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  • 25/03/2025
Et si nos villes utilisaient la chaleur perdue des industries pour se chauffer ? Benoît Lacroix (ADEME) et Flavie Bileur (Saint-Nazaire Agglo) dévoilent un projet ambitieux : 88% d’énergie renouvelable, 16 000 logements concernés et des économies à la clé !

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Transcription
00:00Dans Smartimo, on se pose cette question, comment décarboner les projets urbains ?
00:09On en parle avec deux spécialistes, on est ravis d'accueillir Benoît Lacroix.
00:12Bonjour Benoît.
00:13Bonjour.
00:14Vous êtes Directeur Régional Adjoint de l'ADEME Pays de la Loire et à vos côtés Flavie Biller.
00:19Bonjour Flavie.
00:20Bonjour.
00:21Flavie, vous êtes Directrice de la Transition écologique et climatique Saint-Nazaire-Aglo.
00:25On est à moins d'une heure de Nantes et on va voir avec vous comment se développe l'agglomération Saint-Nazaire et comment on décarbone.
00:34On va commencer par vous Benoît si vous voulez bien.
00:36Est-ce que vous pouvez nous présenter ce que fait l'ADEME sur votre territoire Pays de la Loire ?
00:41Alors l'ADEME, j'ai juste rappelé quand même qu'on est l'opérateur de la transition écologique.
00:44On gère à peu près toutes les thématiques hormis l'eau notamment ou à la biodiversité.
00:49Donc on va traiter notamment des énergies renouvelables, notamment la chaleur renouvelable qui va être le sujet d'aujourd'hui.
00:54On va traiter de l'économie circulaire, de l'urbanisme.
00:56On va traiter un peu d'agriculture, de changement climatique qui est le sujet d'actualité.
01:01On a un budget annuel de peu près de 150 millions d'euros en 2024 qui était un budget important finalement.
01:07Puisque au niveau national, on est aux alentours de 3 milliards d'euros.
01:12Donc on a un poids au niveau régional dans tout ce que fait l'ADEME au niveau national.
01:17Avec de nombreuses casquettes.
01:19Oui et puis l'ADEME, c'est trois casquettes différentes.
01:22Une première casquette nous sur les territoires, c'est essayer de massifier les projets.
01:25Donc on va financer un certain nombre de projets d'énergie renouvelable, d'économie circulaire et autres.
01:30Et puis on va se baser sur une expertise qu'on va tirer du national et on va faire un peu d'innovation.
01:35Que ce soit l'innovation technique ou l'innovation sociétale également qui permet d'accompagner les changements de comportement.
01:41Donc on rentre un petit peu dans le détail à Saint-Nazaire justement.
01:45Qu'est-ce que vous avez mis en place notamment en ce quartier à la Carhaîne ?
01:50Benoît, le réseau de chaleur ?
01:52Alors, on n'a pas encore mis en place.
01:54On est en train d'y travailler.
01:56Nous, on accompagne la Carhaîne depuis pas mal d'années quand même.
01:59Puisque la Carhaîne, c'est un territoire important à l'estuaire de la Loire avec beaucoup d'industriels.
02:05Et on sait qu'il faut faire évoluer les industriels également dans leur décarbonation.
02:10Et au niveau de la collectivité, on est une collectivité qui est très motrice aujourd'hui sur la transition écologique.
02:16Et qui a franchi un certain nombre d'étapes, notamment en termes de planification de sa transition écologique.
02:23Et par rapport à ça, effectivement, il y a eu notamment un schéma de développement des énergies renouvelables qui a été mis en place.
02:31Il y a un certain nombre d'outils de planification qui ont été mis en place par la collectivité.
02:34Et qui lui permettent aujourd'hui de s'engager dans différents chantiers de transformation de la ville pour décarboner le mixte énergétique de la collectivité.
02:45Flavie, un mot justement sur ces projets en cours avec l'ADEME. Comment vous collaborez ensemble ?
