Les députés demandent des comptes à Bruno Le Maire : simple coup de force ?

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Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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Transcription
00:00Et on continue à parler évidemment de l'actualité, du budget 2025, les débats à l'Assemblée des mercredis s'annoncent mouvementés,
00:07les arbitrages musclés, et pour preuve, ce matin, le nouveau garde des Sceaux menace de démissionner
00:13si le coup de rabot de 500 millions d'euros prévus pour le budget de la justice n'est pas remis en cause. On l'écoute.
00:19Si on en reste à la lettre plafond, oui, je ne vois pas ce que je ferai encore au gouvernement,
00:24mais j'ai eu des assurances du Premier ministre et je lui fais totale confiance.
00:29Il est tout à fait conscient de cette situation.
00:33Voilà, Didier Migaud, ce matin sur RTL. Yvan Riaufoll, est-ce qu'un ministre devrait dire ça ?
00:38Non, on voit bien qu'il cherche un prétexte pour se trouver une porte de sortie.
00:42Je devine chez lui, je pressens chez lui un malaise, un malaise à cohabiter, en tout cas, avec Bruno Rotaillot,
00:48le ministre de l'Intérieur, avec qui il ne partage rien des exigences...
00:52Pour vous, c'est quoi ? C'est du chantage ?
00:54Je ne vous dirai pas jusqu'à dire que c'est du chantage.
00:56C'est des manœuvres politiques ?
00:57C'est un peu un enfantillage, malgré tout, car naturellement, sur le fond, il a raison,
01:02la justice et le parent pauvre, cela a été dit, c'est 2% du budget général,
01:06et par rapport à des pays voisins et comparables, la justice a beaucoup moins d'argent.
01:10Mais enfin, malgré tout, ce n'est pas 500 millions qui remettraient en question le fonctionnement de la justice,
01:15et je pense que ce n'est pas simplement des moyens qui manquent à la justice,
01:18c'est également une inversion des valeurs idéologiques qui ont fait que, pour l'instant,
01:23la justice s'intéresse davantage, pour résumer, aux délinquants qu'aux victimes.
01:27Et donc, il y a tout un travail idéologique à reformuler, dans le fond,
01:33et il me semble que Didier Migaud n'est pas à l'aise avec ce gouvernement,
01:37quand ce gouvernement dit qu'il va s'intéresser davantage aux victimes qu'aux délinquants.
01:41Il y a aussi ceci, donc cela me paraît relever de l'hypocrisie, dans le fond.
01:47Un enfantillage aussi, c'est le nom que vous prononcez, caprice, chantage...
01:51Est-ce qu'un ministre doit dire ça en public ?
01:54C'est aussi la question qu'on peut se poser.
01:55Oui, parce que c'est une bataille...
01:56Est-ce que ce n'est pas une discussion qu'il doit avoir avec le Premier ministre, dans un cabinet ?
02:00Est-ce qu'il a besoin, le fait de le dire comme ça, en public, en direct ?
02:04Est-ce que c'est bien un droit élégant ?
02:06Est-ce que vous pensez que Bruno Rotaillot, depuis sa nomination, s'est embarrassé de discussions...
02:11Non, mais là, le fait de dire...
02:12...dans le huis clos du bureau à Matigny-en-Anne...
02:13Non, mais le fait de dire, si je n'ai pas ça, je m'en vais...
02:15Qu'est-ce qui se passe ?
02:16Notre justice est sous-dotée sur le plan budgétaire.
02:20Sur 1 000 euros de dépenses publiques, nous n'en dépensons que 4 pour notre justice.
02:25Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux précédent, de Haute-Lutte,
02:29avait gagné des moyens supplémentaires dans le cadre d'une loi de programmation
02:33qui permettrait d'embaucher, de recruter 1 500 magistrats, 1 800 greffiers,
02:38dont nous avons besoin, dont notre système judiciaire embolisé a parfaitement besoin.
02:4410 000 personnes, l'embauche de 10 000 personnes, c'est énorme !
02:46Oui, en tout, 10 000 personnes et des magistrats et des greffiers.
02:49Donc, le coût de rabot, comme on dit, de 500 millions d'euros,
02:54n'est pas acceptable en termes d'arbitrage politique,
02:57mais j'ai une lecture dans le sens où, dans le même temps, Didier Migaud dit
03:01mais j'ai l'assurance que ce que j'ai pu mobiliser comme argument
03:06portera auprès du Premier ministre.
