux sociaux et la montée des populismes comme facteurs de la crise actuelle, de la crise démocratique actuelle,
04:21mais vous les voyez refluer, les réseaux sociaux, vous voyez refluer les populismes.
04:25Et quelles sont vos armes face à cette nouvelle manière de faire de la politique ?
04:28Vous avez commencé au tout début, votre première réponse, c'est de dire avec le risque que la démocratie se termine, regardez ce qui se passe aux Etats-Unis.
04:35Mais aux Etats-Unis, Donald Trump a été élu de manière majoritaire.
04:40Je veux dire, la démocratie n'est pas terminée aux Etats-Unis, parce qu'il a été élu, il n'a pas volé son élection.
04:45Javier Milaï est élu, le RN ici fait 11 millions de voix aux dernières législatives.
04:48Absolument, et c'est ce que j'explique d'ailleurs, c'est que ces populistes-là ou ces extrêmes-droites,
04:55parce que souvent c'est aussi de l'extrême-droite, gagnent des élections en utilisant tous les outils de la démocratie.
05:01Donc soyons clairs, quel est le contre-modèle que vous proposez ?
05:05Je pense qu'il faut revenir aussi à un rôle des partis politiques, à un rôle des syndicats,
05:10à un rôle, vous savez je suis profondément social-démocrate par rapport à la pensée que j'ai sur les choses,
05:16je pense qu'il faut de l'équilibre, il faut rajouter l'écologie, bien sûr, à la question politique aujourd'hui,
05:21mais je suis profondément social-démocrate dans la méthode à développer.
05:25Il faut s'appuyer sur les organisations syndicales, sur les associations, il faut s'appuyer sur les maires, les élus locaux,
05:31qui sont la première vraie école politique de ce pays.
05:34Et il faut retrouver pour les partis politiques le goût des rencontres,
05:39le goût du militantisme dans les sections, dans les groupes de terrain.
05:44Je donne l'exemple de Pedro Sanchez en Espagne, comment, c'est très dur, il s'en prend plein la figure,
05:50comment il résiste encore ? Eh bien parce qu'il a un parti politique qui s'appelle le PSOE,
05:55qu'il a maintenu, son obsession c'était que le PSOE ne devienne pas comme le PASOK, le parti grec,
06:01qui s'était complètement effondré avec la première crise en Grèce.
06:05Et il a réussi cela, donc moi je prône, il faut une élévation…
06:10Vous pensez que la réponse est dans le parti politique, aujourd'hui, face à TikTok ?
06:13Elle est dans les partis politiques, oui, parce qu'il y a aussi, je pense, chez nos concitoyens,
06:18le goût, l'envie de retrouver le débat à hauteur de regard,
06:22d'avoir des échanges qui ne sont pas que des échanges virtuels.
06:26Je pense que c'est aussi, en réhabilitant la politique, en ayant un sursaut éthique,
06:32ça ne peut pas être la petite politique politicienne, des petits coups bas,
06:36que je raconte aussi dans ce livre, qui existe dans les partis politiques.
06:41Donc c'est rehausser cela, et remettre au cœur de la discussion, de la conversation avec les citoyens,
06:48les questions de notre intérêt commun.
06:50Anne Hidalgo, vous avez des phrases dures sur le populisme et l'extrême droite,
06:54la menace qu'ils posent, qu'ils font encourir à la démocratie,
07:00le pétainisme, tout comme l'extrême droite française continue de prospérer,
07:06déplorez-vous, vous comparez, je vous cite, les populistes à des islamistes politiques radicaux
07:13comme les frères musulmans, prosélytisme, manipulation, mensonge, double langage,
07:19ils parlent une langue pour leur communauté et une autre pour l'extérieur.
07:24Comparer les populistes aux islamistes radicaux, assumer la comparaison RN-Pétain,
07:31vous pensez que c'est efficace ?
07:33Oui, parce que je crois qu'il faut nommer les choses, je pense que les mots ont un sens,
07:38et il ne faut pas battre en retraite quand on a des attaques.
07:46Par exemple, l'offensive pendant la présidentielle d'un Éric Zemmour,
07:51dont la volonté était vraiment de réhabiliter le pétainisme.
