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00:00Et avec nous Christophe Lemoyne, bonsoir.
00:02Bonsoir.
00:03Vous êtes porte-parole du Quai d'Orsay, alors cela fait trois ans, je viens de le voir, que Cécile Collère et Jacques Paris sont détenus.
00:08Qu'est-ce qui a poussé les autorités françaises à agir maintenant et à déposer cette plainte ?
00:12Est-ce que c'est vraiment le signe que tous les recours diplomatiques, tous les canaux diplomatiques sont aujourd'hui épuisés ?
00:17D'abord juste rappeler quelque chose qui me semble absolument essentiel.
00:21Cécile Collère et Jacques Paris sont innocents.
00:24Ils ont été arrêtés pour des raisons injustifiables et injustifiées.
00:27Ils ne devraient pas être incarcérés, ils ne devraient pas être là où ils sont à l'heure actuelle.
00:32Et la France, depuis leur incarcération le 7 mai 2022, fait tout pour obtenir leur libération.
00:42Nous avons constaté que nous avions des difficultés à avoir accès à Cécile Collère et à Jacques Paris.
00:49Et cette difficulté en fait est en contradiction avec les obligations qu'a l'Iran au titre du droit international,
00:54ce qu'on appelle la protection consulaire, à savoir que chaque État doit avoir accès aux personnes qui sont détenues
01:01pour vérifier leurs conditions d'incarcération, pour vérifier qu'ils ont bien accès à un avocat
01:07et qu'ils sont dans des conditions normales.
01:11Toutes ces conditions ne sont pas réunies.
01:14L'Iran les a violées depuis le début.
01:16Et c'est la raison pour laquelle le ministre a décidé de déposer une requête devant la Cour de justice
01:20pour faire constater par la Cour les manquements de l'État iranien.
01:25Qu'est-ce que vous attendez précisément justement de cette Cour dans les prochaines semaines à l'AE ?
01:29Qu'est-ce qui va se passer ?
01:31Tout d'abord c'est une procédure judiciaire, à savoir que c'est contraignant.
01:35Comme vous le savez, l'Iran et la France sont partis à cette convention de Vienne
01:40qui est la base de cette requête.
01:42Donc nous attendons une décision contraignante pour contraindre l'Iran à respecter ses obligations.
01:49Mais surtout, vous savez que les décisions de la Cour de justice ont une grande force symbolique.
01:54Et au-delà du simple côté judiciaire, il faut faire reconnaître,
01:59il faut que chacun sache que l'Iran ne respecte pas ses obligations
02:03et ne les respecte pas, surtout sur un cas humain qui est absolument inquiétant.
02:09Les conditions de Jacques Paris et de Cécile Collaire sont très inquiétantes
02:15et c'est la raison pour laquelle cette plainte a été déposée
02:18pour pousser les autorités iraniennes à se conformer à leurs obligations.
02:21Est-ce qu'il y a un message sous-jacent que vous voulez adresser à l'Iran ?
02:25C'est leur dire que les autorités françaises durcissent le ton aujourd'hui ?
02:28C'est une priorité pour les autorités françaises et ça l'a toujours été.
02:31Cécile Collaire et Jacques Paris ne sont pas les premières personnes retenues en otage.
02:35Il y avait Olivier Grondeau qui, fort heureusement, a été libéré il y a quelques semaines,
02:39mais il y en a eu d'autres.
02:41Et le message passé à la République d'Iran, il est clair,
02:44c'est que la France ne cèdera pas à cette politique d'otage d'Iran
02:47et la France continuera à mettre la pression sur les autorités iraniennes
02:50pour obtenir la libération de ces deux derniers otages.
02:54Vous l'avez dit, Olivier Grondeau, mais il y a également eu Fariba Adelka,
02:59Louis Arnaud, Benjamin Brière, Bernard Feland.
03:01Qu'est-ce qui explique que Cécile Collaire et Jacques Paris, eux, ne sont pas libérés,
03:04alors que tous les autres ont aussi passé quelques mois, quelques années en prison,
03:07mais ont pu finalement être libérés ?
03:09Écoutez, pour être très franc, je vais vous répondre assez simplement.
03:12Ils sont détenus sans raison, sans procédure judiciaire.
03:16C'est le royaume de l'arbitraire le plus complet.
03:19Donc nous avons engagé des discussions sur chacun des cas.
03:22Elles ont fort heureusement abouti pour tous ceux que vous citez.
03:25Mais pour Cécile Collaire et Jacques Paris, elles n'ont pas abouti,
03:28puisqu'encore une fois, il faut s'imaginer qu'il n'y a aucune cohérence dans tout ça.
03:34Et c'est vraiment le royaume de l'arbitraire.
03:36Mais alors justement, pourquoi elles n'ont pas abouti ?
03:38Est-ce que c'est parce que ce que réclame l'Iran cette fois, vous n'êtes pas prêt à le céder ?
03:42Mais encore une fois, la libération d'Olivier Grandot s'est faite sans contrepartie.
03:46Elle s'est faite parce qu'il y a eu une discussion qui a été maintenue avec les autorités iraniennes,
03:50parce que la pression de la France a été forte et elle a permis la libération d'Olivier Grandot.
03:57Encore une fois, dans le cas de Cécile Collaire et Jacques Paris,
04:00je ne pourrais pas vous donner de raison rationnelle,
04:03parce qu'encore une fois, l'ensemble de la procédure
04:05et le comportement des autorités iraniennes n'est pas rationnel sur ce sujet.
04:08Alors cette décision de porter plainte, elle intervient le jour où une rencontre a eu lieu en Turquie,
04:14entre le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et donc une délégation iranienne à propos du nucléaire iranien.
