Catégorie
📚
ÉducationTranscription
00:00:00Voilà, comme je l'ai dit la semaine dernière, la fois précédente, tous les éléments de
00:00:25l'architecture peuvent postuler à la première place, la plus importante.
00:00:32Bien sûr le toit, puisqu'on dit avoir un toit, être bien sous son toit, c'est sans
00:00:40doute donc un élément fondamental, vraiment fondamental, vraiment premier de l'architecture
00:00:47et d'ailleurs c'était l'un des quatre éléments de Zimper dont j'ai parlé tout à l'heure.
00:00:53Mais c'est vrai qu'il y a des civilisations pour lesquelles l'architecture pratiquement
00:00:59elle se résume au toit.
00:01:01Bon, je n'ai pas apporté des photos parce que je n'ai pas voulu orienter ma conférence,
00:01:07mon cours, mon exposé de cette façon, mais vous voyez, en Chine, en Thaïlande, en Asie,
00:01:15au Japon, l'architecture c'est le toit et surtout l'architecture, c'est vrai que
00:01:23dans les bâtiments traditionnels, on ne veut pas vraiment parler de façade, si vous voulez,
00:01:28comme si l'interface la plus importante c'était l'interface entre le ciel et la terre, entre
00:01:38le monde réel et le monde de toutes les figures fantasmagoriques de la Chine ou du Japon.
00:01:48Et c'est vrai que si pour les Occidentaux, l'artisan qui se rapproche le plus de l'architecte,
00:02:01c'est le maçon, on se rappellera de la phrase de Loss, l'architecte c'est un maçon qui
00:02:10a appris le latin.
00:02:12Pour un Japonais, c'est un charpentier.
00:02:17J'avais fait un entretien à Osaka avec Hondo et il m'a bien expliqué que même s'il ne
00:02:24fait que du béton, même si je pense qu'il n'a jamais fait de toiture de sa vie, son
00:02:29entrée dans l'architecture, ça a été un charpentier qui est venu dans la maison de
00:02:35ses parents pour y rajouter un autre étage.
00:02:39Donc le toit, c'est quelque chose d'essentiel, de fondamental.
00:02:45Mais je vais commencer par son toit, par ceux qui n'ont pas de toit, par ce film d'Agnès
00:02:53Varda où le personnage principal décide de partir.
00:03:01Je ne me rappelle plus trop bien du film, ça fait longtemps que je l'ai vu, je l'ai
00:03:05vu à sa sortie, mais c'est un choix.
00:03:08Elle choisit de tout quitter.
00:03:10D'ailleurs, à la même période, un petit peu avant, il y avait un autre film, c'était
00:03:15le film de Bernard Kezan, après un très beau roman de Pirec, L'homme qui dort.
00:03:24Et là, ce n'était pas quelqu'un qui partait, mais c'était au contraire quelqu'un qui
00:03:29restait enfermé complètement chez lui.
00:03:32On reste enfermé complètement chez soi parce qu'on est bien chez soi, on est bien avec
00:03:38soi-même.
00:03:40Quelque part, les autres, c'est un danger.
00:03:44Mais on est bien aussi, c'est bien aussi de sortir, de quitter son toit, de quitter
00:03:51sa maison et d'être dehors.
00:03:54Puisque là, effectivement, on s'expose et on rencontre partout l'altérité.
00:04:02On est tout le temps en contact avec l'autre.
00:04:05Effectivement, malheureusement, cette expérience, dans le récit d'Agnès Varda, elle se termine
00:04:11mal puisque le personnage principal finit par disparaître, il finit par se diluer complètement
00:04:18par cette extériorité parce qu'il n'a plus aucune protection.
00:04:24Voilà, le toit, c'est se protéger et c'est d'abord effectivement se protéger des intempéries.
00:04:32Se protéger de la pluie, de la neige, pas vraiment du vent, mais ça permet de se protéger
00:04:42contre la nature.
00:04:43J'adore cette image du filaret, Adam cherchant à s'abriter et je trouve qu'elle est vraiment
00:04:51importante.
00:04:52C'est une des images les plus importantes du cours parce qu'Adam, il a été chassé
00:05:00du paradis.
00:05:01Je ne me rappelle plus trop bien ce qu'il avait fait, mais voilà, il est chassé.
00:05:05Et qu'est-ce qu'il fait ? Il pleut et qu'est-ce qu'il fait ? Il construit avec ses mains un
00:05:14toit au-dessus de sa tête pour se protéger de la pluie.
00:05:18Peut-être après tout son travail, ça va être de se protéger de la pluie, de la neige,
00:05:26du vent et de retrouver l'ambiance du paradis.
00:05:31Parce que le paradis, effectivement, c'est l'ambiance optimale du développement humain.
00:05:38C'est évident que vous voyez aujourd'hui, on est dehors.
00:05:41Si j'avais fait le cours dehors, on serait morts de froid pratiquement et donc il faut
00:05:46effectivement rentrer ici, être protégé par un toit pour pouvoir m'écouter sans
00:05:57être soumis aux lois de la nature.
00:06:02Ça aussi, c'est un exemple que j'aime bien, je le cite souvent dans mes cours, c'est une
00:06:10intervention de Paolo Mendes da Rocha, place des Patriarches, et c'est vrai qu'elle est
00:06:18très étonnante.
00:06:19C'est sûr que quand on pense au Brésil, on a l'impression qu'il fait toujours beau.
00:06:23En fait, non, il pleut tout le temps.
00:06:26Effectivement, cette place-là, elle est quand même assez dure, elle est vraiment dans le
00:06:31centre-ville.
00:06:32Ce sont des immeubles assez hauts et c'est vrai qu'il y a toute une population comme
00:06:36ça qui n'est pas protégée, qui a besoin effectivement de l'espace public pour se
00:06:45rencontrer.
00:06:46Et donc, toute cette population, dès qu'il fait trop chaud, dès qu'il y a trop de soleil
00:06:52ou dès qu'il pleut, elle vient se protéger sous cette toiture qui a été conçue parce
00:06:59que c'est une entrée de métro.
00:07:01Mais vous voyez, la toiture, elle déborde largement l'entrée de métro et ça devient
00:07:06donc une sorte d'avre, uniquement protégée par un toit.
00:07:12Et ce qu'il y a de très beau aussi, c'est que vous voyez la partie protection, la coque,
00:07:18elle paraît pratiquement en lévitation, elle est complètement autonome par rapport
00:07:22à ses éléments porteurs parce que c'est un portique qui est très, très large, qui
00:07:27la soutient, qui la suspend.
00:07:29Voilà, on voit un peu mieux maintenant la classe dans son contexte avec les immeubles
00:07:37hauts qui l'entourent et puis toute cette population qui est là, qui cherche à se
00:07:44parler, à se rencontrer et qui vient donc effectivement, à la sortie du métro, être
00:07:51protégée sous cette grande coque.
00:07:55Autre exemple de toit dans l'espace public, c'est plus un Saint-Paolo, c'est un gant.
00:08:04Et c'est un projet assez intéressant parce que, enfin je ne me rappelle plus trop comment
00:08:11ça s'est passé.
00:08:12Le mec, Robert, il m'avait un petit peu expliqué, il avait fait, c'était une sorte
00:08:20de concours, mais l'histoire était assez compliquée parce qu'il avait d'abord fait
00:08:26le concours et puis il avait été éliminé, après ils l'ont repris parce qu'en fait,
00:08:30on demandait aux architectes juste de construire un parking parce qu'on est à Gant et c'est
00:08:36vrai qu'à Gant, si vous voulez, vous avez une sorte de coulée monumentale qui descend
00:08:42vers le fleuve avec l'hôtel de ville, la cathédrale, une église très importante.
00:08:48Et dans la cathédrale, il y a un chef-d'oeuvre absolu de la peinture flamande, c'est l'agneau
00:08:57mystique de Jean Van Eyck et donc c'est quelque chose de très touristique.
00:09:04Les bâtiments, si vous voulez, au 19e siècle, comme partout ailleurs, on les a isolés.
00:09:11Donc on avait créé des grands espaces, des grands parvis partout pour pouvoir les mettre
00:09:19en valeur et ces parvis ont été totalement envahis par les voitures et donc il a été
00:09:28question de faire un parking.
00:09:30Et justement, ce qu'avait dit Robrecht aux édimes de la ville, il leur a dit mais enfin
00:09:36qu'est-ce que vous faites là ? C'est Gant, on ne va pas faire de l'architecture pour
00:09:42les voitures, il faut faire quelque chose d'autre, il faut faire quelque chose pour
00:09:47les gens, pour la population.
00:09:48Déjà, la ville est envahie par les touristes et donc il a proposé de faire cette grande
00:09:54halle et finalement, après bien des vicissitudes, cette halle a été acceptée.
00:10:01Voilà, elle repose sur 4 points parce que dessous, il y a un restaurant, mais il y a
00:10:07aussi le parking.
00:10:09Là, vous voyez, on voit la coulée monumentale, c'est quand même assez sidérant avec tous
00:10:14ces clochers, tous ces équipements publics qui descendent en cascade vers le fleuve.
00:10:20Et là, vous voyez, vu d'un des bâtiments, vu en plongée, vous voyez les deux grandes
00:10:29toitures de la halle.
00:10:32Voilà, c'est intéressant parce que bien sûr, il ne pouvait pas faire un projet moderne,
00:10:38il était entouré de grandes nefs, donc il a fait… enfin, moderne, excusez-moi, c'est
00:10:44encore un mot que je n'aurais peut-être pas dû dire.
00:10:49Disons, il n'allait pas faire un projet, disons, années 70, certains, donc il a réfléchi,
00:10:56il a réfléchi, comment faire ? Justement, pour insérer son bâtiment dans toute cette
00:11:05coulée de grands équipements, de grandes nefs, et donc, il a construit une double nef.
00:11:13Et c'est vrai que cette double nef, on va le voir, c'est un peu une sorte d'exploit
00:11:18structurel parce que vous avez deux nefs et au lieu de reposer sur 8 ou sur 6 poteaux
00:11:25ou même plus, elles vont reposer uniquement sur 4 poteaux.
00:11:31Donc, vous voyez, c'est à la fois, c'est toute une enveloppe qui rappelle un petit
00:11:35peu les bâtiments traditionnels qu'on voit à Gans, qu'on voit en Flandre, mais en
00:11:41même temps, la structure, elle, elle ne l'est pas, c'est comme une sorte de pont.
00:11:45D'ailleurs, c'est un pont parce qu'effectivement, ça repose sur le parking et donc, il ne fallait
00:11:51pas qu'il y ait des points porteurs tout le long du bâtiment, tout en dessous du bâtiment
00:11:57et il fallait vraiment les isoler et en faire très, très peu.
