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Dominique Carlac'h, vice-présidente et porte-parole du Medef, était l'invitée du "8h30 franceinfo" dimanche 5 février 2023. Elle répondait aux questions de Neila Latrous et Lorrain Sénéchal.

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Transcription
00:00 *Musique*
00:03 Bonjour Dominique Carlac.
00:04 Bonjour.
00:04 Porte-parole du Medef.
00:05 "Nous allons bouger", déclare ce matin Elisabeth Borne, la première ministre au JDD,
00:10 à la veille du début de l'examen de la réforme des retraites dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale.
00:15 Ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans
00:17 pourront finalement partir à 63 ans s'ils ont tout leur trimestre.
00:20 Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
00:22 En fait, je ne saurais pas dire à ce stade si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
00:27 La bonne nouvelle, c'est qu'on progresse sur l'idée de faire la réforme.
00:31 Parce qu'en fait, c'est vrai que dans la rue, il y a une idéologie qui est contre cette réforme.
00:35 Et puis, quand on manipule les chiffres, on est bien obligé de faire quelque chose.
00:40 Parce qu'en regardant vraiment les chiffres, il y a les 10 milliards de déficit annoncés,
00:44 mais il y a surtout un budget qui représente 345 milliards.
00:48 C'est en gros un quart de la dépense publique française.
00:51 Donc, 345 milliards, ce n'est pas juste 10 milliards de déficit.
00:54 C'est quelque chose où il faut se poser la question légitimement de se dire,
00:58 pour l'ensemble des Français, comment on fait dans 5 ans, dans 10 ans,
01:01 pour assurer ce régime par répartition.
01:03 Donc, c'est opposition, idéologie, chiffres sur lesquels il faut peut-être faire un pas
01:07 pour trouver des solutions pour ce qui se cache derrière la réforme,
01:11 qui est, alors pour nous, l'emploi senior.
01:13 On y est revenu, j'imagine.
01:14 – Sur cette mesure, cette porte entre ouverte par la Première Ministre,
01:16 ça coûterait, puisque donc ce serait un amendement à cette réforme,
01:21 jusqu'à 1 milliard d'euros par an.
01:23 Ça vide en partie la réforme de son contenu, si je vous suis,
01:25 puisque vous dites, il faut faire des économies.
01:27 – En fait, il faut refondre le modèle économique de ces retraites
01:32 dans l'idée de le préserver.
01:34 Si on veut être sur la retraite par répartition dans 5 ans, dans 10 ans,
01:38 pour tous les Français, ce qu'on appelle une réforme juste,
01:40 il faut revoir globalement le modèle et se dire,
01:44 démographiquement, ça ne peut pas tenir.
01:46 Tous les ans, en fait, depuis 10 ans,
01:48 on a pris 80 milliards de plus pour la dépense des Français.
01:52 Et c'est normal, parce qu'il y a de moins en moins de Français
01:54 qui allouent une part de la retraite pour les générations suivantes.
01:58 Donc quand vous prenez 80 milliards en 10 ans,
02:01 vous vous dites, combien on va prendre de plus les 10 ans qui suivent ?
02:04 Donc où est-ce qu'on trouve l'argent ?
02:06 Et où est-ce qu'on trouve l'argent, c'est probablement en cotisant
02:08 un peu plus longtemps et en reculant l'âge de la retraite.
02:11 Après, qu'est-ce qui se cache derrière ?
02:13 C'est la justice, eu égard à l'usure au travail pour différents métiers.
02:18 Et c'est là-dessus qu'il va falloir travailler.
02:19 – On va y arriver, de mon caractère de vice-présidente et porte-parole du MEDEF,
02:20 mais pour bien comprendre, quand vous dites qu'il faut refondre le système
02:24 pour bien assurer la pérennité de la répartition,
02:29 vous voulez dire que cette réforme-là ne va pas assez loin, qu'il en faudra d'autres ?
02:32 Ce que disent déjà un peu les experts sociaux,
02:34 Raymond Soubi, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, dit,
02:36 il faudra de toute façon une autre réforme.
