Victor Delage, fondateur de l'institut Terram, invité d'ici Paris Île-de-France, le 6 mai 2025.
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00:00Deuxième jour de grève dans les transports franciliens.
00:03L'occasion de vous poser cette question, est-ce que les déplacements pèsent sur votre morale ?
00:07Que ce soit dans les transports ou sur la route.
00:09Appelez-nous au 01 42 30 10 10.
00:11Près d'un tiers des travailleurs se disent usés par ces trajets du quotidien.
00:15Résultat d'une enquête de l'Institut Terra.
00:17Mais pour en parler, on reçoit ce matin son fondateur.
00:20Bonjour Victor Delage.
00:21Bonjour.
00:22Vous avez testé pour nous ce matin, bloqué dans le métro.
00:25Ça arrive justement à tout le monde, vous n'avez pu tester ça.
00:27C'est vrai qu'on perd du temps dans les transports.
00:29Mais les conséquences peuvent être bien plus graves du stress jusqu'à l'insomnie.
00:34Oui, vous avez parfaitement raison.
00:36C'est ce que montre cette étude que nous avons copubliée avec l'Alliance pour la santé mentale et l'Institut Terra.
00:41Qui montre à quel point finalement cette mobilité est ancrée dans le quotidien des Français.
00:48A quel point elle façonne nos rythmes de vie et l'impact qu'elle peut avoir sur notre bien-être.
00:52C'est vrai que quand on parle mobilité, généralement on le fait à travers le prisme de l'économie,
00:58ni de technicité ou encore de facteurs environnementaux, mais assez rarement à travers cette question de la santé mentale.
01:04Or, ce qui ressort assez fortement de nos données, effectivement, c'est que les difficultés des transports du quotidien,
01:10elles ont un impact assez puissant en fait sur la souffrance psychique.
01:15Si on s'intéresse en particulier à ce qui se passe en Ile-de-France, ce que l'on voit, c'est que 51% des Franciliens ayant connu des symptômes de dépression,
01:25estiment que leurs problèmes de déplacement en sont l'une des causes.
01:29C'est 10 points de plus par rapport à la moyenne nationale.
01:31Si on prend par exemple les antidépresseurs ou par exemple les épisodes de burn-out,
01:37on est aussi à plus de 50% des Franciliens qui estiment que leurs déplacements du quotidien ont un impact assez puissant sur ces épisodes psychiques très puissants.
01:47Chiffres que vous nous révélez ce matin pour l'Ile-de-France, on les mettra en ligne sur le site d'ici Paris-de-France,
01:53des temps de transport qui jouent sur la santé mentale, mais aussi sur l'organisation de son quotidien.
01:57Plus de la moitié des Franciliens renoncent à certaines activités par manque de dessert.
02:01Oui, vous avez raison, sur le temps de transport, c'est une singularité de ce qui se passe en Ile-de-France par rapport à la moyenne nationale.
02:08C'est pour un Franciliens en moyenne 82 minutes passées quotidiennement, plus d'une heure vingt placées quotidiennement dans les transports.
02:16Si on compare à la moyenne nationale qui est déjà élevée, c'est 65 minutes.
02:20Si on reporte ça sur une année, c'est quand même plus de 60 heures différentielles entre la moyenne nationale et les Franciliens,
02:26ce qui est tout à fait significatif.
02:28Et c'est vrai que le poids des transports, il peut donner un sentiment d'assignation à résidence.
02:35Il y a le chiffre que vous citiez, effectivement, le fait de voir aussi un Francilien sur deux qui se sent donc prisonnier de son lieu d'habitation.
02:43Près des deux tiers se sentent obligés d'organiser leur journée en fonction des transports.
02:48Et 60% effectivement qui renoncent à des activités culturelles, à des loisirs, uniquement pour des raisons de transport.
02:56Mais votre enquête montre que les Franciliens sont quand même satisfaits, c'est ça, du réseau de transport ?
03:01Effectivement, on voit que les usagers des transports collectifs se montrent majoritairement satisfaits,
03:08bien plus d'ailleurs que la moyenne nationale quand on regarde les données précises.