00:12:00Donc, c'est une sorte de pont, mais un pont qui se présente aussi comme de forme de morphologie
00:12:10traditionnelle.
00:12:11Mais simplement, c'est juste deux enveloppes de bâtiments qui sont en lévitation sur
00:12:18cette dalle.
00:12:20Voilà, donc, sous cette halle, il y a constamment des événements, il y a des marchés, il y
00:12:28a des concerts et là, on voit, vous voyez, la structure et puis la structure métallique
00:12:35lors du chantier.
00:12:36C'est quatre piles en béton qui soutiennent, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
00:12:42pratiquement une structure en acier, en poutre virindelle, qui est pratiquement une structure
00:12:52de pont.
00:12:53Elle est percée, tout est en bois, toute l'enveloppe est en bois, en bois percé avec
00:13:02des pavés de verre qui s'incrustent dans les percements et il y a une seconde peau,
00:13:10une peau en verre, c'est ça qui est fou au niveau des détails, parce que la peau
00:13:15en verre, elle sert bien sûr à protéger le bois, parce que le bois, lui aussi, c'est
00:13:22une matière vivante et il a besoin d'être protégé des intempéries.
00:13:27Voilà, mais en fait, c'est vrai que le toit, ça peut paraître, disons, très transgressif
00:13:37de dire ça, parce qu'aujourd'hui, c'est vrai qu'on ne parle que de transparence, on
00:13:41ne parle que de lumière.
00:13:42Voyez, on veut toujours des grands espaces ouverts partout, dès qu'il y a de la fermeture,
00:13:47on pense que ce n'est pas démocratique, qu'il faut ouvrir, il faut absolument tout voir,
00:13:54mais c'est vrai que le toit, putain, ça sert aussi à engendrer de l'ombre.
00:13:58C'est vrai que les premières fois que je suis allé au Brésil, je me rappelle, j'avais
00:14:02été sidéré, vous voyez, quand on rentrait dans les intérieurs des bâtisses coloniales,
00:14:09vous voyez, du 17e, du 18e siècle, parce qu'à l'extérieur, tout était très lumineux,
00:14:15voilà, toujours, même lorsqu'il pleut, c'est lumineux, il y a une réverbération extrêmement
00:14:19importante.
00:14:20Et quand on rentrait dans ces maisons, voilà, tout d'un coup, eh bien, on était plongé
00:14:25complètement dans l'ombre, parce qu'elles étaient très profondes, il y avait peu de
00:14:30fenêtres, et puis, en plus, elles étaient revêtues de bois très, très sombre.
00:14:38Et c'est vrai qu'on peut imaginer des gens qui ont traversé l'Atlantique, qui se sont
00:14:44exposés à la fureur de l'océan, quand ils se sont installés, ils ont voulu être
00:14:54protégés, retrouver une intimité presque paroxystique, et donc, être dans l'ombre.
00:15:02L'ombre, c'est la grande expérience, finalement, de la mosquée de Kordou, c'est un truc complètement
00:15:11sidérant, si vous voulez, parce que, voilà, on rentre dans une sorte de forêt, je reviendrai
00:15:16sur le thème de la forêt tout à l'heure, mais surtout, voilà, on rentre dans un endroit
00:15:21extrêmement ombragé.
00:15:22Et ce qui est fascinant aussi, mais ça, c'est un truc vraiment qui est presque à
00:15:29la base de l'architecture islamique, parce que, c'est vrai que, vous voyez, on parle
00:15:34de lumière, bon, je vous en ai parlé tout à l'heure, mais on parle de lumière, mais
00:15:38c'est évident que chaque civilisation a sa lumière, et nous, la nôtre, effectivement,
00:15:45elle permet de voir les volumes, ça c'est clair, elle permet aux choses de se distinguer.
00:15:50La leur, effectivement, c'est pas du tout pareil, vous voyez, elle travaille pas sur
00:15:54les objets, mais sur les sujets, c'est-à-dire que la lumière, voilà, elle aveugle, parce
00:16:01que quand il y a trop de lumière, on n'y voit plus, et quand il n'y en a plus, c'est
00:16:06la même chose, donc vous voyez, elle joue directement sur la sensation.
00:16:11Je me rappelle à Ispahan, c'est pas trop la question, mais la grande place Ispahan,
00:16:17c'est un endroit où, là, aujourd'hui, il y a des jardins, bien sûr, mais à l'origine,
00:16:20c'était pas ça, c'était un gigantesque sol pour jouer au polo, et donc on est dans
00:16:25la grande place, on est aveuglé par la lumière, et après, on rentre dans la grande église
00:16:31qui est au bout de la place, la grande mosquée, pardon, qui est au bout de la place, on passe
00:16:35dans un passage totalement sombre, et puis on redébouche après sur la cour de la mosquée,
00:16:43qui est vide pour les ablutions, et puis après, on rentre dans la mosquée, et là,
00:16:48effectivement, c'est le seul endroit où on est à peu près une lumière apaisée.
00:16:52Et là, à Cordoue, c'est la même chose, mais on sait que ce n'est plus le cas aujourd'hui
00:17:00parce que tout a changé depuis que la mosquée a été transformée en église, mais à l'origine,
00:17:11c'est la même chose, on rentrait dans une cour très lumineuse, très réverbérante
00:17:17pour les ablutions, et puis ensuite, on rentrait, on allait dans l'ombre pour prier, pour méditer,
00:17:27pour se retrouver seul avec sa croyance, avec son dieu.
00:17:36Voilà, ça, c'est des images de cette colonne, cette forêt de colonnes, et là, c'est le
00:17:44plan avec les différentes adjunctions, parce qu'il y a d'abord eu une première mosquée,
00:17:50après, on l'a agrandie, puis après, on l'a agrandie latéralement, et en fait, elle pouvait
00:17:55encore s'agrandir.
00:17:56C'est vraiment un bâtiment, vous voyez, c'est ça qui est fou, d'ailleurs, c'est pas un
00:18:00objet, c'est un bâtiment, c'est un principe, et ce principe, il peut s'étendre pratiquement
00:18:04à l'infini, mais surtout, vous voyez, en haut, donc, au nord, on voit la cour, la cour
00:18:15qui n'avait...
00:18:16Aujourd'hui, on appelle ça la cour des orangés, parce qu'on a planté plein d'orangés, mais
00:18:20avant, c'était pas comme ça, c'était simplement un espace minéral avec une fontaine pour
00:18:26les ablutions, où justement, on était confronté, exposé à la lumière avant de se réfugier,
00:18:33voilà, dans l'ombre.
00:18:37Autre exemple, très différent, c'est le musée Hiroshige de Kengokuma, donc c'est un musée
00:18:45qui est au nord de Tokyo et qui est totalement consacré aux estampes d'Hiroshige, qui sont
00:18:53très fragiles, si vous voulez, on peut absolument pas les exposer à la lumière, et donc c'est
00:19:00vrai que tout est fait, contrairement à tout à l'heure, on était aveuglé par la
00:19:07lumière et après aveuglé par l'ombre, là, c'est l'inverse, tout est fait pour
00:19:13passer, disons, d'une grande lumière, parce que le musée est complètement dégagé,
00:19:21donc on est en plein dans la lumière, et puis tout est fait pour qu'on passe, mais
00:19:26très lentement, d'une manière très fluide, sans aucune cassure de la lumière à l'ombre,
00:19:35et ensuite, quand on rentre dans les salles du musée, et bien cette ombre, elle est, disons,
00:19:42juste, en tout cas, l'atmosphère, l'éclairage, il est juste rendu possible par un éclairage
00:19:51artificiel, donc il y a tout un travail comme ça, de filtre, pour passer de la pleine lumière à
00:20:00l'ombre, et en permettant toujours à la vue, sans jamais être aveuglé, et en permettant
00:20:06toujours à la vue d'être adaptée. Voilà, c'est le bâtiment. Voilà, c'est un tableau,
00:20:14enfin c'est une destinée d'Hiroshige, qui a servi de modèle à Kengokuwa, parce qu'effectivement,
00:20:25vous voyez, on voit, c'est juste un pont, et on voit le pont à travers la pluie. C'est un peu
00:20:30de là qu'il est parti, si vous voulez, vous voyez, Monsieur, il n'a pas, c'est juste, comme il fait
00:20:36souvent d'ailleurs, il y a toujours des idées comme ça, très abstraites, et puis d'abord,
00:20:40souvent inspiré de la nature, et puis après, il cherche à les mettre à neuf, vous voyez, dans son
00:20:47architecture. On le verra tout à l'heure, parce que finalement, j'ai mis pas mal de projets de
00:20:51Kengokuwa, et c'est vrai que ce qui est intéressant chez lui, c'est qu'il a des idées, il les met à neuf,
00:20:56mais quelque part, à part peut-être pour ce musée, parce que ce musée, c'est vraiment, je trouve
00:21:01qu'il est vraiment, c'est une simple halle, mais c'est vrai qu'elle est parfaitement maîtrisée,
00:21:06mais très souvent, il a une idée, il la pousse, mais c'est juste un travail comme ça,
00:21:12très souvent sur une texture, mais il ne se préoccupe pas, vous voyez,
00:21:18de l'architecture comme objet, ou de la forme générale du bâtiment. Ce qui l'intéresse,
00:21:27c'est juste ça, arriver à rendre, dans un bâtiment, l'impression que donne Hiroshige,
00:21:33c'est-à-dire voir des choses, comme à travers la pluie. Voilà, on a une pluie de bois,
00:21:42on voit comment le bois filtre la lumière, là c'est l'entrée, c'est la grande entrée,
00:21:50donc c'est une première station, on rentre, la lumière est filtrée, parce qu'il n'y a pas de
00:21:58couverture, il y a des lattes de bois qui filtrent la lumière, donc c'est un premier filtre,
00:22:03un premier passage. Après, on voit toutes les couches, la structure en acier, le bois qui
00:22:12permet de protéger par endroits le bâtiment, le bois qui va correspondre, le bois qui permet un
00:22:19premier filtrage, qui est à l'extérieur, le bois qui en permet un second, qui est à l'intérieur,
00:22:24voilà comment toutes les choses s'organisent pour justement arriver à définir un des filtres
00:22:33qui permettent, vous voyez, le passage sans rupture, sans cassure, de la lumière totale
00:22:40à l'ombre. Voilà, tout devient un peu fantomatique, et puis après, on rentre et on voit les estampes.