07:56Le jour où cette partie de l'extrême droite aura réhabilité Pétain,
08:00ils auront fait céder une digue, d'où ses propos sur Pétain qui aurait sauvé des juifs.
08:06Il a quand même fait toute une partie de la campagne, ça lui a valu, non pas un énorme score,
08:11le mien était encore plus faible, mais ça lui a valu des sondages qui, pendant toute une partie
08:17de la pré-élection, l'ont mis au devant de la scène.
08:21Je pense qu'il ne faut pas céder à ces manipulations, ce sont des manipulations.
08:26Vous pensez que les sondages sont manipulés ?
08:28Les sondages, vous savez, il suffit de regarder comment ils sont fabriqués,
08:32il y a une très très bonne littérature sur le sujet, je vous invite à lire les articles d'Éric Brommer
08:38dans Le Monde, qui a fait lui-même des articles avant la présidentielle et après la présidentielle.
08:45Je vous invite à lire toute une littérature qui aujourd'hui nous explique comment la manipulation vient,
08:50et d'ailleurs un chercheur, un professeur de droit, était auditionné il y a peu de temps à l'Assemblée nationale sur ce sujet.
08:57Vous pensez par exemple que les sondages ont été manipulés par exemple à la dernière présidentielle ?
09:03C'est quoi la manipulation ? C'est comment ils sont fabriqués ?
09:06Intéressez-vous ? Faites une émission, je vous assure, faites une émission.
09:09On l'a fait, on l'a fait, comment ils cadrent le débat, c'est ça ce que vous voulez dire ?
09:13Et qu'ils deviennent en fait ce qui envahit le débat, c'est-à-dire que quand on vient sur les plateaux,
09:19on parle de quoi ? On parle du sondage qui donne vos résultats supposés,
09:24et on ne parle pas de votre programme, on ne parle pas de vos propositions.
09:28Regardez la présidentielle de 2022, il faudrait y revenir.
09:31Vous êtes des journalistes et des journalistes politiques dans le service public et dans un lieu magnifique.
09:39Il faut regarder ce qui s'est passé, revenir sur cette présidentielle.
09:43À quel moment on a posé les sujets qui étaient les sujets que les Français avaient aussi envie de poser ?
09:49La question de l'immigration était là comme un éléphant dans la pièce.
09:53Elle est réelle et il fallait la traiter.
09:55Mais ce n'était pas la question exclusive.
09:57On en est toujours au même point sur la question de l'école, on en est toujours au même point.
10:00Pourquoi ? Parce que deux ans après la présidentielle, on se retrouve avec quoi ? Avec une dissolution.
10:06Ça veut bien dire qu'il y a eu un crash démocratique qui fait que les Français ne se sont pas prononcés sur leur avenir.
10:12Et donc la question de tous les acteurs de la démocratie, les politiques en premier lieu, les journalistes, les syndicats,
10:19tous ceux qui font que la démocratie peut exister, doivent aussi faire cette introspection pour sauver la démocratie.
10:26En vous écoutant, on a l'impression que vous pensez que 2022 a été un crash démocratique.
10:33Mais pourtant Emmanuel Macron a été élu et bien élu, démocratiquement élu.
10:38Les sondeurs, les journalistes, etc.
10:40Mais c'est-à-dire que vous, dans votre score d'1,7%, vous ne voyez pas votre responsabilité aussi ?
10:48Je vois et ma responsabilité est celle de mon parti et je le dis très clairement.
10:54Évidemment, quand je me suis lancée, je reviens, j'ai tout un écrit sur la présidentielle.
11:02Évidemment que quand je me suis lancée dans la présidentielle, je savais qu'on perdrait.
11:06Donc j'ai tout un chapitre sur pourquoi on se présente.
11:10Il y a des fois, on veut gagner, il faut gagner.
11:12Et il y a parfois, et c'était le cas pour la présidentielle, on sait qu'on va perdre.
11:16Mais on y va quand même. Pourquoi ?
11:17Pour moi, c'était très clair.
11:18Il y avait un drapeau, le drapeau du Parti Socialiste qui allait rester par terre.