03:13Ça s'explique pour plusieurs raisons.
03:14D'abord, la réduction du stress par rapport à la pratique automobile.
03:19On sait qu'en Ile-de-France et en particulier à Paris, c'est extrêmement compliqué de conduire.
03:25Ça permet aussi de ne pas avoir à gérer tout ce qui est lié au stationnement.
03:29Et puis par ailleurs, beaucoup expriment un plaisir particulier à prendre les transports en commun par rapport à la voiture
03:35parce que ça permet de faire un pas de côté, ça permet de respirer dans le tumulte un petit peu quotidien.
03:43On peut socialiser, on peut lire, écouter de la musique.
03:47Écouter ici par Ile-de-France notamment, écouter la radio.
03:49Et organiser sa journée de travail.
03:51Donc ça a quand même beaucoup d'atouts pour une partie significative des Français.
03:558h19 sur votre radio locale, ici Paris-Ile-de-France.
03:58On vous pose la question ce matin, est-ce que les déplacements pèsent sur votre morale ?
04:01Appelez-nous au 01 42 30 10 10.
04:03Cédric nous appelle de Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne.
04:07Bonjour à vous Cédric.
04:08Alors pour vous Cédric, la solution elle est toute trouvée, c'est le vélo en fait.
04:12Est-ce que Cédric est avec nous ?
04:14Ah, Cédric est...
04:15Vous m'entendez ?
04:15Ah, ça y est Cédric, on vous entend.
04:18Ok.
04:19Oui, oui, bien entendu.
04:19En fin de compte, c'est arrivé il y a 3-4 ans.
04:22J'étais toujours dans les bouchons, sauf que là, cette fois-ci, j'avais fait ici
04:28les ménins au Fontenay-sous-Bois en 2h30.
04:31Et là, comme le disait le monsieur, j'étais à la limite de péter un câble.
04:35Et donc moi, je suis passé à vélo.
04:38Et donc si on prend l'exemple de ce trajet-là, en passant par les bords de Seine, on passe
04:43devant des monuments super beaux le matin quand le soleil se lève.
04:47Donc c'est des trajets qui sont agréables à faire en vélo.
04:50Et au niveau de la santé mentale, c'est beaucoup mieux.
04:52Et de la santé physique aussi.
04:53Et vous l'avez senti, ça, dans votre tête, à vous, dans votre santé mentale, à vous,
04:58Cédric, le fait de passer au vélo ?
05:00Clairement, clairement, parce que comme le disait le monsieur, c'est quand vous êtes
05:03dans la boîte, dans les bouchons, c'est stressant.
05:05Alors qu'en vélo, au contraire, vous aérez, vous pouvez penser à autre chose.
05:10Ou comme on le disait, monsieur, précédemment, vous pouvez écouter France Bleu, pardon,
05:14ici, à Île-de-France, dans les transports, mais vous pouvez l'écouter également
05:20à vélo du moment que vous n'utilisez pas d'écouteur, puisque c'est interdit.
05:24Et donc, surtout, un conseil aux cyclistes, n'utilisez pas d'écouteur.
05:27Il faut bien être attentif en conduisant.
05:30C'est bien de le rappeler.
05:30Merci à vous, Cédric.
05:31Merci pour votre...
05:32Je peux vous faire un petit dernier message, s'il vous plaît ?
05:33Allez-y, rapidement, si vous voulez.
05:35Alors, pendant les ponts du mois de mai, il y a des difficultés pour le don du sang.
05:39Alors, je fais une petite promotion pour le don du sang à Fontenay-sous-Bois,
05:43le 31 mai, de 8h30 à 13h30, à l'école Michelet.
05:46Vous avez bien raison.
05:46Il est plus nombreux que possible, parce qu'un don du sang, ça dure 8 minutes,
05:50une heure en tout, et vous sauvez 3 vies.
05:52Et c'est très important, merci, Cédric.
05:54On en parlera bientôt, un reportage arrive, Cédric, sur ICI Paris-de-France.
05:56Merci pour votre réaction, Cédric.
