L’animateur-producteur Thierry Ardisson était l’invité de Léa Salamé, jeudi 1er avril. Il fête ses 40 ans de carrière et publie une auto-fiction “L’Homme en Noir”, chez Plon.
Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Léa, ce matin, vous recevez l'homme en noir.
00:03Bonjour Thierry Ardisson.
00:04Bonjour.
00:04On est très heureux de vous recevoir en ce 1er mai.
00:07J'en ai des travailleurs ou de ceux qui sortent en boîte.
00:09Vous êtes dans quelle catégorie ?
00:11Maintenant, je ne suis plus que dans le travailleur.
00:13Les boîtes, c'est un peu terminé.
00:15C'est terminé.
00:16On est très heureux de vous recevoir avec Nicolas, c'est vrai.
00:18On commence par mes questions rituelles.
00:20Si vous étiez une héroïne, un écrivain et une transgression en 2025 ?
00:25Si j'étais une héroïne, je serais Marie-Antoinette.
00:27Mais pas la Marie-Antoinette de Sofia Coppola.
00:30La vraie Marie-Antoinette, celle dont je parle dans mon livre.
00:32C'est-à-dire dont l'enfant a été drogué, saoulé, pour lui faire avouer qu'il avait couché avec sa mère.
00:38C'est un personnage qui m'émeut beaucoup, Marie-Antoinette, qui me touche beaucoup.
00:43Et d'ailleurs, ceci étant, je n'étais pas choqué au moment de l'ouverture des Jeux Olympiques,
00:48qu'on puisse jouer avec Marie-Antoinette ou avec la scène.
00:50Ce que personne n'a dit, par exemple, c'est que le tableau de la scène avait déjà été détourné une cinquantaine de fois.
00:56Donc, ça n'avait rien d'extraordinaire.
00:57Oui, ça ne vous a pas choqué.
00:58Un écrivain ?
00:59Philippe Kadic, parce que je crois que moi, j'étais un des premiers à le lire dans les années 70.
01:04Bien entendu, le maître dit au château.
01:06Mais après, il y a eu Toto Le Récol, tout ça.
01:08Il a beaucoup apporté.
01:09Moi, toute proportion gardée, bien sûr.
01:12Mais dans mon livre, il y a cette dimension comme ça, où on passe d'une dimension à l'autre, disons.
01:18Et c'est ça qui me plaît chez Kadic.
01:20On va en parler.
01:20Mais une transgression.
01:21Si vous étiez une transgression de 2025, c'est quoi l'acte transgressif par absolu ?
01:27Il n'y a plus de transgression.
01:28Si, il y a une transgression.
01:29Je viens d'en faire une de transgression.
01:30C'est que j'ai fêté les 30 ans de Paris dernière.
01:33L'émission où je me promène la nuit dans Paris.
01:35Donc, on a fait un numéro spécial 2025.
01:37Et à la fin de l'émission, au lieu d'aller dans une boîte de partouze, je vais à Saint-Eustache écouter les Grandes Orgues.
01:46Donc, je dirais que pour moi, ils jouent évidemment du bac, mais ils jouent aussi les Beatles.
01:50Et je trouve que c'est extraordinaire aujourd'hui que finalement, ce qui soit transgressif, ça soit d'aller à Saint-Eustache.
01:54Il y a un côté père de Foucault d'aller à Saint-Eustache plutôt qu'aux chandelles, disons.
01:59La transgression ultime, c'est donc d'aller à l'église.
02:03Écoutez les Orgues.
02:04Le nouveau livre, le dernier livre de Thierry Ardisson s'appelle L'Homme en Noir.
02:08Vous n'êtes pas foulé pour le titre, dites donc.
02:10Ça sort chez Plon la semaine prochaine.
02:12Et c'est un peu la prolongation de votre autobiographie Confession d'un Baby Moomer paru il y a 20 ans,
02:17qui s'était vendu à 100 000 exemplaires.
02:19Mais là, c'est une autofiction qui mêle le vrai et le faux.
02:22Alors, le pitch, c'est l'histoire de l'animateur star du plus gros talk show de France,
02:25le talk show du samedi soir,
02:26qui arrive sur son plateau de tournage pour tourner son émission.
02:30Il trouve dans sa loge une lettre de menace de mort.
02:33Il s'en fiche.
02:34Il ne prend pas le truc au sérieux.
02:36Il la met dans sa poche.
02:37Il arrive sur son plateau avec tout ce qu'on connaît de tout le monde en parle quand on l'a vécu.
02:43Il y a tout le monde.
