Nucléaire : "Notre objectif est de prolonger ces centrales au maximum en respectant les consignes de sûreté", défend Agnès Pannier-Runacher

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Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, était l'invitée du 18h20 franceinfo, vendredi 3 février 2023.

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00:00 * Le 18-20 France Info, Jean-François Ackilly *
00:06 Bonjour Agnès Pannier-Runacher.
00:08 Bonjour Jean-François Ackilly.
00:09 L'annonce a été faite lors du Conseil de politique du nucléaire qui se tenait à l'Elysée.
00:13 La durée de vie de nos centrales nucléaires va être prolongée, mais de combien au juste ?
00:19 Alors c'est tout l'enjeu de cette prolongation, c'est-à-dire que notre objectif est de prolonger ces centrales nucléaires au maximum
00:27 mais en respectant toutes les consignes de sûreté.
00:30 Et vous savez que ça se fait par palier de 10 ans, et donc nous allons travailler sur le palier qui nous permettra de passer d'abord de 50 à 60 ans,
00:39 puis au-delà de 60 ans, ce qui suppose un travail particulier, notamment sur les pièces qui ne sont pas remplaçables dans une centrale.
00:47 Oui, ça pose un problème de technologie. C'était 40 ans à l'origine.
00:50 Tout à fait.
00:51 Nous sommes passés à 60, pourquoi pas 64 ans pour les centrales nucléaires. Jusqu'où peuvent-elles aller ces centrales ?
00:59 Alors vous avez des pays qui envisagent par exemple de les faire durer jusqu'à 80 ans. Les Etats-Unis ont affiché un tel programme.
01:06 Nous nous procédons par ordre, c'est-à-dire que nous n'hésitons qu'à chaque palier de 10 ans.
01:12 Une centrale se prolonge sur un palier de 10 ans.
01:14 Nous faisons l'analyse du plancher au plafond de tous les composants pour vérifier si en sûreté on peut les prolonger.
01:22 Je veux vous rassurer, lorsqu'on prolonge une centrale pour 10 années supplémentaires, évidemment on remplace tous les composants qui sont usés,
01:31 de manière à ce qu'elles soient quasi neuves. Mais il y a des composants qu'on ne peut pas remplacer, c'est ça l'enjeu, c'est jusqu'où ces composants peuvent aller.
01:38 D'où notamment les problèmes de fissures récurrents. Combien de réacteurs à l'arrêt aujourd'hui ?
01:42 Aujourd'hui il y en a 11. Je rappelle qu'au mois d'août il y en avait 32.
01:49 Donc vous voyez, il y a eu un gros effort de fait de connexion et un gros effort de réparation.
01:55 Mais d'autres doivent être mises à l'arrêt parce qu'il faut entretenir ce que vous disiez à l'instant, ce parc.
02:00 Est-ce que nous allons passer l'hiver prochain ?
02:03 C'est également un enjeu que nous avons examiné en Conseil de politique nucléaire, pour mobiliser l'ensemble des acteurs.
02:09 L'enjeu c'est de faire des maintenances les plus efficaces possibles, les plus rapidement possibles aussi.
02:15 Depuis 5 ans EDF a dérivé sur son programme de maintenance.
02:21 Ils ont souvent 30 jours de retard par rapport au programme qu'ils se donnent initialement.
02:27 Et le programme d'excellence opérationnelle que nous leur avons demandé de mettre en oeuvre doit porter ses fruits dès l'année prochaine et encore l'année d'après.
02:35 Il n'y a pas de réponse précise, pas d'assurance pour l'hiver prochain ?
02:38 Non, on y travaille et vous avez pu constater que dans une situation de forte tension, nous avons passé cet hiver,
02:47 nous l'avons passé grâce au travail d'EDF et de ses salariés pour reconnecter l'ensemble des réacteurs.
02:54 Et on le voit aujourd'hui, ça a porté ses fruits.
02:56 Mais grâce aussi aux efforts des Français et en premier lieu des grandes administrations, des grandes entreprises et des grandes collectivités locales,
03:02 pour réduire la consommation d'électricité et de gaz.
03:05 Je rappelle que ça a très bien marché.
03:08 Au plus fort de notre consommation, le 12 décembre dernier, c'est l'équivalent de 7 réacteurs que nous avons collectivement économisés.
03:15 C'est pas rien.
03:17 Il y a une difficulté pour les Français de comprendre, parce qu'il y a eu une consommation moins forte, évidemment, nous passons l'hiver.
03:23 Et en même temps, il y a cette hausse, même s'il y a le bouclier tarifaire qui est en place, il y a cette hausse de 15% des tarifs d'EDF en février.
03:30 Oui, parce que nous sommes dans une crise énergétique majeure, c'est-à-dire qu'au niveau européen, 22% de la production d'électricité est sur base de gaz.
03:40 Ça, c'est la première chose.
