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  • 07/04/2025
Pour la 2e édition de “l’info et vous” franceinfo s’associe à La Voix du Nord pour créer une opportunité d’échange libre et ouvert avec le grand public sur l’information, le journalisme et ses fonctionnements. Journalistes, reporters, responsables de rédaction viennent à la rencontre des citoyens pour expliquer la fabrication de l’information, les valeurs qui les guident, les questions qu’ils se posent au quotidien.

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Transcription
00:00On va passer à la 2e séquence avec le journalisme politique
00:03et ses coulisses.
00:05C'est sans nul doute le sujet qui, depuis des semaines,
00:08des mois, attire l'attention de beaucoup de Français.
00:11Comment réagir face à un responsable politique
00:15qui ne veut pas répondre à nos questions?
00:19Pour en parler, je suis très heureux d'appeler
00:21Salia Brakia et Julien Lécuyer.
00:23...
00:34Ça commence.
00:36Aïe, aïe, aïe.
00:38Salia Brakia, vous êtes journaliste.
00:41Vous co-animez le 8h30 France Info,
00:44le rendez-vous politique de France Info tous les matins.
00:47Vous êtes co-animatrice de la matinale de France Info
00:50avec Jérôme Chapuis, ainsi que les informés
00:53de la France Info.
00:55Vous êtes journaliste responsable du bureau de Paris
00:58et de la Voix du Nord depuis 2000.
01:00Vous préparez le marathon de Paris la semaine prochaine.
01:03Ça n'a rien à voir, mais c'était juste pour le dire.
01:06C'est la 1re chose qu'il m'a dit quand je l'ai rencontrée.
01:09J'ai une question d'abord à vous poser.
01:12Est-ce qu'en ce moment, on vit vraiment...
01:14J'entends ça depuis une bonne semaine,
01:17avec les derniers événements politiques.
01:19Vous avez l'impression de vivre une semaine historique
01:22et j'ai l'impression d'entendre ça toutes les semaines.
01:25Bonsoir, déjà. Je suis ravie d'être là.
01:28C'est chez moi, donc je suis ravie d'être là, à Lille.
01:31Ce qui s'est passé cette semaine, c'est assez inédit.
01:35Avoir la favorite élection présidentielle
01:38qui est empêchée à cause d'une condamnation.
01:41Oui, c'est historique, ce qui se passe.
01:44Depuis la dissolution l'année dernière,
01:46j'ai l'impression que toutes les semaines sont historiques.
01:50On est fatigués.
01:52On suit les événements comme vous.
01:54Vous avez cette fatigue informationnelle.
01:57Nous, on a la fatigue de la pratique et c'est passionnant.
02:00Ce qui se passe dans le pays, au niveau de la politique,
02:04c'est passionnant, ça nous alerte tous.
02:06C'est à la fois stimulant, intéressant, mais aussi fatigant.
02:12La même chose. Bonjour, déjà, également.
02:15Pour rajouter un petit élément,
02:18c'est vrai que depuis la dissolution,
02:22on a l'impression que tout est possible en politique.
02:27J'ai tendance à dire que la science-fiction
02:30peut devenir la réalité très rapidement, d'un jour sur l'autre.
02:34En tout cas, je ne m'avise plus du tout désormais
02:37d'évacuer une hypothèse, même la plus farfelue qui soit.
02:40Nous qui sommes piqués de politique, c'est notre drogue.
02:44Il y a un côté toujours passionnant à la chose.
02:48Il nous englobe, il nous passionne, on est dedans.
02:52La fatigue qui va avec, c'est de se demander
02:55ce qui va nous arriver demain.
02:57Ça continue, ça reprend.
02:59Lundi, nouveau chaos, nouveaux éclats de voix.
03:04En effet, il y a un petit côté presque...
03:07Quand est-ce qu'on va en sortir ?
03:09On est un peu comme vous, de temps en temps,
03:11à se demander s'ils vont nous laisser tranquilles.
03:14Mais en vrai, je ne pense pas.
03:16Pour commencer cette séquence, un peu de consultation encore.
03:20Il y a des nouveaux résultats que j'aimerais vous montrer.
03:25Les qualités attendues des journalistes selon répondants.
03:28L'honnêteté, 77 %, l'indépendance, 73 %, la neutralité.
03:33La pédagogie, on en parlait tout à l'heure, la clarté, 57 %.
03:40Ce sont des qualités que vous pensez avoir ?
03:43C'est toutes les valeurs qu'on défend chez France Info.
03:45On est raccord avec vous, franchement, et on s'y colle.
03:50Bien sûr, l'honnêteté, on l'a dit,
03:52informations vérifiées, fiables, multivérifiées.
03:56Il n'y a aucune information qui sort chez France Info
03:58sans avoir été vérifiée à de multiples reprises.
04:01Si on fait une erreur, ça peut arriver, on est des humains.
04:05Si on se trompe, on le dit à l'antenne.
04:08On n'a aucun problème avec ça.
04:11L'indépendance, pareil, c'est le service public,
04:15France Info, c'est Radio France,
04:17mais l'indépendance, on en fait un point d'honneur.
04:19Quand vous écoutez France Info, je pense que vous le remarquez.
04:22La neutralité, moi qui mène l'interview politique tous les matins,
04:28j'avoue, c'est un défi,
04:30mais j'essaie tous les matins de m'y tenir
04:34par le choix des mots dans mes questions,
04:36par l'attitude.
04:39France Info, c'est une radio, mais c'est aussi la télévision.
04:42Le 8.30, l'interview politique qui dure une demi-heure
04:45est aussi diffusée à la télévision.
04:47Ça passe partout, par le choix des mots dans les questions,
04:49par le ton, par la posture.
04:52Peu importe la personnalité politique qu'on a en face de nous,
04:57peu importe le parti politique,
05:00le questionnement doit être le plus neutre possible.