11:22S'il était par terre, il ne se relèverait plus.
11:24Et ce parti auquel j'ai adhéré il y a longtemps est quand même le parti de force politique,
11:32de personnalité, les Jaurès, les Blum et beaucoup d'autres, les Mitterrands,
11:36qui ont permis de grandes avancées, de grandes conquêtes sociales dans notre pays.
11:42Donc oui, il y a une responsabilité qui était qu'il n'y avait pas d'organisation pour mener la campagne.
11:47Alors, il ne nous reste pas beaucoup de temps et un milliard de questions.
11:50D'abord, sur l'actualité, François Bayrou, un mot sur ce qu'il a déclaré à notre antenne dimanche.
11:57Il ferme la porte clairement à un retour à 62 ans malgré le conclave.
12:01Il a été interrogé sur la possibilité du retour à 62 ans pour les retraites.
12:04C'est non.
12:05Au PS, on parle de trahison.
12:07Vous, vous dites quoi ?
12:10Ce n'est pas bien du tout.
12:11C'est une façon, là encore, d'abîmer la démocratie et la démocratie sociale.
12:15Moi, je crois au rôle des partenaires sociaux, notamment sur une question comme celle des retraites.
12:19D'ailleurs, s'ils avaient négocié en amont d'une réforme qui n'est pas passée,
12:23qui n'est toujours pas passée, qui a été votée à coup de 49-3,
12:28mais qui n'est pas passée, qui était très, très largement contestée,
12:31si on avait laissé les partenaires sociaux négocier, faire leurs propositions,
12:36on n'en serait pas là.
12:37Donc, ce n'est pas bien.
12:38C'est une façon de dire, j'ai dit qu'on ouvrait cette possibilité,
12:43que je laissais toute l'attitude aux partenaires sociaux,
12:45et je referme la porte, parce que ça ne me convient plus, ça ne va pas.
12:48Pour le député François Ruffin, ex-LFI qui siège au groupe écologiste,
12:52les déclarations de Bayrou sont à l'évidence un motif de censure du gouvernement.
13:00Qu'en pensez-vous ? Les socialistes doivent-ils se reposer la question de la censure ?
13:04Moi, j'étais contre la censure.
13:06Et d'ailleurs, je ne comprends pas qu'on ait déjà censuré le gouvernement Barnier,
13:11franchement, dès ce moment-là.
13:13Donc, je pense qu'il faut traiter autrement le sujet.
13:17Mais le problème, c'est qu'on a affaire à un Premier ministre qui ne tient pas parole,
13:21et qui n'a pas conscience.
13:22Et du coup, vous ne censurez pas ?
13:24Vous êtes pour garder François Bayrou jusqu'en 2027 ?
13:26Non, je ne suis pas pour garder François Bayrou, je suis pour qu'il y ait un débat.
13:30Mais enfin, quand vous voyez que François Bayrou, le même,
13:32qui quand même ne tient qu'à un fil à l'Assemblée,
13:37un, écarte ce qu'il avait dit sur les partenaires sociaux et leur rôle,
13:42mais aussi introduit une loi pour changer le mode de scrutin à Paris,
13:46c'est-à-dire un bidouillage électoral incroyable,
13:50comme si c'était une urgence démocratique.
13:52Mais où on est, quoi ?
13:53Je lui ai dit d'ailleurs, en tête à tête,
13:56parce qu'il y a des enjeux de circonscription
13:59dans lesquels il pourrait faire élire une de ses proches.
14:01Voilà, c'est ça.
14:03Alors, quand on en est là, absolument,
14:06parce que Mme Dati a déjà vendu la circonscription de M. Lossuc,
14:10pardon, c'est moche de dire ça comme ça,
14:12la circonscription de M. Lossuc, qui va être invalidée,
14:15elle l'a déjà vendue à M. Bayrou,
14:16qui mettra une de ses proches à cet endroit-là.
14:19Vous voyez sur quoi ?
14:20Là, c'est une mise en cause qu'ils peuvent juger discriminatoire.
14:22Pour vous, c'est uniquement ça ?
14:24Bien sûr que c'est uniquement ça,
14:25parce que les autres arguments ne tiennent pas.