00:22:52Voilà, autre exemple de Kengokuwa, un musée, bon, à Paris cette fois-ci, mais qui est à peu près,
00:22:59assez proche de celui d'Hiroshige, parce qu'en fait, c'est le musée Albert Kahn,
00:23:07donc à Boulogne-Bilancourt, et c'est vrai que les oeuvres qui sont présentées dans le musée Albert
00:23:15Kahn, c'est des photos, c'est des photogrammes, ce sont des choses qui sont très très fragiles et
00:23:20qui ont besoin donc d'être exposées dans l'ombre ou seulement à la lumière électrique. Et là,
00:23:27ce qui est fascinant, c'est que voilà, il a fait une sorte de coque, vous voyez, qui est tournée au nord vers
00:23:33le jardin Albert Kahn. Il n'y a pas d'ouverture pratiquement. Vous voyez, la coque, elle se replie
00:23:38sur elle-même, elle monte comme ça, donc face à la rue, et de notre côté, la coque qui monte,
00:23:46il y a un amphithéâtre qui se déploie, et elle s'ouvre donc qu'au nord, sur le jardin. Et c'est vrai que
00:23:53je n'ai pas retrouvé les images, mais c'est vrai que c'est fascinant parce que ce sont des grandes
00:23:57ailettes de bois, et surtout le mélange des matériaux est si dérangeant, je trouve, parce que
00:24:01c'est des grandes ailettes de bois et d'aluminium qui permettent de filtrer donc complètement la
00:24:10lumière qui rentre dans le musée. Voilà, on voit, vous voyez, la coque qui se plie, qui finit par
00:24:18former un amphithéâtre, et puis donc, au nord, elle s'ouvre sur les arbres et le
00:24:27parc. Et là, vous voyez, tout est filtré. Le parc permet un premier filtre de la lumière, et ensuite
00:24:35les lattes, les ailettes dont j'ai parlé. Ce qui est intéressant aussi, c'est que, voilà, on va le
00:24:41voir tout à l'heure, la coque, elle se présente un peu comme un piège à ombre, c'est un
00:24:51instrument qui permet de capter l'ombre. Voilà, ça c'est la position du bâtiment par
00:24:58rapport au parc, et ça c'est l'intérieur. Comme tout à l'heure, vous voyez, il y a une coque en
00:25:04aluminium, et puis après, à l'intérieur, il y a des lattes de bois. Les lattes de bois, effectivement, elles masquent,
00:25:11disons, tous les câbles, tout le système de ventilation. Mais surtout, vous voyez,
00:25:23voilà, la toiture qui se plie, et puis les lattes qui passent devant. Vous voyez, ça se constitue
00:25:30comme une sorte de réservoir d'ombre, comme si on avait, oui, une ombre pure qui était
00:25:41captée par les plis et les replis du bâtiment.
00:25:45Bon, la forêt, excusez-moi, c'est une image de Marc-Antoine Nogier, tous ces gens,
00:25:56enfin, ça existe moins aujourd'hui, c'est sûr, mais tous ces gens qui se sont penchés
00:26:02comme ça sur l'origine de l'architecture. C'est quoi, là ? Où ça commence ? Où commence
00:26:08l'architecture ? Comment on en vient à habiter dans des bâtiments comme celui-là,
00:26:16dans des maisons ? Et lui, bien sûr, son idée, c'était de dire que, voilà, on est simplement
00:26:24venu, disons, déformer, quelque part, je dirais, entre guillemets, réhabiliter, puisque
00:26:31ce mot, il va être important à la fin du cours, déformer, réhabiliter, ou restaurer,
00:26:37non, c'est pas restaurer non plus, mais c'est plutôt transformer, légèrement transformer
00:26:43la nature. Et là, effectivement, c'est l'idée d'avoir quatre arbres et puis de
00:26:48tresser leur branche pour avoir la maison première. Et ça, c'est vrai, c'est un rêve,
00:27:00une volonté de retour à l'origine qu'on retrouve dans beaucoup de bâtiments, notamment
00:27:03celui-là, c'est l'un des plus géniaux que je connaisse, c'est le pavillon des pays
00:27:07scandinaves à Venise, de Swerferne, puisque c'est une immense, une sorte d'infrastructure,
00:27:15encore, comme tout à l'heure, le bâtiment dont j'ai parlé, le Robrechtendamm, c'est
00:27:21une grande infrastructure, des grands systèmes de poutres, vous voyez, il y a d'un côté
00:27:27une grande poutre qui repose sur deux poteaux, de l'autre côté, c'est un mur, et puis
00:27:33ensuite, ce sont des poutres qui sont superposées et qui se croisent à angle droit, ce qui
00:27:39permet d'avoir un réseau et ce qui permet, on va le voir, de laisser passer les arbres
00:27:45parce que les coupes qui sont coupées, elles sont portées au-dessus par les poutres auxquelles
00:27:51elles sont suspendues, ça fait réseau et donc les arbres peuvent traverser la canopée
00:27:58de béton.
00:28:00Autre exemple, encore au Japon, c'est à Kanagawa, c'est un bâtiment, l'Institut
00:28:13de technologie de Junya Ishigami, et là, c'est vrai qu'on le voit comme une boîte,
00:28:18mais c'est vraiment une forêt, parce qu'on connaît ça en construction, quand vous devez
00:28:25porter une dalle ou n'importe quoi, soit vous mettez plein de poteaux et la dalle peut
00:28:34être très très fine, soit vous en mettez très peu et la dalle doit être super épaisse
00:28:39pour pouvoir assurer des portées.
00:28:41Et là, les poteaux sont extrêmement fins, c'est vraiment une forêt de petits poteaux,
00:28:50il n'y a aucun mur, aucune cloison et finalement, la profondeur du bâtiment, les différents
00:28:59espaces du bâtiment se constituent un peu comme dans une forêt parce qu'à certains
00:29:04moments il y a des bosquets de poteaux métalliques qui font écran et puis à d'autres moments
00:29:11il y en a très peu et c'est comme des clairières où les gens peuvent s'installer.
00:29:16Voilà, c'est un petit peu le dessin de base, une forêt de poteaux et puis ensuite du mobilier
00:29:25et puis après une sorte de population nomade de chercheurs, d'étudiants qui peuvent librement
00:29:34s'installer dans cette forêt à l'endroit qui leur convienne, soit dans une clairière
00:29:42pour pouvoir se rassembler et parler, soit derrière un bosquet de poteaux pour pouvoir
00:29:49avoir une certaine intimité.
00:29:51Voilà, ça c'est l'espace intérieur avec des plantes exotiques et là, c'est l'espace
00:29:59habité comme s'il était habité par des nomades, c'est un poteau, on ne peut pas imaginer
00:30:07qu'il soit porteur parce qu'il est très fin, il fait peut-être 2 centimètres de
00:30:10large sur 8 centimètres de long et là c'est la couverture avec effectivement des parties
00:30:19opaques et des parties transparentes.
00:30:23Après, toutes les activités sont nomades, il y a un sol où on peut se connecter, on
00:30:30peut donc se connecter au réseau électrique, on peut se connecter au réseau d'eau pour
00:30:36mettre des paillasses pour pouvoir travailler, c'est vraiment l'idée, c'est vraiment
00:30:47recréer ce que j'ai connu eu un certain nombre d'années auparavant, on retrouve
00:30:51les leviers, je ne vous ai pas dit qu'ils étaient là, mais il y avait un espace responsable
00:30:57des chutes, des pièces de bois, la forêt, et en plus, on le voit on peut aussi aller
00:31:03dans des bosses, et il y a une forme d'activité, pas incompatible, de processus et on peut
00:31:09retrouver, retrouver la forêt.
00:31:11Et là encore, voilà un exemple de Kengo Kuma, c'est un peu ce que je vous disais,
00:31:15Le bâtiment, vous voyez, c'est une façade
00:31:19qui est alternativement composée de panneaux opaques
00:31:24ou de panneaux transparents.
00:31:27C'est un motif qu'on retrouve souvent
00:31:28dans tous les tissus japonais.
00:31:30Et là, vous voyez, c'est la toiture.
00:31:32C'est une succession de portiques.
00:31:36Le bâtiment, vous voyez, il vient...
00:31:38Le bâtiment nouveau, il vient, disons...
00:31:42Il vient entourer un bâtiment existant.
00:31:45C'est que des portiques.
00:31:47Et sur ces portiques, vous voyez,
00:31:49vient se poser
00:31:53cette peau verticale
00:31:58et à la verticale et à l'horizontale.
00:32:02Et donc, la lumière, vous voyez, elle passe,
00:32:05elle tombe, des fois, elle remonte
00:32:07parce qu'à certains moments, il y a un basseur,
00:32:10il y a un plan d'eau à côté du bâtiment.
00:32:14Voilà, à côté du bâtiment.
00:32:16Donc, orientée au-dessus, le soleil frappe l'eau
00:32:21et remonte ensuite
00:32:23à travers les parties découpées de l'enveloppe.
00:32:28Vous voyez, on a cette impression-là
00:32:31du bal du moulin de la galette, de Renoir.
00:32:35C'est sidérant parce que...
00:32:37Cette toile, je trouve, c'est sans doute...
00:32:39C'est la meilleure de Renoir, c'est sûr,
00:32:41mais sans doute une des plus intéressantes de l'impressionnisme
00:32:43parce que finalement, vous voyez, tout disparaît quelque part.
00:32:47Avec ce type d'éclairage,
00:32:49avec ces taches de lumière partout,
00:32:51tous les corps, finalement, disparaissent.
00:32:55On est simplement dans une ambiance,
00:32:58une ambiance joviale,
00:32:59mais on ne peut pas vraiment isoler tel ou tel personnage.
00:33:04Et c'est vrai que ça va bien à Kengokuma
00:33:07parce que lui, c'est vrai que c'est...
00:33:08Je vous ai dit, c'est une ambiance, c'est une idée,
00:33:12mais ce n'est pas vraiment un objet qui a une identité propre.
00:33:18D'ailleurs, c'est pour ça qu'il est très critiqué en France.
00:33:21Et d'ailleurs, en France, on m'a dit,
00:33:23oui, ce qu'il fait ici, ce n'est pas bien,
00:33:24tu vas voir, au Japon, c'est mieux.
00:33:26En fait, au Japon, c'est exactement la même chose
00:33:30parce que lui, ce qui l'intéresse, je vous le dis,
00:33:33c'est effectivement, c'est retranscrire
00:33:36spatialement une idée.
00:33:38L'idée de la lumière qui traverse les feuillages
00:33:42et qui fait en sorte qu'une communauté
00:33:44n'est plus composée d'individus,
00:33:46mais elle devient simplement une ambiance,
00:33:49de bruit, de bonne humeur.
00:33:53Voilà, la lumière qui macule le sol,
00:33:58qui fait complètement disparaître l'espace.