02:37 – En réalité, si vous lisez l'article de Madame Borne ce matin dans le JDD,
02:42 elle annonce une clause de revoyure en 2027.
02:44 Je pense que la clause de revoyure, c'est de se dire que de toute façon,
02:47 dans les chiffres, dans la démographie, il y a un moment donné
02:50 où on va se retrouver coincé, parce que la réalité des chiffres,
02:52 c'est qu'aujourd'hui, par exemple, la retraite des fonctionnaires qui est déficitaire,
02:56 on la paye par l'impôt.
02:57 On paye tous les ans 57 milliards d'impôts pour financer une retraite qui est déficitaire.
03:02 Donc de toute façon, à un moment donné, les milliards sont tels
03:05 qu'il faudra revenir à la table des négociations,
03:07 alors pas tout de suite, mais dans 5 ans.
03:09 – Vous évoquiez, il y a quelques instants, la situation des seniors.
03:13 Pour faire des économies, Elisabeth Borne propose de rendre obligatoire
03:17 un index senior pour les entreprises de 50 salariés et plus.
03:20 En gros, les entreprises qui ne maintiendraient pas les seniors dans l'emploi,
03:24 ou qui ne mettraient pas en place de plan pour les maintenir dans l'emploi,
03:27 seraient sanctionnées jusqu'à 1% de la masse salariale.
03:30 Pourquoi est-ce que le Medef est contre ?
03:31 – Alors, on est contre le principe de l'index sanction
03:34 sur, brutalement, le taux d'emploi senior dans les entreprises.
03:39 Pourquoi ? Aujourd'hui, depuis plusieurs années,
03:42 on doit faire des efforts sur l'emploi jeune.
03:44 Donc une entreprise qui déciderait, moi je fais un effort sur le taux d'apprenti
03:49 que je vais avoir dans mon entreprise, mécaniquement,
03:51 elle se prendrait une mauvaise note.
03:52 Donc l'index qui va comparer des entreprises entre elles,
03:55 à dire, moi je fais le choix plutôt d'embaucher des jeunes,
03:58 et je fais un grand plan jeune avec beaucoup d'apprentis,
04:00 elle va se prendre une mauvaise note sur son index,
04:02 une sanction financière, alors qu'elle a tout fait pour un plan jeune.
04:06 – Et donc c'est l'emploi des jeunes qui va pâtir ?
04:08 – Et donc c'est l'emploi des jeunes qui va pâtir,
04:09 ou en tout cas l'entreprise qui va être sanctionnée,
04:12 parce qu'elle a fait le choix de dire, moi je fais quelque chose pour les seniors.
04:14 Donc nous, on ne dit pas qu'on est contre fondamentalement l'index,
04:18 mais on est contre l'indicateur qui a été choisi,
04:20 qui est le taux d'emploi des seniors.
04:22 – Alors il faudrait quel indicateur ?
04:23 – En fait, il faudrait ce qui freine l'emploi des seniors.
04:26 Donc par exemple, est-ce qu'on va aller sur le taux d'accès à de la formation
04:30 pour les seniors ?
04:31 Parce qu'on sait très bien qu'aujourd'hui, pourquoi il y a moins de seniors,
04:33 c'est parce qu'en fait, à un moment donné,
04:34 ils ne sont plus adaptés à des natures d'emploi
04:36 dont ont besoin les entreprises.
04:38 Si en revanche, on les forme, et qu'on se dise,
04:40 je forme les seniors, je fais un plan de formation
04:43 qui amène tranquillement à la reconversion des seniors,
04:46 à ce moment-là, on veut bien jouer sur, on dit,
04:48 est-ce que tu as fait le nécessaire, toi, chef d'entreprise,
04:50 pour pouvoir embaucher plus des seniors et les garder dans l'emploi en fait ?
04:54 – La droite voudrait aussi qu'on baisse les cotisations sur les emplois des seniors.
04:59 – Alors là, on va sur le terrain de ce que nous, on a proposé au Medef,
05:02 qui sont trois types de mesures.
