• il y a 4 mois
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00:00Merci beaucoup pour l'invitation. Je suis très heureux d'être avec vous ici, et aussi
00:12heureux que ce sujet du ré-emploi ait pleinement sa place dans ce colloque. Alors, pour vous
00:25raconter un peu d'où je parle, Belastoc, qui est une société coopérative dans laquelle
00:31je travaille, s'intéresse depuis une douzaine d'années de manière assez intense à ces
00:38questions de ré-emploi. On est une coopérative d'intérêt collectif, on est une vingtaine
00:43de personnes, on travaille entre Paris et Marseille, et on travaille cette question
00:48du ré-emploi à travers plusieurs métiers, c'est important de les citer pour que vous
00:51compreniez un petit peu d'où je vous parle et comment on collecte des avis d'acteurs
00:57de la filière différents. Le premier métier, c'est l'assistance à maîtrise d'ouvrage,
01:01donc on a des collectivités, des villes, des bailleurs sociaux, c'est l'exemple que
01:05je vais vous présenter tout à l'heure, à intégrer cette question dans leur pratique.
01:08La deuxième, c'est l'assistance à maîtrise d'oeuvre, donc on accompagne les architectes,
01:13plus généralement les concepteurs, à intégrer cette question, et vous allez voir, ça demande
01:18de changer un petit peu la manière dont on pratique habituellement. Ensuite, on est aussi
01:22un laboratoire de recherche, tout simplement on crée des connaissances régulièrement
01:26sur ces questions, avec des collègues européens ou nationaux, pour pouvoir diffuser ensuite
01:31ces connaissances à la filière. Et ensuite, on est aussi un organisme qui attache une
01:36importance particulière à la transmission des savoirs à travers la formation, grosso
01:42modo, et la sensibilisation de publics divers. Plus généralement, on a un attachement
01:50à participer au débat public sur ces questions, à travers des workshops, des événements
01:54de sensibilisation, des publications ou des expositions.
01:57Alors, comme tu viens de le dire Yann, le réemploi c'est pas quelque chose de nouveau,
02:03et j'ai pas pu résister à vous présenter cet exemple-là, qui en est une des nombreuses
02:08illustrations. Ce que vous voyez ici, sur l'image de gauche, c'est un temple égyptien
02:14qui s'appelle le Temple de Philae, et qui s'est retrouvé dans une situation assez
02:18particulière. On est en 1971, Nasser a reconstruit le deuxième barrage d'Aswan, juste à côté
02:26du premier barrage, qui va créer une montée des eaux à ce niveau-là, et menacer d'inondations
02:32plusieurs temples qui se situent sur des îles, qui sont dans cette zone qui va subir
02:39la montée des eaux. Et donc là, il y a une sorte d'opération de sauvetage, on peut l'appeler
02:43comme ça, qui est organisée par l'UNESCO avec le gouvernement égyptien, et qui consiste
02:48à dire, au lieu de laisser ces temples dépérir, est-ce qu'il n'y a pas moyen de les sauvegarder,
02:53et évidemment la seule manière qu'ils trouvent de faire ça, c'est une opération assez grandiloquente,
02:59qui consiste à démonter l'ensemble des éléments qui consistent à ce temple-là,
03:04et puis à réinstaller ce temple sur une île voisine qui, elle, n'est pas menacée d'inondations
03:08justement. Donc vous voyez les photos là, à droite, assez impressionnantes, de tous
03:13ces blocs de pierres, il y en a 47 000 au total, qui ont été soigneusement, et en
03:17fait ça, ça parle de tout ce que je vais vous raconter après, des étapes qui mènent
03:22au réemploi des matériaux, et qui ont été soigneusement inspectées, puis démontées,
03:28puis triées, puis nettoyées, puis transportées, et ensuite remises en oeuvre un petit peu
03:35plus loin. Donc cet exemple, je vous le montre vraiment parce que, en fait nous, quand on
03:41fait du réemploi, finalement on pratique un petit peu les mêmes étapes, et probablement
03:45les mêmes techniques qu'on utilise sur des chantiers qui ont été utilisés là, dans
03:49le cadre de ce projet-là, et aussi parce que, ben voilà, il faut rappeler juste que
03:54le réemploi c'est pas quelque chose de nouveau, on a tendance à le présenter comme une innovation
03:58mais ça demande des guerres. Alors j'aurais pu vous présenter plein d'autres exemples,
04:03comment des pierres de la Bassie par exemple ont servi à fabriquer des édifices parisiens
04:07comme le pont de la Concorde, comment la gare du Nord, l'ancienne gare du Nord, que vous
04:11connaissez pas sauf si vous connaissez la gare de Guilfland, qui est en fait une façade
04:16qui est constituée des anciennes pierres de la gare du Nord, où j'aurais pu vous présenter
04:20aussi comment le palais des Tuileries, après avoir brûlé, a été entièrement démonté
04:23soigneusement et installé dans plein d'édifices parisiens, il y a notamment un fronton dans
04:27un parc, Christian Marcel, qui subsiste de ce bâtiment. Puis l'estpolia dont a parlé
04:34Nathalia tout à l'heure, remontée à l'époque romaine, voilà, c'était une pratique courante.
04:39Une chose importante aussi avant de rentrer dans mon sujet, c'est insister sur la notion
04:45de conservation des bâtiments avant de réfléchir à celle du réemploi des matériaux, puisque
04:50finalement le réemploi des matériaux, ben c'est une pratique un peu résiduelle qui
04:54consiste à, quand on a décidé de déconstruire un tout, essayer d'en préserver des parties,
05:00les matériaux qui composent le bâtiment. Mais bien sûr, avant de réfléchir à ça,
05:05il faut se poser la question de comment on peut conserver les choses en place, ça va
05:08de soi, et c'est bien plus vertueux à tous les niveaux. Et j'insiste là-dessus parce
05:14que souvent, voilà, on peut arriver à des antagonismes finalement en faisant le focus
05:19uniquement sur le réemploi des matériaux sans réfléchir en amont à la complémentarité
05:24de cette pratique avec celle de la conservation des bâtiments. De la même manière qu'il
05:29viendrait pas l'idée de démonter la cathédrale de la Mailleur à Marseille ou les bars de
05:34Fernand Pouillon, et ben on peut se poser les mêmes questions sur les bâtiments un
05:38peu plus ordinaires que vous voyez sur la photo qui constituent le panier et donc il
05:44faut évidemment prendre soin avant d'envisager leur démontage. Voilà, ceci est sans dit,
05:50je peux commencer à vous présenter un exemple. Donc là on se situe à Tours, on est dans
05:56le quartier du Sanitas, c'est un quartier qui est au centre de la ville, qui est constitué
06:00de plusieurs milliers de logements sociaux, c'est ce que vous voyez sur la photo de gauche,
06:04et comme malheureusement beaucoup de quartiers, et c'est un débat qui est d'autant plus
06:09prégnant aujourd'hui que quand on a commencé cette opération, il est sujet à quelques
06:14démolitions. Donc dans ce contexte là, nous on essaye toujours de comprendre auprès du
06:20maître d'ouvrage pourquoi il démolit, de regarder s'il y a des marges de manœuvre,
06:23pouvoir faire autrement, et quand on peut pas faire autrement, et ben là on s'intéresse,
06:27comme je vous le disais juste avant, au démontage soigné des matériaux. Donc vous voyez un
06:31petit peu l'identité, l'image de ces bâtiments, ces bâtiments des années 60 et 70, qui sont
06:39construits en béton principalement pour leur structure, et qui en façade présentent des
06:43blocs de pierre de taille. Alors pour la petite histoire, ce qui était drôle ici,
06:47c'est qu'on s'est posé la question de pourquoi on construisait en pierre en fait dans les
06:50années 60 et 70 ici, et on a trouvé la raison dans les archives historiques, c'est parce
06:55qu'à cette époque il y a une demande en granulat et en béton qui est tellement importante
07:02qu'il y a pénurie de béton. C'est un petit peu l'inverse de ce qu'on connait aujourd'hui,
07:07et c'est pour ça que les constructeurs sont allés chercher dans des carrières locales
07:11de la pierre pour bâtir le complément sur ces façades-là. Donc la question c'est comment
07:16est-ce qu'on va pouvoir déconstruire ces éléments pour les réintégrer ailleurs.