05:03Le but de l'opération, c'est qu'on soit des messagers,
05:07qu'on transmette vos questions à ceux qui décident pour nous.
05:12On considère qu'ils ont des comptes à rendre,
05:14parce que ceux qui ont la parole chez France Info,
05:16ceux qui ont le luxe de pouvoir parler pendant 30 minutes
05:21sur notre antenne le matin,
05:23ce sont des gens qui sont légitimes,
05:25ce sont des élus de la République
05:27qui doivent rendre des comptes.
05:29On pose la question franchement.
05:32Je vous le dis, je ne prends pas de gants.
05:34J'y vais franchement.
05:36Mais avec tout le monde.
05:38On va le voir.
05:40En parlant d'honnêteté et de transparence,
05:42vous avez corrélisé avec Mouloud Achour
05:44les documentaires « Service public » et « Service public 2 »,
05:46des documentaires dans les coulisses
05:48de la matinale de France Info
05:50lors de la campagne présidentielle de 2022
05:52puis en juin 2024,
05:54depuis qu'on ne dort plus,
05:56au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale.
05:58Voici la bande-annonce.
06:00C'est vrai que vous avez su, après Pascal Protsenius,
06:02qu'il y avait la dissolution ?
06:06Oui.
06:10Tu vois bien qu'ils sont tous tendus,
06:12qu'ils ont tous la trouille.
06:14Ceux qui apparaissent comme étant finalement les plus sereins,
06:16c'est le Rassemblement National aujourd'hui.
06:18Ah bah, bien évidemment. On va être majoritaire.
06:20Absolument.
06:22Je suis votre député.
06:24Ah ouais, on le verra toi.
06:26Bon, je vous mets dans la boitelette alors ?
06:28J'ai élargi la fenêtre de l'article.
06:30C'est vrai.
06:32Des trucs tellement radicaux.
06:34C'est pas la même chose.
06:36J'ai pas dit des choses radicales.
06:38Vous êtes dégoûté de la politique alors ?
06:40Oui.
06:42De tous, de toutes, de tout le monde ?
06:44Tout le monde.
06:46Vous avez Kylian Mbappé qui est contre vous,
06:48une centaine de sportifs,
06:50des influenceurs,
06:52des youtubeurs comme Squeezie par exemple
06:54qui disent qu'il faut faire barrage au Rassemblement National.
06:56Squeezie, c'est 10 millions d'abonnés
06:58sur les réseaux.
07:00Sur Instagram, tu sais où.
07:02Il est passé par Tibo Inchalip.
07:04Oui, oui, comment ?
07:06Euh...
07:08Dans le brouillard.
07:10Il y en a qui vous font part de leurs doutes
07:12de se dire
07:14est-ce qu'on peut vraiment confier le pouvoir
07:16à un jeune homme de 28 ans
07:18qui n'a que le bac en poche,
07:20qui a jamais travaillé ailleurs qu'en politique ?
07:22Non, non, non. Honnêtement, personne.
07:24Je pense que Macron
07:26va essayer de jouer
07:28en refusant la démission
07:30d'Atta al-Malvi
07:32au rôle du scrutin.
07:34Vous avez une responsabilité historique ?
07:36Ouais, enfin, on fera le bilan des responsabilités.
07:38Avec grand plaisir.
07:44Et justement, en parlant de responsabilités,
07:46les qualités attendues des journalistes
07:48selon nos répondants également.
07:50Donc ça, on l'avait déjà vu,
07:52c'est juste la slide d'après, je crois.
07:54C'est pas ça non plus.
07:56Donc ça, c'est les photos
07:58que nous a fournies Julien. Merci.
08:00Ah oui, on a promis avec le Président.
08:02On n'est pas là pour faire mon album photo.
08:04Mais si, Julien, mais si.
08:06Justement, comment
08:08on interroge un Président de la République ?
08:10On l'interroge comme un élu local ?
08:12On se prépare un petit peu avant ?
08:14Comment ça se prépare
08:16une interview présidentielle ?
08:18Avec,
08:20je peux le dire, beaucoup de stress
08:22parce que cette interview,
08:24je pense que c'était,
08:26je ne sais pas si c'était celle
08:28de novembre
08:302021
08:32ou bien une autre.
08:34Je sens que c'est la plus récente.
08:36Non, non, mais c'est...
08:38Il y en a une autre, en effet. Julien, vous avez interrogé
08:40plusieurs fois Emmanuel Macron, évidemment.
08:42Notamment, celle qui est la plus étonnante,
08:44c'était celle pendant le Covid,
08:46post-Covid, où vous étiez
08:48des journalistes de la presse quotidienne régionale
08:50réunis dans la grande salle de l'Elysée.
08:52Oui, celle-ci, c'était en effet
08:54durant la période de Covid
08:56et c'était pour la présentation du plan
08:58de déconfinement.
09:00Donc ça, c'était particulier.
09:02Si je me souviens d'une interview particulière
09:04du Président, c'est peut-être la seule
09:06que j'ai faite en solo
09:08face à lui.
09:10Et ça, c'était en
09:12novembre 2021.
09:14Et ça, c'est un souvenir
09:16particulièrement marquant, parce que
09:18dans une carrière de journaliste,
09:20et moi, je suis journaliste politique
09:22à Paris depuis 2019 seulement,
09:24donc finalement, j'ai peu de recul.
09:28Forcément, c'est un
09:30épisode,
09:32un moment particulier
09:34où on sait qu'on est sans filet, on est tout seul
09:36face au Président
09:38qui va forcément...
09:40Donc, on doit préparer à la fois des questions,
09:42mais aussi anticiper les réponses
09:44qui vont être apportées pour essayer
09:46d'aller plus loin que les éléments
09:48de langage qui va
09:50évidemment vous opposer.
