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Anne Fulda reçoit Véronique Mougin pour son livre «À propos d’un village oublié» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres Véronique Mougin.
00:03Vous êtes journaliste, vous êtes romancière également
00:06et vous venez de publier à propos d'un vigilage oublié,
00:09un livre qui est paru chez Flammarion,
00:11un livre qui est finalement un double hommage,
00:13un hommage à votre grand-mère, Marguerite Sturmf,
00:17dite Margit, comme on disait en hongrois,
00:19mais aussi un hommage à tous ces villageois qui l'ont aidé à se cacher,
00:25qui l'ont aidé pendant la guerre,
00:28des villageois qui étaient d'un petit village de la Drôme.
00:32Alors c'est un livre tant drôle, non dénué d'humour,
00:34il y a des dialogues que vous recréez avec cette grand-mère,
00:38mais c'est un livre qui est un roman.
00:40Malgré tout, pourquoi avez-vous fait ce choix ?
00:43Alors pour plusieurs raisons.
00:45D'abord parce qu'à 85 ans de différence,
00:50comme ça, trouver exactement la vérité historique était extrêmement compliqué,
00:54même si je me suis déplacée sur place,
00:56même si j'ai revu les lieux,
00:57même si j'ai rencontré les descendants, etc.
00:59Donc il y avait ce constat d'échec,
01:01il y avait des parties entières de la réalité qui allait m'échapper,
01:05mais aussi parce que je trouvais que la fiction,
01:08avec ses outils, avec une écriture au présent,
01:10avec des galeries de portraits très vivantes,
01:12en plongeant dans les motivations de ces justes qui ont aidé ma grand-mère,
01:15et en plongeant dans la patte très affective,
01:18en fait, dont est fait tous les sauvetages de juifs dans la Seconde Guerre mondiale,
01:22en fait, tous ces outils-là, qui sont les outils de la fiction,
01:26allaient être utiles justement pour bien raconter l'histoire,
01:28la raconter avec une langue qui allait correspondre,
01:30et la raconter de manière aussi à ce qu'elle puisse peut-être toucher les gens d'aujourd'hui,
01:35les éventuels lecteurs.
01:37Alors, ce qui est le cas, en fait, à travers différents chapitres,
01:40vous retracez les profils de ces personnes qui ont aidé votre grand-mère à l'époque,
01:46en fait, c'est comme des échantillons de bonté,
01:49est-ce que c'est un geste de gratitude que vous avez voulu faire à travers ce livre pour toutes ces personnes ?
01:54Alors oui, c'est effectivement un exercice de gratitude,
01:57effectivement, il y a aussi l'aspect devoir de mémoire,
01:59mais en fait, ça, ça vient en second plan, en fait.
02:02Ce dont j'avais l'impression, c'est plutôt d'avoir été le récipient d'air d'une histoire,
02:07miraculeuse, magnifique, qui pouvait donner de l'espoir, de la consolation, etc.
02:11Et j'avais envie, en fait, de la partager et d'interroger aussi ce miracle,
02:19cette espèce de conte de fées dont j'avais été l'héritière, en fait.
02:23Ma grand-mère, elle parlait toujours avec beaucoup de tendresse et d'affection
02:25de ces gens de la Drôme qui l'avaient aidé, mais aussi nourri, mais aussi accouché, caché, etc.
02:31Elle nous avait offert, en fait, à ses descendants des espèces comme ça de gestes, d'anecdotes,
02:36mais qui sont à chaque fois des gestes, la porte qu'on ouvre, la main tendue,
02:41les faux papiers qu'on fabrique, la consultation médicale gratuite pour ses enfants et tout ça.
02:46Il y avait tout un tas de petits actes qui étaient posés.
02:48Et moi, j'avais envie de montrer, en fait, déjà de faire briller ces petits diamants de bonté
02:52qu'elle nous a offerts, et puis de montrer, d'ouvrir un peu la boîte noire du sauvetage, en fait.
02:58Ma grand-mère, ça a été la seule survivante de toute sa famille,
03:01grâce au fait qu'elle ait été, justement, cachée, hébergée, etc.
03:05Nourrie, tolérée, aimée par ces villageois de la Drôme.
03:09Et donc, voilà, c'est exactement ce que j'avais envie de faire.
