Les informés du vendredi 10 Février 2023

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00:00 *Générique*
00:14 Bonsoir à tous, vous n'avez pas pu lui échapper si vous avez pris un ascenseur au cours de ces 50 dernières années.
00:21 Lui, c'est Burt Bacharach, le roi du zith listening.
00:24 Il s'est éteint à l'âge de 94 ans.
00:27 Il faisait de la musique de "Mont-Charge" disent ses détracteurs.
00:30 Sauf qu'à force de prendre l'ascenseur, ses tubes planétaires sont arrivés au sommet.
00:35 *Musique*
00:40 Et même jusqu'au toit terrasse de notre bonne vieille maison de la radio où avait été filmé dans les années 60,
00:46 le clip de ce "Walk on by" interprété par Dionne Warwick.
00:50 J'ai pas le droit de vous passer les images pour des histoires de droits mais
00:53 vous les trouverez en deux clics sur tous les réseaux sociaux.
00:56 Et pendant que vous vous déhanchez dans votre cuisine et dans votre voiture,
01:02 je vais vous présenter les informés de ce soir.
01:04 Bonsoir Béatrice Mathieu, grand reporter à l'Express.
01:07 Avec nous également Franck de Dieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne.
01:11 Véronique Reissoult, présidente de Backbone Consulting, maître de conférences en communication de crise à Sciences Po.
01:19 Vous scrutez pour les informer ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux.
01:22 Et puis avec nous également Guillaume Labbé.
01:24 Bonsoir. - Bonsoir à tous.
01:26 Président de l'agence Comstrat. Allez, dernier étage, Burt Bacharach est au paradis.
01:31 Les informés vont commencer, il est temps de sortir de l'ascenseur.
01:34 *Sonnerie de téléphone*
01:38 L'actualité, c'est encore ce qui se passe en Ukraine.
01:41 Comme une sorte de réplique à la tournée diplomatique triomphale de Volodymyr Zelensky à l'Ouest,
01:47 la Russie a intensément bombardé son voisin aujourd'hui.
01:51 Plusieurs dizaines de missiles, de drones kamikazes ont été lancés sur des sites énergétiques.
01:56 On écoute le président ukrainien.
01:59 Les missiles d'aujourd'hui constituent un défi pour l'OTAN et la sécurité collective.
02:04 C'est une terreur qui peut et doit être arrêtée. Le monde doit l'arrêter.
02:09 Béatrice Mathieu, pourquoi cette pluie de missiles ?
02:12 Il y a une volonté de marquer les esprits après la tournée de Volodymyr Zelensky ?
02:16 Oui, il y a déjà effectivement, ça vous l'avez dit, c'est un peu la réponse du berger à la bergère
02:22 après la tournée européenne et qui s'est finie à Bruxelles où il a demandé davantage d'armes et notamment des avions.
02:32 Ce qui inquiète en fait les observateurs, à la fois les autorités ukrainiennes,
02:37 mais aussi les observateurs et les services de renseignement occidentaux,
02:40 c'est qu'on observe quand même une densification des armées russes ces derniers jours
02:45 au sud et à l'est des régions occupées de l'Ukraine,
02:49 qui laisserait penser, évidemment tout est grand conditionnel,
02:53 qu'il pourrait y avoir une offensive russe dans les prochaines semaines et beaucoup d'experts disent...
02:59 Notamment à l'occasion du premier anniversaire de ce conflit, 24 février.
03:05 24 février, beaucoup disent que les deux prochains mois vont quand même être cruciaux,
03:09 d'où cet appel à livrer des avions.
03:14 - Franck de Dieu, c'est aussi la preuve finalement que les russes,
03:17 qu'on disait parfois exsangues en matière de matériel militaire, ont encore des ressources.
03:24 - Oui, les russes historiquement ils commencent pas très bien et puis ils finissent avec une capacité à répliquer.
03:31 Alors, historiquement ils sont agressés, là il se trouve qu'ils sont agresseurs.
03:34 - Ça s'est passé comme 141.
03:36 - C'est pas tout à fait pareil, parce qu'ils sont effectivement agresseurs en l'occurrence.
03:40 Ce que vous avez parlé très justement de réplique, on est là en train de vivre ce que l'on redoutait,
03:46 c'est-à-dire un engrenage fatal quelque part,
03:49 et qui contribue à ce que chacune des parties campe sur ses positions,
03:54 et donc quelque part se laisse aller dans un peu plus d'engrenage.
03:57 Je m'explique, ceux qui, je dirais, veulent absolument humilier la Russie,
04:02 ils voient un argument pour dire "regardez, il réplique, il faut donc aller un peu plus de l'avant,
04:07 et si demain en plus de ça il prépare une offensive majeure..."
04:10 Et puis ceux qui sont pour une négociation, ils vont avoir l'occasion de se dire "regardez cette riposte,
04:17 nous sommes amenés, attention, à emprunter le statut de co-belligérants",
04:22 avec ces histoires de livraison de chars et bien sûr d'avions.
04:26 Et alors là, effectivement, vous avez une logique classique d'engrenage militaire,
04:31 où chacun se retrouve dans la légitimité, soit d'être un peu plus vatinguer,
04:36 soit d'être un peu plus négociateur, et ce blocage donne la parole aux deux parties
04:41 qui ont, je dirais, quelque part, un couloir pour s'adonner à la poursuite de la guerre
04:48 avec des moyens encore plus redoutables.
04:50 - Guillaume Labbé, c'est une guerre aussi de la communication à travers ces actions ?
04:55 - C'est une guerre de communication.
04:57 En fait, Vladimir Zelensky est venu vite faire cette tournée très impressionnante à Londres,
05:02 à Paris avec le chancelier allemand, puis à Bruxelles,
05:05 parce qu'il y a une situation qui est très complexe militairement.
05:07 Il y a une offensive russe très forte, un appareil industriel russe qui fonctionne de nouveau,
05:12 qui fonctionne encore, donc une situation critique d'un point de vue défensif.
05:15 Donc Vladimir Zelensky n'est pas venu pour faire juste des relations publiques.
05:17 Il a besoin de ce matériel militaire.
05:19 Et moi, je suis très surpris que vous mettiez en parallèle comme ça les deux stratégies.
05:23 Il y a un pays qui est agressé, qui a du mal, et ça devient difficile de se défendre,
05:27 clairement pour l'Ukraine.
05:28 Et par ailleurs, il y a des attaques, n'oublions pas,
05:30 là on ne parle pas d'une offensive militaire comme ce qui se passe à Bakhmout,
05:33 on parle d'aujourd'hui de frappes sur des sites énergétiques, sur des sites civils.
05:36 Donc c'est du terrorisme pur et dur de la Russie,
05:38 et on n'est pas du tout dans une escalade militaire,
05:40 on est dans une politique de terrorisme d'État sur les populations civiles,
05:45 et c'est quand même un problème qui est considérable.
05:47 Donc au-delà, j'irais, de la nécessité pour l'Ukraine de trouver des relais,
05:51 il y a un besoin critique de plus d'armement, de plus de soutien militaire et financier,
05:55 de la part notamment de l'Europe, qui est aujourd'hui quasiment attaquée,
05:59 puisque on sait que la Roumanie fait partie de l'OTAN,
06:03 et a priori n'a pas eu de missiles au-dessus d'elle,
06:06 en revanche la Moldavie fait partie de l'Union Européenne,
06:08 ne fait pas partie de l'OTAN, et a confirmé qu'un missile était passé au-dessus.
06:11 – On va y venir, cette histoire de missiles, Véronique Reissoult,
06:14 cette journée, cette pluie de missiles, pour reprendre cette expression,
06:18 font beaucoup réagir sur les réseaux sociaux ?
06:20 – Beaucoup, il faut, pour vous donner une idée,
06:22 il y a à peu près 5 millions de messages dans le monde cette semaine
06:25 sur le sujet de l'Ukraine, en France et en ville,
06:29 et globalement c'était beaucoup de commentaires sur la visite de M. Zelensky,
06:33 mais surtout ce qui était frappant,
06:35 c'est que même si l'opinion publique soutient l'Ukraine depuis le début,
06:38 il y avait pas mal d'atteintes dans l'opinion sur faut-il aller jusqu'à donner des temps,
06:43 faut-il soutenir, et on a vu basculer nettement les choses,
06:47 en disant "oui, il va falloir les soutenir", pour deux raisons,
06:51 la première c'est qu'en fait les gens commencent à avoir peur
06:54 que les Russes gagnent, ce qui semblait un peu improbable dans l'opinion,
06:57 mais là tout d'un coup ils se disent "mais ils peuvent peut-être gagner",
06:59 donc là il n'est plus question d'ergoter, il faut y aller,
07:04 et puis ils ont un autre point qui est que, en fait,
07:07 dans l'opinion publique on attend la paix,
07:09 et ils ont l'impression qu'on va s'enliser,
07:11 et que le sujet devient de plus en plus compliqué,
07:14 et qu'on se dit "dans deux ans on y sera encore,
07:16 on va fêter les un an, mais on n'a pas l'impression
07:18 qu'on est en train de se rapprocher de la fin",
07:20 donc le soutien aux populations et à l'Ukraine a toujours été là,
07:24 mais maintenant l'opinion est plutôt favorable à l'idée
07:27 qu'il faut fournir des armes vraiment.