09:52Et ça, j'imagine que ça va
09:54rejoindre un peu l'exercice
09:56de Salia tous les matins, c'est que
09:58l'exercice de l'interview,
10:00moi, je compare ça, finalement,
10:02à une partie d'échec.
10:04On part avec une idée de son plan
10:06en tête, de son ouverture, de la façon
10:08dont la partie peut progresser,
10:10celui qui est en face de vous,
10:12il peut tout à fait partir dans une autre
10:14stratégie, avoir la sienne,
10:16et dans ces cas-là, il faut qu'on arrive aussi
10:18à avancer
10:20histoire d'atteindre
10:22la vérité
10:24et non la
10:26simple surface, la simple vitrine
10:28que les politiques sont
10:30habitués à nous opposer.
10:32C'est pour rebondir à ce que vous disiez,
10:34mais je pense que c'est une question qu'on se pose
10:36vu de l'extérieur, c'est
10:38quand est-ce que vous estimez que vous avez
10:40réussi l'interview politique ?
10:42Quand on a appris des choses. Quand nous-mêmes,
10:44je vous donne un
10:46exemple, l'interview
10:48sur France Info le matin, elle dure 25
10:50minutes. Le temps de préparation
10:52en fonction de l'interviewée,
10:54c'est entre 2, 3
10:56heures, parfois 4. Quand c'est
10:58le président de la République, parce qu'on l'a eu effectivement
11:00plusieurs fois chez France Info,
11:02ce sont des émissions spéciales, donc oui, ça
11:04prend un peu plus de temps. Je ne suis pas sûre que ce soit
11:06différent d'interviewer le président de la République
11:08et les autres personnalités. Pour moi,
11:10la différence, c'est qu'on l'appelle Monsieur le Président à l'antenne
11:12et puis aussi en off.
11:14Il y a le respect de la fonction.
11:16Les autres, je les appelle par leur prénom et leur nom.
11:20Mais dans le fond, c'est la même interview.
11:22C'est-à-dire qu'on va essayer effectivement
11:24de casser ce qu'on appelle les éléments de langage,
11:26la langue de bois, pour faire avancer
11:28le débat et essayer
11:30d'avoir des réponses les plus sincères possibles.
11:32Je vous avoue, c'est assez compliqué
11:34avec certaines personnalités qui sont des machines
11:36de communication.
11:38Donc oui, celles qui sont là depuis
11:4015-20 ans qui font de la politique,
11:42elles sont rodées à l'exercice et donc
11:44oui, il faut... Et là encore,
11:46c'est l'avantage qu'on a chez France Info, c'est que l'interview
11:48est un peu plus longue que chez les concurrents
11:50et donc quand un politique ne répond pas,
11:52je peux relancer dix fois. Je peux poser
11:54dix fois la même question, à la fin, il craque.
11:56Ou l'auditeur se rend bien compte
11:58que la personne ne veut pas répondre.
12:00Et donc, dans la préparation de l'interview,
12:02on prend du temps en amont. Le but de l'opération,
12:04c'est que moi,
12:06je sois aussi calée que l'invité
12:08sur les sujets que je vais aborder.
12:10Il ne faut pas se faire entourlouper.
12:12Parce que vous avez toujours des politiques
12:14qui vont soit
12:16sortir des chiffres qui n'existent pas
12:18pour appuyer leurs arguments,
12:20et donc moi, j'ai les vrais chiffres, j'ai des antisèches,
12:22pour sortir les vrais chiffres
12:24et fact-checker en direct.
12:26C'est important. Le but, c'est que
12:28vous n'ayez pas de fausses informations.
12:30Je redoute les fake news à l'antenne en direct.
12:32Et donc, j'essaie de fact-checker
12:34tout le temps, en permanence.
12:36La difficulté, c'est quand vous avez
12:38un interlocuteur
12:40qui ment tout le temps,
12:42et si je le reprends
12:44trop souvent,
12:46il y en a plusieurs,
12:48c'est-à-dire que, vous savez,
12:50quel est le risque, et ça, c'est vraiment
12:52un peu frustrant pour nous,
12:54c'est que si on reprend tout le temps
12:56un interlocuteur
12:58qui tord la réalité,
13:00qui donne des chiffres qui sont faux,
13:02ou qui les interprète mal,
13:04on se transforme en militant.
13:06De l'autre côté
13:08de la radio, en fait, l'auditeur peut se dire
13:10mais elle le reprend tout le temps,
13:12elle est en train de débattre avec lui,
13:14alors que non, j'essaie de corriger les faits,
13:16rien que les faits,
13:18qu'il donne parce qu'ils sont faux.
13:20Donc là, oui, c'est un peu compliqué,
13:22parfois, avec certains interviewés.
13:24Moi, c'est ce que j'admire
13:26les journalistes de presse,
13:28télé et radio,
13:30comme toi, Salia, c'est qu'en fait,
13:32on n'a pas le droit à l'erreur,
13:34ou en tout cas, on est vite rattrapé
13:36par les réseaux sociaux,
13:38si on ne répond pas,
13:40si on ne rétorque pas
13:42à un politique
13:44qu'il a eu tort, ou bien que ce qu'il dit
13:46est faux, on se fait vite harponner,
13:48alors ça nous donne
13:50de toute façon la responsabilité d'être
13:52très affûté sur tous les sujets,
13:54pour entendre qu'en effet, c'est très compliqué.
13:56Encore une fois, on a affaire
13:58à des machines
14:00de guerre qui sont
14:02capables de délivrer des informations
14:04très rapidement, et de placer un chiffre
14:06comme ça, qu'on n'a pas eu le temps de vérifier,
14:08donc il faut avoir un peu l'humilité de se rendre
14:10compte que quelquefois, des choses nous échappent.
14:12Alors moi, j'ai moins
14:14cette difficulté, parce qu'en presse
14:16écrite, le temps n'est pas le même.