00:34:01La lumière qui macule l'escalier
00:34:04et qui le fait aussi complètement disparaître.
00:34:09Bien sûr, là, à l'opposé,
00:34:11on peut considérer le toit comme un volume.
00:34:16Et ça aussi, on va y revenir plusieurs fois dans ce cours.
00:34:23Le dos, Arkesnan.
00:34:25Enfin, j'aurais pu donner d'autres exemples.
00:34:27D'ailleurs, à Paris, c'est vrai, je suis passé hier
00:34:30à côté de chez moi, devant les colonnes du trône.
00:34:33Voilà, c'est aussi des blocs.
00:34:36Voilà, mais ce n'est pas des cubes
00:34:38comme les modernes voudraient qu'ils soient.
00:34:40Ils sont couronnés, pratiquement, dans des pyramides.
00:34:45Et ces pyramides, ce sont les toitures.
00:34:49Que ce soit, effectivement, à la porte du trône
00:34:52ou à la porte d'enfer,
00:34:55les deux barrières qui se font face,
00:34:58les deux pavillons qui se font face,
00:35:00ils sont toujours couronnés par une toiture.
00:35:05Pyramidale, un volume.
00:35:09Et là, pour la cité idéale de Chaux,
00:35:13mais surtout, donc, pour la...
00:35:17Excusez-moi, la saline royale d'Arkesnan,
00:35:20qui a servi de modèle à sa cité idéale.
00:35:22Vous voyez, il n'y a que des toits.
00:35:25Le toit au centre de la maison du directeur,
00:35:28les toits des ateliers
00:35:32où on fait chauffer l'eau
00:35:35avec de la loupe qui est à côté,
00:35:38avec les bourrins de la forêt à proximité
00:35:42pour pouvoir en extraire le sel.
00:35:47Des toits, des grands volumes,
00:35:50des prismes, des grands volumes prismatiques
00:35:53avec lesquels on vient jouer.
00:35:55Ça, c'est un truc qui n'existe pas
00:35:57dans l'architecture classique grecque ou romaine.
00:36:01On joue avec des colonnes, des colonnes.
00:36:03Il y a des frontons, bien sûr, qui correspondent à la toiture,
00:36:05mais il n'y a pas le toit du Parthénon.
00:36:09On pense aux frontons, bien sûr, mais d'abord, il est très horizontal,
00:36:12mais on ne le pense pas comme un volume.
00:36:14Tandis que là, non, c'est vraiment un volume
00:36:18qui est posé sur un autre volume.
00:36:21Et là, la maison du directeur, c'est vraiment une pyramide
00:36:25qui est posée sur un cube.
00:36:28Et là, c'est l'intérieur de la maison du directeur.
00:36:32Il y a un grand vide central
00:36:35qui est éclairé zénitalement
00:36:37parce que la maison du directeur
00:36:39devait, à l'origine, être aussi une église.
00:36:45Mais ça, c'est pas le XVIIIe siècle.
00:36:48Ça revient. Cette idée de volume,
00:36:51elle revient. On la retrouve.
00:36:53On la retrouve aujourd'hui.
00:36:55Ce projet, en plus,
00:36:57s'il y a des gens qui, a priori, sont les plus éloignés
00:37:01des grands personnages historiques,
00:37:07géniaux comme Ledoux ou Boulet,
00:37:09a priori, c'est bien Studio Lada,
00:37:12puisque c'est un collectif d'architectes
00:37:15qui s'interrogent, effectivement,
00:37:17quand ils font un bâtiment,
00:37:19avant tout sur les ressources.
00:37:22D'ailleurs, un petit peu comme...
00:37:24Déjà, comme la saline d'Arc-Essenon,
00:37:28parce que la saline d'Arc-Essenon était là
00:37:29parce qu'il y avait l'eau, les mines de sel
00:37:32et puis il y avait le bois
00:37:33pour, effectivement, extraire le sel.
00:37:37Mais c'est vrai qu'ils sont vraiment
00:37:40dans une logique, disons, contextuelle,
00:37:43puisque quand ils interviennent sur un site,
00:37:45eh bien, c'est pour...
00:37:48C'est regarder quelles sont les ressources,
00:37:52s'il y a des forêts, s'il y a des carrières,
00:37:55quelles sont aussi, disons...
00:37:58Quelles sont les filières artisanales
00:38:01des ferronniers, des maçons,
00:38:04des tuiliers, que sais-je, qui sont sur place.
00:38:06Et à partir de là, ils font leur projet.
00:38:10Mais ça n'empêche pas
00:38:12qu'on retrouve dans leurs toits
00:38:18quelque chose, vous voyez,
00:38:20de la massivité
00:38:22et de l'expressionnisme
00:38:26des toitures de Ledoux.
00:38:27D'ailleurs, vous voyez ces toits pyramidaux ?
00:38:32Eh bien, ils correspondent à des vides.
00:38:34C'est des atriums.
00:38:36Et surtout, ils permettent aussi
00:38:38la ventilation du bâtiment,
00:38:40comme on l'avait vu la dernière fois
00:38:42avec Sotonimura
00:38:45pour le musée de Bola-Régois.
00:38:50Voilà.
00:38:52Voilà.
00:38:54Mais c'est vrai que...
00:38:55Je fais voir ça, mais c'est vrai que...
00:38:57Vous voyez, le mouvement moderne,
00:38:59c'est sûr qu'il a tout de suite...
00:39:02C'est un mouvement qui a...
00:39:06Il a tout de suite, disons...
00:39:10Il a tout de suite isolé le toit.
00:39:14Pas isolé le toit, mais ostracisé le toit.
00:39:16Parce que le toit-terrasse, c'est vrai que c'est...
00:39:19Quelque part, c'est l'absence de toit.
00:39:22Pour ne pas avoir justement un volume sur un volume,
00:39:26on met juste un cran,
00:39:30on met juste un volume.
00:39:32Et puis ensuite, le toit...
00:39:34Comme ici, à la ville à Savoie,
00:39:36ce sont des terrasses qui s'étagent.
00:39:39Et il y a...
00:39:41Vous voyez, il y a une sorte de...
00:39:43Il y a une volonté.
00:39:45Il y a une volonté d'avoir une fluidité, quelque part,
00:39:51entre la maison et le ciel.
00:39:55Alors que, justement, le toit,
00:39:58quelque part, il s'interpose.
00:40:00Il est là pour protéger.
00:40:02Tandis qu'il y a une volonté de s'ouvrir au ciel.
00:40:08La façade, elle a une fenêtre en longueur.
00:40:10Ou alors, elle peut être tout simplement en verre.
00:40:12Vous voyez, elle s'ouvre complètement sur l'extérieur.
00:40:16Et la toiture, c'est la même chose.
00:40:21Elle disparaît
00:40:23pour s'ouvrir complètement sur le ciel.
00:40:28Là, c'est la façade sud-est.
00:40:31Et on voit très bien.
00:40:33Il y a le séjour à gauche.
00:40:37À droite, c'est la terrasse
00:40:42qui correspond au séjour.
00:40:43Au fond, il y a la rampe qui met en communication
00:40:46la terrasse du séjour avec le solarium.
00:40:50Il n'y a pas de rupture.
00:40:53Tout comme on est monté du rez-de-chaussée
00:40:56au premier étage,
00:40:57on monte du premier étage vers le ciel.
00:41:02Il n'y a aucune séparation.
00:41:05Il n'y a aucune rupture.
00:41:07Tout est ouvert.
00:41:09Quelque part, c'est l'exposition maximale.
00:41:15D'ailleurs, je me demande si cette maison est habitable.
00:41:18Peut-être par le personnage d'Agnès Varda.
00:41:20On y reviendra encore tout à l'heure.
00:41:22Il y a une volonté d'exposer.
00:41:26Il n'y a pas d'ombre.
00:41:29Le modernisme, c'est vrai que c'est l'ennemi de l'ombre.
00:41:35C'est l'utopie d'une ouverture totale
00:41:39d'une transparence totale.
00:41:44Là, vous voyez, on est à l'intérieur
00:41:46et on passe sans rupture à la terrasse, au solarium.
00:41:51On passe sans rupture à l'extérieur.
00:41:54Et de toutes parts,
00:41:57on voit le paysage qui nous entoure.
00:42:04C'est une maison de Soto de Moura.
00:42:09Je le vois souvent en ce moment parce que je fais un truc avec lui.
00:42:14Il m'a dit un truc.
00:42:17Lui, il ne sait pas faire les toitures.
00:42:20C'est pas ça.
00:42:21Ou il ne veut pas, ou il ne sait pas.
00:42:23Il ne peut pas penser à la toiture.
00:42:25Quelque part, il est totalement dans la modernité,
00:42:29dans l'ouverture.
00:42:31C'est vrai qu'il ne peut pas penser à une toiture.
00:42:33Je ne me rappelle plus très bien.
00:42:35Il a acheté une ruine ou un héritage.
00:42:38Je crois qu'il l'a achetée.
00:42:41La ruine, elle est comme ça.
00:42:44Il y avait des murs en pente
00:42:48qui correspondaient à des toitures en pente.
00:42:51Là aussi.
00:42:53Il a tout coupé
00:42:56pour avoir des toits terrasse,
00:42:58pratiquement sans épaisseur.
00:43:00J'ai peut-être la coupe.
00:43:02Je ne crois pas. Je ne l'ai pas prise.
00:43:04Il a tout arrasé comme ça.
00:43:07C'est d'une puissance totale.
00:43:09La maison apparaît dans une certaine puissance,
00:43:14une certaine modernité.
00:43:16Elle est libérée complètement de sa toiture.
00:43:20Elle est transfigurée.
00:43:23C'est vrai qu'elle est d'une beauté totale.
00:43:27Cette idée de ne pas pouvoir penser à la toiture.
00:43:30Dans toutes ces maisons,
00:43:32je ne sais pas d'où tu en es,
00:43:34il n'y a pas de toiture.
00:43:36C'est vraiment des terrasses, des dalles.
00:43:39La tour qu'il a faite à Porto,
00:43:44elle n'a pas de couronnement.
00:43:47Elle est coupée nette comme ça.
00:43:49Contrairement aux tours de Cisa,
00:43:51notamment la tour qu'elle a faite à Rotterdam
00:43:54où il y a un couronnement.
00:43:57Là, non.
00:43:58On ne pense pas à la toiture.
00:44:02On ne pense pas à cet élément qui protège,
00:44:06qui produit de l'ombre,
00:44:09cet élément qui intercède.
00:44:12Pas qui intercède, mais qui intercède
00:44:15entre le ciel et les hommes.
00:44:19La piscine, c'est d'une beauté totale.
