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Israël à la conquête de la bande de Gaza, Volodymyr Zelensky qui dénonce le cynisme absolu de Vladimir Poutine, tensions entre Paris et Alger, relance du couple franco-allemand... Écoutez l'interview de Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 06 mai 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Et tout de suite l'invité d'RTL Matin.
00:06Thomas, vous recevez aujourd'hui Jean-Noël Barraud,
00:07le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Jean-Noël Barraud.
00:11Bonjour Thomas Soto.
00:12Le gouvernement israélien veut élargir son offensive
00:14et partir à la conquête de la bande de Gaza.
00:16A l'instant, le Hamas dit que de nouvelles négociations de trêve
00:19n'ont plus d'intérêt.
00:21Est-ce acceptable pour vous de voir ce que veut faire Israël ?
00:24Non, ce n'est pas acceptable.
00:25Et l'urgence, c'est évidemment le cessez-le-feu.
00:27Mais c'est aussi l'accès sans entrave de l'aide humanitaire massivement
00:32puisque la bande de Gaza, les Palestiniens qui y vivent,
00:36en manquent de manière dramatique.
00:38Un carnage là-bas.
00:38Et puis c'est la libération des otages du Hamas, évidemment.
00:41Comment faire pour que ces mots ne se perdent pas en l'air ?
00:43Eh bien, on construit des coalitions.
00:45Et vous voyez, la semaine dernière, j'étais à l'ONU
00:47pour assembler avec la France un certain nombre de pays
00:50de tout autour du monde.
00:52La Chine, le Kazakhstan, la Jordanie, le Brésil, l'Afrique du Sud
00:56pour défendre de manière systématique,
00:58et pas uniquement dans le cas de la Palestine,
01:00ce qu'on appelle le droit international humanitaire.
01:03C'est-à-dire que, même s'il y a la guerre,
01:05eh bien, on respecte un certain nombre de règles.
01:07On ne s'attaque pas aux civils.
01:09On ne s'en prend pas aux travailleurs humanitaires.
01:11On veille à ce que l'aide humanitaire
01:13puisse toujours parvenir aux populations.
01:15Mais visiblement, Benyamin Netanyahou s'en moque complètement.
01:18Écoutez, il faut, je dirais, redonner des couleurs
01:21à ce qui, longtemps, a été l'objet d'un respect strict
01:26de la part de la communauté internationale,
01:28le droit de la guerre, la protection des plus vulnérables
01:30sur les théâtres de conflits.
01:32Est-ce qu'Israël est toujours là, dans la réponse légitime
01:34aux attentats perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 ?
01:37Vous savez, il ne faut pas sous-estimer le traumatisme très profond,
01:40très brutal, provoqué par ce massacre antisémite,
01:43le pire de notre histoire depuis la Shoah.
01:46Ça ne fait pas offense au gouvernement,
01:48au peuple israélien,
01:50que dire que ce gouvernement
01:51est aujourd'hui en infraction manifeste
01:54avec le droit international
01:55et le droit international humanitaire.
01:57Et je le redis.
01:57Donc la France ne soutient pas Israël
01:59dans ce qu'elle fait en ce moment ?
02:00La France appelle Israël au cessez-le-feu,
02:03à laisser parvenir aux populations
02:06au sein de l'enclave de Gaza
02:07l'aide humanitaire.
02:09Le CICR, le Comité international de la Croix-Rouge,
02:11le dit.
02:12Le programme alimentaire mondial le dit.
02:14Il n'y a plus rien à manger à Gaza.
02:17Le risque de famine est réel.
02:20Il faut désormais ouvrir l'accès à l'aide humanitaire.
02:23Quant au Hamas,
02:24il porte une responsabilité extrêmement lourde.
02:26Il doit maintenant libérer tous les otages
02:29qu'il retient depuis le 7 octobre
02:30dans les tunnels de Gaza.
02:32Est-ce qu'il n'est pas temps, Jean-Noël Barraud,
02:33pour la France d'accélérer la reconnaissance
02:34de l'État palestinien ?
02:35Est-ce que ça, ça ne pèserait pas ?
02:37Nous y travaillons.
02:38Vous avez entendu les propos du président de la République.
02:40Oui, il avait parlé de juin, si d'autres pays le font aussi, etc.
