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De son enfance à Cuba jusqu'à sa prise de pouvoir triomphale, Fidel Castro a façonné l'histoire du XXe siècle à travers sa lutte acharnée, ses réformes radicales et ses confrontations mondiales. Ce documentaire vous plonge au cœur de l'épopée d'un homme devenu l'icône d'une révolution, admiré par certains, redouté par d'autres. Revivez l'ascension fulgurante de ce leader charismatique, de la Sierra Maestra aux Nations-Unies, dans une fresque captivante et documentée.

Ce documentaire a été réalisé à des fins pédagogiques et peut contenir des images qui peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes. Si vous êtes une personne sensible, le visionnage de ce documentaire vous est déconseillé.

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Personnes
Transcription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30Ce grand jeune homme vêtu d'une veste noire, c'est Fidel Castro.
00:34Il est devenu fidèle à un leader désigné par son seul prénom depuis sa prise du pouvoir à Cuba, les armes à la main.
00:40Sa barbe, son uniforme, composent une image universelle, celle d'un dirigeant socialiste à part, rebelle, séducteur et tenace,
00:49puisqu'il est resté commandant en chef dans le naufrage de sa propre révolution.
01:00Fidel a inventé l'art de faire de la politique vêtu comme un soldat, d'annoncer des épreuves de force,
01:09de se préparer sans cesse à combattre pour le faire, le plus souvent par la parole.
01:16À force de conviction, à partir de sa petite île de sucre et de mambo,
01:20ce surdoué de la démesure est parvenu à s'installer sur la scène mondiale, dans l'affrontement des superpuissances.
01:26Fidel affirme être né en 1926.
01:35Les historiens déclarent que c'est en 1927.
01:39La province d'Orient, dans l'est de Cuba, est alors une terre de pionniers.
01:43On y défriche pour cultiver la canne à sucre et pour tailler les pâturages pour les troupeaux.
01:51Le père de Fidel, Angèle Castro, est un immigré espagnol.
01:55Il règne sur 8 enfants et 4000 hectares, où il fait vivre 500 familles.
02:01La mère de Fidel, Alina, est une servante.
02:04Son père l'a épousée après qu'elle lui ait donné 5 enfants, dont Fidel.
02:08Les Castro constituent une tribu austère, menée par un patriarche galicien,
02:13un homme au pouvoir absolu, dur au travail et très éloigné de la rumba dansée dans l'île.
02:20Fidel Castro n'a jamais vu fonctionner un système démocratique.
02:23Son enfance s'est déroulée sur un fond de dictature défendu par des militaires,
02:27jusqu'à ce que l'un d'entre eux, le sergent Fulgencio Battista, dit le beau mulâtre,
02:32mène une rébellion contre le dictateur Gérardo Machado.
02:35La Havane fêtera follement la victoire de ses mutins sur un pouvoir civil détesté.
02:45Il aura suffi à Battista de se montrer déterminé
02:47pour que le dictateur s'enfuit et que la rue s'enthousiasme.
02:51D'abord flanqué d'un président, Battista devient en quelques mots un colonel,
03:12puis président lui-même.
03:13Le pouvoir des armes lui a donné le pouvoir civil.
03:31Fidel est alors un bon élève indiscipliné des frères Maristes,
03:34où il entre comme interne dès l'âge de 5 ans à Santiago de Cuba.
03:38Dans cet énorme bourg, un peu frustre,
03:41où convergent propriétaires enrichis et travailleurs noirs en mal d'embauche,
03:46il vit une dizaine d'années avant de finir ses études secondaires à la Havane,
03:50au collège de Bélen, tenu par les Jésus.
03:53L'adolescent fait là ses premières lectures politiques,
03:56influencées par le franquisme espagnol.
03:59Surtout, il découvre une vraie ville,
04:01une capitale lourde de monuments et de richesses,
04:04une métropole où le poids de l'histoire se fond avec l'image de l'autorité.
04:08Fidel fait son droit.
04:13A Cuba, le pouvoir semble alors assaisir.
04:16Batista est à son tour un dictateur contesté.
04:18A l'université, la haute silhouette de Fidel Castro émerge au sein des manifestations.
04:26Le grand leader universitaire, c'est José Antonio Echeverria, dit la petite pomme.
04:32Dénoncer la corruption de la classe politique cubaine est son thème favori.
04:35Fidel aime lui faire écho, mais préfère suivre le parti orthodoxe, une formation libérale.
04:43Le chef de ce parti s'appelle Edi Chibas.
04:54Pour tous, il n'existe qu'une référence, la guerre d'indépendance contre les Espagnols à la fin du 19e siècle.
05:00Le poète José Marti, tué au combat en 1895, est le modèle.
05:05Lutter pour lui se résume à une alternative, la patrie ou la mort.
05:09Fidel est alors un nationaliste qui ignore les problèmes sociaux.
05:15Un juriste attiré par les jeunes filles de la bourgeoisie, vêtues à la façon des Américains.
05:20Il se fiance à la fille de Raphaël Diaz-Ballard, un avocat de Batista.
05:27Elle ressemble à ces cubaines à la peau blanche qui trouvent leur hall sur des rivages de cocotiers.
05:32Pour son voyage de noces, Fidel emmène Myrtha aux Etats-Unis avec de l'argent donné par son beau-père et même, dit-on, par Batista.
05:40Un garçon naîtra bientôt, Fidelito.
05:46Le chef de son parti, Edi Chibas, se suicide en direct à la radio pour se laver du déshonneur d'une accusation mensongère.
05:54Fidel en est bouleversé.
05:56Il croit qu'un destin politique implique un sacrifice.
05:58Il se le rappelle quand Batista fait un putsch militaire.
06:03En tant qu'avocat, il dénonce en vain cette action qui lui interdit de se présenter aux élections au Parlement.
06:08Batista a suspendu la tenue du scrutin du printemps 1952.