05:03 Aujourd'hui, si on veut maintenir dans l'emploi senior,
05:06 on pourrait cumuler des dispositifs qui existent,
05:09 qui sont le cumul emploi-retraite ou la retraite progressive.
05:12 – Qui ne sont pas suffisamment utilisés aujourd'hui.
05:13 – Qui ne sont pas suffisamment utilisés.
05:14 – Pourquoi ? C'est trop compliqué ?
05:15 – Parce qu'ils ne sont pas connus, ils ne sont connus ni des entreprises
05:17 et chefs d'entreprise, et là on a notre part de travail à faire,
05:20 ni même des salariés.
05:21 Ce qui fait qu'aujourd'hui, un salarié qui va arriver à 60 ou 61
05:24 dans certaines entreprises, il ne sait même pas que ça existe,
05:26 le chef d'entreprise non plus, et parfois, il y a des salariés,
05:29 ils ont envie de rester à 60 ans, pour une question,
05:32 soit économique, soit sociale, ils ont envie de rester,
05:34 ils ne connaissent pas ces dispositifs.
05:36 Là, il faut vraiment, on est mauvais, il faut vraiment qu'on fasse quelque chose.
05:39 – Et d'ailleurs sur la retraite progressive,
05:41 le texte prévoit de changer les règles en quelque sorte,
05:43 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut l'accord explicite de l'employeur
05:47 pour faire de la retraite progressive, demain, le salarié qui la réclame,
05:50 s'il n'a pas de réponse argumentée de l'entreprise,
05:52 eh bien, il a automatiquement droit à cette retraite progressive.
05:55 – Je pense que c'est pour ça qu'il faut que ça s'accompagne
05:57 d'une bonne pédagogie auprès, et des salariés, et des entreprises,
06:00 dès lors que, en fait, un chef d'entreprise,
06:02 aujourd'hui, son problème numéro 1, c'est l'énergie,
06:04 mais son problème numéro 2, c'est l'emploi et le recrutement.
06:07 Les seniors, c'est des gens qui sont professionnalisés,
06:09 qui sont stabilisés dans l'emploi, donc on a intérêt à travailler là-dessus.
06:12 Mais effectivement, si c'est accompagné d'une baisse de charge
06:15 dans le cadre de dispositifs existants, cumul l'emploi-retraite,
06:18 ça peut être de nature à satisfaire toutes les parties.
06:20 – Quel regard vous portez sur cette proposition de la CFDT,
06:23 augmenter les cotisations pour les entreprises
06:25 qui ne jouent pas le jeu sur l'emploi des seniors ?
06:28 – On va se retrouver exactement dans la même configuration
06:30 que l'entreprise qui dit "j'emploie pas assez de seniors,
06:34 mais j'emploie plutôt des juniors, je paye une taxe",
06:37 ça n'a pas vraiment de sens de payer des taxes sur quelque chose,
06:42 on va faire des efforts sur un autre bout de la démographie.
06:45 – Le gouvernement…
06:46 – En fait, ce que je veux dire par là, c'est que payer des taxes
06:49 par rapport à quelque chose qui n'existe pas dans l'entreprise,
06:51 ça n'a jamais résolu le problème.
06:53 C'est pas parce qu'on payera des taxes sur un faible taux d'emploi senior
06:56 qu'on créera davantage d'emplois seniors.
06:58 – Est-ce qu'il faut interdire les plans de départ pour les seniors ?
07:00 C'est ce que voudrait faire Elisabeth Born ?
07:03 – J'ai pas vraiment d'avis là-dessus, encore une fois,
07:06 les plans de départ, il y a deux parties qui jouent,
07:09 c'est-à-dire que dans les plans de départ,
07:11 il y a les chefs d'entreprise et il y a les salariés eux-mêmes,
07:14 et c'est souvent un accord entre les deux parties.
07:16 – D'ailleurs, est-ce qu'on peut garder tous les salariés jusqu'à 64 ans ?
