Le "8h30 franceinfo" de Patrick Martin

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Le président du Medef était l'invité du "8h30 franceinfo", mardi 5 septembre 2023.

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Transcript
00:00 Bonjour Patrick Martin. Après le cri d'alarme des Restos du Coeur, Bernard Arnault, le patron de LVMH, a décidé de donner 10 millions d'euros à l'association.
00:08 Est-ce que vous l'avez appelé pour le féliciter ou pour le remercier ?
00:11 Non, en revanche, dès hier j'ai relayé l'appel au don de Patrice Doucet, le président des Restos du Coeur.
00:17 Oui, Patrice Douret.
00:19 Pardon. Et avec Doret, c'est déjà un bon écho. Et puis j'observe, vous venez de l'annoncer, qu'il y a un nombre croissant d'entreprises qui se manifestent et c'est très bien ainsi.
00:29 Juste sur le don de Bernard Arnault, le communiqué publié a suscité quelques critiques des élus de la France Insoumise demandent, je cite,
00:37 "au roi de l'optimisation fiscale de payer ses impôts plutôt que faire l'aumône". Votre réaction ?
00:43 Je crois que Bernard Arnault paye ses impôts. Et puis moi, par tempérament, je dirais, par conviction, je vois le bon côté des choses.
00:50 Ce sont 10 millions d'euros qui vont aller aux Restos du Coeur, donc à toutes ces personnes en difficulté qui en ont besoin.
00:56 Patrick Martin, c'est le rôle des entreprises de venir comme ça en aide aux associations ?
01:00 Oui, je pense. Même si on sait qu'essentiellement, les personnes dans la souffrance qui font appel notamment aux Restos du Coeur, ce sont des étudiants.
01:11 Ce sont pour beaucoup des immigrés sans emploi et puis des femmes seules qui ne sont pas nécessairement nos salariés.
01:17 Donc, on pourrait dire que ce n'est pas le rôle des entreprises. On le fait. On le fait souvent à bas bruit.
01:22 On le fait dans tout le territoire. On le fait depuis des années. On va le faire plus encore.
01:25 Est-ce que ce n'est pas le signe que l'État est dépassé, qu'on rate quelque chose en termes de solidarité nationale ?
01:31 Alors, on voit, et c'est malheureux évidemment, que le nombre de personnes qui ont besoin de cette assistance augmente.
01:39 Est-ce que ça veut dire que l'État est défaillant ? Ce serait un raccourci de le dire.
01:43 Ça ne m'empêche pas de penser qu'il y a un certain nombre de politiques publiques qui ne sont pas optimisées.
01:47 Je veux dire par laquelle coûtent chères sans toujours donner les résultats attendus.
01:50 Vous-même, vous avez donné, Patrick Martin ?
01:52 Oui.
01:53 Combien ?
01:54 Je ne vous le dirai pas. Et ce n'est pas la première fois que je le dis.
01:56 Vous ne ferez pas de communiqué ?
01:57 Non, je ne ferai pas de communiqué.
01:58 Avec l'inflation, la rentrée des Français est compliquée. Et de votre côté, comment ça va ? Du côté des patrons ?
02:04 Alors, je dirais qu'on est entre deux eaux. On a eu notre rencontre des entreprises de France la semaine dernière.
02:11 Plus de 10 000 chefs d'entreprise participant. La tonalité n'était ni à la résignation ni au pessimisme.
02:17 Mais pour avoir fait un tour de table assez approfondi avec tous les secteurs d'activité,
02:21 on voit quand même que dans un bon nombre de cas, la conjoncture est en train de se retourner.
02:25 C'est flagrant dans le bâtiment, par exemple.
02:27 Et donc, nous, on veut être positif. On veut contribuer à ce que le pays tourne bien.
02:33 Mais encore faut-il qu'on nous en donne tous les moyens.
02:35 L'économie française ne tient qu'à un fil ?
02:38 Je pense qu'elle ne tient qu'à un fil. Je ne suis pas en train de vous dire qu'on est à l'aube d'une profonde récession.
02:43 Mais on voit bien que la dynamique de croissance est en train de s'essouffler
02:46 dans un panorama mondial qui lui-même est en train de s'essouffler.
02:49 Quand on voit les chiffres en Chine, quand on voit les chiffres du commerce international,
02:53 il y a un ralentissement qui tient beaucoup au durcissement des politiques monétaires,
02:57 les taux d'intérêt qui augmentent. Il ne faudra pas que ça dure trop longtemps.
