Grève contre la réforme des retraites : vers un blocage à partir du 7 mars ?

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Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 Europe Midi, Romain Desarbres.
00:03 12h49, on est en direct avec François Ombril. Bonjour François Ombril.
00:08 Bonjour.
00:09 Bonjour, merci d'être avec nous dans Europe Midi sur Europe 1.
00:12 Président confédéral de la CFE CGC, le syndicat des cadres.
00:17 Je lis le communiqué de l'intersyndicale de samedi soir.
00:21 Si malgré tout le gouvernement reste sourd, donc malgré les manifestations,
00:27 si malgré tout le gouvernement reste sourd, l'intersyndicale appelle à durcir le mouvement
00:33 en mettant la France à l'arrêt, donc en paralysant la France le 7 mars prochain.
00:38 Déjà, vous êtes à l'aise avec ce communiqué, avec cette phrase ?
00:42 Oui, oui, tout à fait. Moi, j'ai aucun problème.
00:45 Je suis membre de l'intersyndicale comme les autres.
00:48 Et donc, j'ai aucun commentaire supplémentaire qui renforcerait ou amoindrisserait,
00:54 à moins de dire, la force de notre communication.
00:57 Nous, on s'est inscrit dans un mouvement graduel,
01:00 et donc on appelle le gouvernement à être responsable.
01:04 C'est pour ça qu'on lui donne, d'une certaine façon, un délai,
01:06 un délai important pendant le débat parlementaire,
01:09 pour qu'il reprenne la main et qu'il revienne à la raison.
01:11 Mais on ne peut pas considérer comme normal qu'un mouvement de cette ampleur,
01:16 qui rassemble trois Français sur quatre contre ce projet de réforme,
01:20 ne soit pas entendu et n'entraîne pas une réaction du gouvernement et du président de la République.
01:25 C'est ça qui n'est pas normal.
01:27 Vous réclamez le retrait du projet ou rien ?
01:30 Mais bien sûr, c'est le retrait du projet.
01:33 Mais le retrait du projet, ce n'est pas rien,
01:35 parce que le retrait du projet, c'est évidemment impréhérable,
01:38 mais qui doit ouvrir tout un tas d'espaces dans lesquels nous,
01:41 nous sommes disponibles et engagés à continuer à travailler et à discuter
01:45 sur tout un tas de sujets qui sont des sujets d'ordre social, d'ordre économique.
01:49 Mais effectivement, le retrait de ce projet de décalage à 64 ans est impréhérable.
01:54 Ce sont les 64 ans qui vraiment posent problème,
01:57 parce que en termes de pénibilité chez les cadres que vous représentez,
02:02 vous êtes le syndicat des cadres,
02:04 en termes de pénibilité, les cadres ne sont pas les plus impactés ?
02:09 Alors j'aime bien votre question, parce qu'elle va me permettre de le déployer un peu.
02:14 Bon d'abord, la CSE-CGC, ce n'est pas que les cadres,
02:16 ce sont les techniciens, les agents de maîtrise, tous les membres de l'encadrement,
02:20 il faut le rappeler, et aussi les personnes de la fonction publique.
02:25 Après, tout dépend de quoi on parle, vous savez, nous on est porteurs à la CSE-CGC,
02:28 de la question des risques psychosociaux et depuis très longtemps.
02:31 C'est quelque chose sur lequel on va dire aller depuis une vingtaine d'années,
02:35 petit à petit, les consciences se sont éveillées,
02:38 moi j'aime bien dire que c'est l'avenir de demain,
02:41 c'est-à-dire que tous les gens aujourd'hui qui sont en souffrance,
02:43 en souffrance psychologique, qui sont confrontés aux injonctions paradoxales,
02:47 parce qu'on leur donne toujours plus d'objectifs à remplir,
02:50 et de moins en moins de moyens pour pouvoir les réaliser,
02:53 et bien tout ça, ça génère une vraie souffrance au travail,
02:56 et très facilement objectivée.
02:58 - Ça c'est le travail, François Ombril !
03:00 - C'est la manipulation des cadres.
03:01 - Mais ce n'est pas une raison pour bloquer le pays, ça c'est le travail.