03:08Mais alors, justement, pourquoi faire cette annonce ?
03:10Si ce n'est pour semer la pagaille ?
03:12Peut-être que dans son rapport de force installé aujourd'hui face à Beauvau et à Bruno Retailleau,
03:17il peut donner ainsi publiquement l'idée qu'il gagne un arbitrage,
03:22puisqu'on le sait bien, les amendements gouvernementaux au projet de loi des finances
03:27seront de la seule décision du Premier ministre.
03:31Là, le Premier ministre a le stylo et, lui seul, pourra amender le projet de loi.
03:36Donc, pour vous, c'est une stratégie ?
03:38C'est genre, je bombe le torche, je fais comme Retailleau, j'occupe le terrain, quoi ?
03:41D'autres le font, c'est ce que fait M. Attal aujourd'hui.
03:44Il y a aussi de la communication politique, mais vous oubliez...
03:47Il joue son jeu, il joue sa partition.
03:50Il joue sa partition, mais vous oubliez quand même la toile de fond
03:53qui est cette dissonance, cette dysharmonie
03:55qui existe entre le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice.
03:58Or, le ministre de l'Intérieur est plus proche, me semble-t-il, du Premier ministre
04:02que l'est le ministre de la Justice.
04:04Donc, on peut imaginer que le ministre de la Justice
04:06joue aussi un rapport de force, un rapport de bras de fer
04:08pour essayer d'exister face à ce qui me semblait être
04:11une petite coalition des Républicains
04:14qui entendent appliquer leur politique.
04:18Or, leur politique est en tout point dissemblable
04:21de celle que veut défendre Migaud,
04:23qui lui refourgue dans le fond
04:26la politique victimaire que l'on a connue avec M. Lupon de Moretti.
04:29Il se réclame de M. Lupon de Moretti,
04:31il se réclame de Mme Toubira,
04:33il se réclame de tous ces gardes d'essieu
04:36qui ont été une épreuve pour la justice et pour les citoyens.
04:40Mais vous savez, nous parlons, en actualité,
04:42beaucoup de la justice pénale, et il faut le faire.
04:44Mais il y a la justice du quotidien,
04:46la justice civile, la justice administrative,
04:48et elle manque beaucoup de moyens.
04:50Et je pense que les justiciables français
04:52peuvent être d'accord avec Didier Migaud
04:54sur le fait qu'il faut donner des moyens à la justice
04:57pour son bon fonctionnement.
04:59Et bien justement, le budget, on continue à en parler.
05:01Le député PS Philippe Vrin, lui, réclame des explications
05:04sur le dérapage des finances publiques
05:06à l'ancien ministre de l'économie et des finances,
05:08Bruno Le Maire. On l'écoute.
05:10Une enquête qui a été menée par France 2,
05:12où Bruno Le Maire, l'ancien ministre de l'économie,
05:15dit que la vérité éclatera un jour.
05:18C'est à nous de la faire éclater.
05:20Il faut absolument entendre Bruno Le Maire sous serment
05:22et qu'il nous dise exactement ce qui s'est passé.
05:24Nous demandons à entendre Bruno Le Maire sous serment.
05:26Quel est l'objectif ?
05:27L'objectif c'est d'essayer de comprendre
05:29la raison de ce trou joué dans les finances publiques.
05:31Vous vous rendez compte, il y a 50 milliards de trous
05:33qui n'étaient pas prévus.
05:34Ça ne nous est jamais arrivé dans l'histoire de notre pays.
05:3650 milliards, c'est gigantesque.
05:37Dans aucun pays européen,
05:39on a eu un tel dérapage des finances publiques.
05:41Alors on doit savoir comment cela est arrivé.
05:43Voilà, le député PS Philippe Vrin,
05:45sur Sud Radio ce matin.
05:47Est-ce qu'on doit s'attendre à une affaire d'État ?
05:49Si ce n'est une affaire d'État,
05:50une affaire quand même très sérieuse,
05:52puisque le dérapage des finances publiques,
05:54le déficit d'un point,
05:55le budget a été construit à 5,1 de déficit,
05:57il est à plus de 6.
05:59Il y a donc une insincérité,
06:01d'autant plus qu'on sait qu'à partir d'octobre 2023,
06:03les services de Bercy
06:05ont alerté les politiques en disant
06:07attention, ça dérape.
06:09Il faut donc savoir ce qu'il s'est passé.
06:11Et il y a cette petite phrase
06:13qu'on peut interpréter
06:15de Bruno Le Maire disant
06:17la vérité éclatera, comme si
06:19il sait à peu près les responsabilités politiques.