06:12Il est désormais un dictateur que Fidel veut renverser par les armes.
06:16Un chef de gouvernement illégal et appuyé par les Etats-Unis.
06:22Il y a tant d'intérêts américains à Cuba que Washington préfère sauver les dollars plutôt que la démocratie.
06:28Les touristes venus des Etats-Unis se bousculent à la Hava.
06:35Plus que jamais, la ville est la sulfureuse capitale des plaisirs de la nuit.
06:40La fête, le carnaval, sont les mauvais habits d'un régime en équilibre sur la force et la corruption.
06:50Dans ses réceptions, Batista mélange avec Fast l'aristocratie cubaine et des notables américains en visite,
07:07tel Richard Nixon, un sénateur qui sera bientôt vice-président.
07:11La rue offre un autre visage, avec des manifestations étudiantes, souvent proches de l'émeute,
07:20et un rituel d'affrontement autour de l'université de la Havane,
07:24où la police nationale, au terme de la loi, ne peut pas pénétrer.
07:29Echeveria, la petite pomme, a créé un directoire révolutionnaire
07:33qui combat en première ligne jusqu'à la mort de son leader en 1957, les armes à la main,
07:38lors d'un assaut contre le palais de Batista.
07:41Fidel attend moins longtemps pour user des armes.
07:44Il a 26 ans et une froideur aveugle l'habite
07:47quand il mène une centaine de ses partisans à l'assaut de la Moncada,
07:51une caserne de Santiago de Cuba.
07:53L'épisode est bref.
07:54On relève 21 morts, 32 blessés.
07:58Mal préparés, mal dirigés, l'attaque échoue,
08:02mais sa détermination violente impressionne les Cubains.
08:05La plupart des assaillants sont arrêtés,
08:08beaucoup sont aussitôt abattus.
08:18Castro, lui, survit et connaît la notoriété.
08:21Son groupe prend le nom de mouvement du 26 juillet.
08:25Il est condamné à la plus forte sentence prononcée pour insurrection à Cuba,
08:2915 années de détention.
08:35Moins de deux ans plus tard,
08:37Gracié, il quitte pourtant la prison avec des compagnons de lutte,
08:41son petit frère Raoul
08:42et un noir, Juan Almeida.
08:46Batista a été clément envers un opposant jugé peu important.
08:50mais Fidèle a mûri en prison.
08:53Il a divorcé,
08:54il a lu des romanciers classiques,
08:56Victor Hugo,
08:58Dostoyevski,
08:59Romain Roland.
09:03Il a découvert l'histoire napoléonienne
09:05et des textes marxistes.
09:07Il a réécrit la plaidoirie prononcée à son procès
09:30pour en faire son premier manifeste.
09:32Son titre est emprunté à Hitler,
09:35l'histoire Mapsoudra.
09:38Fidèle Castro reste un disciple d'Edith Chibas,
09:41mais il rêve de violence pour renverser Batista.
09:44Il ne supporte plus d'être hébergé par ses frères et sœurs,
09:47ni de retrouver les conversations mesurées de ses ex-compagnons d'université.
09:52La belle Havane,
09:53le terrain de jeu politique de ses années d'étudiants,
09:56ne peut pas se transformer en champ de bataille.
09:5753 jours après sa sortie de prison,
10:01il part en exil à Mexico pour préparer sa guerre.
10:05C'est dès lors une vie de conspiration,
10:07d'entraînement secret.
10:08Il se cache.
10:09Le mouvement du 26 juillet recrute un médecin argentin,
10:12un jeune père,
10:14Che Guevara.
10:14Fidèle Castro se rend plusieurs fois aux Etats-Unis.
10:22Il demande aux exilés cubains à New York et en Floride
10:25de l'appuyer et surtout de lui donner de l'argent
10:28contre une promesse qu'il tient.
10:31Débarquer à Cuba avec une troupe armée avant 1957.
10:35C'est le début d'une guérilla devenue mythique
10:38que reconstitue ces images tournées par des soviétiques
10:41au début des années 60
10:42pour un film de propagande au titre révélateur
10:46Un continent en flamme.
10:48Cette longue marche,
10:49deux années et près de 1000 kilomètres,
10:52commence dans l'anonymat.
10:53Les manifestations et les attentats
11:02du directoire révolutionnaire
11:04sont bien plus remarqués.
11:07Ils occupent la rue à Santiago de Cuba
11:10et à La Hava.
11:16D'autant que la troupe menée par Fidèle
11:19et ici Raoul Castro
11:20se cache dans une forêt tropicale
11:23la Sierra Maestra dans l'est de l'île.
11:26Avant de combattre contre les militaires,
11:29Fidèle doit apprendre à vivre une vie de bivouac.
11:33C'est une vie d'errance,
11:34d'un campement à l'autre.
11:36Il renforce son autorité,
11:38son emprise un peu magnétique sur ses compagnons
11:40par un mélange d'optimisme indéfectible,
11:43de persuasion et encore plus d'enthousiasme.
11:50Il vit le moment le plus heureux de son existence.
11:53Il s'appuie sur deux personnes,
11:55Che Guevara.
11:56L'argentin se révèle un soldat résolu.
11:58Il y a aussi une nouvelle venue de 29 ans,
12:03au teint d'olive et aux yeux sombres,
12:06Célia Sanchez,
12:07ici en compagnie d'Aide Santamaria,
12:09la seule autre femme qui compte dans la guérilla.
12:12Célia est un temps la maîtresse de Fidèle,
12:14puis elle devient sa confidente,
12:16son ange gardien,
12:17sa secrétaire intime.
12:19Elle ne le quittera jamais.
12:21Elle organise,
12:22elle humanise son poste de commandement.
12:24Fidèle poursuit les lectures entamées en prison.
12:27La guérilla est sa véritable université.
12:31Le style de Fidèle,
12:33cette spontanéité brutale du guérillero barbu,
12:37chaussant des lunettes à monture épaisse
12:38pour lire et tirer au fusil,
12:40a été dévoilée une fois pour toutes
12:42par le New York Times.