07:19 Il y a quelques jours, sur ce même plateau, Thierry Marx, restaurateur, disait
07:23 "moi je me vois pas avoir un serveur à 64 ans".
07:26 – Vous avez raison sur la question, et c'est pour ça qu'il faut qu'on travaille
07:30 sur les dispositifs liés à l'usure au travail.
07:32 Et ça, nous ce qu'on préconise, c'est qu'il faut qu'on les travaille
07:35 à échelle des branches.
07:36 Si Thierry Marx dit ça, c'est parce que dans sa branche,
07:39 probablement qu'il y a une certaine usure au travail
07:42 qui s'installe à partir d'un certain âge.
07:44 Dans d'autres branches, dans la mienne par exemple,
07:46 dans la branche du conseil, il y a des gens à 62 ans,
07:49 ils n'ont pas cette usure que quelqu'un peut avoir…
07:51 – Demandez pouvoir négocier, que ce soit dans les mains des partenaires sociaux ?
07:54 – Dans les branches, en fait, nous ce qu'on a proposé,
07:56 c'est par branche ou par entreprise qu'on ait un suivi de l'usure au travail
08:01 et que cette usure au travail soit validée par des visites médicales régulières
08:04 et qu'on puisse dire "j'ai le droit à un départ anticipé
08:07 dès lors que je constate que je suis plus usé qu'un autre travailleur,
08:10 qu'un autre salarié dans une autre branche ou dans une autre entreprise".
08:13 – Dominique Carlac, porte-parole du Medef, vous restez avec nous,
08:16 on s'interrompt juste le temps du Fil info, 8h41, voici Mathilde Romania.
08:19 [Musique]
08:20 – L'exécutif fait un pas vers les Républicains
08:23 pour s'assurer les votes de la droite sur la réforme des retraites.
08:26 Dans le JDD, la Première ministre, Elisabeth Borne,
08:29 l'annonce "ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans
08:33 pourront partir à la retraite à 63 ans", c'était une des demandes de LR.
08:38 Pékin se réserve le droit de répliquer, après la destruction par les États-Unis,
08:43 du ballon chinois qui survolait le sol américain depuis plusieurs jours.
08:47 Un ballon qualifié d'espion par Washington et abattu par un avion de chasse.
08:52 Une marche blanche, aujourd'hui à Épinal, en hommage à Lucas.
08:56 À 14h, l'adolescent de 13 ans s'est suicidé dans les Vosgilia,
09:00 près d'un mois, victime selon sa famille de harcèlement dans son collège
09:04 à cause de son homosexualité.
09:06 Rugby et le 15 de France commencent aujourd'hui le tournoi des 6 nations
09:10 en affrontant l'Italie, les Bleus, tenant du titre
09:13 "espère faire un grand chelème comme l'an dernier",
09:16 coup d'envoi à 16h à Rome.
09:18 [Musique]
09:21 – France Info.
09:22 [Musique]
09:23 Le 8/30, France Info, Néil Halatrous, Laurence Anechal.
09:27 – Toujours avec Dominique Carlac, vice-présidente et porte-parole du MEDEF,
09:30 on est donc à la veille de l'arrivée de cette réforme des retraites dans l'hémicycle,
09:34 à la veille aussi de nouvelles journées de mobilisation
09:36 et enquête d'opinion après enquête d'opinion,
09:38 on voit que le refus de cette réforme crante dans l'opinion.
09:43 Est-ce que ça a changé le climat social en entreprise ?
09:45 – En fait, en réalité, dans les entreprises, il y a moins de conflictualité qu'avant
09:49 et les préoccupations des salariés dans les entreprises,
09:52 pour caricaturer un peu le propos, mais ça marque les auditeurs,
09:54 ce n'est pas la fin de la carrière, c'est plutôt la fin du mois.
09:57 Le vrai sujet aujourd'hui, ça va être plutôt les négociations sur les salaires
10:01 et sur le partage de la valeur.