07:20La première étape, qui est un peu le préalable indispensable à tout ça, c'est le diagnostic.
07:25Un diagnostic ça consiste à regarder les choses, comment elles sont assemblées, comment
07:31elles sont fabriquées, aller regarder le type de pierre qu'on a en face de nous. Nous
07:37on n'est pas professionnels de la pierre, donc à ce stade on ne le connaît pas. Aller
07:40regarder les dimensions des blocs, est-ce qu'ils vont être manutentionnables, est-ce
07:44qu'ils vont être déplacables facilement. Les dimensions des blocs, c'est drôle parce
07:49que c'est à peu près les mêmes dimensions que tu as cité Nathalia dans le projet espagnol,
07:53on est sur des blocs qui ont des largeurs à peu près de 80 cm, qui varient de temps
07:58en temps, il y en a de 100, il y en a de 60, et qui ont des hauteurs et des épaisseurs
08:02constantes, 44 sur 33. Donc on va regarder toutes ces spécificités-là, et surtout
08:07on va regarder les joints d'assemblage. Ce qui dit réemploi, dit démontage soigné,
08:15ou dépose soigné, ou déconstruit, il y a plein de mots pour désigner la même opération
08:20qui consiste finalement à déposer soigneusement quelque chose, un petit peu avec le film inverse
08:26de comment on la construit. Donc là vous voyez un petit trou qu'on fait avec notre
08:31perceuse pour regarder si la perceuse rentre bien, ou si la mèche rentre bien, ou si elle
08:36rentre moins bien, pour tout de suite avoir une idée du type de liant, et donc quand
08:40on voit que ça rentre aussi bien, déjà c'est une première étape de bassé parce
08:43que ça veut dire qu'on n'est pas sur un mortier de ciment, on est a priori sur un
08:47mortier de chaud ou un mortier bâtard, mais qu'en tout cas, le joint pourra céder avant
08:52le matériau, en l'occurrence la pierre. Première bonne nouvelle. Ensuite, en général,
09:00si vous voulez que votre matériau soit réemployé après l'avoir démonté, comme aujourd'hui
09:05il n'y a pas de marché qui existe naturellement, enfin on le verra, je vais nuancer ce propos
09:10après, mais il n'y a pas de marché très constitué qui existe, il faut trouver des
09:15opérations réceptrices, donc des chantiers, avec des maîtres d'ouvrages, avec des architectes
09:19qui vont s'emparer de ces matériaux-là pour les remettre en œuvre. Donc là on contacte
09:24avec notre maître d'ouvrage, le bailleur social Tour Habitat, c'est le plus gros bailleur
09:28de la région, on contacte des maîtres d'ouvrages du coin, des architectes, on les fait visiter
09:33des bâtiments et on commence à leur expliquer déjà ce qu'ils ont en phase 2 et à regarder
09:37comment ils vont pouvoir, s'ils le souhaitent, insérer ça dans leur projet. Ensuite, une
09:42étape qui est assez fondamentale à cette échelle-là, c'est de tester en fait la
09:47dépose des matériaux avant de vous lancer dans un grand chantier de déconstruction.
09:51Parce que pour des matériaux, enfin pour des ouvrages à démonter de cette complexité,
09:56on a besoin d'informations en fait avant de demander aux entreprises de le faire pour
10:01pouvoir leur décrire ce qu'elles vont faire et pour nous, nous convaincre que c'est faisable
10:05sur tous les plans, je vais le détailler après. Donc là ces tas de démontages, ils
10:09sont réalisés avec une entreprise du coin d'ailleurs qui a une activité franche de
10:16son activité la plus importante qui concerne la rénovation patrimoniale, donc ça fait
10:19lien encore une fois avec cette limite assez poreuse entre des pratiques de rénovation
10:24et des pratiques de réemploi aujourd'hui et qui va venir tester avec un outillage,
10:28alors là manuel, le démontage de certaines pierres pour voir déjà si ça sort bien,
10:33pour voir quel est l'état des blocs après la dépose et aussi c'est ce que vous voyez
10:40sur les photos en bas pour regarder comment on peut nettoyer ces éléments-là de différentes
10:45façons avec différents outils et pouvoir anticiper combien ça va coûter, quel est
10:52le taux de perte aussi qu'on peut attendre sur le démontage de ces pierres parce qu'on
10:56ne peut jamais tout récupérer en bon état et tout ce genre de petits détails. Autre
11:02chose qu'on a fait alors qu'on ne fait pas dans tous les projets, la plupart du temps
11:05d'ailleurs on ne le fait pas comme ça, c'est répondre à la question assez simple de quelles
11:12sont les performances du matériau que j'ai en face de moi. Parce que contrairement aux
11:16matériaux neufs, les matériaux de réemploi, on peut vraiment tracer leur origine, ou
11:20en tout cas on peut collecter de la donnée qui est de différentes natures et qui n'est
11:26pas toujours disponible, ce qui était le cas ici, on n'avait pas de document ancien,
11:31un document de la construction, des DE ou des choses comme ça qui informait de ce matériau-là.
