• il y a 2 ans
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L’Instant Porcher c’est un petit moment qu’on se prend, entre nous, avec Thomas Porcher, chaque semaine pour décrypter l’actualité. Car on le sait, les discours sont politiques et les comprendre est un véritable enjeu démocratique.

Au programme aujourd’hui,

Les manifestations s’enchaînent dans le pays contre la réforme des retraites. Mardi 7 février marquait la troisième journée de mobilisation contre la réforme et le report de l’âge légal de départ à 64 ans.

L’intersyndicale revendique 2 millions de manifestants à travers toute la France quand le Ministère de l’Intérieur en dénombre 750 000. Les syndicats en comptaient 2,8 millions lors de la 2ème journée de mobilisation le 31 janvier et 2 millions lors de la première le 19 janvier selon l’intersyndicale. Il y avait tout de même pas moins de 200 points de rassemblement dans toute la France.
La grève, elle, a été moins suivie.

Les prochains rendez-vous de grève et manifestation sont le jeudi 16 février et surtout, l’intersyndicale annonce une journée pour "mettre la France à l'arrêt" le mardi 7 mars. On dirait que la stratégie d’une journée par semaine va sur durcir, avec pourquoi pas une grève reconductible, ou perlée, à voir. Décryptage de la mobilisation avec Thomas, avant de revenir sur une autre actu dont on entend beaucoup parler autour des retraites, c’est ce fameux minimum à 1200 euros par mois pour carrière complète promis par le gouvernement.

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Transcription
00:00 Chaque fois que les prix augmentent, les profits augmentent, chaque fois que les profits augmentent,
00:03 l'exploration de production de pétrole devient beaucoup plus avantageuse que le reste.
00:07 Moi quand je bossais à l'époque en République du Congo où Total produit 60% du pétrole à l'époque, 60%,
00:13 ils ne payaient pas d'impôts sur les sociétés.
00:14 Les entreprises du 440 ont en moyenne 36 filiales dans les paradis fiscaux.
00:19 Qu'est-ce qu'elles y foutent ?
00:20 C'est là qu'il faut aller chercher l'argent plutôt que de dire "ah il ne faut pas taxer la réussite",
00:23 ça ne veut rien dire ça.
00:24 Bonjour tout le monde et bienvenue pour ce nouvel Instant Porcher.
00:27 Je suis ravie de vous retrouver. L'Instant Porcher c'est un petit moment qu'on se prend entre nous,
00:31 avec Thomas Porcher, chaque semaine pour décrypter l'actualité car les discours sont politiques
00:36 et les comprendre est une véritable arme démocratique.
00:38 Je vous rappelle que Le Média ne dépend que de votre soutien, vos abonnements et vos dons.
00:42 Rendez-vous sur soutenez.lemediatv.fr pour nous soutenir.
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00:48 et on arrive bientôt avec de nouvelles annonces.
00:51 Au programme aujourd'hui, les mobilisations retraites et ce fameux minimum de 1200 euros inexistants.
00:56 Et on revient sur les profits toujours plus records de Total Energy, c'est l'Instant Porcher.
01:00 Les manifestations s'enchaînent dans le pays contre la réforme des retraites.
01:08 Mardi 7 février marquait la troisième journée de mobilisation contre la réforme
01:12 et le report de l'âge légal de départ à 64 ans.
01:14 L'intersyndical revendique 2 millions de manifestants à travers toute la France,
01:17 quand le ministère de l'Intérieur en dénombre 750 000.
01:21 Les syndicats ont compté 2,8 millions lors de la deuxième journée de mobilisation le 31 janvier
01:25 et 2 millions lors de la première le 19 janvier, selon l'intersyndical.
01:29 Il n'y avait tout de même pas moins de 200 points de rassemblement dans toute la France.
01:32 La grève, elle, a été moins suivie.
01:34 Nos confrères de rapport de force nous offrent ces quelques chiffres.
01:37 À la SNCF, le taux de grévistes était de 25% mardi contre 36,5% le 31 janvier.
01:43 La mobilisation est également moins intense.
01:45 Dans la fonction publique, 11,4% de grévistes, soit 8 points de moins que le 31 janvier.
01:50 Dans les raffineries, c'est la bataille des chiffres.
01:52 Si la CGT enregistre entre 75 et 100% de grévistes selon les sites,
01:56 la direction de Total en compte 50%.
01:59 Du côté des électriciens et gaziers, la mobilisation reste également solide,
02:03 entre 75 et 100% de grévistes sur les différents sites.