12:46Herbert Matthews,
12:47un reporter reçu par les guérilleros,
12:50a révélé le premier
12:51qu'il ne fallait rien croire
12:52des communiqués de Batista
12:53annonçant la mort de Fidèle
12:55lors du débarquement.
12:57Au contraire,
12:58Fidèle et sa guérilla se portent bien.
13:02Durant toute l'année 1957,
13:04les combats sont plus rares
13:05que les travaux domestiques.
13:07Il faut vivre le mieux possible.
13:14Aider les familles des pionniers
13:15installées dans la montagne.
13:20Enseigner à leurs enfants.
13:25Améliorer l'approvisionnement.
13:30Se préparer à combattre.
13:31La création de Radio Rebelle
13:36au printemps 1958
13:38diffuse sur les ondes
13:40jusqu'au Venezuela
13:41la volonté de toute la troupe
13:43de renverser la tyrannie par les armes.
13:46Batista doit relever
13:48ce défi de guérilleros
13:49si bien installés
13:50sur leur territoire libéré
13:51qu'ils suivent le baseball
13:53à la télévision
13:54dans des bases visitées
13:55par la presse du monde entier.
13:56L'offensive des troupes
14:03de Batista
14:04durant l'été 1958
14:05n'en tourne pas
14:07moins à la déroute.
14:09Fidèle connaît le terrain.
14:11Il choisit le lieu des combats
14:12et ne les accepte
14:13que lorsqu'il est certain
14:14de l'emporter.
14:16Il a l'appui des paysans
14:17qui sont devenus ses voisins.
14:19Il a des chefs expérimentés.
14:21Camilo Sienfuegos
14:22avec son chapeau de ranger.
14:24Leur, Tché, son frère Raoul
14:26qui sert ici la main
14:27de Robert Vichat
14:28responsable de la CIA
14:30dans l'île.
14:31Preuve que les Etats-Unis
14:32ne croient plus en Batista.
14:35La fuite en exil de Batista
14:36prend pourtant fidèle par surprise.
14:39Il met 8 jours
14:40pour venir à la Havane
14:41depuis l'autre bout de l'île
14:42afin de se saisir
14:43d'un pouvoir tombé
14:44sans combattre.
14:46Procession lente, triomphale
14:48d'une troupe de guérilleros
14:49barbues.
14:51Ce serait une parade
14:52de machos un peu ridicule
14:53s'il n'y avait le charisme
14:54et la beauté inaccessibles
14:56de leur chef.
14:57À 32 ans,
14:59c'est l'apothéose de Fidel.
15:02Il n'avait jamais pu remporter
15:04une élection du syndicat étudiant
15:06à l'université de la Havane.
15:08On y promène aujourd'hui
15:09la bannière du mouvement
15:10du 26 juillet.
15:12Autant que son accession
15:14précoce au pouvoir,
15:15c'est sa manière
15:16de se jeter dans l'arène politique
15:18qui lui confère instantanément
15:19une célébrité mondiale.
15:21Fidel Castro
15:23a fait de la guérilla
15:24une stratégie de conquête
15:26du pouvoir.
15:28Un million de personnes
15:28accueillent le leader maximo
15:30dans les rues
15:30de la capitale cubaine.
15:38Fidel navigue
15:40sur un océan d'admiration,
15:42d'amour aveugle.
15:44Le plus intense
15:44reste pourtant à venir
15:46le soir même.
15:47Cuba compte 365 000
15:50postes de télévision
15:51pour 7 millions d'habitants.
15:53Fidel prend la parole.
15:55Il ne la lâchera plus
15:56durant plusieurs décennies
15:57et les Cubains
15:58découvrent un orateur
15:59hors pair.
16:00Sa rhétorique simple,
16:02classique,
16:03est d'autant plus irrésistible
16:04que ce soir-là,
16:06miraculeusement,
16:07des colombes
16:08se poussent sur lui.
16:09C'est le signe
16:10dans les rites afro-cubains
16:11qu'il est désigné
16:13par les dieux.
16:18Pour une population
16:19de toutes couleurs,
16:20Fidel devient à la fois
16:21le Père Noël
16:22et Jésus-Christ.
16:27Il est surtout
16:28un héros insaisissable.
16:30Partout et nulle part
16:31dans une capitale
16:32où il se transforme
16:33en un premier ministre
16:34nanti de plusieurs résidences,
16:37mais sans bureau
16:37ni agenda.
16:38ses collaborateurs
16:43traitent avec lui
16:44à l'impromptu.
16:45Toujours très vite,
16:46car dès qu'il a parlé,
16:48ce virtuose
16:48de l'art du désordre
16:49est déjà reparti.
16:56De l'extérieur,
16:57ses résidences
16:58comme celle-ci
16:59ne se révèlent
17:00que par la présence
17:01de centinaires.
17:03De l'intérieur,
17:05elle laisse deviner
17:06la bohème
17:07d'un vieil adolescent
17:08le désordre
17:09de ses amours,
17:10ses horaires impossibles.
17:15A l'évidence,
17:16Fidel vit dans la nostalgie
17:17de ses errances
17:18du temps de la guérilla.
17:26Fidelito, son fils
17:27qu'il voit peu,
17:28constitue sa seule
17:29famille officielle.
17:30sa famille politique,
17:39c'est le peuple cubain.
17:41Il est un père sévère.
17:43Il demande,
17:43dès son arrivée
17:44à la Havane,
17:45l'épuration
17:46des partisans
17:46de Batista.
17:47Arrestation,
17:55dénonciation,
17:57les prisons
17:58se remplissent.
18:04On procède
18:05à la création
18:06de tribunaux révolutionnaires.
18:09La peine de mort
18:09est rétablie.
18:11Les procès politiques
18:12divisent
18:13les familles
18:14de l'intérieur.