11:36Et du coup là, pour rassurer un peu tout le monde, on a employé un peu les grands moyens,
11:42c'est-à-dire qu'on a envoyé des échantillons de cette pierre dans un laboratoire, le CTNMC
11:46en l'occurrence, pour mesurer ses différentes caractéristiques. Alors ce qui était intéressant,
11:51le premier point, c'est que déjà la nature de la pierre, on avait une intuition parce
11:56que l'entreprise qui était venue faire les tests de dépôt, le slide avant que je vous
12:00ai montré, elle était venue avec une personne qui avait participé à la rénovation de
12:05la façade cinq ans auparavant. Donc elle connaissait très bien la pierre, elle connaissait
12:08évidemment le bâtiment et elle a pu nous dire que selon elle c'était une pierre de
12:11Richemont, donc c'est une pierre locale, en fait du sud de la région Touraine, ce
12:16qui a été confirmé par les essais. Donc ça c'est une première anecdote pour vous
12:20dire que souvent l'intuition des tailleurs de pierre et de ceux qui connaissent les matériaux,
12:25elle est hyper riche et il faut s'en servir et s'appuyer dessus avant de faire des choses
12:30plus poussées. Et que deuxièmement, ces tests sont à l'échelle de tout ce que nous
12:36on va capter comme ressources, pas très chères finalement, ça représente une infime partie
12:41du budget et ils vont permettre de rassurer un peu tout le monde en donnant la résistance
12:46à la compression de la pierre, sa porosité, sa résistance acoustique, sa résistance
12:51au gel extrêmement importante et toutes ces caractéristiques on va les utiliser dans
12:55les projets récepteurs en fonction des différents domaines d'emploi dans lesquels va être
12:59remise en place la pierre. Donc il y a toute une frange autour de la question des assurances
13:05et de la maîtrise des risques qui est un faux problème en fait si on fait bien les
13:08choses par exemple. Alors ensuite on passe au chantier, le chantier c'est une sorte
13:18de passage à l'échelle entre des choses que vous avez intuitées avec des tests de
13:22dépôt sur des petites quantités avec des outils qui ne sont pas forcément les outils
13:26mécaniques que va utiliser le démolisseur et donc ce chantier il passe forcément par
13:30une nouvelle phase de test de démontage en préparation pour confirmer en fait les hypothèses
13:35que vous avez faites en amont. Donc là on voit que le démolisseur il utilise une pince
13:40mécanique pour aller démonter les pierres, qu'en amont il vient en fait décomprimer
13:46le mur sur la partie haute en cassant le joint qui dit la dalle de béton au dernier bloc
13:51de pierre en partie supérieure et puis parfois il a été allé à sacrifier le bloc haut
13:55du mur pour pouvoir ensuite avoir accès avec sa pince et vous voyez on développe des trucs
14:00très simples comme par exemple la protection de la pince avec un bout de plastique rouge
14:05qui est seulement une petite goulotte de chantier comme ça mais qui permet de préserver en
14:09fait la surface des pierres pour pas qu'elle soit abîmée par la pince. Donc tout ça c'est
14:14des choses qu'on met en place ensemble, évidemment là dans des projets un peu expérimental
14:18comme ça on y va à tâton mais si vous avez bien préparé votre marché, donc si l'entreprise
14:24déjà est bien consciente de ce qu'elle va faire, que vous l'avez sensibilisé, qu'elle
14:29va jouer le jeu et que vous avez préparé et anticipé les choses pour elle, ça c'est
14:33très important, et bien ça se passe en général mieux que si vous l'avez pas fait. Bon bien
14:39sûr il y a plein de petits détails, je peux pas revenir dessus mais il y a des pierres
14:42qui ont des feuillures pour les accroches de menuiserie, il y a des pierres qui ont
14:46des éléments métalliques qui sont insérés dedans, les garde-corps par exemple et tout
14:49ça c'est des choses auxquelles il faut faire attention et auxquelles il faut prendre en
14:53compte en tout cas pour assurer un bon démontage. Là vous avez une idée de ce que c'est qu'un
14:59bloc de pierre de réemploi, brute de démontage, donc je vous montre ces photos pour illustrer
15:06le fait qu'un matériau de réemploi, brut de démontage en tout cas, il est différent
15:12qu'un matériau neuf, forcément, il a des défauts, il a des défauts qui sont liés
15:16à l'usure, qui sont liés à l'usage qu'on en a fait, qui sont liés tout simplement
15:20au passage du temps pour y résumer comme ça, qui sont liés aux rénovations aussi
15:25successives, par exemple on s'est rendu compte que les rénovations de façade avaient amené
15:30les ouvriers à boucher certains trous, certains trous de joint avec des enduits, ce qui est
15:35normal, mais tout ça, ça se révèle en quelque sorte quand vous démontez les pierres parce
15:38que vous vous rendez compte qu'il y a des arêtes qui ne sont pas tout à fait en bon
15:41état, qu'il y a des angles qui peuvent être abîmés etc. Donc tout ça, ça va cristalliser
15:46plein de questions pour le concepteur notamment et pour le maître d'ouvrage, le récepteur
15:50du matériau, sur finalement comment je travaille avec ça, comment je m'en accommode et comment
15:54je trouve des manières de faire pour d'y aller en fait avec cette question du matériau
15:59de secondement finalement.
16:00La logistique, qui est au cœur en fait des problématiques de réemploi, parce que qui
16:09dit réemploi dit circulation des matériaux, donc dit espaces nécessaires pour les stocker,
16:15ça commence par le chantier, cet espace. Les chantiers ne sont pas forcément habitués
16:18à donner des espaces de stockage aussi importants pour les matériaux, donc là il a fallu préparer
16:24ça en amont avec l'entreprise, regarder comment est-ce qu'il fallait conditionner
16:28une pierre tout simplement sur une palette, avec des cerclages pour pas que ça s'abîme
16:32pendant le transport, pour pas que ça tombe, ça doit être protégé un petit peu des
16:36intempéries mais en fait finalement si on la laisse dehors pas trop longtemps, on peut
16:40s'en accommoder de la stocker dehors etc. Donc il y a plein de questions qui arrivent
16:42comme ça. Et ensuite, après le chantier, il faut aussi stocker si vous n'avez pas
16:49encore trouvé les opérations restrictrices de vos matériaux. Donc là on a eu un petit
16:54agrément de planète, il se trouve que le bailleur social avait un foncier avec un hangar
16:58pas très loin du site, qu'on a utilisé pour stocker nos pierres et qu'on a aussi
17:03mutualisé avec l'activité d'un revendeur de matériaux local pour que lui-même profite
17:09d'une partie de cette surface de stockage qu'on n'utilisait pas, et en même temps
17:12gardienne nos pierres et s'occupe de notre stock. Il y avait une sorte de bonne entente,
17:17d'échange de services pour assurer ce stockage qui va aller jusqu'à deux ans quand même
17:22pour les pierres qui resteront le plus longtemps dans le stock. Donc logistique, hyper important.