05:58Victor Delage, fondateur de l'Institut Terram, comme Cédric,
06:00qu'effectivement, le vélo, c'est peut-être ça la clé, l'intermodalité en Ile-de-France ?
06:05Effectivement, c'est ce qui ressort beaucoup à l'échelle nationale,
06:08mais en particulier chez les franciliens, c'est-à-dire la combinaison,
06:12l'utilisation de différents modes de transport, actifs et collectifs.
06:17Beaucoup de Français considèrent que l'intermodalité est une source à la fois de bonne santé mentale,
06:23vous l'avez dit, mais aussi de bonne santé physique.
06:26On sait que les deux sont extrêmement corrélés.
06:28Alors, c'est une pratique qui reste encore minoritaire,
06:32même si chez les franciliens, la pratique est plus régulière que pour le reste de la population.
06:38Mais ce qui est intéressant, c'est que chez ceux qui pratiquent, effectivement, l'intermodalité,
06:43vous avez 8 franciliens sur 10 qui considèrent que c'est un impact positif sur leur santé mentale.
06:48Et tout ça, je crois que ça participe en quelque sorte à une mobilité qui soigne.
06:53Je crois que ça peut exister, qu'une éthique du déplacement,
06:57c'est quelque chose qui devrait être une priorité pour les politiques publiques qui s'intéressent à ces enjeux de mobilité,
07:03c'est-à-dire vraiment réfléchir à comment on remet l'humain au centre des politiques des transports.
07:09Penser le mouvement, non pas comme un simple flux,
07:13mais comme une expérience incarnée, notamment en tenant compte des ressources de nos territoires.
07:19Oui, on l'entendait quand même à 7h30 dans l'info d'ici, il y a de moins en moins de places assises.
07:23En tout cas, la priorité est de moins en moins respectée.
07:26Est-ce que ça, ça ne va pas dans le sens d'une mobilité plus apaisée ? C'est un problème aussi ?
07:30C'est un problème et d'ailleurs, c'est ce qui ressort chez les personnes qui se disent insatisfaites
07:36des transports collectifs, en particulier chez les franciliens.
07:40Alors, ce qui arrive en premier lieu, c'est le fait que les transports ne sont pas ponctuels.
07:43Ensuite, les tarifs trop élevés, mais c'est vrai que le manque de confort
07:48et aussi la question de l'insécurité, en particulier chez les jeunes femmes,
07:52ce sont des problématiques sur lesquelles, effectivement, on doit tous se pencher.
07:56C'est ça, on pense aux franciliennes qui sont enceintes,
07:59notamment aussi aux mères seules, qui ont des familles monoparentales.
08:02Ça, c'est compliqué aussi dans les transports ?
08:05C'est très compliqué, effectivement.
08:06On a identifié plusieurs groupes sociaux qui souffrent plus que les autres,
08:10même s'il y a une usure assez globale.
08:12Il y a les femmes, vous l'avez dit, les familles monoparentales également,
08:18même si ça s'entrecoupe à bien des égards.
08:20Et on voit que, dans ces cas-là, les transports agissent en quelque sorte
08:24comme un amplificateur de vulnérabilités, souvent silencieuses, souvent discrètes.
08:31Mais on pense, par exemple, à la surcharge domestique, aux inégalités professionnelles,
08:35également à la précarité ou aux injonctions à la disponibilité.
08:39Et toutes ces choses-là, effectivement, ont un impact assez puissant,
08:43aussi bien sur les femmes qu'au sein des familles monoparentales.
08:46Et puis, j'ajouterais, chez les jeunes aussi, qui sont beaucoup plus sensibles
08:48à ces questions de mobilité que leurs aînés.
08:51Merci beaucoup, Victor Delage, d'avoir été notre invité ce matin,
08:54fondateur de l'Institut Terra.
08:55Mais on laissera, du coup, tous les chiffres en Ile-de-France sur notre site ici.fr.
08:59Belle journée à vous.
09:00Merci à vous.
09:01Ici Paris-Ile-de-France, le réveil 100% local, ici maintenant.