00:44:23Il n'y a pas de toit.
00:44:27Quelque part, c'est l'impossibilité
00:44:30à penser le toit.
00:44:33Bien sûr, les toitures,
00:44:38elles peuvent capter.
00:44:41Elles peuvent s'ouvrir au ciel.
00:44:44Au lieu de rejeter les eaux,
00:44:47elles peuvent les rassembler, les recueillir.
00:44:52Au début, c'est un peu comme ça
00:44:54que je voulais terminer mon cours.
00:44:57Mais finalement, j'ai complètement changé d'œil.
00:45:00Là, on voit...
00:45:02Il y a beaucoup d'oppositions, on l'a vu.
00:45:05Entre la toiture qui protège,
00:45:09la toiture qui capte.
00:45:11Je ne pense pas que ce soit vraiment
00:45:14la position fondamentale.
00:45:16La position fondamentale, c'est vrai,
00:45:18c'est plutôt entre l'absence de toiture
00:45:21et la toiture.
00:45:22Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on va le voir à la fin,
00:45:25on est vraiment dans un retour à la toiture.
00:45:28Les gens, les jeunes architectes,
00:45:30ils pensent la toiture.
00:45:32Quand j'ai commencé à travailler,
00:45:34c'est vrai que j'ai fait des maisons,
00:45:37mais on les a refusées immédiatement.
00:45:39On les a envoyées à la figure
00:45:41parce qu'il n'y avait pas de toiture et de pente.
00:45:44C'était impossible.
00:45:46Et aussi, tous les gens, tous les architectes disaient
00:45:49que ce n'était pas possible.
00:45:51Les gens se refusent la modernité,
00:45:53ils ne nous comprennent pas.
00:45:55Et aujourd'hui, c'est vrai qu'il y a quand même,
00:45:58disons, une collusion, vous voyez,
00:46:01entre la réglementation,
00:46:03entre le désir de tout le monde
00:46:05d'avoir des toitures à deux pentes
00:46:07et puis aussi une nouvelle génération d'architectes.
00:46:11On va y revenir.
00:46:13On a le corbusier, une toiture qui capte.
00:46:17Je ne pense pas qu'il ait fait dans sa vie
00:46:19de capter des toitures à deux pentes.
00:46:20Et par contre, oui, il a renversé complètement
00:46:23pour capter les eaux du ciel.
00:46:25Et après, les eaux du ciel sont dirigées par un grand chénot
00:46:29et puis orientées par une gargouille
00:46:33pour tomber dans un bassin avec énormément de bruit.
00:46:39Ou là, pareil, la Fondation Magde, à Saint-Paul-de-Vence,
00:46:43de Rosep Louis III.
00:46:47Quand j'étais petit, j'habitais par là-bas,
00:46:50donc je n'ai jamais compris...
00:46:52Je trouvais ça beau, cette toiture,
00:46:54mais je ne comprenais pas comment ça servait.
00:46:56Et en fait, effectivement, comme la coque inversée
00:46:59de l'église de Ronchamps,
00:47:02elle serve à capter les eaux.
00:47:05Ce sont des réservoirs
00:47:07et elles servent ensuite à alimenter
00:47:10tous les bassins de la Fondation
00:47:13qui permettent aussi de rafraîchir l'espace
00:47:16et de rafraîchir les salles.
00:47:18Voilà, ce n'est pas un geste esthétique,
00:47:21ce n'est pas une ouverture comme ça au ciel.
00:47:23Non, pas du tout.
00:47:25C'est un élément qui recueille et qui garde les eaux
00:47:28pour qu'ensuite, elles s'écoulent dans les bassins
00:47:32et qu'elles rafraîchissent l'espace.
00:47:37Là aussi, c'est vrai que ce projet...
00:47:39On pourrait dire...
00:47:40Il y a peut-être deux projets en un, si vous voulez,
00:47:42parce qu'il y a un projet très moderne,
00:47:44avec des bâtiments qui sont...
00:47:48Il y a deux structures, d'ailleurs.
00:47:50C'est des bâtiments qui sont posés les uns sur les autres.
00:47:53Ça forme une sorte de structure autonome.
00:47:56Et ensuite, pour protéger ces bâtiments,
00:47:59il y a cette grande toiture avec sa charpente en bois
00:48:04qui est complètement autonome de la partie en béton
00:48:07et qui permet donc de capter les eaux,
00:48:10de capter la neige.
00:48:12On l'a ramenée et on l'a conservée.
00:48:22Autre exemple.
00:48:24C'est un exemple que j'ai déjà montré la fois précédente
00:48:28en parlant de la ventilation des cheminées.
00:48:31Les cheminées qui s'inversent
00:48:33et qui, au lieu de cracher de la fumée,
00:48:36captent l'air frais
00:48:39et qui permettent aussi...
00:48:41Captent les vents pour permettre à l'air vicié
00:48:47qui stagne dans les appartements
00:48:49de s'échapper par le toit,
00:48:53d'être aspiré par le toit.
00:48:57En fait, il y a aussi...
00:48:59On capte les vents, mais aussi on capte la lumière solaire
00:49:03et aussi on capte les eaux.
00:49:05Il y a, à part, effectivement, les cheminées de ventilation
00:49:09qu'on en a parlé la dernière fois.
00:49:11Tout le reste reste très technique,
00:49:13mais vous voyez ça.
00:49:15C'est aussi une toiture équipée
00:49:18pour capter.
00:49:23Mais c'est vrai, comme je l'ai dit tout de suite,
00:49:27c'est sûr qu'aujourd'hui,
00:49:29on revient à une certaine pesanteur.
00:49:33On cherche à repenser la toiture.
00:49:38On ne veut plus s'exposer.
00:49:41Peut-être on ne veut plus partir sur les routes,
00:49:43comme le personnage d'Agnès Varda.
00:49:45On ne veut pas s'exposer partout.
00:49:47On préfère peut-être le personnage de Bernard Guézan
00:49:51et de Perrec, celui qui reste chez lui,
00:49:54enfermé dans sa maison.
00:49:56C'est vrai qu'il y a ce retour à la toiture.
00:49:59Ca, c'est la chapelle des bois de Gunnar Asplund.
00:50:02Gunnar Asplund était faite en 1920.
00:50:04Gunnar Asplund, c'est un peu une sorte...
00:50:07On le considère un peu comme un héros de la modernité
00:50:09parce qu'il avait participé en 1930
00:50:12à l'exposition universelle de Stockholm.
00:50:15Il avait fait un restaurant en béton blanc
00:50:18avec des grands...
00:50:22des vélos, des stores.
00:50:24C'était une image de la légèreté, de l'ouverture.
00:50:28Mais en même temps, on peut aussi le considérer
00:50:31comme un architecte néoclassique
00:50:33puisqu'il a fait la bibliothèque de Stockholm,
00:50:35de grands cylindres néoclassiques.
00:50:38Un grand cylindre qui vient s'inscrire dans un U
00:50:42avec aussi des références à l'architecture égyptienne,
00:50:45mais aussi des références à l'architecture française
00:50:49du XVIIIe siècle, notamment Boulet et Ledoux.
00:50:52Et puis aussi cette chapelle,
00:50:56très archaïque, vous voyez,
00:50:58puisque c'est un grand toit en tuiles de bois
00:51:02avec un tronc qui en assure le fêtage.
00:51:06Et c'est vrai qu'il y a un côté totalement
00:51:10bizarre dans ce bâtiment.
00:51:12En plus, classique,
00:51:14puisque les colonnes qu'on voit au premier plan,
00:51:17on ne le voit pas très bien,
00:51:19elles ont des chapiteaux doriques.
00:51:23Elles ne sont pas non plus des piles...
00:51:27des colonnes cylindriques.
00:51:31Elles s'amincissent en montant.
00:51:34Donc il y a des références à l'architecture classique.
00:51:38Et c'est vrai que c'est un toit qui pèse.
00:51:41Et c'est un toit qui est aussi purement géométrique,
00:51:44qui est soulevé du sol
00:51:46et qui est purement géométrique
00:51:48et qui renvoie aux images de Ledoux
00:51:52que j'ai fait voir aujourd'hui,
00:51:54aux images aussi de Boulet que j'ai fait voir
00:51:57lors de la dernière séance.
00:51:59Avec la toiture, c'est vrai qu'on peut penser.
00:52:01Et c'est vrai que c'est moins le parallépipède
00:52:06que le prisme qui vient au premier plan.
00:52:10Ce qui est fascinant, c'est qu'à l'intérieur de cette église,
00:52:14il y a un autre espace complètement différent,
00:52:17puisqu'elle abrite une coupole.
00:52:23Autre exemple, mais beaucoup plus contemporain,
00:52:26puisqu'il a été fait il y a deux ans.
00:52:28Et en plus, c'est une réhabilitation.
00:52:30C'est la piscine de Saint-Mya-le-Grand.
00:52:35Et c'est l'agence Rome qui l'a faite.
00:52:37Elle a eu un prix de la revue d'EA, d'ailleurs,
00:52:40pour ce bâtiment.
00:52:42Et c'est un bâtiment vraiment étonnant.
00:52:47Parce que, voilà, ils ont...
00:52:50S'il vous plaît, il y avait un concours
00:52:52qui avait été lancé par la mairie.
00:52:55Et la mairie voulait simplement
00:52:59refaire les toitures de sa piscine
00:53:02et juste une extension,
00:53:04mais une extension aussi avec une toiture.
00:53:07Alors pourquoi tout ça ?
00:53:09Pourquoi toutes ces toitures pour les piscines ?
00:53:13Moi, c'est vrai, j'ai eu du mal à comprendre.
00:53:15Mon père, je me rappelle, quand il était jeune,
00:53:18il était sportif, il nageait.
00:53:21Il me faisait voir des photos avec des piscines au Touquet,
00:53:24qui étaient ouvertes, avec des plongeoires,
00:53:26des filles en maillot, tout ça.
00:53:28C'était tout un univers.
00:53:30Mais là, c'est pas...
00:53:32C'est pas du tout... C'est pas la même chose.
00:53:34C'est pas la même chose que si c'est une piscine municipale
00:53:37dans un petit village.
00:53:39Et donc, la première piscine, c'était un tout petit bain
00:53:42qui avait été recouvert, je crois, dans les années 70
00:53:45par une toiture.
00:53:47Là, elle commençait à devenir vétusque.
00:53:49Et chaque fois qu'il avait fallu l'agrandir,
00:53:51on avait rajouté un bâtiment.
00:53:53Ce qui fait que cette piscine...
00:53:56Je n'ai pas apporté la photo parce qu'elle était trop horrible.