17:28Ensuite sur l'économie, alors l'économie du réemploi, je pourrais en parler toute
17:33la journée, mais pour faire simple, l'économie du réemploi ça consiste à déplacer des
17:38dépenses qu'on va mettre dans l'extraction de ressources vierges, illustrées par exemple
17:43par la présentation précédente pour ce qui est de la pierre, vers des dépenses qui
17:48sont liées à de la main d'oeuvre, pour le dire simplement, qui va être particulièrement
17:53prégnante dans les questions de démontage, c'est là où ça va prendre du temps, donc
17:57on démonte par rapport à ce qu'on fait habituellement, donc démolir, démolir
18:02c'est beaucoup d'engins mécaniques, démonter c'est beaucoup de main d'oeuvre, et ensuite
18:09les matériaux il va falloir les préparer, ça c'est la deuxième étape qui est impactante
18:12du point de vue économique et qui va engendrer de la main d'oeuvre. Préparer ça veut dire
18:16trier, ça veut dire nettoyer, ça veut dire peut-être réparer parfois, remettre aux
18:21dimensions, etc. Et c'est là où l'opportunité aussi elle est, en termes, moi je vais pas
18:27parler de réarmement, mais si on pense à la re-territorialisation, c'est un peu plus
18:32compliqué comme mot mais il est quand même mieux, de l'activité économique, là l'opportunité
18:37elle est là parce qu'on va recréer de l'activité, donc des emplois, grâce à ces nouveaux métiers
18:45et ces nouveaux endroits, j'en parlerai juste après, qui vont accueillir les matériaux
18:49pour qu'ils soient remis en circulation. En tout cas là sur le bilan économique du
18:53projet, on voit que le réemploi est compétitif, entre guillemets, dans le sens où le bloc
19:00de pierre qu'on a à la fin du chantier, nettoyé, il est moins cher que le bloc de
19:04pierre taillé six faces de la caillère du coin. Vous voyez les chiffres ici sur le
19:11diapo, mais c'est pas le même bloc, on est d'accord. Et l'image que je vous ai montrée
19:17tout à l'heure parlait d'elle-même. Deuxième constat, ce qui est intéressant c'est qu'on
19:22a affecté les ressources de l'argent vers de la main d'oeuvre et pas vers de l'extraction,
19:27c'est ce que j'ai dit juste avant. Et le troisième constat, c'est que finalement,
19:32nous on pense que l'angle économique ça doit pas être celui qui doit être mis en
19:36avant en premier dans un projet. Donc notre objectif c'est d'être à jeu par rapport
19:39à une solution classique sur le point de vue économique. Et parfois on y arrive, parfois
19:43on n'y arrive pas. En tout cas il n'y a pas de réponse unique à la question est-ce
19:47que le réemploi est plus cher ou moins cher, ça je vous le dis tout de suite. Mais les
19:50bénéfices, avant d'être économique, sont surtout environnementaux et sociaux. Je détaille
19:55pas sur tout ça parce que je pense que vous connaissez un peu les chiffres.
19:58Alors ça c'était pour l'économie. Alors le premier chantier de remise en oeuvre, le
20:04plus modeste, le plus simple et le plus efficace dans le sens où là on a été en flux tendu
20:10entre le chantier de démolition et le chantier de construction, ce qui arrive très rarement,
20:14c'était vraiment encore une fois un coup de bol, c'est la construction de murs de
20:18séparation dans une commune voisine, dans un quartier de logement social également,
20:23on a pu commencer à tester la remise en oeuvre des blocs, l'appareillage, le jointage, le
20:29travail de couverture des ouvrages. Et surtout avec un coup de chance qui consistait à ne
20:35pas avoir de stockage intermédiaire entre les deux opérations, à baisser relativement
20:40les coûts parce qu'en fait dans ce cas-là ça ne coûtait pas très cher de stocker
20:44mais bref, pour se faire un premier tour d'expérience. Alors je vous passe les questions
20:50de propriété entre maître d'ouvrage qui doit établir en fait des contrats de
20:55vente ou de dons qui actent en fait le transfert de propriété donc le transfert de responsabilité
21:00entre les matériaux mais ça, pas le temps de développer là-dessus. Chantier numéro
21:052, un peu plus intéressant du point de vue de la mise en oeuvre où là on a travaillé
21:09avec les architectes de petites oeuvres qui sont installés à Nantes dans une opération
21:13de logements sociaux pareil, pour remettre en oeuvre ces blocs en muret séparatif et
21:19là on a découvert des choses assez chouettes. La première chose c'était la question de
21:23devoir recomposer avec les blocs existants donc de différentes tailles des murs qui
21:29étaient dessinés avec des longueurs pour le coup L fixe. Donc là il y a deux solutions
21:35qui ont été trouvées, soit un calepinage avec des joints ouverts puis des petites réserves
21:40ici là qui vont accueillir des tuiles de chute de chantier en fait pour être comblées
21:44ou soit une pose à jointer, là c'est ce qu'on voit à gauche, pour essayer de gérer
21:51ces égards. Donc calepiner avec le maçon et avec l'architecte c'était la première
21:56étape. Ensuite ce qu'ils ont découvert de super intéressant c'était la question
22:00du nettoyage et ils se sont rendu compte qu'en fait c'était beaucoup plus économique de
22:04nettoyer les pierres après avoir monté le mur que de les nettoyer sur notre chantier
22:09de démolition pour deux raisons très simples. La première raison c'était que sur notre
22:13chantier de démolition, bah déjà on avait plein de galères avec le chantier de démolition
22:16donc ça rajoutait en fait une complexité au chantier, qu'il fallait manipuler les
22:21blocs pour les nettoyer sur toutes leurs faces, donc du temps, et qu'ensuite, très
22:27important, il fallait nettoyer toutes les faces des blocs. Puisque nous en première
22:31approche on s'est dit on va réemployer des blocs de pierre donc autant les nettoyer
22:34partout et les livrer s'ils fassent nettoyer. Alors qu'en fait eux, ils les ont installés
22:40avec les restes de mortier sur la plupart des faces périphériques et ensuite ils
22:44ont nettoyé avec un chemin de fer, je crois que c'est comme ça que ça s'appelle, l'ensemble
22:48de la surface du mur une fois qu'il était monté et ils sont juste allés boucher les
22:51joints avec du mortier qui nécessitait d'être bouché. Donc là, niveau économique et niveau
22:59facilité de mise en oeuvre, on a eu des gains assez importants et par rapport au chiffre
23:02que je vous ai montré juste avant, on n'était plus à 500€ du m3 pour l'emploi, on était
23:07à 350€ de mémoire donc c'était assez habile finalement de la part du concepteur
23:11et du maçon. Alors je dis maçon mais je ne devrais pas dire maçon parce que c'était
23:15une entreprise de VRD en fait qui a répondu à cet appel d'offres. Et là j'ouvre un
23:19débat important qui peut mener à une discussion, c'est la capacité des entreprises et la volonté
23:25des entreprises aujourd'hui à répondre à ce genre de marché public en plus, pour
23:30des choses qu'elles ne savent pas forcément faire pour la plupart. Et là la preuve en
23:33est, c'est une entreprise de VRD qui a gagné le marché, qui est en fait la seule à vraiment
23:38jouer le jeu et à se lancer dans le truc. Mais bon je laisse ça peut-être pour les
23:42discussions d'après. Voilà, vous avez d'autres photos de la mise en oeuvre, alors ça c'est
23:47une mise en oeuvre avec des blocs qui se sont nettoyés en fait sur toutes les faces par
23:51exemple. Et puis des petites citations mais je n'ai pas l'occasion de revenir dessus
23:56mais il y a toute une question d'apprentissage dans ces tranchées-là et de montée en compétences