07:30 Et le débat autour de l'Ukraine se poursuit dans les informés,
07:33 juste après, le Fil info, il est 20h10, Mathilde Romagnon.
07:36 Quinze jours d'expulsion de l'Assemblée nationale
07:40 pour le député LFI Thomas Porte.
07:42 L'élu de la France Insoumise a publié un tweet
07:44 dans lequel il se met en scène, le pied posé sur un ballon de football,
07:48 à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.
07:51 Il a refusé de retirer son tweet ce soir,
07:54 ce qui a provoqué un tollé dans l'hémicycle.
07:56 La séance a dû être suspendue en plein examen de la réforme des retraites.
08:01 Demain, c'est le quatrième jour de mobilisation contre le texte.
08:05 Cette journée s'annonce aussi suivie que la précédente,
08:08 entre 650 000 et 850 000 manifestants sont attendus dans toute la France,
08:13 selon les renseignements territoriaux.
08:15 L'acheminement de l'aide internationale est autorisé
08:18 par le gouvernement syrien dans les zones tenues par les rebelles,
08:21 zone détruite par un tremblement de terre survenu lundi.
08:24 L'ONU demande un cessez-le-feu immédiat en Syrie pour faciliter l'aide aux victimes.
08:29 Le séisme a fait plus de 22 000 morts en Turquie et en Syrie.
08:33 Des frappes russes ont visé aujourd'hui plusieurs sites énergétiques d'Ukraine
08:37 dans les régions de Kharkiv et de Zaporizhia.
08:40 Kiev dénonce une attaque massive de Moscou
08:42 et affirme que deux projectiles ont traversé l'espace aérien de la Roumanie
08:46 et donc de l'OTAN.
08:47 La Roumanie, elle, dément.
08:49 Le réalisateur espagnol Carlos Saura est décédé.
08:52 Il avait 91 ans.
08:53 Le cinéaste était l'auteur entre autres du film « Cria Cuervos » en 1975
08:58 avec sa célèbre chanson « Por que te vas ».
09:01 « Selon l'armée de l'air ukrainienne, pas moins de 71 missiles de croisière
09:16 ont été tirés ce matin par les Russes. 61 ont été abattus », affirme Kiev.
09:21 Le chef d'état-major ukrainien affirma aussi que deux missiles russes
09:24 tirés depuis la mer Noire ont survolé les territoires roumains et Moldave
09:29 avant de frapper l'ouest de l'Ukraine.
09:32 Le territoire de l'OTAN survolé par des missiles russes, franque de Dieu,
09:36 on monte d'un cran dans la tension.
09:39 Oui, on monte d'un cran et on a fait, nous, dans Marianne,
09:42 on a essayé de définir ce qu'était finalement la co-belligérance.
09:45 C'est une notion juridique complexe.
09:48 Et effectivement, à partir du moment où nous sommes dans un engrenage
09:53 qui peut être légitime, encore une fois, il ne s'agit pas de dire
09:56 qu'on met les gens en parallèle parce qu'ils se font la guerre.
10:00 Ils se font la guerre, ils ont donc un destin commun.
10:02 Malheureusement, effectivement, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas un agresseur
10:05 et qu'il n'y a pas un agressé.
10:06 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas un pays qui est légitime et démocratique
10:10 et un qui est autoritaire.
10:13 On ne va pas rentrer dans ces logiques un peu manichéennes.
10:16 La guerre ne laisse pas de place au manichéisme, malheureusement.
10:19 Et effectivement, cette logique d'engrenage va finir par nous amener
10:26 à considérer très sérieusement qu'est-ce que la co-belligérance.
10:30 Par exemple, ce matin, je crois, sous votre antenne,
10:32 on a posé la question de savoir est-ce que des missiles de longue portée
10:37 qui pourraient atterrir en Crimée, ce serait considéré comment ?
10:42 Quel statut ça aurait ?
10:43 C'est des questions qui sont vertigineuses et il faut prendre la mesure de cela.
10:48 Prendre la mesure de cela, ce n'est pas légitimer l'agression, absolument pas.
10:52 Mais c'est tout simplement se poser des questions que les diplomates se posent,
10:57 je dirais, avec la logique de l'intérêt national
11:00 et de l'intérêt de la communauté internationale.
11:02 – Véronique Reissoult, vous sentez vraiment une inquiétude
11:06 qui monte sur les réseaux sociaux ?
11:08 – Qui monte vraiment, je vous dis, c'est la première fois
11:10 où on commençait à lire des messages en disant,
11:11 mais les Russes, en fait, dans l'esprit de l'opinion,
11:14 l'Ukraine, elle est forcément gagnée, ça commence à s'installer.
11:18 Et là, ils se disent, mais les Russes, finalement, ont encore des arbres,
11:21 les Russes ne sont finalement pas si mal que ça,
11:25 en tout cas, c'est l'impression que ça donne.
11:26 Et donc, la perspective que la Russie puisse gagner mobilise l'opinion
11:30 qui, de nouveau, était toujours en soutien,
11:32 mais il y avait un débat de jusqu'où doit-on aller ?
11:34 Est-ce qu'on doit rentrer en co-belligérance ?
11:37 Et là, ils se disent, il faut en sortir.
11:39 Et l'inquiétude, elle n'est pas que sur les sujets nucléaires,
11:41 elle est tout simplement, cette guerre, elle va durer trop longtemps,
11:44 elle a des conséquences partout dans le monde.
11:46 Donc, voilà, il y a une petite bascule qui s'est passée cette semaine en particulier.
11:50 – Guillaume Labey, il y a un risque patent d'embrasement avec cette histoire ?
11:57 – Oui, il y a une situation qui est vraiment critique.
11:58 Quand on écoute des experts militaires, des états-majors,
12:00 on sait qu'avec l'offensive de Bakmout, qui est très visible en ce moment,
12:03 qui est aussi très symbolique, plus que stratégique,
12:06 on voit qu'en effet, le danger que représente l'armée russe est très fort,
12:11 que la parie industrielle n'est pas cassée et que les sanctions n'ont pas suffi.
12:14 Donc, c'est une réalité et l'opinion s'en rend bien compte
12:16 parce qu'elle a accès à l'information.
12:18 Donc, c'est une véritable inquiétude profonde
12:21 et il faut vraiment, en effet, se poser la question aujourd'hui de,
12:25 est-ce qu'on en fait assez pour soutenir l'Ukraine ?
12:27 Et que se passe-t-il si l'Ukraine tombe ?
12:30 Voilà, on a un espace aérien européen qui a été survolé par un missile.
12:36 Et ça, c'est avéré. La Moldavie n'a pas dit le contraire.
12:39 Donc, l'Union européenne n'est pas l'OTAN.
12:42 L'Union européenne n'est pas protégée spécifiquement,
12:45 n'est pas un traité de défense militaire.
12:46 Donc, on est dans une situation qui aurait pu être de la fiction
12:49 et je crois qu'on a tous une sidération qui arrive.
12:51 Ça fait un an de guerre, on voit qu'il y a plus de 200 000 morts,
12:54 largement plus de 200 000 morts, une situation dramatique qui ne s'éteint pas.
12:57 Et il est faux de penser aujourd'hui que la Russie va s'arrêter
13:00 et que tout va bien se passer.
13:01 C'est certainement pas le cas.
13:02 Et donc, il faut aussi, on a la chance en démocratie,
13:04 d'avoir une opinion publique qui est informée
13:06 et qui peut prendre des dispositions.
13:09 Et donc, je pense qu'on n'est pas dans une bataille de propagande.
13:11 On est vraiment dans une réalité qui est palpable
13:13 parce que les gens voient ce qui se passe sur les réseaux sociaux.
13:15 – Et puis, la journée a été marquée également
13:18 par la réapparition de Marina Ovzianoïdnikova.
13:22 Difficile, j'ai le journaliste qui a vu le cran de brandir
13:26 un panneau hostile à la guerre en direct à la télévision russe.
13:30 C'était depuis en résidence surveillée,
13:32 mais pas très bien surveillée, puisque la Russie a s'échappé.
13:35 Ce matin, à Paris, elle est réapparue.
13:38 Elle a raconté son évasion et a dit ce qu'elle pensait du système Poutine.
13:42 – Protester dans la Russie actuelle est impossible.
13:47 À peine on lève la tête, aussitôt notre vie est complètement détruite.
13:51 C'est un véritable état totalitaire.
13:53 Cela ressemble à l'époque de Staline.
13:55 Le Kremlin utilise la répression politique et la psychiatrie punitive.