02:42Nous voulons que cette décision, qui est très importante,
02:44parce que la France, lorsqu'elle s'exprime sur ces sujets,
02:49est très entendue.
02:50Nous voulons qu'elle puisse avoir un impact concret sur le terrain.
02:53Et c'est pourquoi nous voulons que d'autres pays le fassent
02:56au même moment que la France.
02:57Le calendrier, ça reste juin ?
02:58Et que des pays arabes ou musulmans puissent, à cette occasion,
03:02normaliser leurs relations avec Israël.
03:04Et que des engagements soient pris, avec le désarmement du Hamas,
03:08avec la réforme de l'autorité palestinienne,
03:10pour que cette décision que la France prendra,
03:12crée les conditions pour l'existence même de l'État de Palestine,
03:16ce qui, aujourd'hui, est loin d'être acquis.
03:17En tout cas, la réponse de la France au projet d'occupation
03:20de la bande de Gaza par Israël, c'est non.
03:22C'est une condamnation très ferme,
03:24parce que c'est contraire au droit international.
03:26Benyamin Netanyahou est sous le coup de mandat d'arrêt
03:28de la Cour pénale internationale, notamment pour crimes de guerre.
03:31S'il venait en France, est-ce que vous le remettriez à la justice internationale ?
03:33Nous avons déjà eu ce débat.
03:35La France respecte la Cour pénale internationale.
03:39Elle en est l'un des principaux financeurs.
03:41Mais elle respecte le droit international, généralement.
03:43Et la justice est indépendante en France.
03:45Et donc, si cette situation se produisait,
03:47et que la Cour pénale internationale sollicitait l'autorité judiciaire française,
03:51c'est l'autorité judiciaire qui déciderait ce sera réservé.
03:55Mais vous vous dites, il est toujours le bienvenu en France.
03:56Je ne me substitue pas à la justice française.
03:57C'est une question à vous poser, même s'il ne voulait rien dire.
03:59Il est toujours le bienvenu en France ou pas ?
04:01Je ne me substitue pas à la justice française.
04:03La justice française, l'autorité judiciaire,
04:06devra peser les différentes obligations
04:08qui s'appliquent à elle en vertu du droit international.
04:11Donc il n'y aura pas d'immunité ou d'impunité automatique ?
04:13C'est la justice qui décidera s'il vient en France.
04:15Il y a des immunités qui sont prévues
04:17par le droit international dans certaines situations.
04:20Il y a les mandats de l'arrêt de la Cour pénale internationale.
04:22C'est l'autorité judiciaire qui fait la part des choses.
04:24L'Allemagne va avoir un nouveau chancelier tout à l'heure,
04:26Friedrich Merz, qui sera demain à Paris
04:27pour son premier voyage sur la scène internationale.
04:29Les images, évidemment, les symboles seront forts.
04:33Mais ça ne fait pas une politique.
04:34Alors concrètement, qu'attendez-vous ?
04:35Que peut-on attendre de ce nouveau tandem franco-allemand ?
04:37Eh bien que le moteur franco-allemand redémarre au quart de tour.
04:40Et c'est bien l'ambition des deux dirigeants,
04:43le président de la République et le nouveau chancelier.
04:45C'est sur cette base-là qu'ils vont se rencontrer demain.
04:48Je rencontrerai moi-même mon homologue,
04:50le nouveau ministre des Affaires étrangères allemand.
04:53Et à la fois sur les champs de coopération traditionnelle
04:55entre la France et l'Allemagne,
04:56sur des sujets sur lesquels nous avons déjà travaillé,
04:58nous voulons accélérer.
04:59Mais il y a aussi des champs
05:01sur lesquels nous avons eu ces dernières années
05:02des divergences.
05:04Je pense au commerce, je pense à l'énergie,
05:07je pense à la défense.
05:08Et là, ça va être plus simple ?
05:09Je pense, parce que nous avons vu,
05:11lorsque l'Allemagne a négocié son accord de coalition,
05:15qu'il y avait des ouvertures,
05:16dans le sens que nous attendons,
05:19c'est-à-dire celui d'une plus grande autonomie stratégique européenne,
05:22qui n'a de sens que si la France et l'Allemagne
05:24s'accordent sur ces grands sujets.
