"PATRON, LA FRANCE DES GILETS JAUNES REVIENT" : POURQUOI LE POUVOIR A RAISON DE FLIPPER

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Le dynamisme de la mobilisation des petites et moyennes villes contre la réforme des retraites se confirme. Mais Emmanuel Macron aurait déclaré devant ses collaborateurs, lundi 13 (selon le Canard enchaîné) : «En fait, ce sont toujours les mêmes, à quelques dizaines de milliers près, qui manifestent. J'entends dire que la bataille de l'opinion est perdue. Elle est difficile, mais elle n'est pas perdue.» Le Président pose une bonne question : à quel point le mouvement social classique, partisan, syndical et associatif, parvient à attirer de nouveaux publics ?
Ces manifestations envoient un double signal au gouvernement : non seulement les syndicats ont encore de solides ancrages locaux, mais ils ont aussi la capacité d’entraîner (dans tous les sens du terme) des primo-manifestants, des gens éloignés du syndicalisme ou du militantisme de gauche politique. Le gouvernement craint que cette mobilisation ne fasse tache d’huile.
L’exécutif essaye de se rassurer en minimisant cette convergence entre la mobilisation des ronds-points et les cortèges syndicaux contre la réforme. Car cette alliance sociale et politique, qui se ferait au détriment du Rassemblement national, pourrait construire un adversaire sérieux face au centre-droit.

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Transcription
00:00 Et une fois n'est pas coutume, ce n'est pas à Paris que les leaders de l'intersyndicale vont défiler aujourd'hui,
00:05 mais à Albi, petite préfecture du Tarn, les militants albijouas ne cachent pas leur fierté d'incarner ces villes moyennes très mobilisées.
00:13 Le dynamisme de la mobilisation des petites et moyennes villes se confirme.
00:17 Cette France qu'on peut appeler la France des sous-préfectures, bien qu'il y ait des préfectures dans le lot.
00:22 On relève des taux de participation bien plus importants que dans les grandes agglomérations.
00:28 Bien sûr, ces villes de petite ou moyenne taille sont des points de rendez-vous des alentours.
00:32 De son côté, Emmanuel Macron aurait déclaré devant des collaborateurs lundi, selon Canard Enchaîné,
00:38 « En fait, ce sont toujours les mêmes, à quelques dizaines de milliers près, qui manifestent.
00:44 J'entends dire que la bataille de l'opinion est perdue. Elle est difficile, mais elle n'est pas perdue.
00:49 À quelques dizaines de milliers près, le président pose en fait une bonne question.
00:54 À quel point le mouvement social classique, partisans, syndicals et associatifs, parvient à attirer de nouveaux publics ? »
01:01 Et là, la mobilisation de la France des sous-préfectures donne peut-être des raisons d'être optimiste.
01:07 Allez, aujourd'hui, je vous fais le Jean-Pierre Pernaut des mobilisations sociales.
01:20 C'est vrai qu'humainement, ça passe bien, donc on ne va pas se cacher.
01:24 Moi, je préfère être copain avec Philippe Martinez qu'avec beaucoup d'autres.
01:27 Les syndicats, en se rendant à Albi, ont bien senti les enjeux.
01:30 Cette décentralisation, en quelque sorte, permet d'abord de souligner la force oubliée des syndicats
01:36 dans ce qu'on appelle les territoires.
01:38 Ces manifestations envoient un double signal au gouvernement.
01:42 Non seulement nous avons encore de solides ancrages locaux,
01:45 mais nous avons aussi la capacité d'entraîner, dans tous les sens du terme,
01:49 des primo-manifestants, des gens éloignés du syndicalisme ou du militantisme de gauche politique.
01:55 Le gouvernement craint par-dessus tout cet effet tâche d'huile.
01:58 Pour le moment, le pouvoir, la majorité et leur relais médiatique
02:01 semblent féliciter les gentils syndicats qui organisent la contestation dans le calme
02:06 pour mieux les opposer à la très vilaine et violente France Insoumise.
