Minute Judiciaire de Michel Mary par Le Nouveau Détective - Dailymotion

Le Nouveau Détective

Toutes les semaines, Michel Mary vous décrypte une enquête ou un procès relevant du faits divers.

Transcript

00:00Bonjour et bienvenue sur ma minute judiciaire du Nouveau Détective, aujourd'hui je vous

00:06propose une minute judiciaire sous forme de chronique judiciaire, je vais vous parler

00:12d'un procès pas ordinaire, un procès hors normes, l'affaire Pellico, dite l'affaire

00:18Mazan, où l'on compte 51 accusés.

00:22La cour criminelle du Vaucluse entame sa quatorzième semaine d'audience.

00:39En début de semaine dernière, les deux avocats généraux ont entamé leur réquisition,

00:44les représentants du ministère public ont enchaîné leur vision du procès, du dossier

00:51et réclamé les peines pour l'ensemble de tous ces accusés.

00:55Fait marquant et aussi unique dans les prétoires, au regard de la situation, on a l'impression

01:01d'assister à 51 procès avec à chaque fois la même victime, Mme Gisèle Pellico.

01:09Un exercice difficile compte tenu que le droit prévoit une personnalisation des peines,

01:17pas moins de 3 jours, 3 grandes journées sont réservées pour les réquisitoires.

01:23La majorité des accusés sont poursuivis pour un ou plusieurs viols aggravés par deux

01:29circonstances, la réunion et la soumission chimique.

01:34L'ensemble de ces réquisitoires a été sévère mais à la hauteur des faits reprochés

01:39ou prévenus, au total j'ai refait le décompte, c'est 584 années de prison qui ont été

01:48demandées à l'encontre des accusés.

01:51En suivant ces instants d'audience, je constate une logique dans la personnalisation des peines

01:55réclamées et aussi une morale dans ce dossier où les accusés se sont perdus dans des explications

02:01douteuses et surtout peu entendables.

02:05La plupart ont une personnalité structurée sur un mode pervers.

02:09Le ton est rapidement donné par les avocats généraux qui ont commencé par le principal

02:15accusé, Dominique Pellicot, en réclamant à son rencontre à la cour criminelle de

02:19le condamner à une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

02:25En disant 20 ans c'est à la fois beaucoup car 20 ans d'une vie, quel que soit son âge,

02:32ce n'est pas rien, mais c'est à la fois beaucoup et trop peu, trop peu au regard

02:37de la gravité des faits qui ont été commis et répétés, a-t-elle insisté.

02:42On ne peut plus considérer en 2024 qu'une femme est d'accord si elle n'a rien dit.

02:50Le « puisqu'elle n'a rien dit, elle était d'accord », ce n'est plus entendable.

02:55Et de marteler que l'absence de consentement de Gisèle Pellicot, droguée lors des viols

03:01qu'elle a subis, ne pouvait être ignorée par les accusés.

03:04Il n'y a pas de place pour le consentement implicite invoqué par certains accusés,

03:12pas plus qu'il n'y a de place pour le consentement par procuration donné par Dominique

03:17Pellicot, le mari à l'époque.

03:20Ensuite les magistrats sont repartis dans une logique chronologique en continuant par

03:27les peines les plus basses et en montant crescendo en fonction des faits reprochés

03:31et de leur gravité, en fixant à 10 ans le seuil minimum de la sanction.

03:37Ce quantum a été demandé 11 fois contre ceux qui sont venus une fois et qui n'avaient

03:43pas fait parler d'eux sur un plan judiciaire avant les faits, en leur rappelant au passage

03:48qu'il n'existe pas de viol ordinaire, accidentel ou involontaire, ça n'existe

03:54pas.

03:55Puis le quantum monte d'un cran, j'évoque cet ancien policier qui, de part ses anciennes

04:00fonctions, n'aurait jamais dû se trouver dans cette situation ou cette action criminelle.

04:06Celui qui expliquait être venu un jour de l'an parce qu'il n'avait rien de mieux

04:11à faire à cette période de fête, j'ajoute qu'il était connu pour des violences conjugales

04:16contre lui il sera réclamé 12 ans.

04:19Bref, vous l'aurez compris, les peines demandées s'alourdissent au fil des réquisitions,

04:25les magistrats sanctionnent les dénégations des accusés qui adoptent une défense contre

04:30toute logique alors qu'ils ont été filmés lors des viols commis sur Gisèle Pellicot.

04:35Idem pour les amnésiques, ceux qui n'ont, curieusement, plus aucun souvenir des faits.

04:41On monte encore d'un cran contre ceux qui ont un casier judiciaire, 13 ans.

04:47On passe à 14 pour ceux qui détenaient des photos ou des films pornographiques dans leurs

04:52ordinateurs, c'est le cas de Thierry, 656 photos et 419 films.

04:58Et enfin, ceux qui sont venus plusieurs fois, ils sont 4 à être venus 6 fois.

05:04Contre ces récidivistes du viol, des peines de 16 à 18 ans ont été réclamées.

05:10Il a été requis 17 ans contre Jean-Pierre M, le seul accusé parmi les 51 à ne pas

05:17être poursuivi pour viol contre Gisèle Pellicot, mais en revanche, il a offert à

05:24plusieurs reprises son épouse à Dominique Pellicot.

05:28En droit, tous les accusés dans le boxe encourt la même peine, mais je vous l'ai dit tout

05:33à l'heure, la loi prévoit l'individualisation des peines, c'est obligatoire.

05:39Et c'était une des difficultés de ce procès, individualiser les peines, c'est fait, mission

05:46accomplie.

05:47Pour Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pellicot, qui prend la parole en premier pour

05:53assurer la défense du principal accusé, elle commence par « bien malgré moi, je suis

06:00devenue l'avocat du diable, mais je l'assume pleinement ». Une défense compliquée, voire

06:06acrobatique, ce d'autant que son client a lui-même reconnu mériter la peine maximale.

06:12Elle prend le seul axe possible pour la défense de Pellicot, l'avocate tente de le réhumaniser,

06:20rappelant qu'il n'a pas toujours été un monstre, on ne naît pas pervers, on le devient,

06:25dit-elle, et en rappelant l'enfance compliquée de son client.

06:30Puis elle rappelle aussi que Pellicot a été un bon père, bienveillant et généreux.

06:36L'avocate tente aussi de mettre en exergue la responsabilité du site Coco, qui a été

06:42fermé depuis, sans qui rien ne serait arrivé.

06:47Et enfin, l'avocate balaye d'un revers de manche l'emprise que son client aurait pu

06:52exercer sur les autres accusés, rappelant qu'il n'est pas responsable de l'état

06:57d'esprit de chacun, qu'il n'était ni violent ni menaçant.

07:03Pas sûr, évidemment, que cela suffise pour obtenir une quelconque clémence de la cour

07:09criminelle.

07:10Voilà, c'était un peu long, mais c'était ma minute judiciaire du Nouveau Détective,

07:15le verdict devrait être rendu le 20 décembre.

07:19Je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau dossier.

07:32Ciao.

Procès de Mazan : l’heure des réquisitions

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Minute Judiciaire de Michel Mary

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