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Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Ziad Doueiri, réalisateur, pour la série "Cœurs Noirs" sur Prime vidéo.
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Transcription
00:00 Zia Douairi, bonjour. - Bonjour.
00:01 - Vous êtes cinéaste, votre film "L'insulte" avait été nommé aux Oscars en 2018
00:05 dans la catégorie du meilleur film étranger, c'est pas rien.
00:07 Vous avez réalisé les deux premières saisons de la césairie "Cul baron noir", c'est pas rien non plus.
00:11 Et votre actualité, je peux le dire pour avoir vu, c'est pas rien.
00:14 La série "Cœur noir", c'est au pluriel, ça s'entend pas à la radio, "Cœur noir",
00:18 pour la première fois une série française qui parle de l'armée française,
00:20 plus précisément des forces spéciales.
00:22 Ce sera à voir à partir de demain sur Prime Vidéo, il y a six épisodes,
00:26 avec notamment Nicolas Duvauchel.
00:28 Première question pour qui ne sait pas, que sont les forces spéciales ?
00:31 Elles dépendent de l'armée française, mais officiellement parfois,
00:33 elles ne sont même pas sur le terrain.
00:35 - Les forces spéciales, c'est les gens qui arrivent sur le terrain avant l'arrivée de l'armée.
00:41 C'est des gens qui travaillent en secret, on appelle en anglais "cross the enemy line",
00:46 ce parachute qui avance derrière les lignes de l'ennemi pour faire des exploitations,
00:53 pour avoir des renseignements, pour tâtonner le terrain.
00:56 - Votre histoire commence alors que la guerre contre Daesh fait rage,
00:59 on est en octobre 2016 pour être précis.
01:02 L'armée irakienne s'apprête à reprendre la ville de Mossoul,
01:06 il y avait Daesh, l'État islamique, et l'armée irakienne s'apprête à la reprendre,
01:10 aidée plus ou moins officiellement par les américains.
01:12 Il y a beaucoup de djihadistes français qui combattent au sein de l'État islamique,
01:16 et ils sont recherchés justement par les forces spéciales françaises.
01:20 Mais officiellement, l'armée française n'est pas présente en Irak.
01:23 On écoute la bande-annonce et on en parle.
01:26 - Et là, c'est la maison, c'est le 45 !
01:29 - Libre le 45 !
01:31 - Zahid, vétéran du djihad, on suppose qu'il connaît les cellules
01:36 qui ont organisé les attentats de 2015.
01:38 - Tu es français ?
01:41 - Si tu travailles avec nous, on peut finir ce pourquoi tu es venu,
01:44 sauver ton petit-fils Yanis et sa loi, ta fille.
01:46 - Alors il y a énormément d'action, mais c'est pas un pur divertissement,
01:49 il n'y a pas d'explosion pour faire du spectacle, tout est vrai.
01:52 Vous avez travaillé en collaboration avec le 13e régiment de dragons parajutistes.
01:56 Vous avez dit "si je n'avais pas eu leur collaboration, je n'y serais pas allé".
02:00 De quelle manière avez-vous travaillé ensemble ?
02:02 - Regardez, quand on est rentré dans ce projet, Gilles Deverdière,
02:06 le producteur m'avait proposé de le faire, ce projet.
02:09 Et j'ai trouvé que ça valait la peine énormément de faire un projet,
02:13 parce que, comme vous savez, dans le cinéma français,
02:15 on ne parle pas beaucoup du militaire.
02:17 Alors qu'aux États-Unis, il y a cette relation très symbiotique
02:21 entre les armées et le cinéma.
02:24 Depuis la deuxième guerre, ils le font.
02:26 Parfois c'est pour des raisons de propagande,
02:28 et parfois simplement parce qu'il y a une relation qui a été établie.
02:30 En France, on n'a pas encore ça.
02:32 Donc j'ai dit à Gilles "écoute, il va falloir qu'on reste beaucoup dans le...
02:38 pas seulement dans le réalisme, mais dans la gestuelle.
02:41 On ne veut pas sentir que c'est des acteurs qui font un peu n'importe quoi".
02:44 Donc il m'a dit "le 13e régiment à Bayonne sont prêts à nous accueillir
02:48 pour qu'on pose des questions avec les écrivains, tout ça".
02:51 J'ai passé trois jours avec eux, en posant beaucoup de questions.
02:54 Il y a beaucoup de questions qu'ils n'ont pas pu répondre,
02:57 parce que c'est des gens qui travaillent dans le secret.
03:00 Mais il y avait beaucoup d'informations sur le côté humain
03:03 qui nous intéressaient beaucoup.