14:18Si
14:20on délivre une information
14:22fausse,
14:24j'ai le temps de vérifier
14:26et voire même
14:28de reposer la question en disant
14:30ce chiffre,
14:32est-ce que vous le confirmez, lors d'un échange
14:34qui peut être post-interview.
14:36Et puis le temps n'est pas le même.
14:40Moi, quand je fais une interview politique,
14:42ça prend très souvent
14:44trois quarts d'heure, une heure. On a le temps
14:46de rentrer dans les sujets,
14:48ça va être de reposer
14:50la question. La difficulté
14:52dans les médias audiovisuels, c'est que
14:54souvent, les interviews politiques font
14:5620-25 minutes, on passe d'un sujet à un autre, c'est très
14:58rythmé. Il ne faut jamais laisser en plus
15:00le temps à la
15:02personnalité politique de s'asseoir
15:04dans son fauteuil et de dérouler son
15:06discours, donc il faut rythmer ça.
15:08Quelquefois, ça peut apparaître, mais là, je parle quasiment à ta place,
15:10mais le peu d'expérience que j'en ai
15:12de l'interview à la télé, c'est que
15:14c'est vrai qu'il y en a certains,
15:16si on les laisse, en fait, ils peuvent déblatérer
15:18pendant 20 minutes.
15:20Oui, ça m'est arrivé plein de fois de dire
15:22attendez, c'est pas effectivement
15:24un discours, c'est une interview.
15:26On est là pour poser des questions. Et en plus, nous,
15:28on est deux en plateau, donc il y a un équilibre
15:30à avoir. Il ne faut pas, comme on est en
15:32supériorité numérique, qu'on ait l'impression de
15:34sauter sur l'invité.
15:36C'est toute une
15:38chorégraphie
15:40tous les matins,
15:42en direct, en étant filmé.
15:44L'expérience
15:46permet de s'en sortir.
15:48Mais ce que je trouve bien
15:50par ailleurs, c'est que vous êtes hyper exigeants.
15:52Moi, je sors
15:54de l'interview,
15:56par les réseaux sociaux,
15:58j'ai la totale.
16:00Et on se dit qu'on a réussi
16:02une interview si effectivement
16:04les gens ont appris des choses,
16:06en un. Et en deux,
16:08on peut le voir aussi sur la semaine,
16:10en fonction des... On équilibre
16:12nos semaines sur les invités.
16:14On a de la gauche, de la droite,
16:16du centre, de l'extrême-droite, de l'extrême-gauche.
16:18Si je suis
16:20critiquée de toute part, toute la semaine, c'est que normalement
16:22je suis un peu neutre.
16:24Je le traduis comme ça,
16:26en tout cas. J'ai le même baromètre
16:28avec les courriers que les lecteurs
16:30m'envoient quelques fois. Si je suis
16:32critiqué à gauche et à droite, c'est qu'à priori,
16:34qu'on me reproche en tout cas d'avoir fait un papier
16:36trop à droite ou un papier trop à gauche, je me dis
16:38bon, allez l'un dans l'autre, ça va.
16:40Il y avait une question
16:42par là-bas.
16:44Bonsoir.
16:46Je voulais savoir, vous avez dit qu'il y avait des invités
16:48qui étaient connus pour mentir souvent.
16:50Évidemment, vous voulez cette réponse.
16:52Non, non, non, c'est pas à qui.
16:54Je voulais savoir si c'était légitime de continuer
16:56à les inviter, justement.
16:58Moi, il m'arrive
17:00en coulisses de les avertir,
17:02de dire en fait
17:04je vous ai corrigé plusieurs fois,
17:06c'est pas
17:08l'idée d'une interview sur France Info.
17:10La prochaine fois, un,
17:12vous bossez, et deux, vous ne sortez
17:14pas de fausses informations. Généralement,
17:16quand je le dis de manière assez sèche,
17:18donc ils reviennent et ils ont bossé
17:20et ils donnent pas de fausses informations.
17:22Voilà.
17:24L'avantage, non mais l'avantage, c'est
17:26que je fais ça depuis longtemps,
17:28donc je les connais,
17:30et donc je peux leur dire franchement.
17:32Non, mais en coulisses, ça rigole pas.
17:34Non, c'est très cordial, ils viennent à la maison,
17:36c'est le matin, à 8h,
17:38on les accueille avec plaisir,
17:40on invite pas des gens en les recevant mal,
17:42on reçoit tout le monde de la même manière,
17:44de manière cordiale, je suis très sympathique.
17:46Aussi, ils viennent de se réveiller,
17:48donc voilà, faut bien les accueillir,
17:50mais on est là pour bosser. Si moi j'ai bossé de mon côté,
17:52faut qu'ils aient bossé aussi de leur côté,
17:54pour vous donner un maximum d'infos.
17:58Moi, je suis pas aussi dur, mais...
18:00C'est de l'exigence,
18:02c'est pas être dur.
18:04Je charrie.
18:06Après, il y a un souci,
18:08c'est que ces personnes sont...
18:10Tous ces gens sont élus de la République.
18:16Est-ce que dès lors qu'ils sont élus de la République,
18:18on peut aussi facilement choisir ses interlocuteurs ?
18:20Déjà, qui je suis pour choisir mes interlocuteurs ?
18:26J'ai pas d'exemple récent
18:28d'élu
18:30qui soit complètement
18:32à côté de la plaque.
18:34Mais certains qui cherchent
18:36que ce soit évident,
18:38que ce soit
18:40assez malhonnête
18:42dans leur expression,
18:44oui, ça arrive.
18:46Quand vous avez affaire
18:48à quelqu'un qui est comme ça,
18:50mais qui est avec des grandes responsabilités
18:52politiques,
18:54j'ai aussi quelques noms en tête,
18:56difficile de les évacuer et de se dire
18:58on les interroge plus.
19:00On nous le reprocherait presque.