02:10 Mais n'ayez aucune illusion, dès le 7 mars,
02:13 ils opposeront les gentils français ordinaires aux méchants syndicats qui bloquent.
02:18 Avec des traits d'union.
02:20 Alors pourquoi une telle mobilisation de la France des sous-préfectures ?
02:23 On n'a pas d'études sociologiques en bonne et due forme,
02:25 mais on peut faire l'hypothèse assez simple d'une conjonction de facteurs.
02:29 D'abord un effet goutte d'eau qui fait déborder le vase,
02:32 une agrégation de mécontentement qui trouve dans l'opposition à la réforme des retraites
02:36 un point d'application.
02:37 Moi j'ai passé ma matinée avec des travailleurs et des travailleuses albis,
02:41 ils évoquent les problèmes de transport, ils évoquent les problèmes de pouvoir d'achat,
02:44 ils évoquent les questions de services publics,
02:47 donc la question de la retraite c'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase
02:53 de toutes les rancœurs qu'il y a contre le gouvernement depuis des années.
02:56 Ce sont aussi des problématiques nationales,
02:58 mais elles sont exacerbées dans les petites villes.
03:01 Alors bosser deux ans de plus, ça va quoi.
03:03 Dans la France plutôt rurale,
03:05 il y a le recul des services publics, des questions de pouvoir d'achat,
03:08 des questions de considération, de respect de la vie des travailleurs et des travailleuses.
03:13 Donc on a tout ça qui se manifeste,
03:15 mais c'est vrai que ça catalyse autour des 64 ans.
03:18 Ensuite, on y trouve en proportion plus d'habitants touchés durement par cette réforme.
03:23 Dans ces territoires se concentrent des emplois de services à la personne,
03:27 logistique, camp de distribution, mais aussi industrie.
03:30 On a donc une plus grande proportion de gens qui commencent à travailler tôt,
03:34 avec de longues carrières.
03:35 Christelle est chef de cuisine en école primaire et a commencé à travailler à 17 ans.
03:40 C'est la troisième fois qu'elle manifeste.
03:42 Déjà c'est pour les petits, pour mes enfants à moi,
03:45 pour moi, parce que j'ai que 46 ans et que je ne me vois pas rester dans les écoles jusqu'à 64 ans.
03:50 Et des travailleurs plus exposés aux produits polluants, aux charges à porter,
03:54 au travail répétitif, ce qui donne une population plus sensible aux enjeux de pénibilité.
03:59 Dans le cortège, beaucoup de salariés de l'industrie, la métallurgie ou encore la logistique.
04:04 Dans cette ville du bassin minier, ce sont les secteurs qui concentrent le plus d'emplois,
04:08 mais ils sont souvent éprouvants.
04:09 Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que la mobilisation soit massive
04:13 et dépasse le cadre habituel des personnes engagées à gauche.
04:17 Il y a bien un noyau de cortège syndicaux alimenté par des salariés du public,
04:22 venant de l'hôpital, des établissements scolaires, de la fonction publique territoriale,
04:26 qui sont souvent les plus gros employeurs.
04:28 Mais cette année, les marches ont été gonflées par de nombreux salariés du secteur privé.
04:32 Dans cette petite ville industrielle de 14 000 habitants,
04:35 près de 4 000 personnes ont défilé hier.
04:38 Parmi eux, des habitués mais aussi des gens qui manifestaient pour la première fois de leur vie,
04:43 comme Franck Colin.
04:44 Il travaille dans le secteur de l'industrie et pour lui pas question de travailler deux ans de plus.
04:49 Et on se retrouve à se dire, bah non, il faut encore travailler un an, encore travailler deux ans,
04:53 toujours travailler plus.
04:54 Alors on peut faire l'hypothèse que s'y ajoutent des publics un peu plus éloignés
04:58 du mouvement social de gauche classique.
05:01 Des primo-manifestants, des gilets jaunes, etc.
05:04 Il faut que ça bouge, on peut pas laisser comme ça, on va subir quoi encore ?