04:23Comment se sont passées ces discussions ?
04:25Écoutez, l'essentiel, c'est qu'elles se soient passées d'abord,
04:28parce que sur le dossier de la crise de prolifération nucléaire,
04:32ce qui est important, et c'est ce que nous avons toujours dit,
04:34c'est que la solution soit une solution diplomatique.
04:37Il faut que nous arrivions à un accord avec les Iraniens par la discussion.
04:40Vous savez que le calendrier se resserre, puisqu'au mois d'octobre prochain,
04:44il y a une échéance extrêmement importante.
04:45C'est la fin de l'accord qui a été signé il y a dix ans.
04:49Et il faut absolument arriver à une solution par la négociation.
04:52Donc la première bonne nouvelle, c'est que ces discussions se soient tenues,
04:57qu'elles continuent et qu'elles permettent de progresser vers une solution négociée.
05:02Je voudrais vous faire réagir à une tribune parue dans l'hebdomadaire Le Point la semaine dernière.
05:08Elle a été publiée par le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyed Abbasarakchi.
05:12Comment avez-vous accueilli les différentes déclarations dans cette tribune ?
05:16Il met à la fois en garde la France contre la stratégie de confrontation,
05:20et en même temps, il se dit disposé à tourner la page avec l'Europe et à en écrire une nouvelle.
05:25Vous pensez qu'un dialogue est encore possible ?
05:28Le dialogue, en tout cas, sur la crise de prolifération nucléaire est encore possible.
05:31Le dialogue est encore ouvert sur le cas de Cécile Collère et Jacques Paris.
05:34Maintenant, ce que nous attendons, c'est des signes de bonne volonté de la part de l'Iran.
05:38Et très franchement, la libération de Cécile Collère et Jacques Paris doit intervenir rapidement.
05:44Est-ce que vous pouvez nous donner des nouvelles, justement, de Cécile Collère et Jacques Paris ?
05:48Est-ce que vous en avez eu raison ?
05:49Comme je vous le disais, c'est tout le sujet de cette requête.
05:51C'est qu'on a du mal à avoir accès à Cécile Collère et à Jacques Paris.
05:54En trois ans de détention, il n'y a eu que quatre visites consulaires d'agents de l'Ambassade,
05:59ce qui est très peu, des visites très courtes.
06:01Et sa sœur nous disait qu'ils étaient dans un état de santé.
06:04Effectivement, leur état est très inquiétant.
06:07Mais c'est lié à leurs conditions de détention.
06:09Quand vous enfermez des prisonniers dans des cellules minuscules,
06:13avec la lumière allumée toute la journée,
06:15que vous ne leur donnez pas les choses qui leur permettent d'assurer leurs besoins essentiels.
06:21Il faut juste s'imaginer que Cécile Collère n'a pas le droit de recevoir des livres.
06:25Elle n'a pas le droit de lire.
06:26Elle n'a pas le droit d'écrire.
06:27C'est une situation psychologique qui est absolument intenable.
06:30Et bien évidemment, leur état est plus qu'inquiétant.
06:33Parce que les conditions de détention, encore une fois,
06:36ça conforme à ce que l'on appelle de la torture en droit international.
06:41Il y a un mois, Jean-Noël Barraud avait appelé les Français à ne plus se rendre en Iran.
06:44Vous réitérez cet appel aujourd'hui ?
06:46Mais encore plus fermement, l'ensemble de...
06:50Cécile Collère et Jacques Paris, mais aussi Olivier Grandeau et les autres,
06:53n'ont été arrêtés que parce qu'ils avaient une nationalité française.
06:57Il n'y a pas d'autres raisons.
06:59Donc aller en Iran en ce moment, c'est une folie.
07:02Et le traitement est similaire avec les autres pays européens ?
07:05Alors il y a d'autres personnes qui sont retenues.
07:07Puisqu'encore une fois, la République islamique d'Iran utilise ses méthodes avec la France,
07:10mais avec d'autres pays.
07:13Et la situation est effectivement absolument similaire.
07:18Similaire, c'est-à-dire qu'ils n'obtiennent pas, eux non plus, la libération des personnes détenues ?
07:21Ils ont les mêmes difficultés que nous à avoir accès aux personnes qui sont détenues.
07:27Ils ont, eux aussi, un dialogue ouvert avec les autorités de Téhéran.
07:31Mais c'est extrêmement difficile.
07:33Encore une fois, c'est une procédure qui est totalement opaque.
07:36Même Cécile Collère et Jacques Paris n'ont pas accès à leur avocat,
07:38n'ont pas d'informations sur la procédure qui est en cours.
07:42Je ne sais même pas si on peut parler de procédure judiciaire.
07:45C'est vraiment, encore une fois, le royaume de l'arbitraire qui règne.
07:48C'est le cas pour Jacques Paris et Cécile Collère.
07:50Mais je pense que, je suis certain que c'est le cas pour les autres ressortissants européens
07:54qui ont été arrêtés dans les mêmes conditions et pour les mêmes raisons,
07:57à savoir la seule détention d'un passeport d'un État membre de l'Union européenne.
08:01Pour terminer, on a déduit que tant que le dossier du nucléaire iranien
08:05n'aura pas évolué, avancé la situation de Cécile Collère et Jacques Paris non plus.
08:11Ce qui est certain, c'est que pour les autorités françaises,
08:14encore une fois, la libération de Cécile Collère et Jacques Paris est une priorité.
08:18Vraiment.
08:18Et bien évidemment, il n'y a pas d'étanchéité entre les deux sujets.
08:23Merci, merci beaucoup Christophe Lemoyne.
08:25Merci beaucoup.
08:25Notre invité sur France 24.
08:28On va maintenant passer à...