19:02C'est important, par contre,
19:04de bien montrer qu'on n'est pas dupes
19:06de ce qu'ils nous disent
19:08et de décrypter.
19:10Quand on parlait de transparence,
19:12pas de transparence,
19:14mais de notre métier,
19:16c'est de révéler le nu de la vie,
19:18dirait Jean Elphette.
19:20C'est de passer derrière le vernis
19:22et de le faire craqueler,
19:24de montrer aux auditeurs,
19:26aux lecteurs,
19:28que ces gens disent
19:30parfois des mensonges
19:32et qu'il faut les soulever.
19:34Je vais vous rassurer tout de suite,
19:36ce n'est pas le cas de toute la classe politique.
19:38On parle d'une minorité,
19:40heureusement qu'il y a des gens
19:42qui font ce métier, la politique,
19:44parce qu'ils ont envie d'aider les Français
19:46d'amener leurs pierres à l'édifice.
19:48Sinon, je ne ferais plus ce métier.
19:50Je serais totalement dégoûtée.
19:52On va vérifier ça,
19:54puisqu'on va faire un petit jeu.
19:56Il va y avoir
19:58un code QR à scanner.
20:00Je vais vous poser 5 questions,
20:02très faciles,
20:04quand on connaît les réponses,
20:06comme moi.
20:12C'est facile, c'est un vrai ou faux.
20:14Selon vous,
20:16évidemment,
20:18un journaliste politique
20:20doit toujours donner
20:22ses questions
20:24à l'avance
20:26d'un responsable politique.
20:28Qui pense que c'est vrai ?
20:30Votre réponse est la plus intéressante.
20:34Vrai ou faux ?
20:36On n'a pas eu le temps de scanner.
20:38Vrai ou faux ?
20:40Faux.
20:42Merci, vous me rassurez.
20:44Vraiment, vous me rassurez.
20:46Heureusement.
20:48On ne donne pas les questions.
20:50Sinon, ça s'appelle de la comédie,
20:52on fait une pièce de théâtre tous les matins.
20:54Une pièce de Munich de 1971,
20:56vous le savez.
20:58Deuxième question, en France.
21:00Même pour le président de la République,
21:02on ne donne pas les questions
21:04à personne.
21:06On peut donner des thèmes.
21:08C'est déjà arrivé
21:10pour une grande conférence de presse
21:12d'Emmanuel Macron,
21:14où des thèmes
21:16avaient été apportés,
21:18je le dis en toute transparence,
21:20parce qu'il n'y a rien à cacher,
21:22200 journalistes,
21:24200 potentielles questions,
21:26on n'a pas la possibilité
21:28de faire intervenir tout le monde.
21:30Il fallait passer par
21:32une sorte de premier tri
21:34pour dire le thème général
21:36de la question.
21:38D'une, c'était un thème général,
21:40à partir de là, ça ne dit pas grand-chose
21:42du contenu réel de la question.
21:44Deuxièmement, personne ne vérifiait,
21:46vous pouviez donner un thème,
21:48si d'aventure vous aviez envie de dire autre chose,
21:50ça n'empêchait rien.
21:52Mais disons que c'était un peu pour...
21:54J'ai cet exemple en thème, parce qu'il avait en plus
21:56nourri quelques difficultés
21:58auprès d'autres collègues
22:00qui n'avaient pas pu poser leurs questions.
22:02Dans le cas de la conférence de presse du Président,
22:04en fait, des questions sont prises
22:06parce que
22:08il ne mélange pas
22:10les questions internationales et les questions nationales.
22:12Et comme
22:14la conférence de presse
22:16est retransmise en direct,
22:18c'est pour que vous, vous puissiez y voir plus clair.
22:20Pour les interviews politiques du matin,
22:22on donne les thèmes aussi,
22:24de manière très large. Pourquoi ? Parce que
22:26je vous l'ai dit, moi, je travaille 3-4 heures sur les interviews.
22:28J'attends que la personne en face,
22:30elle me donne des éléments concrets.
22:32Si j'ai un ministre le matin
22:34et que je dois l'interviewer
22:36sur un sujet technique,
22:38j'ai besoin qu'il ait des informations
22:40précises. Sinon, ça ne sert à rien.
22:42S'il me donne des trucs
22:44un peu flous,
22:46on n'avance pas.
22:48Donc, oui, ils ont les thèmes
22:50et pas du tout les questions.
22:52Après, il y a un échange
22:54souvent en amont
22:56et je rejoins Salia.
22:58Les questions ne précisent
23:00jamais de l'avis.
23:02En revanche,
23:04quand on est, par exemple,
23:06je prends l'exemple d'une visite ministérielle,
23:08on va se poser la question de savoir
23:10le ministre en question,
23:12il est très avide d'avoir une interview
23:14avec la Voix du Nord, visibilité.
23:16La question qu'on va lui poser,
23:18c'est de lui demander de faire une interview.
23:20Pour dire quoi ?
23:22Est-ce que vous avez vraiment
23:24quelque chose à dire ?
23:26Dans ces cas-là, émerge dans la discussion
23:28la possibilité de dire
23:30que j'ai cette annonce à faire.
23:32Nous, par contre,
23:34on a d'autres questions à vous poser.
23:36C'est un subtil jeu
23:38entre son intérêt
23:40à parler dans la Voix du Nord
23:42et l'intérêt qu'on y trouve
23:44à lui donner de la place
23:46dans notre journal.
23:48Il est hors de question
23:50de donner de la place simplement pour donner de la place.
23:52Il faut que ça ait un intérêt pour nos lecteurs
23:54puisqu'on n'est pas là simplement pour
23:56vendre la soupe des politiques.
23:58Ça la fait rire.
24:00Ça fait rire Salia.
24:02En France, un journaliste politique
24:04doit obligatoirement déclarer ses votes aux élections
24:06pour prouver son impartialité.
24:08Je vais vérifier.
