Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, tire la sonnette d'alarme sur l’école en France : «Les familles qui sont capables d’éduquer leurs enfants sont de moins en moins nombreuses».
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00:00Alors ça s'est un peu aggravé depuis 25 ans, première chose, premièrement.
00:03Deuxièmement, la société s'est défaite encore davantage depuis 25 ans.
00:09Les familles qui sont capables d'éduquer leurs enfants sont de moins en moins nombreuses,
00:15pour un tas de raisons qui tiennent à la fois évidemment au fait qu'on a abandonné toute idée d'assimilation,
00:21qu'on a abandonné l'imposition de règles, d'obligations,
00:28mais aussi parce qu'on a entassé tout le monde dans des grandes métropoles
00:34avec des conditions de travail très compliquées.
00:36Si les enfants les arrachent à leur famille très tôt,
00:39et on les arrache à leur famille très tôt parce que les mères doivent travailler
00:42et qu'elles sont bien obligées de les mettre à la crèche.
00:44Et donc la question de l'école, de la crèche bien sûr,
00:47mais surtout de l'école primaire et du collège et du lycée,
00:51elle devient cruciale pour cette société, plus que jamais.
00:54Ça ne veut pas dire que personne n'a vu avant monter ce danger,
00:59ni que personne n'a rien fait.
01:00Mais moi je vous en donne deux exemples.
01:02On avait en 2007 fait une campagne dans laquelle la question de l'enseignement et de l'école
01:06avait une grande place.
01:07Et d'ailleurs il y a eu de bons résultats pour ce qu'on peut appeler la droite républicaine,
01:13assez inattendu chez les enseignants.
01:15Et on a supprimé les IUFM, qui sont les organes de formation dans lesquels le pédagogisme régnait en maître.
01:24Et deuxièmement, on avait, je ne sais plus ce que je voulais dire,
01:31bon mais ça...
01:32En 2007 il y avait des résultats.
01:34Le résultat, ça s'est refait.
01:36Ça s'est refait.
01:36On avait fait des internats d'excellence.
01:38Eh bien, les suivants, ils ont refait des IUFM,
01:42ils ont refait des internats d'excellence,
01:44parce qu'il y avait écrit excellence dans le monétaire.
01:45Les gens entendent bien, mais tout ça on le dit depuis des années, Henri.
01:49Les gens votent.
01:51Il y a un moment où il faut que chacun prenne conscience de ce qui se passe.
01:54Et donc ?
01:55Moi je voulais vous lire, pour comprendre la motivation d'une lettre
01:59que j'ai reçue il y a quelques mois, d'une institutrice,
02:03alors pardon, on dit aujourd'hui professeure des écoles,
02:04mais qui m'a raconté une visite d'évaluation
02:09organisée par l'éducation nationale,
02:11donc quatre personnes qui viennent, deux jours,
02:13et à la fin de la deuxième journée,
02:15ils présentent oralement le bilan de leur visite
02:17aux enseignants de l'école élémentaire.
02:19Bon, elle est...
02:20Je crois qu'elle est institutrice en CE2.
02:24Et alors voilà, je vous cite les quatre points, ça vaut la peine.
02:27Vous comprendrez pourquoi on est en pleine dérive.
02:29Alors premier point, premier reproche.
02:31Les JO 2024 sont totalement absents de l'école,
02:33pas d'anneau olympique, pas de flambeau,
02:36pas d'apprentissage de l'hymne olympique.
02:39Deuxième point, ça c'est vraiment les coups d'entendre,
02:42les classes sont organisées de manière trop classique.
02:45Il faut permettre aux élèves de choisir leur siège
02:47et seulement s'ils veulent s'asseoir.
02:49Il faut leur proposer des chaises, des tabourets,
02:52des ballons, des coussins,
02:53ou les autoriser à se sera par terre s'ils le souhaitent.
02:56Voilà.
02:56Troisième point, il ne faut pas imposer de travail aux élèves,
02:59mais simplement leur proposer.
03:00Il ne faut pas les contraindre à travailler.
03:03Ils pourraient être traumatisés.
03:05Il faut avant tout penser à leur bien-être,
03:06l'essentiel est là.
03:08Autre point, il ne faut pas afficher, par exemple,
03:10de tableaux de conjugaison,
03:12de règles d'orthographe,
03:13de tables de multiplication,
03:14de cartes de géographie.
03:15L'affichage présent dans une classe
03:17doit exclusivement être constitué
03:20de travaux d'élèves.
03:21Et dernier point,
03:22il ne faut pas noter les élèves.
03:23Cela peut être vécu,
03:24on sait, depuis 68,
03:25par certains comme une sanction.
03:27Et le débat est toujours ouvert.
03:28Il faut privilégier les ABC,
03:30les acquis,
03:31ou alors acquis en cours d'acquisition,
03:34acquis ou non acquis,
03:35ou bien encore des smileys.
03:37Voilà.
03:37On en est là.
03:38C'est tragique.
03:39Qu'est-ce que vous voulez dire ?
03:40Donc, il y a des profs qui résistent.
03:41En l'occurrence, elle dit,
03:42moi, je ne fais pas comme ça.
03:43Mais la pression existe de plus en plus forte.
03:47Le débat sur les notes,
03:48il a été réouvert l'année dernière encore.
03:50Et on se demande encore
03:51si dans les mois qui viennent,
03:52on ne va pas décider que c'est interdit.
03:54Il y a plein d'ailleurs d'écoles
03:55où on ne note plus.
03:57Voilà.
03:57Et donc,
03:58ce que je voulais dire,
04:00c'est que maintenant,
04:01on ne peut plus,
04:01dans l'état actuel de la société,
04:02considérer que l'école
04:03n'a pas un rôle à la fois
04:04d'instruction et d'éducation.
04:07Mais pas l'éducation
04:08comme on le fait
04:09l'éducation nationale aujourd'hui,
04:10qui a fait un texte
04:12sur l'éducation affective
04:14et relationnelle.
04:15Et il faut le lire.
04:16Obsédé par les stéréotypes
04:18de genre et la discrimination,
04:21et dans lequel on vous explique
04:22qu'il faut que les élèves,
04:23avant de s'asseoir à une table,
04:25à une place,
04:25demandent à celui qui est déjà assis
04:27s'il est d'accord
04:27pour qu'il s'assied à côté de lui.
04:29Voilà, on en est là.
04:30C'est dramatique.
04:31Et je finis ceci.
04:32Il y a deux écoles possibles
04:34qui s'affrontent.
04:35Il y a l'école inclusive,
04:37qui est à la mode,
04:38et pour moi,
04:39l'école assimilatrice.
04:41Et ce n'est pas du tout
04:42la même chose.
04:43L'école inclusive,
04:43c'est une école
04:44qui met les différences
04:45à l'intérieur d'un même paquet,
04:47mais qui ne réduit pas
04:48les différences,
04:48qui les valorise.
04:50L'école assimilatrice,
04:52elle ne veut pas uniformiser
04:54tous les individus,
04:55pas du tout,
04:56mais elle veut donner
04:57quelque chose en partage,
04:59en commun à tout le monde.
05:01Et c'est deux versions
05:02qui s'imposent.
05:04Et aujourd'hui,
05:04si vous êtes contre l'inclusivité,
05:06alors vous êtes vraiment
05:06à jeter à la poubelle.
05:07de la poubelle.