03:01 Vous disiez "il faut qu'on nous laisse les moyens d'agir comme on le souhaite".
03:05 La rentrée du MEDEF a été un peu mouvementée puisque, contrairement à la promesse du candidat Macron,
03:10 la suppression de la CVE, qui est un impôt de production, est repoussée progressivement à 2027.
03:16 Vu l'état des finances publiques aujourd'hui, est-ce que vous êtes sûr qu'elle aura vraiment lieu cette suppression ?
03:22 Écoutez, même s'il y a un étalement de ce qui était prévu dès 2024,
03:28 enfin tout ça n'est pas encore arrêté, il va y avoir la discussion du projet de loi de finances, du budget.
03:33 Nous, on croit en la parole de l'État.
03:36 J'ajoute que le président de la République ne s'était pas engagé sur un calendrier.
03:39 Mais l'an passé, la loi avait prévu cette suppression dès 2024.
03:44 Pour l'instant, ça va être étalé. Ça met vraiment des entreprises en difficulté ?
03:48 Oui, parce que je crois que dans tous ces domaines, il faut qu'on prenne en compte l'environnement international.
03:53 Il y a un réel durcissement de la compétition internationale.
03:56 Les Américains sont très offensifs avec des programmes de soutien et d'attraction des investissements.
04:01 Les Allemands ont annoncé la semaine dernière 32 milliards d'aides aux entreprises, singulièrement au PME.
04:06 Donc la France n'est pas un monde à part.
04:09 Si on se met sur pause, notamment sur ces 4 milliards d'euros de suppression de la CVAE, un impôt de production,
04:17 c'est-à-dire pas du tout un impôt sur les bénéfices, relativement on prend nécessairement du retard.
04:22 Donc oui, on avait intégré ça dans nos plans d'affaires, dans nos business plans pour créer des emplois, pour lancer des investissements.
04:29 Il faut être attentif à ça. La France n'est pas un monde à part.
04:32 Mais il y a eu déjà des baisses d'impôts de production.
04:35 Est-ce que vous entendez quand même, Patrick Martin, ceux qui disent "Attendez, là on est en train de donner trop de cadeaux,
04:41 on fait trop de fleurs fiscales au patronat alors qu'en fait, il n'y a pas de contrepartie ?
04:45 Alors quand on parle de cadeaux, c'est très tendancieux.
04:48 Le pouvoir vous cajole ?
04:49 Oui, enfin c'est très tendancieux. D'abord, est-ce que c'est efficace ?
04:51 Oui, il y a 2 millions d'emplois qui ont été créés sur les 6 dernières années.
04:56 L'investissement est reparti en France.
04:58 Et puis tout est relatif à nouveau.
05:00 Les entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes allemandes,
05:04 même s'il y a eu, et on les salue, des baisses notamment de fiscalité,
05:07 les entreprises françaises payent toujours 120 milliards d'euros par an de plus que leurs concurrentes allemandes.
05:14 Mais ce qui n'empêche pas les bénéfices records, on l'a vu cette année.
05:16 Ce qui n'empêche pas les bénéfices records.
05:18 C'est pas le poids fiscal qui fait que l'entreprise va mal.
05:21 Je suis plus nuancé.
05:22 Quand on regarde de près qui réalise ces bénéfices records,
05:25 dans la grande majorité des cas, ce sont des grands groupes qui sont très présents à l'international.
05:30 Quand on regarde leurs bénéfices en France, ils ne sont pas aussi flamboyants que ça en moyenne.
05:35 Mais qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent "c'est pas normal, tout le monde fait un effort en ce moment".
05:40 On parle notamment des particuliers, par exemple la taxe foncière.
05:45 C'est pas normal que les entreprises ne mettent pas elles aussi un peu la main à la poche ?
05:49 Il y a un amalgame dans l'esprit de certains entre entreprises et actionnaires.
05:54 On veut signifier que ce sont des cadeaux aux actionnaires.
05:57 Quand on parle d'effort, les entreprises font des efforts.
06:00 Elles le font par civisme, mais elles le feront aussi parce que c'est leur intérêt.
06:03 Elles font des efforts en termes de création d'emplois, elles font des efforts en termes d'investissement.
06:06 Donc il y a cette politique qui, je le redis, a donné des bons résultats.