02:06 Une grève forcément moins suivie dans l'éducation nationale du fait des vacances
02:09 qui avaient commencé dans la zone A.
02:11 Et côté lycées, 150 ont été fermées en France, selon le syndicat La Voix Lycéenne.
02:16 Les prochains rendez-vous de grève et manif sont le jeudi 16 février.
02:19 Et surtout, l'intersyndical annonce une journée morte le mardi 16 mars
02:23 en invitant les commerces à baisser le rideau.
02:25 Pour le 8 mars, journée internationale des droits des femmes,
02:27 il y aura également des actions à découvrir bientôt.
02:30 On dirait que la stratégie d'une journée par semaine va se durcir,
02:33 avec pourquoi pas une grève reconductible ou perlée.
02:36 Est-ce que ça marche ?
02:37 Que dire de cette stratégie d'une grève par semaine,
02:40 avec là un cap quand même de vouloir durcir le ton en bloquant le pays ?
02:45 Déjà, ce qui se passe sur les grèves, avec cette perte de mobilisation,
02:48 elle était prévisible.
02:49 Le gouvernement avait parié au départ que les Français allaient être résignés,
02:53 qu'ils n'allaient pas aller manifester,
02:54 parce qu'ils savaient que la situation, la conjoncture actuelle,
02:57 était extrêmement difficile, avec une très forte inflation,
02:59 une perte de pouvoir d'achat sur plusieurs mois,
03:02 qui a fragilisé un certain nombre de ménages.
03:04 Et donc, il pariait sur le fait que les gens allaient être trop résignés
03:07 pour dire au syndicat "Regardez, vous avez beau être tous ensemble,
03:10 vous n'arrivez pas à mettre des gens dans la rue".
03:11 Ce qui n'a pas été le cas.
03:13 C'est-à-dire qu'on a eu une grève d'une grande ampleur
03:15 qui a été suivie majoritairement,
03:17 et l'opinion publique soutient les grévistes.
03:21 Il y a eu deux événements comme ça, deux grèves comme ça,
03:23 la troisième, il y a un peu moins de monde.
03:24 En même temps, c'était prévisible.
03:26 Plus le conflit s'étend,
03:28 et c'est pour ça que le gouvernement joue la montre,
03:29 dans la conjoncture actuelle, plus il s'étend,
03:32 plus on risque d'avoir moins de participation,
03:34 puisque les gens peuvent perdre un jour de salaire, deux jours,
03:38 mais ça commence à être difficile quand vous en perdez quasiment
03:40 l'équivalent d'une semaine, surtout dans le contexte actuel.
03:43 Puis après, il y a tous les effets collatéraux des gens
03:45 qui ne vivent pas que pour eux-mêmes.
03:46 Il y en a quand même quelques-uns, c'est-à-dire qu'ils ont des enfants, etc.
03:49 La grève, l'école est fermée, ils doivent garder leurs enfants.
03:52 La perte de salaire, elle peut être supportée pour une personne,
03:54 mais pas pour deux personnes, trois personnes dans un même foyer.
03:57 Donc le soutien à la mobilisation reste élevé,
03:59 mais la mobilisation en tant que telle, plus elle va durer,
04:02 plus il est clair qu'il y aura moins de gens dans la rue.
04:05 Après, voilà, le gouvernement, il y avait des gens du gouvernement
04:07 qui disaient, oui, c'est pas parce qu'il y a un million de personnes
04:10 dans la rue, c'est ce qu'ils disaient,
04:11 que les gens sont forcément tous contre.
04:13 Il y a 70 millions d'habitants.
04:14 C'est stupide de réagir comme ça.
04:15 Donc il faut s'attendre à des commentaires constants
04:18 de la part des membres du gouvernement, de la part des commentateurs
04:21 qui sont payés pour ça, pour dire que oui, il y aura moins de monde.
04:25 Donc ça veut dire que la mobilisation est moins suivie
04:26 et que finalement, les gens acceptent.
04:28 C'est faux, le soutien à la mobilisation est fort
04:29 et même le soutien à un blocage de l'économie reste encore bien plus élevé
04:33 que ce qu'on a vu dans les manifestations précédentes.
04:35 Alors, il y a une autre actude dont on entend beaucoup parler
04:36 autour des retraites en ce moment, c'est ce fameux minimum
04:39 à 1200 euros par mois pour carrière complète promis par le gouvernement.