03:11J'avais envie d'interroger ce qu'on deux fait, d'aller voir comment fonctionne le sauvetage,
03:15quels ont été ses actes, de les faire briller pour qu'ils, à la fois qu'ils nous éclairent,
03:19et puis qu'ils nous réchauffent.
03:20Alors, est-ce que vous avez trouvé un fil commun, un point commun entre ces êtres,
03:25enfin, leurs descendants que vous avez rencontrés aussi ?
03:29Qu'est-ce qui les lit, finalement ?
03:31Parce que, d'ailleurs, ce qui est intéressant, c'est que ce sont des petits actes d'héroïsme presque ordinaires.
03:36Ils ne se sont pas drapés dans une résistance, ils ne sont pas targués d'êtres de grands résistants.
03:42Néanmoins, ils l'ont été.
03:42Oui, j'ai réussi à trouver 38 personnes, en fait, qui, autour de ma grand-mère,
03:49ont pu, comme ça, monter un espèce de mur de montée pour la protéger, je pense.
03:54Alors, c'est une galerie de portraits de gens qui sont extrêmement différentes.
03:56C'est une galerie de portraits de 38, justement.
03:57Oui, extrêmement différentes, des jeunes, des vieux, des chrétiens, des athées, des communistes,
04:01des gens sympathiques, et puis des gens qui ne l'étaient pas du tout,
04:03une majorité de gens sympathiques, néanmoins.
04:06Leur point commun, je pense que c'est deux choses,
04:08et en ça, vraiment, je trouve que cette histoire, c'est vraiment un antidote au sentiment d'impuissance.
04:13C'est-à-dire qu'ils ne se sont pas demandé si leur geste allait changer quelque chose.
04:17Ils n'ont pas attendu de se sentir puissants pour agir, en fait.
04:20Donc, ils ne se sont pas dit, nous, on est des petits fermiers, des petits laitiers,
04:23des petits médecins, des petits villageois, etc.
04:26Donc, à quoi bon ? Ils ont vraiment agi en fonction des eaux claires de leurs âmes.
04:31Ça, c'était une résistante qui exprimait ça, et je trouve que ça leur va très bien.
04:35Et puis, il y a aussi un aspect qui me semble fondamental dans cette histoire,
04:38c'est que ce sont des gens qui, quand même, globalement, ont accepté de désobéir.
04:41C'est-à-dire qu'ils ne se sont pas conformés à l'esprit du temps.
04:46Ils n'ont pas accepté des lois qui leur semblaient uniques.
04:50Ils n'ont pas tenté de faire comme tout le monde pour les fonctionnaires.
04:54Parce qu'il y a eu, certainement, dans le cas de ma grand-mère,
04:57comme dans beaucoup d'autres cas de juifs qui ont été sauvés pendant cette période-là,
05:01des fonctionnaires, adjoints au maire, secrétaire de mairie, assistantes sociales,
05:05qui ont agi, en fait, dans son cas, en tout cas, c'est prouvé.
05:09Ils ont accepté de ne pas répondre à l'esprit de la loi,
05:13au règlement de leur profession, à leur corporation.
05:15Dernière question, rapidement.
05:17Comme ça, lorsqu'on voit leur histoire, ce sont des justes.
05:20Pourtant, peu ont souhaité accéder à ce statut.
05:26Or, beaucoup ne se sont pas posé la question.
05:29Pour eux, pour la majorité de ces gens, c'était tout à fait normal.
05:33Et puis, il y a un facteur qui me semble intéressant à soulever,
05:36c'est qu'autour de ma grand-mère, c'était une solidarité qui s'est tressée autour des berceaux à ma grand-mère
05:40pendant cette période où elle était cachée.
05:42Elle a eu deux enfants, donc ma mère et mon oncle.
05:45Et du coup, c'est une solidarité très féminine.
05:48La sage-femme qui l'a accouchée, la fermière qui l'a hébergée,
05:53les voisines qui l'ont aidée, etc.
05:54Et cette résistance civile, qui est une résistance de femmes, a été pas mal silenciée.
06:00En tout cas, c'est à lire.
06:01C'est un très joli livre.
06:03On n'est pas du tout dans le pataud.
06:05C'est tendre, il y a de l'humour.
06:07C'est bien écrit, ça s'écrit à propos d'un village oublié.
06:09C'est publié chez Flammarion.
06:11Merci beaucoup, Véronique Mougat.
06:12Merci à vous.
06:17Merci à vous.

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