24:01et nous on s'aperçoit que les acteurs qu'ils découvrent en faisant, ok, parfois c'est
24:06un petit peu difficile parce que c'est nouveau, mais quand même à l'arrivée la plupart
24:09des acteurs ils sont embarqués, ils sont satisfaits, ils sont même hyper enthousiastes
24:13parce que ces questions de réemploi les amènent un peu de décaler leur vision habituelle
24:18de la chose et se réintéresser à plein de sujets qui sont passionnants. Voilà le dernier
24:25projet qui est en cours, le chantier vient de commencer, c'est encore une ambition au-dessus,
24:30c'est la même agence d'archi Petite Oeuvre avec qui on bosse qui va cette fois remettre
24:34en oeuvre les murs en porteur, c'est ce que vous voyez à gauche là, toujours dans du
24:38logement social mais cette fois avec un principe de mur massif qui est situé derrière un
24:43vitrage, c'est ce qu'on voit sur la petite coupe là, et aussi à l'intérieur des appartements
24:48à côté des poêles pour évidemment améliorer les qualités thermiques de cette façade
24:54et profiter de l'inertie de la pierre, c'est le principe, mais aussi répondre à la contrainte
24:58de l'ADF qui voulait de la pierre en façade, ce qui a été possible grâce à ça, et aussi
25:03améliorer tout simplement la qualité du logement intérieur où vous avez des murs
25:07en pierre de taille dans votre séjour. Donc assez intéressant et on attend de voir ce
25:12que ça va donner. Un dernier chantier qui peut paraître anecdotique mais en fait qui
25:19embarque avec plein plein d'autres questions intéressantes, c'est qu'est-ce qu'on fait
25:22des restes, parce que quand vous faites un chantier de démolition, c'est complètement
25:26illusoire, ça c'est le terrain qui nous l'apprend, de se dire qu'on va pouvoir tout
25:29récupérer en bon état, et vous avez toujours des blocs qui sont cassés, là en l'occurrence
25:32et de manière générale des matériaux qui sont cassés, qui ne sont pas récupérables,
25:37et la question c'est qu'est-ce qu'on en fait. Donc là on s'est dit que dans ce grand quartier
25:42de logements sociaux qui était réaménagé, il y avait plein d'espaces publics, des espaces
25:46extérieurs en fait à redessiner, parce que vous avez des limites entre public et privé
25:50qui bougent, ça s'appelle la résidentialisation, et donc on a invité une association qui s'appelle
25:55Ellipse, l'association itinérante de la pierre sèche, qui est venue avec des habitants
26:00du quartier construire des murs en pierre sèche, avec les techniques traditionnelles
26:05de la pierre sèche, et former des gens à ces métiers pour fabriquer des murets extérieurs
26:11pour tous ces espaces-là. Donc aussi le réemploi de ce qu'on constate, alors c'est peut-être
26:16un biais parce que nous notre pratique elle est beaucoup axée là-dessus, Bellastoc,
26:19c'est que c'est un super prétexte pour former, sensibiliser et impliquer des acteurs
26:25non professionnels à l'acte de construire, ça peut être des habitants, ça peut être
26:29des étudiants, ça peut être plein de gens différents, et cet exemple en est une bonne
26:34illustration, alors ça me permet de faire une petite parenthèse pour vous parler du
26:38festival Bellastoc qui aura lieu cette année en septembre, et dont on est super content
26:44qu'ils puissent impliquer aussi les compagnons de Tailleur de Pierre, on va développer des
26:48choses de cet ordre-là comme on l'a fait l'année dernière, ça a super bien marché
26:52et on en est très content. Il me reste encore du temps Yann ou pas ?
26:58Ça c'est un autre exemple, donc là on va à Nantes, on est sur la ZAC Médinet, ça
27:07a commencé en 2017 cette opération, on aménage un quartier de logement, il y a plusieurs
27:12casernes militaires qui sont sur le site, et parmi ces casernes il y en a une qui doit
27:15être démolie, et on se dit avec l'équipe d'Archi qui travaille sur ce projet, c'était
27:20Atelier Georges, qu'il y a un parc à aménager, des espaces publics à aménager, et qu'on
27:26va les aménager avec les matériaux qui constituent cette caserne, donc là il y a tout un imaginaire
27:32à déployer autour de comment on peut détourner l'usage initial des matériaux, c'est ce
27:36que vous voyez dans toutes les illustrations qui est à droite, associé à chaque matériau
27:39de la caserne. Un exemple, prendre une voûte de fenêtre, la retourner, on fait un chemin
27:44d'eau par exemple pour un parc, mais j'ai pas le temps de détailler tout ça, vous
27:48avez quelques images du projet, donc voilà qui montre qu'en termes d'aménagement extérieur
27:53et d'aménagement d'espaces publics, la pierre, et la pierre de réemploi en particulier,
27:58a un bel avenir devant elle. On a aussi profité de cette déconstruction et du temps qui séparait
28:05la déconstruction de l'aménagement du parc, qui était long, c'était 5 ans, pour se dire
28:10que ce stock qui est d'habitude une contrainte, on allait en faire un avantage pour le projet,
28:14et donc vous voyez, on les a disposés, ces blocs de pierre de la caserne, sous forme
28:18d'architecture de stock, c'est comme ça qu'on les appelle nous, et qu'on aime les faire
28:22dès qu'on peut, pour créer en fait un espace public qui va être habité, qui va être
28:26vécu par les habitants le temps de la transformation de ce quartier, et là en l'occurrence, dans
28:30ces sortes de pyramides, un cas que vous voyez là, il y avait plein d'ateliers qui étaient
28:35organisés, des scolaires, de la concertation avec la maison du projet qui s'est installée
28:41au milieu, etc. Si on monte un peu en échelle, ce que vous voyez sur l'image de gauche,
28:48là c'est l'implantation de la plateforme de voirie de la ville de Paris, qui est à
28:52Bonneuil-sur-Marne, et qui existe depuis une vingtaine d'années, la légende veut que
28:56ça remonte à l'Apollyon, mais nous on sait qu'elle est active depuis à peu près 20
29:00ans, et qui s'attache à récupérer les matériaux de voirie des travaux publics de
29:07la ville, principalement des pavés et des bordures, principalement granit, il y a aussi
29:12du porphyre, il y a aussi d'autres pierres comme ça, les acheminer à Bonneuil, les
29:16reconditionner et les réinstaller dans les chantiers de la ville. Par exemple si vous
29:20allez à la place de la Bastille, là qui est juste à côté, vous verrez que les 4000
29:25m² de sol sur lesquels vous marchez, c'est des anciennes bordures de trottoirs qui sont
29:30passées par Bonneuil, qui ont été sciées en deux, et qui ont été réinstallées,
29:34en plus acheminées par la Seine, super efficace du point de vue de la logistique, etc., et
29:38qui présentent beaucoup d'avantages, parce que quand vous sciez un élément en deux,
29:42vous doublez la surface capable, vous avez une face plane, donc en termes d'accessibilité
29:48c'est super, et puis ce qui sort en gros de cette plateforme, en moyenne, ça peut
29:52être deux fois moins cher que ce que vous trouvez en oeuf. En oeuf, en France. Et là
30:01je refais référence à la slide qui a été présentée tout à l'heure sur les prix,
30:06on pourra aussi en discuter longtemps, mais grosso modo le réemploi, ça se situe en
30:10gros un peu moins cher que la production locale française, mais ça sera jamais compétitif
30:15par rapport, là en l'occurrence, à des pavés indiens par exemple, des pavés Kandla,
30:19qui sont extraits à 20€ du mètre carré et qui impliquent du travail d'enfant et
30:23tout ce qu'on connait derrière. Donc il est à peu près dans cette mesure-là le réemploi.