14:01 – Béatrice Mathieu, pardon, chez "L'École Express",
14:05 d'ailleurs a eu une interview exclusive de Marina Ovzianoïdnikova.
14:09 C'est un camouflet pour Vladimir Poutine, cette réapparition ?
14:14 – Non, mais en fait, elle était déjà partie,
14:15 parce qu'elle était partie en Allemagne une première fois,
14:17 où elle a travaillé d'ailleurs pour Die Welt.
14:19 Et donc, après, elle a redisparu, en fait.
14:23 Mais non, dans ce qu'elle nous raconte, en fait, sur cette année,
14:29 parce qu'elle va sortir par ailleurs un livre
14:30 où elle raconte l'année passée,
14:33 et assez touchant sur, effectivement, la folie du système.
14:40 Comme, d'une certaine façon, sa médiatisation l'a protégée beaucoup,
14:44 parce qu'elle raconte vraiment qu'elle était seule
14:48 quand elle a fait cette sorte de "coming out" avec sa pancarte,
14:54 que ses collègues, à part un qui lui a envoyé un message,
14:59 il se trouve que son portable était sous surveillance,
15:04 donc le collègue a été immédiatement viré, etc.
15:06 Ses collègues se sont tous détournés.
15:08 – À part un, quoi, ils se sont tous détournés.
15:09 – À part un, voilà.
15:12 Et puis, elle raconte, il faut lire en creux aussi ce qu'elle dit,
15:16 elle dit "ma mère me l'a beaucoup reproché,
15:21 mon fils m'a traité de traître", elle est partie avec sa fille,
15:24 son fils l'aurait traité de traître.
15:27 Et pour avoir parlé avec des Russes qui sont partis aussi,
15:31 il y a une stratégie aujourd'hui à Moscou,
15:35 qui est de rendre public son désaccord avec sa famille concernant la guerre,
15:42 et donc de mimer ou en tout cas de théâtraliser des conflits familiaux
15:48 pour, quand il y en a un des deux qui part, protéger la famille qui reste.
15:53 Et donc quand elle dit, c'est pour ça que je trouve ça assez touchant,
15:56 quand elle dit "mon fils m'a traité de traître, ma mère m'a traité de traître",
16:01 je pense qu'il faut aussi le lire d'une autre façon.
16:03 – Pour les protéger eux-mêmes.
16:04 – Pour les protéger eux-mêmes.
16:05 – Marina Ozianikova, ça fait beaucoup parler sur les réseaux sociaux.
16:10 – C'était un symbole déjà, c'était la première personnalité
16:13 qui a agi et qui a dénoncé sur place,
16:16 et on sait qu'elle le confirme, c'est compliqué.
16:19 – Oui, c'était courageux.
16:20 – C'était courageux, mais je ne sais pas si vous vous souvenez,
16:22 à l'époque il y avait même des gens qui avaient douté
16:23 du fait qu'elle était vraiment sincère
16:25 et que peut-être elle était même exclue.
16:27 – Elle explique comment le FSB a allumé des contrefeux pour la décrédibiliser.
16:32 – Et qui avait plutôt pris dans l'opinion,
16:34 parce que c'est très compliqué de faire la part des choses
16:36 et d'avoir les informations.
16:38 Donc là aujourd'hui quand elle arrive, les uns et les autres disent
16:40 "ah bien on a tenté de nous manipuler et ça n'a pas réussi",
16:46 mais il y a une réalité qui est effectivement
16:48 sur l'équivalent de Facebook en Russie,
16:51 vous avez des tas de familles qui discutent, qui s'en portent,
16:55 et effectivement l'une des façons de protéger,
16:57 c'est d'être un peu excessif dans les débats dits "publics"
17:02 sur les réseaux sociaux pour protéger ceux qui restent,
17:03 parce qu'effectivement on ne peut pas critiquer.
17:05 – Allez, cette question maintenant,
17:07 qu'est-ce qu'il faut faire avec les athlètes russes pour Paris 2024 ?
17:11 Eh bien on va tenter d'y répondre juste après le Fil info,
17:14 20h20, Mathilde Romagnon.
17:15 [Musique]
17:17 – La chef du groupe LFI, Mathilde Panot,
17:19 dénonce ce soir une sanction complètement disproportionnée
17:23 après l'exclusion ce soir de l'Assemblée nationale
17:26 du député La France Insoumise, Thomas Porte.
17:28 Expulsion de 15 jours car l'élu a refusé de retirer son tweet
17:32 dans lequel il se met en scène, le pied posé sur un ballon de football
17:36 à l'effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt.
17:38 La séance a dû être suspendue ce soir
17:41 alors que les députés étudient en ce moment la réforme des retraites.
17:45 Contre le texte, justement,
17:46 entre 650 000 et 850 000 personnes sont attendues demain dans les rues
17:51 pour manifester partout en France,
17:53 c'est la quatrième journée nationale d'action contre la réforme.
17:56 En Syrie, le gouvernement de Bachar el-Assad annonce ce soir
17:59 autoriser l'acheminement de l'aide internationale
18:02 dans les zones tenues par les rebelles.
18:04 Après le séisme qui a touché son pays et la Turquie lundi dernier,
18:08 plus de 22 000 personnes sont mortes en tout dans ce tremblement de terre,
18:11 dont quatre Français.
18:13 Un enfant de 5 ans est mort hier à Paris,
18:15 il a été renversé par un véhicule de la municipalité
18:17 dans un square du 20ème arrondissement.
18:20 Le conducteur a été placé en garde à vue,
18:21 une enquête est ouverte pour homicide involontaire.
18:25 Tiger Woods annonce son retour à la compétition la semaine prochaine.
18:29 La superstar américaine du golf n'avait participé
18:33 qu'à trois tournois professionnels l'an passé,
18:36 après un grave accident de la route en février 2021.
18:50 Avec cette question maintenant qui pourra évidemment
18:52 sembler bien anecdotique au regard des drames humains
18:55 qui se déroulent en Ukraine,
18:57 qui va avoir son importance évidemment.
19:00 La France devra-t-elle accueillir les athlètes russes
19:03 lors des Jeux Olympiques Paris 2024,
19:06 sachant que le comité international olympique
19:08 envisage de les réintégrer sous bannière neutre ?
19:11 En tout cas pour Anne Hidalgo, maire de Paris,
19:13 qui était hier à Kiev, c'est niet.
19:17 Tant que les russes continueront à vous bombarder,
19:21 à cibler vos populations civiles,
19:24 vos infrastructures, à mener cette guerre,
19:28 tant que des soldats russes occuperont votre territoire,
19:32 je ne veux pas que des athlètes russes
19:35 participent aux épreuves sportives de Paris.
19:39 Qu'est-ce que vous en pensez, Franck de Dieu ?
19:41 Je le lis à ce dont on parlait il y a quelques instants.
19:45 Le courage de cette journaliste russe qui s'est opposée.
19:49 Ça veut bien dire qu'il y a des russes qui ne sont pas poutiniens,
19:52 et qu'il faut faire une distinction entre les États et les peuples.
19:57 Et je crois même que cette distinction s'impose
20:00 parce que c'est même l'esprit de l'olympisme.
20:02 L'olympisme c'est une trêve,
20:04 un instant de suspension de l'adversité.
20:06 C'est quelque part où on fait une distinction
20:09 entre la piste de sport et le champ de bataille.
20:13 Donc vous êtes plutôt pour l'accueil de ces athlètes ?
20:16 Sous bannière neutre, évidemment.
20:17 Mais je dirais qu'il ne faut pas faire cette confusion.
20:19 C'est un petit peu...
20:21 L'olympisme c'est une trêve, comme l'art est une trêve,
20:24 où il y a une forme de, je dirais, d'instant de grâce.
20:28 On ne va pas bannir Dostoevsky et Tchaikovsky.
20:30 Enfin je veux dire, c'est pas...
20:33 Non, c'est pas sage.
20:34 Guillaume Lavez ?
20:35 Évidemment, je ne suis pas d'accord.
20:37 La maire de Paris est élue...
20:39 Parce que, je vais vous expliquer.
20:41 La maire de Paris est élue par les Parisiens.
20:44 Les contribuables français payent très cher
20:46 les infrastructures pour accueillir le monde.
20:48 Donc c'est un effort national,
20:49 et on est assez fiers,
20:51 d'avoir les Jeux olympiques chez nous.
20:52 Que la maire de Paris dise dans la ville des droits de l'homme,
20:54 dans la ville de la Révolution française,
20:55 que les Russes ne sont pas les bienvenus
20:58 pour se réjouir et pour porter leurs couleurs,
21:00 alors qu'ils sont en train de martyriser,
21:01 et que leur armée, et que leurs soldats,
21:04 que leurs enfants sont en train de martyriser un peuple,
21:06 ça pose problème.
21:06 Et je pense que la réalité c'est que,
21:09 oui, on peut dire qu'il faut négocier, etc.