02:43Il y a la productrice Catherine Barma.
02:45Il y a le réalisateur Magneto Serge, Serge Calfon, etc.
02:49Et arrivé sur le plateau, il y a un coup de feu qui est retentit.
02:54Il se prend une balle et arrive à ce moment-là tous les personnages de sa vie sur le plateau.
02:59Ses parents, les femmes qu'il a aimé, ses enfants, mais aussi les invités les plus emblématiques de sa carrière.
03:04Johnny, Karl Lagerfeld, Gainsbourg, Dormesson, Christine Angot, Delon, ils y passent tous.
03:08Mais aussi Marie-Antoinette, Jésus, même ceux que vous n'avez pas reçus.
03:12C'est quoi cette émission folle ? C'est le jugement dernier ?
03:15C'est la dernière valse sous acide ?
03:18C'est un jugement dernier sous acide.
03:20C'est-à-dire qu'en fait, je me suis dit, bon, il paraît que quand on meurt, on voit arriver tous les personnages de sa vie.
03:27Mais moi, je me suis dit, en fait, ce qui serait drôle, c'est qu'ils arrivent par le même escalier, avec la même lumière, les mêmes applaudissements, la même musique que des invités habituels.
03:35Donc, quand j'annonce Johnny Hallyday, bon, enfin, je n'annonce pas Johnny Hallyday, Catherine Barman me dit, Luchini est en forme.
03:42Et j'ai dit, j'accueille Johnny Hallyday, elle me dit, t'es con ou quoi ?
03:44Et là, on comprend qu'on est parti dans autre chose, évidemment.
03:47Et, en fait, tous ces personnages arrivent comme des invités habituels du samedi soir.
03:52Mais il y a aussi bien Saint-Trita, effectivement, comme vous l'avez dit, Jésus.
03:55Il y a Jésus que vous invitez ?
03:57C'est très cool Jésus.
03:58Pourquoi Jésus ?
03:59Très cool Jésus.
04:00D'ailleurs, je lui dis, moi, j'ai toujours pensé que tu étais un petit juif qui a foutu la merde, ce qui est vrai.
04:03Et c'est plus que l'église catholique, Jésus, c'est vraiment...
04:07Moi, j'aime le vrai Jésus, quoi.
04:08Moi, j'ai senti...
04:09Enfin, j'ai lu ce livre et je l'ai vécu.
04:12Je me suis dit, tiens, Ardisson fait son Bowie, il fait son Lazarus.
04:16Lazarus, c'est le dernier album de Bowie, avant sa mort.
04:20Il sait qu'il va mourir, il sait qu'il est malade et il va mettre en scène sa propre mort.
04:25Le clip est dingue, d'ailleurs, on le voit quasiment enfermé dans un cercueil, les yeux couverts, etc.
04:30Et quelques mois après la sortie de cet album, il va mourir, effectivement.
04:34Je me suis dit, qu'est-ce qu'il nous fait, là, Ardisson ? Il met en scène sa propre mort ?
04:38Oui, de toute façon, oui, j'ai 76 ans.
04:41Comme Michel Delpeche, c'était 73 ans dans la chanson quand j'étais chanteur.
04:45Moi, j'étais animateur.
04:47J'ai 76 ans et c'est normal que j'aborde les problèmes de la mort, effectivement.
04:52Et tout ce qui a été ma vie.
04:54Et disons que je pense que c'est naturel.
04:55Je pense que moi, il ne faut pas avoir peur de la mort.
04:57Parce que, comme je dis souvent, de toute façon, tout le monde meurt.
05:00Même Napoléon, qui était quand même un mec puissant, il est mort.
05:04Donc, à partir du moment où tout le monde meurt, à part Jésus, tout le monde est mort.
05:07Mais vous n'avez pas peur de la mort ?
05:08Il y a quelque chose où vous...
05:09Si j'en ai peur ou pas, ça ne changerait rien, de toute façon.
05:11Donc, je préfère ne pas en avoir peur.
05:12C'est comme le Paris de Pascal.
05:14C'est-à-dire, croire ou pas croire, oui, c'est mieux de croire parce que ça enchante le monde.
05:19Et la mort, c'est mieux de ne pas en avoir peur.
05:21De toute façon, on va mourir.
05:21Et en attendant, vous racontez effectivement votre vie à travers ces personnages de fiction
05:26ou que vous avez vraiment rencontrés, à travers des souvenirs, des vrais souvenirs de tout le monde en parle
05:31et des trucs que vous inventez.