30:28Vous voyez des photos qui illustrent les savoir-faire qui sont utilisés, mais grosso modo c'est
30:35de la découpe avec des tapis de roulement et de la préparation de surface de pierre
30:41principalement. Un autre exemple plutôt dans la construction, c'est une tour à la défense
30:47devant laquelle je suis passé il y a 3 ans maintenant, qui était entièrement en rénovation.
30:52J'ai constaté qu'en pied de tour, c'était dans les garages que j'ai pu visiter, vous
30:57aviez ces dalles en granit là, typique de la période des années 80, c'est à partir
31:03de là qu'on a commencé à les voir, en granit rose, qui était stocké et je suis
31:08remonté jusqu'à l'entreprise qui s'appelle Incomex et qui en fait depuis à peu près
31:145-6 ans fait un peu son activité, son business de récupérer du dallage de façade de la
31:20pierre à graffer pour le revendre en fait dans différents circuits de la construction.
31:24Alors c'est une petite activité mais ça commence. Mais c'est surtout pour vous dire
31:28que déjà la pierre ça ne veut rien dire, il y a plein de types de pierres différentes,
31:32plein de types d'applications différentes par rapport aux exemples que je vous ai montrés
31:36tout à l'heure, on le voit bien, mais que la pierre à graffer, nous on pense que c'est
31:39un gros potentiel en termes de réemploi pour le futur parce que les types d'attaches
31:44font intrinsèquement que ce n'est pas trop difficile à démonter, et quoique il faudrait
31:48détailler, et surtout qu'avec les questions de rénovation énergétique qui vont amener
31:52souvent à devoir démonter la façade pour la ré-isoler par l'extérieur etc., vont
31:56mettre en mouvement beaucoup de quantités de matériaux comme ça et du coup ça vaut
32:00le coup de s'y intéresser même si, ça c'est ce qui est chouette moi je trouve dans
32:04le réemploi, c'est des matériaux qui se bâtissent en fait d'une image mais qui est
32:08purement une construction culturelle qui n'est pas top quoi. Là en l'occurrence
32:12c'est le granit rose un peu des bâtiments des années 80. Si je redézoome encore, et
32:20j'ai bientôt fini, Yann je te promets, après j'arrête, je voulais vous montrer
32:26cette carte qui est en fait le résultat d'une recherche qu'on mène depuis maintenant
32:317 ans, qui a été initiée en Belgique par nos collègues de Rotor, c'est pour ça
32:36que vous voyez plein de points en haut de la carte, et qui a constitué tout simplement
32:41à se dire, on commence à beaucoup parler de réemploi, est-ce qu'on ne pourrait pas
32:45regarder ce qui se fait déjà et quelles sont les entreprises tout simplement qui existent
32:49et qui font circuler ces matériaux donc en gros qui sont spécialisés dans la récupération
32:54de ces matériaux-là et puis la remise en circulation dans le secteur de la construction.
32:59Et on a eu plein de surprises, pareil je pourrais vous en parler toute la journée de cette
33:02enquête-là, mais grosso modo la première chose qu'on peut remarquer c'est que je vous
33:06ai mis les matériaux qui sont manipulés, les matériaux pierres qui sont manipulés,
33:10on a un grand panel en fait de matériaux dans le terme de diversité, d'application,
33:15etc. qui est aujourd'hui en circulation et le deuxième constat qu'on a fait c'est que
33:20ces entreprises, elles sont très peu visibles de la part des professionnels de la construction
33:25et c'est pour cette raison avant tout qu'on a fait un annuaire qui est consultable en
33:29ligne, gratuit, qui s'appelle Opalis et qui permet de trouver facilement et localement
33:34des matériaux de réemploi pour les mettre dans son projet que vous soyez architecte
33:38ou maître d'ouvrage. C'est principalement des TPE et des PME, un petit peu comme la
33:43filière des carrières d'ailleurs, je l'ai appris tout à l'heure là ce matin, plutôt
33:48dans une activité qui est en stagnation, un peu incertaine sur leur futur. Beaucoup
33:54d'entreprises familiales, beaucoup d'entreprises qui existent aussi depuis bien plus longtemps
33:58que nous on parle de réemploi et là ça souligne encore une fois le fait que le secteur
34:04de la rénovation patrimoniale, de la restauration patrimoniale, qui est très représenté parmi
34:09ces entreprises, environ un tiers je crois de mémoire, bah en fait peut beaucoup nous
34:13apprendre, nous constructeurs contemporains en gros, sur comment faire et sur tous ces
34:20savoir-faire sur la matière, sur la manière dont on peut la transformer, la réparer et
34:27la réemployer éventuellement. Voilà, et ce dernier slide c'était pour insister,
34:34parce que j'en ai pas parlé au début, mais sur les bénéfices finalement de ces pratiques
34:38de réemploi, on sait qu'ils sont d'abord environnementaux, on est d'accord. Le secteur
34:43du bâtiment c'est le plus gros producteur de déchets, c'est le plus gros consommateur
34:46de ressources, c'est un des plus gros émetteurs d'émissions de carbone et il a aussi un
34:50impact sur la biodiversité, sur les sites d'extraction, enfin il y aurait plein de choses
34:53à dire, donc de ce point de vue là le réemploi est intéressant. C'est aussi intéressant
34:57du point de vue socio-culturel, parce que ça va recréer des emplois qui ont plutôt
35:02du sens, et ça aussi c'est un gros gros sujet je pense de discussion, ça pourrait
35:06faire l'objet d'une conférence en soi, mais surtout relocaliser les activités de
35:10production, mais aussi, et c'est ce que je voulais exprimer dans cette slide, un bénéfice
35:14culturel, parce que le réemploi ça va nous amener à regarder différemment ce qui nous
35:20entoure, le patrimoine, et notamment le patrimoine ordinaire, et préserver en fait, grâce à
35:24ce réemploi là, toutes les valeurs qui sont dans les matériaux, qui sont des valeurs
35:28historiques, qui sont des valeurs patrimoniales, qui peuvent être des valeurs affectives,
35:32et finalement nous cette barre HLM que je vous ai présentée tout à l'heure, on l'a
35:36regardée un petit peu comme un temple finalement, et on a opéré à peu près la même chose
35:41qui s'est faite dans ce temple là, avec une échelle évidemment moins importante,
35:46mais voilà, le grand enjeu pour nous c'est de voir comment le réemploi est à la croisée
35:52en fait des questions de conservation patrimoniale, et puis des questions environnementales, pour
35:57le dire très très largement, et que ça c'est tout un champ qu'il faut continuer à explorer
36:02et à faire avancer. Je vous remercie.