14:27Et d'ailleurs, quand vous voyez que toutes les formations politiques,
14:31les LR, les Verts, beaucoup d'autres sont contre,
14:37et quand même qu'il y a plus qu'une gêne du côté du président du Sénat
14:41et de la présidente de l'Assemblée nationale,
14:43vous vous dites franchement,
14:44est-ce qu'il n'y a pas d'autre urgence démocratique
14:46que d'aller abîmer quelque chose qui en plus fonctionne plutôt bien,
14:50et notamment à Paris et à Lyon ?
14:51Deux questions rapides sur la crise entre la France et l'Algérie
14:54autour des expulsions que refuse Alger,
14:56qui ne veut pas reprendre ses ressources au QTF.
14:58Bruno Retailleau exige depuis ce matin des visas pour les dignitaires
15:00à passeport diplomatique qui veulent venir en France.
15:03C'est la première étape d'une réponse qu'il veut graduer.
15:05Il a raison ?
15:06Non, mais non, je pense que là aussi, l'Algérie,
15:08on ne traite pas l'Algérie de cette façon-là,
15:12et on ne traite pas avec l'Algérie de cette façon-là.
15:14C'est un grand pays, on a une histoire commune
15:17qui est une histoire effectivement faite de drames,
15:19d'incompréhensions, de difficultés,
15:22mais il faut de la désescalade dans cette relation.
15:26Et par ailleurs, je pense aussi à l'écrivain Boilem Sassal,
15:32qui est retenu en Algérie.
15:36Je pense aussi à lui,
15:37et je pense qu'il faut tout mettre en œuvre
15:39pour que dans une discussion apaisée
15:42avec les autorités algériennes,
15:44on puisse avoir une désescalade
15:46et obtenir sa libération pour des raisons humanitaires.
15:49On a joué l'apaisement, ça ne marche pas.
15:51Il est toujours en prison et il ne reprenne pas les OQTF.
15:53D'abord, il faut prendre du temps dans cette discussion,
15:56et je pense que la diplomatie, la discussion, le dialogue,
15:59même si c'est compliqué,
16:00est sans doute la meilleure voie à suivre.
16:02Une question sur la gaieté lyrique,
16:04lieu culturel parisien qui était occupé
16:06par quelques centaines de migrants depuis décembre.
16:09Ils ont été évacués il y a quelques heures,
16:14ce matin, sur ordre de la préfecture de police.
16:17C'était ce qu'il fallait faire.
16:18Ils ont eu raison d'ordonner l'évacuation à Nidalgo.
16:22À ce stade, c'est ce qu'il fallait faire,
16:23parce que la situation était très compliquée,
16:26très tendue et très dangereuse à l'intérieur,
16:29y compris pour ces jeunes migrants.
16:31Qu'est-ce que ça révèle ?
16:32Vous savez, dans une ville comme Paris,
16:35on a chaque année environ 8000 jeunes
16:38qui arrivent dans ces parcours de migration.
16:41Sur ces 8000 jeunes, il y en a environ 2500
16:44qui sont reconnus mineurs.
16:45Eux, immédiatement, pris en charge, évidemment,
16:49et à Paris et dans d'autres départements, sont soutenus.
16:53Une partie de ces jeunes n'est pas reconnue mineure
16:56et fait des recours.
16:57Nous avons obtenu, Rémi Féraud d'ailleurs,
17:00au Sénat a obtenu du gouvernement,
17:02qu'il puisse y avoir une prise en charge
17:06de la situation de ces mineurs qui sont en recours,
17:09ces majeurs qui veulent faire reconnaître leur minorité.
17:13Bref, il y a un travail qui, aujourd'hui,
17:16n'est pas fait suffisamment par toutes les autorités.
17:19À l'échelle de la région Île-de-France et de Paris,
17:24nous travaillons, moi j'essaye de convaincre,
17:26notamment la préfecture de police et la préfecture de région.
17:30Préfecture de région dont c'est la compétence,
17:32c'est une compétence de l'État, d'offrir des places d'hébergement.
17:36Il y a des places d'hébergement, il faut être honnête,
17:39qui ont été proposées ce matin, certaines à Paris
17:43et d'autres ailleurs qu'à Paris, sur lesquelles il y a un refus.