04:43 Même si on en a déjà parlé aux médias, il y a l'économiste
04:45 Michael Zemmour qui l'a explicité sur France Inter et ça a pas mal tourné.
04:49 Je vous laisse regarder ça.
04:50 J'ai entendu le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire,
04:52 dire à plusieurs reprises la pension minimale à 1200 euros.
04:55 C'est une phrase qu'on entend.
04:56 Il n'y a pas de pension minimale à 1200 euros dans la réforme.
04:59 La seule mesure qu'il y a dans la réforme,
05:01 c'est une revalorisation de certaines petites pensions.
05:04 Si vous n'avez pas de décote et cette revalorisation,
05:07 elle est comprise entre 0 et 100 euros et c'est plutôt 33 euros en moyenne
05:11 pour les nouveaux retraités, 50 pour les retraités actuels.
05:14 Et donc, en fait, aujourd'hui, vous avez 5 millions de retraités
05:17 qui sont sous les 1200 euros.
05:19 Les seuls qui vont passer la barre, c'est ceux qui sont à 1100 euros ou plus.
05:22 Et vous aurez toujours au terme de la réforme, 4 millions 2, 4 millions 3
05:25 qui seront toujours sous les 1200 euros.
05:27 C'est vrai ça ?
05:28 Alors, parce que ça, c'est un des arguments les plus forts du gouvernement
05:32 de dire 1200 euros pour dire qu'on travaille.
05:34 C'est sûr et certain.
05:35 La seule chose qu'il y a dans la réforme, c'est une revalorisation
05:38 de ce qu'on appelle le minimum contributif,
05:40 c'est-à-dire en fait la pension de base sans la gire carco des salariés du privé.
05:44 Cette revalorisation, elle est au maximum de 100 euros, brut.
05:48 Et donc, au mieux du mieux, dans la meilleure situation,
05:51 ça vous décale de 100 euros.
05:52 Donc, si vous n'êtes pas à 1100 euros, vous n'atteignez pas les 1200 euros, c'est sûr.
05:56 Même des personnes qui ont une carrière complète
05:58 ne seront pas garanties d'avoir 1200 euros.
06:00 Même des gens, vous êtes sûr de ça ?
06:02 C'est vraiment parce que le gouvernement a les papiers et les documents.
06:05 Le gouvernement dit, si vous avez une carrière complète,
06:08 ce sera 1200 euros, brut pour tout le monde.
06:11 Tout le monde comprend comme vous.
06:12 C'est pour ça qu'il y a un problème démocratique.
06:14 Et même, il y a des gens qui ont compris que tout le monde aurait 1200 euros minimum,
06:17 notamment pendant les élections.
06:19 C'est complètement faux.
06:21 On aura toujours au moins une personne sur quatre
06:24 qui sera sous les 1200 euros très nettement.
06:26 Mais s'il y a une carrière complète, vous êtes d'accord de dire que c'est 1200 euros ?
06:30 Si vous avez votre carrière complète ?
06:31 Non, je vous assure que non.
06:33 Il y aurait une mesure qui aurait permis de faire ça,
06:35 ça aurait été de dire, on garantit un minimum de 1200 euros
06:38 quand vous avez une carrière complète.
06:39 Ce n'est pas la mesure qui a été choisie par le gouvernement.
06:42 Il faut vérifier dans le texte du gouvernement,
06:43 parce qu'effectivement, ça change la donne.
06:46 Vous avez un confrère, Luc Péillon, qui a fait plusieurs papiers
06:49 et qui démontre ça.
06:51 Ça s'appelle les grosses approximations et petits mensonges du gouvernement.
06:55 C'est très bien expliqué.
06:56 Journaliste à Libération.
06:57 Dans un article très intéressant, toujours de Michael Zemmour dans Alternatives économiques,
07:01 l'économiste explique que cette revalorisation de 50 à 100 euros des pensions
07:05 ne donnait aucun pouvoir d'achat ou de vivre aux retraités
07:07 dans la mesure où, quand ils ont de meilleures pensions,
07:09 leurs aides baissent.
07:10 Il arrive même que cette hausse va baisser ce qu'ils reçoivent sur leur compte chaque mois.
07:14 Bref, un nouveau casse-tête signé de la Macronie
07:16 et surtout une nouvelle promesse en l'air,
07:17 ce à quoi Franck Riester, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a répondu.
07:21 Le gouvernement n'a jamais dit que tous les retraités auraient 1200 euros par mois.
07:25 C'est dommage parce que le 10 décembre, il tweetait ceci.