24:10Vrai ou faux ?
24:14Qui a dit ça ?
24:16J'attends les résultats.
24:18Sachez que le premier résultat,
24:20il y avait quand même 92% de faux,
24:22donc il y avait 8% de vrais.
24:24Qui sont les 0,5% ?
24:28On va passer à la troisième question.
24:30Les interviews politiques à la télévision
24:32et à la radio sont minutieusement chronométrées
24:34pour garantir un temps de parole équitable.
24:36Ça, c'est vrai.
24:38C'est un casse-tête.
24:40Je ne sais pas si vous vous rendez compte,
24:42mais au-delà du fait qu'effectivement
24:44c'est de la radio, c'est de la télévision,
24:46donc c'est chronométré parce qu'il y a des programmes.
24:48L'ARCOM,
24:50qui est le nouveau CSA,
24:52veille à la pluralité.
24:54L'ARCOM ?
24:56C'est le nouveau nom du CSA.
24:58Oui, c'est ce que j'ai dit, non ?
25:00J'ai dit l'inverse ?
25:02Je m'en vais moi.
25:04Je retourne avec le public.
25:06Veille à la pluralité.
25:08Nous, on le fait aussi, d'autant plus qu'on est
25:10le service public, donc on a ce devoir-là
25:12de représenter tous les partis politiques
25:14en France.
25:16Le temps de parole
25:18qui est accordé à chacun,
25:20c'est une obligation.
25:22Et on s'y plie, et on est content de le faire.
25:24Donc effectivement,
25:26ceux qui crient et qui disent
25:28qu'on n'est pas assez visibles,
25:30non, tout ça est réglementé.
25:32Donc c'est faux, vous le savez.
25:36Je vais vous tendre le micro, ça sera plus rapide.
25:40Est-ce que ça vous est arrivé de stopper une interview
25:42de quelqu'un qui vous manque de respect,
25:44par exemple, qui vous parle mal ?
25:46Qui manque de respect ? En direct ?
25:48Oui, en direct.
25:50Non, ce n'est pas arrivé.
25:52Il y en a qui sont un peu violents.
25:54Moi, par contre, ça m'est arrivé.
25:56Mais l'avantage, c'est que ce n'est pas en direct.
25:58Ils se permettent des choses
26:00en presse écrite
26:02qui ne se permettraient pas à la télé.
26:04C'est un coup de pression en amont.
26:06Vous avez des politiques comme ça
26:08qui arrivent,
26:10qui sont plus imposants
26:12et qui viennent vous mettre un coup de pression.
26:14Le but, c'est de
26:16prendre le dessus pour que vous ne les embêtiez pas trop
26:18pendant l'interview.
26:20Ça arrive,
26:22mais ça ne marche pas.
26:24On va juste enchaîner avec l'œuvre faux.
26:26Après, promis, je vous tends tous les micros possibles et imaginables.
26:28Un journaliste politique peut se faire exclure
26:30d'un événement officiel
26:32sans poser une question jugée trop dérangeante.
26:34Ça m'est arrivé plein de fois
26:36quand je faisais du... Non ?
26:38Vous avez dit non ?
26:40Aux Etats-Unis, en effet, disait madame.
26:42Pardon, mais ça arrive plein de fois.
26:44Avant d'être journaliste
26:46en plateau, avant d'être intervieweuse,
26:48j'étais reporter
26:50et j'ai suivi plusieurs
26:52partis politiques et plusieurs fois,
26:54je me suis fait sortir
26:56de manifestations politiques
26:58parce que la question ne plaisait pas
27:00ou...
27:02Quand je pose la question et que je n'ai pas la réponse,
27:04je la repose plusieurs fois et ça peut agacer.
27:06Du coup, oui, je pouvais me faire sortir.
27:08Ce n'est pas normal.
27:10On ne l'accepte pas,
27:12donc on continue à faire notre boulot.
27:14On la repose une autre fois, la question.
27:16Moi, c'est lors de manifestations,
27:18c'est moins le cas parce que
27:20j'en suis moins maintenant,
27:22mais il m'est arrivé lors de manifestations
27:24d'avoir un vrai coup de pression
27:26physique pour me faire sortir
27:28parce qu'on ne voulait pas
27:30que je voie certaines choses,
27:34parce qu'on ne voulait pas de photos.
27:36Ça a pu être parfois extrêmement
27:38tendu et ça, dans des manifestations
27:40politiques, c'est censé défendre
27:42aussi la liberté d'expression.
27:44Dernière question. Moi, je veux bien aussi la réponse.
27:46Je suis curieux de savoir ce que va répondre
27:48le public. Lorsqu'un ministre démissionne,
27:50les journalistes politiques sont informés aux priorités
27:52avant le président de la République.
27:54C'est déjà arrivé.
27:56Ainsi, à Radio France, Nicolas Hulot
27:58a démissionné en direct.
28:00Donc, Léa et Nicolas
28:02étaient choqués.
28:04Oui, c'est arrivé
28:06une fois, mais normalement,
28:08non, la tradition républicaine
28:10veut que le président de la République
28:12soit d'abord au courant, mais c'est arrivé
28:14une fois, donc on ne peut pas dire que ça n'est pas arrivé.
28:16Non, je n'ai pas d'exemple.
28:18Qui a des questions, alors ?
28:20Tout à l'heure, il y avait des mains.
28:22C'est par là-bas.
28:24Bonsoir.
28:26Je ne suis pas étudiante de journalisme,
28:28mais je suis passionnée de politique.
28:30Merci d'être présent et de partager ce moment avec nous.
28:32Je voulais savoir, on est un peu proche
28:34de la Belgique, qui exerce un cordon
28:36sanitaire avec l'extrême droite.
28:38Je voulais savoir un peu votre position professionnelle
28:40vis-à-vis de ça, qui n'est peut-être pas forcément
28:42la même que personnelle, et ça, ça ne regarde pas.