21:10 Oui, il faut une victoire militaire,
21:12 ou en tout cas une protection de l'Ukraine militaire.
21:15 Mais le vrai sujet qui apparaît au bout d'un an,
21:17 c'est que font les Russes ?
21:18 On a vu une journaliste qui a décidé
21:20 de prendre des risques considérables
21:21 pour dénoncer ce qui se passe.
21:23 Et finalement, ce régime doit tomber à un moment,
21:26 et c'est aux Russes de se réveiller.
21:27 Si on laisse les Russes partir en vacances comme ils le souhaitent,
21:29 si on les laisse, malgré les sanctions,
21:31 continuer à pouvoir se balader
21:32 et aller à Disneyland comme c'est le cas aujourd'hui,
21:34 il n'y aura pas de réveil.
21:36 Moi, je souhaite que cette population voit que,
21:39 si ils brisent le droit international,
21:41 s'ils soutiennent un régime qui est en effet totalitaire,
21:44 en effet, ils ne pourront pas voir les Jeux Olympiques,
21:47 ils ne pourront pas aller aux Coupes du Monde.
21:48 Et franchement, c'est très anecdotique
21:50 par rapport au drame qui se vit chaque jour.
21:52 On a des enfants qui ne sont pas chauffés,
21:54 qui sont en train d'avoir des nouvelles de mort en permanence,
21:57 et on est en train de se dire, les pauvres Russes,
21:58 il faut qu'ils puissent aller supporter leurs athlètes.
22:01 Ce n'est pas ça l'esprit olympique.
22:02 Béatrice Mathieu ?
22:03 Non, alors il y a deux choses.
22:04 Je ne suis pas sûre qu'il y ait beaucoup de Russes à Disneyland aujourd'hui.
22:08 Mais non, je rejoins totalement à ce que dit Franck Dedieu.
22:12 Je pense qu'il faut séparer le régime, l'État,
22:17 et l'incarnation de l'État d'un peuple.
22:20 Et ces athlètes s'entraînent depuis des années.
22:24 Sachant que le sport en Russie est quand même très encadré
22:27 par l'État et le gouvernement.
22:29 Oui, mais là encore, on parle de l'institution,
22:31 et moi je vous parle des hommes.
22:32 Je pense que ces gens s'entraînent beaucoup.
22:34 Qu'ils fassent cette compétition sous bannière neutre,
22:37 c'est tout à fait souhaitable.
22:40 Et par ailleurs, je dirais qu'il y a un précédent,
22:42 au JO de 92, à la suite de la guerre en Yougoslavie,
22:46 c'est la Serbie qui a fait l'objet de sanctions de la part du CIO,
22:50 et qui avait été obligée de défiler sous bannière neutre.
22:55 Le JO de Barcelone.
22:56 Voilà, 92.
22:57 On peut très bien faire la même chose aujourd'hui,
23:01 sachant qu'ils étaient déjà sous bannière neutre,
23:03 mais là pour une autre raison,
23:04 c'était pour un système de dopas généralisé
23:07 au sein de tout le sport russe.
23:09 Je ne sais pas si vous avez vu que la Pologne propose
23:11 de constituer une équipe à part pour les athlètes décidents réfugiés.
23:17 Qu'est-ce qu'on en dit sur les réseaux, Véronique ?
23:19 L'opinion publique, dans sa majorité,
23:21 est plutôt d'accord avec Franck Dedieu,
23:23 parce que c'est globalement, oui, ils doivent pouvoir venir
23:26 sous bannière neutre, et sans signes ostentatoires nationaux,
23:33 parce que pour eux, c'est un sujet,
23:35 même s'il y a énormément de messages qui rappellent
23:37 qu'il y a aussi beaucoup de sportifs ukrainiens
23:40 qui sont tombés dans ce conflit
23:42 et qu'ils ne pourront pas assister au JO.
23:45 De fait, mais il y a une différence entre les deux,
23:49 et ils considèrent que c'est presque même une réponse que de dire
23:52 qu'ils seront obligés de défiler sous bannière neutre.
23:55 C'est une façon aussi de dire "ah mais on vous voit",
23:57 et c'est plus fort pour beaucoup dans l'opinion,
24:01 que de dire "vous ne pouvez pas venir".
24:02 Mais Franck Dedieu, puisque tout le monde vous donne raison,
24:07 les footballeurs russes avaient été exclus
24:09 de la compétition de la Coupe du Monde,
24:12 ils n'avaient pas pu passer les matchs de qualifications,
24:14 alors ils ne se seraient peut-être pas qualifiés, mais...
24:16 C'était, je suis désolé, mais c'était pour quelles raisons ?
24:19 C'était pour les raisons politiques également.
24:22 Pour la guerre, c'était à cause de la guerre.
24:25 Donc là, on fait finalement un peu deux poids, deux mesures.
24:27 Oui, mais encore une fois, je pense qu'il y a une distinction
24:31 de l'esprit olympique.
24:32 Ce n'est pas tout à fait pareil qu'une Coupe du Monde,
24:35 me semble-t-il.
24:36 Il y a l'idée du dépassement par le sport de l'adversité,
24:40 qu'on ne retrouve pas forcément sur le plan du football.
24:45 Bon, effectivement, il y a peut-être un précédent,
24:46 mais il n'empêche que moi, je suis, en l'occurrence,
24:50 sur des questions de principe,
24:52 et non pas sur un pragmatisme de bon aloi.
24:58 Vous croyez que c'est des questions de principe également,
25:00 Guillaume Labbé, de la part du CIO,
25:03 ou c'est plutôt de la pusillanimité ?
25:06 Non, je pense qu'il y avait déjà un problème,
25:07 parce qu'ils étaient tous dopés, enfin assez largement dopés.
25:10 Il y avait déjà des sanctions, parce qu'ils ne jouaient pas ce jeu.
25:11 Donc quand on triche pour une compétition, on en est exclu.
25:14 Là, il se trouve que ce n'est pas juste une guerre
25:16 ou des raisons politiques, c'est qu'ils brisent complètement
25:18 le droit international, que ça fait un an que ça dure.
25:20 Et que si finalement, il y a une forme d'impunité,
25:23 si on continue à voir que les Russes de vague d'heure
25:26 se baladent en Afrique et vont clairement contre
25:28 les intérêts français et montent la tête d'un maximum
25:31 de dirigeants contre nous en échange de protection,
25:34 plus on laissera courir le comportement criminel
25:38 du régime russe, et moins on rendra ça visible
25:42 pour la population russe, plus longtemps ça durera.
25:45 Donc il faut des choses symboliques et ça en fait partie.
25:47 Par ailleurs, on peut bien imaginer que la machine
25:51 de propagande et tous ses relais en Occident de la Russie
25:53 fonctionnera à plein. Et en réalité, toute victoire russe
25:56 sera considérée comme un triomphe de l'origine.
25:59 - Comme lors des derniers Jeux olympiques, où finalement
26:01 la bannière neutre, Béatrice Mathieu, ne trompait personne.
26:06 Sous cette bannière neutre, c'était toujours des athlètes russes.
26:09 Donc on parlait des Russes, on ne parlait pas d'une non-nationalité.
26:16 - Oui, on parlait aussi de la bannière russe.
26:20 Au moment des hymnes, et moi j'adore ce moment,
26:24 c'est pas le drapeau russe, c'est pas l'hymne russe
26:28 que l'on chantait dans les stades et qu'on entendait
26:31 sur toutes les télévisions du monde entier.
26:33 - Non, c'était effectivement l'hymne olympique.
26:37 On va faire une petite pause, laisser passer l'info.
26:41 Et puis on va parler évidemment de politique dans la deuxième partie.
26:44 Désinformés, vous avez vu que ça a été un peu le pugilat
26:48 à l'Assemblée nationale. On va revenir sur tout ça
26:52 juste après l'info, il est 20h30. Le journal.
26:55 (Générique)
27:01 C'est Edouard Marguier qu'on retrouve.
27:03 - Un député insoumis exclu de l'Assemblée nationale
27:06 pendant 15 jours en plein examen de la réforme des retraites.
27:09 Thomas Porte, élu en Seine-Saint-Denis, fait les frais de son tweet litigieux
27:14 qu'il refuse de retirer. Il se montre en train de tenir sous son pied
27:18 un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail.
27:22 Ce qui suscite l'indignation de ses collègues des autres partis.
27:26 Le président des Etats-Unis en Pologne pour marquer le premier anniversaire
27:30 de la guerre en Ukraine, la Maison-Blanche, annonce le voyage
27:34 de Joe Biden à Varsovie, au tour donc du 28 février.
27:38 L'Ukraine cible d'une nouvelle attaque massive de la part de la Russie.
27:42 Kiev dit avoir intercepté 61 missiles sur 71.
27:46 L'armée ukrainienne affirme également que deux projectiles ont été tirés
27:49 depuis la mer Noire et sont passés au-dessus de la Moldavie et de la Roumanie.