07:28 « Pas moins de 1200 euros, c'est notre engagement pour les pensions de retraite des Français. »
07:32 Et puis, Elisabeth Borne l'a martelé depuis l'annonce officielle de la réforme.
07:34 « La pension minimum pour une carrière complète revalorisée à 85% du SMIC
07:39 soit près de 1200 euros. »
07:40 Je reprends ces mots.
07:42 Thomas, les annonces du gouvernement laissent à penser quand même
07:44 que les plus pauvres auront une retraite à 1200.
07:47 D'ailleurs, même les journalistes de France Inter sont tombés dedans.
07:49 En fait, depuis le début, il y a un problème là-dessus.
07:52 Alors, Mickael Zemmour l'a très bien soulevé,
07:55 mais nous l'avions soulevé aussi également ici.
07:57 Quel est le problème ?
07:58 C'est déjà sur le chiffrage du gouvernement et sur les mots utilisés.
08:01 Commençons par les mots utilisés.
08:02 Ça fait des semaines qu'on nous dit en fait que 40%,
08:05 grosso modo, des retraités les plus modestes verront leur pension augmenter.
08:10 Avec cette idée en fait que les 1200 euros
08:13 représentent tous ces retraités qui sont proches de la retraite minimum,
08:16 qui représentent exactement 40% des retraités.
08:18 C'est à peu près 6 millions de personnes,
08:20 6,4 millions de personnes selon l'adresse.
08:23 C'est ça au départ.
08:24 Or, dans son chiffrage, le gouvernement dit que cette mesure,
08:29 qui n'est pas une mesure à 1200 euros,
08:31 qui est un ajout de 100 euros au départ,
08:32 100 euros concerne 1,8 million de personnes.
08:35 Donc on passe de 6,4 à 1,8 million de personnes.
08:38 Et donc vous voyez, c'est là qu'il y a des éléments de langage qui sont utilisés.
08:41 Quand on dit "ça peut concerner",
08:43 ça ne veut pas dire que ça va bénéficier.
08:45 Et le gouvernement a tout le temps ces jeux de mots.
08:48 "Ça peut concerner" jusqu'à...
08:49 Ça ne veut pas dire que ça va bénéficier sûrement à ces gens-là.
08:52 Effectivement, ça concerne les 40% des personnes au minimum retraite,
08:55 mais là-dessus, les 40% qui représentent 6,4 millions,
08:58 mais là-dessus, il n'y a que 1,8 million qui seront touchés,
09:00 pas par la retraite à 1200, mais par une hausse de 100 euros.
09:03 Et le gouvernement chiffre ça à 1,1 milliard.
09:07 Donc déjà, quand on fait un calcul très simple,
09:09 on se dit 1,8 million de personnes, tu leur donnes 100 euros,
09:13 ça ne fait pas 1,1 milliard, ça fait 2,1 milliards.
09:16 Donc ça veut dire qu'ils ne vont pas toucher 100 euros,
09:18 mais plutôt 50 euros en moyenne.
09:20 Donc déjà, on en est là.
09:21 Donc ce n'est pas 100 euros, c'est 50 euros en moyenne.
09:23 Donc dès le début, il y avait des problèmes sur ce chiffrage.
09:26 En réalité, il n'y a pas de 1200 euros garantis.
09:28 Il y a, pour certains, dans quelques conditions particulières,
09:31 c'est-à-dire une carrière au SMIC complète, etc.,
09:34 ils s'approcheront avec les 100 euros,
09:36 ou avec les quelques euros en plus, des 1200 euros,
09:39 mais ce n'est pas une garantie à 1200 euros pour tous.
09:41 Donc le chiffrage était flou depuis le début.
09:43 Il a été extrêmement bien détaillé par Michael Zemmour sur France Inter,
09:47 qui a une force de frappe comme aucune matinale,
09:50 et ce qui fait que ça s'est diffusé, c'est une très bonne chose.
09:52 Mais depuis le début, le calcul était flou,
09:53 et on savait très bien que ce n'était pas 100 euros, mais que c'était 50 euros.
09:56 Et on savait très bien que ce n'était pas l'ensemble des gens
09:57 qui sont au minimum retraite qui allaient le toucher,
09:59 mais une petite partie qui allait toucher une aide,
10:01 allant de quelques euros à 100 euros maximum.
10:03 Le minimum à 1200 euros ou encore l'index, seigneur, sont des arguments fragiles.
