Malgré plusieurs mains courantes et une plainte, Natalie Debaillie a été tuée par son ex-compagnon en 2019. Ses proches se battent aujourd'hui afin que les manquements soient reconnus dans ce féminicide. Le procès au civil, engageant la responsabilité de l'État pour "faute lourde" a lieu mercredi 7 mai à 14h au tribunal judiciaire de Paris.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 05 mai 2025.
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00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03Bonsoir Nicolas Debailly, vous êtes le frère de Nathalie Debailly,
00:06assassinée par son ex-conjoint le 27 mai 2019,
00:10après des mois de surveillance, d'harcèlement et de menaces de sa part.
00:14Il refuse d'accepter la rupture, votre soeur se rend 4 fois au commissariat
00:18pour déposer plainte et main courante, rien ne se passe.
00:21Nathalie va être enlevée puis égorgée par son ancien compagnon.
00:24En juillet dernier, il est condamné à 30 ans de réclusion criminelle.
00:27Ces trois complices ont été condamnés eux aussi à 18 et 15 ans de réclusion.
00:32Mais ce mercredi, sur le banc des accusés, c'est au tour de l'État français,
00:35je dis bien de l'État français, de comparaître pour fautes lourdes
00:38et c'est extrêmement rare pour un féminicide.
00:41Tout d'abord, qu'attendez-vous de ce procès ?
00:43Eh bien, on attend des réponses à nos questions.
00:46Parce que, pourquoi notre État a refusé de protéger ma soeur
00:49qui a tout de suite pris la mesure du danger
00:53et qui a tout de suite fait ce qu'il fallait,
00:56c'est-à-dire aller voir nos institutions, demander une protection,
01:02demander de l'aide à la police.
01:04Et elle n'a jamais été prise au sérieux et on ne comprend pas pourquoi.
01:08Faute lourde, que vous inspirent ces deux mots ?
01:11Pour nous, c'est la réalité.
01:15C'est-à-dire qu'à un moment, elle arrivait,
01:18elle passait les portes du commissariat
01:21et elle avait les preuves.
01:24Alors certes, elle n'avait pas de bleu visible,
01:26puisque le harcèlement et de la violence psychologique,
01:29elle était traquée, pas frappée.
01:32Mais elle avait tout en sa possession,
01:38puisque lui, il agissait en toute impunité.
01:40Il envoyait des messages, des photos de Pierre Tombale.
01:42Il l'a menacée, il le criait sur les toits.
01:46Donc, ils avaient tous les éléments pour la protéger.
01:49Nathalie avait des photos avec elle
01:51lorsqu'elle se rend au commissariat à l'époque.
01:55Elle avait des photos, elle avait des captures d'écran.
01:58Elle en était même à enregistrer des conversations téléphoniques
02:00qu'elle avait avec des amis de son bourreau
02:03qui relayaient les menaces.
02:05Voilà la réalité de mon quotidien.
02:06Elle avait tout.
02:08Ils avaient tout en leur main,
02:10tout en leur possession pour la protéger.
02:13Et pour autant, ils l'ont refusée.
02:15Soyons simples.
02:16La police est responsable.
02:17C'est une évidence pour vous ?
02:20Alors, la police est notre État au sens large.
02:25Si la police a appliqué les procédures
02:27qu'on lui demande d'appliquer,
02:28alors dans ces cas-là,
02:29il y a un problème de procédure,
02:30il y a un problème institutionnel.
02:31Et c'est ça que nous, on veut pointer.
02:33Donc oui, il y a une responsabilité.
02:34Il y a clairement faute.
02:39Nous attendons du tribunal
02:40qu'il y ait une condamnation pour ça.
02:42Mais surtout, ce qu'on voudrait,
02:45c'est qu'il y ait des excuses publiques.
02:47Que ce ne soit pas pointer,
02:50comme on le fait souvent,
02:52une erreur individuelle,
02:54un dysfonctionnement local
02:56qui permet à notre État,
02:58au sens État central,
02:59de se désengager finalement
03:00des fautes qui ont été commises.
03:03Nous, on pense que si ma sœur
03:04n'a pas été protégée,
03:04c'est parce qu'était appliqué
03:06un règlement qui est déficient.
03:08Il y a un dysfonctionnement global
03:10et il faut, à tout prix,
03:11qu'il y ait une introspection.
03:12Il faut qu'il y ait un aveu
03:14de nos institutions de dire
03:15oui, il y a un souci
03:16et on veut le traiter
03:17pour sauver d'autres femmes à l'avenir.
03:19À l'audience devant la cour d'assises du Nord,
03:21l'avocate générale s'est excusée
03:23justement au nom de l'institution.