02:50Comment on collabore ? Effectivement, l'ADEME nous accompagne sur de nombreux champs.
02:55Donc Benoît l'a cité, l'accompagnement sur les politiques de transition écologique sur l'ensemble de leurs champs.
03:00À la fois réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
03:03Et développer nos systèmes de production qui nous permettent de muter vers des systèmes moins émissifs et moins dépendants des énergies fossiles.
03:12Et un des projets emblématiques, c'est vrai qu'on est un territoire urbain.
03:16Et un des gros leviers que nous avons, c'est de développer des infrastructures de chaleur renouvelable.
03:21C'est un levier qui a été détecté dès les premières planifications, ce qu'on appelle plan climat et énergie territorial en 2019.
03:33Et même encore avant quand on commençait à travailler sur l'écologie industrielle et territoriale.
03:38Il faut vraiment se dire qu'à Saint-Nazaire-Aglos, si on se préoccupe des questions de transition écologique, c'est pour plusieurs aspects.
03:44Certes, décarboner, atteindre les objectifs nationaux, internationaux d'atténuation du changement climatique.
03:52Mais aussi, parce qu'on croit sincèrement que c'est un levier pour l'économie.
03:56Pour qu'elle sache aussi rebondir, se transformer vers des activités porteuses pour l'avenir.
04:02Et enfin, on a un indéen de politique sociale très fort.
04:06Et ce projet de réseau de chaleur vient chercher cette composante aussi.
04:10C'est une transition écologique accessible.
04:13Projet écologique, économique, social, on a bien compris.
04:16Je reviens juste sur la partie économique.
04:18C'est vrai que la crise de l'énergie est passée par là.
04:20On se souvient avec le choc et la guerre russo-ukrainienne.
04:25Aujourd'hui, on a l'impression que le prix de la molécule a un peu baissé.
04:30Pour autant, on ne revient pas en arrière et on continue dans cette optique.
04:34Même si les élus passent.
04:37C'est vraiment une constante et vous creusez dans cette direction.
04:41Effectivement, on peut le dire, la crise énergétique a été un élément déclencheur.
04:47Ça a vraiment permis de prendre conscience que les énergies fossiles restaient volatiles.
04:52Et qu'il fallait chercher à maîtriser cette facture énergétique.
04:57Aujourd'hui, c'est vraiment parce que ce projet de réseau de chaleur permettait de cocher
05:01à la fois les questions de décarbonation et d'équilibre économique que les élus s'en sont saisis.
05:07Ça offre une visibilité sur la durée.
05:10C'est un outil qui permet de relocaliser la maîtrise de cette production d'énergie.
05:16C'est ce qui a permis d'arriver à embarquer l'ensemble des acteurs
05:21pour arriver à sortir une infrastructure de cette taille, de ce niveau-là.
05:25C'est peut-être moins visible que par exemple des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes qui font débat.
05:31En tout cas, c'est très efficace ces réseaux de chaleur urbains.
05:34Est-ce qu'on peut mesurer, Flavie ou Benoît, les économies qui sont réalisées
05:38quand on arrive comme ça à recorder une agglomération ?
05:41D'un point de vue économique, comme le disait Flavie,
05:44aujourd'hui, même si le prix du gaz a tendance à baisser, on voit que c'est très fluctuant.
05:50L'énergie renouvelable, en tout cas, selon d'où elle vient, est maîtrisable largement dans le temps.
05:56Si on prend, par exemple, la récupération de chaleur sur une station d'épuration,
06:00votre station d'épuration est là pour tout le temps.
06:03Votre réseau de chaleur ne se voit pas, il est sous le sol.
06:06Les connexions vont se faire aussi en souterrain jusqu'aux différents bâtiments, donc on ne verra rien.
06:11Et on récupère combien en calories, en chaleur ou en degrés ?
06:16Il y a différents types de réseaux de chaleur.
