Ces derniers temps, les agressions devant les établissements scolaires se multiplient en France et la violence chez les jeunes se banalise. Pour Philippe Guibert, ancien directeur du service d’information du gouvernement, il faut une «école pour les parents».
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00:00 - Excusez-moi, je crois que le gouvernement part sur une fausse piste, en l'occurrence par rapport au fait dont on parle.
00:06 Parce qu'une fois que vous aurez mis un policier ou un gendarme devant chaque établissement scolaire,
00:12 500 mètres plus loin, 1 km plus loin, on pourra assister à ce qui s'est tragiquement passé à Montpellier et à Vierichâtillon.
00:22 Et donc le problème c'est la violence, c'est l'ultra-violence des jeunes.
00:25 Qu'on protège les écoles, personne ne va être contre, mais le problème c'est cette ultra-violence et à laquelle il faut trouver des réponses.
00:34 Donc on l'a dit tout à l'heure, il y a sûrement des réponses pénales, mais il ne peut pas y avoir que des réponses pénales face à un problème de cette ampleur
00:42 qui touche un peu, enfin pas un peu, qui touche au fond de la société comme on le disait tout à l'heure.
00:48 Et donc il va bien falloir trouver d'autres réponses à ça.
00:51 Geoffroy parlait de la responsabilité des médias et de l'entreprise de déconstruction des autorités.
00:58 Je ne suis pas sûr, pas convaincu que ce soit l'explication principale dans la mesure où en mai 68 on n'a jamais fait l'éloge de la violence.
01:10 Non mais c'est la conséquence en fait.
01:12 D'aller jusqu'à ce degré de violence n'est plus un problème d'autorité, c'est un problème de pulsion.
01:18 C'est un problème de maintien des pulsions. Alors l'autorité contribue évidemment à contenir les pulsions.
01:26 Mais mai 68 et toute la période qui a suivi c'est quoi ? Parce que ça ne s'est pas passé qu'en France, on parle toujours de mai 68,
01:33 ça s'est passé dans tout l'Occident. C'est le primal de l'individu sur le collectif mai 68.
01:37 C'est l'individu compte plus que le collectif, que l'institution, que le cadre.
01:43 Et ça on a assisté à ça dans tout l'Occident, dans toute l'Europe et aux Etats-Unis.
01:48 C'est d'ailleurs partie des Etats-Unis dans les années 60.
01:51 Et donc je ne suis pas sûr que ça puisse expliquer à lui seul ce phénomène historique,
01:58 cette violence qu'on retrouve qui concerne certains quartiers plus que d'autres quand même.
02:06 La violence s'étend dans nos sociétés. Tout le monde le dit, les jeux vidéo sont de plus en plus violents.
02:13 L'exposition, l'accès à la violence par l'image est de plus en plus fort.
02:17 Ça c'est un phénomène qu'il faudrait peut-être analyser dans ses conséquences.
02:22 Mais ce degré de violence n'existe pas systématiquement partout.
02:27 Ce n'est pas toute la jeunesse qui est concernée par ce degré de violence.
02:33 Et donc il faut comprendre pourquoi dans certains quartiers, souvent les plus désintégrés socialement,
02:40 pourquoi on arrive à cette ultra-violence et pourquoi cette désintégration est allée aussi loin.
02:48 Moi je pense qu'il y a un problème majeur avec une partie des parents,
02:53 sur lesquels il y a une responsabilité personnelle en tant que parent,
02:57 mais sur lesquels aussi il y a des parents qui n'y arrivent plus.
03:00 Et donc je pense que dans notre entreprise de recivilisation ou de maîtrise des pulsions,
03:06 il y a sûrement la question d'autorité, mais il y a une question qui va être d'aider les parents qui n'y arrivent plus,
03:13 qui ont de la bonne volonté mais qui n'y arrivent plus, souvent pour des conditions sociales,
03:17 à retrouver le contrôle sur eux.
03:19 Donc il faut aider les parents ?
03:20 Je pense que c'est une grande question.
03:21 Donc il faut aider les parents ?
03:22 Oui, il faut une école.
03:23 Pour endiguer ce fléau, ce problème d'ultra-violence dans les établissements, il faut aider les parents ?
03:28 Il faut repérer très vite les familles, pas simplement monoparentales, même si elles peuvent en faire partie,
03:35 les familles où ça dysfonctionne gravement et où les gamins ont des comportements anormaux.
03:39 Parce que pour qu'à 14 ans ou 15 ans, vous en soyez à ce degré de violence,
03:43 excusez-moi, ça n'a pas commencé il y a six mois, ça a commencé plus vite, plus jeune, plus tôt.
03:49 Et donc je crois que le travail de recivilisation, il peut passer par là.
03:52 On peut y aller.
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