05:33Johnny, d'ailleurs, il y a un des premiers chapitres, c'est sur Johnny qui serait sur le plateau
05:38et qui vous raconte que quand il était môme, il a été traité de fils de collabo
05:41parce que son fils a été collabo pendant la guerre.
05:43Ça, c'est vrai ou pas ?
05:44Oui, ça, c'est vrai.
05:45C'est-à-dire qu'en fait, c'est dans Wikipédia.
05:47Mais c'est qu'en fait, jamais personne ne lui a posé la question à Johnny Hallyday,
05:51même pas moi, parce que je l'ai eu sur mon plateau, je n'ai pas osé.
05:54Et quand on a vu arriver Johnny à la télévision dans les années 60,
05:58il était vraiment timide, il ne nous avait pas parlé, il était bunkérisé.
06:03Et en fait, oui, parce qu'à l'école, on l'appelait fils de Bosch,
06:06son père s'occupait de la télé allemande à Paris pendant la guerre.
06:09Et en 1944, Johnny a toujours raconté que son père était parti avec une femme.
06:15En fait, il était parti à cause de l'épuration.
06:17Il était parti se planquer à Madrid, quoi.
06:19Ça, c'est vrai. Il y a des trucs vrais.
06:21Il y a des trucs vrais que vous racontez.
06:22Et pendant que Johnny raconte dans le livre,
06:25pendant qu'il vous raconte cette histoire-là où il est très triste,
06:27vous avez dans l'oreillette celle qui fut la reine, la productrice, Catherine Barma.
06:34Catherine Barma qui a fait « Tout le monde en parle »,
06:36qui a fait « Ensuite, on n'est pas couché », Laurent Ruquier.
06:39Voilà, on lui doit tous quelque chose.
06:41En tout cas, tous ceux qui ont transité par les salis d'histoire.
06:42Moi, je lui dois la moitié de ma carrière, ça, c'est sûr.
06:44Absolument.
06:45Qui vous dit « Non, mais là, c'est très, très fort.
06:47Non, mais là, c'est fort, mais on se fait chier, là.
06:49Prends le Kini, prends le Kini. »
06:51C'est ça que vous racontez.
06:52Oui, elle m'engueule sans arrêt.
06:54Et jusqu'au moment où elle me dit « Mais enfin, si tu veux, on arrête. »
07:00Et là, j'ai dit « Mais tu ne comprends pas que si j'arrête, je meurs. »
07:03Voilà. Ça va loin, des fois.
07:04Oui, c'est ça qui va loin.
07:05C'est sans doute le livre où vous êtes le plus intime et le plus sincère.
07:09Il y a bien sûr les effets, le côté hardisson, le sens de la formule et tout.
07:14Mais il y a des choses que vous dites, et on va y venir, notamment sur vos parents et vos enfants.
07:18Et vous, votre rapport à votre enfance et à vos blessures, que je n'ai jamais lu.
07:23Je ne vous ai jamais entendu parler comme ça.
07:25Catherine Barma, juste un mot.
07:27Vous dites des jolies choses sur elle.
07:28Je l'aime, Catherine.
07:29Après, une brouille qui est allée dans les tribunaux, etc.
07:32Oui, vous savez, c'est des histoires qui ont à voir avec le show business.
07:36Ce n'est pas grave.
07:37À la fin, vous l'aimez.
07:38Oui, et c'est réciproque.
07:40À la fin, vous l'aimez.
07:42Vous invitez aussi dans cette ultime émission, ce jugement dernier, vos ennemis.
07:47Il y a Hanouna, il y a Bolloré, Jean Gabin.
07:50Il y a des trucs drôles avec Hanouna.
07:52C'est drôle.
07:53C'est l'homme invisible.
07:53J'annonce l'homme invisible.
07:57Et puis, on voit arriver l'homme invisible avec son chapeau élégant.
08:00Et puis, il dit, ça va, mes petites beautés ?
08:01Je dis, putain, Cyril, t'es invisible.
08:03Eh oui, je suis devenu invisible.
08:04Et puis, voilà.
08:05Non, non, mais il y a des trucs marrants.
08:06Ce n'est pas que sombre.
08:08Il y a des moments marrants.
08:09Il y a des moments surréalistes.
08:10Vincent Bolloré qui vous avirait.
08:12Vincent Bolloré, c'est Gabin.
08:13Parce que j'accueille Jean Gabin.
08:14Tout le monde dit, mais c'est l'IA, c'est l'intelligence artificielle.
08:17En fait, pas du tout.
08:17C'est le vrai Jean Gabin.
08:18Et Jean Gabin, il apprend un truc que m'a fait Bolloré.
