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Transcription
00:00On passe à la culture dans ce journal et notre invitée de ce soir est une réalisatrice audacieuse.
00:06A la fois poétesse des images, passeuse de mémoire, après Atlantique Grand Prix à Cannes,
00:12Matidiop revient avec Daomé, un documentaire salué dans le monde entier qui raconte le rapatriement des 26 trésors du royaume de Daomé,
00:20pillé par la France et restitué au Bénin 130 ans plus tard.
00:24Un film où la voix des œuvres résonne, où la jeunesse africaine s'interroge et où le cinéma devient un acte de réparation.
00:33Matidiop, bonsoir et bienvenue dans votre journal de l'Afrique.
00:37Bonsoir.
00:38C'est un plaisir de vous recevoir. On vous reçoit pour la sortie en Afrique francophone de votre film
00:43qui grâce à Soudou Connexion sera diffusé au Burkina, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée, Togo ce 9 mai.
00:51Et déjà sur les écrans au Kenya depuis le 2 mai, on montre les images à l'antenne.
00:56Matidiop, dites-nous comment est née cette histoire, cette idée de Daomé après Atlantique que vous avez fait,
01:03qui était un film très différent.
01:05En réalité, le film est né dans mon esprit en 2017, au moment où le sujet de la restitution refait surface
01:12dans le champ politico-médiatique. Et ce mot, restitution, a une très forte résonance en moi.
01:22Non seulement je me rends compte à quel point le tabou est enfoui, pas seulement dans la société française,
01:29mais en moi aussi. Et je me rends compte que ce mot incarne assez précisément la démarche de cinéaste
01:39que j'entreprends depuis 2008, où j'ai choisi d'engager mon cinéma en Afrique.
01:46Et où à travers mon cinéma, quelque part, à ma façon, je restitue un certain nombre de réalités
01:53dans leur complexité, sous des dimensions sensibles, existentielles.
02:00Et du coup, ce mot s'est mis à évoquer beaucoup de choses à la fois pour moi.
02:06J'étais en écriture d'Atlantique au moment où j'ai senti que j'allais consacrer sans doute
02:11un deuxième long-métrage à cette question. Et en 2021, beaucoup plus tôt que ce que j'aurais imaginé,
02:19j'apprends dans la presse que 26 trésors royaux sont sur le point d'être apatriés.
02:23Et au lieu d'écrire une fiction, ce que j'envisageais à l'origine, ça se transforme en film
02:29qu'il faut mettre en place dans l'urgence. Et ce documentaire commence.
02:32Et alors, la forme est aussi très singulière. Le film mêle des silences, des plans méditatifs,
02:41la voix vibrante des œuvres, écrite par Mackenzie Orsel, écrivain haïtien.
02:46Comment est venue cette idée, justement ?
02:49Pour moi, c'était déjà une évidence de confier cette voix des trésors à une écrivaine
02:56ou à un écrivain haïtien. C'est finalement Mackenzie Orsel que j'ai choisi.
03:02Et vous parlez de la dimension très singulière de la forme, des silences, des plans méditatifs,
03:09mais qui mènent tous vers un débat extrêmement frontal qui représente le cœur du film.
03:16D'ailleurs, je propose qu'on écoute un extrait du film et on va voir qu'il y a ce débat-là
03:21qui est très fort aussi dans le film. On écoute.
03:24Notre propre culture n'a pas été apprise dans notre nom.
03:28Ce qui a été pillé il y a plus d'un siècle, c'est l'âme des peuples.
03:32On va permettre aux historiens, aux artistes, de se réapproprier cette histoire-là.
03:36C'est un fait pour moi politique. En rien, ce n'est historique.
03:39– Extrait du film Daomé, Matti Diop, on a vu, alors les séquences sont évidemment plus longues,
03:45mais certains jeunes disent que cette restitution, on entend dans le film,
03:50aurait servi des agendas politiques, aussi bien de Partes Estallon que d'Emmanuel Macron.
03:56Diriez-vous que Daomé est néanmoins un film politique ?
