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  • il y a 4 jours
Pour la première fois de sa carrière, l'actrice franco-iranienne raconte à travers un rôle son pays dont elle fut bannie il y a près de 20 ans. Golshifteh Farahani nous bouleverse en professeure de lettres résistante face à la censure des mollahs dans "Lire Lolita à Téhéran" d'Eran Riklis, en salle depuis ce mercredi 26 mars 2025. Rencontre.
Transcription
00:00J'étais rarement seulement avec les filles en Iran, c'était toujours les filles et les garçons et on faisait la fête, on ne parlait pas beaucoup, c'était juste jouer, danser, chanter, fêter la vie, même si on ne savait pas si on est arrêté une heure après ou pas.
00:16Sur ce tournage, je crois, je pensais beaucoup à ma mère. C'est ce que je vis pendant le tournage tant qu'adulte. Elle était en train de vivre quand j'étais née à ce moment-là.
00:24J'ai pensé beaucoup à elle et ses rêves. Comme le personnage d'Oza, quand il y avait de la révolution, elle aussi avec mon père, ils sont retournés en Iran de Strasbourg en pensant que l'Iran est libre et ils vont construire leur pays.
00:39Mais tout a un peu mal tourné, comme on a vu.
00:43Ce film était très spécial pour moi, pas seulement pour le sujet, mais parce que c'était le premier film dans mon exil que je parle ma langue natale.
00:50Depuis toutes ces années-là, j'ai toujours refusé de faire les films en Farsi et les sujets qui sont liés à l'Iran.
00:58C'était ma choix, parce que je ne voulais pas être encasée dans les rôles qui sont tous liés à l'Iran.
01:04Depuis que j'ai quitté l'Iran, et là, finalement, Eran m'a piégée.
01:10Je me suis dit qu'il ne va jamais pouvoir monter le film.
01:12J'ai dit d'accord, on va le faire. Je savais qu'il ne va jamais pouvoir monter le film.
01:16Et il a monté le film. À ce moment-là, j'étais très inquiète et je me suis dit, peut-être que j'ai oublié de jouer en Farsi.
01:23Et là, oui, c'était quand même une retrouvaille avec ma langue, une réconciliation devant la caméra avec ma langue.
01:32Et à quel point c'est délicieux de tourner en Farsi. C'était incroyable, incroyable.
01:37Et de toute façon, de vivre les moments qu'on a vécu.
01:40En vrai, quitter l'Iran.
01:42Le travail d'acteur, c'est qu'on cherche à comprendre les émotions des caractères.
01:47Mais là, ce n'était pas seulement les émotions.
01:49C'était les moments précis de nos vies qu'on a tous vécues.
01:53On n'était pas obligé de creuser à l'intérieur et aller un peu profond.
01:56Non, c'était juste là.
01:58C'était facile à retrouver les émotions parallèles dans notre vie.
02:03Moi, je crois que le travail d'acteur, ça peut être une thérapie.
02:07Parce qu'on peut se guérir quand on sent les choses, qu'on évite de sentir.
02:14Et des fois, quand on joue, on est obligé de sentir les choses.
02:17Elles sont liées à notre main.
02:19Et on les vit, revit, revit.
02:22Et si on arrive à le faire inconsciemment, on peut se guérir à travers le jouet.
02:29Ce film-là, c'était comme une thérapie.
02:32C'était comme une réconciliation.
02:34Parce qu'aussi, pardonne.
02:38Pardonner nos parents, en fait.
02:40Pardonner nos parents pour leur naïveté.
02:44Et ceux qui l'ont cru par rapport à ce régime.
02:48Et ils ont tous pensé que ça allait.
02:50Rentrer en Iran et vouloir reconstruire notre pays.
02:54Et tout a tourné très mal.
02:55Alors, c'était un grand pardon.
02:58Un livre pour sauver une langue.
03:00Un livre pour sauver la culture.
03:02Un livre pour sauver un pays, l'humanité.
03:06À quel point la littérature et les livres sont importants, sont essentiels dans la vie des êtres humains.
03:12Ou les régimes totalitaires, ils veulent brûler les livres.
03:16Un livre.
03:16Notre langue existe grâce à un livre.
03:19Le livre des rois de Ferdossi.
03:22Un livre qui a sauvé notre langue.
03:25300 ans, la langue farsi était interdite en Iran.
03:29C'est le pouvoir de la littérature.
03:31C'est le pouvoir de la culture qui est vraiment l'âme de l'humanité.
03:35Et l'art.
03:35L'art, c'est le seul endroit où les êtres humains, ils n'ont pas fait mal à l'humanité.
03:40Les humains, ils n'ont fait que mal avec tout ce qu'ils ont réussi à avoir.
03:44Science.
03:45Avec tout, tout, tout, tout.
03:46Ils ont fait mal.
03:46Le seul endroit où ils n'ont pas fait assez mal, c'était à travers de l'art.
03:51Et c'est donc une chose où on peut prendre refuge un peu tranquillement.
03:55C'est dur à choisir un poète quand on est lié à l'Iran.
04:00Pour moi, Joumi, c'est comme le sang qui coule.
04:04Ses mots sont tellement naturellement cool dans ma vie, toujours.
04:09Saadi aussi.
04:10Saadi, notre grand poète.
04:12Je peux aussi lire celle-là.
04:14C'est de Saadi.
04:15C'est sublime.
04:15Les êtres humains, les enfants d'Adam, sont les parties d'un corps.
04:21Ils sont issus de la même essence.
04:23Lorsqu'une des parties est atteinte et souffre, les autres ne peuvent trouver ni la paix ni le calme.
04:31Si la misère des autres te laisse indifférent et sans la moindre peine, alors il est impensable de t'appeler un être humain.
04:40Oui, c'est comme le roi.
04:57Merci beaucoup.
05:00Merci à vous.
05:00Vous le connaissiez par contre ?
05:01Oui, ça c'est comme le roi.
05:07Un des rois des poèmes iraniens.

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