Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1
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00:00 L'heure de retrouver les signatures européens.
00:04 Eugénie Bastier dans quelques instants pour la revue de presse des idées.
00:07 Mais comme tous les vendredis, c'est Catherine Ney que l'on retrouve.
00:09 Bonjour Catherine.
00:10 Bonjour Lionel, bonjour à tous.
00:12 Alors ce documentaire signé Agnès Pizzini et Olivier Hayage Vidal, diffusé sur France
00:18 2 les 17 et 24 janvier dernier, a réuni plus de 6 millions de téléspectateurs.
00:23 C'était un gros succès.
00:24 Il s'agissait de l'affaire Doutreau, l'un des plus grands naufrages judiciaires français.
00:30 Oui c'est un documentaire très original qui mêlait la fiction puisque des acteurs
00:35 incarnaient les victimes et aussi la réalité puisque plusieurs d'entre elles, ces victimes,
00:40 conseillaient les acteurs et témoignaient aussi à visage découvert de leur souffrance
00:45 qui dure encore 20 ans après.
00:47 Et tous les dialogues étaient extraits des procès verbaux.
00:50 Et l'histoire a commencé en l'an 2000.
00:52 Oui, quand 4 enfants de Thierry Delay et Myriam Badaoui sont placés en famille d'accueil
00:56 et séparés.
00:57 Et deux d'entre eux, Dimitri et Jonathan, 8 ans et 6 ans, racontent à leurs tatas
01:02 que leurs parents leur faisaient subir des manières, comme dit Zidé, c'est-à-dire
01:05 des rapports sexuels avec les voisins, le couple grenon d'Elle Planque et leur faisaient
01:10 visionner aussi des cassettes porno.
01:12 Alors les tatas se téléphonaient, est-ce que les enfants disaient vrai ? Les mêmes
01:16 choses.
01:17 Elles ont averti les aides sociales à l'enfance, le parquet a déclenché l'action publique
01:21 et les parents ont été mis en garde à vue, incarcérés.
01:23 Le procureur a désigné le juge Burgot, qui était en poste depuis un an, il avait 28
01:27 ans, un gamin.
01:28 Et cette mère donc, Myriam Badaoui, interrogée par le juge, a validé les témoignages des
01:34 enfants.
01:35 Oui, mais le jeune Dimitri s'est mis à dénoncer encore plus, et jusqu'à 70 personnes.
01:38 "Je ne l'emmenais plus faire des courses à Carrefour", disait la tata, "parce qu'il
01:42 me désignait du doigt des gens qui lui auraient fait des manières, même un jour le commissaire
01:46 de police de Boulogne".
01:47 Mais alors, il y avait aussi des gens connus, de lui, l'abbé Vielle, la boulangère, un
01:51 taxi, et d'autres, un huissier, comme ça, un autre, choisi au hasard.
01:54 Et la mère, quand on lui en demandait, en rajoutait.
01:57 Et le juge Burgot prenait tout au contant.
01:59 On invente même un Daniel Legrand et son fils.
02:02 La mère certifique, c'est un proxénète qui roule en Mercedes, il va vendre les ébats
02:07 des enfants filmés par l'abbé Vielle en Belgique.
02:10 Alors on trouve bien Daniel Legrand et son fils, mais le père est ouvrier, il pointe
02:15 tous les jours à l'usine, il vit dans sa voiture avec son chien, il part à travailler
02:18 à vélo.
02:19 On est venu le chercher à la sortie de l'usine pour le mettre en prison alors qu'il était
02:22 en bleu de travail.
02:23 Il ne comprend rien.
02:24 Pareil pour son fils, Lucien Maréco, pareil, qui clame son innocence, engage même une
02:29 grève de la faim.
02:30 Son avocat, maître de la rue, avertit le garde des Sceaux qu'il risque de mourir, ce qui
02:34 était une réalité pour qu'enfin il puisse sortir de prison.
02:37 - Et dans cette instruction, le juge Burgot a, on peut le dire, tout gobé.
02:42 Et il en se demande également.
02:43 - Oui, oui, pour espérer entrer dans ses bonnes grâces.
02:45 Le jeune Daniel Legrand lui écrit "invente même le meurtre d'une enfant de 4-5 ans après
02:49 avoir été violée et elle serait enterrée dans le jardin de lait".
02:53 Le juge lit la lettre à la mère qui valide tout encore.
02:56 On fouille les jardins, on enquête en Belgique, rien, toujours rien, parce qu'il n'y a rien.
03:00 - Et le juge sera toujours soutenu par sa hiérarchie.
03:02 - Ah oui, le procureur Leci, le président de la chambre d'instruction de Douai, Daniel
03:07 Beauvais, en retraite, vous savez, tous valident son enquête.
03:10 Et celui-ci ose même dire dans le documentaire "malheureusement, on n'a pas trouvé le corps
03:15".
03:16 Forcément, puisqu'il n'y avait pas de meurtre.
03:17 Donc il faudra deux procès, là en 2004 à Saint-Omer, puis à Paris en 2005 pour que
03:22 la justice lave ces 18 personnes de tout soupçon.
03:26 L'un est d'ailleurs mort en prison.
03:27 Seuls les parents et le couple Grenon-Delleplanque sont devraient accusés de viol.
03:31 Alors Jacques Chirac présentera ses regrets aux victimes et parlera d'un désastre judiciaire
03:36 sans précédent.
03:37 Malgré ça, pas de sanctions.
03:39 En effet, le juge qui est le personnage central décrit par les avocats comme quelqu'un de
03:45 froid au teint obscur et qui a causé tant de malheurs, écopera d'une réprimande du
03:49 Conseil supérieur de la magistrature.
03:51 Le procureur Lecing finira comme substitut général à Caen où il aurait sans doute
03:55 rêvé mieux.
03:56 Mais la justice, il faut en faire beaucoup pour être puni.
03:59 Comme ce juge qui offrait sur internet sa femme et sa fille de 12 ans.
04:03 Mais le juge n'a jamais tort.
04:05 Dans son discours d'adieu, c'est très intéressant, le procureur général François
04:08 Mollins le dit carrément.
04:10 "Affiger pour la justice une forme de mépris, inspirer à l'opinion des sentiments bas
04:14 sur son prétendu laxisme ou mettre en cause la légitimité de son action, avilie l'instruction
04:20 et en définitive blesse la République."
04:23 Voilà, on n'a pas le droit de critiquer la justice.
04:25 Mais lorsque lui saisit la Cour de justice sur des plaintes sur le Covid, où sept ministres
04:30 seront perquisitionnés, dont Edouard Philippe, que Madame Buzyn sera mise en examen, mise
04:35 en examen que la Cour de cassation vienne lever parce qu'elle ne reposait sur aucune base
04:40 légale.
04:41 Or c'est lui, François Mollins, qui avait ouvert l'instruction car il voulait blesser
04:45 la République.
04:46 Signature Catherine Ney.
04:47 Merci Catherine.