03:05 - Est-ce que tout ce qu'on voit à l'image est vrai ?
03:07 Est-ce que l'électronique qu'ils ont existe vraiment,
03:09 parce qu'elle est très spectaculaire ?
03:10 Est-ce que ça existe, la tablette, qui peut borner un téléphone portable en temps réel ?
03:13 - Tout à fait. D'ailleurs, il y a pas mal de choses que nous,
03:16 on a essayé d'inventer.
03:18 Et ce qui était très important, c'est qu'on avait eu avec nous
03:21 le chef du groupe, qui a fait 20 ans de force spéciale.
03:26 Et il a accepté de venir être notre conseiller militaire,
03:29 c'est Radwan Oaziz, qui était vraiment un mec super.
03:31 Il a fait le Mali, l'Afghanistan, la Yougoslavie, le Liban, la Syrie, l'Irak, tout.
03:36 Et il s'approchait de la retraite, Gilles lui approchait,
03:39 il lui dit "écoute, on a besoin d'un conseiller militaire".
03:41 Et il a supervisé toutes les manœuvres.
03:44 C'est-à-dire, chaque fois, comme dans chaque attaque qu'on avait dans le film,
03:48 chaque fois qu'il y avait des batailles, je l'avais choréographé avec lui
03:52 pour rester le plus possible dans le véridique.
03:55 - Les batailles sont absolument saisissantes, il y a de l'action,
03:58 il y a également de la psychologie, vous l'avez dit, c'est essentiel dans une guerre.
04:00 On va entendre le début d'une scène fondatrice, la scène de l'interrogatoire.
04:04 J'explique le contexte, les forces spéciales françaises ont réussi à mettre la main sur un émir,
04:08 un grand chef de Daesh, il se planque près de Mossoul.
04:11 Or, normalement, il ne devrait pas être là, parce que c'est tout pourri sa planque.
04:13 Normalement, les grands chefs ne sont pas sur le terrain, ils ne prennent pas de risque.
04:16 Ils sont planqués au Pakistan ou à Dubaï et il va être interrogé, extrait.
04:20 - Bonjour Zahid, je suis officier renseignement au sein des forces spéciales.
04:26 Je m'appelle Adèle.
04:28 Toi et moi, on n'a pas beaucoup de temps.
04:31 Moi, parce que j'ai beaucoup de travail, et toi, parce que du temps tout court, ici, t'en as presque plus.
04:36 J'ai réussi à convaincre nos amis irakiens que tu serais peut-être plus intéressant vivant que mort.
04:40 A toi de me le prouver.
04:42 Je ne sais pas si on t'a dit, mais le mec qui te cachait a été exécuté.
04:46 Je voudrais comprendre une chose.
04:49 Qu'est-ce qu'un mec comme toi, responsable renseignement de l'organisation,
04:52 faisait là, en pleine zone libérée, seul, dans une planque pourrie ?
04:56 Parce que la tendance, suivez-vous, en haut, à ce qui paraît,
04:59 c'est plutôt d'aller à l'étranger et se planquer chez des cousins barbus,
05:01 pendant que les combattants de base se font massacrer à Mossoul, non ?
05:04 Ah oui, c'est pas simple pour toi de parler.
05:07 Je vais t'aider.
05:11 Comment va-t-elle l'aider ?
05:12 Je le précise, elle lui montre une photo de sa fille, avec son bébé, donc son petit-fils.
05:16 C'est quoi le deal ?
05:17 Le deal, c'est que tu nous aides, on t'aide.
05:20 Et le deal, dans le sens inverse, c'est lui qui dit "vous voulez que je vous aide, vous m'aidez".
05:25 Donc c'est ça le bras de fer de toute la série, au fait.
05:28 Comment on négocie avec l'ennemi ?
05:30 Et il y a une chose que j'ai fait quand j'étais dans le régiment 13e RDP,
05:35 c'est qu'on comprend très très fort que l'armée française est très très forte sur le terrain,
05:41 dans les services de renseignement.
05:44 C'est vraiment des gens très très pointus, je pense même plus que les Américains.
05:47 Les Américains sont très pointus au point de vue technologique.
05:49 Les Français, au point de vue rentrer dans le pays où on sort,
05:54 où on connaît les coutumes, où on mange avec eux, où on parle, ça aide beaucoup à avancer.
06:00 Et c'est pour cette raison que j'ai choisi cette scène de l'interrogatoire.
06:03 Il est mené par Adèle, qui est incarnée par Marie Dompnier,
06:06 elle est officier d'enseignement, et la place des femmes est très importante dans la série,
06:10 et elle colle à la réalité des forces spéciales.