06:09 Il ne faut pas l'enrayer.
06:11 C'est comme ça qu'il faut analyser les choses.
06:13 Et pardon d'être très insistant là-dessus, il faut apprécier la performance des entreprises et de l'économie française relativement à celle des autres.
06:21 Si les autres accélèrent et que nous ralentissons, nécessairement nous nous déclassons.
06:25 Patrick Martin, président du Medef, vous allez rester avec nous.
06:27 Dans un instant, on va parler de la conférence sociale sur les bas salaires.
06:30 Je crois que vous allez en parler aujourd'hui avec le ministre du Travail.
06:33 Ce sera juste après le Fil info à 8h40.
06:35 Sophie Echennes.
06:37 Arédoine Faïd comparaît à partir d'aujourd'hui devant les assises de Paris
06:41 pour son évasion spectaculaire de la prison de Réau il y a 5 ans.
06:45 Le braqueur multirécidiviste sera jugé pendant 7 semaines aux côtés de 11 complices, dont des membres de sa famille.
06:51 Emmanuel Macron se redit favorable à l'interdiction de la baïa à l'école.
06:55 Le chef de l'Etat a été invité sur la chaîne YouTube.
06:57 Hugo Décrypte, hier soir, "on veut avoir un espace avec le moins de différences possibles", dit-il.
07:02 Cet après-midi, le Conseil d'Etat examine le recours déposé par l'association Action Droit des Musulmans
07:07 qui demande la suspension de cette interdiction.
07:10 Au Niger, le gouvernement, mis en place après le coup d'Etat du 26 juillet dernier,
07:14 affirme que des discussions sont en cours pour que les militaires français présents dans le pays se retirent rapidement.
07:19 Le Premier ministre nigérien dit espérer le maintien de la coopération avec la France.
07:24 Le tennis à l'US Open et Alexander Zverev affrontera Carlos Salcaraz en quart de finale.
07:29 L'Allemand s'est qualifié ce matin en battant l'Italien Yannick Sinner.
07:32 Victoire en 5-7 au terme d'un duel de plus de 4h40.
07:45 - Aujourd'hui, Medef Patrick Martin, après son grand Raoult avec les chefs de partis politiques la semaine dernière.
07:50 Emmanuel Macron a annoncé la tenue d'une grande conférence sociale sur les bas salaires prochainement.
07:55 Est-ce que vous avez, vous, des infos sur le calendrier ? Vous savez, c'est pour quand ?
08:00 - Pas encore, mais je comprends que ce sera assez rapide.
08:03 - Vous voyez le ministre du Travail aujourd'hui, Olivier Dussopt, c'est ça ?
08:05 - Je vois Olivier Dussopt, avec lequel j'ai une bonne relation, le Medef a une bonne relation,
08:10 mais avec lequel nous avons un certain nombre de sujets de discussion.
08:13 - Alors vous y allez dans quel état d'esprit, justement ? Vous êtes ouvert à des hausses de salaire ?
08:18 - Alors, il faut rappeler un certain nombre de points.
08:20 Il a pu être dit que dans certaines branches, les salaires étaient inférieurs au SMIC.
08:24 Non, légalement, on ne peut pas payer un salarié en dessous du SMIC.
08:28 - Mais les premiers salaires, les seuils sont, pour 80 branches, sont en dessous du SMIC.
08:36 - Alors voilà, il y a un sujet lié à l'inflation qui conduit à ce que les branches,
08:41 à un rythme qu'on ne connaissait pas depuis 30 ans, doivent renégocier assez régulièrement
08:47 les minimas conventionnels quand ils sont rattrapés par le SMIC.
08:50 Il y avait 150 branches qui étaient en retard par rapport à ce nouveau SMIC
08:54 quand il a été augmenté au mois de mai, il y en a dorénavant 80.
08:58 Donc, ça demande des discussions, ça demande d'avoir des interlocuteurs syndicaux.
09:03 À la fin des fins, il y aura un tout petit nombre de branches qui n'auront pas conclu
09:08 sur la revalorisation de ces minimas conventionnels.
09:11 - Mais pourquoi ce ne serait pas automatique ces hausses dans les branches ?
09:14 - Alors, c'est une demande, ça veut dire que c'est la négation du dialogue social.
09:19 À ce moment-là, l'État décide de tous les salaires. C'est une option.
09:23 - Mais avoir des salaires sous SMIC, c'est pas normal ?
