Prisons : Gérald Darmanin veut faire payer aux détenus des frais d’incarcération

Sud Radio

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Nous revenons sur l'idée de Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, qui veut rétablir les frais d'incarcération.

00:10Frédéric, bonjour.

00:11Oui, bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:13Frédéric, je suis très content de vous avoir, vous êtes à Carcassonne, on le sait, vous êtes un auditeur fidèle de Sud Radio et ancien directeur de prison.

00:21Vous êtes favorable à l'idée de Gérald Darmanin ?

00:24Alors moi je suis plutôt favorable, mais il faut mettre des bémols quand même.

00:28C'est-à-dire qu'il faut laisser, on peut saisir de l'argent sur leur compte nominatif aux détenus, mais il faut leur laisser un minimum.

00:35C'est-à-dire qu'au départ, on ne touche à rien tant qu'ils n'ont pas touché plus de 200 euros.

00:40Donc les 200 euros là, il faut que ça soit, on n'y touche pas.

00:44Après il y a les détenus qui sont indigents.

00:46Un détenu indigent, c'est celui qui a moins de 50 euros par mois pour faire court.

00:49Donc là, on n'y touche pas non plus.

00:51Là, il ne paierait pas ce forfait.

00:53Et après, il y a les détentions provisoires.

00:59La personne n'est pas condamnée.

01:01Moi je ne suis pas pour qu'on leur impose un forfait.

01:04Mais maintenant, s'ils sont condamnés, à partir du moment où ils sont condamnés, s'ils ne sont pas relaxés,

01:10ils doivent payer l'arrière.

01:13Moi je suis pour ça.

01:14Je comprends Frédéric, ce que vous voulez dire.

01:17Alors, aujourd'hui, comment ça se passe ?

01:20Un détenu est en prison, il a un compte en banque, hein Frédéric ?

01:24Alors, c'est un compte qui est ouvert par la pénitentiaire.

01:27Donc il y a un service comptabilité, l'argent qu'il reçoit de l'extérieur des mandats de la famille,

01:34ou alors s'il travaille sans salaire, ou cet argent-là.

01:39Une retraite, peut-être une retraite aussi Frédéric.

01:42Une retraite, il peut la toucher aussi, il peut la toucher aussi, voilà.

01:46Mais il y a des barèmes.

01:48Donc en dessous de 200 euros, l'administration ne prend rien du tout.

01:52Au-dessus, entre 200 et 400, il prend 10%, etc.

01:55Mais il y a une partie de la somme, des sommes qui sont prises, qui sont mises sur un pécule libérable.

02:00Il n'y a pas de frais d'incarcération aujourd'hui, Frédéric ?

02:03Non, il n'y a pas de frais d'incarcération, pas du tout.

02:06Mais quand vous allez à l'hôpital, ça coûte très cher.

02:08Tout le monde connaît des gens qui sont hospitalisés.

02:13Les frais journaliers sont importants.

02:15Oui, oui.

02:17Je comprends.

02:18Après, il faut voir, vous savez, la télévision, par exemple, en prison, ils la payent.

02:24En prison, ils la payent.

02:27Mais s'ils sont seuls en cellule, à partir du moment où ils sont 2, 3, 4, 5,

02:32c'est ce que ça arrive encore, on ne peut plus leur faire payer.

02:35Parce qu'il y en a un qui dit, moi, je ne la paye pas, je ne la veux pas à la télévision.

02:39Donc, ça devient compliqué.

02:41Donc, il faudrait déjà qu'on puisse avoir assez de place.

02:45Mais je comprends.

02:46Mais autrement, je pense que ceux qui ont un revenu, quel qu'il soit,

02:52peuvent payer des frais journaliers.

02:55Vous savez, vous prenez 10 euros par jour pour la nourriture, ce n'est pas exagéré.

02:59– Bien sûr.

03:00Camel, Frédéric est donc avec nous.

03:04Que pensez-vous, Camel, vous êtes à Avignon ?

03:07– Ce que je pense de ça, comme j'ai dit à votre collaborateur,

03:12là, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qu'a dit le directeur.

03:18Parce qu'en grosso modo, si on commence à faire ça, il va y avoir de gros trafics.

03:23Déjà, il y a des trafics que les matons ne peuvent pas traiter déjà,

03:27à l'intérieur de la prison.

03:28Aujourd'hui, il y a des indigents, comme il l'a dit, à l'intérieur de la prison,

03:32et il va y avoir un microcosme de voyous.

03:34On va faire de ces prisons-là un centre de formation pour voyous.

03:37Le gars qui va rentrer là-dedans, il va sortir.

03:39– Non, mais je ne comprends pas, Camel, pourquoi ?

03:41Quel rapport avec...

03:43– L'argent, automatiquement, dès qu'il y a l'argent qui rentre là-dedans,

03:47dès que le gars, il doit payer, et qu'il n'y a pas les moyens de payer,

03:49il sera...

03:51– Ah oui, il va être sous l'influence de celui qui a les moyens de payer.

03:55– Bien sûr.

03:56– Non, mais c'est déjà le cas.

03:58– Oui, mais c'est déjà le cas, nous dit Frédéric, Camel.

04:01– Non, mais attendez, attendez, c'est déjà le cas, on ne maîtrise pas ça.

04:04Mais là, on va accroître le cas, on va accroître le problème.

04:07Le problème, pour moi, c'est de les faire travailler.

04:10– De les faire travailler, oui, mais justement,

04:13compte tenu du travail effectué, peut-être prélever une certaine somme

04:17pour payer les frais d'incarcération. Frédéric ?

04:20– Le travail n'est plus obligatoire en prison, depuis qu'il n'est pas obligatoire.

04:24Donc, ils travaillent que s'ils ont envie.

04:27Et de toute façon, le trafic a toujours existé.

04:29Les téléphones, ils rentrent.

04:30Ce n'est pas forcément le trafic en drogue qui va rentrer le téléphone.

04:33Il va mettre la pression sur la personne qui est plus faible,

04:36âgée, jeune, qui est incarcée pour des affaires de mœurs, etc.

04:41Et il va mettre la pression sur ces gens-là qui vont rentrer le téléphone.

04:44Donc, de toute façon, le trafic, il se fait.

04:46Mais il faut peut-être sécuriser différemment les prisons.

04:49– Bien, merci Frédéric Camel.

04:50Très intéressant, vraiment très intéressant,

04:53parce qu'on apprend des choses, parce que ça permet le débat,

04:56ça permet de réfléchir, et on est là pour ça.

04:59Savoir et comprendre, l'actu, c'est ça.

05:02Ce n'est pas immédiatement du commentaire,

05:05c'est d'essayer de comprendre, d'essayer d'analyser, de savoir.

05:08Il est 8h.

05:09– Sous-titrage Société Radio-Canada

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