10:08 Alors je m'explique, le minimum, on vient de dire pourquoi.
10:10 Pour l'index, le gouvernement a annoncé créer un instrument
10:13 pour pointer du doigt les entreprises,
10:14 qui n'emploient pas assez de seigneurs pour contrer le chômage,
10:16 parce que, sachant qu'un peu plus de la moitié des 50-64 ans
10:19 sont en emploi seulement en 2021.
10:21 Index qui a toutes ses chances de se faire retoquer par le Conseil constitutionnel,
10:25 puisqu'il propose une mesure qui n'est pas budgétaire dans un projet de loi de finances.
10:29 La majorité le sait, ça s'appelle un cavalier législatif.
10:32 Pourquoi miser sur des arguments aussi fragiles ?
10:35 Est-ce que c'est parce qu'il n'y en a pas d'autres, en fait ?
10:36 Oui, il n'y en a pas d'autres.
10:37 Donc qu'est-ce qu'il faut ? Il faut brouiller les pistes.
10:39 En réalité, tout le monde a très bien compris qu'on allait tous bosser deux ans de plus.
10:43 Voilà, et que tout le monde allait y perdre.
10:44 Vraiment, ceux qui vont être à la retraite bientôt vont y perdre,
10:48 parce qu'ils vont soit perdre leur surcote,
10:50 soit ils vont avoir une des cotes plus élevées,
10:52 soit ils vont devoir travailler plus pour avoir la même chose.
10:54 Donc tout le monde a bien compris qu'il allait y perdre
10:57 et tout le monde a bien compris qu'il y avait aussi une instabilité
10:59 sur le fonctionnement du système de retraite
11:01 qui minait finalement la confiance qu'on pouvait avoir,
11:03 autant pour les cotisants que pour les futurs retraités.
11:05 Donc comment on fait quand on parle de cette idée-là ?
11:07 Eh bien, on sort des gadgets.
11:08 Alors au début, ça a été les 1200, qu'ils ont martelé, tu l'as très bien dit,
11:11 qu'ils ont martelé comme si c'était une garantie pour tout le monde.
11:13 Après, il y a eu l'âge de départ à 67 ans, sans des cotes,
11:17 qui donne l'impression à beaucoup de gens que vous partez
11:19 comme si vous aviez une retraite à taux plein, ce qui est complètement faux.
11:22 Vous allez toujours avoir le calcul de votre pension de retraite
11:25 qui sera en fonction des trimestres que vous avez cotisé
11:27 et après de la durée légale de cotisation.
11:30 Et quand vous augmentez la durée légale de cotisation, c'est le dénominateur,
11:32 vous baissez la pension de retraite.
11:35 Et après, c'est l'autre calcul, le taux de liquidation
11:37 qu'il a effectivement et sans des cotes.
11:38 Mais pour des gens, ils te disent
11:39 "Ah mais non, mais moi j'ai commencé à bosser à 30 ans,
11:42 je serai à la retraite de toute façon plus tard que les 67 ans,
11:45 donc j'aurai ma retraite à taux plein, je me fous de la réforme."
11:47 Mais non, mais c'est faux.
11:47 Ils auront des pensions de retraite beaucoup plus faibles.
11:49 C'est pas le taux de prioritisation, c'est le taux de liquidation,
11:52 sans rentrer dans les termes techniques, qui lui est plein.
11:54 Et donc, en fait, depuis le début, on brouille les pistes
11:57 pour éviter de parler finalement de la mesure,
12:00 qui est une mesure en fait servant à faire des économies.
12:02 Et à partir du moment où vous faites des économies,
12:04 il ne peut y avoir que plus de perdants que de gagnants.
12:06 C'est tout. Et le débat s'arrête là.
12:08 Il n'y a rien à ajouter de plus.
12:09 20,5 milliards de dollars de profits en 2022.
12:13 Mais quelle entreprise française réussit autant en temps de crise ?
12:16 Total Energy, bien sûr, vous aurez deviné.
12:18 Le géant pétrolier, après avoir atteint des profits record
12:20 de l'ordre de 17 milliards d'euros déjà en 2021,
12:22 ne fait que péter les scores en 2022 avec ses 19,5 milliards d'euros.
12:27 De profits, pas de chiffre d'affaires, de profits.
12:30 L'inflation et la guerre en Ukraine sont très bénéfiques pour quelques-uns.
12:33 Ce record est permis grâce au gaz naturel liquéfié,
12:35 qui est devenu une denrée importante avec la guerre en Ukraine,
12:38 alternative au gaz russe.