06:21C'est sibilin, mais au niveau...
06:23C'est sibilin, mais c'est quand même une bombe à fragmentation.
06:25C'est pour ça que je vous dis...
06:27Elle peut avoir un effet politique,
06:29mais au niveau des prochains jours,
06:31c'est de savoir si la commission des finances,
06:33présidée par Eric Coquerel,
06:35va pouvoir s'auto-saisir et se transformer
06:37en commission d'enquête parlementaire
06:39pour véritablement savoir ce qui s'est passé.
06:41Il précise qu'on n'est pas des procureurs de Bruno Le Maire,
06:43mais il faut établir les responsabilités politiques
06:45et rétablir aussi des constats sur ce qui s'est passé.
06:47Il me semble qu'il y a deux sujets.
06:49Il y a le sujet qu'a évoqué Olivier Dardigolle,
06:51de la dissimulation,
06:53qui pourrait être en effet une forfaitrice.
06:55Si vraiment il y a eu une dissimulation volontaire
06:57et que si des documents ont été cachés
06:59afin de ne pas vouloir éclairer
07:01la représentation nationale,
07:03on le saura. Effectivement, vous avez
07:05quelques indices qui pourraient le laisser le penser.
07:07Mais il y a un autre sujet qui me paraît peut-être
07:09même plus grave encore, c'est celui de l'irresponsabilité
07:11générale
07:13du ministre de l'économie,
07:17qui nous a dit
07:19qu'il avait sauvé l'économie française
07:21avant de partir,
07:23qui nous avait dit auparavant qu'il allait
07:25briser l'économie russe
07:27qui affiche une croissance de 3 ou 4%,
07:29et donc qui a dit beaucoup d'indignés.
07:31Je voudrais quand même que
07:33ce soit mis sur la place publique
07:35aujourd'hui. Les responsabilités,
07:37non pas tellement d'ailleurs de Bruno Le Maire,
07:39qui n'était que le faire-valoir du Président de la République,
07:41mais du chef de l'État lui-même,
07:43dit le Mozart de la finance,
07:45qui dans le fond, avec son quoi qu'il en coûte
07:47qui s'est fait applaudir par les foules,
07:49a fait en sorte que la France s'endette
07:51de plus de 1000 milliards supplémentaires.
07:53Mais Bruno Le Maire est resté 7 ans,
07:55il n'aurait pas parti,
07:57parce qu'il avait constaté lui-même que ça glissait.
07:59Bruno Le Maire n'était pas le Président de la République,
08:01Bruno Le Maire était le faire-valoir,
08:03le porte-plume, sans doute qu'il aurait pu démissionner.
08:05Je ne cherche pas du tout
08:07à dissimuler les responsabilités de Bruno Le Maire,
08:09mais si on doit aller à la source de ces dérapages-là,
08:11il faut tout de même remonter à l'Élysée.
08:13J'entends bien qu'il y a eu la crise du Covid,
08:15je pense d'ailleurs que la crise du Covid
08:17a suscité des surréactions de la part de l'État
08:19qui n'aurait pas mérité d'ailleurs qu'il y ait autant de dépenses,
08:21mais il n'y a pas que la crise du Covid,
08:23il y a eu le fait que les taux de crédit étaient si bas à l'époque
08:25que l'État a cru malin
08:27de s'endetter à pas cher,
08:29et moi qui ne suis pas économiste,
08:31j'avais vu déjà,
08:33je pense même l'avoir formulé dans ces termes-là,
08:35qu'il y avait une politique folle
08:37à vouloir s'endetter ainsi,
08:39sans penser qu'il fallait rembourser plus tard,
08:41et donc on a fait rejeter la charge de la dette
08:43à nos enfants et à nos petits-enfants,
08:45et en ceci, il y a une grave irresponsabilité
08:47qui mériterait que ces gens-là
08:49rendent des comptes devant les Français.
08:51On suivra ça, bien sûr, 13h43,
08:53on reste ensemble, on se retrouve dans quelques instants,
08:55on va parler de Gabriel Attal qui occupe le terrain,
08:57il s'inquiète,
08:59il trouve que la loi Immigration n'est pas une priorité
09:01pour lui, on va en parler.
09:03Et si vous voulez réagir avec Céline Giraud,
09:05un seul numéro, le 01 80 20 39 21,
09:07à tout de suite, c'est l'heure à 20.

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