06:18Généralement, on est sur des réseaux de chaleur qui vont être entre 60 et 80 degrés en température,
06:23entre l'aller et le retour, en distribuant la chaleur au fur et à mesure.
06:27On va intégrer sur ce réseau de chaleur différentes sources d'énergie par différents moyens.
06:33On va parler des stations d'épuration, par exemple.
06:35On va récupérer de l'eau qui n'est pas à 40, ni à 60, ni à 80 degrés,
06:40mais on va la récupérer avec un système de pompe à chaleur
06:43qui va permettre de la rehausser en température et de faire une sorte de préchauffage de l'eau
06:48qui pourra être après réchauffée par d'autres usages.
06:51Pour les industriels, c'est un peu l'inverse.
06:54On a des industriels qui vont plutôt utiliser de la vapeur.
06:57Cette vapeur est presque trop chaude par rapport au réseau de chaleur.
07:01On va avoir tendance à faire en sorte qu'elle soit un peu diluée pour être compatible avec le réseau de chaleur.
07:09C'est toutes ces sources de chaleur qu'on peut récupérer par-ci et par-là qui sont produites de toute façon.
07:14Quand on parle de récupération de chaleur fatale, c'est de la chaleur qui aurait été perdue.
07:19Là, on est dans un circuit qui est hyper vertueux et qui fait qu'on utilise ce qui était perdu
07:24pour chauffer différents usages qui peuvent être des industries,
07:27mais qui peuvent être aussi du social ou du tertiaire, comme l'évoquait Flavie.
07:33Flavie Biller, sur les équivalents logements à chauffer, est-ce qu'on a une idée de ce que ça peut représenter ?
07:39En équivalent logement, sur le programme que nous lançons, on est sur 16 500 équivalents logements.
07:46C'est vraiment la recherche de mutualisation et de massification qui permet à ce projet de sortir.
07:53Il est prévu d'alimenter pour 100 GWh par an.
07:58C'est énorme.
08:00Aujourd'hui, pour 2030, l'agglomération s'est fixée comme objectif d'être producteur à hauteur de 600 GWh d'énergie renouvelable, tout compris.
08:08Ce projet en lui seul, sachant qu'on ne partait pas de zéro, on est déjà pas loin de 200 GWh aujourd'hui.
08:15Ce projet à lui seul crée une marche, un bond absolument gigantesque dans l'atteinte de ses objectifs.
08:21On va livrer à la fois des industriels dans ces 16 000 équivalents logements.
08:26Il y en a un quart, en réalité, c'est de l'industrie.
08:30Un autre quart, c'est des logements sociaux.
08:32On va chercher les collectifs résidentiels aux quatre coins de la ville.
08:39Le reste des consommations qu'on va adresser sont tournées autour du patrimoine public.
08:48Il y a des écoles, des gymnases, des conservatoires, etc. qui sont reliés.
08:54Et enfin, du résidentiel privé également.
08:57Il faut une certaine densité pour les raccorder, mais c'est aussi une cible.
09:02On s'adresse à tout un tas d'acteurs.
09:04On vient aussi mutualiser les productions d'énergie.
09:08On va s'appuyer sur plusieurs sources.
09:10Des sites de pompes à chaleur qui ont été cités pour récupérer des calories auprès des stations d'épuration.
09:17De la chaleur fatale récupérée auprès d'industriels.
09:21Des nouveaux sites de production en partie qui s'appuient sur la biomasse.
09:24Et enfin, un reliquat gaz.
09:26On va jouer sur plusieurs sources qui rendent l'infrastructure le but.
09:29On interconnecte et ça rend résilient cette production.
09:33Chaque projet est différent.
09:36Les réseaux de chaleur, on en voit plein maintenant.
09:39Pour rebondir un peu sur ce que vous disiez tout à l'heure,
09:41c'est les collectivités qui poussent aujourd'hui pour poursuivre les investissements en matière de chaleur renouvelable,
09:48même si le prix du gaz a diminué.
