Parlons Vrai chez Bourdin : Emission du 20 février 2023

  • l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l'IRIS, ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013 et auteur de "La Russie, un nouvel échiquier" aux éditions Eyrolles, Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille, constitutionnaliste, membre de l’Institut universitaire de France et auteur du blog “La Constitution décodée”, Irène Tolleret, député européenne Renaissance, spécialiste des questions agricoles, Morad Aït-Habbouche, journaliste spécialiste de l'environnement, Serge Zaka, conférencier, consultant en agroclimatologie, Dominique Bourg, philosophe spécialiste de la pensée écologique, Pierre Lagache, vice-président national de la 'Ligue contre les violences routières' et Maître Philippe Courtois, avocat spécialisé dans la défense des victimes des accidents de la route.

Retrouvez Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-02-20##

Category

🗞
News
Transcript
00:00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:00:06 - Il est 10h29, merci d'être avec nous. Bonjour à toutes et à tous.
00:00:11 0826 300 300 évidemment pour participer à notre émission.
00:00:15 Deux heures d'émission, deux heures d'information, de débat et de réaction évidemment.
00:00:21 Les vôtres avant tout, 0826 300 300. De quoi allons-nous parler ce matin pour débuter cette semaine ?
00:00:28 Emmanuel Macron assure à Volodymyr Zelensky qu'il soutiendra son plan de paix.
00:00:33 Mais quel est le plan de paix ukrainien ?
00:00:35 Explication et analyse ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
00:00:39 Homicide routier, 12 points retirés sur le permis en cas de conduite sous l'emprise de stupéfiants.
00:00:45 Proposition de Gérald Darmanin, qu'en pensez-vous ?
00:00:48 0826 300 300, nous développerons tout à l'heure entre midi et midi et demi.
00:00:53 Impunité zéro pour celles et ceux qui consomment de la drogue avant de prendre le volant.
00:00:59 Qu'en pensez-vous ? On en parle.
00:01:01 Un mois sans grosse pluie sur la France.
00:01:04 Racontez-nous dans quel état est la terre chez vous ?
00:01:07 Et les nappes phréatiques, les sources, les réserves d'eau, les cours d'eau, les lacs, les conséquences, vos témoignages et débat.
00:01:14 Débat entre 11h et midi.
00:01:17 C'est une catastrophe, une catastrophe que nous ignorons.
00:01:20 Pourquoi ignorons-nous cette catastrophe, la sécheresse ?
00:01:23 On en parle tout à l'heure.
00:01:25 Débat entre 11h et midi.
00:01:27 Et puis la réforme des retraites entre les mains des sénateurs.
00:01:30 Ensuite, 7 députés, 7 sénateurs décideront en commission mixte paritaire le 13 ou le 14 mars.
00:01:36 Comment fonctionne cette commission ?
00:01:38 Qui décidera du sort de la loi ?
00:01:41 Qui la compose ?
00:01:42 Nous en parlerons là encore tout à l'heure entre 10h45 et 11h.
00:01:47 Voyez le débat, le débat est riche, le menu est copieux.
00:01:51 2h, 2h entre nous, avec vous.
00:01:55 2h formidables.
00:01:56 Nous allons commencer avec notre habituelle petite rubrique avec Félix Mathieu.
00:02:02 Dans quel monde on vit ?
00:02:04 Une allemande, bonjour Félix.
00:02:05 - Bien bonjour.
00:02:06 - Une allemande de 21 ans se dit persuadée d'être Maddy McCann.
00:02:10 Vous vous souvenez évidemment de Maddy McCann.
00:02:13 Cet enfant britannique disparu au Portugal, c'était en 2007 Félix.
00:02:17 Aidez-moi, j'ai besoin de parler à Kate et Jerry McCann.
00:02:21 Je pense que je pourrais être Madeleine.
00:02:23 J'ai besoin d'un test ADN écrit sur son compte Instagram.
00:02:27 Cette jeune allemande domiciliaire en Pologne, vidéo et photo.
00:02:31 À l'appui, elle met en avant plusieurs similarités physiques qui prouveraient ses dires selon elle.
00:02:35 - Le premier...
00:02:37 Des grains de beauté similaires sur le visage.
00:02:40 Une tache de rousseur à la cuisse, une marque dans l'œil droit.
00:02:43 Elle poste aussi des photos montage censées prouver sa ressemblance avec les parents McCann.
00:02:48 Même si je ne suis pas la vraie Madeleine, j'espère que la police va le vérifier.
00:02:53 Je ne peux pas être sûr à 100% sans un test ADN, dit-elle.
00:02:57 Pas de réponse des parents de l'enfant disparu à l'heure qu'il est.
00:03:00 Mais cette jeune femme dit avoir pu entrer en contact avec un membre de la famille.
00:03:04 Elle dit avoir très peu de souvenirs de sa propre enfance, affirme.
00:03:07 Avoir réclamé en vain à sa mère des photos de la grossesse ou de sa propre petite enfance.
00:03:12 Sa conviction d'être Maddy McCann lui serait venue il y a quelques mois
00:03:16 quand sa grand-mère lui aurait affirmé qu'elle avait été victime d'un pédophile dans son enfance.
00:03:20 Pas de réaction pour le moment des autorités britanniques ou allemandes.
00:03:24 En 2020, pour rappel, un pédophile multirécidiviste allemand avait été interpellé.
00:03:28 Il pourrait s'être retrouvé à Praia da Luz au Portugal en même temps que la famille McCann.
00:03:33 - Oui, ce mystère, mystère de Maddy McCann qui rebondit une nouvelle fois.
00:03:39 Suite au prochain numéro si je puis dire.
00:03:41 Nous verrons quelle évolution de cette affaire.
00:03:45 Quelle est l'évolution de cette affaire.
00:03:47 Il est 10h33, merci.
00:03:48 Je voudrais revenir sur les déclarations d'Emmanuel Macron.
00:03:52 Emmanuel Macron assure à Volodymyr Zelensky qu'il soutiendra son plan de paix.
00:03:57 Nous allons beaucoup parler de l'Ukraine cette semaine.
00:03:59 Pourquoi ?
00:04:00 Parce que demain, il y a deux discours importants.
00:04:03 Celui de Vladimir Poutine devant les deux chambres du Parlement en Russe.
00:04:08 Et puis le discours de Joe Biden qui est en Pologne.
00:04:12 Et puis je vous rappelle que le 24 février prochain, c'est-à-dire vendredi,
00:04:17 ça fera un an que la Russie a envahi l'Ukraine.
00:04:21 Alors Emmanuel Macron assurera à Volodymyr Zelensky qu'il soutiendra son plan de paix.
00:04:27 Quel est le plan de paix de Zelensky ?
00:04:29 Comment analyser ce que dit Emmanuel Macron ?
00:04:32 Avec nous Jean de Glignasti, directeur de recherche à l'IRIS,
00:04:35 ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013
00:04:38 et auteur de "La Russie, un nouvel échiquier" aux éditions Erol.
00:04:41 Jean de Glignasti, bonjour.
00:04:43 - Bonjour.
00:04:44 - Merci d'être avec nous.
00:04:45 Alors, je regarde les déclarations d'Emmanuel Macron
00:04:49 qui assure donc à Volodymyr Zelensky qu'il soutiendra son plan de paix.
00:04:53 Ils se sont téléphonés, il a assuré hier à son homologue ukrainien
00:05:00 qu'il soutiendrait le plan de paix sur la scène internationale.
00:05:03 Conversation téléphonique donc entre les deux chefs d'État.
00:05:06 Emmanuel Macron a réaffirmé son attachement au plan de paix en 10 points
00:05:10 proposés par Zelensky et lui a assuré qu'il soutiendrait cette initiative.
00:05:14 Ils ont ensemble évoqué leur appel fait vendredi à la conférence annuelle de Munich
00:05:19 sur la sécurité auprès des partenaires européens et de l'OTAN
00:05:22 de la nécessité de renforcer, d'accélérer le soutien militaire à l'Ukraine et au peuple ukrainien.
00:05:28 Regardons ce plan de paix.
00:05:30 D'abord, votre réaction à ce qu'a dit Emmanuel Macron, Jean de Glignasti.
00:05:35 - Alors, les propos d'Emmanuel Macron s'inscrivent dans une doxa, si je puis dire,
00:05:41 c'est-à-dire une opinion communément partagée et exprimée par l'Occident,
00:05:47 l'occident collectif comme disait Bruce,
00:05:50 qui est qu'il revient aux Ukrainiens de décider quand et comment ils négocieront.
00:05:57 Donc c'est un soutien a priori aux Ukrainiens.
00:06:02 Il n'en reste pas moins que ce plan en 10 points,
00:06:05 bien évidemment relève plus des buts de guerre que d'une plateforme de négociation
00:06:13 parce que ce plan en 10 points prévoit le retour intégral de l'ensemble des territoires,
00:06:17 y compris ceux occupés par la Russie en 2014,
00:06:21 prévoit un tribunal pénal international pour les crimes de guerre,
00:06:26 prévoit d'énormes compensations financières, des assurances en matière énergétique, céréalier, etc.
00:06:33 Donc en fait, c'est un plan de victoire, ce plan en 10 points.
00:06:36 Mais quelle que soit l'attitude de fond, et on sait bien que Macron a répété plusieurs fois
00:06:43 que tout ça se terminerait, il faut l'espérer, autour d'une table de négociation,
00:06:49 mais tout le monde dit, y compris les Américains, y compris Mark Millais, y compris Blinken,
00:06:54 que c'est aux Ukrainiens de décider ce qu'ils vont faire.
00:06:59 En tout cas, ça fait partie du langage commun aujourd'hui,
00:07:03 quelles que soient les arrières-pensées des uns et des autres.
00:07:05 Alors regardons en détail le plan de paix de Zelensky,
00:07:09 qui en l'occurrence n'est pas acceptable aujourd'hui par les Russes.
00:07:14 Alors, enfin, pour l'instant les Russes n'accepteraient pas ce plan de paix,
00:07:18 parce que que prévoit-il ?
00:07:20 Bon, radiation et sécurité nucléaire, sur le nucléaire évidemment,
00:07:25 Zelensky demande que la Russie retire tous ses combattants du territoire de la centrale nucléaire de Zaporizhia.
00:07:31 Bon, ça, à la limite, pourquoi pas ?
00:07:35 Sécurité alimentaire, l'Ukraine peut exporter 45 millions de tonnes de nourriture cette année,
00:07:41 une partie importante de celle-ci doit se diriger vers ceux qui souffrent le plus.
00:07:45 Chaque pays peut se joindre à nous avec une contribution spécifique
00:07:48 et devenir un co-créateur de la victoire contre la faim et la crise alimentaire.
00:07:52 Là, l'Ukraine demande à pouvoir exporter sans problème son blé notamment.
00:07:57 La sécurité énergétique, l'Ukraine demande que la Russie ne bombarde plus ses infrastructures énergétiques.
00:08:05 Les prisonniers déportés, l'Ukraine demande à la Russie de renvoyer en Ukraine,
00:08:11 évidemment tous les Ukrainiens, les enfants et autres militaires et civils qui ont été faits prisonniers et déportés.
00:08:17 Évidemment, l'Ukraine demande à la Russie de quitter les territoires d'Ombas et Crimée.
00:08:25 Enfin, comme vous l'avez dit, l'Ukraine demande l'établissement d'un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre.
00:08:34 C'est peut-être le point qui va heurter, qui heurte le plus la Russie et qui est inacceptable pour la Russie, Jean Degliniassi.
00:08:42 - Oui, ce point-là et puis les compensations financières et puis le retour de l'intégralité du territoire ukrainien.
00:08:50 Il faut comprendre que le plan de Zelensky a été publié au moment du sommet de Pali du G20,
00:08:56 où il y avait une grande pression des pays du Sud, notamment, du Sud global, en faveur de la paix.
00:09:04 Et donc, pour ne pas se faire accuser en quelque sorte de continuer la guerre, les deux parties ont publié des plans à ce moment-là.
00:09:12 Les Ukrainiens ont publié ce plan qui n'est rien d'autre que des objectifs de guerre.
00:09:19 C'est un plan de victoire, si je puis dire.
00:09:21 Et les Russes ont dit "nous sommes prêts à négocier à partir du moment où l'Ukraine reconnaît l'annexion des quatre oblastes,
00:09:31 vous savez, Donetsk, Lugansk, Zaporizhzhia, Krasnoyarsk, Ombas et la Crimée.
00:09:36 Donc en fait, ces deux plans étaient en effet miroir, le reflet d'une situation de guerre et non pas d'une volonté de négociation.
00:09:45 Évidemment, évidemment. Alors, Emmanuel Macron sait bien tout cela, puisqu'il a dit, il a précisé,
00:09:51 qu'il soutenait à la fois le plan de paix de Zelensky, qu'il ne voulait pas une défaite de la Russie, sans l'écraser.
00:10:01 Non, il veut une défaite de la Russie, mais il ne veut pas l'écraser. Voilà précisément ce qu'il a dit.
00:10:07 Donc ça veut dire clairement, bon d'accord pour le plan de Zelensky, mais c'est aussi un avertissement adressé aux Ukrainiens.
00:10:15 Très bien pour votre plan, mais vous ne dépasserez pas et vous n'entrerez pas en Russie.
00:10:19 Effectivement, c'est un soutien encore une fois à la position ukrainienne, qui est sans arrière-pensée, sauf là, comme vous le dites, la frontière russe.
00:10:33 Mais la position de Macron, au moins, le mérite de la cohérence à travers le temps.
00:10:39 Il s'est fait insulter pour avoir dit qu'il ne faut pas humilier la Russie.
00:10:42 Il a parlé de structures de paix et de sécurité, là aussi il s'est fait critiquer.
00:10:47 Dans la réalité, Macron pense au coup d'après, c'est-à-dire qu'on aide l'Ukraine pour récupérer son territoire,
00:10:55 mais il faut réfléchir dès maintenant à la négociation.
00:10:58 Et cette négociation impliquera nécessairement des compromis.
00:11:02 Évidemment, évidemment. Non, je vous dis ça parce que parmi les voix ukrainiennes,
00:11:06 il y en a qui disent qu'il faudra un jour ou l'autre porter la guerre côté russe.
00:11:13 Ça existe aussi, vu le sang versé, vous comprenez.
00:11:18 - Ah mais c'est très clair que nous sommes très loin d'une négociation actuellement.
00:11:23 - Exactement.
00:11:24 - Les sacrifices encourus par les Ukrainiens, les massacres bouchra, les exerctions russes, la mobilisation,
00:11:32 nous n'en sommes pas au moment de la négociation, nous en sommes au moment de la bataille.
00:11:37 Mais cette bataille fixera, quel que soit son issue, quel que soit son déroulement,
00:11:43 fixera un équilibre des forces qui sera à ce moment-là mieux accepté de part et d'autre,
00:11:48 et à ce moment-là commencera la négociation ou les discussions sur le règlement du conflit.
00:11:54 Mais nous n'en sommes absolument pas là, nous sommes à la phase militaire.
00:11:57 - Exactement, exactement. Et c'est une bonne réponse que vous faites, Jean Degnasty,
00:12:02 à tous ceux qui parlent de paix et qui nous disent "il faut faire la paix, il faut faire la paix",
00:12:07 mais on ne peut pas faire la paix tant que les combats sont là et qu'il n'y a pas de victoire militaire, Jean Degnasty.
00:12:13 - Exactement, mais je crois qu'il y a un certain consensus qui apparaît dans la communauté internationale,
00:12:18 en tout cas au sein du monde occidental, mais probablement un peu aussi dans le sud,
00:12:24 à savoir que, bon, on aide l'Ukraine, et il y a un consensus, en tout cas dans le monde occidental,
00:12:32 pour aider au maximum l'Ukraine pour qu'elle soit dans la meilleure situation possible pour commencer la négociation,
00:12:38 mais à travers les déclarations américaines, les fuites par-ci par-là, l'étude de la "Round Corporation",
00:12:49 les propos du chef d'état-major, on sait très bien, Marc Miller, on sait très bien que tout le monde pense au coup d'après
00:12:57 et à cette négociation qui, encore une fois, signifie compromis de part et d'autre.
00:13:01 - Merci Jean Degnasty pour cet éclairage.
00:13:04 Directeur de recherche à l'IRIS, ambassadeur de France en Russie de 2009 à 2013
00:13:08 et auteur de "La Russie, un nouvel échiquier" aux éditions Erol.
00:13:12 Il est 10h42, ça vous fait réagir, vous n'hésitez pas 0826 300 300,
00:13:17 vous êtes sur Sud Radio pour savoir et comprendre, encore une fois, ici, nous ne prendrons jamais position.
00:13:24 Ici, nous sommes là pour rapporter les faits, pour essayer d'analyser, pour essayer d'expliquer les faits,
00:13:29 non pas pour être un partisan aveuglé de l'Ukraine ou un partisan aveuglé de la Russie,
00:13:37 ce que sont certains, et ça devient d'ailleurs assez insupportable de voir combien,
00:13:43 ça auberge la clarté et l'analyse de la situation.