03:41 Et on vient de le dire, nous ne sommes pas capables de produire toute l'électricité consommée par les Français.
03:47 Et nous sommes obligés d'importer l'électricité.
03:49 Et donc, aujourd'hui, il faut augmenter notre production d'électricité.
03:53 Et effectivement, faire en sorte qu'au niveau européen, on diminue notre consommation pour avoir moins d'impact de cette crise du gaz,
04:01 qui est une crise qui a été créée par la Russie au moment de l'attaque de l'Occident.
04:05 Donc cette crise est toujours en cours. Agnès Spanier-Runacher, l'Elysée n'a pas de données de calendrier pour la construction annoncée de six nouveaux réacteurs de type EPR2.
04:14 Notre objectif, le président de la République l'a déjà indiqué, c'est de se mettre en position de faire voter au Parlement la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie,
04:23 avec six réacteurs qu'on proposerait. Vous savez qu'il y a un débat qui est actuellement en train de se dérouler.
04:29 Oui, je vous ai reproché de faire des annonces avant la fin du débat en question.
04:32 Oui, mais on travaille. C'est-à-dire qu'on imagine bien que la construction d'un projet de six réacteurs, ça demande du temps de préparation.
04:39 Donc nous sommes dans le temps de préparation. Dans le temps de préparation, il y a le débat public que nous avons lancé.
04:44 Il y a aussi tous les travaux techniques que nous devons finaliser pour que le Parlement puisse se prononcer avec tous les éléments.
04:52 Derrière, six réacteurs qui seraient lancés cet été, ça voudrait dire 13 à 15 ans de construction. C'est un démarrage des réacteurs en 2035 au plus tôt.
05:04 En espérant que Flamanville se mette enfin en fonctionnement. Nous sommes quand même avec dix années de retard, 13 milliards de surcoûts, de mise en route de cette EPR qui n'avance pas.
05:13 Alors il avance, mais il avance plus lentement que prévu. Et justement, un des enjeux que nous avons noté, c'est de prendre tous les enseignements de ce qui a freiné Flamanville
05:23 pour en tirer un retour d'expérience, comme on dit, pour les futurs réacteurs. Mais vous savez que Flamanville démarrera en 2024.
05:31 Agnès Pagny-Runacher, la réforme des retraites arrive ce lundi à l'Assemblée nationale. La mobilisation contre la dite réforme fait le plein.
05:39 N'avez-vous pas perdu la bataille de la communication ? Je sais bien que la première ministre l'a exprimé hier soir, mais on avait l'impression que les arguments ne prennent plus en faveur de la réforme.
05:48 Vous savez, je crois que demander à tous les Français de faire des efforts, une réforme qui demande des efforts, c'est normal qu'une telle réforme ne fasse pas l'unanimité.
05:59 Je ne connais pas de réforme qui fasse l'unanimité, a fortiori lorsqu'elle demande des efforts. Mais on a un devoir de responsabilité.
06:07 Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est l'avenir de notre système de retraite. Aujourd'hui, tel que fonctionne notre système de retraite, parce que nous avons la chance de pouvoir vivre plus longtemps,
06:18 parce que là où dans les années 80, c'était 13 ans de retraite, on en a aujourd'hui en moyenne 25 ans, ça fait que les jeunes aujourd'hui peuvent s'inquiéter du risque de ne pas avoir de retraite.
06:31 Et je crois qu'au regard de ces jeunes, au regard aussi de tous ceux qui ont des carrières longues ou des carrières hâchées, qui sont insuffisamment bien pris en compte dans nos réformes de retraite,
06:42 on a un enjeu de sauver ce système de retraite.
06:46 Ce sera une heure de vérité, mardi, parce qu'il y aura cette nouvelle mobilisation alors que le débat aura démarré à l'Assemblée ?
06:51 Le débat, il se trouve maintenant, il se déroule à l'Assemblée nationale avec l'examen d'un certain nombre d'amendements qui va, comme c'est l'objet du Parlement, enrichir, améliorer le projet.
07:04 Nous sommes évidemment à l'écoute des Français et à l'écoute aussi des députés et des sénateurs pour trouver le meilleur système possible, mais on ne peut pas se sortir de cette vérité qu'aujourd'hui notre système est déséquilibré,
07:18 que les retraites ne seront pas financées à terme et que cette épée de Damoclès pèse sur les jeunes.
07:24 Et je crois que c'est une responsabilité de dire qu'on prend notre destin en main et qu'on ne fait plus peser cette épée de Damoclès sur les jeunes.
07:30 Merci à vous, Agnès Pagny-Renach et ministre de la Transition énergétique. Merci d'avoir été ici même l'invité de 18/20 France Info.
07:38 Merci beaucoup.

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