17:47Je pense que sur cette question d'immigration,
17:50là aussi, on ne peut pas cacher le problème,
17:52mais il faut aussi accompagner les collectivités locales
17:55qui sont en première ligne, non pas en compétence,
17:58mais en première ligne de cet accueil pour qu'il y ait des situations…
18:02Vous ne parlez pas ce matin de l'établissement culturel de la Gaieté Lyrique
18:05qui a vu au moins la moitié de ses recettes de l'année en volée
18:09et qui vous demande, d'ailleurs il y a une question sur l'appli d'Inter,
18:12après 99 jours d'occupation, allez-vous enfin soutenir la Gaieté Lyrique à Nidalgo ?
18:17Ecoutez, je ne réponds pas à ce type de formule.
18:20La Gaieté Lyrique, on la soutient depuis toujours
18:22et d'ailleurs c'est un lieu culturel exceptionnel.
18:26Allez, il reste une minute et on va parler des municipales à Paris,
18:29puisque vous ne vous représentez pas.
18:31Les ambitions s'aiguisent, il y aura une primaire du PS le 30 juin
18:34pour votre succession avec trois candidats désormais déclarés,
18:37le sénateur Rémi Féraud qui est votre candidat,
18:39mais également le député Emmanuel Grégoire, votre ancien premier adjoint,
18:42et maintenant Marion Valère, une de vos anciennes conseillères.
18:45C'est bon qu'il y ait cette primaire ?
18:47Bien sûr, c'est très bien qu'il y ait une primaire,
18:49parce que c'est une forme démocratique pour départager des candidats.
18:54Et je pense que dans le contexte dans lequel nous sommes,
18:58c'est-à-dire un contexte de tensions internationales,
19:01un contexte de grande instabilité, de risques pour nos démocraties,
19:06il faut des personnes solides.
19:08C'est pour ça que je soutiens Rémi Féraud,
19:11qui a une expérience, qui est quelqu'un qui,
19:15vous savez, dans les tempêtes qu'il y aura,
19:17parce que malheureusement je pense qu'on peut prédire encore beaucoup de tempêtes,
19:20il saura tenir un cap et faire gagner la gauche.
19:24Parce que je veux que la gauche gagne à Paris,
19:26et je pense que les Parisiens en ont besoin.
19:28Si Emmanuel Grégoire remportait cette primaire, vous le soutiendrez ?
19:32Écoutez, je ne vais pas rentrer dans le petit jeu,
19:34ça a déjà fait des dépêches AFP, et je le dis très sincèrement…
19:38Non mais parce que vous louez la démocratie, vous dites…
19:40C'est bien qu'il y ait une primaire, mais c'est la règle de la primaire.
19:44Et la règle de la primaire, c'est que chacun vote,
19:47chacun votera, je ne le soutiendrai pas.
19:49Je n'ai pas dit ça comme ça, mais en tous les cas,
19:52chacun votera pour qui il veut, et je pense que ce sera Rémi Féraud,
19:55parce que c'est quelqu'un de solide,
19:58quelqu'un qui se bat d'ailleurs, c'est un peu le seul aujourd'hui à se battre,
20:01sur la réforme de ce mode de scrutin,
20:06ce bidouillage électoral préparé par Madame Dati et M. Bayrou.
20:12C'est des rares à avoir compris quand même l'enjeu et à se battre là-dessus.
20:17Donc je sais qu'il gagnera, et je pense que…
20:19Vous êtes sûre qu'il gagnera ?
20:20Je suis sûre qu'il gagnera, parce que je sais que les militants
20:23sont des gens attachés, attachés à leur ville,
20:27attachés aussi au fait que la gauche gagne à nouveau à Paris,
20:33et que cette force-là, cette solidité-là va être reconnue.
20:37Donc je n'ai pas à me poser des questions qui, à ce stade, relèveraient de la fiction.
20:41Résistez le pari de l'espoir aux éditions de l'Observatoire.
20:46Merci Anne Hidalgo d'être venue au micro d'Inter ce matin.
20:50Il est 8h47.