09:25 - Je pense que l'économie française est déjà largement dirigée.
09:28 Il faut laisser aux partenaires sociaux ce champ essentiel de la négociation des salaires.
09:32 - Mais certains ont des salaires sous le SMIC, c'est pas normal aussi, vous le concédez.
09:35 - J'insiste, il n'y a pas de salaire en dessous du SMIC.
09:38 - Vous savez bien de quoi je parle, c'est les premiers seuils qui se trouvent.
09:41 - Non, mais le vrai sujet, et je crois que c'est ce qu'a signifié le président de la République
09:46 suite à cette longue conférence à Saint-Denis, c'est qu'il y a un effet d'écrasement des grilles de salaire
09:52 au fur et à mesure que le salaire de base augmente.
09:55 Et donc, ce à quoi on doit être attentif, et je crois que Bruno Le Maire s'est exprimé là-dessus,
10:00 c'est à ce qu'il n'y ait pas une répercussion sur l'ensemble des grilles salariales
10:05 de l'augmentation du SMIC et donc du minimum conventionnel.
10:08 - Parce que c'est ce qui se passe, pardon, les entreprises refusent d'augmenter davantage leurs salariés,
10:14 il y a un tassement au niveau du SMIC, parce qu'elles refusent aussi de payer plus de charges.
10:19 - Alors voilà, il faut avoir en tête que, parce qu'il y a eu des efforts considérables
10:23 qui ont été réalisés notamment par les pouvoirs publics sur les très bas salaires,
10:27 on est redevenu compétitif. Mais par exemple, si vous montez à deux fois le SMIC,
10:32 les entreprises françaises payent 16% de plus que les entreprises allemandes
10:37 pour un poste équivalent. Quand vous montez à cinq fois le SMIC, c'est 30%.
10:42 Donc, il faut nous, c'est compliqué, mais c'est notre responsabilité qu'on trouve le bon compromis,
10:47 le bon réglage entre les attentes des salariés, notamment dans le cadre d'une évolution de leur carrière,
10:52 et puis la compétition à laquelle on est confronté.
10:55 - Et donc vous demandez des allègements de charges ?
10:58 - Alors, c'est un autre sujet, je ne sais pas si c'est celui que vous voulez évoquer.
11:01 Il y a un débat autour de l'UNEDIC et des ponctions que l'État veut opérer sur les excédents
11:06 à vérifier de l'UNEDIC dans les prochaines années. Nous, on demande.
11:10 Moi, j'ai demandé à ce qu'une partie de ces excédents aille en réduction de charges
11:14 pour un montant significatif.
11:17 - Les salaires augmentent, mais pour un certain nombre de métiers, ce n'est pas suffisant.
11:20 Vous avez beaucoup de mal à recruter. Est-ce qu'il ne faut pas revaloriser certaines professions ?
11:23 - Mais ça a été fait. - Insuffisamment ?
11:26 - Alors, il y a une part évidemment de rémunération, il y a aussi une part d'organisation du travail,
11:31 et on voit très bien que bon nombre de secteurs d'activité se réinventent.
11:35 Je pense en particulier à l'hôtellerie et restauration, qui a encore des difficultés de recrutement,
11:39 ou par exemple les transports en commun, où vous avez ici et là des journées fractionnées
11:45 avec des salariés parce qu'ils ont du mal à se loger,
11:47 qu'ils n'ont pas le temps de retourner chez eux avant de revenir travailler.
11:50 Donc voilà, le sujet est plus complexe, mais il existe, j'en conviens.
11:54 - Vous dites que les salaires ont été augmentés. La CGT demande, elle, l'indexation des salaires sur l'inflation,
11:59 ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pourtant nos voisins en Belgique ou au Luxembourg le font,
12:03 et c'est même salué par l'OCDE. Pourquoi nous on n'y arrive pas en France ? Pourquoi on ne le fait pas ?
12:07 - Écoutez, si je suis un peu malicieux, si les salaires avaient été indexés sur l'inflation,
12:11 il n'y aurait pas eu d'augmentation salariale jusqu'à il y a 18 mois. Il n'y avait pas d'inflation.
12:15 - Parce qu'il n'y avait pas de sujets ?
12:17 - Oui, enfin, il y a eu malgré tout des augmentations de salaires. Il y a eu des gains de pouvoir d'achat à partir de là.