05:26Et je pense en premier lieu à la défense.
05:28Et vous avez vu, comme moi,
05:30le virage qui est en train de prendre l'Allemagne,
05:32et que nous accueillons favorablement,
05:33et que nous voulons accompagner.
05:34Emmanuel Macron et le nouveau chancelier
05:36vont-ils se rendre ensemble à Kiev en fin de semaine ?
05:38Est-ce que c'est prévu ?
05:39Je ne peux pas le confirmer à cette heure,
05:42et l'Elysée le confirmera le moment venu.
05:44Le confirmera.
05:45Et est-ce que le président Zelensky sera à Paris
05:47pour les commémorations du 8 mai, jeudi ?
05:49Je ne peux pas vous le confirmer non plus.
05:51Mais vous le savez ou pas ?
05:52Je n'ai pas cette information à cette heure.
05:55En revanche, le président syrien Ahmad al-Sharey,
05:56lui, au pouvoir depuis la chute de Bachar el-Assad,
05:59sera reçu demain par Emmanuel Macron.
06:02On est sûr sûr qu'il est fréquentable ?
06:03On est sûr sûr que c'est une bonne idée de le recevoir ?
06:05Vous savez, on m'a posé la même question
06:06lorsque le 3 janvier dernier,
06:07quelques jours après la chute de Bachar el-Assad,
06:10je me suis rendu en Syrie.
06:11Mais la réponse à votre question est la suivante.
06:15Vous savez, la sécurité des Français,
06:16elle se joue en Syrie.
06:18La lutte contre le terrorisme,
06:20la maîtrise des flux migratoires,
06:21la maîtrise des trafics de drogue,
06:23tout cela se joue en Syrie.
06:25Et j'ajoute à ça, bien sûr, l'avenir du Liban.
06:27Et donc, ne pas engager le dialogue
06:29avec ces autorités de transition,
06:31ce à quoi nous appellent tous les Syriens
06:33et que nous avons soutenus pendant les 14 ans
06:35du régime sanguinaire de Bachar el-Assad.
06:38Eh bien, ce serait être irresponsable vis-à-vis des Français.
06:40Et surtout, ce serait tapis rouge pour Daesh.
06:43À propos de la Russie et de l'Ukraine,
06:45une journaliste russe critique du régime de Vladimir Poutine
06:47et qui risquait jusqu'à 10 ans de prison
06:48pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine,
06:51a réussi à quitter la Russie pour se réfugier en France.
06:53Elle s'appelle Ekaterina Barabakh.
06:55Elle demande l'asile politique.
06:56Et que la France va-t-elle lui accorder cet asile ?
06:58Eh bien, nous allons le considérer.
07:00Nous avons vocation à accueillir
07:02celles et ceux qui fuient
07:03le régime impérialiste de Vladimir Poutine
07:07qui veut étouffer la vérité des faits
07:12et en particulier, je dirais,
07:15le coup imposé par Vladimir Poutine
07:17sur son propre peuple
07:18pour lancer cette guerre d'agression russe
07:21contre l'Ukraine.
07:22Donc, c'est plutôt oui ?
07:23Je ne peux pas vous donner la réponse ce matin,
07:25mais nous allons considérer cette demande
07:27avec beaucoup d'attention.
07:27Beaucoup d'attention.
07:28Je voudrais qu'on se dise quelques mots
07:29de l'Algérie, monsieur le ministre des Affaires étrangères.
07:31Déjà, alors que des rumeurs inquiétantes
07:33circulent sur l'état de santé de Boilem-Sensal,
07:35est-ce que vous avez des nouvelles ?
07:36Il est aujourd'hui à l'hôpital.
07:38Nous suivons sa situation tant bien que mal.
07:41Mais je dois dire que la décision très violente
07:44qui a été prise par les autorités algériennes
07:48d'expulser 12 de nos agents
07:50à laquelle nous avons répondu
07:52avec la plus grande fermeté
07:53tout en rappelant notre ambassadeur,
07:56eh bien, ne nous facilite pas
07:57la prise de contact avec Boilem-Sensal.
07:59Il n'y a pas de retour prévu à court terme aujourd'hui ?