08:21Il le fait venir.
08:23Et il engueule.
08:24Gabin qui engueule Bolloré, c'est drôle.
08:26Et puis, il lui dit qu'il a inventé le cinéma muet.
08:28Puisque maintenant, les acteurs, pour pouvoir avoir des subventions de Canal,
08:31ne peuvent plus rien dire contre Canal et CNews.
08:33Donc, ils ferment leur gueule et ils ont peur du bad news.
08:35Ils ont tous peur de lui, sauf moi.
08:37J'ai toujours mis un point d'honneur à inviter des infréquentables.
08:40Écrivez-vous, mais Dieudo et Soral, c'est plus possible depuis longtemps.
08:43Non, non, non.
08:45Un jour, j'ai viré en direct, ce qui ne se fait jamais à la télé.
08:48Parce qu'en général, à la télé, quand on ne vous veut plus,
08:51quand votre attaché de presse appelle, on vous dit
08:53« Oui, on est occupé en ce moment. »
08:54Moi, je lui ai dit, sur le plateau, devant tout le monde,
08:56je lui ai dit « Je ne t'inviterai plus. »
08:59Parce qu'il était encore parti.
09:00C'était l'époque où il n'avait pas eu son argent du CNC
09:03pour faire son film sur la traite des Noirs.
09:06Et il disait « Les Juifs, ils ont toujours l'argent pour parler de la Shoah. »
09:09Donc, il était là-dedans.
09:10Bon, moi, je l'ai laissé dire deux fois.
09:12Et puis après…
09:12Stop.
09:13C'est sur YouTube, c'est pas…
09:14Et donc, je lui ai dit « Je ne veux plus te voir. »
09:16Donc, lui, c'était fini, dieu d'eau.
09:18Et Soral, c'est pareil.
09:19Enfin, je veux dire, non, il y a un moment,
09:20on ne peut pas donner la parole à des gens qui disent des conneries.
09:24Vous étiez l'animateur, je le rappelle,
09:26pour ceux qui sont nés qui ont moins de 30 ans.
09:28Et oui, vous étiez l'animateur star du samedi soir.
09:30Vous receviez tout.
09:30J'étais le Léa Salamé de l'époque.
09:33Voilà, on le dit pour les jeunes.
09:34De Brett Easton Ellis à Evangélie,
09:36de Tom Wolfe à Brad Pitt,
09:37en passant par Valérie Lemercier et Ray Charles.
09:39Ray Charles, c'est vraiment là que tout se passait.
09:41Eh bien, ça avait de la gueule.
10:04C'est moi qui vous le dis.
10:05L'une des forces de vos émissions, c'était le casting.
10:09Donc, on l'entend.
10:09Et Barma m'a beaucoup aidé, il faut dire, en vérité.
10:11Eh oui, les interviews très écrites, très séquencées,
10:14avec un ton cash provocateur,
10:16qui vous a été reproché et qui vous est reproché
10:18par un certain nombre d'actrices,
10:20de chanteuses, d'autrices aussi,
10:23que vous citez dans le livre.
10:24Vous leur répondez à toutes ces femmes,
10:27de Mélanie Thierry à Christine Angaud,
10:28d'Emmanuel Béard à Vaina Gioquante,
10:30et les autres qui vous accusent de les avoir sexualisées,
10:33de les avoir réduits au rang, au fond,
10:35de nanas jolies qui faisaient bien dans votre décor
10:39et on parlait sérieux avec les mecs.
10:41Oui, c'est-à-dire qu'en fait,
10:42si vous voulez, quand Emmanuel Macron m'a donné
10:45la Légion d'honneur,
10:46je me suis pris une tribune dans Libération
10:48de tout un tas de filles,
10:49à commencer par Angaud,
10:51qui disait, mais attendez,
10:52Macron qui donne la Légion d'honneur à Ardisson,
10:54c'est comme s'il me donnait une gifle à moi.
10:56Alors, j'en profite d'être là
10:57pour remettre les choses au point.
10:59D'abord, moi, je n'ai rien à voir avec MeToo,
11:01il faut quand même le préciser,
11:02parce que moi, je n'ai jamais été,
11:04il n'y a jamais une fille qui est sortie
11:05en me disant, il a fait ci, il a fait ça,
11:06pour cause.
11:07Vous n'avez pas de MeToo.
11:08Je n'ai pas de MeToo.
11:08Déjà, à notre époque, c'est plutôt bien.