03:59– Daomé, avant même d'être un film et un geste politique,
04:03qui rend une histoire, une voix, une subjectivité au trésor royau
04:10et qui permet à la jeunesse qu'on entend dans ce film
04:15de reprendre possession du débat, d'en faire sa propre histoire
04:19et surtout de revitaliser le sujet de la restitution du point de vue africain
04:25et de décentrer cette question de l'Europe,
04:29puisque ça fait quand même très très longtemps
04:30que les débats qui sont entendus et partagés viennent plutôt d'Europe,
04:35est-ce que c'est important de proposer un contrepoint radical ?
04:38– Radical et très intéressant.
04:41Dans le film, il y a une question qui hante littéralement tout le récit,
04:45c'est 26, c'est un chiffre, 26 œuvres.
04:49Au début d'ailleurs, on entend, c'est ni plus ni moins,
04:51c'est pas 24, c'est pas 25, c'est pas 29 ni 30, c'est 26.
04:56Certains y voient un geste symbolique, d'autres, dans le film d'ailleurs,
04:59c'est dit, une forme d'humiliation.
05:02Mais qu'est-ce que vous en pensez ?
05:03Est-ce que ce chiffre est devenu un personnage à part entière
05:07avec lequel vous avez pu jouer ?
05:09– Là, vous tirez vraiment l'un des fils.
05:13En fait, il y a tellement de questions, en fait,
05:16qui sont soulevées à travers cette restitution.
05:2026 est l'une des énigmes de cette restitution.
05:23Au début du film, lorsque cette voix nous parle du noir,
05:29du sous-sol des quai Branly, de l'oubli, du silence,
05:32cette voix, elle parle au nom de tous les œuvres pillées sur le continent africain,
05:38mais elle commence par dire qu'on l'a appelée 26.
05:43Or, il s'agit du nombre d'œuvres qui ont été rendues.
05:45C'est une manière d'ironiser sur la dimension arbitraire et aléatoire de 26.
05:51Ça aurait pu être 24, ça aurait pu être 350, ça aurait pu être 1 000.
05:54– Sachant qu'il y en a 7 000 en tout.
05:56– C'est 26, finalement, une 27e a été rapatriée.
06:00Mais ça révèle surtout l'ampleur, en fait, de toutes les œuvres qui ont été pillées,
06:07la dimension vertigineuse du chiffre, à quel point ce pillage est massif.
06:17En arrivée à 26, c'est presque vertigineux, parce que ça raconte aussi l'ampleur du pillage,
06:23mais aussi la dimension paradoxalement immatérielle et l'impossibilité d'une réparation aussi,
06:32puisque c'est avant tout irréparable.
06:34Ce crime contre l'humanité que représente la colonisation et le pillage qui s'en est suivi est avant tout irréparable.
06:41Mais à partir de 26, peut-être qu'un débat se pose,
06:49peut-être qu'un débat a le mérite de soulever toutes les questions qui n'ont pas été soulevées
06:53depuis des décennies, depuis des siècles, de rompre un silence
06:57et de permettre, en tout cas à travers ce film, à une jeunesse de poser toutes les questions
07:02qui sont légitimes à être posées.
07:04– À être posées, absolument.
07:06Alors, rapidement, Mathilde, vous avez fait le premier long-métrage de fiction sur l'immigration atlantique.
07:11Ça, ce film documentaire magnifique, très fort sur les restitutions.
07:17C'est quoi, les projets en cours ?
07:18Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?
07:21– Je ne révèle jamais la suite, mais c'est toujours cette frontière
07:28entre le documentaire et la fiction et entre l'intime et le politique.
07:31– Eh bien, on sera là pour le voir et j'espère que vous viendrez nous en parler ici, au Journal de l'Afrique.
07:38Merci infiniment d'être venus.
07:40– Merci de m'avoir reçu.
07:41– Merci beaucoup, Mathilde, c'est ainsi que nous refermons ce Journal de l'Afrique.
07:44Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde,
07:46et ce soir en particulier, évidemment, de Dakar à Paris,
07:50en passant par Cotonou, à Beaumet, et toutes les villes du Bénin,
07:55et bien d'autres sur le continent africain.
07:58Merci.
07:58Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 24,
08:00il paraît que ça ne s'arrête jamais d'ailleurs.
08:01– Sous-titrage Société Radio-Canada

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