03:25Est-ce que selon vous,
03:25cela peut peser dans la balance ?
03:28C'est un début de reconnaissance ?
03:30C'était incroyable.
03:32On n'était pas là pour ça.
03:33Nous, on était là pour condamner
03:34les bourreaux de ma sœur,
03:38ceux qui ont porté
03:39les coups de cutter.
03:40Et pour autant,
03:40il y a eu cette main tendue,
03:41effectivement,
03:42d'un représentant
03:43de nos institutions
03:44qui, pour la première fois,
03:46au nom des institutions,
03:47s'est excusé auprès de nous
03:48alors même que
03:49la procédure contre l'État
03:50était encore en cours.
03:51Donc oui,
03:51c'est une main tendue,
03:53c'est un aveu
03:53d'un représentant
03:54de nos institutions
03:54et je remercie beaucoup
03:56cette avocate générale
03:58et on espère
03:59que ce sera entendu
04:00et que dans deux jours,
04:03effectivement,
04:04il y aura
04:04ces excuses publiques
04:07de notre institution.
04:07Un policier
04:08ira même jusqu'à écrire
04:09sur le procès verbal
04:10d'une plainte
04:11de votre sœur Nathalie
04:12qu'elle n'est pas en danger,
04:14bref,
04:14qu'elle ne risque rien
04:15alors qu'elle multiplie
04:16les mains courantes
04:17et les signalements.
04:21Elle rentrait à la maison,
04:23elle vous rendait compte
04:23de cette situation ?
04:25Elle était terrorisée.
04:27On l'a vécu
04:27à ses côtés.
04:29On l'a accompagnée
04:30au commissariat.
04:34Les enfants,
04:35mon autre sœur,
04:36moi,
04:36on a tout vécu en direct.
04:37Elle a posé les alarmes,
04:38elle a changé sa serrure,
04:39elle disait à ses enfants
04:39de plus ouvrir la porte,
04:40de plus répondre au téléphone,
04:41elle ne dormait plus la nuit.
04:43Et tout ça,
04:44elle montrait,
04:45lui,
04:45il la menaçait
04:45ouvertement.
04:47Donc,
04:48elle leur disait,
04:49on ne comprend pas.
04:50On est face à quand même
04:51quelqu'un qui avait déjà fait,
04:52un lourd passé judiciaire,
04:55qui avait un casier,
04:55qui avait déjà fait
04:56un an de prison ferme
04:57et qui avait des antécédents
04:59de violences conjugales
05:00puisqu'une précédente compagne
05:01avait porté plainte contre lui
05:03pour tentative d'étranglement.
05:06Qu'est-ce qu'il leur fallait de plus ?
05:08En revanche,
05:08quand il est allé porter plainte,
05:10lui,
05:10au mois d'avril,
05:11contre ma sœur
05:12pour vol de téléphone portable
05:13au sujet d'un téléphone
05:13qu'il lui avait fait
05:14pendant la relation,
05:15elle,
05:15ma sœur,
05:16a été convoquée par la police
05:17et a été sommée
05:17de rendre compte
05:18de ce vol de téléphone portable.
05:19Pourquoi ?
05:21Pourquoi protéger ?
05:23Pourquoi protéger ce bourreau ?
05:25Pourquoi,
05:26quand un homme rentre
05:26dans un commissariat,
05:27il bénéficie d'un traitement
05:28différent d'une femme ?
05:30C'est ça qu'on veut comprendre.
05:32Et pourquoi ils ont refusé
05:33de la protéger ?
05:34Vous le disiez,
05:35vous attendez des excuses,
05:37avant tout,
05:38des excuses
05:38au nom de votre sœur.
05:41Est-ce que,
05:41selon vous,
05:42les choses ont évolué
05:43quand même un petit peu
05:44dans les commissariats ?
05:45La prise en charge
05:46des victimes
05:46est-elle différente ?
05:48Je ne suis pas
05:50dans les commissariats.
05:52Tout ce que je peux vous dire,
05:53c'est qu'au 30 avril,
05:56il y avait 47 féminicides
05:58comptabilisés,
06:01donc en 4 mois.
06:03Si on fait une règle de 3,
06:04on a un atterrissage
06:05à 150 féminicides
06:05fin d'année,
06:08même si mon calcul
06:08est un peu grossier.
06:10Les chiffres ne baissent pas.
06:13Alors, bien sûr,
06:14il y a le téléphone grave danger,
06:16bien sûr,
06:16il y a le bracelet anti-rapprochement,
06:17bien sûr,
06:17il y a eu des avancées,
06:19il y a un travail qui est fait
06:20et on ne peut pas
06:22renier tout ce qui est fait
06:24et tout ce qui est fait
06:25doit être salué,
06:26mais force est de constater
06:27que c'est largement insuffisant
06:28et que c'est pour ça
06:28que les chiffres ne baissent pas.
