Le coup de gueule d'un agriculteur

Sud Radio

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04— Nous parlions des agriculteurs il y a quelques instants. Eh bien, partons pour Beaumont-de-Lomagne, dans les Pyrénées.

00:10Agriculteur, c'est pas dans les Pyrénées. D'ailleurs, c'était dans le Tarn-et-Garonne, Beaumont-de-Lomagne, hein, pour te savoir.

00:15Beaumont-de-Lomagne, je me souviens de grands joueurs de rugby de la famille Biémouré. Jean-Jacques, bonjour.

00:23— Oui, bonjour, Jean-Jacques. — Bonjour. Dites-moi, la famille Biémouré était bien de Beaumont ?

00:28— Non. On a la famille Barreau, qui ont été les excellents joueurs. Nous avons eu la famille Lacerat.

00:37Nous avons dernièrement la capitaine de l'équipe française féminine, Audrey. Et donc du coup, c'est une terre de rugby.

00:49— Ah bah ça, Beaumont-de-Lomagne, c'est une terre de rugby, oui. Dites-moi, Jean-Jacques, vous êtes éleveur de poulets.

00:54Vous avez entendu Dominique Chargé, qui est le patron des coopératives, vraiment répéter, nous rappeler

01:01combien la situation est inquiétante dans l'agriculture. Bon, vous confirmez... Vous êtes inquiet, vous aussi, Jean-Jacques ?

01:07— Bien sûr. Surtout qu'il faut savoir qu'en Occitanie, on est une très grande région agricole, si ce n'est la première,

01:14mais aussi la région où il y a le plus de difficultés, où le revenu agricole est le plus bas de France.

01:21Et donc du coup, on est vraiment dans un cœur du sujet compliqué. Et je tenais à remercier Sud Radio,

01:27où on sent que l'agriculture, pour Sud Radio, est vraiment un cœur de sujet.

01:31— Ah ça, je peux vous dire, j'ai deux cœurs de sujet. C'est l'agriculture et les PME. Eh bien parfois, ça se confond, hein.

01:40Mais parce que ce sont les territoires. Parce que les territoires vivent grâce à l'agriculture et grâce aux PME.

01:48Il faut quand même ne jamais l'oublier. — Ah, il faut savoir qu'en Occitanie, le premier employeur, aujourd'hui,

01:54c'est toujours l'agriculture, hein. Malgré... Parce que bien sûr, il y a nous, agriculteurs, et puis il y a tout ce qui est

02:01la transformation et ainsi de suite derrière, hein. — Vous êtes au bout, là. Là, vraiment, vraiment, vous êtes inquiet, Jean-Jacques ?

02:08— Ah oui, oui, énormément. Bon, déjà, on a le secteur viticole dans notre grande région. Donc là, c'est une crise.

02:15Mais alors on ne sait pas comment toutes les caves coopératives et compagnie vont arriver à gérer toute cette difficulté.

02:23Le secteur, bien sûr, de l'élevage, où on a cette explosion de maladies... On peut dire que, pour donner un exemple,

02:33ce que subisse aujourd'hui le monde de l'élevage, c'est comme si l'économie de la France subissait en un an plusieurs Covid différents et meurtriers.

02:43Et donc du coup, aujourd'hui, les éleveurs... Bon, on a eu le problème dans la volaille avec la grippe aviaire. On est arrivés à gérer le problème.

02:52Parce qu'il y a eu des vaccins, après ils sont arrivés, on sent que la pression baisse, mais on est toujours en alerte.

02:56On a ces... Par changement climatique, ces moustiques qui arrivent, qui sont chargés aux mouches, qui ramènent des virus,

03:03qui font que la MHE, la fièvre cataralovine, évolue avec des sérotypes différents qui sont très meurtriers au niveau des animaux.

03:12Donc là, il faut avoir une attention privilégiée au niveau des éleveurs qui subissent des crises, parce qu'un éleveur, pour être un bon éleveur, il aime ses bêtes.

03:20Il aime ce qu'il fait, et quand il voit qu'il n'a pas de solution, qu'il est... Il a un désarroi total. Donc là, il faut y être.

03:27Et là, je dis bien, la coopération, elle doit être sur le terrain. Alors il y a des petites et des grosses coopératives.

03:34Aujourd'hui, on a besoin de tout le monde. Je veux dire, le monde agricole... Moi, ça fait 40 ans que je fais le métier.

03:39On était 1,3 million d'agriculteurs il y a 40 ans. On est 450 000 actifs aujourd'hui. C'est le plus grand plan social qui a été mis en place par un système.

03:51Alors il est ce qu'il est. Mais aujourd'hui, ce problème, c'est qu'on se rend compte que ce plan social n'a coûté rien à personne.

03:57Mais il a été très très très dur en termes humains. On perd toujours un agriculteur ou deux chaque jour, chaque jour, parce qu'ils se suicident.

04:08Ils reprennent pas les fermes, bien sûr, mais bien sûr. Bon, non seulement ils reprennent pas les fermes, mais en plus, effectivement, il y a des agriculteurs qui se suicident.

04:17Et il y a des agriculteurs qui quittent le métier. Et il y a des agriculteurs, c'est... Il n'y a pas de succession. Enfin, bon, etc., etc., Jean-Jacques.

04:25Donc l'agriculture perd des éleveurs, perd des viticulteurs, perd... Enfin, bon, etc., etc. Et l'agriculture française en souffre, et souffre terriblement. Merci, Jean-Jacques.

04:37— C'est que c'est un savoir-faire... — Bien sûr. Qui disparaît. Mais je suis... C'est le savoir-faire qui disparaît. Merci à vous.

04:44Il est 8 h. Vous êtes sur Sud Radio.

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