12:22 - Les augmentations auraient été plus importantes ? Il y a eu des gains de pouvoir d'achat ?
12:26 - Mais bien sûr !
12:27 - Depuis deux ans, il y a eu des gains de pouvoir d'achat ?
12:29 - Non, il n'y avait pas d'inflation, il y a eu des augmentations salariales.
12:32 Bon, premier point. Donc il faut se garder des dispositifs circonstanciels.
12:36 On est effectivement face à une situation qu'on ne connaissait plus depuis très longtemps,
12:40 d'inflation assez élevée, même si elle ralentit. Mais attention aux effets inverses.
12:46 Deuxièmement, il y a trois études qui viennent d'être publiées.
12:49 Les entreprises privées, je ne parle pas des entreprises publiques et du secteur public,
12:53 ont fait face à leurs responsabilités, puisqu'y compris les parts variables,
12:57 mais je ne parle pas des primes de partage de la valeur, de l'intéressement, etc.
13:01 Pour les ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise, les salaires sont en augmentation de 7% cette année.
13:06 Donc voilà, il faut se garder de faire de situations particulières bien réelles,
13:11 et auxquelles on doit répondre une généralité.
13:13 - Aujourd'hui, les syndicats et le patronat se retrouvent pour négocier les règles de retraite complémentaires.
13:17 C'est l'AGIRC et l'ARCO. Il faut les adapter à la réforme des retraites qui vient d'entrer en vigueur.
13:21 Est-ce que le malus qui s'applique actuellement pour un départ entre 62 et 65 ans a encore une raison d'être ?
13:27 - Alors moi, je ne vais pas préempter cette négociation qui s'engage effectivement aujourd'hui
13:31 et qui donnera lieu à cinq réunions, puisqu'on a un calendrier qui se termine par nécessité le 15 octobre.
13:38 Donc je ne vais pas vous répondre précisément. En revanche, ce que je veux dire, c'est que ce régime marche bien
13:43 et que nous, on a deux règles d'or. La première, c'est que l'équilibre financier du régime soit préservé.
13:49 Je rappelle quand même que le régime sert 13 millions de retraites à 25 millions de cotisants.
13:56 Donc règle d'or, ne pas fragiliser l'équilibre financier dans la durée de ce système.
14:01 La deuxième règle d'or, c'est que ce régime est géré par les partenaires sociaux dans l'indépendance
14:06 et nous, on y est très attachés. Je veux dire par là qu'il ne faut pas qu'il y ait d'interférences de l'État,
14:10 notamment dans la gestion de ce régime.
14:12 - Patrick Martin, la majorité et la droite ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le texte sur l'immigration à venir.
14:18 Un point noir, celui de la création d'un titre de séjour "Métiers en tension" pour régulariser les travailleurs sans papier.
14:26 Est-ce que vous, vous souhaitez impérativement que cette mesure soit dans le texte ?
14:31 - Alors là aussi, permettez-moi de passer par un détour. La priorité des priorités, c'est déjà que les jeunes soient formés à des métiers
14:38 qui assurent des débouchés professionnels, qu'on fasse revenir à l'emploi des chômeurs de longue durée, des titulaires du RSA.
14:43 On a d'ores et déjà sur le territoire français un vivier, si vous me permettez l'expression, très important.
14:49 Ensuite, sur l'immigration économique, parce que nous, on n'a pas à se prononcer sur le sujet global de l'immigration.
14:55 Chacun est citoyen, je suis moi-même citoyen, mais là je m'exprime en tant que président du MEDEF.
14:59 Donc il y a d'ores et déjà une circulaire, la circulaire VALS. Nous, ce qu'on demande, c'est qu'elle soit déjà appliquée,
15:04 qu'elle soit appliquée de manière uniforme sur tout le territoire et qu'année après année, le législateur se prononce sur les métiers
15:13 qui sont ou non éligibles et les effectifs en quelque sorte... - Faut mettre en place des quotas.
15:20 - Mais ça existe. - Oui. - Ça existe. Mais quand vous regardez l'origine de l'immigration, en réalité, l'immigration dite économique,
15:27 dont je pense qu'on aura besoin malgré tout ici ou là, y compris à des hauts niveaux de qualification, c'est 30 000 personnes par an.
15:33 C'est-à-dire à peu près 10 % de la population immigrée. Après, c'est un débat qui nous dépasse.
15:38 C'est aux politiques de prendre ces responsabilités. On sait très bien que le sujet est inflammable.