12:40 Total, qui ne se gêne pas pour se gaver d'argent public
12:42 et ne pas payer d'impôts en France, comme en 2019, 2020 et 2021.
12:46 Le groupe précise à France Info qu'il paie cette année en France
12:49 l'impôt sur les sociétés contrairement en 2021,
12:51 où il n'en avait pas payé car ses activités,
12:53 notamment les raffineries, étaient déficitaires dans l'hexagone.
12:56 Des profits donc sans effort particulier,
12:58 avec de l'argent magique tombé du ciel,
13:00 ou plutôt de la spéculation et des crises sur le dos,
13:02 ou plutôt la vie, de ceux qui subissent l'inflation et la guerre.
13:05 Suite à ces profits mis au bol et excessifs,
13:07 qu'annonce Total Energy ?
13:08 Une augmentation de la rémunération des actionnaires sur l'année 2022,
13:11 environ 9,7 milliards d'euros, soit plus de 40%,
13:15 et des rachats d'actions pour un montant de 6,4 milliards d'euros,
13:18 soit plus de 150%, écrit l'économiste Maxime Combes.
13:21 Selon France Info, Total Energy n'exclut pas
13:23 de mettre en place de nouvelles restaurants,
13:25 d'après avoir réduit le prix à la pompe dans ses stations-services l'an dernier.
13:28 Le groupe réfléchit à la forme et aux paramètres que cela pourrait prendre.
13:32 L'ensemble des remises à la pompe lui avait coûté autour de 600 millions d'euros.
13:35 L'association de défense de l'environnement Alternativa et l'ONG Les Amis de la Terre
13:38 étaient devant le siège de Total Energy mercredi à la Défense,
13:42 dans les Hauts-de-Seine, pour asperger le groupe pétrolier avec ce slogan,
13:45 "Superprofit, vous encaissez, nous subissons".
13:47 Car au-delà de la crise économique, il est sans rappeler
13:49 les scandales environnementaux et humains autour de Total,
13:51 comme des projets d'exploitation de Champ-Gazie en Afrique du Sud,
13:54 qui sont des bombes écologiques pour les pêcheurs locaux et l'état de l'océan,
13:57 ou encore cette construction du plus long oléoduc chauffé du monde en Ouganda,
14:00 au milieu des réserves naturelles exceptionnelles, en Tanzanie aussi.
14:04 Évidemment, la question de taxer ces superprofits revient sur la table,
14:07 quand on sait que ce sont les usagers qui ont permis cette explosion,
14:09 tant ils ont subi les prix à la pompe,
14:11 mais aussi l'argent public reversé aux entreprises.
14:14 Rappelons-le, cet été, notre ministre de l'Économie, Bruno Le Maire,
14:17 était plutôt frileux à parler de superprofits et disait ne pas savoir ce que c'est,
14:21 quand Total annonçait plus de 17,7 milliards d'euros de profits
14:24 sur le seul premier semestre 2022.
14:27 Allez, vous reprendrez bien un peu de réformes chômage et retraite,
14:29 faut se serrer la ceinture, vous comprenez.
14:31 Thomas, est-ce que tu peux nous expliquer ces bénéfices records
14:34 et en quoi ce sont bien des superprofits ?
14:37 En fait, les bénéfices records sont tirés juste par la hausse des prix du pétrole
14:40 et la hausse des prix du gaz, dû notamment au conflit qu'il y a eu
14:43 entre la Russie et l'Ukraine, sachant que la Russie est un des producteurs de gaz
14:46 les plus importants au monde, mais aussi un des producteurs de pétrole
14:48 les plus importants au monde, avec l'Arabie Saoudite et les États-Unis.
14:51 Donc là, on a typiquement ce qu'on appelle un effet d'aubaine.
14:53 On a des profits imprévus.
14:54 Personne n'aurait pensé que Total, mais aussi les autres majors,
14:57 parce que les cinq majors principales dont Total fait partie,
15:00 ont eu des profits records comme ils n'avaient jamais eu.
15:02 La dernière fois, je crois que ça remontait à 2008, ces profits comme ça,
15:05 qui étaient largement en dessous, mais qui étaient des profits déjà records.
15:09 Donc là, on a typiquement un effet d'aubaine qui est dû à quelque chose
15:12 que la majorité de ces cinq majors appartiennent à des pays que ces pays condamnent,
15:16 c'est-à-dire un conflit que nous condamnons.