28:44Aussi,
28:46votre avis sur l'invasion
28:48de Bolloré sur les chaînes
28:50et les quotidiens
28:52et la presse écrite
28:54qui est de plus en plus contaminée
28:56et qui m'inquiète
28:58personnellement plus au point.
29:00Dernière chose, c'est une petite
29:02info personnelle.
29:04Je suis vraiment très intensivement
29:06en actualité et je suis aussi sur
29:08Twitch des journalistes qui décryptent
29:10parce que vous, vous invitez
29:12des invités qui répondent à des questions
29:14ponctuelles et j'aime bien, quand j'ai du temps,
29:16pouvoir regarder des journalistes
29:18qui creusent encore vos domaines
29:20de questionnement, encore plus
29:22en ayant des sources
29:24et des contradictions et des
29:26faits historiques.
29:28Voilà.
29:30Et de la rhétorique, de discours, etc.
29:32Voilà. Et encore merci.
29:34Merci à vous d'être là et merci
29:36pour vos questions. Sur la question
29:38du rassemblement national,
29:40ils ont
29:4289 élus,
29:4489 députés
29:46à l'Assemblée nationale, des maires
29:48aussi, pas très loin,
29:50vous avez Steve Bréouat et
29:52Nain Beaumont, sont des élus de la République.
29:54Donc, comme je vous le disais,
29:56c'est notre rôle, nous,
29:58de les recevoir pour leur poser
30:00des questions. Marine Le Pen
30:02est arrivée par 3 fois, par 2 fois
30:04finaliste
30:06à l'élection.
30:08Elle est triple candidate, mais elle
30:10est parvenue par 2 fois en finale de l'élection
30:12présidentielle, bien sûr qu'on doit
30:14leur poser des questions.
30:16Et je trouve que c'est important
30:18parce que ça vous donne l'information
30:20du programme,
30:22du projet du Rassemblement national,
30:24de leur réaction face à tel ou tel
30:26événement. Vous l'avez vu,
30:28cette semaine est le bon exemple.
30:30Les éléments
30:32de langage, la réaction de Marine Le Pen
30:34et du Rassemblement national face à la condamnation,
30:36on ne peut pas se dire
30:38non, en fait, on va mettre un cordon sanitaire
30:40et vous allez vous débrouiller
30:42pour vous informer.
30:44Je préfère, personnellement,
30:46que vous ayez accès à l'information
30:48et qu'on puisse les questionner. Ce sont des élus
30:50de la République, pareil, ils doivent rendre des comptes.
30:52Nous, on est vos messagers
30:54et on doit poser les questions que vous vous posez.
30:56L'exemple belge
30:58est souvent soulevé
31:00et on
31:02rappelle souvent aussi que
31:04la réflexion qui a eu lieu en Belgique,
31:06elle s'est faite très très tôt
31:08dans les années 80, à peine
31:10le mouvement d'extrême droite naissait.
31:12Et donc,
31:14le cordon sanitaire s'est mis
31:16dès ce moment-là et en fait
31:18a perduré. En France,
31:20je ne vois plus, comme ça l'y a, la possibilité
31:22de faire cette même
31:24réflexion, dès lors que
31:26ce parti a 89
31:28députés,
31:30qu'il a fait 37%
31:32aux dernières législatives,
31:34qu'il a la moitié des députés
31:36du Nord-Pas-de-Calais.
31:38Je ne vois pas, et puis,
31:40c'est clair. Imaginons que nous,
31:42voix du Nord, on ne parle
31:44plus avec le maire
31:46dès d'un moment parce qu'il est
31:48du rassemblement national,
31:50ça n'aurait plus de sens.
31:52Il y avait peut-être une réflexion à avoir au moment
31:54de la montée de Jean-Marie Le Pen dans les années 80
31:56et certainement que...
31:58Et encore, pardon, mais je pense que
32:00si on remonte le temps,
32:02effectivement, Jean-Marie Le Pen n'était pas
32:04accueillie sur les plateaux télé les bras ouverts à l'époque
32:06et ça ne l'a pas empêché
32:08de progresser. Donc, quel serait le but ?
32:10Il y a eu des émissions, quand même, charnières
32:12durant les années 80
32:14qui l'ont fait passer un cap.
32:16Mais en fait, quel serait
32:18le but de ce cordon sanitaire ? Je ne comprends pas
32:20à part, justement,
32:22et on va le dire encore aussi,
32:24on va rappeler les faits, c'est important, 11 millions de Français
32:26ont voté pour Marine Le Pen à la dernière présidentielle.
32:2813 millions à la dernière présidentielle,
32:3011 millions pour Jordan Bardella lors des Européennes.
32:32Voilà.
32:34Donc, non, c'est comme si
32:36on mettait de côté une partie de la France.
32:38Il faut pouvoir questionner
32:40tout le monde et de la même manière
32:42que les autres parties.
32:44Sur l'Empire Bolloré,
32:46c'est à vous de choisir,
32:48j'ai envie de dire.
32:50Vous connaissez notre ligne,
32:52on l'a développée,
32:54les chefs l'ont développée tout à l'heure.
32:56Vous voyez ce que proposent
32:58les médias
33:00de Vincent Bolloré,
33:02à vous de choisir. C'est vous qui décidez
33:04à la fin. C'est vous qui consommez
33:06l'information. Vous voyez les différences
33:08de traitement et vous êtes libres
33:10dans votre choix
33:12de vous informer.
33:14Je suis partisan aussi du libre-arbitre, pas pour
33:16la censure des médias.
33:18Qu'il soit sanctionné
33:20quand il dérape,
33:22ça me semble tout à fait logique.
33:24Que l'ARCOM ait son mot à dire
33:26à propos de C8 ou à propos de n'importe
33:28quelle chaîne ou média, ça me semble tout à fait
33:30logique. Après, la pluralité,
33:32je pense qu'elle protège,
33:34de manière générale. Avoir plusieurs voix,
33:36ça protège.