00:54:00Je ne l'avais pas, mais vous voyez,
00:54:02c'était une sorte d'accumulation de petits volumes.
00:54:07Et ce qu'ils ont fait, déjà, ils ont tout...
00:54:09Ils ont refait...
00:54:11Ils ont juste restauré les bâtiments existants.
00:54:13Ils n'ont pas vraiment touché aux toitures,
00:54:15ils les ont juste restaurées.
00:54:17Ils ont tout enveloppé
00:54:19dans une grande peau de bois
00:54:23pour donner une certaine unité à ce bâtiment.
00:54:25Parce que le bâtiment de l'entrée, par exemple,
00:54:27c'est un bâtiment qui existait.
00:54:29Et là, tout d'un coup, on dirait presque un bâtiment de guérie.
00:54:32On a l'impression que c'est un volume,
00:54:34mais tout ça, c'est donné par l'enveloppe en bois
00:54:38qui fait bien ressortir sa volumétrie,
00:54:40alors qu'avant, s'il vous plaît,
00:54:42il y avait des tas de matériaux
00:54:44qui ne permettaient pas de le voir comme un volume.
00:54:49Là, on voit, vous voyez, en rouge,
00:54:52ce sont les extensions.
00:54:54Et puis, en gris, ce sont les bâtiments existants.
00:54:59Et donc, la piscine existante,
00:55:03c'était un petit bassin
00:55:05pour que les gens puissent se tromper dans l'eau.
00:55:07Et elle était surmontée par des fermes.
00:55:13On va le voir tout à l'heure.
00:55:15Là, on voit des bâtiments.
00:55:18On a un peu de mal à savoir
00:55:20qu'est-ce qui est de l'ordre de l'extension...
00:55:24Qu'est-ce qui est de l'ordre de l'existant et de l'extension.
00:55:27Le premier bâtiment, là, si je me rappelle bien...
00:55:30Oui, c'est ça.
00:55:32Le premier bâtiment, à gauche, il est nouveau.
00:55:34Et puis, au fond, face à l'église,
00:55:37c'est le grand bassin.
00:55:40Un grand bassin avec une grande toiture,
00:55:43un grand prisme, un grand volume,
00:55:46complètement recouvert d'ardoises.
00:55:50Et surtout, il y a un détail
00:55:53qui bouleverse tout le truc.
00:55:58C'est-à-dire qu'il n'y a pas de recouvrement
00:56:01entre les surfaces d'ardoises.
00:56:06Elles viennent comme ça à joint vif.
00:56:09Et en fait, c'est en dessous qu'il y a une feuille de zinc.
00:56:12Ce qui donne un volume d'une pureté totale.
00:56:15Vous voyez, le fait, par exemple, il est d'une pureté totale.
00:56:19Et si dans les bâtiments derrière, il n'est pas d'une pureté totale,
00:56:23c'est que l'agence a assez intelligemment
00:56:27conservé l'existence, c'est-à-dire que c'était comme ça.
00:56:30Il y avait des tuiles romaines
00:56:33qui permettaient de traiter la jonction des deux pans d'ardoises
00:56:37et ils les ont laissées puisqu'elles existaient.
00:56:39Et ça permet de faire la différence entre les bâtiments.
00:56:43De toute façon, on les voit moins
00:56:45parce que le bâtiment principal, le bâtiment de la piscine,
00:56:49c'est vraiment un volume.
00:56:52Ça renvoie, en plus,
00:56:55à une oeuvre d'art contemporain de Sister Gates
00:56:59qui avait fait une exposition en 2019.
00:57:02Je crois que c'était au moment du concours
00:57:05et ils ont vu ça et tout d'un coup,
00:57:07ils n'étaient pas trop sûrs de pouvoir faire
00:57:10ce qu'on leur demandait de faire
00:57:11parce que les toitures, ce n'est pas ce qu'ils font habituellement.
00:57:15Mais ils ont compris que, finalement, la toiture,
00:57:19c'était aussi un volume.
00:57:21Et quelque part, la toiture, si on la prenait comme un volume,
00:57:24elle pouvait avoir un écho
00:57:26dans une certaine modernité,
00:57:30dans une certaine contemporanéité.
00:57:32C'était vraiment un volume un peu étrange, comme ça.
00:57:35Vous la voyez ? Sans détail.
00:57:38Enfin, en évitant des détails trop constructifs,
00:57:41trop pesants, restant très abstraits.
00:57:44Si on arrivait à faire une toiture hyper abstraite,
00:57:47on pouvait se réinscrire, quelque part,
00:57:49dans la modernité, dans la contemporanéité.
00:57:55Voilà la toiture, très abstraite, qui semble flotter.
00:57:59Un volume, voilà, en lévitation,
00:58:02un volume un peu étrange en lévitation.
00:58:05On voit en bas le grand bassin
00:58:07qui correspond à la toiture que j'ai fait voir.
00:58:10Et là, vous voyez, c'est la coupe.
00:58:12Et on voit l'épaisseur de la toiture.
00:58:13Parce qu'en fait, la piscine,
00:58:15elle n'est pas dans l'axe du fait de la toiture.
00:58:18Il y a un décalage, vous voyez,
00:58:21et puis il y a une épaisseur avec un vide
00:58:25entre la face interne et la face externe
00:58:29pour permettre l'entretien des combles.
00:58:36Voilà la piscine.
00:58:38On a l'impression de flottement total.
00:58:41Elle est portée par les poteaux.
00:58:44Elle n'est pas du tout portée par les menuiseries
00:58:48qu'on voit à la périmétrie.
00:58:50Elle est portée par des poteaux.
00:58:52Mais elle semble flotter complètement.
00:58:55Et ça, c'est l'ancienne piscine qui a été réhabilitée
00:59:00où, là, effectivement, les fermes apparaissent
00:59:03au-dessus du bassin.
00:59:06Voilà.
00:59:07Un autre exemple,
00:59:09mais celui-là, il est vraiment pas d'une étrangeté totale.
00:59:13Mais ça, c'est intéressant,
00:59:15parce qu'on voit comment toute une jeune génération d'architectes
00:59:21s'est réemparée du thème de la toiture,
00:59:26alors que les grands architectes,
00:59:28surtout les mourants, ne pouvaient pas la penser.
00:59:32C'était un truc qui leur échappait complètement.
00:59:36Ce qui n'enlève rien, bien sûr, à leur qualité.
00:59:39Il y a des questions de point de vue, de vision.
00:59:44Ils se valent tous, mais ils ne sont pas tous identiques.
00:59:48Voilà. C'est cette halle.
00:59:50C'est une halle dans un tout petit village.
00:59:54Par contre... Bon, peu importe.
00:59:56Elle repose sur trois poteaux.
00:59:59C'est à la fois un peu comme la piscine qu'on vient de voir.
01:00:04C'est une toiture, mais ce n'est pas une toiture traditionnelle.
01:00:08On ne voit pas les poteaux.
01:00:12On a l'impression qu'elle est en lévitation.
01:00:14Ensuite, la jonction entre les plans reste très abstraite.
01:00:18On ne voit pas des tuiles canales au fêtage.
01:00:21On est dans un certain niveau d'abstraction.
01:00:24Là, c'est la même chose.
01:00:26C'est une halle.
01:00:27Déjà, on ne voit pas la charpente, qui est très complexe.
01:00:32J'aurais pu la faire voir, mais je n'ai pas mis l'image.
01:00:35Parce que vous voyez, le poteau principal,
01:00:38il tient une gigantesque poutre treillie en métal.
01:00:42Ensuite, de cette gigantesque poutre treillie en métal,
01:00:46il y a deux grandes poutres en aimée décollée
01:00:48qui viennent prendre position sur les poteaux arrière.
01:00:51Ensuite, toute la charpente se déploie pour tenir la sous-face
01:00:55et pour tenir, bien sûr, les ardoises.
01:01:00C'est un truc de fou.
01:01:03C'est une halle.
01:01:05Surtout, ce qui est fou, c'est sa position.
01:01:07L'architecte avait le choix.
01:01:09C'était un concours un peu bizarre.
01:01:11Il n'y avait pas beaucoup de gens qui avaient répondu.
01:01:14Il fallait une halle.
01:01:15Il pouvait la mettre où il voulait.
01:01:17Et surtout, il y avait une grande place
01:01:21qui sert de parking, comme dans toutes les petites communes.
01:01:25Donc, il a hésité.
01:01:27Il a commencé à faire des projets sur la grande place.
01:01:29Mais de toute façon, si vous voulez,
01:01:31s'il avait été dans la grande place,
01:01:34elle aurait été plongée dans une sorte de mer d'automobiles.
01:01:38Même dans les petites villes,
01:01:41il y a plus forte raison dans les petites communes.
01:01:43Il est impossible de renoncer
01:01:47à des parkings de ce type en centre-ville.
01:01:51Donc, il a préféré ne pas se mettre sur la place.
01:01:54Et se mettre dans une dent creuse.
01:01:56Et ce qu'il y a de fou, si vous voulez,
01:01:58c'est que, contrairement à Kuma tout à l'heure,
01:02:01lui, son bâtiment, c'est un objet.
01:02:05Il tient lui-même.
01:02:07Mais c'est un objet qui touche le mitoyen.
01:02:12C'est un truc très étonnant.
01:02:15On se sent un peu mal à l'aise quand on est là.
01:02:18Parce que, j'avoue, on ne comprend pas trop bien.
01:02:21Ça, c'est la maquette.
01:02:24Là, on commence à comprendre.
01:02:26Il y a des piles.
01:02:28En plus, les piles, elles sont toutes différentes.
01:02:31Elles sont en béton.
01:02:33Le béton, il imite la pierre.
01:02:35Et puis, il y a de la pierre.
01:02:37Et la pierre, elle imite le béton.
01:02:39C'est un truc...
01:02:41On est vraiment dans une réflexion très complexe.
01:02:46Et surtout, quand on rentre après dans la halle,
01:02:50c'est vrai que c'est un peu la thématique du cours.
01:02:53On se sent complètement protégé.
01:02:55On se sent invincible.
01:02:57Personne ne peut te toucher.
01:02:59Tu es dans ton espace.
01:03:01Surtout, quand je suis arrivé,
01:03:03il y avait un type qui était déjà là.
01:03:05C'est sûr qu'il y avait un problème.
01:03:07À qui appartiendrait cet espace ?
01:03:10Parce que là, tu es chez toi.
01:03:12C'est sûr. Tout de suite.
01:03:14Là, c'est la place.
01:03:16Je vous l'ai dit, c'est un parking.
01:03:18Il aurait pu la faire au centre de la place,
01:03:20mais il n'a pas fait.