18:14Les enfants accusent,
18:18dénoncent des crimes
18:18commis par des proches
18:19au nom de l'ancien régime.
18:22Les audiences
18:23sont des meetings
18:24où le public
18:24demande toujours
18:25l'envoi de l'accusé
18:26au poteau d'exécution.
18:30Spectacle de haine
18:31et de peur
18:32d'une épuration
18:33à marche forcée.
18:37Près de 600 condamnés
18:39à mort
18:39sont exécutés
18:41en moins de deux ans.
18:44L'université de la Havane
18:53perd son autonomie.
18:55Une immense publicité
18:56installée à son entrée
18:57annonce qu'elle est
18:59aux ordres
18:59du commandant en chef.
19:05Mais le commandant en chef,
19:07lui,
19:08semble aux ordres
19:08du peuple
19:09avec une faconde chaleureuse
19:11qui assure les sympathies.
19:12Quand il s'adonne au baseball
19:14comme tous les Cubains,
19:15il n'est qu'un père
19:16en mal de transmettre
19:17la passion nationale
19:18à son fils.
19:19C'est pourtant un révolutionnaire
19:43qui n'oublie pas
19:43ses origines rurales
19:45puisqu'il commence sa révolution
19:47par la réforme à Grève.
19:48interdiction des exploitations
19:51de plus de 400 hectares.
19:53Redistribution de 40%
19:55des surfaces cultivées.
19:57Création de coopératives.
20:00FIDEL préside un gigantesque
20:02institut national
20:03de la réforme agraire
20:04chargé de transformer
20:05les conditions de vie
20:06à la campagne.
20:07La machette du paysan
20:20devient un symbole
20:21aussi révolutionnaire
20:22que le fusil
20:23du guerrillero.
20:25L'expropriation
20:26des grands domaines
20:27possédés par des étrangers
20:28inquiète les États-Unis
20:30d'autant plus
20:31que FIDEL
20:31est un hôte empressé
20:33auprès d'un vice-premier ministre
20:34inattendu.
20:36Anastaz Mikoyan
20:37est le premier soviétique
20:39venu en visite officielle
20:40à la Havale.
20:41Il regarde tout,
20:51écoute,
20:53parle peu
20:54et assure quand même
20:56qu'il reviendra.
21:01Il a l'ironie
21:02de rendre visite
21:03à l'américain
21:03le plus connu de l'île,
21:05l'écrivain
21:06Ernest Hemingway.
21:08Un cubain de cœur
21:09qui reçut le prix Nobel
21:11de littérature
21:11pour le portrait
21:13d'un pêcheur,
21:14le vieil homme
21:14et la mer.
21:16Quand FIDEL
21:16le rencontre,
21:17ce sera la seule fois,
21:19Hemingway
21:20est des deux
21:20le plus vieil habitant
21:22de la Havale.
21:23Il y est établi
21:24depuis 18 ans.
21:28FIDEL, lui,
21:29n'est pas porté
21:30vers l'Amérique,
21:31mais il sait
21:31que dans la mer
21:32des Caraïbes,
21:33le courant du Gulf Stream,
21:35le plus puissant,
21:36emmène tout
21:36vers les États-Unis.
21:37C'est un insulaire
21:39méfiant vers le continent.
21:42Il saisit l'explosion
21:43d'un bateau de munitions,
21:44le CUBRE,
21:45dans le port de la Havane
21:46pour accuser,
21:47au milieu de la confusion générale,
21:49les services américains
21:50de harceler la révolution.
21:53Dans un moment d'émotion,
21:55les Cubains possèdent
21:56une capacité d'écoute
21:57qui les porte
21:58à se rassembler.
21:59FIDEL maîtrise cela
22:01naturellement.
22:02Les obsèques des victimes
22:03l'installent donc
22:04dans le rôle
22:05qu'il ne délaissera plus
22:06celui de chef
22:07d'une révolution souffrante,
22:09menacée.
22:10Désormais,
22:11il conclut ses discours
22:13sur l'alternative
22:14de José Marti,
22:15la patrie ou la mort,
22:17ce qui pour lui
22:17veut dire
22:18Cuba
22:19ou les États-Unis.
22:23L'escalade se fait
22:24sur le terrain économique.
22:28Été 1960,
22:31Castro nationalise
22:32les installations
22:32des compagnies
22:33pétrolières américaines.
22:37Puis les salles de cinéma.
22:43Et enfin,
22:44les succursales
22:44des banques
22:45des États-Unis,
22:46acquises d'un trait de plus.
22:50De son côté,
22:51le président Eisenhower
22:53bloque les exportations
22:54vers Cuba,
22:55puis interdit
22:56l'achat du sucre
22:56vite enlevé
22:57par des bateaux soviétiques.
22:59Il décrète enfin
23:00un embargo commercial
23:02complet.
23:10L'affrontement
23:11est assez net
23:12pour que Fidel,
23:14entouré des dirigeants
23:15de la révolution,
23:16dénonce devant
23:17une foule immense
23:18le traité d'assistance mutuelle
23:19lié en Cuba
23:20et les États-Unis.
23:22Il le remplace
23:22par une déclaration
23:23de la Havane,
23:25un texte anti-américain
23:26qui rejette capitalisme
23:28et impérialisme
23:29et énonce le devoir
23:30pour tout État
23:31d'être solidaire
23:33des plus défavorisés.
23:35Voilà pour la théorie
23:36de ce qui est déjà
23:37le castrisme.
23:38La pratique vient
23:41quelques jours plus tard
23:42lors d'un voyage
23:43à New York
23:44pour la cession
23:45des Nations Unies.
23:47Fidel change
23:47d'abord de terre.
23:49Il passe avec éclat
23:50d'un palace
23:51à un établissement
23:52modeste de Harlem
23:53pour que la presse
23:55sache bien
23:55dans quel camp
23:56il vit.