10:02 Donc la préoccupation dans les entreprises,
10:04 moi je discutais avec des salariés dans mon entreprise,
10:07 ils ne sont pas forcément aussi, je dirais, affûtés sur la question des retraites,
10:13 en revanche, il y a une grande attente sur le partage de la valeur et sur les salaires.
10:16 – C'est ce que dit presque Laurent Berger de la CFDT,
10:19 il dit qu'au-delà de la réforme des retraites, il y a une sorte de conflit du travail post-pandémique,
10:24 que c'est la valeur travail, que c'est le rapport au travail qui est interrogé.
10:28 – Ce n'est pas un conflit du travail, c'est un rapport au travail qui a changé.
10:31 Il n'y a pas forcément de conflit, c'est-à-dire qu'effectivement,
10:33 quand vous avez eu beaucoup d'autonomie parce qu'il y a eu beaucoup de confinement,
10:37 bien sûr, vous avez un rapport au travail qui est complètement différent,
10:39 parce que le travail est rentré dans la maison, la maison est rentrée dans le travail,
10:42 donc vous avez un rapport au travail qui est différent.
10:44 – Ça pousse à la semaine de 4 jours, par exemple ?
10:45 – Je ne sais pas si c'est la semaine de 4 jours que souhaitent tous les salariés, tous les Français,
10:49 c'est une des modalités d'organisation du travail qui existe déjà,
10:52 voilà, est-ce que c'est le souhait de tous les Français ? Je n'en suis pas sûr.
10:55 – Est-ce qu'il y a un problème de rémunération ?
10:56 Laurent Berger dit, dans ce que lui, du coup, qualifie de conflit du travail,
11:01 il dit à la question de la reconnaissance, et la reconnaissance, c'est passé par le salaire.
11:04 – En fait, la reconnaissance, c'est plein de choses.
11:05 – Il dit que ça passe aussi par le salaire.
11:07 – Ça passe aussi par les salaires, et d'ailleurs, les entreprises qui ont pu le faire, elles l'ont fait.
11:10 Il y a eu des augmentations en 2022 qui avaient vraiment eu un effet rattrapage
11:14 par rapport à la crise des deux années précédentes.
11:16 – Le gouvernement voudrait mettre en place un dividende salarié,
11:19 c'est-à-dire quand une entreprise verse un dividende à ses actionnaires,
11:22 elle peut aussi verser une contribution aux salariés.
11:24 Le Medef, pour l'instant, il est opposé, pourquoi ?
11:26 – Alors d'abord, pour la confusion des termes, le dividende, c'est la rémunération du capital,
11:31 c'est pas la rémunération du travail, donc cette confusion fait que, par exemple,
11:36 il y a beaucoup de chefs d'entreprise, chefs d'entreprise de PME ou de TPE,
11:40 qui, eux, se rémunèrent sur uniquement du dividende et ne se versent pas de salaire.
11:45 Et ils ont le sentiment, et c'est une réalité,
11:47 que c'est quand leur entreprise a du résultat qu'ils peuvent se rémunérer par le dividende.
11:52 Donc introduire cette notion qui biaise un peu les choses,
11:54 que le dividende salarié serait un droit,
11:57 encore faut-il qu'il y ait le dividende et qu'il y ait les résultats dans l'entreprise.
12:00 – C'est comme une contribution en cas de dividende, on l'a comme ça.
12:03 – Alors du coup, dès lors que c'est une contribution en cas de dividende,
12:06 en fait, il existe déjà des dispositifs, la participation, l'intéressement.
12:10 Ça, ça existe déjà, c'est-à-dire que c'est un partage de la valeur
12:13 qui est fondé sur l'entreprise a du résultat,
12:16 elle en alloue une partie en participation ou en intéressement aux salariés.
12:20 – Il faut le rendre obligatoire.
12:22 – Là où le bas blesse, le rendre obligatoire
12:24 quand on n'est pas sûr d'avoir des résultats sur plusieurs années,
12:27 ça c'est un peu compliqué, parce que vous n'avez pas forcément une visibilité de dire,
12:30 à trois ans, j'ai du résultat, est-ce que je peux le garantir ?
