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Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 Midi" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00 Europe 1 Midi, Romain Desarbres.
00:04 Les problèmes de surpoids, c'est extrêmement important, ça touche de plus en plus de monde.
00:09 Tiens, rien qu'en France, un français sur deux, 47,3% des français ont un problème de surpoids,
00:15 que ce soit du surpoids ou de l'obésité.
00:18 Alors que fut un temps, on était plutôt épargné en France.
00:21 On est avec le professeur Noca, David Noca. Bonjour professeur.
00:25 Bonjour.
00:26 Merci beaucoup d'être en direct avec nous dans Europe 1 Midi, professeur au service chirurgie du CHU de Montpellier
00:31 et fondateur de la Ligue contre l'obésité.
00:34 Alors ce qui frappe, c'est que le phénomène n'est pas nouveau, mais on n'arrive pas à l'endiguer.
00:39 Ça progresse, comment vous l'expliquez-vous ?
00:42 C'est difficile, tout ce qui est prévention dans les maladies chroniques,
00:47 notamment contre l'obésité, est difficile à mettre en place,
00:50 parce qu'il y a une évolution socio-économique qui est négative.
00:53 On sait qu'il y a une corrélation entre la prise de poids et les revenus socio-économiques.
00:58 Moins on a d'argent, et plus on va être susceptible de développer une obésité.
01:02 Donc l'évolution de notre société aussi au niveau du mode de vie,
01:07 au niveau de la sédentarité, n'est pas en faveur d'une amélioration.
01:10 50% des ouvriers sont touchés.
01:13 Il y a toujours ce lien entre niveau de revenu et mauvaise alimentation.
01:18 Ceci dit, un tiers des cadres, 35% des cadres, sont touchés par des problèmes de surpoids également.
01:24 Un peu moins d'obésité, mais bon.
01:27 C'est vrai que le poids est corrélé aussi au stress.
01:30 Ce n'est pas parce qu'on travaille beaucoup qu'on va obligatoirement
01:34 avoir le temps de se prendre en main au niveau de l'activité physique notamment.
01:38 Donc on pense par des mauvaises habitudes alimentaires souvent.
01:41 Qu'est-ce que vous dites à vos patients quand ils viennent vous voir ?
01:44 "Bonjour professeur, je n'arrive pas à m'en sortir, je n'arrive pas à perdre de poids."
01:49 Déjà, est-ce que vous ne voyez que des patients qui ont des problèmes d'obésité,
01:55 et j'allais dire d'obésité morbide, de vrais problèmes,
01:58 ou est-ce que vous voyez également des patients qui ont des soucis de surpoids ?
02:03 Au-delà des patients, moi à titre personnel, je suis en surpoids
02:08 et je suis chérusin, donc avec des revenus qui sont supérieurs à la moyenne.
02:12 Donc j'ai du mal aussi à mettre en place une activité physique régulière.
02:17 Après, c'est vrai qu'on a quand même un intérêt à avoir une approche pluridisciplinaire.
02:22 Ce n'est pas que le chérusin ou que le nutritionniste qui va gérer le problème.
02:26 Il y a beaucoup de problèmes psychologiques et on a vu dans l'étude qu'on va publier bientôt
02:30 qu'il y a beaucoup de personnes qui ont été agressées sexuellement dans leur enfance.
02:34 On en parle très peu.
02:36 Il y a des gens qui ont de gros problèmes psychologiques sur un divorce,
02:40 d'une décès d'une personne proche, des gens qui sont un peu isolés.
02:43 L'isolement social est aussi, je pense, un problème à mettre en avant.
02:48 Cette étude parle d'obésité, mais elle met en avant le surpoids,
02:52 comme vous l'avez très bien dit, et je pense qu'on en parle peu.
02:55 C'est quand on est en surpoids qu'on peut faire quelque chose de très efficace
02:59 au niveau de la prise en charge non chirurgicale avec un changement de mode de vie.
03:04 Il faut que les gens se sensibilisent à ça
03:08 et qu'on comprenne que l'obésité est une vraie maladie en l'avenir avec le Covid.
03:11 Ce sont les obèses qui mourraient les premiers, et ça c'est un vrai problème.
03:16 Qu'est-ce que vous dites à ceux qui disent "on l'entend, il y a une part de volonté,
03:23 il faudrait faire attention, il faut se prendre un peu en main".
03:26 Alors, je ne veux pas qu'on parle... Personne ne dit que c'est facile,
03:30 mais en se prenant un peu en charge, en se mettant un coup de pied à l'arrière-train,
03:35 comme on dit vulgairement, est-ce qu'on peut arriver à faire quelque chose
03:39 où ça ne sert à rien, vous ne voulez pas en entendre parler ?
03:42 Bon, vous l'entendez ça ?
03:44 Oui, on l'entend tous, on l'entend même dans le milieu médical,
03:47 il faut faire de l'activité physique et moins manger.
03:49 Ce n'est pas aussi facile que ça parce que l'obésité a des causes multifactorielles.