11:12Ensuite, quand les gens venaient dans mon émission,
11:14il y avait une interview biographique,
11:17promotionnelle,
11:18et après, il y avait ce qu'on appelait
11:19l'interview formatée,
11:20c'est une petite interview,
11:21genre Alerte Rose, par exemple.
11:24Et la question la plus symbolique d'Alerte Rose,
11:27c'est est-ce que Sucé s'est trompé ?
11:28Mais je l'ai fait à Michel Rocard.
11:29Alors, ce que je veux dire simplement,
11:31c'est que je le faisais aussi bien
11:32à un ancien Premier ministre,
11:34et je n'osais pas le demander.
11:35Je pense à une jeune actrice, ça.
11:37Mais je veux dire par là...
11:38Il n'y a pas de regret, en tout cas.
11:39Vous en parlez.
11:40Elle ne venait pas...
11:41Il n'y avait pas d'emprise amoureuse.
11:43Elle venait pour la promotion des ventes.
11:46Elle venait vendre leurs films
11:47ou leurs disques.
11:49Mais d'abord, elle connaissait l'émission.
11:50Ce n'était pas un traquenard.
11:51Un traquenard.
11:53Un traquenard.
11:54Un traquenard.
11:55Vous avez fait une petite...
11:56Qui m'excuse.
11:57Non, non, mais bon.
11:58Donc, il n'y avait pas de pièce.
11:59Je veux dire, tout le monde savait
11:59où ils mettaient les pieds.
12:01Et elle revenait.
12:02Christine Angot, qui fait un scandale
12:03sur ce qui lui est arrivé en 99.
12:05Elle est revenue plusieurs fois.
12:06Elle est revenue en 2000.
12:07Et puis, ce qu'il faut dire aussi, quand même,
12:09parce que cette histoire
12:10commence à me fatiguer un peu,
12:12tout ça ne se passait pas
12:13sur Zoubida Télévisions.
12:15Ça se passait sur Antenne 2.
12:17Et la patronne d'Antenne 2,
12:18c'était Michel Cotta.
12:19Michel Cotta, elle voyait mes émissions.
12:21Les émissions étaient visionnées avant.
12:23Donc, s'il y avait eu quelque chose
12:24de si extraordinaire que ça...
12:26Ouais.
12:27Pas de regret.
12:28Non.
12:28Contrairement à Bafi, qui a deux semaines...
12:30Bafi s'excuse, lui.
12:31Ouais.
12:32Il s'excuse.
12:33Il a dit avec Ardisson,
12:34on était un peu con, un peu machiste.
12:35Mais c'est fou de dire ça.
12:36D'abord, il n'a pas à s'excuser.
12:38Il doit demander aux gens
12:39qui ont été offensés
12:40de l'excuser de lui.
12:41On ne s'excuse pas.
12:42Déjà, je lui ai expliqué.
12:43Je l'ai appelé après le passage chez vous.
12:45Je lui ai dit,
12:46il faudrait déjà que tu apprennes
12:46à parler français.
12:49Moi, j'étais ni con, ni macho.
12:50Il dit, avec Ardisson,
12:51on n'était con et macho.
12:52Lui, peut-être.
12:53Moi, j'étais ni con, ni macho.
12:56Et puis, vous avez vu dans le livre,
12:57je fais 10 pages sur lui.
12:58Enfin, peut-être pas 10.
12:59C'est très beau, ce que vous dites.
13:00Oui, voilà.
13:01J'aime Laurent.
13:02Vous dites, c'est le petit frère de Jean-Yann.
13:03Il m'a fait une rencontre formidable.
13:05Et je trouve qu'aujourd'hui,
13:07cracher dans la soupe, 25 ans après,
13:09en disant qu'on était con.
13:10Ben non, on n'était pas con.
13:11On était dans l'époque.
13:12C'est sûr que l'époque a changé.
13:13Tout le monde le sait.
13:14Ceci dit, en 2010,
13:16j'ai retrouvé une interview de vous
13:17à Josiane Savignot dans Le Monde
13:18où vous dites,
13:19il faut se méfier de l'institutionnalisation
13:21de la provocation.
13:22Dans Tout le monde en parle,
13:22je finissais par tomber
13:23dans une provocation un peu caricaturale.
13:25Et quand je vois mes successeurs,
13:26je me reproche parfois
13:27d'avoir ouvert la boîte de Pandore.
13:29Donc, même vous,
13:30vous faisiez il y a 15 ans
13:32un petit méa culpa
13:33en disant peut-être qu'on a...
13:34C'était outré.
13:35C'était outré.