36:05Merci Hugo, merci pour ta présentation, pour avoir conduit ces beaux projets. Je vous propose
36:18de prendre 5 minutes, 4 minutes pour prendre quelques questions, et de toute manière je
36:23t'inviterai à rester sur scène après pour le bout de table ronde qui va suivre avec Dominique.
36:31Oui bonjour.
36:32Il y a quelqu'un après vous.
36:35C'est moi, bonjour. Emmanuel Guimond, de l'agence Aristée Architecture à Tours, donc Sanitas
36:43je connais. Je voulais juste échanger un petit peu sur mes expériences avec les pierres
36:48du Sanitas, et poser une question. Juste pour mémoire aussi à Tours, on a une grande
36:53expérience du réemploi, puisqu'une partie de la ville a été reconstruite sur la base
36:58de la Basilique Saint-Martin, ou de l'abbaye de Marmoutier. Donc le Sanitas, j'ai lancé
37:042 concours, enfin j'ai réalisé 2 concours, où j'ai voulu réutiliser les pierres du
37:10Sanitas, et dans les 2 cas ça a été un échec, puisque je me suis retrouvé avec des coûts
37:15beaucoup plus chers, mais c'est un peu ce que vous démontriez tout à l'heure, mais
37:19c'est pour que ça soit bien clair pour tout le monde. Dans le sens où le coût peut être
37:23similaire quand on réutilise vos pierres, enfin les pierres du Sanitas, dans les dimensions
37:30auxquelles elles nous sont données, et moi j'ai voulu, naïvement peut-être, les redécouper.
37:35Et à ce moment là, tous les prix que mes économistes me présentaient, alors que j'allais
37:41chercher les pierres pas très loin, à Châtellerault, dans les carrières que je connaissais déjà,
37:45le prix était systématiquement plus élevé avec ce réemploi. Donc voilà, ma question
37:51c'est comment est-ce que nous, architectes, maîtres d'oeuvre, etc., on doit acquérir
37:57cette culture du réemploi, pour non pas dessiner d'abord nos appareillages, et puis ensuite
38:02voir ce qu'on peut faire rentrer dedans, mais plutôt, dans vos catalogues, avoir tout
38:07de suite les dimensions préalables, et ensuite on conçoit un petit peu nos dessins, en fonction
38:13de ces pierres là. Parce que c'est vrai que la redécoupe nous amène à des prix
38:18très élevés, je crois.
38:20Oui, c'est vraiment une bonne question, qu'on s'est posée très tôt nous, parce que nous
38:24on anticipe ces questions là, et on sait surtout que souvent le coût qui est embarqué
38:29dans un matériau de réemploi, il provient de sa préparation, la phase de préparation,
38:33qui peut contenir plein d'étapes, que je vous ai décrites un peu, mais qui consiste
38:36en gros à agir sur le matériau, le couper, le nettoyer, le surfacer, etc. Et pour répondre
38:42à votre question, je pense que l'une des pistes, c'est justement que le concepteur
38:46reconnecte un petit peu plus avec les questions très pratico-pratiques, et matérielles,
38:51de quel matériau il va manipuler, et quelle technique il va utiliser pour justement les
38:56préparer, et puis ensuite les remettre en oeuvre. Et une bonne solution pour faire
38:59ça, on peut se documenter évidemment, mais le plus simple c'est d'aller travailler directement
39:03main dans la main avec les artisans, et avec les gens qui font, et c'est pour ça que je
39:06pense que ce colloque aujourd'hui est éminemment pertinent sur cette question là, et nous
39:11c'est grâce à l'entreprise qui est venue faire des tests de démontage, une entreprise
39:15spécialisée dans la taille de pierre, qu'on a tout de suite eu la puce à l'oreille,
39:19de ne pas proposer de découpe de ces pierres, parce qu'on savait que le coût de préparation
39:23il allait être dans les trade-seas. Trade-seas ça veut dire une scie diamantée circulaire
39:27avec laquelle vous allez couper les pierres, qui fusent beaucoup, donc il faut la changer
39:32régulièrement, et le trade-seas en gros c'est ça qui coûte cher. Donc nous, le
39:35parti pris qu'on avait au début c'était de dire, moins d'intervention possible sur
39:38le matériau, et le mieux on s'en sortira de tous les points de vue, alors après on
39:41a dû gérer les questions, les désavantages par rapport à ça, c'est garder des faces
39:46entre guillemets sales, avec des traces de polochon de colle, avec des traces d'usure
39:50sur les façades sud-ouest où il y avait le soleil et la pluie battantes qui avaient
39:53travaillé la pierre, donc qui la noircissaient un peu plus, mais justement on s'est accommodé
39:57de ça et on a fait avec. Alors que si on avait taillé la pierre, ok on aurait eu une
40:00surface nickel, sciée, mais économiquement ça marchait pas. Deuxième élément de réponse
40:07aussi peut-être, c'est le côté expérimental de la démarche, qui nous amène à faire
40:12un constat très simple, c'est que souvent la première fois qu'on fait un projet,
40:15forcément on tâtonne, donc on teste des choses, donc ça prend du temps, donc on fait
40:19des erreurs, et donc ça, ça augmente les coûts, parfois, pas tout le temps, mais
40:23que le coup d'après, une fois que vous avez cette expérience là, c'est par exemple
40:27le cas à la ZAC Python juste à côté dans le 20ème arrondissement, c'est drôle, vraiment
40:31les mêmes modes constructifs sur des bâtiments des années 60, et on sait beaucoup mieux
40:35comment est-ce qu'on va s'y prendre pour justement gérer cette question des coûts.
40:38Et dernière chose, je remets juste une couche là-dessus, mais vraiment, l'approche que
40:43je conseillerais d'avoir quand on commence, c'est bien s'équiper des compétences, mais
40:47c'est aussi en termes économiques de pas viser des économies, parce que c'est pas
40:52la bonne porte d'entrée, et encore une fois, viser des coûts à l'équilibre, en le faisant
40:57intelligemment pour y arriver, et ensuite faire des bénéfices sur le plan environnemental
41:01et social, ça me paraît être le plus grand intérêt finalement de ces démarches-là.
41:09Je propose une dernière question, rapide question, avant de passer à la table ronde.
41:13Ah bah vas-y Christophe, t'as le micro.
41:24Merci, moi je suis Christophe Aubertin, je suis architecte, et merci pour la présentation,
41:30et quand je vois ça, ça m'interroge sur la déconstruction des bâtiments en béton,
41:34parce qu'aujourd'hui, la quantité énorme de bâtiments en béton qu'on déconstruit,
41:39on démolit, on concasse, ça prend énormément d'énergie, on sépare les aciers, et on
41:44fait du petit granulat pour faire du remblai, et pourquoi est-ce qu'on ne va pas découper
41:50des blocs de béton unitaires, en quantité énorme, qu'on puisse ensuite réemployer
41:57pour faire de la maçonnerie, qu'on puisse empiler, et qui convoquerait du coup tout
42:02le savoir-faire des constructeurs de la pierre, sur la manière de rassembler ces blocs de
42:07béton, qu'on pourrait aussi, alors ils ont le défaut d'être assez fins, mais on pourrait
42:11aussi les renverser, et construire avec une matière très stable, qu'on connaît, qu'on
42:16sait mesurer, enfin voilà, c'est ma question.