00:13:51 L'analyse de la situation, c'est qu'aujourd'hui on est en guerre, que les deux pays sont en guerre,
00:13:55 qu'il n'y a pas de victoire militaire et tant qu'il n'y aura pas de victoire militaire
00:13:58 ou d'avancée forte militaire d'un côté ou de l'autre, il n'y aura pas de négociation de paix.
00:14:04 Il est 10h43, vous êtes sur Sud Radio, merci.
00:14:08 Il est 10h46, le projet de réforme des retraites a quitté l'Assemblée Nationale
00:14:14 après ces jours d'invectives, enfin franchement qui ont été assez déplorables, assez déplorables.
00:14:22 Je dois dire que le débat à l'Assemblée Nationale nous a laissé un goût un tout petit peu amer.
00:14:28 La réforme des retraites est maintenant entre les mains des sénateurs.
00:14:32 Ensuite, 7 députés et 7 sénateurs décideront en commission mixte paritaire le 13 ou le 14 mars.
00:14:38 Comment fonctionne cette commission qui donc décidera du sort de la loi,
00:14:43 qui la compose pour tout savoir, explications, analyses, avec Jean-Philippe Derosier
00:14:48 qui est professeur de droit public à l'Université de Lille,
00:14:51 constitutionnaliste, membre de l'Institut Universitaire de France,
00:14:55 auteur du blog "La Constitution décodée".
00:14:57 Jean-Philippe Derosier, bonjour.
00:14:59 - Bonjour.
00:15:00 - Merci d'être avec nous. Alors, regardons les faits.
00:15:03 Encore une fois, les faits, rien que les faits.
00:15:06 La réforme des retraites est entre les mains des sénateurs,
00:15:10 donc au Sénat maintenant, débat au Sénat.
00:15:14 Le Sénat, qui est à majorité de droite, votera le projet de loi du gouvernement, Jean-Philippe Derosier.
00:15:23 - Oui, vraisemblablement. Alors, il va certainement l'amender.
00:15:27 Vous dites qu'il est entre les mains des sénateurs du Sénat et qu'il va l'examiner.
00:15:33 Il y a d'abord cette semaine, une semaine d'accalmie, une semaine de vacances parlementaires.
00:15:37 La plupart des Français sont en vacances cette semaine.
00:15:39 C'est également le cas des parlementaires qui ont suspendu leurs travaux,
00:15:42 ce qui veut dire qu'il n'y aura pas de débat ni à la Somme des Nationales,
00:15:46 puisqu'elle a terminé, ni au Sénat encore.
00:15:48 Ça nous reviendra qu'à partir de la semaine prochaine, d'abord en commission,
00:15:52 et à partir du 6 mars dans l'hémicycle du Sénat.
00:15:56 Voilà pour clarifier un petit peu ces choses-là,
00:15:58 et que les auditeurs ne s'étonnent pas qu'il n'y ait pas d'évolution cette semaine,
00:16:02 alors que la France est largement en vacances.
00:16:05 - Vous avez eu raison de rappeler ce point précis, Jean-Philippe Derosier.
00:16:09 Une fois le débat terminé au Sénat,
00:16:12 imaginons que le Sénat vote le texte.
00:16:15 On est d'accord ?
00:16:17 - Le Sénat va voter le texte, parce qu'au Sénat, il y a rarement de l'obstruction,
00:16:21 comme on a pu en voir cette semaine à l'Assemblée Nationale,
00:16:24 et le principal groupe d'opposition, le groupe socialiste au Sénat,
00:16:28 a fait savoir, et son président Patrick Cannaire a pris l'engagement,
00:16:32 qu'ils examineraient le texte, et notamment ce fameux article 7,
00:16:36 sur le report de l'âge légal.
00:16:38 Donc je pense qu'il y aura effectivement un texte qui sera adopté par le Sénat.
00:16:42 Pas forcément celui du gouvernement,
00:16:45 parce que, comme vous l'avez dit, le Sénat est la majorité de droite,
00:16:48 et le gouvernement, s'il mène une politique de droite,
00:16:51 n'est pas un gouvernement "les républicains",
00:16:53 donc le Sénat va amender, va corriger,
00:16:56 et de l'ampleur de ces modifications,
00:17:00 dépendra des chances de succès de cette commission que vous avez évoquée,
00:17:05 cette CNP, cette Commission Mixte Paritaire.
00:17:09 - Alors, là ça mérite explication,
00:17:13 Commission Mixte Paritaire, qui se réunira le 13 ou le 14 mars,
00:17:18 composée donc de 7 députés et 7 sénateurs.
00:17:22 Comment sont-ils choisis ?
00:17:24 - Alors, ils sont choisis sur la base de la représentation
00:17:29 au sein de chacune des assemblées.
00:17:31 Elle est mixte parce qu'elle associe les deux assemblées du Parlement,
00:17:34 et elle est paritaire puisqu'il y a autant de sénateurs que de députés,
00:17:38 mais sur les 7 de chacun d'entre eux,
00:17:41 ils doivent refléter globalement,
00:17:43 alors c'est compliqué avec une telle disproportion,
00:17:46 si j'ose dire, 7 par rapport à 577 députés,
00:17:49 mais ils doivent refléter globalement la composition de l'assemblée.
00:17:52 Donc, il y aura 3 députés de la majorité à l'Assemblée Nationale,
00:17:57 vraisemblablement 2 Renaissance et 1 Modem,
00:18:01 et 4 dont 1 Républicain, 1 Front National, 1 LFI,
00:18:09 et un 7e qui sera réparti entre les autres groupes,
00:18:14 et à peu près la même chose pour le Sénat.
00:18:16 Il y aura vraisemblablement 3 Républicains du Sénat,
00:18:20 1 ou 2 Socialistes, et les autres groupes qui se répartiront le reste.
00:18:26 Et in fine, cela veut dire que les Républicains
00:18:31 et la majorité à l'Assemblée Nationale
00:18:33 sont nettement majoritaires au sein de la commission mixte paritaire.
00:18:37 Et donc, s'il y a un accord entre Républicains et majorité gouvernementale,
00:18:43 le texte peut effectivement avancer.
00:18:46 Il peut y avoir ce que l'on appelle un texte adopté par la CMP,
00:18:50 qui sera ensuite soumis à la ratification de chacune des assemblées.
00:18:53 - Voilà, de chacune des assemblées.
00:18:55 Est-ce que lorsque le texte est ratifié par la CMP,
00:18:59 est-ce que les textes sont ensuite rejetés ?
00:19:04 - Alors, ça n'arrive pratiquement jamais.
00:19:06 Ça n'arrive pratiquement jamais précisément parce que,
00:19:09 dans la CMP, on a le reflet de chacune des assemblées.
00:19:14 Et si la CMP arrive à un accord, c'est que ce reflet s'est mis d'accord.
00:19:20 Et donc, il n'y a pas de raison que les assemblées derrière
00:19:23 désapprouvent ce que leurs représentants ont fait au sein de la CMP.
00:19:28 Donc, s'il y a un accord dans la CMP,
00:19:30 généralement, dans 99% des cas, les assemblées,
00:19:34 les assemblées nationales d'abord, le Sénat ensuite, ratifient le travail qui a pu être effectué.
00:19:39 - J'ai une question pour vous, Jean-Philippe de Rosiès et Pierre,
00:19:42 qui est à Toulouse, qui a une question à vous poser.
00:19:44 Bonjour Pierre. - Oui, bonjour.
00:19:46 - Bonjour. Nous avons notre constitutionnaliste émérite.
00:19:50 Alors, quelle question avez-vous envie de lui poser ?
00:19:52 - Ah ben, tout simplement, on a toujours parlé de ce fameux 47.1 de la loi,
00:19:57 qui permet, à un moment donné, de suspendre ou de dire,
00:20:00 de renvoie vers le Sénat, au bout de X jours, au bout de 42 jours.
00:20:04 Ma question, c'est de savoir si, par la suite,
00:20:07 une fois que justement tout le monde a validé,
00:20:10 s'il n'y a pas un recours possible pour considérer que, au fond,
00:20:13 la loi a mal été appliquée, et que derrière, le conseil constitutionnel
00:20:17 pourrait rejeter cette loi, de par le fait qu'on ait abusé de telle ou telle loi.
00:20:24 - Je ne comprends pas, là, Pierre. Expliquez-vous plus clairement, parce que...
00:20:28 - Si vous voulez, une fois que ça s'est ratifié, une fois que, bon, imaginons que...
00:20:32 - Imaginons que la CMP vote le texte, et qu'ensuite ça soit ratifié par les deux chambres.
00:20:37 - Tout à fait, les deux chambres.
00:20:38 - Après... - J'imagine que le conseil constitutionnel
00:20:40 peut, éventuellement, considérer que la loi n'est... ou que le projet n'est pas bon.
00:20:46 Voilà, c'est-à-dire qu'on considère...
00:20:47 - Est-ce que... encore faut-il qu'il soit saisi, le conseil constitutionnel.
00:20:53 Jean-Philippe de Rosier.
00:20:54 - Voilà. Oui, effectivement, il faut que le conseil constitutionnel soit saisi,
00:20:57 mais sans disposer de boule de cristal, on peut assez certainement et sans doute possible dire qu'il le sera,
00:21:05 puisque les filles à l'Assemblée nationale, le Front national lui-même à l'Assemblée nationale,
00:21:11 sans doute les socialistes au Sénat vont déférer le texte au conseil constitutionnel,
00:21:16 qui aura donc à se prononcer sur différentes... sur différents sujets.
00:21:21 Et alors, ce qui me semble difficile de remettre en cause, c'est le choix même de l'article 47-1,
00:21:29 parce que l'article 47-1 s'applique à ce que l'on appelle les projets de loi de financement de la sécurité sociale,
00:21:36 et le gouvernement a fait le choix d'installer la réforme des retraites dans ce type de loi.
00:21:42 En revanche, ce que le conseil constitutionnel pourra dire, c'est que tel est tel sujet,
00:21:48 je pense par exemple à l'index des seniors ou à d'autres dispositions qui ont un peu défrayé la chronique,
00:21:53 ne peut pas relever d'une loi de financement de la sécurité sociale,
00:21:57 et dans ces cas-là, il censurera ces différentes dispositions,
00:22:01 pouvant aller jusqu'à vider un petit peu de sa substance la réforme qui a été envisagée,
00:22:05 et ce serait un revers assez sévère pour le gouvernement.
00:22:09 - Je comprends. Jean-Philippe de Rosé, Pierre avait une autre question, hein Pierre.
00:22:13 Je résume ce que vous vouliez demander, est-il possible de réduire le nombre d'amendements déposés ?
00:22:20 C'est Pierre qui voulait savoir cela aussi, Jean-Philippe de Rosier.
00:22:24 Est-ce qu'on peut limiter le nombre d'amendements déposés ?
00:22:28 Parce que le spectacle donné la semaine dernière, évidemment, ne semble pas avoir plu à Pierre.
00:22:34 - Non, alors formellement on ne peut pas, parce que c'est un droit qui appartient à chaque parlementaire,
00:22:42 et c'est d'ailleurs un droit essentiel des parlementaires,
00:22:46 puisque les parlementaires sont là pour faire la loi, et c'est par les amendements que l'on fait la loi,
00:22:50 c'est-à-dire qu'on la corrige, on l'adapte, et on participe aux débats parlementaires.
00:22:55 On ne peut, pour limiter le nombre d'amendements déposés, qu'en appeler à la bonne conscience de ces parlementaires,
00:23:01 et tâcher de leur faire prendre conscience que le spectacle auquel ils se sont livrés,
00:23:05 pour certains d'entre eux, la semaine dernière, n'est pas forcément honorable pour le Parlement,
00:23:10 la nation qu'il représente et l'Assemblée nationale dans laquelle il siège,
00:23:14 et qu'il vaudrait mieux faire oeuvre de construction plutôt que d'obstruction,
00:23:18 et donc s'auto-limiter dans le dépôt des amendements.
00:23:23 Mais hormis cette auto-limite, il n'y a pas à ce jour de moyens formels, juridiques et constitutionnels pour limiter ce dépôt.
00:23:31 - Dernière question Jean-Philippe de Rosier.
00:23:33 Imaginons qu'après la CMP, l'Assemblée nationale ne vote pas le texte sorti de la CMP.
00:23:43 Le gouvernement sera-t-il obligé d'utiliser le 49.3 ?
00:23:47 - Alors, le gouvernement peut parfaitement utiliser le 49.3, y compris pour faire valider le texte de la CMP.
00:23:53 C'est-à-dire qu'une fois que la CMP a abouti à un accord,
00:23:57 lorsqu'il arrive à l'Assemblée nationale, le gouvernement peut engager sa responsabilité,
00:24:02 donc activer ce 49.3, et l'Assemblée nationale dans ce cas-là ne voterait pas sur le texte lui-même,
00:24:07 mais simplement sur une motion de censure si elle était déposée.
00:24:11 Et si jamais il n'y avait pas de 49.3, mais un vote qui rejette le texte de la CMP,
00:24:18 la procédure suit son cours, et ce serait le même type de procédure si jamais la CMP n'arrive pas à un accord.
00:24:24 Rien ne garantit à ce jour qu'il y aura un accord en CMP.
00:24:27 Et il y a ce que l'on appelle une nouvelle lecture,
00:24:30 c'est-à-dire que l'Assemblée nationale et le Sénat doivent examiner une nouvelle fois le texte,
00:24:35 en tout cas seulement sur les dispositions qui restent en discussion.
00:24:39 Là, il y a un moyen de réduire un petit peu le nombre d'amendements déposés,
00:24:43 parce que, pour dire les choses simplement, en première lecture, ce à quoi nous venons d'assister,
00:24:48 le droit d'amendement est très large, très ouvert, on peut déposer sur tout sujet, en lien même indirect avec le texte.
00:24:56 À partir des lectures suivantes, il faut qu'il y ait un lien spécifique avec une disposition restant en discussion,
00:25:02 donc ça restreint un petit peu.
00:25:04 Et au cours de cette nouvelle lecture, le gouvernement peut également engager le 49.3,
00:25:11 et au terme de cela, si l'Assemblée nationale et le Sénat ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord,
00:25:16 il y a ce fameux dernier mot à l'Assemblée nationale,
00:25:19 c'est-à-dire que le gouvernement peut demander à l'Assemblée nationale de se statuer en dernier lieu et d'adopter un texte.
00:25:25 – Merci pour toutes ces explications, maintenant c'est clair pour nous tous.
00:25:29 Jean-Philippe de Rosier, merci beaucoup. – Merci.
00:25:31 – Merci, 10h57, Savoir et Comprendre, le matin des explications, des analyses, vous êtes sur Sud Radio.
00:25:38 Merci d'être avec nous, 10h30, midi et demi, allez, je vais changer complètement de sujet,
00:25:43 on va parler de la catastrophe, la catastrophe ignorée qu'est la sécheresse.
00:25:48 Et je pose la question, sécheresse, la catastrophe ignorée, pourquoi ?
00:25:52 Parce qu'on n'en parle pas, parce qu'avec l'Ukraine, avec la réforme des retraites,
00:25:57 c'est vrai que c'est un sujet majeur qui occupe l'actualité, on ne parle pas de la sécheresse.
00:26:02 Et pourtant, nous venons de vivre un mois sans grosse pluie en France, la situation est catastrophique.
00:26:08 Alors, vous avez un témoignage à nous apporter, vous êtes peut-être agriculteur,
00:26:11 vous vivez dans une zone qui est asséchée, dites-nous 0826-300-300,
00:26:16 vous voyez le cours d'eau, les cours d'eau, le niveau des cours d'eau, le niveau des lacs,
00:26:20 racontez-nous, témoignez, on a besoin de vous, 0826-300-300, vous êtes sur Sud Radio,
00:26:26 à tout de suite, débat entre 11h et midi.
00:26:28 [Générique]
00:26:29 – Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 10h30, midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:26:34 – Il est 11h04, merci d'être avec nous sur Sud Radio, vous allez réagir, j'en suis certain,
00:26:39 0826-300-300, réagir au sujet que nous allons aborder dans un instant, la sécheresse.
00:26:45 La sécheresse, et je posais la question, est-ce la catastrophe ignorée ?
00:26:50 Je dis ça parce qu'on ne parle pas de sécheresse alors qu'elle sévit,
00:26:56 on ne parle pas de sécheresse, on parle de l'Ukraine évidemment, à juste raison,
00:26:59 on parle de la réforme des retraites à juste raison, mais il y a aussi ce sujet, la sécheresse,
00:27:04 cette sécheresse qui risque de provoquer une véritable catastrophe,
00:27:11 catastrophe écologique mais catastrophe agricole aussi.
00:27:15 Alors, je pose la question, la catastrophe ignorée,
00:27:19 nous allons débattre de la sécheresse avec Irène Tolleray,
00:27:23 qui est députée européenne Renaissance, spécialiste des questions agricoles, bonjour.
00:27:28 – Bonjour.
00:27:29 – Merci d'être avec nous, Mourad Haïtabouche qui est journaliste,
00:27:32 spécialiste de l'environnement, bonjour. – Bonjour Jean-Marc.