23:58Deuxième acte,
23:59il dîne
23:59avec le personnel
24:00et demande
24:01que l'on mette
24:01tout sur sa note.
24:02Il a fait venir
24:04d'urgence
24:04Juan Almeida,
24:06seul dirigeant
24:07cubain noir
24:07d'importance,
24:08afin de l'asseoir
24:09à sa gauche.
24:11Voilà pour la leçon
24:12de solidarité.
24:12Les rencontres
24:21enthousiastes
24:22avec le leader
24:22soviétique
24:23Nikita Khrouchov
24:24assurent la dimension
24:26anticapitaliste
24:26du voyage.
24:28Impossible
24:29d'ignorer
24:29les deux hommes.
24:31Il a fallu
24:31258 policiers
24:33new-yorkais
24:33pour protéger
24:35les traintes
24:35qu'ils échangent
24:36dans la rue.
24:40Quant à
24:41l'anti-impérialisme,
24:42c'est l'objet
24:43du plus long
24:44discours prononcé
24:45devant les Nations Unies.
24:474 heures
24:4726 minutes
24:48d'imprécation
24:49contre l'exploitation
24:50des pauvres
24:50et de réquisitoires
24:52contre les Etats-Unis.
24:54C'est une révélation
24:55pour les délégués
24:56du Tiers-Monde
24:56où 17 Etats
24:58ont accédé
24:58à l'indépendance
24:59depuis un an.
25:04Fidel
25:05est le héros
25:06naturel
25:06du temps
25:07de la décolonisation.
25:08Sa posture
25:09de défi
25:09séduit
25:10à l'identique
25:11des paysans cubains,
25:12des diplomates
25:13africains
25:14ou des intellectuels
25:15new-yorkais
25:16menés ici
25:16par le poète
25:17Allen Ginsberg.
25:28Les Etats-Unis
25:29ayant saisi
25:30son avion,
25:31il parade
25:31au retour
25:32sous l'œil
25:33de Célia Sanchez
25:34dans un appareil
25:35prêté par l'Union
25:36soviétique.
25:36Il sait
25:38qu'il vient
25:38de réaliser
25:39en dix jours
25:40un inégalable
25:41numéro de propagande.
25:43Mais il ignore
25:43que pendant 30 ans,
25:45il ne reverra
25:46que deux fois
25:46le monde occidental,
25:48le temps
25:48d'un autre discours
25:49à l'ONU
25:49et d'une escale
25:50technique en Espagne.
25:51fidèle
26:00s'enferme
26:01dans sa révolution.
26:03La CIA,
26:03malgré huit tentatives
26:04d'attentats,
26:05ne peut l'atteindre.
26:07Il vit dans une société
26:08qui lui ressemble
26:09tout à fait,
26:10à l'image de la Havane,
26:12devenue une métropole
26:13à la fois civile
26:14et militaire,
26:15souriante
26:16et pourtant armée,
26:18toujours mobilisée.
26:18Avec la santé
26:25gratuite
26:25pour tous,
26:26la lutte
26:27contre l'analphabétisme
26:28devient une sorte
26:29de guerre.
26:30Quiconque sait écrire
26:31est diplômé
26:32par la révolution.
26:35Fidèle
26:36ne cesse
26:36de répéter
26:37que savoir lire
26:38est un droit fondamental
26:39de l'homme
26:40et donc un devoir
26:41de la révolution.
26:48Il s'exaspère
26:54de constater
26:55que cela permet
26:55à chacun
26:56de lire les tracts
26:57lâchés par les avions
26:58de ses opposants
26:59exilés aux Etats-Unis.
27:01Mais très vite,
27:02on passe au bombardement.
27:08Puis aux attaques,
27:11aux mini-débarquements,
27:14aux raids terroristes
27:15appuyés par les services
27:16secrets américains.
27:18Fidèle
27:21n'a pas défié
27:22les Etats-Unis
27:23en vain.
27:26Un affrontement
27:27se prépare
27:28où Cuba
27:28devra manier
27:29la fronte
27:29de David
27:30contre Goliath.
27:35Quand enfin,
27:36le 17 avril,
27:37se produit
27:38le débarquement
27:39d'une force
27:39d'anticastristes
27:40appuyée par les Etats-Unis,
27:42Fidèle
27:43commence la guerre
27:43à l'intérieur.
27:45Il proclame
27:46le caractère socialiste
27:47de sa révolution
27:48et fait arrêter
27:50des dizaines
27:50de milliers
27:51de Cubains
27:51tenus pour adversaires
27:52du régime.
27:55Quant à l'autre guerre,
27:56sur les plages
27:56de la Baie des Cochons,
27:58dans une zone déserte
27:59de la côte sud,
28:00elle est gagnée
28:01en deux jours.
28:02Mal renseignée,
28:03la CIA a choisi
28:04l'un des pires endroits
28:05pour débarquer,
28:06un fouillis de marée
28:07au sol peu solide.
28:09Et la mobilisation populaire
28:11des défenseurs
28:11a été sous-estimée.
28:14Fidèle tire lui-même
28:15à partir d'un char
28:16sur les bateaux
28:17des embahisseurs.
28:25Triomphe total
28:26et personnalisé.
28:27Il interroge
28:28à la télévision
28:29quelques-uns
28:29de ses 1189 prisonniers.
28:33La Havane
28:34est devenue
28:34une citadelle
28:35que les Etats-Unis
28:36ne peuvent plus que guetter
28:37par-delà le détroit
28:38de Floride.
28:44Mais en autorisant
28:45l'année suivante
28:46l'installation à Cuba
28:47de fusées soviétiques
28:48à tête nucléaire,
28:49Fidèle reprend la partie
28:50et les enjeux
28:51cette fois le dépassent.
28:54Le président John Kennedy
28:55ne peut pas accepter
28:56que les Russes,
28:57pauvres en fusées
28:58intercontinentales,
29:00utilisent une base
29:00à 150 km
29:01des côtes américaines
29:02pour y installer
29:03des missiles
29:04à moyenne portée.