06:13 - C'est une des premières questions que j'ai posées quand j'étais au 13e RDP,
06:16 j'ai dit "est-ce que les mecs vous avez des femmes ?"
06:18 Et effectivement, j'ai rencontré plusieurs femmes,
06:21 même une femme snipeuse, qui m'ont dit "ça rigole pas, elle porte 60 kg sur son dos,
06:28 elle grimpe une montagne comme ça".
06:30 Donc, je n'ai pas rencontré la femme parce qu'elle était en mission à l'époque,
06:36 mais c'était très crédible, les femmes sont très impliquées.
06:40 - Alors la réalisation est d'une efficacité redoutable, je vais vous faire un compliment,
06:43 il y a une scène avec un drone, qui est envoyé dans un garage clandestin pour espionner des terroristes,
06:47 il y a du suspens, et vous savez quoi ? Moi j'avais peur pour le drone,
06:50 comme si c'était un être vivant !
06:52 C'est extraordinaire cette scène !
06:54 - Je vous raconte, les forces spéciales, ils ont un drone de la taille d'une libellule.
06:59 C'est construit par les Danois, c'est un truc qui est extrêmement petit, qui coûte 90 000 euros.
07:04 Quand on était au Sofensk, le salon des forces spéciales,
07:07 j'avais demandé "est-ce que vous pouvez nous prêter cet hélicoptère ?"
07:10 Il est vraiment comme ça.
07:11 Ils ont dit "non, mais si on ne peut pas vous prêter, c'est des trucs de très très très grand secret".
07:15 - Là c'est un plus gros qu'on voit.
07:17 - On a acheté un qui est un peu plus grand, on l'a modifié, on l'a peint pour que ça donne
07:21 le sentiment que c'est un objet de très grande valeur.
07:24 - Je voudrais inciter sur le réalisme, la qualité, je l'ai dit, de la cinématographie,
07:27 le réalisme, vous êtes né au Liban, vous êtes d'Oeiri, vous avez connu la guerre civile,
07:31 c'était pendant votre adolescence, et vous dites que vous reconnaissez à l'oreille le son des armes.
07:35 - J'avais des membres de ma famille qui étaient des combattants.
07:38 La guerre, quand elle a commencé en 1975, j'avais 12 ans,
07:41 c'était à Beyrouth, et Beyrouth était divisé, donc on savait que quand,
07:45 à l'époque c'était l'ennemi, il lançait un mortier 82 mm, on connaissait le son.
07:51 Un 160 mm, on reconnaissait le son.
07:54 On savait à quel moment la bombe se barrait et descendait.
07:59 Donc quand on est parti dans le montage son, j'ai beaucoup travaillé sur le son
08:04 pour dire au montage son, il faut utiliser ce genre de mortier,
08:07 ou ce genre de grenade, ou ce genre de tir.
08:09 - Il fait la différence, notre invité, entre le son de la M16, issu d'une Kalachnikov.
08:13 Vous parlez du syndrome post-traumatique qui a longtemps été un tabou.
08:17 Cette série, on l'a dit, s'est faite en collaboration avec l'armée,
08:20 mais ce n'est pas non plus un public rédactionnel.
08:22 - Pas du tout. Vraiment, on n'a pas été, Philippe, sur cette série pour faire de la propagande.
08:29 Ce n'est pas intéressant au fait. Il fallait montrer ces soldats qui prennent énormément de risques.
08:35 Au fait, quand j'étais avec eux à Bayonne, à un moment on s'est posé,
08:39 pourquoi on fait un truc pareil ?
08:41 Qu'est-ce qui pousse quelqu'un d'aller et faire des missions aussi critiques et dangereuses ?
08:46 - J'ai cru que le truc pareil c'était pourquoi on fait ce film.
08:48 Ce film est absolument formidable. C'est une série, ça s'appelle "Cœur noir".
08:52 On n'a pas explicité le titre, regardez-le.
08:54 On va la voir. Alors je vous dis, vous avez fait un truc vraiment très très très malin.
08:58 On a reçu cinq épisodes, mais il y en a six.
09:00 Donc dans l'équipe, on ne sait pas comment ça se termine.
09:02 On est vert, on attend demain pour voir ça à l'antenne.
09:05 C'est à voir sur Prime Vidéo, c'est avec Nicolas Duvauchel, Marie Dompnier, Nina Morisse,
09:09 qui est formidable aussi, et Thierry Godard qui ne l'est pas moins.
09:11 Merci d'avoir été avec nous, Yadou Thouiri.

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