03:54 Il est évident que quelqu'un qui a un problème psychologique majeur,
03:57 si on ne traite pas le problème psychologique, on ne va pas arriver à le mettre sur le bon chemin.
04:03 Donc vraiment, c'est cette prise en charge pluridisciplinaire
04:07 que finalement la chirurgie bariatrique a mis en évidence, qui est la meilleure option.
04:11 Mais si déjà les gens savent que les risques de l'obésité sur la durée de vie,
04:16 sur la qualité de vie, je pense qu'il y aura une prise de conscience
04:20 et qu'on fera un peu plus attention.
04:22 Mais ce n'est pas facile.
04:24 Oui, ce n'est pas facile, bien sûr.
04:25 Chez les jeunes, ça explose, hein ?
04:29 Ça monte, oui. Là, par contre, ce sont nos habitudes de vie.
04:33 Je pense qu'il faut intensifier l'activité physique, et pas que le sport,
04:37 mais la notion de l'activité physique et surtout éviter l'isolement.
04:41 Parce que quand on est jeune, on s'aperçoit qu'on peut changer les choses
04:45 et le traitement est plus efficace chez les jeunes que chez les personnes
04:49 où l'obésité est déjà enquistée.
04:51 Donc il faut vraiment mettre l'accent sur les jeunes
04:53 et on a beaucoup de projets avec la Ligue contre l'obésité
04:56 sur justement le développement d'activités physiques
04:59 et l'accès à l'activité physique plus facile.
05:01 Les jeunes mangent mal ou pas ?
05:03 Clairement, mais c'est aussi notre société.
05:07 Il y a un lobbying autour de l'alimentation qui est quand même assez phénoménal
05:11 et c'est difficile d'expliquer à des jeunes
05:15 que c'est mieux de manger équilibré que de manger un hamburger.
05:19 Clairement, ils ont le droit de manger un hamburger de temps en temps.
05:21 Le problème, c'est l'excès.
05:23 L'excès et les mauvaises habitudes à répétition.
05:25 Et les mauvaises habitudes à répétition.
05:27 Pourquoi est-ce que ce qui est bon est forcément sucré ou gras ?
05:32 Pourquoi est-ce que quand on a besoin de...
05:35 quand on est un peu stressé comme vous dites,
05:37 on a besoin de se tourner vers le sucré et le gras ?
05:39 Qu'est-ce qui fait qu'on ne se tourne pas vers le riz
05:42 ou les haricots cuits à la vapeur ?
05:45 C'est de la chimie.
05:46 Ça serait plus simple.
05:47 C'est clair.
05:48 Ce n'est que de la chimie.
05:49 C'est-à-dire que notre organisme et notre cerveau
05:52 est très sensible et reçoit des influx positifs
05:55 quand on mange sucré ou gras.
05:57 Et on a l'impression d'être assassiné
05:59 avec des répercussions positives pour notre cerveau.
06:03 Mais c'est ponctuel.
06:05 C'est-à-dire qu'après, il faut le répéter.
06:06 C'est une sorte d'addiction pour beaucoup de personnes.
06:09 Oui.
06:10 Quelle est la part de génétique ?
06:12 Souvent on entend "Oui, mais moi je ne peux rien y faire.
06:13 Qu'est-ce que vous voulez ? Je suis comme ça.
06:14 Ma mère était comme ça.
06:15 Mon père était comme ça."
06:17 Quelle est la part de génétique
06:18 et la part de sa vie personnelle,
06:23 de ses us et coutumes, de sa pratique dans son poids ?
06:28 Il y a une part génétique.
06:30 On n'est pas tous égaux devant l'obésité.
06:32 On a un métabolisme qui est différent.
06:34 Chaque patient est différent.
06:35 Mais elle n'est pas si importante que ça.
06:37 Je pense qu'il y a vraiment des choses à faire
06:40 pour essayer d'augmenter la quantité de calories
06:44 qu'on va brûler dans la journée.
06:46 Dans ce cas-là, on peut manger des choses
06:49 qui peuvent nous faire plaisir.
06:50 Mais le jour où on a un problème,
06:52 et moi j'ai beaucoup de patients qui ont eu des problèmes physiques
06:55 de traumatisme au niveau d'accident,
06:57 au niveau du genou ou des hanches,
06:58 ou des anciens sportifs de haut niveau,
07:00 ils vont prendre du poids de façon importante
07:03 parce qu'ils ne peuvent plus avoir cette déperdition calorique.
07:06 Donc s'ils n'ont pas les bonnes habitudes alimentaires,
07:09 c'est là où c'est dangereux.
07:11 Merci beaucoup Professeur Noca.
07:13 Merci d'avoir été en direct avec nous dans Europe 1 Midi.
07:16 C'est passionnant.
07:17 Il y avait encore beaucoup de choses à dire.
07:19 On en reparlera bien sûr dans Europe 1 Midi.
07:21 12h55.
07:23 Merci d'avoir été avec nous.

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