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Le 7 mai, le Sacré collège réunira les 133 cardinaux-électeurs venus de 70 pays différents. Ils auront la lourde tâche de donner un nouveau pape aux 1,4 milliard de catholiques. Pour cela, ils vont voter.

Retrouvez « En toute subjectivité » avec Dominique Reynié sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00Et à 7h20, en toute subjectivité avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique,
00:06Dominique Régnier, vous nous parlez ce matin, Dominique, du conclave.
00:10Voilà Nicolas, dans deux jours, le 7 mai, le Sacré Collège réunira les 133 cardinaux électeurs
00:18venus de 70 pays différents. Ce sera d'ailleurs le conclave le plus divers
00:23géographiquement et culturellement de toute son histoire.
00:25Les cardinaux auront la lourde tâche de donner un nouveau pape aux 1,4 milliard de catholiques
00:32et pour cela, ils vont voter. L'Église recourt à l'élection depuis ses débuts,
00:36dans le christianisme primitif, du 1er au 3e siècle, pour désigner les titulaires des grandes charges,
00:43à commencer par les évêques. Au 3e siècle, on peut lire dans les textes de l'Église
00:48que l'on ordonne l'évêque, celui qui a été choisi par tout le peuple.
00:53Au 5e siècle, on peut lire aussi que celui qui doit commander à tous doit être choisi
00:58par tous. À un moment où l'Europe s'organise en monarchie héréditaire, l'idée que l'autorité
01:04légitime repose sur la discussion et le consentement des gouvernés ne peut que paraître menaçante
01:10au pouvoir séculier et d'autant plus que l'Église est en expansion. Elle fait élire
01:15ses évêques, qui sont de plus en plus puissants, et des abbés dans des monastères
01:19de plus en plus nombreux. Rois, princes, clans ou familles puissantes veulent peser
01:23sur ces élections. C'est pour lutter contre ces intrusions que le collège électoral
01:27du pape est limité aux seuls cardinaux depuis la fin du 11e siècle. C'est aussi pour assurer
01:33la liberté de choix des cardinaux que le conclave est si strictement formalisé au 13e
01:38siècle. De même, pour combattre les marchandages, les pressions, la corruption, le vote secret
01:44est rendu obligatoire à la fin du 13e siècle. L'Église a donc une grande expérience
01:49de l'élection et pourtant il en faut du temps pour élire un pape. Oui Nicolas, le temps
01:54nécessaire tient à la spécificité de ce vote. L'élection est au cœur de l'Église
01:59mais une compétition électorale en serait la négation. On ne fait pas campagne.
02:04Les discussions ont déjà eu lieu avant le début du conclave. Il ne peut pas y avoir
02:08de candidat. Cela reviendrait à se proposer soi-même quand le choix doit émaner pleinement
02:13du conclave lui-même, approchant ainsi l'idéal d'une élection libérée des ambitions.
02:19Et si depuis le 12e siècle, il faut au moins les deux tiers des votes pour désigner l'élu,
02:24sachant que l'abstention et le vote plan ne sont plus acceptés depuis 1996, c'est
02:30afin de pouvoir affirmer l'unité de l'Église en proclamant le résultat.
02:34Voilà près de 2000 ans que l'Église catholique théorise le principe de l'élection et s'attache
02:39à en définir les bonnes modalités inspirées par une conception égalitaire de l'humanité.
02:44A partir du 7 mai prochain, le conclave va placer l'élection du pape et l'immense corpus
02:49de principes et de règles dont il procède au centre de l'espace public planétaire.
02:54En ces temps de despotisme conquérant, on peut y voir un événement rappelant au monde
02:58que le choix des gouvernants par les gouvernés demeure le seul idéal politique digne de l'humanité
03:04et que l'élection en constitue l'indépassable condition.
03:08Dominique Régnier, merci et à lundi prochain.

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