03:04 Et là vous êtes dans votre rôle, on se met autour de la table,
03:07 avec la direction, on parle, ou avec le gouvernement,
03:10 mais là ce n'est pas les retraites, ceux dont vous en parlez.
03:15 - Si bien sûr, la question des retraites,
03:18 elle est aussi très très liée à cette question-là,
03:21 parce que pour reprendre l'exemple,
03:23 dans ce décalage à 64 ans, on le sait,
03:25 il y a une population qui est particulièrement ciblée,
03:28 par conséquent ce sont les femmes, mères de famille,
03:30 moi je donne toujours l'exemple du couple de personnes
03:33 qui se sont rencontrées dans une école,
03:35 qui ont commencé à travailler à 24 ans,
03:37 qui ont fait à peu près la même carrière,
03:38 la femme a deux enfants, elle peut partir à 62 ans,
03:41 l'homme, lui, n'a pas le bénéfice,
03:43 et c'est bien normal, des huit trimestres de cotisation,
03:46 il doit partir à 65 ans,
03:48 et donc cette réforme va être particulièrement injuste,
03:50 elle va pénaliser les femmes.
03:52 Donc sur cet exemple-là, on voit bien,
03:54 on caractérise assez bien le caractère injuste de cette réforme,
04:00 et par ailleurs, si vous voulez,
04:02 on a aussi un phénomène de société,
04:04 qui je crois est très important,
04:05 et qui s'exprime aussi en ce moment,
04:07 c'est une forme de ras-le-bol,
04:09 que toutes les politiques développées depuis 20 ans,
04:11 les politiques publiques finalement,
04:13 envoient le message à tout le monde,
04:16 il va falloir que vous soyez un petit peu plus malheureux demain,
04:20 certes il y a du progrès, il y a le PIB, etc.,
04:22 il y a des résultats, des profits, des bénéfices,
04:25 mais vous, les gens au travail,
04:27 il va falloir que vous fassiez un petit peu de sacrifice,
04:29 parce que c'est comme ça.
04:30 Et bien en fait, les gens, ils en ont ras-le-bol,
04:32 qu'on leur dise, il faut faire ça parce que c'est comme ça,
04:35 non, s'il y a des efforts à faire, les efforts doivent être partagés.
04:37 - Mais quand on vous parle d'espérance de vie qui augmente,
04:40 et c'est tout le temps une bonne nouvelle,
04:43 il faut le financer, il faut le payer,
04:45 il faut mettre de l'argent sur la table.
04:47 - Mais moi, vous savez, j'ai réponse à tout,
04:49 quand on me parle d'espérance de vie qui augmente,
04:51 je dis aux gens, allez sur un moteur de recherche,
04:54 et tapez "espérance de vie", c'est très très simple,
04:56 la première occurrence, c'est un tableau de l'INSEE,
04:59 qui indique que l'espérance de vie n'augmente plus depuis 2014.
05:02 Donc les gens qui disent que l'espérance de vie augmente
05:05 sont au choix, soit des menteurs, soit des incompétents.
05:10 Moi, je ne sais pas, chacun choisira son camp,
05:12 mais en tout cas, moi, je me suis renseigné, on en discute,
05:15 et l'espérance de vie, je vous le confirme,
05:17 n'augmente plus depuis 2014,
05:19 et l'espérance de vie à 65 ans, c'est exactement pareil,
05:22 pour les hommes comme pour les femmes d'ailleurs.
05:24 Et j'observe que dans l'étude d'impact du gouvernement,
05:27 ils ont bricolé les chiffres, moi je le dis,
05:29 ils ont bricolé les chiffres pour ne reprendre que les chiffres
05:32 qui les intéressaient, prétendant que l'espérance de vie
05:34 allait continuer à augmenter, or c'est faux,
05:37 on a déjà le résultat pour 2022, et on a un an d'écart,
05:40 vous vous rendez compte ?
05:41 Un an d'écart entre les prévisions du gouvernement
05:43 et la réalité de ce que ça a été.
05:45 Merci beaucoup François Omrile, président confédéral de la CFE-CGC,
05:48 merci d'avoir été avec nous.

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