29:05Quand des photographies
29:07aériennes démontrent
29:08la présence
29:09de ces engins
29:09à Cuba,
29:11Washington exige
29:12leur retrait
29:13le 22 octobre 1962
29:15et installe
29:16un blocus militaire
29:17autour de l'île.
29:18C'est la première
29:19crise nucléaire,
29:21la seule vraie crise
29:22où les deux dirigeants
29:23de l'époque
29:23auront le doigt
29:24sur le bouton
29:25déclenchant la guerre atomique.
29:27La guerre froide
29:28devient brûlante.
29:32Cuba est au centre
29:33de la cible.
29:35On s'y prépare
29:36à une attaque américaine
29:37et fidèle
29:37et plus résolue
29:38que jamais.
29:39on s'y prépare
29:42sur le buton
29:43de la cible.
29:44qu'est-ce que nous sommes dispensés à mourir
29:47en nos puest.
29:49Mais ce que nous savons,
29:52ce que nous savons,
29:54c'est si le gouvernement des États-Unis,
29:57si les generals du Pentágono,
30:00si les senateurs
30:03qui proclamènent la guerre contre notre patrie,
30:06sont aussi dispensés à mourir.
30:10Fidel accepte même le risque d'une attaque nucléaire américaine sur Cuba,
30:18comme en témoigne sa correspondance avec le leader soviétique Nikita Khrouchov.
30:27Mais les soviétiques cèdent.
30:29Ils évacuent leurs fusées sous l'œil des observateurs des Nations Unies
30:32que Fidel n'a pas laissé entrer dans l'île.
30:35Il est furieux de la reculade de ses partenaires
30:38qui ont plié sans le consulter.
30:40Il se sent désarmé malgré lui,
30:42mais reste agressif.
30:44Il n'est pas pensé
30:48que la retirée des armes stratégiques
30:54nous désarmait.
30:58Son humiliation est immense.
31:04Il a eu la naïveté d'oublier que Cuba n'est qu'un pion dans la partie des deux super-grands.
31:09Lui qui a voulu faire l'histoire se sent trop grand pour son île.
31:13Durant des mois, il parle de quitter le pouvoir.
31:16Les dirigeants soviétiques l'invitent à découvrir l'Europe, leur Europe.
31:32Ils ont de la peine à réchauffer l'enthousiasme de ce leader des tropiques.
31:46Fidel refuse de se laisser mener comme il le veut.
32:02Il lui faut plus que la familiarité de Brezhnev et Khrouchov le jetant dans la neige.
32:18Le commandant en chef partage les jeux de la famille socialiste,
32:22mais il a surtout besoin de ses ressources.
32:24Ayant rejeté le capitalisme, Fidel doit rebâtir une économie à Cuba.
32:33Son ministre de l'Industrie est président de la Banque Nationale de Cuba, Eche Guevara.
32:38Il a été nommé par accident.
32:40Fidel, dans une réunion, avait demandé un économiste.
32:44Croyant tendre un communiste, l'Argentin a levé la main.
32:48La production industrielle et sucrière profite donc de la compétence d'un guerrier roux.
32:54Le leader Maximo organise le pays comme un campement de guerrillas.
33:08Le travail se fait à coup de mobilisation de la population.
33:12Les Cubains, groupés en brigade, participent à ce que le pouvoir appelle des campagnes.
33:18Reforestation, déforestation, moissons.
33:21Fidel se charge de l'émulation.
33:31Le Che, lui, propose à long terme la suppression de l'argent.
33:35Mais il faut décréter le change obligatoire des dollars, faute de ressources,
33:39et créer un système d'épargne des pesos surabondants, faute de produits à vendre.
33:43Il faut aussi créer des carnets de rationnement dans cette économie socialiste en chute libre.
33:51Fidel, qui a placé son entrée triomphale à la Havane au verso des billets décorés du portrait de José Marti,
33:57n'a malgré tout aucun doute sur la voie à suivre.
34:01Et il est certain de la réponse qu'il obtiendra en demandant aux représentants de toutes les provinces
34:06comment baptiser le seul parti qui sera autorisé dans l'île.
34:10Qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu'il est, qu
34:40Devenu communiste, Cuba garde pour héros le Che, reparti à l'étranger afin d'exporter la révolution.
34:59Fidel, lui, vit littéralement dans les champs.
35:02Il devient un leader lancé à la poursuite des rendements agricoles.
35:06Ses expériences échouent, mais elles sont originales.
35:09Il tente la culture des fraises sous les tropiques, de la vigne sur sol argileux, du riz dans l'eau saumâtre ou du café au soleil.
35:21Les taureaux de ces croisements sont stériles et ces vaches, élevées avec la tête à l'air conditionné, ne donnent pas le lait qu'il espère.
35:30Quant au mariage du zébu et de la vache Holstein, c'est un animal baptisé Formule 1 et qui d'emblée est une espèce en voie de disparition.
35:39Les soviétiques, tels le premier ministre Alexei Kosigin, dans une plantation de canne à sucre, affectent d'ignorer ces subtilités de l'agriculture tropicale et castriste.
35:52Ils s'arrangent de ce partenaire d'un type nouveau.
35:55Ils payent pour toutes ces erreurs, ils s'y retrouveront, croit-il, même si Fidel n'est pas un client très loyal.
36:01Fidel, ici avec la fille du Tché,
36:31reçoit pourtant une amère leçon de l'histoire en apprenant la mort du séduisant guérillero argentin.
36:38Tché a été tué alors qu'il voulait répéter l'expérience de la guérilla cubaine en Bolivie.
36:46Cette disparition de l'enfant de la bourgeoisie argentine,
36:50venu libérer une île des Caraïbes et y laisser ses propres enfants avant d'aller mourir dans les Andes,
36:55sonne le glas d'une intrépidité, d'une innocence hardie à qui tout réussissait.
