Assassinat de Claude Érignac : «Il y a un devoir de mémoire mais il faut regarder vers l'avenir»

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Michel Vergé-Franceschi, professeur émérite des Universités, historien et spécialiste de l'histoire de la Corse, répond aux questions de Lionel Gougelot.
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00:00 Bonjour Michel Vergé-Franceschi. - Bonjour. - Merci d'être dans les studios d'Europe 1 ce matin. Vous êtes historien spécialiste de l'histoire de la Corse, vous êtes
00:07 l'auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Alors je le disais il y a 25 ans le préfet Claude Erignac était assassiné par un commando
00:14 nationaliste à Ajaccio. Gérald Darmanin se rend dans Lille de beauté aujourd'hui pour commémorer ce drame dans un contexte
00:20 on va le détailler, mais dans un contexte d'apaisement disons pour entre les relations, des relations entre les pouvoirs publics et les autorités locales.
00:27 L'annonce de ce déplacement a été faite en même temps que la décision de justice
00:31 autorisant une semi-liberté pour l'un des membres de ce fameux commando si je puis dire Pierre Alessandri.
00:36 C'est de nature justement à renouer le dialogue dans ce contexte d'apaisement que j'évoquais à l'instant ? - Oui bien sûr tout le monde
00:43 cherche l'apaisement. Alors l'apaisement
00:46 c'est un mot.
00:48 D'un côté il y a un devoir de mémoire, donc le président Macron reçoit aujourd'hui la veuve du préfet Erignac et ses enfants
00:54 et il a raison il y a ce devoir de mémoire qui est nécessaire.
00:57 D'un autre côté en tant qu'historien je vous dis qu'il faut regarder vers l'avenir et donc c'est vrai que
01:04 on dit qu'il faut tourner une page et on ne peut pas regarder
01:09 tout le temps tout le temps tout le temps la première page c'est à dire l'introduction
01:13 1998 l'assassinat malheureusement du préfet Erignac. - Qui a constitué un traumatisme
01:19 phénoménal, enfin peut-être qu'on a du mal à
01:23 le réaliser à s'en souvenir aujourd'hui mais enfin c'était vraiment un traumatisme national et... - Un traumatisme national et
01:30 régional il y a eu quand même 40 à 50 mille corses qui avaient une cinquantaine d'années et qui en ont 75 aujourd'hui pour ceux qui sont
01:37 encore vivants qui ont manifesté. On ne peut pas
01:41 en vouloir à la région Corse
01:44 aux Corses dans leur ensemble de ce qui a été fait par le commando et donc aujourd'hui
01:52 moi je milite bien entendu beaucoup pour l'apaisement mais je crois que dans nos temps contemporains
01:58 on est trop cristallisé sur ce qu'il s'est passé au lieu de penser à ce que l'on doit faire
02:05 quand vous pensez au président de la république Sadi Carnot assassiné en
02:10 1894 les manifestations les commémorations ont fini en
02:15 97 trois ans après quand vous regardez Paul Duhmer président de la république en 32 les commémorations ont fini en
02:22 34 et donc je ne suis pas tout à fait sûr que
02:26 commémorer sans arrêt la tragédie
02:28 soit un geste d'apaisement et on l'a vu malheureusement au printemps
02:34 les jeunes qui n'ont jamais connu le préfet Rignac qui avait l'âge de leur arrière-grand-père
02:40 aujourd'hui et bien les jeunes se sont mobilisés dans les rues et il ne faut peut-être pas sans oublier il est évident que la république
02:48 ne peut pas oublier un geste qui est un geste extrêmement
02:51 symbolique
02:52 commandité par un commando de trois personnes la république peut-être doit regarder devant donc c'est en fait l'exercice un petit peu délicat
02:58 l'équilibre difficile auquel va être confronté aujourd'hui Gérald Darmanin c'est à dire entre commémoration de ce traumatisme et puis effectivement comme vous le disiez
03:06 la nécessité de regarder vers l'avenir il va y avoir peut-être un autre élément qui va peut-être favoriser
03:13 ce retour du dialogue c'est une autre décision qui est attendue pour un autre membre du
03:17 commando Alain Ferrandille le 23 février qui lui aussi pourrait faire l'objet de
03:21 d'une mesure de semi-liberté de la part de la justice. - Tout à fait quand vous voyez les revendications
03:25 nationalistes
03:27 regardez un petit peu comme dur Corsica Libera par exemple ce qu'ils en disent dans la presse dans le Corsematin
03:34 du 2 février
03:36 ils disent que les prisonniers je ne dis pas les prisonniers politiques je dis les prisonniers
03:41 auraient dû avoir un rapprochement et cette histoire du rapprochement des prisonniers elle a empoisonné
03:50 l'atmosphère entre la Corse et
03:52 Paris et l'état
03:54 depuis un quart de siècle et donc parce que le principe d'égalité justement
04:00 fait que tout prisonnier doit être emprisonné près de chez lui. - Où en est le processus de
04:06 négociation sur l'autonomie lancé l'été dernier on a l'impression qu'il est au point mort.
