• l’année dernière
298 personnes sur 12 millions d'élèves se sont présentées en abaya lundi 4 septembre 2023, lors de la rentrée des classes. Tandis que 67 ont refusé de la retirer. Ce sont les chiffres communiqués par le nouveau ministre de l'education nationale, Gabriel Attal qui, le 27 août dernier, annonçait l'interdiction de la abaya et de sa version masculine, le qamis. A quelques heures de la rentrée de l'équipe pédagogique, une note de service publiée le 31 août est venue entériner l'interdiction de cette robe longue au nom du respect du principe de laïcité dans les établissements scolaires. Depuis cette prohibition, on recense de nombreux témoignages qui indiquent des dérives et des humiliations infligées aux jeunes filles de confession musulmane. De nombreux chefs d’établissement ne se contentent pas de refuser les élèves arborant des abayas, ils font également la chasse aux vêtements qu'ils jugeraient trop couvrants. C'est le cas de Sofia, élève en terminale, qui a été exclue de son lycée pour port de legging et de tunique. Elle ne saura autorisée à reprendre le chemin de l'école qu'à la condition de raccourcir la longueur de son habit. Nous avons reçu sa maman au Média qui a bien voulu nous faire le récit de son entretien avec le proviseur de l'établissement. Il est allé jusqu'à demander à Sofia de se dévêtir comme en témoigne l'enregistrement audio qu'elle a bien voulu nous confier.

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Transcription
00:00 Je suis Laila, la maman de Sophia,
00:03 exclue de son cours pour le port d'une tunique et d'un legging.
00:08 Vendredi matin, ma fille se rend au cours comme d'habitude.
00:19 Elle rentre en classe et là, un surveillant vient la chercher
00:24 dans sa classe et lui demande d'aller voir le proviseur
00:29 dans son bureau.
00:30 Et là, le proviseur lui dit que sa tenue n'est pas adéquate
00:34 avec les règles de la laïcité dans l'établissement.
00:36 Alors qu'elle portait une tunique Zara et un legging.
00:41 Et il lui a demandé précisément ce qu'elle avait sous sa tunique.
00:46 Donc elle lui a répondu un débardeur.
00:49 Et là, il lui a dit "Tu retires ta tunique
00:52 "et tu restes en débardeur ou en legging,
00:53 "ou tu retires ton legging."
00:55 C'était soit l'un, soit l'autre.
00:56 Le professeur qui avait ma fille en cours, lui-même,
00:59 était stupéfait de ce qui se passait en fin de compte.
01:01 Et là, elle m'appelle, elle me dit "Maman,
01:04 "du coup, il y a un problème à l'école."
01:08 Et là, je lui ai dit "Ecoute, rentre,
01:10 "et moi, je vais aller voir le proviseur."
01:11 J'aimerais que vous m'expliquiez, du coup, comment...
01:15 Comment vous décrétez qu'une tenue est ostentatoire ou non ?
01:20 Alors, la baïa, il n'y a pas de définition particulière.
01:24 C'est une robe. La définition...
01:26 La seule chose...
01:27 C'est une robe.
01:28 La seule chose qui est très claire, c'est que lorsque...
01:31 Le porte-vêtements montre très clairement
01:35 une appartenance à une religion.
01:38 Et je vais même demander de m'établir une liste
01:42 de ce que pouvaient mettre ces jeunes filles
01:45 pour ne pas avoir à débarquer dans son bureau
01:47 tous les jours, voire toutes les semaines.
01:49 Il n'y a pas de question d'établir une liste
01:51 des choses qu'elles peuvent porter.
01:53 Moi, je peux vous dire...
01:54 Alors, sur quoi, vous, vous vous basez ?
01:56 Je peux vous dire ce que les élèves ne doivent pas porter.
01:59 C'est tout vêtement qui montre l'appartenance à une religion.
02:03 C'est clair, c'est net.
02:05 Il y a marqué quoi, la Ouakbar, sur leur vêtement ?
02:07 Moi, je lui ai demandé d'aller se changer.
02:10 Donc, elle a mis un haut 10 cm plus court.
02:13 D'ailleurs, dans l'enregistrement, vous entendez très bien.
02:15 Et il dit "là, ça va".
02:17 La tenue, la manière dont elle est portée...
02:20 Mais c'est quoi, la manière ? Expliquez-moi la manière.
02:22 C'est ça.
02:23 La manière dont elle est portée.
02:24 Là, ça va. Il n'y a pas de souci.
02:26 Donc là, il a décrété que ça allait.
02:28 J'étais choquée, puisque ma fille,
02:32 elle s'habille de la même façon, mais exactement la même,
02:34 avant de porter le foulard.
02:35 C'est-à-dire que, comme elle est ronde,
02:37 elle a plutôt tendance à s'habiller de manière ample.
02:40 Et je pense que, tu vois, quand on arrive à un stade de l'adolescence,
02:43 on a aussi un problème avec son corps.
02:46 Certaines vont le camoufler, d'autres vont le dévoiler.
