En 2018, ADN Group crée la première écoconception qui rend les skis entièrement recyclables. Depuis janvier, l’entreprise a signé un partenariat avec le CNRS pour développer une technologie qui permet de démanteler les matériaux, dans différentes industries, pour mieux les recycler.
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00:00Générique
00:06Smartha Elyse avec Camille Lambert, bonjour.
00:09Vous êtes la présidente, la fondatrice d'ADN Group.
00:12C'est quoi ADN Group, racontez-moi, parce que ça part d'une idée autour des skis,
00:17de skis recyclables, vous avez fait un peu pivoter le modèle, je veux bien comprendre.
00:20Oui exactement, alors en 2018, on a créé une éco-conception
00:24qui permet de rendre un ski entièrement recyclable,
00:26ce qui n'existait pas avant parce qu'un ski est un monobloc indissociable.
00:30Et donc on a commencé à faire ça, on a travaillé avec Salomon,
00:32on a créé des centaines de paires de skis recyclables,
00:35et puis on a naturellement pivoté sur des solutions en fin de vie cette fois-ci,
00:39pour créer une technologie de démantèlement des matériaux composites
00:42d'une manière plutôt globale.
00:43Oui, alors on va revenir à un ski recyclable.
00:49C'est quoi un ski recyclable déjà ?
00:51Alors un ski recyclable, c'est un ski qui va avoir une structure
00:54un peu différente d'un ski traditionnel.
00:56Donc on va retrouver des éléments comme une résine
00:59qui va pouvoir se dépolymeriser en fin de vie,
01:02et puis également des matériaux qui vont être sourcés d'une meilleure manière,
01:07et puis également en fin de vie, on va pouvoir le démanteler avec une certaine technologie.
01:12Vous avez signé, je crois que c'était au mois de janvier, fin janvier,
01:15un partenariat avec le CNRS, de quoi il s'agit ?
01:18Tout à fait, avec le CNRS, on développe en laboratoire
01:21une technologie qui s'appelle les fluides supercritiques,
01:24qu'on vient justement agrémenter et puis également adapter à chaque industrie.
01:29Donc les fluides supercritiques, c'est un état intermédiaire de la matière,
01:33et aujourd'hui on vient l'améliorer en conditions de test
01:35et également avec des solvants biodégradables.
01:37Alors comment ça marche ?
01:38Moi j'essaye de comprendre, on a un matériau, ça peut être un ski ou autre,
01:42comment vous allez finalement récupérer des matériaux et pour en faire quoi ?
01:47Alors on va mettre le matériau composite à l'intérieur d'une autoclave,
01:50on va y injecter du CO2, également des solvants verts si besoin.
01:54On va mettre dans un état supercritique, donc à une certaine température et une pression donnée.
01:59Et au bout d'un moment, les molécules deviennent ce qu'on appelle schizophréniques,
02:02elles ne savent plus si elles sont liquides ou gazeuses.
02:04Elles pénètrent entre les couches des matériaux pour délaminer la résine
02:08et donc séparer chaque matière les unes des autres sans altérer l'intégrité des matériaux.
02:12Ça a demandé combien de temps de recherche et développement pour aboutir à cette solution ?
02:18Et puis question subsidiaire, est-ce qu'elle est à l'échelle aujourd'hui ou vous en êtes ?
02:24Il faut savoir que les fluides supercritiques, c'est utilisé dans beaucoup d'applications,
02:27par exemple pour décaféiner le café.
02:29Aujourd'hui, le brevet a été déposé par le CNRS sur le démantèlement CO2 plus acétone.
02:35Nous, on vient en implémentation pour pouvoir changer les solvants,
02:37pour les rendre, on va dire, moins toxiques.
02:39Et puis également pour pouvoir s'adapter à chaque typologie de matériaux.
02:43Donc aujourd'hui, on développe ça, c'est bientôt terminé.
02:45On travaille beaucoup avec l'industrie, notamment l'industrie aéronautique,
02:48pour la mise en place de nos solutions à partir de mi-2025.
02:52D'accord. Donc là, c'est tout de suite.
02:54Vous n'êtes pas loin de commencer à industrialiser.
02:58Ça peut concerner quels secteurs ?
03:00Ça peut concerner tous les secteurs utilisant des matériaux composites multicouches.
03:04Et notamment, on va dire en volume, c'est surtout dans l'automobile, l'aéronautique et l'aérospatiale.
03:09Donc c'est vraiment les secteurs qu'on vise.
03:11Et aujourd'hui, on fait participer l'industrie à nos études.
03:14Et donc on travaille avec de nombreuses entreprises qui nous fournissent des matériaux.
03:18À quel moment vous vous êtes dit, tiens, on a inventé des skis recyclables, c'est déjà bien,
03:23mais il y a là un marché potentiel beaucoup plus important ?
03:27Au moment où on s'est dit, alors nous, on est une société à mission,
03:30on s'est dit que notre impact pouvait être beaucoup plus gros en trouvant des solutions en fin de vie plutôt,
03:34plutôt que de mettre des contraintes à la production.
03:36Et donc c'est à partir de ce moment-là, après un retour d'expérience, qu'on s'était dit qu'il fallait...
03:40Mais ça suppose quand même une éco-conception.
03:43C'est ça que je veux comprendre.
03:44Pas du tout.
03:45Pas forcément.
03:46C'est-à-dire qu'on peut avoir créé un produit dans lequel les matériaux sont imbriqués les uns avec les autres.
03:51C'est justement ça, le modèle.
03:53C'est ça, tout à fait.
03:54En fait, l'avantage de cette technologie, c'est qu'on peut avoir des matériaux qui ne sont pas du tout éco-conçus
03:58et donc pouvoir récupérer chaque matière, ce qui n'était pas du tout possible avant,
04:01puisque la plupart du temps, ces matériaux-là sont broyés, enfouis ou incinérés.
04:06Et justement, le gain environnemental du passage à l'échelle de cette technologie,
04:12vous l'avez un peu modélisé ?
04:14Oui, tout à fait.
04:15Bien sûr, le gain environnemental, il est énorme.
04:16Après, pouvoir dire un chiffre, ça serait compliqué, puisque ça dépend de chaque industrie.
04:20Bien sûr.
04:21Mais aujourd'hui, pour donner un ordre d'idée, en tout cas, ce marché pèse des milliards de tonnes en termes de déchets.
04:29Et aujourd'hui, le but, c'est vraiment de pouvoir être souverain en termes de ressources,
04:33même en termes de géopolitique, ce qui est un peu compliqué.
04:35Oui, on va récupérer des matériaux qui peuvent être critiques, quoi.
04:37Oui, tout à fait.
04:37Donc, la souveraineté des ressources est hyper importante.
04:40Et c'est aussi sur ce qu'on met l'accent dessus.
04:43Merci beaucoup, Camille Lambert et bon vent à ADN Group.
04:47Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
04:49Je voudrais remercier Marie-Léa, Alexis Mathieu et Juliette Miliérina,
04:54qui s'occupent de la production et de la programmation de l'émission.
04:58Ulysse Touré, le réalisateur, Héloïse Merlin, l'ingénieur du son.
05:01Salut.
05:07Sous-titrage Société Radio-Canada