Nos députés sont-ils vraiment favorables au parlementarisme ? En toute subjectivité Dominique Reynié

  • il y a 2 semaines
Il y a longtemps que des responsables politiques dénoncent l’extrême personnalisation du pouvoir sous la Vème République.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite

Category

🗞
News
Transcript
00:007h20 en toute subjectivité donc ce matin avec vous Dominique Régnier, drôle de question,
00:05nos députés sont-ils vraiment favorables au parlementarisme ?
00:09Nicolas Demorand, il y a longtemps que des responsables politiques dénoncent l'extrême
00:14personnalisation du pouvoir sous la Vème République, ils en appellent à la restauration
00:19d'un parlementarisme responsable, au point pour certains, principalement à gauche, de
00:24programmer le passage au scrutin proportionnel, voire à une VIème République.
00:29Mais aujourd'hui, ces partis, leurs élus, ne nous montrent pas ce parlementarisme régénéré
00:34alors que la crise actuelle offre l'occasion de le faire et nous en aurions grand besoin.
00:40Déjà, lors de la brève législature précédente, entre juin 2022 et juin 2024, dans le cadre
00:47d'une assemblée ne disposant que d'une majorité relative, les députés ont échoué, s'ils
00:52ont tenté à faire émerger un parlementarisme constructif.
00:55Le président de la République a saisi l'occasion pour interrompre par la dissolution une législature
01:01difficile dans l'espoir d'obtenir une majorité absolue et de reprendre la main sur l'Assemblée
01:07Nationale.
01:08Lors de ces nouvelles élections législatives, aucun parti n'est parvenu, seul ou en coalition,
01:13à remporter la majorité.
01:15Étrangement, lorsqu'il s'agit de rechercher un accord, cela ne les empêche pas de poser
01:20toutes sortes de conditions préalables incompatibles avec la situation, ne serait-ce que du point
01:25de vue de l'arithmétique parlementaire.
01:27Les partis semblent moins occupés à chercher une solution au blocage politique qu'à alimenter
01:32la compétition des uns avec les autres, dans un moment où ils sont contraints, à l'évidence,
01:38de chercher à réunir.
01:39Qu'est-ce qui vous fait dire ça, Dominique ?
01:41D'abord, Nicolas, le RN qui, avec 126 députés, est le premier groupe politique de l'Assemblée
01:47Nationale.
01:48On le sait, il a été exclu, a priori, de toutes les combinaisons possibles.
01:52Ensuite, le Nouveau Front Populaire qui, avec 193 députés, est la coalition rassemblant
01:57le plus grand nombre d'élus.
01:59Le NFP exige la nomination de sa candidate à Matignon, reste rivé sur son programme
02:05radical dont il veut l'application sans réserve.
02:07Alors que, demeurant minoritaire, puisqu'il lui manque une centaine de députés pour
02:12atteindre la majorité, le NFP ne peut rien sans convaincre nécessairement une fraction
02:16des partis adverses.
02:17Quant à la droite, on voit bien qu'elle est soucieuse, comme tous les autres, de se
02:21préserver pour les prochaines élections.
02:22Elle hésite à soutenir un gouvernement composé d'héritiers du macronisme.
02:26Tandis que le RN et le NFP parlent de démission du président, de menace de destitution, jugent
02:33inacceptables un gouvernement conduit par les macronistes, au motif qu'ils ont perdu
02:37les élections législatives.
02:38La majorité qui manque au pays est celle des députés attachés à sauvegarder l'intérêt
02:43général.
02:44Le moment n'appelle pas un nouveau mode de scrutin et encore moins un grand soir constitutionnel,
02:49mais une conversion de nos députés aux valeurs du parlementarisme.

Recommandée