00:27:34 – Merci d'être là, Serge Zaka qui est au téléphone, agro-climatologue,
00:27:38 bonjour Serge Zaka. – Bonjour à tous.
00:27:40 – Merci d'être avec nous et tout à l'heure nous recevrons à 11h30 Dominique Bourg qui est philosophe
00:27:45 et qui évidemment travaille beaucoup sur les questions environnementales.
00:27:48 Il est 11h05, alors je pose la question, catastrophe ignorée,
00:27:52 est-ce que c'est une catastrophe ignorée Irène Tolleray, cette sécheresse ?
00:27:56 – Oui et je voudrais apporter un témoignage, puisque j'étais élue locale en 2014,
00:28:02 on a mis en place un plan pour réutiliser les eaux usées en sortie de station
00:28:07 pour faire face à la sécheresse en collectivité locale,
00:28:10 et bien au jour d'aujourd'hui, tous les tests en place, aucun n'est autorisé.
00:28:14 Donc elle est ignorée dans le sens où les agriculteurs savent qu'ils ont besoin d'eau,
00:28:18 mais administrativement ça va trop lentement,
00:28:20 parce que justement la société n'a pas pris conscience de ce sujet.
00:28:24 – C'est très intéressant ce que vous dites, c'est un exemple.
00:28:27 La société n'a pas pris conscience, vous êtes d'accord Mourada et Tabouch ?
00:28:32 – En partie oui, c'est vrai qu'on oublie quand même que les agriculteurs,
00:28:35 les éleveurs sont en première ligne, ils sont sur la ligne de front.
00:28:38 Donc évidemment ce sont les premières victimes, ils vivent aujourd'hui la sécheresse.
00:28:42 Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a 4,5 millions de maisons
00:28:45 qui sont aujourd'hui dans des situations, sur des sols argileux,
00:28:49 et ils seront victimes demain de retraits gonflements.
00:28:52 Ça veut dire qu'aujourd'hui il y a 4,5 millions de personnes
00:28:55 qui vont être de toute façon impactées.
00:28:57 C'est-à-dire que ça touche pas seulement le secteur agricole, ça touche toute l'économie.
00:29:01 C'est-à-dire que la viande, il faut de l'eau, le jean, il faut de l'eau.
00:29:04 Il faut de l'eau partout, donc à un moment ou à un autre.
00:29:06 Et vous avez raison de poser cette question, et c'est important d'en parler,
00:29:09 parce qu'effectivement on est aujourd'hui dans une situation
00:29:12 où on a une bombe à retardement.
00:29:15 25% des guerres dans le monde sont liées à la sécheresse.
00:29:18 25%, un quart, c'est énorme.
00:29:21 Le Darfour, personne ne s'en souvient.
00:29:23 Mais c'est un problème de raréfaction des points d'eau.
00:29:25 Ça veut dire qu'à un moment, il y a un conflit d'usage.
00:29:28 Entre deux communautés, il y a moins d'eau,
00:29:31 donc forcément il y a moins de facilité à accéder à l'eau
00:29:34 pour son bétail ou pour l'agriculture.
00:29:36 - Serge Zaka, je pose la même question, est-ce que c'est une catastrophe ignorée ?
00:29:40 - Tout à fait, moi je suis d'accord avec les deux précédents intervenants.
00:29:45 Moi je parle de la société bouton.
00:29:48 Vous savez la société où dès qu'on appuie sur un bouton,
00:29:51 on a un Uber qui arrive, dès qu'on appuie sur un bouton,
00:29:53 on a un post qui est posté sur les réseaux sociaux, on a tout ce qu'on veut.
00:29:56 Et en fait on a eu une société de consommation,
00:29:59 une société où tout était à disposition dans les supermarchés.
00:30:03 On ouvrait le robinet, il y avait de l'eau qui coulait.
00:30:06 On est dans une société où on s'attend à ce que l'eau coule toujours,
00:30:11 on s'attend à ce que la nourriture est toujours sur les étalages.
00:30:14 Mais ce qu'on ne comprend pas, et ce qu'on veut ignorer,
00:30:16 ou ce qu'on met sous le tapis, c'est que l'eau ne coulera pas toujours
00:30:19 s'il y a des sécheresses comme on pourrait avoir en 2023.
00:30:22 Et les produits agricoles ne seront pas français sur les étalages.
00:30:25 S'il y a des sécheresses en France, on les importera de l'étranger.
00:30:29 Donc au final il faut que la société se rende compte déjà
00:30:33 juste que ce qui est acquis dans les supermarchés,
00:30:37 ce qui est acquis, l'électricité, l'eau, les droits également,
00:30:40 ce n'est pas forcément acquis pour toujours, et il faut les préserver.
00:30:44 La sécheresse en fait partie, il faut préserver l'eau,
00:30:47 il faut la rediriger vers les activités.
00:30:50 Mais quand je vois les personnes qui lavent leur voiture du côté de Perpignan,
00:30:54 qui lavent leur voiture encore du côté de Montpellier,
00:30:56 qui remplissent leur piscine, je trouve qu'on est passé de la société de boutons
00:31:00 à la société de l'égoïsme.
00:31:03 - Bien. Serge Zaka, nous allons avec vous et avec tous nos invités faire le constat,
00:31:08 regarder ce qui pourrait se passer dans les semaines et les mois qui viennent,
00:31:12 et puis ensuite dans la deuxième partie de l'émission,
00:31:15 nous essaierons de réfléchir aux solutions à trouver, à appliquer,
00:31:19 pour effectivement faire face à cette sécheresse envahissant.
00:31:25 La sécheresse, tiens, je prends toujours l'exemple,
00:31:28 mais tout le monde prend l'exemple de cette commune de Seyans,
00:31:31 dans le Var, que nous connaissons.
00:31:33 À Seyans, les restrictions d'eau, il n'y a pas qu'à Seyans,
00:31:37 qu'il y a déjà des restrictions d'eau, mais à Seyans,
00:31:39 les restrictions d'eau ne se sont pas arrêtées depuis l'été dernier.
00:31:44 - Félix Mathieu.
00:31:45 - Oui, un tuyau d'arrosage barré comme un panneau "sans interdit"
00:31:47 s'affiche à la une du site internet de la commune.
00:31:50 Limitation et restrictions d'eau sur le territoire communal
00:31:53 jusqu'au 15 mars 2023.
00:31:55 Interdiction d'arroser son jardin, de laver sa voiture,
00:31:58 ou de remplir évidemment sa piscine sur la partie nord du territoire de la commune
00:32:02 depuis l'automne, puis l'hiver.
00:32:04 Ces restrictions ont été repoussées de mois en mois,
00:32:06 faute de pluie pour recharger les nappes phréatiques mises à mal cet été.
00:32:11 La source qui alimente Seyans coule deux fois moins vite qu'il y a quelques années.
00:32:15 Cet automne, un camion-citerne alimente encore quotidiennement
00:32:18 le village en eau potable, faute de débit suffisant.
00:32:20 - Voilà, voilà. Et nous sommes en février.
00:32:23 Interdiction d'arroser son jardin, de laver sa voiture,
00:32:25 on entend ça, ou de remplir une piscine,
00:32:27 on entend ça au mois de juillet, au mois d'août, ou au mois de juin.
00:32:31 Mais nous sommes en février, et on entend cela en février.
00:32:35 Donc la situation est grave.
00:32:37 La situation est grave, parce que les nappes phréatiques,
00:32:42 on va commencer avec cela,
00:32:44 les nappes phréatiques ne sont pas rechargées, c'est cela ?
00:32:48 - Oui, tout à fait, elles ne sont pas rechargées.
00:32:50 Il y a une absence de pluie très très importante.
00:32:53 On peut aussi parler malheureusement de l'absence d'enneigement,
00:32:56 puisque les neiges sont les stocks d'eau qui vont après nous alimenter.
00:33:03 C'est gravissime.
00:33:05 Et il est important qu'on se rende compte qu'il faut changer des choses.
00:33:11 - Il faut changer, mais ça on y viendra tout à l'heure.
00:33:13 Les nappes phréatiques, Serge Zaka,
00:33:16 si elles ne sont pas rechargées avant avril, que se passe-t-il ?
00:33:22 - Alors un peu de pédagogie quand même pour expliquer.
00:33:24 De novembre à mars, c'est la période de recharge des nappes phréatiques.
00:33:27 C'est le moment où les végétaux n'ont pas de feuilles,
00:33:29 donc ils n'utilisent pas cette eau qui tombe du ciel.
00:33:32 - Pas de bourgeons, c'est au moment où les végétaux font des bourgeons,
00:33:36 qu'ils puisent l'eau dans le sol.
00:33:38 - À partir du moment où les bourgeons sont ouverts,
00:33:40 oui ils commencent à utiliser les végétaux pour faire des feuilles,
00:33:42 des fleurs, des fruits, etc.
00:33:44 Ils transpirent.
00:33:45 Donc en fait toute l'eau qui tombe à partir du mois d'avril
00:33:47 est utilisée par les végétaux.
00:33:49 Mais entre novembre et mars,
00:33:51 c'est vraiment la période de recharge des nappes phréatiques.
00:33:54 Et entre cette période de novembre à mars,
00:33:57 en France, la plupart des mois ont été déficitaires.
00:34:01 C'est-à-dire qu'on n'a pas eu suffisamment d'eau
00:34:03 pour faire remonter les nappes phrétiques
00:34:07 après la sécheresse de 2022.
00:34:09 Donc en fait ce qu'on observe actuellement,
00:34:11 ce n'est pas la sécheresse de 2023,
00:34:13 c'est la sécheresse de 2022 qui se propage sur 2023,
00:34:16 puisque les réserves n'ont pas été remises en place après 2022.
00:34:20 Ce n'est pas suffisant.
00:34:21 Et donc il ne reste plus que le mois de mars
00:34:23 pour se permettre d'avoir le luxe éventuellement.
00:34:27 - Mais il faudrait qu'il pleuve tous les jours au mois de mars
00:34:32 pour arriver à recharger ?
00:34:34 - C'est ça. Il faudrait entre 200 et 250 mm sur toute la France.
00:34:37 Donc il pleut tous les jours régulièrement, toutes les heures,
00:34:40 pour qu'on arrive à un niveau satisfaisant.
00:34:42 Autant vous dire dès maintenant qu'on a très forte probabilité
00:34:45 que l'année 2023 commence avec des nappes phrétiques
00:34:47 qui soient inférieures aux normes de ce qu'on peut observer en mars.
00:34:50 Et pour donner un chiffre, et je laisserai la parole,
00:34:53 pour donner un chiffre, en 2022, on s'inquiétait déjà de la sécheresse.
00:34:56 Il faut savoir que là on est encore 20 à 30% inférieurs à 2022,
00:35:01 en février 2022, les nappes phrétiques sont 20 à 30% inférieures à 2022.
00:35:05 Ça fait 20 à 30% plus grave qu'en 2022 sur l'ensemble de la France.
00:35:10 Et donc on a vu ce que ça a donné en 2022,
00:35:12 on peut imaginer ce que ça donnera en 2023.
00:35:14 - Oui, je regardais, 14 mois déficitaires depuis l'été 2021.
00:35:19 14 mois déficitaires en eau.
00:35:22 Donc c'est insupportable.
00:35:24 - C'est insupportable et vous le dites sans vouloir dramatiser les choses, Serge Zaka.
00:35:30 Vous dites "attention 2023 va être une année, et les années qui suivent".
00:35:36 - Exactement, je ne suis pas là pour faire des catastrophes, ce n'est pas mon rôle.
00:35:40 Je suis là pour donner les chiffres.
00:35:42 Je donne juste des chiffres, et les chiffres à partir du moment où eux-mêmes sont catastrophiques,
00:35:47 je pense qu'on peut dire que la situation est particulièrement catastrophique.
00:35:50 On a eu -85% de déficit depuis en juillet 2022, -30 en août, -35 en octobre, -50 bientôt en février, -15 en décembre.
00:36:01 On a eu juste un mois, il me semble que c'est en septembre, on a eu +15% de l'eau,
00:36:07 et ça n'a pas suffi bien sûr pour tous les autres déficits.
00:36:10 En fait, on cumule des déficits depuis août 2021,
00:36:14 donc je retourne 18 mois en arrière peut-être.
00:36:17 En août 2021, on cumule des déficits depuis,
00:36:21 et donc c'est un cumul d'inquiétude qui augmente chez les agroclimatologues et chez les agriculteurs.
00:36:25 - Et chez les agriculteurs, bien. On va voir les conséquences tout à l'heure.
00:36:28 Bon, vous faites le même constat, Morad haït à bouche.
00:36:32 - Le même constat ? La même inquiétude ?
00:36:35 - La même inquiétude, oui, parce qu'en plus il pleut mal.
00:36:38 Et quand on dit qu'il pleut mal, ça veut dire que même s'il va pleuvoir les 15 prochains jours,
00:36:43 malheureusement il faudrait que la France soit complètement inondée pour rattraper le retard
00:36:48 et recharger les nappes phréatiques.
00:36:50 Ça veut dire que c'est quasiment impossible.
00:36:52 Avec les effets du changement climatique, on est dans des phénomènes extrêmes.
00:36:55 Ça veut dire que malheureusement, on le voit bien, pour recharger les nappes,
00:36:59 on a 15 jours, 3 semaines maximum.
00:37:01 Ça veut dire que ça va aller très très vite.
00:37:03 C'est une bombe à retardement.
00:37:04 Ça veut dire que ce qu'on a eu en 2022, ça va être pire en 2023.
00:37:08 Ce que l'on sait aussi, grâce aux climatologues, du GIEC notamment,
00:37:12 et sur ces questions, on sait que ça va être de pire en pire.
00:37:14 Les records dont on parle à chaque fois pour annoncer des températures caniculaires,
00:37:18 ça va se multiplier dans les années qui viennent.
00:37:20 On va dire à chaque fois "Oh, 20 degrés, record, 25 degrés, record".
00:37:25 On est dans cette situation, dans cette espèce de cercle vicieux,
00:37:29 qui fait que malheureusement, les premières victimes, c'est nous.
00:37:33 C'est curieux, enfin c'est curieux, c'est paradoxal.
00:37:36 Quand on pense à la météo, on donne des températures avant tout.
00:37:40 On s'intéresse aux températures.
00:37:41 Mais ce qui compte, c'est l'hydrométrie.
00:37:44 Ce qui compte, c'est l'eau qui tombe.
00:37:45 Ce n'est pas les températures finalement.
00:37:47 Il peut faire très chaud, mais s'il a plu beaucoup avant, ce n'est pas grave.
00:37:51 - Ce n'est pas tout à fait vrai.
00:37:53 - Non, parce que malheureusement, il y a l'évaporation de l'eau.
00:37:56 - Oui, c'est vrai, il fait chaud.
00:37:57 - Et si l'eau ne rentre pas, on a artificialisé...
00:38:01 - Si les nappes phréatiques sont pleines, c'est moins...
00:38:04 Evidemment, on est d'accord, mais aujourd'hui...
00:38:07 - Je vous dis, parce qu'on ne commence jamais sur la pluie qui tombe.
00:38:12 Comprenez ce que je veux dire.
00:38:14 On parle toujours de la température, mais on ne nous donne jamais l'état de nos nappes phréatiques.
00:38:20 Et c'est comme ça, par à-coups, parce qu'on s'inquiète tout à coup, on parle des nappes phréatiques.
00:38:24 - Le BRGM le fait.
00:38:25 - Le BRGM, systématiquement, le fait.
00:38:29 Il tire la sonnette d'alarme.
00:38:30 C'est important, et je suis d'accord avec vous.
00:38:32 Parce qu'à chaque fois, maintenant, à la météo, on annonce la température et la température ressentie.
00:38:37 On devrait ajouter l'eau, la quantité de pluie, mais je suis complètement d'accord avec vous.
00:38:43 Il faut aller vers cette information.
00:38:45 - Alors, nous allons prendre, dans un instant, on va observer une petite pause,
00:38:49 et nous allons prendre Philippe, qui est agriculteur dans l'Haute-et-Garonne,
00:38:52 et il est aussi maire de sa commune, et il constate ce que nous sommes en train de dire.
00:38:57 Il va nous apporter son témoignage, d'ailleurs, n'hésitez pas, 0826 300 300,
00:39:01 faites comme Philippe, appelez-nous, et réagissez.
00:39:03 Il est 11h16.
00:39:04 - Au dalle.
00:39:05 - Bien, nous avons Philippe en ligne.
00:39:07 Philippe, qui est l'un de nos auditeurs, 0826 300 300,
00:39:10 qui est maire et agriculteur, ça tombe bien, dans l'Haute-et-Garonne, à Marmont-Pachasse.
00:39:14 Bonjour Philippe.
00:39:15 - Bonjour.
00:39:16 - Vous êtes maire de la commune, hein ?
00:39:18 - Oui, voilà, je suis maire de la commune.
00:39:20 - Marmont, combien d'habitants, Philippe ?
00:39:22 - Ah, 180, 180.
00:39:24 - Ah, 180. Petite commune du Haute-et-Garonne,
00:39:27 et vous êtes en même temps agriculteur et vous irriguez.