01:03:21Je pense que ça aurait été une grosse connerie,
01:03:23parce que les voitures, tu ne peux pas les enlever.
01:03:26Alors, il a préféré, effectivement, se mettre là.
01:03:29Et c'est extrêmement judicieux.
01:03:32On va voir pourquoi.
01:03:34Là, c'est le porte-infos, totalement étonnant.
01:03:37Là, c'est la colonne principale,
01:03:39qui tient la poutre en métal
01:03:41et qui tient les deux parties en porte-infos.
01:03:43Et cette colonne principale,
01:03:45on a l'impression qu'elle est en pierre,
01:03:47mais en fait, non.
01:03:48C'est du béton de couleur différente.
01:03:50Il y a de la pierre aussi, mais on a l'impression que c'est du béton.
01:03:53Et là, on est dessous. On est chez nous.
01:03:55Tu es chez toi. C'est là.
01:03:58Tout est ouvert.
01:03:59Tu es ouvert sur la place avec des voitures.
01:04:01Tu ne les vois pas.
01:04:02Et après, tu es ouvert sur le paysage.
01:04:04Et là, tu le vois.
01:04:05Tu es en belvédère sur le paysage.
01:04:07Et même si ce paysage, les gens d'ici, au début, disaient
01:04:10pourquoi tu es ouvert sur le paysage ?
01:04:12Le paysage, on le voit partout.
01:04:14Même s'il est ouvert sur le paysage,
01:04:16il est cadré.
01:04:17Et ça change tout.
01:04:19Donc on le voit de quelque part.
01:04:21On le voit d'un lieu
01:04:25que l'on peut librement s'approprier.
01:04:28Voilà la coupe.
01:04:30On voit encore l'épaisseur de la toiture.
01:04:35C'est vrai qu'aujourd'hui, je vois très bien, dans les années 80,
01:04:38les toitures qui étaient faites par les architectes,
01:04:40c'était toujours des feuilles de papier
01:04:42composées sur les bâtiments.
01:04:45Là, non.
01:04:46On revient au volume.
01:04:48On revient à l'apesanteur.
01:04:52Le poteau central, bien sûr, il est servant.
01:04:57Il capte les eaux pluviales
01:05:01qui sont prises dans le chenot principal,
01:05:05face à la place.
01:05:07Et il y a aussi un point d'eau.
01:05:11Et puis ça, c'est des poutres, vous voyez,
01:05:12qui à la fois tiennent,
01:05:14mais aussi permettent aux bâtiments de résister au vent.
01:05:19Parce que le vent, quand il s'engouffre...
01:05:21Le truc le plus embêtant dans cette structure,
01:05:24c'était pas trop la portée.
01:05:26C'était le fait de bien calculer le soulèvement au vent.
01:05:29Parce que comme toute la toiture est en pente,
01:05:33le vent pouvait la soulever
01:05:35et puis la détruire.
01:05:38Voilà.
01:05:39Et là, on est là, et on voit le paysage.
01:05:42Le paysage, tu le vois partout.
01:05:45Mais là, tu le vois dans un endroit
01:05:48que tu peux t'approprier.
01:05:55Pour terminer,
01:05:56ça va paraître un peu bizarre,
01:05:58mais c'est ça, c'est la Louvre du Capitol.
01:06:01C'est vrai que j'ai toujours trouvé ce truc...
01:06:04C'est un délire.
01:06:07Ça, c'est un truc que j'avais dans mon livre de latin
01:06:10quand j'étais en 6e.
01:06:12C'est horrifiant.
01:06:13Parce qu'en plus, c'est vrai que cette Louvre,
01:06:16on sait pas trop d'où elle vient.
01:06:18C'est une Louvre.
01:06:19On sait pas si elle est médiévale, si elle est, je sais pas quoi,
01:06:22romaine ou même...
01:06:24Enfin, on connaît pas son origine.
01:06:26Et en fait, les enfants qui sont dessous, là,
01:06:29Romulus et Remus,
01:06:31ils ont plutôt été sculptés par l'atelier de Pollaiolo
01:06:35au 16e siècle.
01:06:37Donc c'est pas...
01:06:39Il y a une...
01:06:41Mais quand même, c'est fou.
01:06:43Parce que, voilà, ça prouve...
01:06:45Enfin, ça donne aussi une image du toit,
01:06:48de ce que pourrait être le toit.
01:06:50Voilà, un toit animal.
01:06:52Le toit, quelque part, les animaux qui couvrent leurs petits,
01:06:55ce sont des toits.
01:06:57Ils se mettent sur leurs petits
01:06:59et puis ils leur apportent de la chaleur.
01:07:01Bien sûr, on va pas faire des projets
01:07:03avec des toits et des mamelles.
01:07:06Ce serait absurde, quoi.
01:07:08Mais par contre, l'idée d'un toit qui chauffe,
01:07:12qui nourrit, d'un toit animal,
01:07:14d'un toit qui pèse au-dessus de nous,
01:07:17ça, oui, c'est une bonne idée.
01:07:20Voilà, c'est l'idée portée par Boris Boucher
01:07:24pour faire, en plus, un projet,
01:07:27le projet de pavillon d'entrée
01:07:29pour l'Inrae, dans le Massif central.
01:07:32Ah, d'ailleurs, j'ai pas...
01:07:34Excusez-moi, j'ai oublié de mettre...
01:07:37Tout à l'heure aussi, c'était Boris Boucher, l'architecte.
01:07:41C'est un pavillon d'entrée pour l'Inrae.
01:07:46L'Inrae, c'est vrai qu'ils sont pas trop sympas non plus
01:07:49avec les animaux, puisque dans ce site,
01:07:52il y apparaît-il des vaches hublots.
01:07:55C'est des vaches que, par exemple,
01:07:57on voit tout ce qui se passe dans leur estomac,
01:08:00parce qu'il y a un hublot dans leur ventre.
01:08:04Mais là, en fait, c'est notre vision de l'animal.
01:08:07C'est un grand toit qui pèse au-dessus des gens.
01:08:11Et ce grand toit, il est rempli de paille pour isoler.
01:08:16Et aussi, ce toit, il est recouvert de panneaux solaires
01:08:20qui apportent de l'énergie
01:08:23à cette construction.
01:08:27A cette loge de gardien.
01:08:30On le voit maintenant comme ça.
01:08:32C'est un toit qui a une sorte de ventre renflé,
01:08:37qui est porté par des murs très épais,
01:08:41parce qu'effectivement, c'est des murs en paille.
01:08:44Il y a une structure bois, mais c'est des murs en paille
01:08:46qui sont ensuite enduits.
01:08:48On le voit comme ça.
01:08:50L'élément central
01:08:53qui supporte le plus la toiture,
01:08:59il est en béton de terre.
01:09:02Le béton de terre, à un moment donné,
01:09:04on le voit sur la façade, parce qu'il apparaît.
01:09:08C'est les parties qui sont plus jeunes,
01:09:11qui correspondent à ce noyau
01:09:15qui rigidifie et qui porte la toiture.
01:09:19Tout le reste est en paille,
01:09:24en paille et en bois.
01:09:26C'est vrai qu'il y a des parties qui sont arrondies.
01:09:32Et justement, Boucher m'a dit...
01:09:36C'est pour ça qu'il ne faut pas croire...
01:09:39Bien sûr, il y a des ruptures.
01:09:41Mais en même temps, on est toujours dans l'architecture.
01:09:45Il m'a dit que sa source d'inspiration,
01:09:48c'était Eric Mendelssohn, j'aurais dû apporter la photo.
01:09:51C'est l'Observatoire de Potsdam.
01:09:53C'est une forme expressionniste, très organique, très ronde.
01:09:57Et donc, il est parti de là.
01:10:00Je ne pense pas qu'il y ait de toit à Potsdam.
01:10:03Enfin, il y a de toit chez...
01:10:07Le mec, là.
01:10:09Mais par contre,
01:10:11il y a cette possibilité de convergence.
01:10:16Un toit sans toit.
01:10:20Merci.
01:10:34Des questions ?
01:10:46Moi, je pense à la toiture de Notre-Dame,
01:10:50qui s'est construite en 2017.
01:10:52Enfin, à la plage, notamment, et à la toiture.
01:10:54De toute façon, il y a beaucoup d'architectes
01:10:56qui ont essayé d'imaginer des choses nouvelles
01:10:58qu'ils n'avaient pas pensées.
01:11:00Est-ce qu'on allait diminuer, comme on l'a fait,
01:11:03la repère atlantique ?
01:11:05Ou bien, peut-être qu'on allait passer à quelque chose de nouveau
01:11:08et qu'on allait améliorer le niveau de l'architecture ?
01:11:12Oui, c'est une bonne question.
01:11:14Et moi, personnellement, je pense que...
01:11:16Je suis architecte, c'est sûr,
01:11:18mais je pense que l'architecture, c'est pas tout.
01:11:20Et quelque part, il y a des architectes.
01:11:22Et quelque part, aussi, cette cathédrale, elle n'a pas été...
01:11:26Elle n'a pas vraiment...
01:11:28On dit que c'est un architecte qui l'a construite, tout ça,
01:11:30mais c'est plus un chef de chantier qui l'a faite.
01:11:33Et elle a été faite par des charpentiers.
01:11:36Elle a été faite par...
01:11:39Et cet architecte, il suivait quelques règles, quelques codes.
01:11:43Il n'a pas fait, disons, une oeuvre personnelle
01:11:45comme celle que, par exemple, j'ai fait voir maintenant.
01:11:48Et donc, je ne pense pas que ce soit une affaire d'architecte.
01:11:52C'est plus une affaire, effectivement,
01:11:54d'artisan, de tailleur de pierre, de charpentier.
01:11:58Et je pense, franchement, que la décision, elle a été très juste
01:12:01de dire qu'il fallait mobiliser les architectes
01:12:04et qu'il fallait donner le plus de visibilité à l'artisanat
01:12:10et que c'était l'affaire de tous.
01:12:12Et je trouvais ça extrêmement intéressant.
01:12:16Et c'est vrai que je ne me suis pas trop intéressé
01:12:19à tous les projets qui ont été faits, les architectes,
01:12:23qui, d'un coup, se sentaient dépossédés,
01:12:26alors que non, c'est un truc qui ne leur appartient pas.
01:12:28Donc, il me semble que c'est une affaire de tous.
01:12:31Et par contre, le seul truc bien que j'avais trouvé,
01:12:35c'est quand j'avais été aller interviewer
01:12:39Paolo Madesda Rocha à San Paolo.
01:12:41Elle m'avait dit, bon, là, pour Notre-Dame,
01:12:43pour vous, c'est une chance historique.
01:12:45Il faut surtout la laisser comme ça, toute crevée, là.