33:38On est responsable de ce qu'on mange.
33:40Très concrètement,
33:42si on a envie
33:44de manger...
33:46Je ne vais citer aucun média en particulier,
33:48mais si on a envie de manger n'importe quoi,
33:50on mange n'importe quoi,
33:52on est responsable.
33:54En revanche, on a le droit aussi de se dire
33:56manger cinq fruits et légumes
33:58par jour avec France Info
34:00et la voix du Nant, c'est peut-être pas mal.
34:02Il y a une autre question par ici.
34:04Bonsoir, merci d'être venu.
34:06Je voulais juste savoir comment est-ce qu'on fait
34:08pour rester calme quand on a un invité
34:10devant nous et qu'on juge
34:12qu'il ment tout simplement ou qu'il...
34:14Vous en aviez parlé un peu tout à l'heure,
34:16qu'il raconte... C'est soit erroné, soit
34:18faussé, soit complètement faux.
34:20Et comment on fait pour rester calme et pas
34:22laisser transparer son avis
34:24ou ses opinions ou le fait
34:26qu'on pense ouvertement
34:28que la personne ment, sans du coup
34:30devenir militant contre
34:32la personne de droite, de gauche
34:34en face de nous ?
34:35Moi c'est facile, en presse écrite,
34:37je peux montrer mon énervement,
34:39je peux lever les yeux au ciel,
34:41voilà. Quand vraiment,
34:43je sens que c'est vraiment des éléments de langage
34:45qu'on cherche à m'embobiner,
34:47je le montre
34:49et l'avantage c'est que
34:51l'autre en face d'ailleurs va vite voir que
34:53je suis pas dupe et donc on essaie d'avancer comme ça.
34:55Et donc, on peut avoir
34:57un échange d'ailleurs, à un moment donné,
34:59de dire, écoutez, soit
35:01on arrête là l'interview, parce que si c'est pour
35:03me dire des âneries,
35:05je ne dis pas des âneries pareilles, mais si c'est
35:07pour essayer sans arrêt de me balancer
35:09des choses comme ça convenues, ça ne sert à rien.
35:11Ça ne sert à rien qu'on se parle.
35:13Mais c'est plus complexe à la télé
35:15ou à la radio, forcément.
35:16Ça peut être un peu compliqué parfois.
35:18Après,
35:20on gère.
35:22J'ai envie de dire, on gère.
35:24Je sais que je suis filmée,
35:26que les gens m'écoutent en direct
35:28et que, encore une fois,
35:30si je m'agace
35:32ou si la personne en face
35:34s'énerve,
35:36on a perdu tous les deux.
35:38Franchement, on a perdu tous les deux.
35:40Moi, j'ai pas bien fait mon boulot et lui, il est venu pour rien.
35:42Donc en fait, on n'y gagne pas
35:44et donc on évite
35:46de tomber dans ça.
35:48Franchement, j'ai pas de souvenirs
35:50d'un agacement
35:52fort au point de me dire,
35:54c'est pas possible.
35:56J'ai pas eu ça.
35:58Je vous le dis, on fait vraiment un tri
36:00dans les invités qu'on reçoit.
36:02On reçoit des gens qui sont
36:04responsables, légitimes,
36:06qui peuvent
36:08parler pendant 25 minutes
36:10sur des sujets de fond.
36:12C'est pas n'importe qui.
36:14C'est un luxe de parler chez France Info.
36:16Non, on fait un tri quand même.
36:18Une autre question par ici.
36:20Moi, ce n'est pas une question.
36:22Je m'appelle Valérie Druit.
36:24Je travaille à l'RTBF, la radio-télévision
36:26belge de service public côté francophone.
36:28Une petite précision sur le cordon sanitaire.
36:30On ne va pas refaire le débat parce que
36:32sinon, on va passer la soirée là-dessus.
36:34Le cordon sanitaire, ça ne revient pas
36:36à ne pas donner la parole à l'extrême droite.
36:38Ça revient à ne pas l'inviter en direct
36:40sur nos plateaux, en radio, en télé.
36:42Et dans la presse écrite,
36:44et bien entendu, il y a des interviews
36:46des élus d'extrême droite,
36:48mais c'est une décision qui a été prise
36:50au début des années 90
36:52en Belgique.
36:54En effet, vous le disiez au moment
36:56où les premiers élus d'extrême droite
36:58ont fait leur apparition dans l'Assemblée.
37:00C'est une décision
37:02qui a été soutenue par l'ensemble
37:04des partis démocratiques à l'époque.
37:06C'est vraiment une décision
37:08des partis démocratiques, des élus
37:10et appliquée par les médias
37:12dans la partie francophone.
37:14Mais là, aujourd'hui, vous n'avez pas envie de la remettre en cause ?
37:16Non.
37:18Mais on peut en parler à un autre moment.
37:20On va en parler juste après.
37:22Il n'y a pas une différence entre la partie flamande
37:24et la partie wallonne ?
37:26On est un pays compliqué.
37:28La partie néerlandophone, en effet,
37:30n'applique pas le cordon sanitaire.
37:32On n'est pas régi par les mêmes
37:34mécanismes du tout.
37:36Mais c'est vrai que, du coup,
37:38les élus de l'extrême droite
37:40du côté néerlandophone sont
37:42beaucoup plus nombreux que du côté francophone.
37:44Il n'y a pas d'extrême droite du côté francophone.
37:46Est-ce que c'est parce qu'il y avait
37:48un cordon sanitaire ? Personne ne peut le dire.
37:50Mais c'est une réalité.
37:52Merci.
37:54Avec cette intervention de la Belgique,
37:56on va ouvrir une nouvelle séquence
37:58avec le journalisme international.
38:00Merci beaucoup.

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