Un documentaire réalisé dans le cadre des Ateliers d'Angers (Festival Premiers Plans) en 2013, par Joinita Kerbart, Laura Serreau, Amélie Jacquemin, Christine Foucault. Résumé : Fabien et Jean Marie vivent ensemble depuis 17 ans. Ils sont homos, ils assument. Ils ont décidé de se marier civilement et religieusement, mais ça n'a pas été toujours été simple de se faire accepter.
Intervenants : Xavier Liébard, réalisation, Benoît Maximos, montage, François Fayet, montage et suivi technique .Festival Premiers Plans : Claude-Eric Poiroux, Délégué général, Xavier Massé, Secrétariat général et administration, Véronique Charrat, Coordination de projet . Avec le soutien technique du Centre audiovisuel de l'Université Catholique de l'Ouest. En partenariat avec la Ville d'Angers, de la Région des Pays de la Loire et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire.
Remerciements : Jean-Marie et Fabien
Pour voir tous les films des Laboratoires documentaires d'Angers.
https://www.dailymotion.com/playlist/x71xmm
Intervenants : Xavier Liébard, réalisation, Benoît Maximos, montage, François Fayet, montage et suivi technique .Festival Premiers Plans : Claude-Eric Poiroux, Délégué général, Xavier Massé, Secrétariat général et administration, Véronique Charrat, Coordination de projet . Avec le soutien technique du Centre audiovisuel de l'Université Catholique de l'Ouest. En partenariat avec la Ville d'Angers, de la Région des Pays de la Loire et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire.
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ÉducationTranscription
00:00 [SILENCE]
00:07 [SILENCE]
00:14 - Je vous prouve du café. - Hum.
00:16 [SILENCE]
00:20 Hop.
00:21 [SILENCE]
00:25 Ok.
00:26 [SILENCE]
00:33 [SILENCE]
01:01 [SILENCE]
01:10 - Il est où celui-là ?
01:11 [SILENCE]
01:12 - Il est dans le dos ?
01:13 [SILENCE]
01:14 - Ah bon ? - Parce que là, ils n'ont pas de coups dans le dos.
01:16 - Non, il y a juste ses initiales et les doigts.
01:18 [SILENCE]
01:23 - Je n'ai découvert Jean-Marie que le jour où...
01:28 [SILENCE]
01:30 - J'ai eu accès à son appartement, en fait.
01:34 - Parce qu'en fait, je l'avais croisé sur plusieurs manifestations en tant que soeur de la Perpétuelle Indulgence.
01:40 - Donc, maquillée, travesti.
01:44 - Et ce jour-là, j'ai accompagné un groupe d'amis pour prendre un café.
01:48 - Et au sortir de la douche, j'ai découvert ce qui se cachait en dessous du personnage.
01:54 - J'ai poussé un cri de peur.
01:57 - Et malgré tout, après le café, j'ai posé mes valises, pour ainsi dire, et je ne suis jamais reparti.
02:05 - Et ça fait dix-sept ans que c'est dur.
02:08 [RIRES]
02:10 - C'est-à-dire que le jour où Fabien a rencontré Carmen Sida, Fon Gogota,
02:15 - parce que c'est très important dans mon histoire, le FON,
02:19 - Fabien, de fait, est passé de l'image virtuelle, d'une espèce de travesti, mi-homme, mi-femme,
02:31 - à la réalité de Jean-Marie, avec des cheveux longs, dans un corps très poilu.
02:39 - Et c'est vrai que je me souviens tout à fait, non pas du cri d'horreur, parce que ce n'était pas un cri d'horreur,
02:47 - c'était juste "Mon Dieu, ce n'est pas possible que ça soit ça" [RIRES]
02:52 - à, de fait, "Et pourtant, ça, c'est pas mal".
02:57 - Moi, à l'époque, je faisais 130 kilos, tenir sur des talons aiguilles de 20 cm,
03:04 - il me fallait trois paires de chaussures pour une soirée, je niquais les talons aiguilles.
03:08 - Et je n'avais pas imaginé, c'est-à-dire que dans le milieu gay parisien, pour moi, les homos, ils étaient épais comme ça.
03:16 - L'image que tout le monde renvoyait, "Ah non, ça a été moi".