00:39:30 - Voilà, je suis avant tout agriculteur, irriguant,
00:39:33 et donc, et leveur de volaille,
00:39:35 et donc j'irrigue mon maïs pour donner l'alimentation au volaille,
00:39:39 et après on est producteur de semence,
00:39:41 puisque en Haute-et-Garonne, il y a beaucoup de production de semence.
00:39:44 - Bien sûr, j'imagine que vous êtes inquiet.
00:39:46 - C'est grâce à des réserves que l'on a créées dans les années 90,
00:39:51 et qu'on stocke l'eau qui pleut en excès l'hiver,
00:39:55 pour la répartir après, quand il y en a besoin, sur les cultures, au cours de l'année.
00:39:59 C'est quelque chose qui est indispensable pour le monde agricole,
00:40:03 que ces réserves soient créées,
00:40:05 et je pense qu'on doit pouvoir en créer encore,
00:40:07 et peut-être des collectives plutôt que des privées,
00:40:09 mais là où il en manque, c'est le nerf de la guerre pour pouvoir produire.
00:40:13 Je veux dire, voilà quoi.
00:40:15 Et quand on a ce lobby aujourd'hui, il faut le dire,
00:40:18 de l'écologie qui nous empêche d'avancer là-dessus,
00:40:21 c'est lamentable, c'est incroyable.
00:40:24 - Mais vous, vous stockez de l'eau de pluie, Philippe ?
00:40:28 - Oui, oui, oui, de l'eau de pluie qui tombe l'hiver.
00:40:31 Moi j'ai un lac, bon là il n'est pas tout à fait plein,
00:40:33 mais j'ai un sport qui se remplit ce mois de mai et avril.
00:40:36 - Vous êtes inquiet, vous êtes inquiet,
00:40:39 en tant qu'agriculteur, mais aussi en tant que maire de la commune,
00:40:43 inquiet du niveau des nappes phréatiques, et inquiet pour cet été ?
00:40:48 - Inquiet, oui, peut-être un petit peu,
00:40:50 mais dans les coteaux, je vous dis, si on crée des réserves,
00:40:53 on n'a pas à être inquiet, quoi.
00:40:55 On est inquiet parce que justement, on ne crée pas assez de réserves,
00:40:58 et on n'entretient pas ce pouvoir de stocker l'eau, quoi.
00:41:02 On a un barrage de Beauregard-sur-la-Garonne à Agen,
00:41:06 qui est démoli depuis 40 ans.
00:41:09 Ça fait 40 ans qu'il y a des élus qui essayent de vouloir le refaire,
00:41:12 mais à cause des lois européennes, à cause de la loi sur l'eau,
00:41:16 qui nous paralysent pour pouvoir recréer ces choses-là.
00:41:19 C'est lamentable, c'est lamentable.
00:41:21 - Irène Tolré, vous êtes députée européenne, justement.
00:41:24 - Alors, Philippe, je me suis battue sur ce sujet-là, justement.
00:41:27 Donc, en septembre 2019, je suis montée sur la table
00:41:30 pour obtenir une interprétation plus favorable
00:41:33 du nouvel article 74 dans la politique agricole commune.
00:41:36 Et donc, je vous rassure, les eaux de puits, les eaux de ruissellement,
00:41:39 mais également les eaux usées, vont voir être utilisées
00:41:42 pour étendre des réseaux d'irrigation, y compris dans des régions
00:41:46 à l'état dit "moins que bon", en vocabulaire européen.
00:41:49 C'est-à-dire, là où il y a de la sécheresse,
00:41:51 on ne voulait pas autoriser les investissements
00:41:54 dans des structures d'irrigation, alors que, franchement,
00:41:57 s'il y a un endroit où on doit faire attention à ça, c'est justement là.
00:42:00 Parce que l'eau, c'est la production de notre nourriture.
00:42:04 Et la nourriture faite en Europe,
00:42:07 elle émet deux fois moins de gaz à effet de serre que celle qu'on importe.
00:42:10 Donc, manger européen, c'est...
00:42:13 - Je suis content de l'entendre.
00:42:15 - Vous savez, on se bat pour vous, hein.
00:42:18 Vous avez donné en première ligne là-dessus, justement pour débloquer,
00:42:22 parce que sinon, cet article de la PAC bloquait absolument tout.
00:42:26 - Oui. - Sur le terrain, on ne le ressent pas comme ça.
00:42:28 Sur le terrain, on sent que c'est bloqué, que c'est compliqué.
00:42:31 Et ça, il faut arriver à le retransmettre sur le terrain,
00:42:34 que les projets avancent. On ne le transverra pas tout.
00:42:37 - Les projets avancent au niveau européen, mais c'est l'administration
00:42:41 qui règne tolérée. - Parce que les fonctionnaires territoriaux
00:42:45 ne sont pas des ministres, si les dossiers sont là.
00:42:47 Ce sont des dossiers dans votre région qui ont un précédent très très connu,
00:42:50 qui fait peur à absolument tout le monde.
00:42:52 Et donc, tout le monde utilise le principe de précaution,
00:42:55 qui est devenu un principe d'interdiction.
00:42:57 - C'est insupportable. - Et il faut, à un moment donné,
00:42:59 ça, c'est important que les auditeurs le comprennent.
00:43:02 La sécheresse actuelle, elle met en danger nos agriculteurs.
00:43:05 On a plein d'agriculteurs qui doivent partir à la recrète.
00:43:07 Il faut qu'on soit très clair sur le fait,
00:43:09 on investit dans l'irrigation pour notre nourriture, demain.
00:43:13 Et il faut être au rendez-vous, et donc arrêter cette pression,
00:43:17 parce que sinon, avec le mineful administratif divers et variés,
00:43:20 les autorisations mettent beaucoup trop longtemps.
00:43:22 Alors que le BRGM, tout le monde est aligné sur les analyses,
00:43:25 on a toujours des gens qui se pendent aux arbres.
00:43:27 - Bien, merci Philippe.
00:43:29 - Eh bien, merci à vous, et j'espère que ces émissions...
00:43:32 Si vous avez un homme à interviewer à l'Hôtel à Rome,
00:43:35 c'est M. Jean-François Berthomieu.
00:43:37 Vous pouvez faire une émission avec lui, c'est un docteur en biologie,
00:43:40 et je peux vous dire qu'il va vous l'expliquer, le problème de l'eau.
00:43:44 - Merci beaucoup Philippe, dans tous les cas.
00:43:46 Merci. Si on fait cette émission, c'est justement pour faire prendre conscience
00:43:50 aux uns et aux autres du danger de la catastrophe annoncée.
00:43:54 Serge Zaka est toujours avec nous.
00:43:56 Dites-moi Serge Zaka, les récoltes au printemps,
00:44:00 faut-il vraiment s'inquiéter ?
00:44:02 Orge, blé, au printemps cet été,
00:44:05 orge, blé, maïs, fruits et légumes,
00:44:08 le fourrage aussi je pense,
00:44:10 au fourrage aussi, avec une région qui serait particulièrement en danger touchée,
00:44:15 c'est la région Bourgogne-Franche-Comté.
00:44:18 Vous confirmez Serge Zaka ?
00:44:20 - Il n'y a pas que la région Bourgogne-Franche-Comté
00:44:22 qui est concernée par le fourrage, c'est l'ensemble de la France.
00:44:25 Il faut savoir que le fourrage, c'est la production de la prairie,
00:44:28 des végétaux qu'on donne aux animaux pour les nourrir.
00:44:32 Il a été déficitaire de -24% l'an dernier sur l'ensemble du territoire national.
00:44:36 Il y a même des régions de France où on est à -60% au sud de la France.
00:44:40 Ça veut dire que les stocks de fourrage qu'on a l'habitude de faire d'année en année
00:44:44 pour les donner au cas où il y a une sécheresse,
00:44:46 ils sont très faibles en 2022.
00:44:48 On n'a pas vraiment énormément de stocks à donner en 2023.
00:44:51 Il n'y a pas intérêt d'avoir de sécheresse en 2023
00:44:54 puisque les stocks de fourrage sont faibles
00:44:56 et donc on ne pourra pas déstocker avec Vitam et Eternam.
00:44:59 On aura des problématiques de nutrition pour les animaux
00:45:02 et certains animaux qui iront comme actuellement en 2022 à l'abattoir
00:45:06 pour diminuer le chèque-tel national.
00:45:08 On l'a fait en 1921, on a diminué le chèque-tel national européen
00:45:11 à cause d'une sécheresse.
00:45:13 Mais en 2023, on ne s'y attend pas forcément
00:45:15 parce qu'on a une société qui est censée être beaucoup plus développée
00:45:18 et avec un accès à l'eau qui est censé, je dis bien censé,
00:45:21 être beaucoup plus intelligent.
00:45:23 Pour le fourrage, ensuite, on pourra avoir des problématiques
00:45:26 très rapidement s'il ne repleut pas en mars
00:45:29 pour toutes les cultures.
00:45:31 On a les cultures d'hiver qui pourraient s'en sortir un petit peu mieux.
00:45:35 L'orge, le blé, on a vu des hausses de rendement en 2022
00:45:39 sur le nord de la France notamment,
00:45:41 mais dans le sud, on a eu des baisses de rendement de -10%,
00:45:43 une hausse de +5% dans le nord.
00:45:45 Mais c'est surtout les cultures d'été qui pourraient...
00:45:48 - Mais oui ! Fruits et légumes !
00:45:50 - Les fruits et légumes, exactement.
00:45:53 On pourra avoir à la fois des fruits qui sont...
00:45:55 une baisse de rendement,
00:45:57 mais ce qui est encore plus important pour les fruits et légumes,
00:46:00 c'est les marques sur les fruits,
00:46:02 les marques de brûlure, la taille des fruits,
00:46:04 la taille des pommes de terre,
00:46:06 ce qui ne rentre pas forcément dans les calivrages des cahiers des charges
00:46:08 des industries agroalimentaires.
00:46:10 Il n'y a pas que le rendement pour ces environnements.
00:46:12 - Bien sûr.
00:46:13 - Par contre, pour le tournesol, pour le maïs,
00:46:15 on pourra avoir des baisses de rendement drastiques,
00:46:17 comme en 2022.
00:46:19 Je rappelle, en 2022, pour le maïs non irrigué,
00:46:21 c'est -53,9% en Occitanie.
00:46:24 - 53,9%, c'est-à-dire moins de la moitié de la moyenne.
00:46:29 - Ça veut dire quoi ?
00:46:31 Ça veut dire, Serge Zakar, qu'il va falloir planter du mille,
00:46:34 de la pistache, de... ?
00:46:37 - Alors, il y a énormément d'alternatives
00:46:39 qui permettent de gagner quelques petits pourcentages,
00:46:42 mais c'est un ensemble de pratiques
00:46:44 qui permet de faire face au changement climatique.
00:46:46 Donc, il y a, par exemple, des nouvelles variétés
00:46:48 de maïs, de blé, etc.
00:46:50 Donc, c'est des nouvelles variétés
00:46:52 qui ont une utilisation de l'eau plus efficace,
00:46:54 qui utilise beaucoup moins d'eau
00:46:56 pour faire du rendement, de faire des grains.
00:46:58 Ça, c'est l'évolution génétique qui l'a permis.
00:47:01 Il faut savoir que le rendement du maïs
00:47:03 en sécheresse, aujourd'hui,
00:47:05 est équivalent au rendement du maïs
00:47:07 avec toute l'eau qu'il lui faut en 1950.
00:47:09 On a eu une évolution génétique extrêmement importante,
00:47:12 et ça, il faut le souligner.
00:47:13 Ensuite, il y a de nouvelles espèces
00:47:15 qui peuvent arriver.
00:47:17 Donc, par exemple, du sorgho,
00:47:18 qui peut remplacer quelques champs de maïs
00:47:20 qui sont plus fervents et moins favorables au maïs.
00:47:23 On a éventuellement l'orge qui peut remplacer le blé.
00:47:25 On a éventuellement le mille, le millet.
00:47:27 Peut-être même la pistache qui pourrait arriver.
00:47:29 Il y a des tests qui sont en cours du côté d'Avignon.
00:47:31 Peut-être des agrumes dans des régions
00:47:33 où il peut y avoir quand même un peu d'eau.
00:47:34 Des oliviers qui peuvent remonter également.
00:47:36 La vigne aussi, qui peut remonter.
00:47:38 En gros, c'est une évolution plus profonde,
00:47:41 puisqu'il faut créer des filières.
00:47:43 Et je terminerai juste par l'agriculture
00:47:45 de conservation des sols.
00:47:46 C'est une agriculture avec moins de labours,
00:47:48 avec plus de cultures intermédiaires,
00:47:50 donc des couverts végétaux qui font de l'ombre
00:47:52 sur le sol tout le long de l'année.
00:47:54 Et ça évite les pertes en eau,
00:47:56 et ça fait augmenter la réserve utile du sol.
00:47:58 Alors, ce n'est pas magique.
00:48:00 C'est peut-être 5%, 10%.
00:48:02 Mais ceci dit, c'est toujours 5%, 10% de prix
00:48:04 qui, associés à de nouvelles variétés
00:48:06 ou associés à de nouvelles espèces,
00:48:08 font gagner aussi 5 à 10%.
00:48:10 Et tout en ensemble, c'est qu'on pourrait gagner
00:48:12 20, 30% du mieux d'utilisation en eau de l'agriculture.
00:48:15 - Bien, merci Serge Zaka.
00:48:17 Je vous laisse. Vous êtes agroclimatologue.
00:48:19 Dominique Bourg sera avec nous tout à l'heure.
00:48:21 Nous allons prendre Alain aussi,
00:48:23 qui est à Lyon, qui est très inquiet.
00:48:25 Et nous allons parler, après la pub
00:48:27 de 11h30, de 11h28,
00:48:29 nous allons parler des solutions.
00:48:31 Que faire pour maintenant lutter contre cette sécheresse ?
00:48:34 Que faire pour mieux utiliser l'eau ?
00:48:36 Il y a plein de solutions.
00:48:38 Serge Zaka en a abordé une,
00:48:41 amélioration de la génétique des plantes.
00:48:43 C'est une des solutions, mais il y en a beaucoup d'autres.
00:48:45 11h28, à tout de suite.
00:48:47 Vous êtes sur Sud Radio.
00:48:49 Merci d'être avec nous.
00:48:51 Il est 11h31, merci d'être avec nous.
00:48:54 Alors, la situation, la sécheresse,
00:48:57 les conséquences de la sécheresse,
00:48:59 et les solutions pour essayer
00:49:01 de faire face à cette situation.
00:49:03 Alain, lui, en attendant, est inquiet.
00:49:06 Bonjour Alain. - Bonjour.
00:49:08 - Bonjour, merci d'être avec nous.
00:49:10 Vous êtes chef d'entreprise.
00:49:12 Je vous rappelle, je suis très content que vous exprimiez sur le sujet,
00:49:14 et je suis très content de l'évoquer,
00:49:16 parce que ça passe un peu inaperçu,
00:49:18 et pourtant.
00:49:20 Alain, vous êtes inquiet ?
00:49:22 - Je suis inquiet, je suis réaliste.
00:49:24 Je regarde ce qui se passe.
00:49:26 Je m'occupe d'environnement dans le cadre
00:49:28 de mes activités professionnelles,
00:49:30 donc je suis particulièrement sensibilisé.
00:49:32 Il y a encore, à l'heure d'aujourd'hui,
00:49:34 un manque d'information
00:49:36 par rapport au grand public,
00:49:38 qui est quand même invraisemblable.
00:49:40 On fait 10 jours sur Pierre Palmade,
00:49:42 regardez, vous faites une heure sur le climat,
00:49:44 alors ça devrait être l'inverse.
00:49:46 Pierre Palmade aurait dû faire une heure,
00:49:48 et on aurait dû faire 10 jours sur le climat
00:49:50 et sur la peste. - Mais moi je fais une heure par jour,
00:49:52 j'ai pas fait une heure sur Pierre Palmade,
00:49:54 je vous le dis tout de suite.
00:49:56 - Non, mais quand je dis vous, je parle des médias,
00:49:58 je parle pas de vous. - Mais évidemment, vous avez raison.
00:50:00 Mais ça, alors là, c'est un détour.
00:50:02 Et oui, et oui,
00:50:04 non mais ça c'est un vrai problème,
00:50:06 et notamment sur les télévisions en continu,
00:50:08 qui n'arrêtent pas quand elles se saisissent
00:50:10 d'un sujet, et qu'elles voient que ce sujet
00:50:12 marche un peu, et ben hop,
00:50:14 c'est fini, et là vous en avez pour 8 jours.
00:50:16 Je sais comment ça marche. - Voilà, donc vous parlez
00:50:18 de solution, déjà, ça c'est une première solution.
00:50:20 Comment voulez-vous que les gens soient sensibilisés
00:50:22 à une problématique, si une fois
00:50:24 de temps en temps, on leur parle d'un sujet qui est
00:50:26 très technique, qui est compliqué à comprendre,
00:50:28 qui est anxiogène, donc les gens
00:50:30 ils ont envie d'entendre autre chose, quand on leur parle
00:50:32 d'eau, ils ont envie de, ils pensent, aller se baigner,
00:50:34 prendre un bain, ils pensent pas,
00:50:36 faut couper l'eau, faut faire attention
00:50:38 à comment on la consomme. Moi je vois, j'ai une voiture
00:50:40 de luxe par exemple, chaque fois que je la porte
00:50:42 à l'entretien, ils veulent la laver.