13:36Mais enfin, je veux dire,
13:36de là à se battre la coupe
13:38en disant c'est terrible
13:40ce que j'ai fait,
13:40j'étais con, j'étais macho.
13:41Non, moi, j'étais ni con, ni macho.
13:43J'étais Thierry Ardisson.
13:44Il y a la télé dans le livre, évidemment.
13:46Mais il y a plus surprenant encore
13:47votre enfance,
13:48vos blessures d'enfance,
13:49vos traumatismes d'enfance.
13:50Et là, c'est là
13:51où vous êtes émouvant.
13:52Thierry Ardisson peut être émouvant.
13:54D'abord, l'éloignement
13:56de vos parents
13:56quand ils vous envoient
13:58gamin à la naissance
13:59de votre frère
13:59chez vos grands-parents.
14:01Oui, ma mère n'était pas faite pour...
14:03Enfin, je pense qu'elle n'était pas...
14:05Je suis née,
14:06elle avait 19 ans,
14:07elle ne savait pas s'occuper de moi.
14:09Mon père voyageait tout le temps.
14:10On allait dans mon histoire au public.
14:12Donc, on déménageait
14:12dans toute la France.
14:14Il y avait ma grand-mère
14:14qu'il fallait supporter à la maison.
14:16J'ai une enfance de merde.
14:17Ça, c'est la vérité.
14:17D'ailleurs, à 16 ans, je suis parti.
14:19Je suis revenu 10 ans après.
14:20C'est très marrant, ça.
14:21C'est-à-dire que
14:21quand vous avez votre bac à 17 ans,
14:23votre père vous dit
14:24qu'est-ce que tu veux comme cadeau
14:25et vous lui répondez ?
14:26Partir.
14:27Partir, là, je vais à Jean Lépin
14:29et je suis ramassé sur la plage
14:32par Johnny Honeywood
14:34qui m'a changé ma vie.
14:36Il m'a nommé disquaire de whisky à gogo
14:38alors que je n'avais jamais mis un vice de ma vie.
14:41Et là, vous apprenez la vie.
14:42Mais c'est vrai qu'enfance de merde, quoi.
14:45Enfance de merde.
14:45Qui explique beaucoup de choses.
14:47Et c'est très fort
14:48quand dans le livre,
14:49dans cette émission folle
14:50de jugement dernier,
14:52vous invitez vos parents.
14:53Mais dans un premier temps,
14:54c'est vos parents
14:55qui sont des sosies de vos parents,
14:57qui sont des gens hyper élégants,
14:58très beaux,
14:59qui viennent de Meugev, etc.,
15:01que vous invitez
15:01avant qu'à un moment,
15:02vous vous dites
15:03« Ben non, ce n'est pas mes vrais parents. »
15:04Il y a mon frère qui arrive
15:05et qui dit
15:06« Mais qu'est-ce que tu fais ? »
15:08Il m'appelle Titou.
15:09« Qu'est-ce que tu fais, Titou ?
15:10Ce n'est pas nos vrais parents. »
15:11J'ai dit « Ouais, non, mais... »
15:12Il dit « Mais non, mais attends,
15:12maintenant, au point où t'en es,
15:14tu peux reconnaître tes vrais parents. »
15:16Et là, arrivent deux gens normaux.
15:18Et voilà, mes parents,
15:20ben oui, ils étaient comme ça.
15:20Mais en même temps, je dis aussi...
15:22Deux gens normaux
15:22dont vous avez eu honte.
15:24Vous écrivez dans le livre
15:25qu'au fond, pendant longtemps,
15:26vous avez eu honte de vos parents.
15:27Oui.
15:28Honte de cette enfance
15:29un peu minable.
15:30Je ne comprenais pas
15:31pourquoi j'étais né là.
15:31Je croyais qu'il y avait une erreur
15:33à la maternité.
15:34Je ne comprenais pas
15:34ce que je foutais dans cette famille.
15:36Pourquoi on n'avait pas
15:37une déesse 19,
15:38mais une dauphine ?
15:39Pourquoi on habitait
15:40dans un immeuble
15:41et on n'avait pas une propriété
15:43au bout d'une allée d'arbres ?
15:44C'est-à-dire,
15:45je ne comprenais pas
15:45pourquoi moi ?
15:46J'étais là.
15:47Oui, je me sentais
15:49tout à fait étranger à ça.
15:50Et vous avez eu honte
15:51d'avoir eu honte, en fait.
15:52Et ce livre-là,
15:53c'est une manière d'hommage.
15:55Mon père m'a
15:55beaucoup apporté.
15:59Oh non !
16:00Sur le plan cinématographique,
16:02sur le plan...