15:19 Et pourtant, il y a des gens qui s'enrichissent là-dessus.
15:20 Et c'est pour ça que la question de la taxation de ces profits imprévus,
15:24 c'est une question qui est parfaitement légitime et qui a eu lieu dans beaucoup de pays
15:28 à l'époque, notamment les États-Unis dans les années 70,
15:31 qui ont taxé les super profits des entreprises pétrolières
15:34 qui étaient dues au choc pétrolier, c'est-à-dire à l'OPEP,
15:37 qui avait décidé de baisser l'offre, l'Arabie Saoudite notamment,
15:40 de baisser l'offre pour faire monter les prix.
15:41 Les Américains ont dit que ces entreprises pétrolières font des bénéfices
15:45 sur un élément géopolitique que nous condamnons,
15:47 donc nous allons taxer ces profits imprévus.
15:49 Et c'est quand même bizarre qu'aujourd'hui, ces idées ne soient pas mises sur le tapis.
15:53 Ces bénéfices, donc, est-ce qu'ils vont permettre à Total d'investir dans les renouvelables,
15:57 comme on l'entend ?
15:58 C'est ce que vont dire certaines personnes du gouvernement même
16:01 et des représentants même de Total ou d'autres éditos que j'ai vus là-dessus,
16:05 en disant oui, que Total investit beaucoup dans le solaire.
16:07 Mais il faut voir que la majorité de ces bénéfices viennent de la vente de produits pétroliers et gaziers
16:11 à quasiment 90%.
16:12 Vous êtes un actionnaire, c'est là que ça rapporte.
16:15 Je veux dire, les prix sont élevés.
16:16 Vous allez investir où ?
16:17 Vous allez investir... Non.
16:18 Et quand on regarde même dans la plupart des compagnies pétrolières,
16:21 vous prenez les vins premières,
16:23 les investissements dans les renouvelables sont extrêmement faibles.
16:25 On est à moins de 10%,
16:26 même plutôt autour de 5%.
16:28 Donc c'est très faible.
16:29 Donc ces entreprises n'ont aucun intérêt,
16:31 dans le système actuel, d'investir ailleurs
16:34 que dans les énergies polluantes, les énergies fossiles.
16:37 Et vous voyez, il y a eu beaucoup de travaux d'économistes
16:40 autour du pollueur-payeur,
16:42 ce qui a fait que dans la tête de certains, il fallait taxer les carburants,
16:45 ce qui a fait le mouvement des gilets jaunes.
16:46 Là, on a une vraie question sur le pollueur-payeur,
16:49 parce que chaque fois que les prix augmentent,
16:51 les profits augmentent, chaque fois que les profits augmentent,
16:53 l'exploration de production de pétrole devient beaucoup plus avantageuse que le reste.
16:56 Et donc on relance la machine.
16:58 Et là, on a pareil, on a un passif.
17:00 En 2008, les anciens profits records, en 2008 avant la crise 2009,
17:04 où le total avait fait 14 milliards à l'époque,
17:06 et les autres compagnies étaient montées parfois
17:08 à des 20 milliards, 30 milliards de dollars de bénéfices.
17:12 Qu'est-ce que ça a amené ?
17:13 Eh bien, ça a amené des investissements comme jamais
17:15 dans les pétroles de schiste aux États-Unis,
17:17 les pétroles non conventionnels, qui sont des pétroles très polluants,
17:20 les sables bituminés au Canada.
17:22 Et ce qui a fait que cinq ans après,
17:24 ces profits-là, les États-Unis ont rajouté
17:26 trois à quatre millions de barils de pétrole sur le marché pétrolier.
17:29 Donc, on a relancé la machine dans des pays riches
17:31 qui ont la capacité de mener la transition énergétique,
17:33 qui ont accès au financement, qui ont tout.
17:35 Eh bien, c'est dans ces pays riches qu'on a été chercher
17:37 les pétroles les plus polluants.
17:39 Donc, il y a un problème là.
17:40 Et puis, vous savez, quand vous avez l'Agence internationale de l'énergie
17:42 qui vous dit "pas un investissement doit se faire aujourd'hui
17:46 dans l'industrie pétrolière en termes d'exploration",
17:48 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, les réserves prouvées que nous avons,
17:50 celles qui sont accessibles, on ne pourra en utiliser qu'un tiers.
17:53 Il faut que les deux tiers soient sous terre.