12:34 Il n'est pas certain que toutes les entreprises,
12:36 vous prenez une pandémie, vous prenez une crise énergétique,
12:38 vous n'êtes pas sûr d'avoir du résultat.
12:39 Donc le rendre obligatoire, ça serait un leurre.
12:42 Donc par contre, le rendre accessible à plus d'entreprises et à plus de salariés,
12:47 c'est là-dessus qu'est la table des négociations,
12:49 on est sur la table des négociations là-dessus.
12:50 – Et le désaccord avec… – Et dans les TPE et les PME en particulier.
12:52 – Et avec les syndicats, l'un des désaccords, puisqu'il y a une discussion
12:55 qui a eu… – Il y a une discussion.
12:56 – En ce moment, qui aurait dû aboutir mardi, qui a été repoussée d'une semaine.
12:59 – Tout à fait.
13:00 – Les syndicats disent, vous évoquiez la crise énergétique,
13:02 ben justement, les entreprises, elles ont beaucoup été aidées,
13:05 pendant le Covid, pendant la crise énergétique,
13:07 c'est normal qu'elles redistribuent un peu.
13:09 – Et heureusement qu'elles ont été aidées
13:11 parce qu'on nous annonçait un mur de faillite et un mur de chômage,
13:13 on n'a pas eu ce mur de faillite ni ce mur de chômage,
13:15 donc ça c'est déjà une bonne nouvelle pour l'économie France.
13:18 Donc après, comment ça crée la valeur et comment on la partage ?
13:21 Au moins le bénéfice de cette négociation avec les partenaires sociaux,
13:23 c'est qu'on a mis tout sur la table.
13:25 Et tout sur la table, ça voulait dire montrer tout l'existant
13:28 et voir là où ça n'allait pas, et là où ça ne va pas,
13:31 c'est que ça n'est pas forcément accessible et compris et mis en œuvre
13:35 dans toutes les entreprises, notamment les PME.
13:37 Alors nous, on a quelque chose qu'on aime bien,
13:39 c'est la fameuse prime de partage de la valeur qu'il y a eu post-Covid.
13:42 – C'est ce qu'on appelait la prime Macron.
13:44 – La prime Macron, que nous on appelait la prime patron.
13:46 Et donc cette prime Macron, en fait, elle avait un avantage,
13:48 c'est que 1, elle était hyper simple à mettre en œuvre,
13:51 et 2, elle était défiscalisée, désocialisée,
13:53 c'est-à-dire qu'on ne payait pas de charges.
13:54 – Elle était au bon vouloir des entreprises.
13:56 – 700 euros, je crois, en moyenne, pour les salariés qui l'ont touchée.
13:59 – C'est ça, et les salariés qui l'ont touchée étaient très contents,
14:01 les entreprises qui ont pu le faire étaient très contentes de pouvoir le faire,
14:04 et c'était sans charges.
14:05 Et en fait, c'est autour de ça que ça va discuter,
14:07 c'est de se dire, si on veut démocratiser, généraliser du partage de la valeur,
14:11 à un moment donné, il ne faut pas que ça se fasse au détriment
14:13 la pérennité et la visibilité de l'entreprise devant elle.
14:16 – Les Américains vous disent là aussi, la prime, elle est défiscalisée,
14:19 et donc c'est aussi des ressources en moins pour l'assurance-maladie,
14:21 et donc en fait, c'est un peu le tonneau des Danaïdes,
14:23 c'est-à-dire qu'on allège des charges, il n'y a pas de cotisation, il faut des réformes.
14:27 – Mais alors, à un moment donné, il faut savoir qu'est-ce qu'on donne plus
14:28 pour la collectivité ou pour les salariés, et le salarié qui reçoit 700 euros net,
14:31 et qui n'est pas imposé, et l'entreprise pas fiscalisée,
14:33 je crois que les deux parties sont assez heureuses.
14:36 – Dominique Carlac, est-ce qu'il y aura un accord cette semaine ?
14:38 – Je ne saurais pas vous le dire.
14:39 – Vous êtes confiante sur la possibilité d'un accord ?