27:54 La Roumanie, pays de l'OTAN, Bucharest dément ces informations.
27:58 Moscou qui répond aux sanctions occidentales.
28:00 La Russie diminuera le mois prochain sa production de pétrole,
28:04 5% de moins par jour. Sur les marchés, les prix augmentent déjà.
28:10 Près de 23 000 morts désormais en Turquie et en Syrie
28:13 après les tremblements de terre du début de semaine.
28:16 Le régime de Bachar Al-Assad finit par autoriser l'acheminement
28:19 de l'aide internationale vers les zones rebelles, c'est-à-dire le nord-ouest de la Syrie.
28:24 La mort d'un réalisateur primé à Cannes, l'espagnol Carlos Saura, disparaît à l'âge de 91 ans.
28:30 C'est ce qu'annonce l'Académie espagnole du cinéma.
28:32 Il est connu pour plusieurs films, dont Cria Cuerbos en 75 ou encore La chasse en 66.
28:40 Dans une demi-heure, le coup d'envoi de la 23e journée de Ligue 1 de football.
28:43 Nice reçoit Ajaccio à 21h donc.
28:46 Puis à 21h10, les victoires. Ce n'est pas du sport évidemment, mais de la musique.
28:50 38e cérémonie avec un air de déjà-vu.
28:53 Le chanteur Stromae est favori chez les hommes avec 4 nominations.
28:56 Angèle chez les femmes avec 3 nominations.
28:59 *Générique*
29:09 Et toujours en compagnie ce soir de Véronique Reyssoult, présidente de Backbone Consulting.
29:13 Guillaume Labbé, président de l'agence Comstrat.
29:16 Béatrice Mathieu, grand reporter à l'Express.
29:18 Franck de Dieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne.
29:22 L'actualité aujourd'hui, c'est à l'Assemblée qu'elle s'est déroulée.
29:26 Elle a poursuit l'examen du projet de réforme des retraites dans une ambiance, on va dire, délétère.
29:32 La séance a même été suspendue.
29:34 Les députés de la majorité présidentielle réclament des excuses de la part du député insoumis Thomas Porte.
29:40 Celui-ci avait donc posté sur Twitter hier une photo de lui-même, debout,
29:46 sain de l'écharpe tricolore, sous son pied, un ballon,
29:50 avec la photo des visages d'Emmanuel Macron et du ministre Olivier Dussopt.
29:55 Écoutez cet échange entre Thomas Porte et Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée.
30:02 Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez cette réforme qui va sacrifier des milliers de gens.
30:07 Je vous indique que compte tenu de ce qui est en train de se passer dans l'hémicycle de l'absence d'excuses de M. Porte
30:12 qui provoque manifestement un tumulte dans cette Assemblée, je convoque un bureau immédiatement.
30:18 Et la séance est suspendue.
30:19 - Voilà, bureau qui a décidé l'exclusion de 15 jours de Thomas Porte.
30:25 Qu'est-ce que vous en pensez, franc de Dieu ?
30:28 - Je pense qu'il fait les frais d'une ambiance un peu grand guignolesque des séances passées.
30:36 C'est évident. Et donc c'est un petit peu la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
30:41 En soi, je pense qu'on pourra en parler sur le plan du principe, sur le plan moral.
30:46 Mais je crois qu'il commet une faute politique.
30:49 Il commet une faute politique parce que je vois le terme d'Olivier Dussopt, il dit "vous voulez ma tête".
30:53 C'est-à-dire que quelque part, il donne à l'exécutif, pardon, à la majorité, l'occasion de souligner qu'il y aurait une tendance,
31:05 je dirais, de fou qui est un vil, sans culottistes, qui traverse toute l'opposition.
31:13 Et d'autre part, c'est aussi une façon de déplacer.
31:15 Alors, vous me direz, l'opposition a été aussi dans cette caricature-là, mais de déplacer le sujet sur l'essentiel.
31:22 L'essentiel étant qu'on doit avoir un débat sur la contribution des Français à la résolution de l'équilibre, pardon, du déséquilibre des caisses de retraite.
31:35 Est-ce qu'il est légitime de solliciter que le travail est dans le capital ? On ne va pas rentrer dans ce débat-là, Olivier, je vous rassure.
31:41 Mais effectivement, c'est une faute politique pour deux raisons.
31:43 Parce qu'il vise, comme je vous le disais, à extrémiser l'opposition et d'autre part, à déplacer le sujet de fond.
31:53 On a l'impression que le gouvernement, finalement, ne veut pas rentrer dans ce débat-là.
31:56 – 15 jours d'exclusion, c'est mérité, Béatrice Mathieu ?
32:00 – Je ne sais pas si c'est mérité, en tout cas, c'est grand guignolesque, débat, je dirais nul.
32:09 Alors, est-ce que c'est le gouvernement ou l'exécutif ou la majorité qui ne veut pas rentrer dans ce débat ?
32:15 J'ai l'impression quand même que la NUP n'a pas très envie de rentrer dans le débat non plus,
32:22 multipliant des amendements, une partie d'Eliran.
32:27 Donc, on voit bien que le débat n'a pas lieu, ou très peu,
32:32 et c'est un grand dommage pour la démocratie et pour l'avenir du système de répartition,
32:40 qu'il faut quand même pérenniser, qu'on le veuille ou non, il y a des déficits qui sont là, qui vont s'accumuler.
32:49 La situation, c'est vrai, n'est pas absolument terrible,
32:52 et contrairement à ce qui a été dit, on n'est pas là en faillite demain,
32:57 il n'empêche qu'il faut trouver une solution, et que là, on n'arrive pas à débattre sereinement.
33:04 Et je trouve, objectivement, que la NUP a une grande responsabilité dans ce débat qui ne se déroule pas de façon sereine,
33:11 et tout ça, ce sont des cadeaux qui sont donnés au Rassemblement national.
33:15 Moi, je note que d'ailleurs, Marine Le Pen a tweeté cet après-midi en disant "c'est terrible l'histoire du ballon,
33:20 effectivement, c'est normal qu'il soit sanctionné".
33:22 Et donc, voilà, et c'est elle qui engrange, malheureusement, les fruits du bordel en bien.
33:28 – Guillaume Lavé.
33:30 – Oui, et puis il y a des principes, donc il y a des règles, un règlement intérieur à l'Assemblée nationale,
33:34 que le bureau de l'Assemblée nationale a décidé d'appliquer en l'excluant en 15 jours,
33:38 c'est comme dans n'importe quelle organisation, si vous allez contre les règles,
33:41 vous pouvez être sanctionné par le proviseur en quelque sorte.
33:43 – En revanche, politiquement, ce n'est pas neutre, là, en plus, un, deux, vraiment.
33:46 – Ce n'est pas neutre, et moi, d'un point de vue de communication politique,
33:49 ce que je trouve étonnant, surprenant, et qui rejoint en effet la faute politique
33:53 que je trouve lourde de la part de la France Insoumise d'ailleurs, au-delà,
33:55 puisque les chefs de ce groupe politique à l'Assemblée nationale
33:59 prennent partie aussi pour Thomas Porte et de lui ont pas demandé de faire une forme de "méa culpa",
34:04 comme ça arrive souvent quand il y a des incidents à l'Assemblée nationale,
34:06 on peut s'énerver, c'est un chaudron, c'est certain, voilà, c'était…
34:11 Le problème que nous avons, c'est que Jean-Luc Mélenchon avait dit,
34:14 rappelez-vous de cette phrase, "ma personne est sacrée",
34:16 parce qu'il considérait qu'en tant qu'élu de la République, en tant que député,
34:19 il n'avait pas à être un peu bousculé, on va dire,
34:22 ou entravé dans sa marche par un parlementaire, par un policier,
34:26 et c'est quelque chose qui se justifie,
34:27 il a expliqué d'ailleurs sans s'énerver cette fois, et qui a du sens,
34:30 parce qu'à l'Assemblée nationale, le député, c'est un élu de la nation,
34:34 donc quand on est élu de la nation,
34:35 on ne peut pas se permettre de écrabouiller la tête d'un autre député,
34:39 qui est ministre en l'occurrence, mais monsieur Dussopt,
34:41 et donc, ils peuvent pas à la fois dire, Jean-Luc Mélenchon peut pas dire,
34:44 le policier doit pas m'entraver parce que ma personne est sacrée,
34:47 car je représente la nation, et pour autant,
34:49 dès que c'est un autre représentant de la nation qui est tout aussi élu,
34:52 là par contre, on se permet de lui écraser la tête,
34:53 et considérer que c'est tout à fait normal, et que c'est la liberté d'expression.
34:56 Donc c'est un peu l'arroseur arrosé,
34:59 et il faut surtout maintenant qu'il rentre dans le rôle qui est attendu de la part d'un député,
35:03 c'est-à-dire de respecter les règles à l'Assemblée.
35:05 – Véronique Reyssoud, que disent les réseaux sociaux sur cette affaire ?