00:50:44 Alors je me bagarre avec eux en disant, vous ne lavez pas
00:50:46 la voiture. Pourquoi on lave les voitures
00:50:48 pour la rendre aux clients ?
00:50:50 On pourrait au moins économiser cette eau. Tout à l'heure,
00:50:52 vous aviez un agriculteur. Il ne faut pas
00:50:54 monter les agriculteurs contre
00:50:56 les écologistes, ou vice versa.
00:50:58 Ça c'est une bagarre qui avait lieu
00:51:00 il y a 30 ans, mais aujourd'hui elle est totalement dépassée.
00:51:02 Mais par contre, l'agriculteur,
00:51:04 déjà, quand on voit une chambre de maïs
00:51:06 qui à 2h de l'après-midi,
00:51:08 arrosée en plein soleil, alors qu'il fait
00:51:10 40 degrés, peut-être qu'aujourd'hui, il faudrait
00:51:12 penser à arroser les champs de maïs à minuit.
00:51:14 Je pense que la technologie d'aujourd'hui
00:51:16 permet de mettre un minuteur
00:51:18 qui va enclencher l'arrosage,
00:51:20 qui de toute façon est automatique,
00:51:22 et il arrosera pendant la nuit, où les températures
00:51:24 sont quand même beaucoup moins élevées, les vaporations,
00:51:26 etc. On peut en parler
00:51:28 pendant des journées entières.
00:51:30 J'ai l'exemple d'une amie
00:51:32 qui travaille au Moyen-Orient, qui a gagné royalement
00:51:34 sa vie, donc qui réinvestit son argent dans l'environnement
00:51:36 en France. On est dans une situation
00:51:38 totalement ubuesque, et je vous dirais totalement vraie.
00:51:40 Elle a gardé son ancienne entreprise,
00:51:42 quand elle est partie travailler au Moyen-Orient, ça fait 15 ans qu'elle y travaille.
00:51:44 Elle a gardé son ancienne entreprise,
00:51:46 elle a une fortune de la garder
00:51:48 en activité.
00:51:50 Et bien le tribunal, dont dépend
00:51:52 son entreprise, vient de la mettre en liquidation,
00:51:54 parce qu'elle a un compte courant, évidemment, qui est important.
00:51:56 C'est son argent à elle, mais ils ont mis la boîte
00:51:58 en liquidation. Donc toute son
00:52:00 activité environnementale qu'elle vit en France
00:52:02 via cette entreprise
00:52:04 est actuellement stoppée, parce qu'il
00:52:06 faut qu'elle vienne expliquer au tribunal
00:52:08 que c'est l'argent
00:52:10 de son compte courant, et ce n'est pas un déficit
00:52:12 de l'entreprise. - Oui, bien sûr, je comprends.
00:52:14 - On est dans une situation délirante. Il y a des gens
00:52:16 qui prennent des décisions, on leur met les bâtons dans les roues.
00:52:18 Il y a un problème de constance,
00:52:20 pas seulement que les gens... Cet été, il va arriver
00:52:22 un "El Nino", normalement on va avoir un "El Nino" qui va
00:52:24 arriver à partir, bon, le début de
00:52:26 l'été, les gens ne savent pas trop encore,
00:52:28 août, octobre, mais s'il y a "El Nino"
00:52:30 cet été, ça peut être 4-5 degrés de plus
00:52:32 que l'année dernière, vous vous rendez compte de ce que je suis en train de dire ?
00:52:34 - Oui, non mais je suis d'accord.
00:52:36 Merci Alain pour ce témoignage.
00:52:38 Qu'est-ce que vous vouliez dire ?
00:52:40 Vous vouliez parler, tiens, des forêts, par exemple.
00:52:42 - Oui, alors, peut-être aussi d'abord pour répondre...
00:52:44 - Mourad, aille ta bouche. - Oui. - Non mais, Jean-Jacques, peut-être pour répondre
00:52:46 à notre ami Alain,
00:52:48 notre ami auditeur, aujourd'hui
00:52:50 on fait, c'est-à-dire que
00:52:52 moi en 2006, j'ai lancé une collection, une série
00:52:54 de documentaires qui s'appelle "Sale temps pour la planète"
00:52:56 qui est diffusée sur France 5, rediffusée sur Oushoaïa, etc.
00:52:58 On fait,
00:53:00 là par exemple, je monte une plateforme qui s'appelle
00:53:02 "2 degrés de plus", parce que les gens de 2 degrés,
00:53:04 ils ont l'impression que c'est le Club Med. En réalité,
00:53:06 on va essayer nous d'avoir à la fois
00:53:08 ce qu'on fait ici, c'est-à-dire, diagnostique
00:53:10 et solution. Ce qu'il faut dire,
00:53:12 et il a raison à propos d'"El Nino", "El Nino"
00:53:14 c'est plus de sécheresse
00:53:16 à venir, mais partout dans le monde, ça veut dire des
00:53:18 guerres qui vont malheureusement éclater.
00:53:20 Ce que je voulais dire, c'est que je suis allé en Guyane,
00:53:22 je fais juste une petite parenthèse, je suis allé en Guyane,
00:53:24 à 32 degrés la journée,
00:53:26 la température, on est sur ce fameux point
00:53:28 de bascule, dans les forêts tropicales
00:53:30 humides, à 32 degrés,
00:53:32 la forêt n'est plus un
00:53:34 puits de carbone, mais devient une
00:53:36 émettrice de carbone.
00:53:38 Ça veut dire que là, la température va s'enflammer.
00:53:40 Pire encore que la fonte des glaciers.
00:53:42 Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a
00:53:44 partout, et je suis d'accord pour dire qu'il faut
00:53:46 pas opposer les gens. Il faut au contraire
00:53:48 trouver l'intérêt général. Aujourd'hui, l'ONF
00:53:50 y travaille formidablement bien,
00:53:52 mais contrairement aux agriculteurs, qui peuvent
00:53:54 changer de production d'une année sur l'autre
00:53:56 ou sur deux ans. La forêt, il faut
00:53:58 30 ou 40 ans. 30 ou 40 ans.
00:54:00 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'ONF
00:54:02 pense à la forêt de demain.
00:54:04 Ça veut dire qu'ils essayent des nouvelles espèces.
00:54:06 Ça veut dire que ces espèces, elles viennent
00:54:08 de l'arc méditerranéen.
00:54:10 Les promeneurs du dimanche qui viennent, qui ont découvert
00:54:12 la forêt à la faveur de la pandémie,
00:54:14 ils se disent "Oh là là,
00:54:16 vous allez pas mettre, je sais pas,
00:54:18 des palmiers ou je ne sais quoi." Non !
00:54:20 Oui, il le faut. Le promeneur
00:54:22 ne doit pas juste, parce qu'il dit "Oh là là,
00:54:24 l'ADN de la forêt des Vosges, par exemple,
00:54:26 c'est l'épicéa." L'épicéa, aujourd'hui,
00:54:28 à cause de la sécheresse, il est en train de mourir.
00:54:30 Il est en train de disparaître.
00:54:32 Il y a une petite bête, un insecte qui s'appelle le
00:54:34 scolite, qui est en train de le bouffer
00:54:36 de l'intérieur. Il est en train de mourir.
00:54:38 Il n'y aura plus, dans les Vosges,
00:54:40 d'épicéa. Les chaînes remontent.
00:54:42 Et tout un tas de questions comme ça,
00:54:44 à chaque fois, par exemple, vous prenez les pompiers.
00:54:46 Les pompiers, avant, ils étaient formés
00:54:48 à la lutte contre les incendies
00:54:50 et les méga-feux dans le sud de la France.
00:54:52 Aujourd'hui, ça remonte.
00:54:54 Vous avez aujourd'hui, on l'a vu, évidemment,
00:54:56 en Gironde, mais dans le Nord, dans les Vosges,
00:54:58 ils sont obligés, aujourd'hui,
00:55:00 de former leurs soldats au feu.
00:55:02 Ce qui n'était pas le cas avant.
00:55:04 - Qu'est-ce que vous vouliez dire, Irène Thauvray ?
00:55:06 Vous écoutez, je vous voyais
00:55:08 à la fois approuver, pas toujours.
00:55:10 - Alors, j'approuve, sauf sur le...
00:55:12 - Sauf sur le point des agriculteurs qui peuvent
00:55:14 changer en deux ans, pour peu qu'on ait encore
00:55:16 des agriculteurs. Parce qu'ils se prennent
00:55:18 des chocs climatiques colossaux.
00:55:20 Moi, j'ai été élue
00:55:22 en 2014 maire d'un petit village.
00:55:24 Depuis 2016, il y a eu,
00:55:26 dans mon coin, une catastrophe climatique.
00:55:28 Et avec les systèmes
00:55:30 assuranciels,
00:55:32 qui sont, on passe d'être résolus, mais qui sont pas super
00:55:34 efficaces, quand même, les agriculteurs, ils sont
00:55:36 désabusés. Et donc, il y a beaucoup d'agriculteurs
00:55:38 qui doivent partir à la retraite. Et si on trouve
00:55:40 pas des solutions concrètes,
00:55:42 pour qu'ils aient un bon revenu de l'eau
00:55:44 et produire, je sais pas s'ils vont continuer.
00:55:46 - Mais il n'y a pas que les agriculteurs qui sont
00:55:48 concernés. On parle beaucoup des agriculteurs, à juste raison,
00:55:50 parce qu'ils sont les premiers, ils sont en première
00:55:52 ligne. Toute l'économie. - Mais derrière, toute l'économie.
00:55:54 - Alors, Alain pose une
00:55:56 bonne question, où est passé l'eau ?
00:55:58 C'est très intéressant la question. Je vais prendre
00:56:00 Alain, mais, apparemment, je voudrais accueillir Dominique
00:56:02 Bourg. Bonjour. - Bonjour.
00:56:04 - Merci d'être avec nous, Dominique Bourg.
00:56:06 Vous vous écoutez peut-être
00:56:08 ce que nous disons depuis un moment.
00:56:10 - Oui, j'écoute. - J'ai dit,
00:56:12 en début d'émission, s'écherresse la
00:56:14 catastrophe ignorée, avec point
00:56:16 d'interrogation. Point d'interrogation,
00:56:18 à la limite, j'aurais pu
00:56:20 mettre un point, parce qu'elle est ignorée,
00:56:22 me semble-t-il. Elle est ignorée, Dominique Bourg ?
00:56:24 - Alors, ignorée,
00:56:26 oui et non. En fait, elle n'est pas
00:56:28 ignorée en termes d'angoisse. Je crois que là, les gens se rendent compte
00:56:30 qu'il y a quand même vraiment un
00:56:32 problème, vous parlez des agriculteurs. Effectivement,
00:56:34 eux sont au front.
00:56:36 Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on a vraiment
00:56:38 basculé, on a changé de climat
00:56:40 depuis 2018.
00:56:42 Si vous regardez, par exemple, les vagues de
00:56:44 chaleur, vous regardez les canicules au XXe siècle,
00:56:46 vous allez les compter sur les doigts
00:56:48 d'une main pour la France. Vous vous souvenez,
00:56:50 l'été dernier, vous avez eu trois canicules
00:56:52 dans l'été. Si vous regardez depuis
00:56:54 quelques années, dans l'hémisphère nord,
00:56:56 donc chaque été, vous avez des vagues de chaleur
00:56:58 qui ne cessent de succéder. Donc,
00:57:00 la sécheresse, l'irrégularité
00:57:02 des saisons, les autres
00:57:04 manifestations extrêmes, etc.,
00:57:06 elles ne cessent de se multiplier.
00:57:08 Donc, effectivement, il faudrait
00:57:10 faire de tel sens qu'il n'y ait pas que de l'angoisse
00:57:12 du côté des gens, mais qu'il y ait aussi une information
00:57:14 assez précise, et savoir
00:57:16 que ça, bien, c'est pas quelque chose
00:57:18 de statique, c'est dynamique, ça va continuer
00:57:20 malheureusement à
00:57:22 s'aggraver, et ça veut dire qu'en face,
00:57:24 il faut vraiment changer de A
00:57:26 à Z nos comportements. C'est ça
00:57:28 que ça signifie. - Oui, changer
00:57:30 nos comportements. Alain,
00:57:32 restez avec nous, Dominique Bourg, on nous en parlera,
00:57:34 des solutions, on est entrés
00:57:36 dedans. Alain est à Valence. Bonjour
00:57:38 Alain. - Oui, bonjour M. Bourdin,
00:57:40 je veux remercier le programme de la France 1. - Je vous en prie.
00:57:42 Allez-y. - Alors effectivement, j'avais une question
00:57:44 plus simple, mais avant, je voudrais juste
00:57:46 faire une petite parenthèse par rapport à l'intervention
00:57:48 de notre ami agriculteur
00:57:50 quelques minutes auparavant,
00:57:52 pour dire que le refus des bassines
00:57:54 dans le Poitou, me semble-t-il, il n'y a pas
00:57:56 si longtemps que ça, n'a pas été le fait
00:57:58 de l'Europe. Même si je suis
00:58:00 carbone opposant. - Pas du tout.
00:58:02 - Il n'y a pas que les problèmes
00:58:04 de l'Europe pour faire des réserves
00:58:06 d'eau. - On est d'accord, Alain, évidemment.
00:58:08 - Moi, j'avais une question toute simple
00:58:10 effectivement, à poser à vos spécialistes,
00:58:12 c'est où est passé l'eau ? Parce
00:58:14 qu'en fait, si on a une augmentation
00:58:16 globale des températures,
00:58:18 ça devrait, me semble-t-il,
00:58:20 signifier plus d'évaporation,
00:58:22 donc plus de nuages, or ces nuages,
00:58:24 on ne les voit pas. Est-ce qu'il y a
00:58:26 des zones sur
00:58:28 la planète où la
00:58:30 pluviométrie a énormément augmenté,
00:58:32 par exemple, est-ce qu'on a déplacé les zones de pluviométrie ?
00:58:34 Voilà.
00:58:36 - Vous dites
00:58:38 "plus il fait chaud,
00:58:40 et plus il doit y avoir de pluie".
00:58:42 - Non, non, non, pas tout à fait.
00:58:44 - Ah, bon, alors allez-y. - Je dis "plus
00:58:46 il fait chaud, plus il devrait y avoir
00:58:48 d'évaporation, et donc de création de nuages".
00:58:50 - Bah oui. - Après, les nuages,
00:58:52 effectivement, l'eau doit bien tomber quelque part,
00:58:54 je crois. - Qui veut répondre ? C'est pas si simple.
00:58:56 - Non, c'est pas très simple, ce qui est sûr,
00:58:58 c'est que dans le rapport... - Et puis, on mettra Dominique Bourg
00:59:00 après. - Oui, allez-y. - Dans le rapport du GIEC,
00:59:02 les derniers rapports, il est clairement établi
00:59:04 qu'on est dans des phénomènes extrêmes.
00:59:06 Là, il pleut beaucoup, il va pleuvoir
00:59:08 encore plus. Là où
00:59:10 on a effectivement moins de pluie,
00:59:12 il va pleuvoir encore moins.
00:59:14 L'explication, je pense qu'il faut...
00:59:16 - C'est-à-dire qu'on aura de plus en plus
00:59:18 de fortes pluies,
00:59:20 des diluviennes, inondations
00:59:22 dans certains endroits de la planète,
00:59:24 puis de plus en plus de sécheresse dans d'autres endroits.
00:59:26 - On le voit déjà, il suffit de regarder
00:59:28 le Pakistan, 6 mois
00:59:30 d'inondations extrêmes. On peut
00:59:32 regarder aussi du côté de...
00:59:34 C'était en Thaïlande, 6 mois,
00:59:36 tout le monde se plaignait en France parce qu'on n'avait
00:59:38 plus des disques durs, puisque c'était là-bas
00:59:40 qu'on fabrique, puisqu'on délocalise tellement.
00:59:42 Vrai problème aussi, ça va être la mondialisation.
00:59:44 - Ah oui, c'est sûr. - C'est-à-dire en gros,
00:59:46 produire, consommer, européen,
00:59:48 local, en tout cas, ça c'est une vraie question qu'on doit se poser.
00:59:50 - Mais les migrations,
00:59:52 mais toutes ces questions...
00:59:54 - Jean-Jacques, vous avez d'autant plus raison
00:59:56 que 0,1 degré de plus,
00:59:58 c'est 100 000 migrants de plus.
01:00:00 Ça veut dire que sur nos modes de vie, il va falloir
01:00:02 réfléchir à la manière
01:00:04 dont on va accueillir l'autre.
01:00:06 - Dominique Bourg ? - Oui, alors
01:00:08 quand vous avez un réchauffement
01:00:10 d'un degré, c'est 7% d'évaporation
01:00:12 en plus. Donc effectivement, plus ça se réchauffe,
01:00:14 plus il y a d'évaporation, mais comme
01:00:16 l'a dit l'intervenant précédent,
01:00:18 ces pluies, si vous voulez, elles sont
01:00:20 distribuées de façon beaucoup plus irrégulière.