37:01La révolution découvre que le vieux monde peut plier sans rompre.
37:09Désormais, Fidel se hâte sur le chemin classique du communisme.
37:13Il fait fermer 55 000 petits commerces.
37:16C'est une prodigieuse vie nocturne et musicale,
37:19une atmosphère de petits bars, de cafés à toute heure
37:21et de propos d'après-boire qui s'arrêtent
37:24dans une sorte de couvre-feu du quotidien,
37:26étendue aux merceries, aux quincailleries.
37:29La vie cubaine s'assombrit.
37:31Fidel, lui-même, se noie dans un discours
37:45sur l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie.
37:48En tant que leader d'un État vivant sous la menace des États-Unis,
37:58il devrait être solidaire d'un petit pays envahi par un grand
38:01au moment de parler devant ses vieux compagnons de la guérilla.
38:04Mais peut-il indisposer la puissance qui finance son économie ?
38:16Il ne l'ose pas et sa nervosité est celle d'un homme
38:19pris au piège de ses alliances,
38:21d'un homme tenu par le camp qu'il a choisi.
38:23Nous acceptons la mauvaise nécessité.
38:34Pour retrouver sa liberté, pour, dit-il, ouvrir la porte du crédit,
38:53il invite alors Cuba à l'impossible poursuite
38:56de la plus grande récolte de sucre de son histoire.
38:59Les entreprises, les écoles, l'université, l'armée sont mobilisées
39:02comme fidèles dans une bataille visant l'objectif
39:05de 10 millions de tonnes.
39:07À la télévision, le leader Maximo joue le chef d'État-major.
39:10En 1970, Cuba produit seulement 8 millions et demi de tonnes de sucre.
39:34La récolte est un échec.
39:35Elle laisse une économie en plein chaos, ruinée.
39:40Fidèle est à la merci de l'aide des pays de l'Est.
39:43À partir de 1972, son uniforme de commandant en chef
39:46figure régulièrement parmi les complets gris des hommes des appareils socialistes.
39:51Cuba devient membre du Comécom.
39:53Castro cultive sa différence,
39:55mais ses voyages le voient toujours jouer le même rôle.
39:58Après l'Est allemand au Necker, qui envoie le beurre à Cuba,
40:01c'est avec le Tchèque Houssac qui fournit les moteurs électriques,
40:07avec le Roumain Chochescu, spécialiste en camion pour tout le camp socialiste,
40:15ou encore avec le Hongrois Kadar,
40:26qui s'occupe des petits équipements.
40:41Il s'acharne parfois à montrer qu'il est capable d'endosser un uniforme d'étudiant polonais
40:46ou de jouer au basket à Katowice.
40:48Il feint de se passionner pour des monts de charge ou des tracteurs bulgares
41:07avant de recevoir une médaille de plus.
41:09Il n'en est pas moins contraint au même couronnement que les autres,
41:29chez lui, à Cuba,
41:31en recevant l'étreinte de Léonide Brezhnev,
41:34premier secrétaire du Parti communiste d'Union soviétique.
41:36C'est le premier voyage d'un leader soviétique en Amérique latine
41:40et Brezhnev a choisi Cuba.
41:43En 15 ans, Fidèle est passé du statut de révolté
41:46à celui d'Aparachic dans l'Empire communiste.
41:50Le Kremlin lui laisse un domaine en propre, l'Afrique.
41:54Les troupes spéciales, sa meilleure unité,
41:57ont amorcé dès 1975 une intervention en Angola socialiste
42:01pour soutenir le président Agostinho Neto
42:04qui fait face à des maquis d'opposants appuyés par l'Afrique du Sud.
42:12C'est une expédition lourde,
42:15une campagne militaire appelée à durer
42:17et qui déploiera sur le terrain jusqu'à 50 000 soldats cubains à la fois.
42:22Castro est l'allié de Neto.
42:24Au total, 3% de la population adulte de Cuba
42:36ira en mission en Angola
42:37durant 13 années d'une guerre voulue par Fidèle
42:40qui ne veut pas être le mercenaire de qui que ce soit.
42:43L'entrée en guerre coïncide avec le premier congrès du Parti communiste.
43:01Mais là, Fidèle compte plutôt sur les anciens combattants.
43:03Comment nous recordons en ce moment
43:06les hommes extraordinaires que nous accompagnons en cette lutte
43:11et aujourd'hui nous rencontrons physiquement présents en ce congrès.
43:16Abel Santamaría,
43:19Juan Manuel Márquez,
43:20Nico López,
43:22Fran País,
43:24José Antonio Echeverría,
43:26Che,
43:27Camilo,
43:28Lázaro Peña
43:28et tant de dignes constructeurs
43:31des présentes de la patrie.
43:32Fidèle serait un leader non-aligné du Sud
43:39si l'Union soviétique ne lui imposait pas,
43:41une fois encore,
43:42en décembre 1979,
43:44d'approuver une intervention.
43:46Cette fois, c'est l'Afghanistan.
43:48Tout juste élu président des pays non-alignés,
43:51Fidèle, une fois encore, s'exécute.
43:56Un autre drame intime survient aussitôt.
43:59La mort de Célia Sanchez
44:01à la suite d'un cancer.
44:03La perte de l'accomplice,
44:05de la seule personne capable de dominer ses colères,
44:08le dévaste.
44:09Sans elle,
44:10sans cette compagne,
44:11le protégeant de lui-même,
44:13Fidèle avance sur ce qu'il appelle
44:14une mère de difficulté.
44:16Il a 54 ans.
44:18Il se marie une seconde fois
44:20avec une blonde aux yeux verts
44:21qu'il tiendra cachée,
44:22d'Elia Soto del Baillé.
44:24Elle lui donne trois enfants.
44:26Il vit soit chez elle,
44:27soit dans un studio voisin
44:28de son bureau du Palais de la Révolution.