08:02Vous savez, de manière publique,
08:05de manière discrète par tous les canaux,
08:07et depuis des mois,
08:08nous avons appelé à un geste d'humanité
08:10en faveur de Boilem-Sensal
08:12en raison de son âge
08:13et de sa situation de santé.
08:14J'espère que les autorités algériennes,
08:16et malgré la décision très brutale
08:18qu'elles ont prise il y a quelques jours,
08:19sauront faire preuve de cette humanité.
08:22Son état de santé, de ce que vous en savez,
08:23est stable ou c'est encore dégradé ?
08:24Il est pris en charge à l'hôpital,
08:27mais vous savez, pour un homme de 80 ans
08:30qui est éloigné de ses amis,
08:35puisque un certain nombre sont ici,
08:37en France et à Paris,
08:39eh bien, c'est une situation qui est très difficile,
08:41qui est très lourde,
08:42et qui mérite donc un minimum d'humanité.
08:44Vous évoquez le rappel de l'ambassadeur de France
08:47en Algérie.
08:47Il est reparti ou il est toujours à Paris ?
08:49Il est toujours à Paris.
08:50Et il va y retourner ?
08:51Écoutez, à ce stade, la situation est bloquée,
08:53et c'est la responsabilité des autorités algériennes.
08:56Donc c'est pas prévu pour l'instant ?
08:58À ce stade, ça n'est pas prévu.
08:59L'ancien ambassadeur de France en Algérie,
09:00Xavier Driancourt,
09:01dit dans son dernier livre
09:02qu'il faut cesser de considérer l'Algérie,
09:05que l'Algérie, pardon,
09:06fait partie de notre politique intérieure.
09:07Est-ce que c'est aussi un des problèmes
09:08dans la tension entre nos deux pays ?
09:10Vous savez, Xavier Driancourt
09:12n'est plus un diplomate.
09:13Il est aujourd'hui un porte-parole
09:14de l'extrême droite,
09:15donc il faut prendre ces déclarations
09:17avec des pincettes.
09:19Ensuite, je crois que nous avons intérêt,
09:20effectivement, à ne pas faire
09:21de l'Algérie un sujet de politique intérieure.
09:25Parce que lorsque nous le faisons,
09:28eh bien, nous prenons le risque
09:32d'abord de causer tort
09:34à nos compatriotes franco-algériens,
09:37français avec des origines algériennes
09:39qui n'ont rien demandé
09:40et qui n'ont pas à faire les frais
09:41des tensions entre nos deux gouvernements.
09:44Et d'autre part,
09:45parce qu'on l'a bien vu,
09:46c'est lorsque la relation
09:49est à peu près équilibrée,
09:50lorsqu'on s'abstient
09:51de s'invectiver les uns les autres,
09:53qu'on obtient des résultats
09:53et c'est tout ce qui doit compter
09:54en matière d'expulsion d'Algériens
09:56en situation irrégulière,
09:57de coopération en matière
09:59de renseignement,
10:00de coopération judiciaire.
10:01Ministre des Affaires étrangères,
10:02est-ce que ça inclut les relations
10:03avec le Vatican, Jean-Noël Barrault ?
10:05Ça en fait partie
10:06puisque nous avons une ambassadrice
10:08près le Saint-Siège.
10:08Le conclave débutera demain.
10:10La France mène-t-elle une campagne
10:11sourde et discrète
10:12pour essayer de faire élire
10:13un pape français ?
10:14Alerte fake news.
10:15Alerte fake news ?
10:16Nous sommes très attentifs
10:18à ce qui va s'ouvrir demain,
10:23c'est-à-dire le conclave,
10:24mais nous ne faisons
10:25aucune forme d'ingérence.
10:27Et invités sur votre plateau
10:29les cardinaux français,
10:30les cinq cardinaux français,
10:32ils vous expliqueront
10:33qu'ils ne prennent
10:34aucune forme de consigne de vote,
10:36qu'ils attendent...
10:37Vous, vous votez Aveline ?
10:39Pardon ?
10:39Vous votez Aveline ?
10:40Je ne vois pas d'inconvénient
10:42à ce qu'on ait un pape français
10:43si c'est la question.
10:44Merci beaucoup Jean-Noël Barrault
10:45d'être revenu sur RTL.
10:46Dans un instant, si.

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