01:00:22 Effectivement, le Pakistan,
01:00:24 vous avez une mousson qui était du triple
01:00:26 au quintuple de ce qu'elle est habituellement.
01:00:28 Et donc c'est ça, le dérèglement climatique,
01:00:30 les événements extrêmes, c'est-à-dire qu'on a en fait
01:00:32 une répartition des choses
01:00:34 qui est assez différente, et c'était dit,
01:00:36 il pleuvrait encore moins,
01:00:38 et là où il pleuvrait beaucoup, il pleuvrait encore plus.
01:00:40 Donc c'est surtout l'irrégularité.
01:00:42 - Bien sûr, c'est l'irrégularité.
01:00:44 Alain, vous avez la réponse ?
01:00:46 - Oui, oui, oui, tout à fait, ça répond.
01:00:48 - Voilà.
01:00:50 Merci Alain dans tous les cas.
01:00:52 D'abord, vous avez posé une question très pertinente d'ailleurs.
01:00:54 Je vous le dis tout de suite.
01:00:56 Merci, merci. Alors, vous vouliez ajouter quelque chose ?
01:00:58 - Oui, parce que,
01:01:00 tout d'abord, pour rassurer Alain sur le fait
01:01:02 que l'Europe faisait plein de choses, justement,
01:01:04 qui correspondaient à ce problème-là. Parce que
01:01:06 ces phénomènes très violents de pluie,
01:01:08 on les a aussi chez nous,
01:01:10 on a moins de petites pluies régulières,
01:01:12 on a plus de gros épisodes plus violents,
01:01:14 plus fréquents, qui ont comme capacité
01:01:16 de dépasser la capacité
01:01:18 d'absorption des sols. Et c'est pour ça
01:01:20 aussi que ça ne recharge pas les notes
01:01:22 et que ça ruisselle.
01:01:24 D'où l'importance
01:01:26 de financer
01:01:28 avec les eaux en plus,
01:01:30 soit des bassines,
01:01:32 soit des retenues collinaires,
01:01:34 et l'Europe les finance.
01:01:36 - Bien, Vanessa aussi intervient. Il y a beaucoup d'appels
01:01:38 sur le sujet. Je ne suis pas étonné
01:01:40 que ça concerne vraiment les gens.
01:01:42 Il y a une inquiétude, elle est latente.
01:01:44 C'est vrai que les médias, on est
01:01:46 parfois un peu fautif. Je suis assez d'accord avec
01:01:48 les remarques faites tout à l'heure.
01:01:50 On évoque peu ces sujets. Vraiment peu.
01:01:52 Ça ne passionne pas.
01:01:54 À tort. À tort. Parce que c'est
01:01:56 absolument passionnant. Et puis c'est notre
01:01:58 inquiétude globale,
01:02:00 collective. - Et puis c'est un besoin vital.
01:02:02 - C'est un besoin vital. - Et sans alimentation ?
01:02:04 - Mais évidemment.
01:02:06 On prendra Vanessa après.
01:02:08 Il est 11h44, un peu de pub.
01:02:10 - Allez, il est 11h46.
01:02:12 Merci d'être avec nous.
01:02:14 Tiens, nouveau témoignage, puisqu'il y a beaucoup
01:02:16 de monde qui appelle Vanessa.
01:02:18 Et dans le Gers, bonjour Vanessa.
01:02:20 - Bonjour Jean-Jacques. Bonjour à vos invités.
01:02:22 - Vous êtes ouvrière agricole
01:02:24 et la sécheresse vous inquiète vraiment ?
01:02:26 - Moi j'ai eu très peur
01:02:28 pour nos vaches
01:02:30 cet été. Parce que
01:02:32 on a plusieurs parcelles
01:02:34 sur lesquelles on les
01:02:36 disperse. Et il y a une parcelle
01:02:38 en l'occurrence, on n'a vraiment pas pu
01:02:40 les y mettre par manque d'eau.
01:02:42 - Par manque d'eau ? Donc elles maigrissent ?
01:02:44 - Ah ben elles maigrissent
01:02:46 parce que l'herbe, il n'y avait pas d'herbe
01:02:48 déjà il y a deux ans. C'était vraiment
01:02:50 très cru au Sahara.
01:02:52 Et on avait beau
01:02:54 leur apporter du foin, elles en ont pas manqué.
01:02:56 Mais il manquait la richesse
01:02:58 qu'apporte l'herbe en elle-même.
01:03:00 - Bien sûr.
01:03:02 - Donc voilà, le stock a diminué.
01:03:04 - Bien sûr.
01:03:06 - C'est compliqué quoi. Et puis même pour
01:03:08 le fourrage cette année, des fois
01:03:10 on arrive à faire deux coupes
01:03:12 de foin cette année. Et on a
01:03:14 péniblement fait une coupe.
01:03:16 - Ouais. - Péniblement.
01:03:18 - Bien. Merci Vanessa dans tous les cas.
01:03:20 - Mais merci à vous. Et on a eu la vigne
01:03:22 aussi. - Et vous avez de la vigne.
01:03:24 Mais la vigne souffre aussi
01:03:26 de la sécheresse. Pourtant, hein.
01:03:28 - J'ai jamais vu
01:03:30 une année pareille.
01:03:32 Même les plants qu'on avait refournis
01:03:34 parce qu'il y avait des trous,
01:03:36 ils sont morts.
01:03:38 Ils sont morts. Ils ont pas pris.
01:03:40 Donc on a investi et
01:03:42 malheureusement investi à perte
01:03:44 parce que rien n'a pris.
01:03:46 Et le rendement, pareil.
01:03:48 Voilà. Certes, on a eu
01:03:50 l'économie de ne pas faire de traitement
01:03:52 parce que nous on fait que de la bouillie boire de l'aise.
01:03:54 C'est sûr, pendant 4 mois,
01:03:56 il n'y a pas eu
01:03:58 une seule goutte d'eau.
01:04:00 Mais vraiment pas une.
01:04:02 Et ce qui fait que... - Et là, la situation, là ?
01:04:04 - Là, c'est pareil.
01:04:06 On n'a pas l'eau.
01:04:08 On n'en a pas spécialement.
01:04:10 Non, non. Et je peux vous dire que je travaille...
01:04:12 Là, je suis actuellement dans la vigne.
01:04:14 Je travaille en tee-shirt.
01:04:16 Et on est en hiver.
01:04:18 C'est incompréhensible.
01:04:20 Là, on est censés replanter.
01:04:22 On nous a prévu
01:04:24 de l'eau.
01:04:26 J'espère. Parce que c'est pareil.
01:04:28 Les plants, cette année, s'il ne pleut pas,
01:04:30 ben voilà, on va souffrir.
01:04:32 - Merci Vanessa.
01:04:34 C'est intéressant le témoignage de Vanessa
01:04:36 quand elle parle de la vigne. Parce que c'est une
01:04:38 plante qui habituellement résiste
01:04:40 à la sécheresse. Mais même la vigne
01:04:42 aujourd'hui souffre. Et même les oliviers
01:04:44 souffrent de la sécheresse.
01:04:46 Dominique Bourg,
01:04:48 les solutions,
01:04:50 au-delà de l'administration,
01:04:52 il faut absolument faire avancer.
01:04:54 Quelle autre solution, Dominique Bourg ?
01:04:56 Je ne sais pas. Meilleur traitement ?
01:04:58 Meilleure adduction d'eau ?
01:05:00 - Non, il y a différentes solutions.
01:05:02 Mais je voudrais simplement revenir sur deux choses.
01:05:04 Sur ce que vient de dire Vanessa.
01:05:06 - Oui, oui, ça. - Non, on comprend.
01:05:08 Ça fait 30 ans qu'on comprend, si vous voulez.
01:05:10 Mais effectivement, ça ne passait pas.
01:05:12 Et bien sûr,
01:05:14 vous l'avez dit, je peux y revenir,
01:05:16 le rôle des médias, mais pas seulement.
01:05:18 Deuxième chose, sur les mégapastilles.
01:05:20 Non, attention. Alors, c'est vrai
01:05:22 qu'en écologie, c'est rare qu'une affirmation
01:05:24 puisse être universalisée. C'est souvent
01:05:26 variable selon les contextes. Mais de manière
01:05:28 générale, je dis bien, de manière générale,
01:05:30 souvent une mégapastille, ça va perturber
01:05:32 encore plus le cycle de l'eau, ça intensifie
01:05:34 l'évaporation, etc. C'est pas
01:05:36 forcément une solution. Il ne faut pas raconter aux gens
01:05:38 que c'est une solution universelle.
01:05:40 Ça serait faux.
01:05:42 Les solutions, le problème, vous avez à faire
01:05:44 un problème
01:05:46 extrêmement complexe, avec des strates
01:05:48 très différentes. Les solutions, c'est pareil.
01:05:50 Il n'y a pas une solution.
01:05:52 - Non, mais quelles solutions ?
01:05:54 Quelles solutions ?
01:05:56 - Elles sont à différents niveaux.
01:05:58 Je vous parlais des modes de vie. Tout à l'heure, ce qui
01:06:00 était dit sur le lavage d'une voiture,
01:06:02 c'est qu'il y a une habitude, et c'est
01:06:04 complètement absurde. On a un vrai
01:06:06 manque d'eau. Ça vient de manière
01:06:08 brutale. Les gens n'ont peut-être pas encore
01:06:10 bien compris. Mais on va être confrontés
01:06:12 de manière chronique à cette difficulté
01:06:14 de s'approvisionner en eau.
01:06:16 Il y a des attitudes qui étaient normales,
01:06:18 qui ne le sont plus. Effectivement,
01:06:20 ça, c'est les petits gestes. Maintenant,
01:06:22 l'agriculture, vous parliez tout à l'heure du maïs,
01:06:24 dans cette région, où le maïs, qui est en général
01:06:26 une plante plutôt gourmande en eau, n'aura
01:06:28 plus sa place. Alors effectivement, il est déjà
01:06:30 mieux arrosé à midi-huit qu'en plein soleil.
01:06:32 Mais peut-être qu'il y a des certains types
01:06:34 de cultures. Il y a des types d'agriculture
01:06:36 qui permettent de mieux résister.
01:06:38 Dans les pays chauds, on sait ça depuis très longtemps,
01:06:40 avec le paillage, etc., on maintient
01:06:42 l'humidité des sols. Le labour,
01:06:44 c'est terrible quand vous avez une sécheresse,
01:06:46 parce que le sol se dessèche
01:06:48 beaucoup plus rapidement. Vous voyez,
01:06:50 les solutions, elles sont tout à fait multiples.
01:06:52 A la fois, c'est changer
01:06:54 un certain nombre de règles politiques. Par exemple,
01:06:56 le maïs, il y a des régions où le maïs n'a plus
01:06:58 sa place. Et puis, changer nos modes
01:07:00 de vie, il faut que ça aille ensemble,
01:07:02 et effectivement, ce n'est pas la peine d'accuser
01:07:04 une profession ou une autre. - Oui, bien sûr.
01:07:06 Dominique Boursa,
01:07:08 vous avez raison, mais je voudrais quand même
01:07:10 qu'on parle de l'utilisation
01:07:12 de l'eau. Parce que, bon,
01:07:14 pour des raisons agricoles,
01:07:16 à des fins agricoles, très bien,
01:07:18 on en a parlé, mais pour le
01:07:20 quotidien de chacun d'entre nous,
01:07:22 l'utilisation de l'eau, et puis les communes.
01:07:24 Irène Tolré,
01:07:26 la responsabilité
01:07:28 des communautés de communes
01:07:30 sur la gestion de l'eau,
01:07:32 la gestion, le gaspillage,
01:07:34 la perte.
01:07:36 On perd encore beaucoup d'eau.
01:07:38 Les canalisations sont souvent anciennes.
01:07:40 L'adduction
01:07:42 d'eau, il y a un effort considérable
01:07:44 à faire. - Oui, alors, soit dit en passant,
01:07:46 dans le cadre de la nouvelle PAC,
01:07:48 les investissements pour lutter contre
01:07:50 les fuites peuvent être mis remis pour
01:07:52 étendre un petit peu les capacités d'irrigation.
01:07:54 Mais moi, je crois que dans les solutions, il y a
01:07:56 économiser, substituer, réutiliser.
01:07:58 Économiser l'eau en général,
01:08:00 par exemple, au niveau des puissances publiques,
01:08:02 en installant systématiquement, quand il y a
01:08:04 une nouvelle construction ou une rénovation,
01:08:06 un troisième réseau. Ça veut dire quoi ?
01:08:08 Quand on se douche, l'eau peut servir pour
01:08:10 les toilettes. Et ça, mine de rien,
01:08:12 multiplié par 23 millions de foyers,
01:08:14 ça fait pas mal d'économies d'eau. Je rappelle
01:08:16 que l'agriculture, c'est que 8% des prélèvements.
01:08:18 Donc, ça veut dire
01:08:20 qu'on peut travailler sur
01:08:22 les autres. Substituer,
01:08:24 ça veut dire essayer d'éviter
01:08:26 par des nouvelles pratiques, par
01:08:28 des nouvelles plantes, par de la
01:08:30 recherche de mettre de l'eau.
01:08:33 Et puis, réutiliser. On vit de plus en plus
01:08:35 en ville. Ça veut dire qu'on produit
01:08:37 de plus en plus d'eau
01:08:39 en sortie de station.
01:08:41 En France,
01:08:43 on les utilise quasiment pas,
01:08:45 alors qu'aujourd'hui, ce sont des modèles
01:08:47 qui sont utilisés en Israël,
01:08:49 en Espagne, au Danemark, couramment.
01:08:51 - C'est-à-dire, cette eau, c'est de l'eau
01:08:53 retraitée ? - C'est de l'eau retraitée,
01:08:55 qui peut arriver jusqu'à qualité baignade,
01:08:57 c'est ce que demande l'ARS en France. C'est des tests.
01:08:59 Au niveau du Grand Pic Saint-Loup,
01:09:01 on a mis en place, dans plusieurs
01:09:03 communes, des tests pour dire
01:09:05 "on a une population en croissance dans les rots,
01:09:07 on a une attractivité, cette eau,
01:09:09 mettons-la à disposition des agriculteurs,
01:09:11 parce qu'on savait qu'on n'avait pas de cours d'eau majeur et qu'on avait des sustresses.
01:09:14 - Ce sont des eaux usées, retraitées ? - Retraitées.
01:09:16 - Et qui sont utilisées dans l'agriculture ?
01:09:18 - Et qui peuvent être utilisées dans l'agriculture,
01:09:20 qui sont utilisées dans d'autres pays. - Et pourquoi ça se fait pas ?
01:09:22 C'est utilisé en Espagne ?
01:09:24 - Eh bien oui, aujourd'hui, on attend encore les réponses
01:09:26 des ARS. Je peux vous dire, en tant que députée
01:09:28 européenne, j'ai été élue en 2014,
01:09:30 le vice-président de la communauté
01:09:32 de communes du Grand Pic Saint-Loup, il m'en a encore parlé,
01:09:34 en novembre 2022,
01:09:36 Irène fait quelque chose pour qu'on ait nos autorisations.
01:09:38 - C'est la pression sanitaire, en fait,
01:09:40 aujourd'hui, il y a comme ça,
01:09:42 il faut absolument que ces eaux usées soient propres.
01:09:44 Pas de problème de transparence.
01:09:46 Et c'est ça qui est terrible
01:09:48 aujourd'hui, c'est qu'on en arrive parfois
01:09:50 avec des idées simples,
01:09:52 on a face à soi, et notamment les agriculteurs
01:09:54 et les autres, un millefeuille administratif
01:09:56 qui ne sont pas rompus à tous. Vous êtes d'accord avec tout ça ?
01:09:58 - Oui, je suis d'accord.
01:10:00 Oui, tout à fait, avec ce qui vient d'être dit,
01:10:02 sur la question de la réutilisation
01:10:04 d'eau, sur la pression sanitaire,
01:10:06 en fait, on a des administrations qui ont du mal
01:10:08 à comprendre qu'on change, et qu'on change
01:10:10 très rapidement de monde.
01:10:12 Donc effectivement, l'Espagne, c'est un pays chaud,
01:10:14 ça fait très longtemps qu'ils sont habitués à la rareté
01:10:16 de l'eau, et donc effectivement, nous,
01:10:18 on va être à peu près dans la même situation,
01:10:20 donc là, on a une voie d'inspiration.
01:10:22 Maintenant, sur les 8% d'eau pour l'agriculteur,
01:10:24 l'agriculture, non. Au niveau du monde,
01:10:26 la consommation d'eau, c'est...
01:10:28 - Non, pas au niveau du monde.
01:10:30 - Voilà, hein. - Pas au niveau du monde.
01:10:32 - Et au niveau français, on est à 8% ?
01:10:34 - C'est variable, ça va être très variable. Non, 8%, à mon avis,
01:10:36 c'est beaucoup plus, puisque je vous dis, c'est 70...