16:03Voilà, il m'a donné...
16:04C'est lui qui m'a fait
16:05écouter Europe 1,
16:05qui m'a fait lire Paris Match,
16:06qui m'a amené voir des films.
16:09Donc tout ça, évidemment,
16:10c'est vrai.
16:11Vous avez eu les larmes aux yeux.
16:13Jamais je pensais...
16:13Oui, mais c'est à cause de demance.
16:15J'ai lu son livre.
16:16Je suis rentré dans ce studio.
16:18J'étais...
16:19Voilà.
16:19Et puis quand j'ai vu Nicolas...
16:22C'est pas grave.
16:23Parce qu'il vous a touché, son livre.
16:25Son livre ?
16:25Il m'a explosé.
16:27Ouais.
16:27Vous venez de lui dire ça
16:28pendant le disque.
16:30On a mis spécialement pour vous.
16:31Mais là, on va parler
16:32de votre livre.
16:33Et là, du coup,
16:34comme j'ai deux mecs
16:35qui chialent devant moi,
16:36donc c'est un peu...
16:37C'était pas prévu comme ça.
16:40Donc là, on va continuer
16:41dans la chiance.
16:42Ce que je vous dis,
16:43c'est parce que vous parlez aussi
16:44de vos enfants dans le livre.
16:45Et c'est là où c'est toujours...
16:46Qu'est-ce que vous voulez que je dise ?
16:46Moi, vous m'avez touché.
16:47Je me suis dit, tiens,
16:48ça va être encore un énième bouquin
16:49d'Ardisson qui fusille tout le monde.
16:51C'est pas les mémoires de Castaldi,
16:52vous voyez, oui.
16:53Oui, mais c'est...
16:54D'abord, c'est écrit.
16:56Et puis, il y a les enfants.
16:58Vos trois enfants,
16:58Manon, Ninon et Gaston.
17:00Vous parlez de votre culpabilité
17:01à vous n'êtes pas occupé d'eux.
17:02Et viennent vous dire,
17:03Papa, on voulait te dire
17:04que tu répètes souvent
17:05que tu ne t'es pas occupé de nous
17:06à cause de la télé.
17:06Ils ne regrettent rien.
17:07C'était ta vie.
17:08On t'aime.
17:09Part en paix.
17:11Oui, mais ils ne m'en veulent pas,
17:12il paraît.
17:14Non, mais j'ai tout sacrifié
17:15à ma carrière.
17:15C'est clair.
17:16C'est vrai qu'il faut dire la vérité.
17:17J'avais une telle revanche
17:18à prendre sur la vie.
17:19Je suis arrivé à Paris,
17:20j'avais 50 balles,
17:21je ne connaissais personne.
17:22Je voulais réussir.
17:23Je ne commençais pas à me suicider
17:24parce que c'était tellement...
17:25Ce que dit très bien,
17:26c'est qu'à un moment,
17:27le suicide apparaît
17:28comme une solution.
17:29Je me suis suicidé
17:30à l'âge de 20 ans.
17:31Vous avez fait une tentative
17:32de suicide.
17:33Voilà.
17:33Vous racontez dans le livre.
17:34Une tentative, évidemment.
17:35Heureusement, d'ailleurs.
17:36Et si vous voulez,
17:37c'est là que j'ai refusé
17:38de voir un psy
17:39parce qu'on m'a dit
17:39on va te soigner,
17:40tu vas devenir normal.
17:41Je me suis dit
17:41mais je ne veux pas du tout
17:41être normal.
17:43Mais après,
17:43je me suis accroché à l'héroïne.
17:45Part en paix.
17:46Donc, ça, c'est les enfants.
17:48Et puis, tout au long du livre,
17:49il y a l'amour.
17:51Audrey, Audrey Crespo-Marac,
17:53le livre est dédié à elle.
17:54Elle revient au début,
17:55à la fin, au milieu.
17:57Elle est d'ailleurs en régie.
17:58Elle est venue vous accompagner
17:59ce matin, décidément.
18:00Quinze ans que ça dure.
18:01Ardisson amoureux, fidèle,
18:03rangé des voitures.
18:04Elle est forte, Audrey ?
18:06Très.
18:07Je crois qu'elle m'aime.
18:09Oui, malgré tout.
18:11Je crois qu'elle m'aime.
18:11Vous ne devez pas être
18:12un cadeau au quotidien, non ?
18:13Je m'arrange.
18:15Il y a une jolie phrase de Brel
18:16qui résume un peu votre vie,
18:18Thierry Ardisson.