35:08 Est-ce qu'elle est montée en mayonnaise, ou traitée finalement avec…
35:13 – Elle est montée en mayonnaise, oui.
35:16 Le vrai sujet, c'est l'expression des politiques sur les réseaux sociaux,
35:20 en particulier sur Twitter, c'est quand on en parle toute la journée,
35:24 et quand on a 15 jours d'exclusion, c'est ce qu'on appelle l'effet Streisand,
35:27 c'est-à-dire on a… – L'effet Barbaras Streisand,
35:31 on se met à parler de quelque chose et il faut…
35:34 – Donc il est fort à parier que ce tweet, quel que soit le fond du sujet,
35:37 n'aurait pas eu autant de succès si on n'en avait pas tant parlé.
35:40 Vous avez en parallèle d'autres expressions des députés Renaissance
35:43 qui, toute la journée, en plein milieu de la réforme des retraites,
35:47 de la rencontre d'Emmanuel Macron avec l'Ukraine et les autorités européennes,
35:52 donc des vrais sujets qui ont passé sa journée à tweeter sur Harry Potter, super.
35:56 Enfin bref, globalement, on est sur le buzz, on est sur l'écume,
36:00 on est sur tout ce que les réseaux sociaux ont de ne pas intéressant,
36:04 et tout ce qui est une dérive, et ce sont les politiques qu'ils portent.
36:07 On est en plein dans une période… On vient de parler de la Turquie tout à l'heure,
36:11 est-ce que vous avez entendu un seul politique s'émouvoir du fait
36:16 que Erdogan a coupé Twitter pendant deux jours, juste après le séisme,
36:20 parce qu'on le critiquait, alors que c'est un outil extrêmement important,
36:24 les Turcs sont très présents sur Twitter,
36:26 et c'est un moyen pour se retrouver, pour céder.
36:31 Et là, on est en train de parler d'un sujet qui, de nouveau,
36:35 c'est pas le sujet du fond, savoir si lorsqu'on a une écharpe et qu'on est député,
36:38 on peut faire ce genre de choses, on est en train de savoir si c'est du carnaval, pas du carnaval.
36:43 En fait, les députés et les politiques français utilisent très mal Twitter.
36:48 Ils s'en servent parce que ça vous donne une voix directe pour s'exprimer dans la caricature,
36:53 et ça ne sert pas à la politique globalement, parce que je regardais, oui, ça a fait buzzer,
36:57 oui, il y avait 25 000 messages en quelques heures autour de cette histoire,
37:02 il y avait des messages très drôles d'ailleurs, mais globalement,
37:06 ça ne rend pas les politiques sérieux importants dans un moment où,
37:10 là, c'est un sujet vraiment très important, on va le voir demain, on en parlera sans doute tout à l'heure,
37:15 donc la caricature n'est pas une solution, et Twitter n'est pas qu'une caricature.
37:20 On va en parler très rapidement du fond de l'affaire, de cette journée de mobilisation de demain,
37:26 juste après le Fil info, 20h40, Mathilde Romagnon.
37:30 Le député LFI Thomas Porte, expulsé pendant 15 jours de l'Assemblée nationale,
37:35 l'élu de la France insoumise a refusé de retirer un tweet polémique dans lequel il se met en scène,
37:40 le pied posé sur un ballon de football à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.
37:45 Ce soir, la séance a dû être suspendue face aux taulets provoqués dans l'hémicycle,
37:49 en plein examen de la réforme des retraites.
37:52 Demain, c'est le quatrième jour de mobilisation contre le texte,
37:56 qui s'annonce aussi suivi que la journée précédente.
38:01 Entre 650 000 et 850 000 manifestants sont attentus dans toute la France.
38:04 10 000 policiers et gendarmes seront mobilisés demain dans l'Hexagone, dont 4 500 rien qu'à Paris.
38:11 Le gouvernement syrien autorise l'acheminement de l'aide internationale dans les zones,
38:16 tenue par les rebelles, détruite par un tremblement de terre il y a cinq jours.
38:19 L'ONU demande un cessez-le-feu immédiat en Syrie pour faciliter l'aide aux victimes.
38:24 Le séisme a fait plus de 22 000 morts en Turquie et en Syrie.
38:28 Joe Biden se rendra en Pologne pour marquer les un an de la guerre en Ukraine.
38:33 Le président américain prononcera un discours sur place du 20 au 22 février
38:38 et rencontrera le président polonais.
38:40 Le football est le début ce soir de la 23e journée de Ligue 1.
38:44 Nice reçoit à Jackson coup d'envoi dans une vingtaine de minutes à 21h.
38:48 France Info
38:50 20h21, les informés, Olivier Delagarde.
38:57 Les débats sur cette réforme des retraites se sont poursuivis aujourd'hui
39:02 en train vectif et dans une ambiance de cours de récréation à l'Assemblée.
39:06 Pendant ce temps-là, les syndicats fourbissent leurs fagnons et leurs calicots.
39:11 On manifestera demain, samedi, dans beaucoup de villes de France.
39:15 Et les transports en commun ne seront pas bloqués.
39:18 Écoutez Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.
39:22 Il était l'invité de France Info ce matin.
39:24 Pourquoi on nous appelle, nous, aujourd'hui à ne pas bloquer le pays ?
39:26 Il est bloqué le pays demain.
39:27 Demain, on a fait exprès que les gens puissent venir, y compris en transport, aux manifestations.
39:31 Je le dis, c'est vrai en Ile-de-France, comme c'est vrai ailleurs.
39:35 Vous pouvez venir dans les manifestations, au transport en commun, ça fonctionnera.
39:37 Maintenant, j'en appelle à la responsabilité du gouvernement.
39:40 Guillaume Labbé, c'est quoi l'enjeu de la journée de demain ?
39:44 On voit bien qu'il y a deux cultures.
39:45 Il y a la CFDT qui essaie de faire une logique de manifestation et de mobilisation populaire,
39:50 un peu familiale, on va dire, alors que la CGT assume une forme de radicalité.
39:54 Donc là, on voit bien la stratégie de communication de Laurent Berger,
39:58 qui explique que c'est quelque chose qui est dans le sens des Français
40:01 et qui veut surfer sur cette espèce d'adhésion de plus en plus forte à l'opposition qu'il porte.
40:07 D'ailleurs, c'est étonnant de voir comment M. Porte se comporte avec la violence
40:11 avec laquelle il dénonce le projet de loi,
40:13 alors que là, on a plutôt quelqu'un qui a l'air d'être plutôt sympathique
40:15 et de chercher à trouver un avantage.
40:17 Donc on va voir si demain, réellement, les familles et les gens pendant le week-end vont manifester.
40:22 C'est clair que tout le monde va regarder très près le nombre de manifestants
40:26 pour voir si réellement il y a une adhésion le week-end.
40:30 Rendez-vous dans les informations de demain soir.
40:31 Peut-être tout de suite, Véronique Raissoul, sur les réseaux sociaux.
40:34 Est-ce que la circulation, le nombre de messages
40:38 donne une petite idée de l'envie de manifester des gens ou pas du tout ?
40:43 Oui, c'est surtout l'organisation qui se met en place.
40:45 Vous avez plein de pages qui se sont créées pour que les gens puissent aller manifester,
40:50 non pas à Paris, non pas dans les grandes villes, mais là où ils sont.
40:52 Donc vous avez par exemple des pages pour s'organiser, se retrouver à Dolles-de-Bretagne demain,
40:57 ou a priori, c'est pas une ville où il y a habituellement beaucoup de manifestations.
41:00 Qu'est-ce que vous avez contre Dolles-de-Bretagne ?
41:02 J'ai pris ça parce qu'en regardant tout à l'heure,
41:04 je suis tombée sur une page où ils étaient en train de s'organiser.
41:06 Mais globalement, on voit que les Français ont envie d'exprimer une forme de mécontentement,
41:11 qu'ils ont envie de descendre dans la rue en bas de chez eux.
41:13 Ils ont envie de le faire aussi parce qu'ils se sentent plus en sécurité en le faisant ainsi.
41:18 Ça donne aussi des images qui sont très fortes parce que sur les réseaux, les gens se filment.
41:22 Et donc ça donne des kaleidoscopes de plein de petits cortèges.
41:26 Ça donne aussi des polémiques sur le nombre de personnes qui ont manifesté,
41:29 parce que dans les petites villes, on a l'impression qu'on ne compte pas de la même façon.
41:33 En tout cas, ce n'est pas la même chose.
41:34 Donc oui, si on en croit non pas tant les messages, mais le nombre de groupes qui s'organisent,
41:39 il semblerait qu'un peu partout en France, demain, les gens seront dans la rue.
41:43 – On va être attentifs à ce qui se passe à Dol de Bretagne, Véronique Railsoul.
41:46 L'enjeu de la journée de demain, c'est la mobilisation, Béatrice ?
41:50 – Oui, c'est une journée très très très importante pour la suite de la réforme.
