Bataille des idées : la victoire aux réactionnaires? Frédérique Matonti est professeure de science politique à l'Université Paris I - Panthéon-Sorbonne. Elle publie Comment sommes-nous devenus réacs ? (Fayard, 2021) : un titre volontairement provocateur mais qui parle quand même de son temps… Car, à la veille de l'élection présidentielle de 2022, l’idéologie réactionnaire semble désormais hégémonique.
L'auteure fait ainsi le constat d'un discours décomplexé, l’idéologie réactionnaire n'étant pas cantonnée à l’extrême droite car pour elle "ce qui caractérise le réac c'est cette volonté de revenir toujours à un passé imaginaire."
Le point de départ de ce livre est l’exaspération de Frédérique Matonti devant certains médias et chaînes d’info en continu - les fast thinkers (ou "intellectuels médiatiques") et certains médias étant pour beaucoup dans cette nouvelle hégémonie culturelle. Elle considère ainsi que "beaucoup de ces essayistes sont des fast-thinkers, des penseurs qui pensent vite, qui n'étayent pas suffisamment leurs propos." Et à l’heure du zapping, ce sont toujours les mêmes discours et les mêmes têtes qui se manifestent : Mathieu Bock-Côté, Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas, Pascal Praud, Alexandre Devecchio, Sonia Mabrouk, Natacha Polony, Elisabeth Lévy, Geoffroy Lejeune, et, bien sûr, Eric Zemmour.
Le livre remonte aux moments de ce glissement qui a lieu dès les années 1980. Car, il y a quarante ans, le clivage gauche/droite régissait les débats politiques et intellectuels. Mais, à partir de la fin des années 1970, la conjoncture politico intellectuelle progressiste marquée par l'hégémonie culturelle de la gauche se referma. Mobilisations antiracistes et étudiantes, fausse opposition entre classes populaires et minorités, crise de Mai 68… Autant de combats perdus par la gauche dans cette guerre des idées : " à partir du moment où la gauche est au pouvoir dans les années 80 on voit très vite cette contre hégémonie de droite se mettre en place " nous dit Frédérique Matonti.
Conséquence de tout ça, aujourd’hui, il n’y aurait plus personne pour endiguer les fast thinkers. Pour preuve, l'attaque dont est victime l’université, avec notamment l'enquête sur l’"islamo-gauchisme" annoncée en février 2021 sur CNews par la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal. Elle reprenait le discours du ministre Jean-Michel Blanquer. Une guerre des idées qui n'est pas sans danger nous averti la politiste car "on a vu aux Etats-Unis comment la bataille culturelle s'est transformée en violence."
L'auteure fait ainsi le constat d'un discours décomplexé, l’idéologie réactionnaire n'étant pas cantonnée à l’extrême droite car pour elle "ce qui caractérise le réac c'est cette volonté de revenir toujours à un passé imaginaire."
Le point de départ de ce livre est l’exaspération de Frédérique Matonti devant certains médias et chaînes d’info en continu - les fast thinkers (ou "intellectuels médiatiques") et certains médias étant pour beaucoup dans cette nouvelle hégémonie culturelle. Elle considère ainsi que "beaucoup de ces essayistes sont des fast-thinkers, des penseurs qui pensent vite, qui n'étayent pas suffisamment leurs propos." Et à l’heure du zapping, ce sont toujours les mêmes discours et les mêmes têtes qui se manifestent : Mathieu Bock-Côté, Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas, Pascal Praud, Alexandre Devecchio, Sonia Mabrouk, Natacha Polony, Elisabeth Lévy, Geoffroy Lejeune, et, bien sûr, Eric Zemmour.
Le livre remonte aux moments de ce glissement qui a lieu dès les années 1980. Car, il y a quarante ans, le clivage gauche/droite régissait les débats politiques et intellectuels. Mais, à partir de la fin des années 1970, la conjoncture politico intellectuelle progressiste marquée par l'hégémonie culturelle de la gauche se referma. Mobilisations antiracistes et étudiantes, fausse opposition entre classes populaires et minorités, crise de Mai 68… Autant de combats perdus par la gauche dans cette guerre des idées : " à partir du moment où la gauche est au pouvoir dans les années 80 on voit très vite cette contre hégémonie de droite se mettre en place " nous dit Frédérique Matonti.
Conséquence de tout ça, aujourd’hui, il n’y aurait plus personne pour endiguer les fast thinkers. Pour preuve, l'attaque dont est victime l’université, avec notamment l'enquête sur l’"islamo-gauchisme" annoncée en février 2021 sur CNews par la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal. Elle reprenait le discours du ministre Jean-Michel Blanquer. Une guerre des idées qui n'est pas sans danger nous averti la politiste car "on a vu aux Etats-Unis comment la bataille culturelle s'est transformée en violence."
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