01:10:38 - C'est pas très bien. - Oui, bah écoutez,
01:10:40 il faut voir d'une région à une autre, mais je pense
01:10:42 8% de la consommation d'eau en France
01:10:44 pour l'agriculture, ça, j'y crois pas du tout.
01:10:46 - Des prélèvements. - Ah, des prélèvements,
01:10:48 oui, mais justement, alors, après,
01:10:50 il y a vraiment un problème. En tout cas, oui,
01:10:52 si vous voulez, la réutilisation,
01:10:54 c'est quelque chose de très important, et surtout,
01:10:56 bien comprendre, si vous voulez, c'est ça qui est terrible,
01:10:58 c'est-à-dire que, nous, il y a des...
01:11:00 comment dire ? Il y a des pays qui, depuis longtemps,
01:11:02 sont confrontés, qui, depuis longtemps,
01:11:04 ont adopté des solutions. Et nous, effectivement,
01:11:06 il y a une forme d'inertie, et on ne veut pas
01:11:08 comprendre que le monde change, et qu'il change
01:11:10 très, très rapidement.
01:11:12 Donc, effectivement, les règles, les politiques publiques
01:11:14 doivent changer. C'est une question
01:11:16 d'urgence, désormais. - Bien, merci beaucoup
01:11:18 Dominique Bourg,
01:11:20 Mourad Haïtabouche, je voulais vous dire... - Non, je voulais dire,
01:11:22 je voulais ajouter, l'ingénierie salvatrice
01:11:24 n'existe pas. Il ne faut pas
01:11:26 attendre des solutions miracles demain.
01:11:28 Il faut, et on l'a vu, par exemple,
01:11:30 sur l'énergie. Les Français,
01:11:32 on leur a dit "Attention, il va y avoir des délestages."
01:11:34 Les Français ont économisé
01:11:36 10% aujourd'hui de leur électricité.
01:11:38 - On pourrait économiser 10% de l'eau
01:11:40 qu'on consomme. - Bien sûr, sans problème.
01:11:42 - Sans problème. - Sans problème.
01:11:44 - Mais c'est vrai qu'on n'est pas...
01:11:46 - Parce que ça paraît tellement naturel, encore
01:11:48 plus naturel, d'ouvrir son robinet
01:11:50 que d'avoir chaud. - Et pourquoi on
01:11:52 n'installerait pas des robinets qui,
01:11:54 justement, livrent juste un litre, pas plus ?
01:11:56 Les douches, ça s'arrête au bout
01:11:58 de... En fait, ça, c'est une volonté politique
01:12:00 d'imposer, au niveau
01:12:02 européen, pourquoi pas,
01:12:04 aux constructeurs, aux fabricants
01:12:06 de robinetterie, on leur dit "Voilà,
01:12:08 vous devez faire comme un compteur." - C'est la liberté
01:12:10 individuelle, après. - Voilà.
01:12:12 - On a bien vu que sur la pandémie,
01:12:14 la liberté individuelle, quand on est en temps
01:12:16 de guerre, il faut changer nos
01:12:18 habitudes. - On est en temps de guerre, là.
01:12:20 - Oui, clairement. - Guerre climatique, oui.
01:12:22 - Guerre climatique, oui. - Oui, oui.
01:12:24 - Après, je pense qu'il y a d'autres
01:12:26 normes européennes qu'il faut surtout
01:12:28 ne pas faire bouger. En ce moment, on a une grosse pression
01:12:30 vu le manque d'engrais pour faire bouger
01:12:32 la directive nitrate. - Oui. - Alors moi, je dis
01:12:34 que vu qu'on manque d'eau, c'est vraiment pas
01:12:36 le moment que, en plus, on concentre
01:12:38 les nitrates. C'est-à-dire qu'on doit vraiment se dire
01:12:40 que l'eau, c'est essentiel pour la vie,
01:12:42 on a besoin de 750 litres... - On est constitué
01:12:44 d'eau. - Voilà, d'eau. On a besoin
01:12:46 d'alimentation, donc on a besoin de
01:12:48 notre agriculture européenne, on doit être au rendez-vous
01:12:50 de l'eau pour les
01:12:52 agriculteurs, donc faisons en sorte que
01:12:54 les politiques publiques
01:12:56 ne gâchent pas la qualité
01:12:58 de l'eau. - Juste un mot,
01:13:00 peut-être, Jean-Jacques, pour dire qu'effectivement,
01:13:02 l'éco-anxiété dont on parlait, il y a des études
01:13:04 qui montrent que les jeunes sont de plus en plus
01:13:06 anxieux à cause de ce sujet.
01:13:08 Pourquoi ? Parce qu'on en parle souvent comme une
01:13:10 catastrophe annoncée. Ce qu'il faut
01:13:12 dire, c'est qu'en fait, ce dont ils ont le plus peur,
01:13:14 c'est le manque d'action
01:13:16 sur le climat pour essayer
01:13:18 d'inverser, en fait, cette réalité
01:13:20 et ce changement climatique en cours.
01:13:22 Ça veut dire qu'aujourd'hui, si on reste
01:13:24 passif, si les gouvernements restent
01:13:26 passifs, là on va vraiment dans le mur et
01:13:28 l'éco-anxiété va augmenter et on va avoir
01:13:30 des jeunes qui vont être vraiment
01:13:32 pour le coup tendus.
01:13:34 - Il est 11h58, merci d'être venu
01:13:36 nous voir, merci d'avoir participé à ce
01:13:38 débat. - 11h58,
01:13:40 Sud Radio, merci. - Bien, donc,
01:13:42 comme je le disais
01:13:44 il y a quelques minutes, 12
01:13:46 points retirés sur le permis
01:13:48 en cas de conduite sous l'emprise de stupéfiants.
01:13:50 C'est la proposition de Gérald Darmanin.
01:13:52 Qu'en pensez-vous ? 0,826,
01:13:54 0,630, 0,320. Nous allons en parler
01:13:56 donc dans un instant avec
01:13:58 deux invités. Pierre Lagache, donc,
01:14:00 qui est vice-président national de la Ligue contre
01:14:02 les violences routières. Vous êtes là, Pierre Lagache ?
01:14:04 Bonjour. - Bonjour.
01:14:06 - Merci d'être avec nous. Et Maître Philippe Courtois,
01:14:08 avocat spécialisé dans la défense
01:14:10 des victimes des accidents de la route. Bonjour.
01:14:12 - Bonjour. - Et merci d'être avec nous en studio.
01:14:14 Alors, est-ce
01:14:16 une bonne idée ou mauvaise idée,
01:14:18 Pierre Lagache ?
01:14:20 - Bah écoutez, c'est
01:14:22 en tout cas, c'est un peu surprenant,
01:14:24 cette annonce de Gérald Darmanin,
01:14:26 puisque depuis des mois,
01:14:28 on observe quand même une politique nationale
01:14:30 de la sécurité routière qui est plutôt au point mort.
01:14:32 On a observé des
01:14:34 reculades successives sur
01:14:36 le 90 km/h,
01:14:38 sur le
01:14:40 110 km/h sur autoroute, sur le contrôle
01:14:42 technique des motos, plus récemment
01:14:44 sur les radars
01:14:46 urbains. Et donc,
01:14:48 il aura fallu finalement
01:14:50 un accident dramatique
01:14:52 qui implique une personne connue pour que
01:14:54 le ministre de l'Intérieur s'intéresse
01:14:56 à nouveau à la sécurité routière. Donc, c'est
01:14:58 notre première réaction quand même par rapport
01:15:00 au contexte. - Bon.
01:15:02 Mais ça, sur le fond,
01:15:04 au-delà du commentaire,
01:15:06 sur le fond, vous êtes favorable ou pas ?
01:15:08 - Si vous voulez, c'est un sujet
01:15:12 quand même, le fait
01:15:14 de constater. - Oui, c'est un sujet. Mais est-ce que
01:15:16 vous êtes favorable ou pas ?
01:15:18 - On est favorable au renforcement
01:15:20 des sanctions vis-à-vis des conducteurs
01:15:22 ayant des comportements
01:15:24 délinquants, déviants sur la route.
01:15:26 Oui, il faut renforcer les sanctions.
01:15:28 Si la réponse attendue est celle-là,
01:15:30 bien évidemment. Parce qu'on constate
01:15:32 notamment par
01:15:34 les relations qu'on a avec les victimes
01:15:36 que les peines
01:15:38 finalement qui sont prévues par la loi
01:15:40 et qui sont importantes, puisque dans le cas présent,
01:15:42 ça peut aller jusqu'à 10 ans de prison
01:15:44 et 150 000 euros d'amende,
01:15:46 ces peines ne sont jamais prononcées,
01:15:48 y compris dans des cas où
01:15:50 on a des comportements inacceptables.
01:15:52 Donc,
01:15:54 le fait que les sanctions
01:15:56 soient renforcées auprès
01:15:58 de ce type de conducteur,
01:16:00 c'est plutôt une bonne chose. Mais faisons en sorte
01:16:02 que la loi soit davantage appliquée.
01:16:04 C'est le sens
01:16:06 d'une démarche qui est menée
01:16:08 actuellement par le sénateur Laurent Saumon,
01:16:10 qui travaille sur
01:16:12 la notion de domicile routier
01:16:14 et qui a fait une proposition de loi
01:16:16 qui doit être examinée par le Sénat
01:16:18 pour faire en sorte que les indulgences,
01:16:20 parce qu'il y en a encore trop, beaucoup,
01:16:22 les indulgences qui soient
01:16:24 accordées
01:16:26 dans le cadre d'aménagements de peines
01:16:28 ne soient plus d'actualité.
01:16:30 - Bien. Alors, aujourd'hui,
01:16:32 je me tourne vers vous, maître Courtois, aujourd'hui,
01:16:34 lorsque l'on conduit
01:16:36 sous l'emprise de stupéfiants, on risque
01:16:38 si l'on est pris, 6 points en moins.
01:16:40 - Oui, tout à fait.
01:16:42 - 6 points et pas 12. 12, je propose d'Armagnac.
01:16:44 Aujourd'hui, c'est 6 points.
01:16:46 Et jusqu'à prison,
01:16:48 comme l'a rappelé Pierre Lagage,
01:16:50 et si il y a accident,
01:16:52 évidemment, très, très
01:16:54 forte indemnisation et amende.
01:16:56 - Oui, c'est vrai. Mais même la conduite
01:16:58 de la drogue, il peut y avoir des sanctions
01:17:00 importantes, mais elles ne sont jamais appliquées.
01:17:02 Il n'y a jamais des sanctions qui vont
01:17:04 dans ce sens-là. Ce qui est dommage avec ces annonces,
01:17:06 c'est que c'est vraiment d'actualité. On va parler
01:17:08 de domicile routier parce que, on en a parlé la semaine dernière,
01:17:10 on va parler de la drogue parce que le responsable
01:17:12 avait de la drogue et on obéit tout le reste.
01:17:14 En fait, ce qui est dommage, c'est que, je suis tout à fait
01:17:16 d'accord avec M. Lagage, c'est qu'il y avait depuis plusieurs mois,
01:17:18 plusieurs années, une demande des associations
01:17:20 pour qu'il y ait une réforme générale
01:17:22 complète sur la prévention,
01:17:24 sur les médicaments. On n'en parle pas.
01:17:26 Pourquoi M. Darmanin ne parle pas des médicaments de classe 3
01:17:28 qui interdisent la conduite ?
01:17:30 Et on en a énormément. L'alcool, je vais arrêter
01:17:32 d'en parler, puisque de toute manière, en France,
01:17:34 si on enlève nos 0,5, ça ne va pas aller.
01:17:36 Donc, autant les laisser. Mais, dans l'absolu,
01:17:38 il y a plein de choses qui ne sont pas faites
01:17:40 pour aller plus loin.
01:17:42 - Non, mais là, vous soulevez plusieurs problèmes.
01:17:44 Vous parlez du dépistage. C'est vrai
01:17:46 qu'il est plus facile au volant de dépister
01:17:48 l'alcool que de dépister la prise
01:17:50 de drogue. - Oui. Enfin, c'est
01:17:52 plus compliqué. C'est-à-dire qu'on n'a pas les moyens aujourd'hui.
01:17:54 - On n'a pas les moyens, oui. - Mais ce que propose
01:17:56 M. Darmanin, il va y avoir des problèmes juridiques.
01:17:58 Le CBD et le cannabis.
01:18:00 On ne peut pas les différencier pendant le contrôle.
01:18:02 On fait quoi ? On va avoir des
01:18:04 procédures où les confrères vont forcément
01:18:06 arriver à faire tomber cette procédure
01:18:08 pour le CBD. Ce n'est pas la solution,
01:18:10 honnêtement. Là, vraiment, c'est dommage
01:18:12 parce que ce sont des petites mesures qui ont été annoncées
01:18:14 alors qu'on a vu, avec cette affaire
01:18:16 et ces affaires, on a parlé
01:18:18 - on ne parle que de celle-ci - en janvier.
01:18:20 Qui a parlé des 200 et quelques morts sur nos routes ?
01:18:22 Personne. Personne n'en a parlé.
01:18:24 Alors que toute la France s'est vue
01:18:26 énervée, agacée,
01:18:28 qu'on laisse une telle personne être
01:18:30 sanctionnée. La détention, personne n'a compris
01:18:32 ce que ça voulait dire. Ce n'est pas la peine pénale.
01:18:34 - Oui, on s'est expliqué. - Maître Courtois,
01:18:36 avant de
01:18:38 revenir sur les dangers, évidemment, de conduire
01:18:40 parce qu'il faut toujours rappeler ça, les dangers de conduire
01:18:42 sous l'emprise de stupéfiants,
01:18:44 le dépistage.
01:18:46 Regardez les chiffres en 2022, 800 000
01:18:48 dépistages de drogue au volant.
01:18:50 Salivaire ou sanguin.
01:18:52 Combien pour l'alcool ? Beaucoup plus,
01:18:54 j'imagine. Pierre Lagage,
01:18:56 beaucoup plus ? - 7 millions.
01:18:58 Donc on est à 10 fois plus.
01:19:00 - Voilà, 10 fois plus. Pourquoi ? Parce que c'est
01:19:02 plus facile.
01:19:04 Pourquoi est-ce qu'on
01:19:06 dépiste plus l'alcool ?
01:19:08 - Ils sont faits en même temps, les dépistages.
01:19:10 - Ils sont faits en même temps ? - Oui, forcément.
01:19:12 - Alors pourquoi 800 000 d'un côté
01:19:14 et 7 millions de l'autre ?
01:19:16 - Non, non, non, non. Mais après,
01:19:18 ce qu'il faut avoir en tête, c'est que
01:19:20 finalement, ça peut paraître beaucoup,
01:19:22 même 7 millions de contrôles, ça peut paraître beaucoup.
01:19:24 Mais vous voyez,
01:19:26 sur les stupéfiants,
01:19:28 aujourd'hui, on est à peu près à 800 000.
01:19:30 Donc on est à peu près
01:19:32 à 18 contrôles
01:19:34 par jour et par département.
01:19:36 Vous voyez ce que ça représente ? Donc on passerait,
01:19:38 avec le chiffre
01:19:40 de 1 million annoncé,
01:19:42 à 25 à peu près de contrôles
01:19:44 par jour et par département. On voit bien
01:19:46 que le dispositif de contrôle n'est pas à la maille.
01:19:48 On ne peut pas
01:19:50 non plus mettre un gendarme derrière
01:19:52 chaque... - Bah oui, comment on fait ?
01:19:54 La police et la gendarmerie
01:19:56 ne vont pas passer leur temps à
01:19:58 contrôler sur les routes.
01:20:00 - Si vous voulez, je pense qu'il faut une approche
01:20:02 un peu globale du sujet.
01:20:04 Il y a effectivement de la prévention à faire,
01:20:06 ça c'est sûr. Il faut sans doute renforcer
01:20:08 l'action de prévention, notamment
01:20:10 au niveau de nos jeunes, voilà, mais pas
01:20:12 qu'eux, mais il y a
01:20:14 souvent une sous-estimation du risque,
01:20:16 notamment sur le cannabis.
01:20:18 Moi je l'observe assez régulièrement.
01:20:20 Donc il faut agir
01:20:22 là-dessus. Il faut créer les conditions
01:20:24 pour qu'on ait davantage quand même de contrôles
01:20:26 parce que pourquoi ne pas envisager
01:20:28 un même niveau
01:20:30 de contrôle entre l'alcool et les drogues ?
01:20:32 Je pense qu'il
01:20:34 devrait y avoir un niveau de contrôle
01:20:36 qui soit du même
01:20:38 niveau. Et
01:20:40 ensuite, il faut aussi
01:20:42 regarder l'ensemble du
01:20:44 dispositif. On sait par exemple
01:20:46 qu'aujourd'hui les contrôles de police peuvent être signalés.
01:20:48 En France, aujourd'hui,
01:20:50 signaler un contrôle de police sur un groupe Facebook
01:20:52 c'est autorisé, voyez-vous. Il peut y avoir
01:20:54 d'autres systèmes aussi dans d'autres pays.