06:30Alors moi,
06:30je ne suis pas dans les commissariats,
06:31juste je constate
06:32qu'il y a encore
06:34tous les deux jours
06:35une femme qui est tuée
06:36par son compagnon
06:37ou son ex-compagnon.
06:38Vous savez aujourd'hui
06:39ce qui a pu conduire
06:40à un tel aveuglement.
06:41Selon vous,
06:41ce drame en fait épouvantable
06:43est-il la conséquence
06:44de dysfonctionnements en série
06:45ou plus gravement
06:46d'une incapacité en fait
06:47de la police
06:48à se rendre compte
06:49de la situation,
06:50voire à l'ignorer
06:51ou ne pas y croire ?
06:54Je pense qu'il y a un problème
06:55dans le traitement
06:56des plaintes des femmes.
06:57Déjà,
06:58quand elles rentrent
06:58dans un commissariat
06:59et qu'elles portent
07:01des coups,
07:01des traces de coups,
07:02des bleus,
07:02elles ont des fois du mal
07:03à se faire entendre.
07:04Je ne vous laisse même pas
07:04imaginer ma sœur
07:06qui, elle,
07:07les coups n'étaient pas visibles.
07:08La souffrance
07:08était intérieure.
07:12Donc oui,
07:13il y a ce sujet-là
07:15et il y a clairement
07:16un manque de moyens
07:17qui est donné.
07:18Mais si vous voulez,
07:18nous,
07:19c'est toutes ces questions-là
07:20qu'on a
07:20et on voudrait des réponses.
07:21On voudrait faire face
07:22à ces gens
07:23qui n'ont pas accompagné
07:25ma sœur
07:25alors qu'ils avaient
07:26tous les éléments pour nous
07:27pour l'accompagner,
07:28pour la protéger
07:29et qui nous expliquent pourquoi
07:30et qu'on puisse pointer
07:32un par un
07:33ces dysfonctionnements
07:34et y travailler
07:36et transformer
07:37l'essai
07:38et à l'avenir
07:39sauver des femmes
07:40qui auront un profil identique
07:43à ma sœur
07:43et qui passeront
07:44les portes
07:44d'un commissariat.
07:47À vous écouter,
07:48on se dit
07:48évidemment
07:50que ce féminicide
07:51aurait pu être évité
07:52quatre fois au commissariat,
07:55trois mains courantes,
07:55une plainte
07:56et rien.
07:57Dans le même commissariat.
08:00Malgré les preuves.
08:01On rencontre les mêmes personnes.
08:03Malgré les preuves.
08:04Et nous,
08:05on n'a jamais eu de réponse.
08:08Qu'avez-vous envie
08:08de dire ce soir
08:10sur RTL
08:10aux auditeurs
08:11qui nous écoutent
08:11et peut-être
08:11aux femmes
08:12qui se rendront
08:13un jour
08:14dans un commissariat
08:15et qui auront
08:16des preuves avec elles
08:17et qui ne seront
08:17peut-être pas
08:18entendues ?
08:20J'ai envie de leur dire
08:22de ne pas abandonner.
08:24J'ai envie
08:24de ne pas lâcher,
08:25de n'accepter
08:26sous aucun prétexte
08:27une main courante
08:27quand elles souhaitent
08:28porter plainte
08:29et qu'elles sont
08:31de leur droit
08:32et de ne pas avoir honte
08:33et que la honte,
08:36la culpabilité
08:37change de camp
08:37et qu'elles y aillent
08:38accompagnées
08:38autant qu'elles puissent.
08:40Merci beaucoup
08:41Nicolas Debailly,
08:42frère de Nathalie.
08:43Nous le rappelons,
08:44le procès au civil engageant,
08:45la responsabilité
08:46de l'État
08:46pour faute lourde
08:47aura lieu mercredi
08:48et merci d'avoir
08:49pris la parole
08:49ce soir sur RTL.
08:52Les examens
08:52sur l'histoire de France,
08:54pas de condamnation
08:54supérieure à six mois
08:55et pas de situation
08:57d'irrégularité.
08:58Bruno Retailleau
08:59resserre les critères
09:00d'obtention
09:00de la nationalité française,
09:02fausse bonne idée
09:03ou façon d'endiguer
09:04le nombre de demandes.
09:05Ce sera le débat
09:06de On refait le monde
09:07à partir de 19h15
09:08et dans un instant
09:09nous avons rendez-vous
09:10avec notre breaking news.