15:43 - Dans le sens où ce sont les entreprises qui engagent des travailleurs sans-papiers, si, ça vous concerne quand même.
15:47 - Non, je ne peux pas vous laisser dire que les entreprises engagent des travailleurs sans-papiers.
15:50 Ça n'est évidemment pas une généralité. - On parle de régularisation, oui, oui.
15:52 - Non, enfin, il faut... Non, je ne peux pas vous laisser dire ça. Dans l'immense majorité des cas,
15:57 les entreprises sont en toute chose extrêmement respectueuses du droit. Au cas par cas, il peut y avoir des situations telles que celles que vous évoquez.
16:04 Il faut les traiter. - Il faut qu'on parle d'un mot. Des arrêts maladie, le gouvernement constate leur explosion de plus de 30 % en 10 ans.
16:10 Et il ne semble pas privilégier l'hypothèse d'un allongement du délai de carence pour contenir la hausse du coût des arrêts maladie.
16:16 Est-ce que c'est un soulagement pour les patrons ? - Alors, il faut préciser qu'il y a un effet base, en quelque sorte,
16:21 dans cette augmentation du nombre d'arrêts maladie, et donc de leur coût, parce qu'il y a plus de salariés.
16:25 Et donc, c'est presque mécanique. Moi, ce que je ne peux pas laisser dire, et à vrai dire, on ne l'entend plus dire, et c'est tant mieux,
16:32 c'est qu'une partie de ces arrêts maladie serait du fait des entreprises. - Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, disait quand même que,
16:38 pour moitié, ça s'expliquait par de la souffrance au travail. - Écoutez, moi, j'ai beaucoup de respect pour Aurélien Rousseau,
16:42 mais je suis bien curieux qu'il nous démontre ce qu'il dit. Donc, voilà. Ensuite, pour répondre directement à votre question,
16:48 oui, on a compris que ce sujet qui était dans l'air était à tout le moins reporté, et la Première ministre, devant nous, la semaine dernière,
16:55 lors de notre rencontre des entreprises de France, a dit qu'une discussion serait ouverte entre partenaires sociaux. C'est la sagesse.
17:02 - Patrick Martin, président du Medef, on va parler climat, business avec vous dans un instant. Ce sera juste après le Filinfo à 8h51. Sophie Echennes.
17:10 - Le crédit mutuel va donner 7,5 millions d'euros à la Croix-Rouge. En difficulté financière, entre l'inflation qui fait augmenter
17:17 le nombre de bénéficiaires et la hausse des coûts de fonctionnement, la Croix-Rouge lance un appel aux dents, comme l'ont fait avant elle
17:23 les restos du cœur. Les critiques fusent après le trajet en avion d'Elisabeth Borne et Gabriel Attal pour aller à Rennes, hier,
17:29 un voyage qui dure une heure et demie en train. Sur France Info, le député écolo Julien Bayou dénonce une occasion manquée
17:35 de faire preuve de pédagogie. Un homme grièvement blessé près de Toulouse après un incendie dans un espace naturel, hier,
17:41 le vent a attisé les flammes qui ont détruit deux maisons. Plus de 500 élèves de trois écoles ont été confinés.
17:47 Sept pompiers ont été légèrement blessés, intoxiqués par les fumées. Et puis un record d'affluence cette année au Puy-du-Fou,
17:53 2,5 millions de visiteurs depuis l'ouverture de la saison en avril. Elle dure jusqu'au 5 novembre. L'an dernier, le parc d'attractions
17:59 Vendéen avait attiré un peu plus de 2,3 millions de personnes.
18:03 Toujours avec le président du MEDEF, Patrick Martin. Le climatologue Jean Jouzel s'est rendu aux journées d'été du MEDEF
18:18 et il a été très déçu. "J'ai décrit les choses telles qu'elles sont", dit-il, "face à un parterre de chefs d'entreprise et j'ai reçu un accueil
18:26 glacial. Le patron de Total, par exemple, lui a dit en gros qu'il allait continuer comme avant dans sa politique. Est-ce qu'il y a du déni
18:33 chez certains patrons face au réchauffement climatique ? " - Alors d'abord, je suis extrêmement gêné et je m'en expliquerai avec lui
18:39 que Jean Jouzel, pour qui on a beaucoup de respect, ait perçu cet accord comme glacial. Moi, ce n'est pas comme ça que j'ai vécu les choses.