44:31C'est de là qu'il gère la crise
44:32née en 1980,
44:34avec l'irruption de quelques opposants
44:36dans une ambassade.
44:37Elle se termine par le départ
44:38de 125 000 Cubains vers la Floride.
44:40Cuba cesse de payer ses dettes en 1982
44:44faute de devises.
44:45Tout le pays entre dans la crise économique
44:47du camp socialiste.
44:50Sur l'île caribéenne de Grenade,
44:52les Américains débarquent
44:53pour mettre un terme à une révolution.
44:56Parmi les soldats cubains stationnés là,
44:58on compte 24 morts
45:00et plus de 700 prisonniers.
45:02L'épisode survient quelques heures
45:03après l'assassinat du leader Maurice Bishop,
45:06devenu une sorte de fils spirituel de Fidèle.
45:10La défaite militaire était inévitable.
45:20Mais c'est la première subie par Fidèle.
45:37Dans les sommets du camp socialiste,
45:40il apparaît désormais comme un vieux dirigeant
45:42confronté comme ses collègues
45:44à l'arrivée d'un Benjamin inquiétant
45:46et innovateur,
45:48Mikhaël Gorbatchev.
45:50Le courant passe mal
45:51entre le théoricien de la Perestroïka
45:54et l'ex-guerriéro attaché à l'ordre d'un monde
45:56où il vit au pouvoir depuis près de 30 ans.
45:59La signature à la Havane
46:10d'un dérisoire traité
46:12liant pour un quart de siècle
46:13Cuba et l'Union soviétique
46:15précède de quelques mois
46:17la chute du mur de Berla.
46:19Fidèle mène lui-même
46:20les obsèques du camp socialiste
46:22de ce camp où il a choisi de se ranger
46:24face aux Etats-Unis.
46:25Pour Cuba,
46:45cette dégringolade des pays de l'Est
46:46a pourtant moins compté
46:48qu'un procès public
46:48contre plusieurs officiers
46:50durant l'été 1989.
46:52Le principal accusé en est le général
46:54qui vient de gagner la guerre d'Angola,
46:56l'officier le plus prestigieux du pays,
46:58Arnaldo Ochoa Sanchez,
47:00héros de la patrie.
47:02Il est expulsé de l'armée
47:03et jugé en compagnie d'officiers
47:05du ministère de l'Intérieur.
47:08Accusation officielle,
47:09trafic de drogue
47:10entre Cuba et les Etats-Unis.
47:13Soupçons,
47:14ce procès masque mal
47:15le fait que les autorités de la Havane
47:17connaissaient l'existence
47:18d'un trafic de drogue
47:19au sein des services secrets cubains
47:21et en tirait profit.
47:27Le colonel Tony de la Guardia,
47:30chargé des missions spéciales
47:31de fidèles
47:32et des négociations secrètes
47:33avec les Etats-Unis,
47:34est parmi les accusés,
47:36avec son frère jumeau,
47:37Patricio.
47:39Le procès s'accompagne de purges
47:41qui éliminent 14 ministres,
47:43vice-ministres
47:43et présidents d'entreprises nationales.
47:465% du comité central du Parti communiste
47:49est expulsé.
47:50Avant d'aller se reposer à l'hôpital,
47:53Fidèle annonce que pour la première fois,
47:55sa révolution éliminera des hommes
47:57qui n'ont pas porté les armes contre elle.
48:15autour de cet homme vieilli,
48:33brisé,
48:34le monde se défait.
48:35Violetta Chamorro,
48:38une grande bourgeoise,
48:39bat les sandinistes du Nicaragua,
48:41des marxistes comme Fidèle,
48:43mais qui, eux,
48:44pour la première fois,
48:45se soumettaient à des élections.
48:54Alina Fernandez,
48:55un ancien mannequin,
48:57le seul des enfants illégitimes de Fidèle
48:59qui soit connus de la population cubaine,
49:01s'enfuit à l'étranger.
49:05Cuba sombre dans la crise économique.
49:08En 30 ans,
49:10le pays n'a rien acquis.
49:11Il ne peut survivre à la disparition
49:13de l'aide en provenance de l'Union soviétique.
49:16La vie s'organise autour de carnets de rationnement
49:19puisque les bateaux venant des pays de l'Est
49:21sont chaque jour plus rares.
49:26Désormais, on refait les calculs.
49:28Cuba, en vendant son sucre au prix fort
49:31à l'Union soviétique,
49:32recevait chaque année l'équivalent
49:33de 5 milliards de dollars,
49:35soit 500 dollars par habitant et par an.
49:38Une rente pour un pays
49:39qui ne payait pas non plus ses armes.
49:47Maintenant,
49:48Fidèle commande une armée
49:49devenue un peloton dérisoire.
49:51Il n'échappe pas à l'humiliation suprême
49:58installée aux côtés du peso cubain
50:01à l'effigie de José Martí
50:02le billet montrant George Washington.
50:05En 1993,
50:07afin de lutter contre la crise,
50:09il fait du dollar
50:10une monnaie légale à Cuba.
50:12Fidèle quitte autant le camp communiste
50:30que sa propre vie.
50:35Il se rend une troisième fois
50:37dans le monde occidental,
50:38en Espagne,
50:39afin de découvrir la masure de Galice
50:42où son père est né
50:43il y a plus d'un siècle.
50:50Il retrouve ses origines
50:52en embrassant
50:52les cousins castraux
50:53restés au pays.
50:54Lassé,
51:07fatigué au point de se faire masser le doigt
51:09pour disputer une partie de dominos,
51:11il a acquis l'effroyable privilège
51:13d'assister à la destruction de son œuvre.
51:17Anachronique,
51:18indestructible,
51:19il devient l'un de ces patriarches
51:21qui survivent à l'époque
51:22qu'ils entendaient façonnés par leur vie.
51:25Que savara mi niñe
51:28Sous-titrage MFP.
51:58...

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