05:07 On va subir quoi là ? Là on y va ? La hausse du carburant ?
05:11 La hausse de l'alimentation ? Et la retraite ?
05:15 Qui vient par-dessus ? Ils font quoi les gens ?
05:17 La différence avec le mouvement des gilets jaunes, c'est là la puissance d'organisation syndicale.
05:22 Les syndicats sont unis, ils ont un objectif clair et leur légitimité n'est pas contestée.
05:27 Alors que les gilets jaunes leur étaient plutôt hostiles.
05:30 La veille de cette manifestation, les équipes locales de la CGT étaient sur les ronds-points.
05:36 Allez, de tout cœur avec vous, et demain à la manif.
05:39 Mais bon, il est difficile de savoir quelle est la proportion exacte de ces novices de la contestation.
05:44 Donc il est difficile de réfuter avec certitude l'interprétation de Macron
05:48 qui dit que ce sont toujours les mêmes à quelques dizaines de milliers près.
05:51 Tous les secteurs sont touchés, aussi bien de l'ouvrier, au cadre même.
05:54 On a même vu aussi dans la manifestation des personnes des bureaux
05:59 qui d'habitude ne sont jamais dans les manifestations.
06:01 Ce mouvement contre la réforme des retraites de 2023 a en tout cas la capacité de mobiliser
06:06 sur des enjeux sociaux autour du travail et de la répartition des richesses.
06:10 Et en particulier dans des territoires où le Rassemblement National
06:13 passe pour être le seul débouché politique au mécontentement.
06:17 Une note de la Fondation Jean Jaurès en tire un certain optimisme.
06:21 Il y a des coups à jouer pour la gauche, y compris politique,
06:24 en faisant la démonstration de son efficacité à stopper la brutalisation néolibérale de la société
06:30 afin de regagner la confiance de personnes plutôt distantes et résignées.
06:35 C'est ce que disent les deux rédacteurs de la note, Thibault Lohner,
06:38 conseiller municipal LFI à Vierzon, et Axel Bruno, professeur d'histoire-géographie.
06:43 Ainsi, le mouvement social dans la France des sous-préfectures, des ronds-points et des pavillons
06:48 offre-t-il une occasion unique pour la gauche de renouer avec toute l'épaisseur sociale du territoire français.
06:55 Ils expliquent que le Rassemblement National prospère dans ces endroits
06:59 sur la base d'un programme social pourtant très fragile.
07:02 Comme on l'a montré dans plusieurs On sort les dossiers,
07:05 le Rassemblement National est à la ramasse à la fois sur le fond du sujet
07:09 et sur la forme que doit prendre la contestation.
07:11 Sur la réforme des retraites, il ne fait littéralement rien,
07:14 à part des procédures parlementaires complètement vaines.
07:17 En ce moment, il n'existe que par le cynisme du gouvernement et de la majorité,
07:21 par la complaisance médiatique et aussi par la balourdise de la communication de la FI.
07:26 En tout cas, sur le fond, on a une rencontre intéressante
07:29 avec des sujets problématiques de pouvoir d'achat, d'énergie, de carburant
07:33 et des sujets comme le partage de la richesse ou la socialisation des salaires par la cotisation sociale.
07:39 L'exécutif essaye de se rassurer en minimisant cette convergence
07:42 entre la mobilisation des ronds-points et des cortèges syndicaux contre la réforme,
07:46 car cette alliance sociale et politique se ferait au détriment du Rassemblement National
07:51 et pourrait construire un adversaire sérieux face au centre-droit.
07:55 Bref, la gauche a une fenêtre d'opportunité pour reprendre des couleurs, pour regagner du terrain,
08:00 peut-être moins par le haut, par des discours médiatiques ou par l'activité parlementaire,
08:04 que par le bas, en combattant la résignation par les effets, disons,
08:09 entraînants de la mobilisation collective et unitaire.
08:13 Il n'y a plus qu'à. À la semaine prochaine.
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