01:20:56 Il y a des pays, notamment la Suisse,
01:20:58 qui ont interdit cela. Donc
01:21:00 si on met en place des contrôles et que
01:21:02 les personnes contrevenantes
01:21:04 ont les moyens
01:21:06 d'échapper à ces contrôles, vous voyez qu'il y a
01:21:08 aussi là un sujet. Donc c'est vraiment une approche
01:21:10 très globale. Et ensuite, il y a
01:21:12 la question des peines. Il y a la question
01:21:14 des peines. Et là, c'est moins un problème
01:21:16 de loi que de faire exécuter
01:21:18 la loi.
01:21:20 - 12 points de permis
01:21:22 en moins, il n'y a pas de...
01:21:24 On ne fait pas exécuter ou pas. On a 12 points de permis
01:21:26 en moins, on perd son permis.
01:21:28 - Rien n'empêche de conduire. On aura plus de personnes
01:21:30 sur les routes sans permis qu'autre chose. C'est un risque aussi.
01:21:32 - Oui. - C'est un risque.
01:21:34 - Mais d'accord. Mais oui, il y a toujours
01:21:36 quand il y a sanction, il y a toujours risque.
01:21:38 Que la loi ne soit pas appliquée par ceux qui sont
01:21:40 sanctionnés. - Mais ce qu'elle a appliqué
01:21:42 aujourd'hui, c'est ça le problème.
01:21:44 Je sais, on ne va pas aimer, mais on prend juste M. Palmade
01:21:46 X arrestation,
01:21:48 jamais de véritable sanction. On fait quoi ?
01:21:50 - Non mais c'est vrai, vous avez répondu. - Et à chaque fois, il faut dans tous les
01:21:52 décisions correctionnelles, vous avez toujours
01:21:54 une personne. Alcool stupéfiant,
01:21:56 plusieurs arrestations. Ah, j'ai enfin compris, parce que
01:21:58 j'ai causé une irréparable.
01:22:00 Ah oui, mais avant, on fait quoi ? On ne l'aide pas.
01:22:02 On va faire un petit stade de sensibilisation
01:22:04 parce que ça rentre dans l'état à quelques centaines de millions.
01:22:06 - Mais je ne sais pas, il n'y a pas de visite médicale obligatoire ?
01:22:08 - C'est un suivi. C'est un suivi pendant
01:22:10 quelques mois. On va juste vous faire...
01:22:12 Vous avez pas appris quelque chose. Mais il n'y a rien du tout.
01:22:14 Et c'est vrai que c'est plus sur la
01:22:16 prévention, la peur du risque. Elle pourrait
01:22:18 marcher si, quand vous n'êtes pas assuré,
01:22:20 c'est le fonds de garantie et vous devez
01:22:22 rembourser ce que le fonds de garantie paie aux victimes.
01:22:24 Là, aujourd'hui, vous avez bu, fumé, enfin tout ce que
01:22:26 vous voulez, l'assurance va payer.
01:22:28 Vous, ça ne vous coûte rien. Sinon, on fait le même principe.
01:22:30 Et on dit, voilà, si vous n'avez pas de permis,
01:22:32 l'assurance est obligatoire.
01:22:34 Vous n'avez pas d'assurance, vous devez rembourser. Pas de permis,
01:22:36 vous devrez rembourser votre propre assurance.
01:22:38 Je ne suis pas certain que ça fonctionne
01:22:40 pas dans ce sens-là.
01:22:42 Ça pourrait être une bonne solution.
01:22:44 Pareil pour l'alcool, pareil pour la
01:22:46 polystérition. - Vous voulez faire la gâche.
01:22:48 - Non, mais je crois qu'on sait
01:22:50 qu'une bonne politique de sécurité autoritaire, c'est
01:22:52 une politique équilibrée. Donc, certains
01:22:54 prônent davantage de
01:22:56 prévention, d'autres davantage de contrôle.
01:22:58 Il faut être présent sur tous les champs, si vous voulez.
01:23:00 Si on est vraiment
01:23:02 beaucoup présent sur la prévention, mais
01:23:04 pas assez sur le contrôle-sanction, ça ne
01:23:06 fonctionne pas. Et inversement.
01:23:08 Donc, voilà, il faut vraiment
01:23:10 appréhender les choses de façon
01:23:12 très globale, et puis
01:23:14 peut-être aussi muscler
01:23:16 le côté accompagnement, finalement,
01:23:18 des populations
01:23:20 avec addiction.
01:23:22 Ce n'est pas trop dans notre culture d'accompagner
01:23:24 de façon très serrée
01:23:26 ce type de politique.
01:23:28 Il suffit de constater, par exemple, les étirotestes
01:23:30 anti-démarrage qui existent depuis très longtemps.
01:23:32 Ils sont très peu développés en France
01:23:34 aujourd'hui. Très peu. Il suffirait
01:23:36 d'une volonté politique
01:23:38 et d'un peu de moyens mis en œuvre pour que
01:23:40 ces étirotestes soient mis en place pour
01:23:42 les personnes qui ont un problème.
01:23:44 - Ils ne sont pas obligatoires, encore ?
01:23:46 Pourtant, on avait dit qu'ils seraient rendus
01:23:48 obligatoires, ces étirotestes anti-démarrage.
01:23:50 - Pas du tout. - Mais pourquoi ? Parce que
01:23:52 les constructeurs rechignent ?
01:23:54 - Surtout parce qu'on a imposé les radars...
01:23:56 C'est plus les contrôles de vitesse qui ont été développés
01:23:58 plutôt que le reste... On va dire que la vie
01:24:00 humaine en tant que telle n'a pas été préservée
01:24:02 pour le moment. - Mais non, on a développé les contrôles de vitesse
01:24:04 avant tout pour des questions financières.
01:24:06 - Oui, tout à fait. Mais je vous rappelle que tout ce qui était versé
01:24:08 dans les radars automatiques devait revenir
01:24:10 à la sécurité routière. Une bonne partie n'est pas
01:24:12 revenue à la sécurité routière. Rien n'a été fait.
01:24:14 - Pierre Lagache ?
01:24:16 - Oui, encore une fois, il ne faut pas opposer
01:24:18 les facteurs de risque.
01:24:20 Il y a les conduites à risque parce que
01:24:22 consommation de drogue, consommation d'alcool...
01:24:24 La vitesse est aussi un comportement
01:24:26 à risque. D'ailleurs,
01:24:28 la loi prévoit que quand on a
01:24:30 un facteur lié
01:24:32 à une vitesse excessive, les peines
01:24:34 sont aussi augmentées.
01:24:36 Donc, encore une fois, c'est une approche
01:24:38 globale.
01:24:40 On peut quand même constater, au niveau des
01:24:42 radars automatiques, qu'ils ont eu
01:24:44 un effet très important
01:24:46 depuis leur mise en place, puisqu'à l'époque,
01:24:48 on a divisé par deux le nombre
01:24:50 de morts en un an.
01:24:52 - Ce n'est pas que grâce aux radars
01:24:54 automatiques, Pierre Lagache.
01:24:56 - À cette époque-là, si, parce qu'il y a
01:24:58 eu un effet vraiment très massif
01:25:00 sur peu de temps.
01:25:02 C'est beaucoup lié au radar.
01:25:04 Mais, encore une fois, il ne faut pas opposer les choses.
01:25:06 La vitesse reste le premier
01:25:08 facteur d'accident grave, mais
01:25:10 pour autant, il faut effectivement trouver des solutions
01:25:12 sur l'alcool, sur les drogues.
01:25:14 Il faut une politique de sécurité routière.
01:25:16 Information.
01:25:18 Je signale que la France a signé
01:25:20 un accord. L'accord de Stockholm,
01:25:22 qui est un accord qui a été signé dans le cadre
01:25:24 européen en 2020. L'objectif
01:25:26 est de diviser
01:25:28 par deux la mortalité sur nos routes à l'horizon
01:25:30 2030.
01:25:32 Quelle est la feuille de route du gouvernement aujourd'hui ?
01:25:34 Quelle est la feuille de route ? Nous ne le savons pas.
01:25:36 Nous sommes dans une situation
01:25:38 où on est dans une politique
01:25:40 action-réaction.
01:25:42 Ce n'est pas comme ça qu'on gère les choses.
01:25:44 C'est une question de santé publique.
01:25:46 Il s'agit de protéger nos jeunes,
01:25:48 qui sont les premières victimes de la route.
01:25:50 Ce n'est quand même pas un sujet mince.
01:25:52 Donc, ça mérite une politique
01:25:54 structurée,
01:25:56 réfléchie, et qui s'instille
01:25:58 dans la durée, et pas du coup par coup
01:26:00 avec de la communication
01:26:02 telle que ce à quoi
01:26:04 on assiste aujourd'hui. - Je rappelle
01:26:06 quand on prend des stupéfiants
01:26:08 et qu'on prend le volant ensuite,
01:26:10 je rappelle les conséquences. Somnolence,
01:26:12 ralentissement des mouvements, du temps de réaction,
01:26:14 faculté mentale perturbée,
01:26:16 agressivité au volant, erreur de jugement,
01:26:18 perte de contrôle, etc.
01:26:20 On n'est pas aptes à conduire.
01:26:22 Que la chose est claire.
01:26:24 Bien,
01:26:26 sur ce que dit Pierre Lagache, vous êtes d'accord ?
01:26:28 - Je suis tout à fait d'accord.
01:26:30 On est tous d'accord pour dire "il faut, il faut, il faut".
01:26:32 - Il faut, il faut, oui. - Et on fait quoi ?
01:26:34 On a tous des idées, et on ne se rencontre jamais tous.
01:26:36 Maintenant, il faut le faire.
01:26:38 Ce n'est pas annoncer l'homicide routier
01:26:40 et la drogue ou autre.
01:26:42 Il faut que tous les acteurs
01:26:44 se retrouvent ensemble, assurances, victimes,
01:26:46 avocats, juristes, magistrats aussi.
01:26:48 Pour qu'il y ait une solution qui soit trouvée.
01:26:50 Là, on parle, je ne vous dis pas dans le vide,
01:26:52 mais sincèrement, sauf M. Lagache et moi-même,
01:26:54 on peut connaître les projets de loi qui sont en cours,
01:26:56 mais sinon, les autres ne le savent pas.
01:26:58 Il faut trouver, dès il faut,
01:27:00 on a tous des idées, c'est certain.
01:27:02 On peut, pour la prévention, faire payer plus.
01:27:04 On peut diminuer ça.
01:27:06 Mais si on ne fait rien, et si on n'est pas écouté,
01:27:08 je pense que toutes les associations sont allées dans le même sens.
01:27:10 On fait des projets,
01:27:12 et c'est d'insister, et il n'y a rien.
01:27:14 Là, ce dont j'ai peur, c'est qu'aujourd'hui,
01:27:16 on a des annonces, et que dans quelques semaines,
01:27:18 on n'en parle plus, et que ça se termine.
01:27:20 Il faudra attendre quoi ?
01:27:22 - Oui, Pierre Lagache, oui.
01:27:24 - Ça n'est pas un problème de structure.
01:27:26 La structure existe, ça s'appelle le Conseil national de la sécurité routière.
01:27:28 Et pourquoi les choses n'avancent pas ?
01:27:30 Parce qu'il n'y a pas de volonté politique.
01:27:32 C'est tout.
01:27:34 À partir du moment où il y a une volonté politique,
01:27:36 souvenez-vous de Jacques Chirac,
01:27:38 en son temps, qui avait fait de la sécurité routière
01:27:40 une priorité de son mandat.
01:27:42 Les résultats ont été au rendez-vous.
01:27:44 C'est une question de volonté politique.
01:27:46 Nous, ce qu'on constate,
01:27:48 c'est que, de plus en plus,
01:27:50 l'État observe la sécurité routière
01:27:52 au travers du baromètre de l'acceptabilité.
01:27:54 C'est-à-dire que, vous savez,
01:27:56 la fameuse phrase de Pompidou,
01:27:58 en son temps, "Il ne faut pas emmerder les Français",
01:28:00 elle est viguement d'actualité.
01:28:02 Et le fond du problème, il est là.
01:28:04 Évidemment, je n'ai pas de souvenirs
01:28:06 d'une seule mesure en termes de sécurité routière
01:28:08 qui ait fait l'unanimité,
01:28:10 qui n'ait pas fait l'objet d'un peu de rejet
01:28:12 de la population, parce que,
01:28:14 nécessairement, c'est souvent vécu
01:28:16 comme une contrainte supplémentaire,
01:28:18 une "perte de liberté", entre guillemets.
01:28:20 Donc, il y a une volonté politique,
01:28:22 un peu de courage,
01:28:24 pour avancer sur la question
01:28:26 de la sécurité routière.
01:28:28 Nous n'avons pas aujourd'hui.
01:28:30 Il faut que le baromètre de l'acceptabilité
01:28:32 soit changé.
01:28:34 Il nous faut un baromètre de l'accidentalité.
01:28:36 C'est celui-là qu'il faut regarder.
01:28:38 Et celui-là, il n'est pas au beau fixe,
01:28:40 parce que, depuis 2013,
01:28:42 le nombre de morts sur nos routes a quasiment stagné.
01:28:44 Donc, il y a à faire.
01:28:46 - Oui.
01:28:48 - Encore une fois, je pense qu'on est tous d'accord
01:28:50 de ce côté-là.
01:28:52 Il n'y a aucune aide pour les victimes,
01:28:54 on n'y arrivera pas.
01:28:56 On dit qu'il n'y a pas de volonté politique.
01:28:58 Maintenant, il faut prendre les devants.
01:29:00 Il faut exiger qu'il y ait des commissions,
01:29:02 qu'il y ait quelque chose, sinon on n'en sortira pas.
01:29:04 Tout ce qui existe, quand j'entends,
01:29:06 les lois, elles existent, autant les appliquer.
01:29:08 Quand vous voyez ce que c'est que la loi,
01:29:10 il y a des obligations. Interdiction de fréquenter les débits de boisson.
01:29:12 Vous l'avez déjà vu dans un bar ou dans un restaurant,
01:29:14 un policier vérifié ? Non.
01:29:16 Il y a obligation de payer, d'indemniser les victimes.
01:29:18 C'est faux.
01:29:20 Et la vitesse, je veux bien qu'on la retienne comme circonstance aggravante.
01:29:22 C'est au-delà de 50 km/h.
01:29:24 C'est particulièrement rare quand même.
01:29:26 Mais c'est vrai, dès qu'on retire
01:29:28 une liberté aux Français, on est tous pareils,
01:29:30 on n'est pas content. La semaine dernière,
01:29:32 tout le monde hurlait au scandale pour la drogue,
01:29:34 pour tout ce qu'elle avait fait cette personne.
01:29:36 Aujourd'hui, on annonce 12 points moins pour ça, pour ça.
01:29:38 On hurle au scandale. Il faut arrêter.
01:29:40 C'est quand même l'aberrant.
01:29:42 On veut trouver une solution, mais on n'est pas d'accord
01:29:44 qu'on nous enlève quelque chose.
01:29:46 Mais qu'on nous enlève des interdits,
01:29:48 c'est-à-dire pas le droit de conduire.
01:29:50 Ça pourrait, je pense, permettre en tout cas
01:29:52 à des personnes de non pas mieux dormir,
01:29:54 mais de se dire, et lorsqu'ils ont perdu un proche,
01:29:56 on aurait pu l'éviter
01:29:58 et allons plus loin. Mais aujourd'hui,
01:30:00 il n'y a aucune solution. Ce qu'a proposé le ministre,
01:30:02 ça aurait été mieux de nous dire,
01:30:04 j'espère dans les prochains jours,
01:30:06 on va avancer, on va faire quelque chose.
01:30:08 Moi, je suis très étonné qu'ils avancent sur l'homicide routier.
01:30:10 Il y a plusieurs projets, moi je ne connais pas le leur.
01:30:12 Je suis très étonné, même là,
01:30:14 personne ne s'est qu'à dedans.
01:30:16 - Bien, merci Maître Courtois, merci Pierre Lagache,
01:30:18 merci d'être venu nous voir.
01:30:20 Évidemment, ça alimente les conversations
01:30:22 et la circulation routière,
01:30:24 la prévention routière et la sécurité routière.
01:30:26 Nous aurons l'occasion d'en reparler
01:30:28 ici même et notamment
01:30:30 parce que,
01:30:32 mais Gérald Darmanin n'en parle plus,
01:30:34 il y avait la volonté
01:30:36 de faire en sorte que
01:30:38 lorsque l'on dépasse la vitesse
01:30:40 de quelques kilomètres heure,
01:30:42 les petits excès de vitesse,
01:30:44 on enlèverait plus de points
01:30:46 à ceux qui,
01:30:48 bon, à ceux qui ne
01:30:50 dépasseraient la vitesse
01:30:52 que de quelques 5 km/h.
01:30:54 C'est ça, 5 km/h.
01:30:56 Bon, ça, c'est un autre débat, on aura l'occasion de le rouvrir.
01:30:58 Merci d'être avec nous.
01:31:00 Tous les matins, André Bercoff.
01:31:02 Soud Radio Bercoff, dans tous ses états.
01:31:04 Appelez maintenant pour réagir.
01:31:06 0826 300 300
01:31:08 0 800 26 300 300

Recommandée