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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Il est 8h13, Chloé Morin, bonjour Chloé.
00:07Bonjour.
00:08Bon, Chloé Morin est politologue, regarde ce qui se passe en politique,
00:13et en ce moment il s'en passe beaucoup.
00:14Michel Barnier, première sortie hier soir sur France 2,
00:18et premières annonces, il a parlé au français.
00:22Vous en retenez quoi, Chloé ?
00:24Alors, il a donné d'un côté quelques grands principes d'action,
00:27et puis quelques orientations.
00:28Sur les principes, il a beaucoup parlé de cohésion, de réconciliation,
00:33de culture du compromis, de fraternité.
00:35Bah oui, c'est bien ça ! On a besoin de ça !
00:39Oui, ça change.
00:40Il a aussi parlé de culture de l'efficacité de la dépense publique,
00:44qui est une culture que nous n'avons pas, dit-il.
00:46Il insiste sur son rejet du sectarisme,
00:48et évidemment, en disant cela, il vise la gauche,
00:51qui n'a même pas voulu discuter avec lui.
00:54Et il nous explique quelle va être sa manière de fonctionner avec Emmanuel Macron.
00:58Nous ne sommes pas en cohabitation, dit-il.
01:00Ce sont des mots importants.
01:02Chacun son rôle.
01:04Le président-président, le premier ministre conduit la politique du gouvernement,
01:08mais ils vont travailler en bonne intelligence.
01:10Oui, c'est-à-dire qu'ils marquent son territoire quand même, Michel Barnier.
01:13Tout de suite, les orientations politiques
01:16surfondent un discours qui dramatise beaucoup les enjeux.
01:19Quelles sont ces orientations ?
01:21Aucune ambiguïté sur le mariage pour tous,
01:24l'APMA donne des gages à Gabriel Attal,
01:27qu'il lui avait demandé hier matin.
01:30Sur l'immigration, pas de surprise,
01:33fermeté, mais humanité aussi.
01:35Il explique qu'on va accueillir moins, mais mieux intégrés.
01:39Pas de hausse d'impôts pour les Français,
01:41c'est un point extrêmement important aussi,
01:43mais une contribution des plus riches et des grandes entreprises
01:46à l'effort indispensable pour réduire la dette.
01:49Sur la réforme des retraites, il veut améliorer la loi,
01:52mais dans le cadre budgétaire actuel,
01:55c'est-à-dire pas de dépenses supplémentaires.
01:57Il dit aussi qu'il veut s'attaquer à la fraude fiscale et à la fraude sociale,
02:01donc ça fait un marronnier de gauche, un marronnier de droite pour équilibrer.
02:04Et le sujet inattendu dont vous avez parlé tout à l'heure,
02:07la santé mentale, un sujet orphelin en France,
02:10et qui deviendra grande cause nationale.
02:12Que vous saluez, que nous saluons tous,
02:14enfin, enfin, un responsable politique
02:17qui s'occupe de la santé mentale des Français.
02:20Enfin ! Voilà pour le cap.
02:22Maintenant, la méthode.
02:24Vous dites que ce gouvernement est vulnérable.
02:26Pourquoi ? Vulnérable, pourquoi ?
02:28Alors, vulnérable, c'est vraiment pour moi le mot qui caractérise ce gouvernement.
02:31D'abord, parce que, ça a été beaucoup dit,
02:34c'est plutôt une équipe de seconde division.
02:36Michel Barnier, hier soir d'ailleurs, l'explique,
02:39il dit « j'ai voulu découpler les enjeux de la présidentielle
02:42par rapport à l'action des deux prochaines années. »
02:45Il n'y a aucun présidentiable dans ce gouvernement.
02:47Mais du coup, le problème derrière ce choix,
02:49c'est que le jour où les présidentiables considéreront
02:52que le gouvernement Barnier ne sert plus leurs ambitions,
02:55eh bien, ils le lâcheront sans problème.
02:58Ils joueront contre lui.
03:00Emmanuel Macron voulait un gouvernement allant du centre-gauche à la droite.
03:03Vous nous dites que la gauche a disparu.
03:05Eh bien oui, c'est la deuxième source de vulnérabilité de ce gouvernement.
03:08La gauche est déjà avant debout.
03:10Et disons les choses prétendent que Didier Migaud,
03:13qui n'est plus socialiste depuis 15 ans,
03:15pourrait incarner à lui seul la gauche au gouvernement,
03:18ce serait se moquer du monde.
03:19Ce gouvernement penche à droite, et d'ailleurs,
03:21Michel Barnier l'assume en déplorant l'attitude sectaire
03:24de la gauche qui n'a pas voulu discuter avec lui.
03:26Alors, vous n'avez pas encore parlé du rassemblement national,
03:29dont on a beaucoup dit qu'il avait un droit de vie
03:31et de mort sur ce gouvernement ?
03:33Eh bien, c'est une autre source de vulnérabilité.
03:35À tout moment, en fonction de sa stratégie personnelle
03:37et de son calendrier judiciaire,
03:39Marine Le Pen peut appuyer sur « éjecte ».
03:41Et elle nous a d'ailleurs prévenu,
03:43elle souhaite des nouvelles élections à l'été prochain,
03:45à moins qu'elle ne change d'avis.
03:47Oui, ça nous verrons.
03:48Et je vais en parler avec Laurent Jacobelli.
03:50Emmanuel Macron, lui, il est satisfait de ce gouvernement ?
03:52Les offres distillées par son entourage
03:55laissent plutôt entendre qu'il n'est pas pleinement satisfait.
03:58Le Parisien nous rapportait hier qu'en privé,
04:00le Président considère que c'est une équipe de second couteau
04:03et qu'il n'y a pas de gros poissons,
04:05contrairement à ce qu'il avait demandé à Michel Barnier.
04:07Souvenez-vous d'ailleurs, dès vendredi,
04:09il disait aux journalistes, c'est son gouvernement,
04:12il le compose.
04:13Sous-entendu, ce gouvernement n'est pas le mien,
04:15ses ministres, je ne les ai pas choisis
04:17et donc je ne serai pas comptable de leur éventuel échec.
04:20Et donc on arrive ici au dernier facteur de vulnérabilité
04:23pour ce gouvernement, c'est Emmanuel Macron lui-même.
04:25Puisque aujourd'hui, certes, il n'a plus la main,
04:28il a encaissé deux défectes électorales majeures,
04:30mais il joue sa place dans l'histoire
04:33dans les trois prochaines années.
04:35Donc je parie qu'il ne va pas renoncer
04:37à se refaire une place dans le cœur des Français,
04:39quitte à ce que ce soit sur le dos de Michel Barnier.
04:42Eh bien, nous verrons bien.
04:43Merci Chloé pour ces remarques.
04:45Restez avec nous, Éric Revelle sera là,
04:47nous allons débattre de tout ça.
04:49Dans quelques minutes, il est 8h18,
04:51Sud Radio, à tout de suite.