03:20 - Comme disaient mes plus beaux copains homos qui étaient danseurs, qui étaient acteurs,
03:29 - ils me disaient "Il n'y en a que pour la grosse". Pourquoi il n'y en a que pour la grosse ?
03:43 - Comment il le connaît, vous, Claudel ?
03:46 - Parce qu'il a fait la radio avec lui.
03:48 - Donc, on a un album spécial "Sœur".
03:53 - Je vais enlever celle-là.
03:57 - Voilà.
03:58 - Il était presque maigre, à l'époque.
04:02 - En fait, je ne savais pas vraiment pourquoi il était habillé de la sorte, ni quoi que ce soit.
04:07 - C'est quelques années après, à Angers, où j'ai découvert...
04:11 - Que c'était la même.
04:12 - Que c'était la même et pourquoi il se travestissait pour la cause, contre le sida, etc.
04:21 - Je vais quand même vous présenter le transsexuel de la maison.
04:30 - Donc ça, c'est un petit Pierrot que mes parents m'ont offert pour mes 18 ans.
04:37 - C'est-à-dire qu'ils avaient pensé à bien mieux et j'ai eu un petit Pierrot.
04:41 - Le petit Pierrot s'est cassé.
04:43 - Puis il me restait le corps du petit Pierrot.
04:45 - Puis j'ai trouvé cette superbe tête d'une poupée 18ème.
04:49 - Puis j'ai relooké mon petit Pierrot et il est devenu une gentille petite fille.
04:54 - Donc, comme il était en porcelaine, il a cassé son pied.
04:58 - Il doit avoir eu un doigt cassé.
05:00 - Et donc, du coup, il est très heureux chez nous, sur sa petite chaise Napoléon III.
05:05 - Et il se tient bien.
05:07 - C'est quoi les autres poupées, justement, les petits pantins ?
05:11 - En fait, ça, les petits mutins, oui, c'est notre dernier voyage à New York.
05:19 - Donc c'est pareil, ils nous ont fait de l'œil sur le marché opus.
05:24 - Je sais pas.
05:26 - Alors, ils peuvent s'asseoir, ils peuvent se détendre.
05:31 - Ils ont l'air tous sages comme ça, mais en même temps, ils sont un petit peu malins.
05:35 - Et c'est quoi, justement, ce qui vous plaît dans ça ? C'est quoi, en fait ?
05:39 - C'est le rapport à l'enfance ?
05:41 - Je pense que oui, on a aussi toute une collection de jeux, mais il y en aurait beaucoup trop à montrer.
05:47 - Mais oui, c'est le rapport à l'enfance.
05:52 - C'est aussi, on peut se jouer des gens, des mauvaises pensées.
06:00 - On se régénère quand on se tourne vers le passé, en fait.
06:05 - Je pense que de fait, dans nos histoires, on sait ce qu'on doit à nos grands-parents.
06:15 - Et donc, plus qu'à nos parents, parce que nos grands-parents ont été très attentifs à nos vécus d'homosexuels,
06:23 - donc ils ne pouvaient pas forcément mettre de beau, parce que c'était une génération du 19e siècle, fin 19e, qui avait du mal.
06:32 - Moi, ma grand-mère, un jour, m'avait dit "toi, les filles, c'est pas fait pour toi".
06:52 - Fait Aïdi !
06:54 - Donc ici, on est à la cour des Aunais, c'est une ferme fortifiée, petit manoir.
07:02 - Et c'est dans la chapelle qui est derrière nous qu'on a fait un temps de recueillement, de prière,
07:10 - pour associer les défunts de nos deux familles lors de notre mariage, il y a un mois.
07:15 - Et donc, on l'a fait dans cette chapelle-ci, suite à un refus de l'éléché qui ne voulait pas qu'on ait accès à l'église,
07:26 - le même jour que notre union civile, devant, non pas Madame le maire, mais un des adjoints de la mairie de Chalins.
07:39 - Je te donne mon nom. - Mon nom ? Mon nom ?
07:56 - Assis ! Assis ! Assis !
08:00 - Assis ! Assis ! Assis !
08:03 - Donc en fait, par rapport à l'entrée, il y avait une allée en L, avec des rangées de chaises et de bancs de chaque côté.