42:19Alors là c'est une super boîte de Pandore qui est ouverte, merci pour la question.
42:24Moi je donne un cours de une journée à mes étudiants sur la question du réemploi
42:28du béton, qui est en fait pas si nouvelle que ça encore une fois, pour commencer je
42:32peux vous renvoyer aux travaux d'une chercheuse de l'EPFL qui s'appelle Célia Kupfer,
42:37K-U-P-F-E-R, et qui a fait une analyse incroyable de recensement de toutes les opérations de
42:43réemploi de béton qui ont lieu depuis les années 60 en Europe, il y a à peu près
42:4680 projets qui sont étudiés, c'est vraiment fascinant, et après pour vous parler de
42:50Belastoc, nous, en 2016, on a commencé à s'intéresser à cette question du réemploi
42:55du béton, à Stein notamment, on a fait des réalisations dans lesquelles on est allé
43:00scier en fait, c'est exactement ce que vous êtes en train de lire, des panneaux en béton
43:04dans des murs de refont, souvent de grands ensembles, souvent des années 60 et 70, qui
43:10sont beaucoup démolis aujourd'hui, pour en faire des matériaux de construction.
43:13Alors en plus quand vous êtes en contexte NPNRU, et que vous avez des espaces extérieurs
43:18à aménager, ça s'y prête assez bien, parce que les voiles de béton se prêtent
43:22en tant que dalles de béton au sol, de manière assez simple j'ai envie de dire, mais en
43:26fait c'est pas aussi simple que ça. Il y a plusieurs étudiants qui ont fait des mémoires
43:31sur la relation entre réemploi de béton et savoir-faire de la taille de pierre, que
43:35je pourrais vous transmettre aussi, qui sont super intéressants, mais grosso modo, c'est
43:38encore embryonnaire, il y a quelques réalisations qui réemploient les bétons sous forme de
43:43panneaux dans des constructions en structurel. Alors moi l'exemple que j'adore, c'est
43:49Hervé Biel à Berlin en 2005, qui allait récupérer ce qu'on appelle les plate-and-bow,
43:53donc c'est les parois de béton préfabriquées qu'utilisait Berlin Est pour fabriquer les
43:57logements à cette époque, et qui allait voir les démolisseurs, alors c'était du
44:00préfa, donc plus facile à démonter, etc, pour récupérer ces trucs-là et faire de
44:04la maison individuelle sur deux étages. Il y a des très bons exemples, c'est assez
44:07documenté sur le net, vous trouverez des choses. Et puis nous, Belastoc en interne,
44:11on mène un projet de recherche depuis maintenant trois ans sur les questions de réemploi de
44:15béton pour étudier les applications possibles, et surtout les mettre en oeuvre concrètement
44:19dans des opérations qui aujourd'hui en France sont très peu nombreuses, à ma connaissance
44:24il y a trois projets qui ont été mis en place du béton en France, mais qui sont
44:28hyper porteuses évidemment, parce que le béton, vous l'avez très bien dit, carbone,
44:33énorme quantité qui sont produits, et donc intérêt à le réemployer, mais, il y a
44:37un gros mais, c'est, en fait, avant de réemployer du béton, voilà, juste garder
44:42le béton en place dans les bâtiments, et puis rénover les bâtiments et tout le monde
44:46s'en portera mieux, donc c'est intéressant parce qu'il y a des fois où on n'a pas
44:49le choix, ok ? Par exemple, s'il y a des retraits gonflements d'argile sur un bâtiment
44:54en béton et que de toute façon il est voué à s'effondrer, et peut-être que parfois
44:57on ne peut pas faire autrement, ben là c'est pertinent, mais si on n'a pas fait tout
45:01ce travail en avant de comprendre et d'être sûr soi-même qu'on ne peut pas garder
45:05le bâtiment, et souvent ce n'est pas le cas, parce que malheureusement les bâtiments
45:09en pierre que je vous ai montrés, ils n'étaient pas déconstruits pour des questions d'obsolescence
45:14technique, ils n'étaient pas déconstruits parce qu'il y avait des logements trop petits,
45:17etc., les logements étaient plus grands que ce qu'on fait aujourd'hui, et parfois
45:20de meilleure qualité, traversants, etc., mais ils ont été démolis parce qu'il y a
45:25une politique de l'en-rue, je ne vous apprends rien, qui amène aujourd'hui à plus démolir
45:29que conserver, alors c'est en train d'évoluer, et tant mieux, et nous on est contents à
45:33notre juste mesure d'avoir pu participer à ce débat-là, mais s'il fallait conclure
45:38la matinée, je pense que je conclurai là-dessus, et peut-être une dernière chose par rapport
45:43au terme de carrière de pierre qui a été évoqué tout à l'heure, nous on pense avec
45:48d'autres que le mot de carrière de pierre ou de carrière de matériaux dans les villes,
45:52pour parler de réemploi, il n'est pas très adapté finalement, pour deux raisons, la
45:56première c'est que de manière très factuelle, la ville et une carrière ça n'a rien à
46:00voir, puisque la ville, ça c'est nos collègues de Rodor qui l'ont très bien montré, une
46:05carrière de pierre c'est un propriétaire, un matériau assez homogène, et des flux
46:09très importants, alors que la ville c'est des milliers de propriétaires, c'est des
46:14matériaux disparates et qui se présentent en très petite quantité, donc là où dans
46:18la carrière vous allez traiter l'homogénéité, qui est issue en fait de l'industrialisation
46:22du bâtiment, dans le réemploi vous allez devoir traiter la spécificité, et c'est
46:26ça qui fait tout l'intérêt en fait de notre métier, en tout cas c'est comme ça
46:29que nous on l'envisage, et puis après de manière un petit peu plus philosophique on
46:34pourrait dire, et ça alors je ne sais pas si Philippe Simet il est là aujourd'hui mais
46:38il pourrait nous en parler, on pense que les termes de carrière, les termes de gisement,
46:42les termes d'extraction, ils appartiennent un peu au passé, donc en gros à l'industrie
46:48extractiviste qui existe depuis le 19ème et que en plus de pratiquer et de faire sur
46:53le terrain, il faut aussi s'approprier des nouveaux mots et un nouveau vocabulaire pour
46:57parler de ces choses-là, et peut-être mettre de côté les questions de gisement, de filons
47:01et puis de mines urbaines qui renvoient finalement à des choses, j'ai l'impression, en tout
47:06cas c'est la dite belastoc, avec lesquelles on veut se distancer.
47:10Merci Hugo pour les réponses.
47:23Au revoir.

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