18:45 Il se trouve que dans mon discours inaugural de cette rencontre des entreprises de France, j'ai réaffirmé notre engagement total
18:53 à respecter les accords de Paris et atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce n'est pas un engagement vain, ce n'est pas un propos de circonstance.
19:01 Il se trouve que dans le cadre de cette table ronde, il y a eu une discussion, certainement pas une altercation, entre effectivement le président de Total
19:08 et Jean Jouzel. Ils ne sont pas d'accord. Ils sont d'accord sur les finalités, ils ne sont pas d'accord sur les modalités. Donc je trouve...
19:15 - Bah lui, il dit qu'en fait, Patrick Pouyanné ne veut pas faire d'efforts et qu'il va continuer à faire comme avant, à savoir exploiter les énergies fossiles.
19:21 - Ecoutez, moi, quand je regarde qui sont les gros investisseurs à travers le monde dans les énergies renouvelables, je pense que Total tient largement son rang.
19:30 Le propos de Patrick Pouyanné, que beaucoup d'entre nous partagent, c'est qu'il faut que nous soyons réalistes, j'insiste, pas sur les finalités,
19:39 pas sur les calendriers, mais sur les modalités. Et dire à l'opinion publique française, alors que 75% de notre consommation d'énergie est à ce jour d'origine hydrocarbure,
19:50 dire "demain matin, on arrête", ça pose un vrai sujet pratique et ça pose un vrai sujet d'acceptabilité.
19:57 - Mais modalité de calendrier, c'est un peu la même chose, non ?
19:59 - Non, c'est le rythme. Si vous voulez, nous, quand on est très attaché, pardon d'être un peu technique, c'est la neutralité technologique.
20:06 Que l'on s'engage résolument, que l'on soit sanctionné si nos engagements ne sont pas tenus sur une trajectoire et un résultat, oui.
20:15 - On prend un exemple très concret, Patrick Martin. Le gouvernement dit "il n'y aura pas de hausse d'impôt", mais il peut y avoir, dès l'année prochaine,
20:21 dans le budget qui est en préparation, des suppressions de niches fiscales, celles qu'on appelle les niches brunes, qui encouragent l'utilisation d'énergie fossile.
20:28 Là, vous dites banco, dès cette année ?
20:29 - Mais, sous réserve de vérification, c'est "delay" avec les professions concernées. Précisément, c'est ce que je vous disais, sur un calendrier réaliste.
20:40 Pourquoi ? Parce qu'à ce jour, je prends un exemple, on dit à une entreprise de travaux publics "vous n'avez plus le droit d'utiliser telle pelleteuse à moteur thermique".
20:49 Très bien, à part qu'il n'y a pas d'offres techniques, technologiques, qui permettent de substituer des engins à moteur électrique à ces engins à moteur thermique.
21:00 Résultat des courses, on ne fait pas les travaux ? On laisse ces entreprises disparaître ?
21:05 - Donc il faut laisser le temps à la technologie de venir au secours de ces entreprises ?
21:09 - Mais bien sûr, et moi je suis très confiant, quand on voit le rythme des innovations qui apparaissent jour après jour, c'est spectaculaire, et il y a tout lieu de penser qu'on y arrivera.
21:17 Mais il ne faut pas que les pouvoirs publics fassent ce qu'on appelle du "micro-management", et viennent nous expliquer, d'ailleurs en changeant d'avis d'une période à l'autre, les modalités techniques de ce qu'on doit faire.
21:27 - Est-ce que vous craignez, parce qu'Elisabeth Borne doit dévoiler là, à la mi-septembre, les mesures qui doivent permettre de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030,
21:39 vous êtes en train de dealer avec le gouvernement pour ne pas qu'il charge la barque en fait ?
21:44 - Le sujet n'est pas de charger la barque, c'est d'être réaliste au regard des évolutions technologiques, d'être réaliste au regard de ce que font ou ne font pas d'ailleurs un certain nombre de pays, y compris immédiatement aux voisins.
21:56 Mais oui, on va s'engager très résolument, c'est une approche unique au monde, très volontariste, on va se prêter à l'exercice.
22:03 - Il y a beaucoup de dépenses contraintes dans le panier des Français, notamment évidemment le carburant.