18:19Je voulais juste qu'on l'écoute.
18:20Je voulais terminer en musique
18:21avant les imprimés.
18:28C'était la phrase
18:37dans Conféchant de Baby Boomer.
18:39C'est la phrase qui en exergue.
18:40Il nous en a fallu du temps
18:41pour être vieux sans être adulte.
18:43C'est le cas.
18:44Merci, en tous les cas.
18:45Je termine par les impromptus.
18:47Vous répondez rapidement
18:47sans trop réfléchir.
18:49On y va.
18:49Paris Dernière
18:49ou Rive droite, Rive gauche ?
18:51Paris Dernière quand même
18:53parce que c'est la nuit dans Paris
18:55et tout est possible.
18:56Vous allez fêter les 30 ans
18:57de Paris Dernière
18:58après avoir fêté les 20 ans
18:59de 93 Faubourg.
19:01C'est bientôt fini
19:01les commémorations.
19:03Ça sent le cercueil.
19:04C'est ce que j'allais vous dire.
19:06Ça sent le sapin.
19:06Je ne sais pas.
19:07Instagram ou Twitter ?
19:09Ni l'un ni l'autre.
19:10Vous utilisez ChatGPT ?
19:12Oui, alors moi, on me dit
19:13ça donne des idées.
19:14Alors je dis
19:15trouve-moi une idée
19:15pour le dimanche après-midi
19:16sur France 2.
19:17Il me répond
19:18mais Game of Thrones.
19:19Je dis c'est pour trouver ça.
19:20Je n'ai pas besoin de toi, connard.
19:22Les 100 jours de Trump
19:23en un mot.
19:25Chaos, catastrophe.
19:27Zelensky en un mot.
19:30C'est une espèce de Churchill.
19:31Bonjour.
19:32Ça va ?
19:33Là, c'est bonjour
19:33à Charline Vanhoenacker.
19:35Jean-Paul II
19:36ou le pape François ?
19:38Le pape François,
19:40bien que vous avez vu
19:42sur ces news,
19:42il déteste le pape François.
19:43C'est bon signe.
19:45Squeezie ou Inokstag ?
19:47Squeezie et Squeezie.
19:49On s'est réconciliés.
19:50Oui, pareil.
19:50On s'est un peu fâchés.
19:51Oui, vous étiez fâchés.
19:52Alors ?
19:53Vous vous êtes fâchés
19:54avec des gens, vous ?
19:55Ce sera peut-être pareil.
19:55Vous êtes prêts ?
19:57Vous réconciliez Charline Thierrien-Bisson ?
19:59Parce que vous étiez engueulé
20:00il y a quelques années ici.
20:01C'est lui qui m'a engueulé.
20:02Les gens qui me font rire,
20:04je suis toujours prêt
20:04à me réconcilier avec eux.
20:06Marc-Olivier Fogiel
20:06ou Laurent Ruquier
20:07dans les réconciliations ?
20:08Marc-Olivier Fogiel.
20:09Ah oui ?
20:10Ah non, Laurent, il est quand même là,
20:11il est allé un peu loin, mais bon.
20:12Ah, vous allez vous réconcilier bientôt.
20:14Oui, c'est pas vrai.
20:15C'est vrai que la seule fois
20:15que vous avez rencontré John Lennon,
20:17c'était dans des toilettes
20:18ou s'est inventé ça ?
20:19Non, j'ai noné ça, c'est faux.
20:21En revanche, j'ai rencontré George Harrison
20:23et je lui ai dit
20:24j'adore ce que vous faites,
20:25il faut être con quand même.
20:27Putain !
20:28Est-ce que c'est vrai
20:28que vous avez inventé
20:29une fausse citation de Sénèque
20:30et que personne n'a rien vu ?
20:31La fausse citation était
20:32« De tous les vices,
20:33le pire est l'excès de vertu ».
20:35Ça aurait marché.
20:36Même chez Demorand,
20:37il n'aurait pas vu que c'était faux.
20:39C'était mon livre,
20:40mon livre rive droite
20:40où c'était l'histoire d'un junkie
20:42qui arrêtait la dope
20:43et qui tuait des junkies.
20:45Et de tous les vices,
20:46le pire est l'excès de vertu
20:47puisqu'il tuait des junkies.
20:48Et Dieu dans tout ça, pour finir ?
20:50Dieu, il m'aide tous les jours.
20:53Le livre s'appelle
20:54« L'homme en noir,
20:55hardi sont différents. »
20:56C'est chez Plon.
20:57Merci.
20:57Et belle journée à vous.