08:23 - Et puis, à partir du tiers qui était censé être le chœur, il y avait une table au centre, un paravent qui pouvait accueillir des bougies d'aluminium.
08:36 - Et puis, il y avait le harpiste et le chanteur lyrique à côté.
08:42 - Et puis, les différents intervenants se levaient de l'assistance pour venir lire les textes, les intentions de prière.
08:49 - Et en fait, tous nos morts étaient juste au-dessus de nous.
08:56 - Il y a eu deux choses importantes. Il y avait le texte d'une de nos amies qui est décédée d'un cancer,
09:11 - donc qui a laissé en testament, c'était son testament à ses enfants, ce qu'était la vie.
09:15 - Et puis, il y a un texte qu'on utilise chez les sœurs de la Perpétue de l'Indulgence, qui s'appelle le texte de Baltimore.
09:22 - Et ce texte-là, en fin de compte, dit "qui que vous soyez ou que vous soyez, vous êtes un enfant de l'univers et vous avez le droit d'être ici".
09:30 - Ça, c'est une des choses. Et la deuxième chose, c'est "vous avez le droit de dire simplement, sans colère et en toute simplicité, votre vérité".
09:40 - Et ce texte-là a été lu par deux malades du sida, que moi je connais depuis très longtemps.
09:46 - Donc Alain, qui est un des plus vieux malades du sida de France, et puis Martine, qui est quelqu'un que j'ai accompagné pendant des années,
09:53 - qui est quelqu'un qui, publiquement, ne peut pas prendre la parole, parce qu'elle a passé d'enfant battu, de femme battue et tout.
10:01 - Et là, elle a tenu à lire le texte avec la voix qu'elle a, avec ses difficultés pour lire.
10:09 - Et ça a touché les gens, parce que d'un seul coup, je ne dis pas qu'ils ont compris, parce que tout le monde sait notre engagement par rapport aux malades du sida,
10:18 - par rapport à des gens qui connaissent des difficultés dans la vie. Mais là, c'était vraiment incarné.
10:25 - Finalement, à tout ce qui a été dit dans la presse et justement par les bêchers, ils ont mis là des choses que nous, on n'y mettait pas.
10:37 - Parce que si vraiment on avait voulu une célébration d'un mariage, vu le milieu dans lequel on évolue, vu tous les prêtres qu'on a autour de nous,
10:47 - il suffisait qu'on demande à l'un d'entre eux de faire une cérémonie en privé en catimini, c'était fait, on n'en parlait pas.
10:53 - Sauf que justement, comme on est vraiment de cette éducation catholique, on n'attendait rien de l'Église catholique.
11:01 - Et nous là, on avait juste demandé qu'on respecte la mémoire des défunts. Et c'est pour ça que c'était violent.
11:09 - Ça nous a été refusé sous le prétexte qu'on était des homos. Donc c'est ça qui n'est pas passé.
11:14 - C'est-à-dire que de fait, ils ne nous reconnaissaient pas, ni comme Fabien, ni comme Jean-Marie, donc ni pas comme enfant baptisé de cette Église.
11:22 - Donc la réponse, elle était claire, c'est-à-dire que quand de fait, la veille au soir, on nous a dit que si on voulait, peut-être que ça pouvait se faire dans l'Église,
11:30 - c'était trop tard, on n'en avait pas besoin de cette Église. L'Église, c'est qui ? Dans les évangiles, il est très clair, l'Église, c'est quand deux ou trois se réunissent au nom de Jésus. Point barre.
11:40 - C'est ni un bâtiment, ni des prêtres. Et comme depuis des mois et des mois, cette Église, l'institution, nous a accalomié les homos, les a diffamé.
11:53 - Faut quand même pas oublier que jusqu'au bout, on nous a traité de pédophiles.
12:03 - Ça correspondait vraiment à notre foi mutuelle, à la foi de nos familles, qui sans renier totalement l'institution religieuse, sont fiers de leur conviction.
12:22 - Et je pense que oui, ça a vraiment fonctionné.
12:27 - Je pense que oui.
12:31 - Je pense que oui.
12:35 - Je pense que oui.
12:38 ...
13:04 ...