01:12:48Elle est magnifique, voilà.
01:12:50Ça, je dois dire que oui, pourquoi pas.
01:12:52Laisser en ruine et, effectivement, faire en sorte
01:12:55qu'il n'y ait pas d'artisanat,
01:12:57qu'il n'y ait pas d'architecte,
01:12:59et, effectivement, essayer de la faire tenir,
01:13:02toujours ruinée, à moitié détruite,
01:13:04ça, peut-être, ça aurait été, effectivement, une solution.
01:13:07Mais pour le reste, je trouve que cette mobilisation
01:13:10un peu nationale comme ça,
01:13:12c'était extrêmement intéressant.
01:13:29Il y a d'autres questions ?
01:13:38Oui. Merci, Richard.
01:13:41C'était juste une remarque technique.
01:13:44Peut-être qu'il y a un retour du toit en pente
01:13:46parce qu'on a les normes de sécurité
01:13:48et surtout de protection qui nous embêtent,
01:13:51en tant qu'architecte.
01:13:52Et faire un toit plat, aujourd'hui,
01:13:54c'est mettre des protections de chantier,
01:13:56des protections de sécurité.
01:13:59Aujourd'hui, on est confronté à ces normes-là
01:14:02qui font que, le toit plat,
01:14:04on a beau faire le toit le plus parfait du monde,
01:14:07il faut faire des garde-corps.
01:14:09Et ces garde-corps, en fait, ça nous embête, nous, architectes.
01:14:12Et je pense qu'aujourd'hui, comme on n'est pas encore...
01:14:15Il n'y a pas encore de sécurité très précise sur des toits en pente,
01:14:18c'est facile de faire un toit en pente
01:14:20sans garde-corps de sécurité.
01:14:22Et comme c'est un élément technique
01:14:24qu'on ne maîtrise pas
01:14:26et qu'on ne peut pas le voir,
01:14:28c'est compliqué.
01:14:30Donc on essaie de jouer avec ces normes,
01:14:33on essaie de tordre les normes
01:14:35pour essayer de faire des morphologies
01:14:37et d'avoir un aspect général.
01:14:40C'est marrant.
01:14:41Oui, mais je ne veux pas te contredire.
01:14:44Tu as raison, c'est vrai qu'il y a un système de normes
01:14:47qui pousse déjà à faire des toits en pente.
01:14:50Et malgré tout, avant,
01:14:51tu avais déjà un système de réglementation
01:14:53qui t'invitait à faire des toits en pente.
01:14:56C'était toujours, disons, extrêmement compliqué
01:15:00de faire des toits terrains.
01:15:04Quelque part aussi, il y a quand même, malgré tout,
01:15:06des solutions avec des gardes-corps.
01:15:09Et même historiquement, les bâtiments classiques,
01:15:12ils sont terminés par des balustrades.
01:15:14C'est des balustrades qui terminent les bâtiments.
01:15:16Il y a quand même des solutions.
01:15:19Et je pense que ce n'est pas du tout la contrainte
01:15:22qui fait cette ouverture vers le toit fermé
01:15:29pour user d'une contradiction.
01:15:33Mais c'est au contraire, je pense,
01:15:35quelque chose de beaucoup plus profond.
01:15:39Parce que tu as aussi, effectivement,
01:15:41tous ces gens dont j'ai parlé,
01:15:43ce sont des gens qui cherchent à s'ancrer.
01:15:46Boris Boucher, peut-être Rome, dans une moindre mesure,
01:15:50parce qu'eux, ils sont peut-être plus connotés
01:15:52que les gens qui sont dans les bâtiments.
01:15:54Et donc, ils ont aussi des ambitions
01:15:56de faire une exposition,
01:15:58mais aussi de faire un travail
01:16:00qui est un peu plus néo-moderne.
01:16:03Mais j'avais d'autres exemples.
01:16:05Je ne voulais pas tous les montrer,
01:16:06parce que sinon, ça aurait été trop long
01:16:07et un peu indigeste.
01:16:09Mais on est dans un retour au toit,
01:16:13au toit pesant, au toit protecteur.
01:16:17On est aussi, peut-être aussi,
01:16:21on est dans un retour à l'ombre.
01:16:23C'est-à-dire qu'il y a une volonté,
01:16:25un peu, disons, d'intimité,
01:16:27de retour à l'ombre.
01:16:29Et c'est pour ça aussi que quelqu'un comme Koumas,
01:16:33finalement, il a autant de succès,
01:16:36parce qu'il pense bien à ces questions de l'ombre.
01:16:42Moi, je pense que c'est plutôt un phénomène plus général.
01:16:46Je ne pense pas que ce soit uniquement...
01:16:49Je ne pense pas que ce soit uniquement un phénomène
01:16:51qui est très, très important.
01:16:53Je pense que c'est un phénomène qui est très, très important.
01:16:56C'est un phénomène qui est très, très important.
01:16:58Je ne pense pas que ce soit l'élément fondamental.
01:17:05Déjà, on revient...
01:17:06Tous les gens dont j'ai parlé,
01:17:07ils reviennent à une certaine architecture traditionnelle,
01:17:11ils reviennent à des matériaux traditionnels,
01:17:14et, surtout, ils arrivent à des matériaux traditionnels.
01:17:17Selon moi, ce matériau-là est très important.
01:17:21Dans le fond, parce que, je t'assure,
01:17:22j'aurais pu en citer plein, je me suis retenu.
01:17:26Et, surtout, c'est vrai que ce cours,
01:17:28je le fais depuis des années, je le fais peut-être depuis 20 ans.
01:17:31Excusez-moi, mais je le fais depuis 20 ans
01:17:34et je l'ai fait dans les premières années.
01:17:36Et je sais qu'avant, pour ce cours de le toit,
01:17:39je faisais voir les bâtiments de Guéry,
01:17:41la fondation LVMH.
01:17:43Hudson, l'opéra de Sydney, qui n'est pas un opéra d'ailleurs, voilà tout ça peut
01:17:51être aussi pour faire voir que j'étais allé là-bas peut-être, je sais pas, mais
01:17:54en fait ça marche plus maintenant, ça n'intéresse plus personne tout ça, voilà, excuse-moi.
01:17:59D'autres questions ?
01:18:09Il faut dire aussi que l'architecture ça existe pas partout en ce moment, il y a des
01:18:13pays où ça n'existe pratiquement plus, donc voilà, c'est la même chose, oui, c'est
01:18:19la même chose en Allemagne, ce sont aussi des choses qui sont aussi liées au mouvement
01:18:25écologique, on peut pas en faire abstraction, donc ça fait retour en Allemagne, ça fait
01:18:29retour en Belgique, en Hollande, donc ça c'est peut-être encore, enfin en Hollande, de toute
01:18:34façon ils sont en crise parce que les super, je sais pas quoi, les Hollandais, ça fait
01:18:38rigoler maintenant, c'est plus ça, Superman c'est fini, on préfère les paysans des
01:18:43Cévennes, donc c'est plus un héros, voilà, donc oui, oui, je pense qu'il y a quand même
01:18:50un tournant.
01:18:51Oui, oui, tu as raison, c'est vrai, mais l'architecture japonaise aussi, elle a un statut international
01:19:11parce qu'elle correspond donc à un certain système esthétique, s'il change, c'est sûr
01:19:18qu'on... mais quand même Kuma par exemple, il n'est pas là-dedans, et en plus Kuma,
01:19:24au Japon, c'est le mec le plus connu, excuse-moi, tu vois, les gens ils se mettent à genoux
01:19:28devant lui dans la rue, je l'ai vu plusieurs fois, je le connais, tu vois, c'est pas, donc
01:19:33personne ne le connaît, tu vois, les gens que nous on connaît, qu'on trouve bien, là-bas
01:19:37personne ne les connaît, tu vois, donc il faut quand même relativiser, tu vois, et
01:19:41c'est vrai que l'architecture japonaise, elle se vend à l'étranger, parce qu'elle
01:19:45correspond à certaines normes esthétiques, mais je te dis déjà, Kuma, il se vend partout
01:19:50dans le monde, mais au Japon, c'est une agence de 400 personnes, voilà, après on peut discuter
01:19:55des projets, mais quand même malgré tout, voilà, je te dis, enfin en tout cas les projets
01:20:02que j'ai fait voir, là, je pense que oui, cette idée de... il y a toujours chez lui,
01:20:09tu vois, c'est avoir une idée et puis chercher à la mettre en forme de manière assez libre,
01:20:15d'ailleurs, lui c'est pareil, il tient le même discours, oui, il tient le même discours
01:20:21que les gens comme Frédéric Bonnet, que les gens comme, je sais pas qui, oui, les
01:20:28gens dont je viens de parler, mais il le tient déjà depuis un certain nombre d'années,
01:20:34l'idée d'effectivement regarder un site en fonction des traditions artisanales, voilà,
01:20:40il le dit, et puis sa rupture avec la modernité, c'est vrai que toute sa carrière s'est battue
01:20:47là-dessus, parce que c'est le seul architecte que j'ai interviewé qui a su dire du mal
01:20:51des autres, et du mal des modernes justement, donc il s'est vraiment positionné.
01:20:56Bon, ça veut pas dire que j'ai parlé de lui aujourd'hui, j'ai parlé d'Ishigami
01:21:02aussi, et bon, c'est un point de vue, c'est pas le seul, tous les points de vue sont intéressants,
01:21:09et c'est vrai que ce point de vue, aujourd'hui, il devient plus ou moins hégémonique, et
01:21:16surtout, il produit des choses intéressantes, parce qu'il y a quelques années, les gens
01:21:19qui faisaient des torturas de pente, ils étaient absolument sans intérêt, tandis qu'aujourd'hui,
01:21:23non.
01:21:24Donc, c'est vrai qu'il y a des choses qui sont intéressantes, mais c'est vrai qu'aujourd'hui,
01:21:50c'est vraiment un mouvement de fond, parce que là, il y a deux jours, j'ai animé un
01:22:11débat sur la pierre constructive à Val-de-Seine, c'est sûr que les étudiants étaient là,
01:22:17tout le monde s'est intéressé, des techniques dont il était question, bien sûr, la pierre,
01:22:23la pierre de taille, tout ça, mais il n'y a pas que ça, il y a le bois, il y a aussi,
01:22:27ce qui était très intéressant lors de cette table ronde, c'est des techniques comme la
01:22:33pierre sèche, ça c'est un truc fou, puisque tu englannes des pierres, et après, on les
01:22:40regarde, en fonction de la morphologie, on les assemble, sans aucun liant, voilà, c'est
01:22:44ça aujourd'hui qui intéresse les gens. D'autres questions ? Merci.