09:50Parce qu'elles ont des objectifs de planification avec le plan climat et énergie.
09:54On est très en suivi de ces installations.
09:59Sur la récupération de chaleur, on n'a pas parlé des usines d'incinération,
10:02parce qu'il n'y en a pas à Saint-Nazaire.
10:04Mais on a des projets avec des usines d'incinération ou autres.
10:07Quand on écoute, on voit que plus de 80% d'énergie renouvelable bas carbone,
10:12une solution également moins chère et puis durablement moins chère dans le temps.
10:16On se demande pourquoi il n'y a pas encore de passage à l'échelle massive.
10:21Quels sont les principaux freins qu'on rencontre aujourd'hui ?
10:25Je pense qu'il y a eu le coût des installations qui peut faire peur.
10:32Il y a un peu de complexité administrative parce que pour une collectivité,
10:36soit il faut faire une délégation de services publics,
10:40mais ça veut dire que c'est un engagement sur le long terme.
10:42Tous les élus ne veulent pas prendre des engagements à long terme et sur plusieurs mandats.
10:48Ça peut être éventuellement de la régie, mais il faut avoir du personnel formé.
10:52C'est compliqué d'avoir des équipes en interne dans les collectivités.
10:56C'est pour ça qu'on retrouve ces réseaux dans des collectivités
10:59qui sont suffisamment structurées aujourd'hui,
11:01qui ont du personnel pour pouvoir traiter ce type de projet.
11:04Une dimension d'ingénierie et coordination.
11:07Il y a une certaine visibilité dans le temps.
11:09Une fois qu'on est raccordé, c'est pour des dizaines d'années.
11:11Évidemment, les projets se comptent aussi en dizaines de millions d'euros.
11:16Mais une fois que c'est mis en place, c'est très vertueux
11:19parce que les agglomérations connexes, communes, à l'entour,
11:23elles sont intéressées aussi.
11:24On peut se reconnecter après, une fois qu'il y a un premier réseau de chaleur créé.
11:28Effectivement, c'est une infrastructure qui a une durée de vie de 40 ou 50 ans.
11:36Les tuyaux sont posés en souterrain.
11:39On espère que dans 40 ans, ils sont encore là, qu'on n'aura pas besoin d'y retoucher.
11:43Les équipements de production sont généralement renouvelés au bout de 20 ans.
11:47Mais malgré tout, c'est une infrastructure qui est là pour durer.
11:50Une fois que les investissements initiaux sont payés,
11:54certes, c'est une marche à franchir.
11:55Ça prend du temps, on l'a bien dit.
11:57Il faut coordonner les acteurs et il faut trouver les leviers financiers.
12:01Ça s'incube sur plusieurs années, voire presque une décennie.
12:05Mais une fois que c'est là, une fois que les premiers investissements sont amortis,
12:09on peut commencer à réfléchir, à étendre.
12:12C'est une infrastructure qui aura une vie, comme le réseau électrique ou comme le réseau gaz.
12:18Ça se développe et il y a des vagues d'extinction.
12:22C'est le mix énergétique qui est complètement additionné, qui est refondu.
12:29L'objectif, c'est de sortir d'une production fossile à différentes productions d'énergie renouvelable
12:36pour alimenter à la fois les communes, mais également les industriels qui sont en proximité.
12:42Voilà, on en sait un petit peu plus sur ces réseaux de charbon qui se développent partout dans toutes les métropoles.
12:48Je ne pense pas évidemment qu'en Pays de la Noire.
12:50En tout cas, un grand merci pour vos éclairages.
12:52Benoît Lacroix, je rappelle que vous êtes directeur régional adjoint à DEM Pays de la Noire.
12:55Et merci à Flavie Billa, directrice de la Transition écologique et climatique Saint-Nazaire-Aglo.
13:00A très bientôt sur Smartimo.

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