41:54 Et la mobilisation va être scrutée à la loupe,
41:58 parce qu'on voit que la troisième journée de grève, il y avait eu un tassement qui a été assez significatif.
42:03 – Si ça se tasse là encore, on dirait de toute façon que comparaison n'est pas raison, qu'on ne comprend pas…
42:07 – Il y a deux choses qu'il faut regarder avec des pincettes.
42:10 Ce qui va se passer à Paris, et ce qui se passe dans le reste de la France.
42:14 – À Dol de Bretagne.
42:15 – À Dol de Bretagne, à Châteauroux, à Guéret et à Perpignan.
42:19 Donc dans ces villes, assez curieusement, la mobilisation est très importante.
42:25 Et c'est ça qui est assez intéressant dans ce conflit récent,
42:30 c'est que finalement c'est aussi la France, des villes moyennes en fait,
42:37 qui se mobilisent beaucoup en fait dans ce conflit.
42:40 Et donc on va voir, il est possible qu'on ait des chiffres peut-être même décevants à Paris,
42:45 et qu'il y ait une mobilisation très très forte en province.
42:48 Ce qui dit aussi beaucoup d'autres choses d'ailleurs,
42:50 qui dépassent le seul cadre des retraites,
42:53 sur la question de ce sentiment des services publics qu'on n'a plus à côté de chez nous,
42:58 ce sentiment d'être loin, ce sentiment de désindustrialisation qui est de là.
43:01 – Gilet jaunesque un peu quoi.
43:03 – Voilà c'est ça, donc tout en fait se cristallise autour de cette question de retraite.
43:10 Donc c'est une journée effectivement très très importante,
43:14 alors même qu'on voit que c'est les syndicats qui sont,
43:21 à la différence des politiques qui sont dans le grand guignol,
43:24 et là on en a parlé, qui sont plutôt dans le concret.
43:28 Et dans la proposition contradictoire en fait, au projet de réforme,
43:33 avec ce que porte la CFDT, ou la CGT, ou CFE-CGC,
43:39 sur des propositions très contraires, alternatives à ce que propose le gouvernement.
43:43 – Franck Ledieu, je me faisais cette réflexion en disant finalement
43:45 que ce mouvement il est assez différent des mouvements sur les grèves précédentes
43:50 qu'on a connus où on avait des manifestations, et où on avait blocage du pays.
43:54 Là c'est même revendiqué par le patron de la CFDT,
43:57 on appelle les gens à manifester, mais on ne bloque pas le pays.
44:01 – Oui, vous avez tout à fait raison, effectivement il y a la question numérique
44:04 qu'il va falloir se compter, c'est très important,
44:07 il y a la question géographique où on voit émerger une France périphérique,
44:11 avec une France qui est celle à l'Est plutôt les victimes de la mondialisation,
44:15 et celle à l'Ouest, en Bretagne, qui vote traditionnellement social-démocrate,
44:21 et qui se retrouve finalement opposée à la retraite.
44:24 Mais effectivement vous avez raison, et Béatrice en a dit deux mots,
44:28 c'est l'ambiance générale, parce que si vous voulez vous avez un contraste
44:31 manifeste entre des politiques où il y a effectivement un petit peu de tapage,
44:37 bon, vous avez aussi un contraste avec le gouvernement,
44:40 la personne d'Elisabeth Borne qui paraît quand même extrêmement froide,
44:46 manque d'apathie, on a l'impression qu'elle lit un mot d'emploi d'une machine-outil.
44:49 – Ça, ça ne date pas de la réforme de la retraite en même temps.
44:52 – Oui, mais ce que je veux vous dire par là, c'est que vous avez un contraste
44:55 entre, je dirais, un exécutif qui paraît froid, un personnel politique qui s'invective,
45:02 et puis une ambiance peut-être bon enfant, une ambiance un peu festive,
45:07 une ambiance où se mêlent à la fois, je dirais quelque chose comme de la colère,
45:11 mais aussi de la joie, on parle du cœur, des tripes, tout cela…
45:16 – Mais c'est ce qu'il faudra voir.
45:18 – Bien sûr, il faudra voir.
45:19 – On croise les doigts pour demain.
45:21 – Absolument.
45:22 – On croise les doigts pour demain, mais jusqu'à présent, effectivement…
45:24 – Vous avez raison de me mettre en garde, effectivement,
45:28 mais pour l'instant, ça se passe quand même plutôt bien,
45:31 et justement, les manifestants, ce pourquoi ils ne veulent pas bloquer le pays,
45:35 effectivement, c'est parce qu'ils ont envie d'avoir l'opinion publique avec eux,
45:38 mais aussi parce qu'ils veulent jouer sur ce contraste,
45:41 où finalement, lorsque le peuple est dans la rue, lorsque le peuple est responsable,
45:46 eh bien, quelque part, ça se passe bien, ça prend une dimension, je dirais,
45:50 festive, raisonnable, cohérente, et dans le respect de tout le monde.
45:57 Espérons que demain, ce ne sera plus ça.
45:59 – Mais ce qui est clair, c'est que…
46:00 – On ne les voit plus les black blocs sur les réseaux sociaux ?
46:02 – Non, mais c'est aussi ça, quand je vous disais,
46:04 les gens ont moins peur de les manifester en bas de chez eux,
46:06 c'est qu'ils ont moins peur du dérapage, de la violence,
46:10 ils peuvent descendre en famille, ils peuvent descendre avec les enfants,
46:14 en poussette, les slogans sont plutôt "bon enfant" effectivement,
46:17 parfois d'ailleurs assez amusant, mais globalement, ils se sentent plus protégés,
46:22 parce qu'il faut voir aussi qu'il y a un sujet du coût d'aller manifester,
46:26 qui était souvent évoqué, le coût humain, le coût financier…
46:30 – C'est une des raisons du samedi, c'est justement, en disant ça…
46:33 – Mais vous avez aussi des amendes potentielles,
46:35 et les amendes, on voit sur les messages, les uns et les autres disent "c'est compliqué",
46:39 donc le fait de descendre en bas de chez vous,
46:41 vous vous posez moins la question des black blocs,
46:42 vous vous posez moins la question des amendes qu'on va vous poser,
46:44 vous avez plus l'impression d'être en sécurité,
46:47 et du coup ça donne quelque chose de plus "bon enfant",
46:50 mais forcément ce sont des petits cortèges,
46:52 et donc c'est la somme de ces petits cortèges qui donnera quelque chose.
46:55 – Guillaume Labbé ?
46:56 – Oui, ce qui manque en fait au gouvernement aujourd'hui,
46:58 c'est qu'il n'a pas réussi à créer une adhésion sur un projet de société différent,
47:02 sur une vision de ce qu'on fait quand on est senior,
47:06 l'emploi des seniors aurait pu être aussi un sujet qui aurait pu être mis en avant,
47:10 ils n'ont pas réussi à faire ça, du coup,
47:11 on voit que finalement très peu de monde va défendre réellement cette réforme,
47:15 et donc ça explique très bien cette espèce de chute dans les sondages
47:18 du soutien à cette réforme, donc en effet si ça se passe bien demain,
47:22 et si l'approche Laurent Berger fonctionne,
47:26 et qu'on a ce type de mouvement social,
47:27 oui c'est sûr que ça va être un moment difficile pour le gouvernement,
47:29 pour autant le processus législatif avance,
47:32 il y a une règle majoritaire,
47:33 et à la fin certainement ce sera adopté tel quel.
47:36 – Très très vite, je vais vous dire un autre indicateur
47:38 qui dit qu'ils vont sans doute manifester,
47:40 c'est qu'on voit beaucoup de messages,
47:41 les gens ne comprennent plus du tout cette réforme,
47:43 ils ne savent plus ce qui est vrai, pas vrai,
47:46 entre ce que dit le gouvernement, ce que dit l'opposition,
47:48 et même les opposants de la Démocratie…
47:49 – Eh bien aujourd'hui il faut écouter, regarder les informés,
47:53 20h50 on passe à notre dernier thème, juste après le Fil info, Mathilde Romagnon.
47:58 [Musique]
47:59 – Si des gens l'ont mal vécu ou mal interprété, je le regrette.
48:03 Déclaration ce soir du député LFI Thomas Porte,
48:06 l'élu La France Insoumise a été exclu ce soir
48:08 pour 15 jours de l'Assemblée Nationale.
48:10 Il a refusé de retirer son tweet dans lequel il se met en scène
48:14 le pied posé sur un ballon de football
48:16 à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.
48:19 La séance a dû être suspendue ce soir
48:21 alors que les députés étudient en ce moment la réforme des retraites.
48:25 Contre le texte, justement, entre 650 000 et 850 000 personnes
48:29 sont attendues demain dans les rues pour manifester.
48:32 C'est la quatrième journée nationale d'action contre la réforme.
48:36 10 000 policiers et gendarmes sont mobilisés sur tout le territoire.