02:49 Mais ça, c'est encore une fois un libre choix.
02:52 Je dis, est-ce que vous avez quelque chose en dessous ?
02:55 Parce que je comprends la pudeur.
02:57 Évitez que, si on a juste un débardeur...
02:58 Pour vous, ça aurait été normal qu'elle se balade en débardeur ?
03:01 Moi, ça ne me gêne pas qu'une jeune fille se promène en débardeur,
03:04 en crop top ou en short.
03:06 - Ça ne me gêne pas. - Ça vous dérange qu'elle soit
03:08 en suite 3/4 ?
03:09 Parce que c'est contraire au respect des règles
03:13 sur le respect de la laïcité.
03:15 Je ne vois pas comment un proviseur peut se permettre
03:18 de demander à une jeune fille ce qu'elle a sous ses vêtements
03:22 et de lui spécifier ce qu'elle doit faire,
03:24 ce qu'elle doit garder ou retirer.
03:26 C'est un adulte et surtout un proviseur d'établissement
03:29 qui demande à des enfants de se dévêtir.
03:32 Donc un caleçon, une tenue, une tunique, c'est ostentatoire.
03:35 C'est une tenue ostentatoire.
03:37 C'est ce que vous êtes en train de me dire.
03:38 Je suis en train de vous dire que la manière
03:41 dont sont portés certains habits montre très clairement
03:44 l'appartenance à cette religion.
03:46 C'est votre interprétation.
03:48 La manière dont c'est porté, ce n'est pas mon interprétation.
03:50 La manière dont c'est porté...
03:52 On le voit très bien, tu le sais.
03:54 C'est très simple.
03:55 Ils ont identifié les jeunes filles qui sont voilées.
03:57 Et ça veut dire que ça, en fin de compte,
03:59 il n'y a pas d'autres interprétations.
04:02 J'aimerais une explication sur les jeunes filles
04:04 qui ont la même tenue, mais qui ne sont pas voilées
04:07 et qui n'ont eu aucun souci entre hier et aujourd'hui.
04:11 De toute façon, il y a des gens qui cherchent à jouer avec les règles.
04:14 Donc il y aura des gens qui chercheront
04:17 à contourner la loi et la règle,
04:20 ce qui est le cas.
04:21 Ce qui est le cas, vraiment, pas le cadre, ce qui est le cas.
04:24 On aura des soucis.
04:25 Là, on est vraiment sur quelque chose de discriminant,
04:30 de difficile pour les enfants.
04:33 Elles-mêmes, elles ne comprennent pas ce qui se passe.
04:35 C'est-à-dire, pourquoi on est contre elles
04:37 alors qu'elles suivent le règlement interne ?
04:40 C'est-à-dire de se dévoiler avant de rentrer dans l'établissement,
04:43 qu'elles n'embêtent personne.
04:45 Elles sont pointées du doigt et ces limites,
04:48 soit c'est comme ça ou soit on vous retire de l'institution
04:52 et on vous retire de l'éducation nationale.
04:55 Cette circulaire ne va les amener qu'à ça,
04:57 à se replier, à s'exclure de la société.
05:00 J'ai songé à porter plainte contre le directeur de l'établissement,
05:05 un, pour ses propos,
05:06 deux, pour sa façon, justement, discriminante
05:09 de pouvoir avoir un jugement sur ces jeunes filles.
05:13 Il y a tellement de choses qui ne vont pas dans l'éducation nationale.
05:17 Il y a tellement de jeunes qui sont aujourd'hui déscolarisés.
05:21 Je pense qu'ils ont vraiment d'autres chats fouettés.
05:25 Clairement, cette circulaire est encore un moyen de faire diversion
05:29 et d'appuyer encore sur le musulman et de taper sur le dos du musulman
05:32 pour pouvoir faire diversion sur d'autres sujets d'actualité.
05:35 Depuis cette circulaire, il y a un climat de tension,
05:38 de peur et de crainte pour nos enfants.
05:41 Ce n'est pas que pour ma fille que j'ai accepté cet entretien.
05:44 C'est que dans le même établissement,
05:46 j'ai eu beaucoup de retours de jeunes filles
05:48 qui ont été eux-mêmes choquées
05:50 par le fait d'avoir un accès interdit en cours
05:53 avec la maman de cette jeune fille.
05:56 Quand je l'ai eue au téléphone, elle m'a dit que j'ai qu'une envie,
05:59 c'est repartir dans son pays d'origine.
06:02 Parce qu'elle sent sa fille en insécurité,
06:05 du coup, elle a peur pour elle dans les transports,
06:07 elle a peur pour elle quand elle se déplace.
06:09 Le pire, c'est d'avoir peur pour ses enfants quand ils vont à l'école.
06:12 En fin de compte, la liberté de pouvoir pratiquer sa religion
06:17 ou être de confession musulmane,
06:19 aujourd'hui, clairement, sur le territoire français, pose un problème.
06:22 Sous-titrage ST' 501
06:25 ...
06:33 [SILENCE]

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