22:07 Bruno Le Maire écarte l'idée d'une nouvelle ristourne à la pompe due aux contraintes budgétaires, est-ce que c'est aux entreprises un moment de prendre le relais, de donner un petit coup de pouce à leurs salariés sur ce sujet-là, parce qu'ils se déplacent pour venir travailler ?
22:17 - Certaines le font, mais je voudrais quand même rappeler que les entreprises elles-mêmes sont impactées, et parfois très sévèrement impactées par le renchérissement du coût de l'énergie dans les secteurs d'activité.
22:26 Et ce ne sont pas que des grands groupes dits énergo-intensifs, il y a des entreprises qui sont en grande difficulté.
22:31 J'ai oublié de préciser tout à l'heure qu'à ce jour, le prix de l'énergie aux Etats-Unis est 3 à 4 fois inférieur à celui qu'on a en Europe.
22:39 - Donc toujours un problème de compétitivité.
22:40 - Et voilà, donc ça n'est pas simple, c'est passionnant, mais il faut que nous trouvions le bon équilibre et que le Medef contribue à ce qu'on trouve ce bon équilibre.
22:47 - Patrick Martin, la situation est tendue au Niger, au Gabon aussi, plusieurs entreprises françaises sont présentes sur place, est-ce que vous êtes inquiet ?
22:55 - Oui, alors du seul point de vue économique, ce sont des partenaires importants, je ne sais pas si on peut amalgamer d'ailleurs ce qui se passe au Gabon et au Niger.
23:06 - Il y a eu deux coups, mais la situation est différente.
23:08 - Quoi qu'il en soit, ça fait aussi partie de la vocation ou de la mission du Medef, nous avons, séance tenante, mis en place une hotline,
23:15 bien sûr en relation avec le ministère des Affaires étrangères, avec les conseillers du commerce extérieur qui sont présents à travers toute la planète
23:22 pour pouvoir répondre à nos entreprises qui s'interrogent. On n'a pas encore toutes les réponses à toutes les situations.
23:27 - Au Niger, l'hostilité envers la France est de plus en plus pesante.
23:31 Est-ce que certains entrepreneurs, est-ce que certains chefs d'entreprise vous ont appelés pour évoquer un départ du pays ?
23:38 - Bien sûr, pour commencer le départ de leurs collaborateurs qui sont présents dans ces pays.
23:43 La comparaison n'est pas raison, mais on avait connu ça à une échelle encore bien plus grave avec l'Ukraine.
23:49 Donc on avait aidé, ce n'est pas le Medef à lui seul bien sûr qui a réglé ces situations, on avait aidé un certain nombre d'entreprises à gérer ces situations critiques.
23:56 - Avec des risques que parfois, ça s'était passé en Russie, notamment d'expropriation ?
24:00 - Oui. Alors, moi je n'ai pas connaissance à ce jour de ce type de menaces sur les intérêts économiques français au Niger et à force sûr au Gabon.
24:10 - Et puisqu'on parle de la conjoncture internationale, vous évoquiez tout à l'heure les difficultés notamment en Chine.
24:15 Cette incertitude, cette incertitude vraiment sur l'ensemble de la conjoncture internationale, à la place qu'est la vôtre aujourd'hui,
24:22 comme en récent temps des entreprises de France, ça vous inquiète ou vous avez l'habitude de faire avec ?
24:28 - Alors j'allais dire, on a l'habitude de faire avec, mais ce qu'on observe aujourd'hui en essayant de, comment dire,
24:35 de distinguer ce qui relève du conjoncturel et ce qui relève du structurel, c'est qu'il y a quand même des évolutions très structurelles.
24:42 Ce que je veux dire par là, et ça n'est pas neutre d'ailleurs en termes d'évolution de nos tissus productifs, en termes d'inflation,
24:48 c'est qu'il y a une recontinentalisation des plaques économiques, je crois, et c'est un vrai sujet de préoccupation
24:57 pour les très nombreuses entreprises françaises qui sont implantées, notamment en Chine.
25:01 Je crois qu'il y a un durcissement dans le cadre d'une confrontation Etats-Unis-Chine, c'est pas l'Europe qui est à l'initiative de ces tensions.
25:09 Il y a des interrogations assez fondamentales sur le modèle économique chinois, sur l'ouverture de la Chine aux investissements
25:17 et aux importations notamment d'origine européenne. Oui, c'est un vrai sujet de préoccupation.
25:22 Patrick Martin, merci. Président du MEDEF d'avoir été ce matin l'invité du 8.30 France Info.