Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00Dominique, vous revenez ce matin sur cette campagne électorale totalement inédite.
00:05En cas de dissolution Nicolas, en cas de dissolution de l'Assemblée nationale, la Constitution fixe des délais très courts
00:11pour l'organisation de nouvelles élections législatives,
00:14car une démocratie ne peut pas être privée de son pouvoir parlementaire, ça risquait de perdre toute liberté.
00:20La dissolution a été décidée dans un contexte international préoccupant,
00:24de plus à la veille des JO et au début des congés d'été.
00:28Elle propulse les Français dans l'inconnu et de manière totalement inattendue.
00:32Entre le lundi 17 juin et le vendredi 28 juin, la campagne pour le premier tour ne durera que 12 jours.
00:39Par définition, rien n'est prêt, personne n'est prêt.
00:42Il faut tout précipiter, l'organisation du scrutin, la mobilisation électorale, celle des partis, des candidats, des électeurs.
00:50La campagne ne passera donc pas par l'affichage, le tractage, les meetings, les débats et les rencontres sur les marchés.
00:56Nous n'aurons pas le temps.
00:57L'élection dépendra plus que jamais des médias audiovisuels, de l'information continue et de la frénésie des réseaux sociaux.
01:04Les conditions ne sont guère favorables à un choix réfléchi.
01:07Mais il y a déjà eu, Dominique, des dissolutions, la dernière en 1997 et ça n'a pas posé de problème.
01:14Lorsque le président Jacques Chirac décide la dissolution en 1997, la majorité de droite est en place depuis plus de 4 ans,
01:21le parti socialiste est le principal opposant, il est un parti de gouvernement expérimenté, modéré, démocratique.
01:28Entre l'élection de François Mitterrand en 1981 et celle de Jacques Chirac en 1995, droite et gauche s'étaient succédé au pouvoir 5 fois
01:36et les français avaient vécu deux cohabitations associant la droite et la gauche.
01:41En 1997, la perspective de voir les socialistes revenir au pouvoir à l'issue de la dissolution n'était pas de nature à inquiéter.
01:49En 2024, tout est différent, les partis de gouvernement sont tous menacés de disparition.
01:55Inévitablement, la dissolution est ressentie par beaucoup de français comme une perturbation brutale et inquiétante du cours de leur existence.
02:03Bousculés, pressés par le temps, les 49 millions d'électeurs appelés aux urnes sont vulnérables.
02:09Plus que jamais exposés à un espace public où la confrontation l'emporte manifestement sur le débat,
02:15la trans sur la nuance, la radicalisation sur la modération, une telle polarisation s'oppose au compromis et à la réconciliation.
02:23Et à quoi peut-on s'attendre ?
02:25Dans ces conditions, après avoir saisi tout le monde, cette campagne éclair donnera le sentiment de se terminer à peine commencé.
02:31Un sentiment propice à l'incompréhension des résultats, voire à leur contestation et jusque dans la rue.
02:37C'est déjà une tendance observable dans une partie du monde démocratique, on l'a vu aux Etats-Unis en 2020.
02:43Et c'est une tendance que l'on voit pointer en France depuis quelques années.
02:46Pour la première fois, chez nous, c'est ce que nous devons craindre à l'issue d'un scrutin national.
02:51Or, sans le respect absolu de la décision électorale, notre démocratie s'effondrera.
02:56Dominique Regnier, merci et à mardi prochain.