04:10 - Oui le mot d'autonomie justement a été lâché par le ministre de l'intérieur
04:17 dans un contexte très particulier
04:19 tous les jeunes manifestants
04:22 c'était des collégiens les collégiens ou les étudiants. - Vous faites allusion aux manifestations
04:28 lancées après la mort d'Ivan Colonna. - Moi je crois
04:31 que aujourd'hui c'est un petit peu aussi le discours d'Anette Maupertuis donc je connais bien qui est présidente de l'assemblée de Corse aujourd'hui
04:39 c'est lorsqu'elle parle elle parle des disparus
04:43 et donc il y a deux noms qui malheureusement sont associés dans l'histoire Corse
04:47 pour l'éternité maintenant et qui sont les patronymes d'Erignac et de Colonna.
04:54 Deux noms sont associés un peu comme Henri IV et Ravaillac
04:57 ça forme un tout. - Pour en revenir à cette question de l'autonomie
05:01 quelles sont les attentes réelles de la population en Corse de ce point de vue là ?
05:07 - Les attentes réelles ce sont les attentes de tous les français d'aujourd'hui
05:11 c'est le chômage, c'est de régler des questions comme les questions des déchets dont on parle sans arrêt en Corse, c'est
05:18 la question de l'immobilier, - La sécurité - La sécurité
05:21 62-65 % des maisons qui sont des maisons secondaires comme dans l'île de Ré ce sont les mêmes
05:27 problèmes que dans la France continentale
05:30 sur lesquels se se rajoute un problème qui lui est purement géographique et qui a toujours existé
05:36 c'est l'insularité et il est évident qu'un étudiant aujourd'hui, je parle très souvent avec des étudiants que j'ai à Sciences Po
05:44 il est surtout
05:46 attaché à ces tarifs d'avion entre
05:48 l'île et puis les archives nationales ou la bibliothèque nationale. - Donc en un mot
05:53 Michel Vergés-Francheschi, cette autonomie ça n'est plus
05:57 comment dire, l'alpha et l'oméga finalement des attentes politiques des corse alors ? - Pour moi ça n'est pas une question de statut c'est une question
06:04 d'attitude, d'attitude
06:05 d'un respect que la Corse doit à l'état et que l'état doit à la Corse.
06:11 La Corse elle a donné 13 000 de ses jeunes en 1914 qui sont morts pour la France, elle a donné des préfets
06:18 les frères Pietri par exemple, Philippe Massonni préfet de police de Paris il y a quelques années,
06:23 elle a donné le premier président de la république française qui est Louis Napoléon Bonaparte et donc c'est une question d'attitude
06:29 et non pas de statut. On en change très souvent de statut, l'essentiel c'est ce respect, cette compréhension
06:35 réciproque qui existe depuis plus de 200 ans et j'espère qu'en 2025 on fera là une commémoration
06:42 et notamment de la phrase de Pascal Paoli
06:45 "j'aime l'union avec la France parce que nous sommes désormais à égalité avec tous les autres citoyens français".
06:51 - Ça servira de conclusion à notre entretien, merci infiniment Michel Vergés-Francheschi, je rappelle que vous êtes professeur des universités
06:58 historien spécialiste de l'histoire de la Corse
07:00 auteur de nombreux ouvrages dont une "Une histoire de la Corse" aux éditions du Félin. Merci, bonne journée.

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