17:55 D'accord ? Donc, à quoi ça sert de faire des forages,
17:57 des offshore très profonds ou des forages,
18:00 je ne sais pas, en Arctique, pour trouver du pétrole,
18:02 alors que dans les réserves prouvées que l'on a,
18:05 c'est l'Agence internationale qui le dit.
18:07 Ce n'est pas... Enfin, les Amis de la Terre le disent aussi,
18:08 mais c'est vraiment une institution, on va dire,
18:12 qui est loin d'être écolo et qui vous le dit.
18:16 Donc, pourquoi vous allez permettre, en fait, à ces entreprises
18:19 de réinvestir leur argent dans la recherche et la production de pétrole ?
18:23 C'est un non-sens écologique, très clair.
18:25 Thomas, est-ce qu'on doit taxer ces bénéfices
18:27 et de manière générale ceux du 440 ?
18:30 Car si je suis l'avocat du diable, il y a le discours de
18:32 "ça va faire fuir l'investissement, on taxe la réussite, bla bla bla".
18:36 Voilà, alors le vrai problème, et là tu l'as très bien dit,
18:39 c'est qu'en fait, aujourd'hui, ces entreprises ont tellement de filiales
18:42 dans les paradis fiscaux qu'elles peuvent faire de l'optimisation fiscale
18:45 très facilement, c'est-à-dire qu'elles peuvent baisser leur profit
18:50 là où il y a de la fiscalité et l'augmenter en Europe,
18:54 là où il n'y a pas de fiscalité.
18:55 Et c'est pour ça aussi que Total n'a pas payé d'impôts pendant certaines années.
18:58 Je crois que depuis ces 15 dernières années,
19:01 elle a dû payer 7 fois des impôts sur les sociétés.
19:03 Le reste du temps, elle est déficitaire avec le raffinage, la distribution.
19:07 Mais il ne faut pas penser qu'elle paye aussi ses impôts
19:09 partout où elle produit du pétrole,
19:10 parce que moi, quand je bossais à l'époque en République du Congo,
19:14 où Total produit 60% du pétrole à l'époque, 60%,
19:17 ils ne payaient pas d'impôts sur les sociétés.
19:18 Ils n'en payaient pas.
19:20 Et quand Total a des dizaines de filiales dans des paradis fiscaux,
19:23 il faut se demander ce que fait Total là-bas.
19:25 Parce que s'il n'y a pas de production de pétrole
19:27 et s'il y a une très faible consommation de pétrole dans ces pays-là,
19:30 parce que ce sont des petites îles,
19:31 qu'est-ce qu'elle fait là-bas ?
19:33 Et c'est pareil pour les entreprises du CAC 40.
19:35 Certes, les bénéfices de LVMH ne sont pas dus
19:39 aux mêmes choses que les bénéfices de Total.
19:41 Total, il y a vraiment un effet d'aubaine dû à la guerre.
19:43 LVMH, c'est dû à la reprise économique,
19:46 au secteur du luxe qui se porte bien, notamment dans les pays émergents,
19:48 et puis parce que tant qu'il y aura de plus en plus de riches,
19:50 donc le luxe se porte bien aussi.
19:52 Mais toutes les entreprises du CAC 40
19:55 ont en moyenne 36 filiales dans les paradis fiscaux.
19:59 Qu'est-ce qu'elles y foutent ?
20:00 Moi, je suis un gouvernement.
20:01 C'est la première question que je me pose.
20:02 Parce que si elles ont des filiales, c'est qu'elles y font quelque chose.
20:05 Si elles y font quelque chose, c'est qu'elles s'arrangent
20:07 pour payer moins d'impôts là où il y a de la fiscalité,
20:08 donc chez moi, et en pays ailleurs.
20:10 Donc moi, je questionnerais.
20:11 C'est là qu'il faut aller chercher l'argent,
20:14 plutôt que de dire "Oh, il ne faut pas taxer la réussite".
20:16 Ça ne veut rien dire, ça.
20:17 Ça ne veut rien dire.
20:18 Donc il faut vraiment quand même questionner ces entreprises
20:21 sur ce qu'elles font dans les paradis fiscaux
20:22 et ce qu'elles devraient payer dans les pays riches.
20:27 Et en premier lieu, le nôtre,
20:28 parce qu'on ne peut pas profiter des consommateurs qui achètent
20:31 sans contribuer à un moment au fonctionnement de l'économie.
20:35 Sachez, chez vous, que cela fait déjà cinq mois
20:38 que nous tenons le défi d'être diffusés en 24/7 sur YouTube et Dailymotion.
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