14:42 – Ce que je sens, c'est que, en fait, chacun va avoir des propositions,
14:44 et la dernière ligne droite, c'est de discuter des propositions des uns et des autres.
14:48 FO, la CFDT, le MEDEF ont fait des propositions, j'espère qu'on va pouvoir atterrir.
14:54 – Ça veut dire, est-ce que les Français auront du pouvoir d'achat en plus ?
14:57 C'est ça la question ?
14:57 – C'est l'enjeu, alors il y a les négociations annuelles sur les salaires,
15:01 et puis il y a cette prime.
15:02 Si on va vraiment sur cette généralisation,
15:06 notamment de la prime de partage de la valeur défiscalisée, désocialisée,
15:09 je pense que ça peut être dans l'intérêt de toutes les parties.
15:11 – Et d'ici quand ? D'ici combien de temps ?
15:13 – Là, c'est les négociations encore cette semaine, donc on espère que ça sera…
15:16 – Ils sont censés se repousser.
15:17 – On espère que ça sera au premier trimestre.
15:19 – Dominique Carac, début juillet, le MEDEF change de président.
15:22 Alors il y a une règle, toute déclaration de candidature avant le 6 mars est éliminatoire,
15:26 je ne vous demande donc pas si vous êtes candidate,
15:29 je vous demande si vous souhaitez qu'une femme soit candidate à la présidence du MEDEF.
15:32 – Je dirais que je vais rester dans la ligne des règles de notre organisation,
15:36 il y a une charte qui a été établie justement pour continuer à travailler,
15:39 et on vient de parler d'un sujet plus que sérieux, il faut continuer à travailler,
15:42 donc parler, j'irais, des règles, voilà, à partir de mars il y aura des candidats,
15:47 parce que je pense qu'il faut qu'il y ait de bons candidats, hommes, femmes,
15:50 est-ce que c'est la question ?
15:51 Il faut qu'il y ait de bons candidats qui représentent les chefs d'entreprise à partir de 2023.
15:56 – Dernière chose, Dominique Carac, vous êtes aussi une ancienne athlète,
15:58 et d'ailleurs vice-présidente de la Fédération d'athlétisme,
16:01 quel regard vous portez sur le combat de la navigatrice Clarisse Crémer,
16:05 écartée de son sponsor Banque Populaire,
16:08 elle estime qu'elle est pénalisée parce qu'elle a fait un enfant l'an dernier,
16:12 et c'est vrai que les règles pour la participation au Vendée Globe ont changé,
16:15 et pénalisent donc les navigatrices qui font des enfants.
16:19 – Le regard que je porte, il est comme sur le reste de la société,
16:22 c'est encore une fois une question de performance et de compétence,
16:25 et pas une question de genre, la performance et la compétence,
16:27 particulièrement dans le sport,
16:29 donc c'est vraiment le sujet du mouvement sportif du moment,
16:32 c'est-à-dire quelle est la place des femmes,
16:34 et le traitement fait aux femmes dans le mouvement sportif.
16:36 – Et là, quel traitement est fait selon vous à Clarisse Crémer,
16:39 est-elle victime de quelque chose ?
16:40 – Pour le coup, je n'ai pas commenté ce cas spécifique,
16:43 je pense qu'il y a une situation de la carrière d'une athlète,
16:46 et la situation d'un sponsor qui est à régler entre eux,
16:49 mais en revanche, ce qu'il faut vraiment traiter,
16:51 moi je vais vous dire, je sponsorise une athlète qui va faire 7 fois les Jeux,
16:56 qui a déjà deux enfants, qui s'appelle Mélina Robert-Michon,
16:58 et je suis fière de le faire en tant que PME,
17:03 de me dire que j'accompagne la performance d'une athlète qui est aussi une femme.
17:07 Après, je ne vais pas me positionner sur un cas spécifique.
17:10 – Dominique Cardac, merci beaucoup, vice-présidente et porte-parole du MEDEF,
17:14 invité ce matin du 8.30, France Info.

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