48:40 L'acheminement de l'aide internationale est autorisé
48:43 par le gouvernement syrien dans les zones tenues par les rebelles,
48:46 zone détruite par un tremblement de terre survenu lundi.
48:50 Plus de 22 000 personnes sont mortes en Turquie et en Syrie
48:53 et dans ce pays, l'ONU demande un cessez-le-feu immédiat
48:56 pour faciliter l'aide aux victimes.
48:59 Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken
49:02 condamne fermement ce soir l'attentat à la voiture Bélier
49:05 contre un arrêt de bus à Jérusalem-Est.
49:08 Attentat qui a fait deux morts.
49:09 Aujourd'hui, deux Israéliens, dont un enfant de 6 ans.
49:13 Les 38e victoires de la musique, c'est ce soir.
49:16 À partir de 21h10, le chanteur belge Stromae
49:19 est le grand favori de cette édition avec 4 nominations.
49:23 France Info.
49:26 20h21, les informés, Olivier Delagarde.
49:32 Et on termine ce soir par ce qui va commencer juste après la fin des informés,
49:38 les victoires de la musique.
49:40 Écoutez la dame de la promo, elle est enthousiaste.
49:42 C'est l'événement, c'est en direct sur France 2, ça se passe à la scène musicale.
49:47 Cette année, la 38e cérémonie des victoires de la musique
49:51 revient avec des surprises encore plus inoubliables.
49:55 Voilà, des surprises encore plus inoubliables, on ne demande qu'à voir.
49:59 Sauf que tous les ans, c'est un petit peu la même chose.
50:02 Et tous les mêmes qui l'emportent,
50:05 Aurel Sainte, Clara Luciani, Julia Tarmanet, Stromae, Angel,
50:09 ils réunissent la quasi moitié des nominations,
50:14 comme les autres années.
50:16 On en parle beaucoup sur les réseaux ?
50:18 - Enfin, je vais vous dire, c'est une émission que les gens adorent commenter
50:21 et adorent critiquer, surtout sur les réseaux sociaux,
50:24 en faisant des commentaires plus ou moins aimables.
50:25 Mais bon, ça fait partie, c'est l'impression d'être sur un grand canapé géant.
50:28 - Mais regarde quand même !
50:30 - Pas tant que ça, les scores d'audience sont à l'image.
50:33 Mais c'est surtout, voilà, c'est une émission qu'on aime bien commenter et plaisanter.
50:38 Et ça donne l'impression, aux Français, de partager en commun une soirée
50:41 et d'être, voilà, je veux dire, sur un canapé géant,
50:44 à vanner ce qui est à l'écran.
50:46 - Guillaume Lavez ?
50:47 - Oui, et puis il y a de moins en moins d'émissions musicales à la télé.
50:50 Donc c'est bien d'avoir ce rendez-vous annuel.
50:54 Voilà, et puis après, je dirais, on ne peut pas critiquer le fait
50:57 que ce soit toujours les...
50:58 Enfin, qu'il y ait des leaders sur ce marché.
51:01 Il y en a qui raflent à chaque fois énormément de récompenses.
51:04 C'est un peu comme le ballon d'or, tout le monde nous râlait
51:05 parce que c'était Messi très souvent.
51:07 Ben oui, mais Messi est fort, on ne va pas faire croire qu'il n'est pas fort.
51:09 Donc on a des talents qui s'expriment.
51:11 Et ce que je comprends quand même,
51:13 c'est qu'on a une jeune scène française qui fonctionne bien, qui exporte.
51:16 Donc quand on parle de francophonie et de culture,
51:18 il faut aussi ce type d'événements pour les mettre à l'honneur.
51:21 - Oui, justement, on dit qu'il y a plein d'autres artistes dont on ne parle jamais
51:24 parce que finalement, c'est Victoire de la Musique.
51:26 Franck Delieu, je me tourne vers vous,
51:27 parce qu'à Marianne, vous aimez bien dénoncer ce genre de choses.
51:31 Les Victoires de la Musique, ce sont les grosses maisons de disques
51:33 qui tirent les ficelles.
51:35 - Oui, et quelque part, je le regrette,
51:37 mais la musique grand public, au sens littéral du terme, large public,
51:42 n'existe plus.
51:44 C'est-à-dire que vous avez aujourd'hui, la musique,
51:46 elle se polarise.
51:47 Pour revenir à votre question, ce sont des parts de marché
51:49 et chacun a des parts de marché.
51:50 Il se trouve que sur ces parts de marché,
51:52 je dirais le juge de paix, ce n'est pas les Victoires de la Musique,
51:55 c'est les Victoires des Tweetos.
51:57 C'est celui qui a le plus de followers.
51:58 - C'est Véronique Ressault, Anne-Aude de Bretagne.
52:01 - Effectivement, c'est un marché qui est extrêmement segmenté.
52:04 Et d'autre part, ce sont des Aurel San, Angèle,
52:07 ce sont des fans qui ont la possibilité en quelques clics
52:12 de voir leur vedette.
52:15 À une certaine époque, il y avait une forme de rareté de la star.
52:18 Aujourd'hui, effectivement, c'est pour ça que le Festival de Cannes
52:20 ne marche pas pour les mêmes raisons.
52:22 La star, on l'a à portée de clic, ça ne demande aucun effort.
52:26 - Ça, ça ne marche pas, le Festival de Cannes.
52:29 - Ça ne marche pas beaucoup.
52:30 Les audiences du Festival de Cannes sont catastrophiques.
52:32 Elles sont catastrophiques chaque année.
52:34 - Béatrice Mathieu ?
52:34 - Ah oui, les audiences de la cérémonie.
52:38 Oui, d'accord.
52:40 Non, alors moi, je vous remercie beaucoup parce que moi,
52:42 je ne savais pas qu'il y avait des Victoires de la Musique.
52:44 - Merci beaucoup.
52:46 Vous avez un avis ?
52:47 - Oui, mais j'ai quand même un avis.
52:50 - Je n'y connais rien, mais j'ai quand même un avis.
52:54 - Je pense que...
52:56 Pourquoi les audiences baissent sur ce type d'événements,
53:00 mais sur celui-là, comme à mon avis, sur quasiment tous les événements
53:03 même de musique ?
53:06 Parce qu'en fait, la façon de consommer la télévision a totalement changé.
53:09 Et qu'est-ce qui marche seulement aujourd'hui ?
53:11 C'est le sport.
53:12 On va revenir au géo, mais ça, les gens n'adhèrent plus à ce genre
53:17 de consommation télévisuelle.
53:20 Et donc, il y a une forme de délitement de ce type de programme.
53:25 - Guillaume Labbé, ça ne marche plus, ce type de programme ?
53:27 - C'est une mobilisation aussi.
53:29 Donc, c'est ça.
53:29 C'est un grand rendez-vous annuel, comme beaucoup d'autres grandes
53:32 émissions qui passent chaque année.
53:34 Et donc, c'est un rôle.
53:35 C'est un peu comme le Festival de Cannes.
53:37 Peut-être que ce n'est pas une audience en tant que telle,
53:38 mais c'est quand même une pierre angulaire pour toute la production
53:41 cinématographique, un rendez-vous comme ça.
53:42 - On en parle.
53:44 Il y a un fait, un débat aux informés.
53:46 - Mais c'est vrai que les gens aujourd'hui consomment la musique,
53:49 et notamment ceux qui vont gagner ce soir, à travers des plateformes.
53:52 Et ce qui fonctionne assez bien, en plus, comme système avec des artistes
53:55 qui sont payés selon le niveau d'écoute qui déclenche.
53:58 Ça me paraît assez logique.
53:59 Et finalement, ça a toujours été comme ça.
54:00 - Et puis, ils tweetent depuis leur canapé de Bretagne ou ailleurs.
54:06 Allez, les informés, c'est bientôt terminé.
54:08 Les victoires de la musique vont bientôt commencer.
54:11 On ne va pas se quitter tout de même sans découvrir la Une de Marianne
54:15 de cette semaine, Franck de Dieu.
54:16 - Oui, la France est belle quand elle dit non.
54:20 Elle dit non aux guerres, elle dit non à la mondialisation,
54:22 elle dit non aux retraites.
54:23 Il y a de ça 20 ans, très exactement, ça sera le 14 février 2003.
54:27 C'était le fameux discours de Villepin à l'ONU où il disait non
54:31 à l'intervention de la guerre niraque.
54:32 Oui, ça a de la gueule de dire non.
54:35 - À la Une de L'Express, Béatrice Mathieu.
54:38 - Un homme qui divise la France, qui est devenu une sorte de gourou,
54:42 qui est Jean-Marc Jancovici, l'écolo pro-nucléaire.
54:47 - On lira tout ça à la Une de L'Express cette semaine.
54:50 Les informés, c'est terminé.
54:51 J'aurai un immense plaisir à vous retrouver dès demain soir,
54:54 20h et même un petit peu avant sur France Info.
54:57 D'ici là, portez-vous bien et puis restez avec nous.
55:00 L'info continue sur France Info.

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