Stéphane Clerget : certains éléments «laissent penser qu’il serait victime d’une bouffée délirante»
Le psychiatre Stéphane Clerget explique que l’enfant qui a poignardé sa professeur à Saint-Jean-de-Luz pourrait être victime de bouffée délirantes puisqu’il a affirmé avoir entendu des voix : certains éléments «laissent penser qu’il serait victime d’une bouffée délirante»
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00:00 -Vous l'avez dit, son état de santé le permet.
00:02 Il est sans doute passé par l'unité médico-judiciaire de Bayonne,
00:07 qui est un lieu à la fois médical et policier.
00:10 Et là, on a dû lui faire un certain nombre de prélèvements
00:13 à la recherche de stupéfiants, de cocaïne, de cannabis,
00:17 mais aussi de médicaments comme des benzodiazépines,
00:21 autant de produits qui peuvent déclencher une bouffée délirante.
00:26 Si c'est une bouffée délirante qui l'a conduit à commettre cet acte.
00:30 La recherche d'alcool, évidemment.
00:33 Et puis, dans un second temps,
00:36 on recherchera aussi s'il n'a pas une tumeur cérébrale.
00:39 C'est rare, mais ça peut entraîner des troubles de la personnalité,
00:43 des troubles du comportement.
00:45 Ensuite, l'autre hypothèse, c'est une problématique psychiatrique.
00:48 Pourquoi ? Parce qu'on nous dit qu'il entendait des voix.
00:51 -Il a dit, très vite après avoir été désarmé,
00:53 "J'ai entendu des voix qui m'intimaient lors d'aller tuer ma professeure."
00:56 -Voilà. Est-ce vrai ? Est-ce pas vrai ?
00:58 En tout cas, si c'est vrai,
01:00 ça laisse penser qu'il serait victime d'une bouffée délirante.
01:03 Qu'est-ce que c'est qu'une bouffée délirante ?
01:05 C'est un épisode aigu qui s'étale sur quelques semaines,
01:09 voire quelques mois, et qui conduit à délirer.
01:13 C'est-à-dire qu'on est coupé de la réalité
01:16 et on a des idées fausses en tête.
01:19 Et du coup, on va adapter nos comportements à ces idées fausses.
01:22 Et ces idées peuvent être, par exemple, des idées de persécution.
01:25 "Cette personne est le diable, elle me menace,
01:28 "elle en veut à ma famille,
01:29 "et donc il faut que je l'émine." C'est une question de survie.
01:33 -Donc, le jeune âge de cet adolescent, 16 ans,
01:37 n'expliquant rien, le fait qu'il ait pu avoir un passage à l'acte
01:41 et jusqu'au meurtre, en fait.
01:43 -Alors, ça peut être, encore une fois,
01:45 s'il n'y a aucun trouble psychiatrique,
01:47 ça peut être quelque chose de réfléchi, de volontaire,
01:50 parce qu'il a un différent avec cette personne.
01:53 Et c'est vrai qu'à 16 ans, on est de toute façon impulsif,
01:57 mais s'il y a des troubles psychiatriques
01:59 qui sont à l'origine de son acte,
02:01 la première hypothèse, c'est la bouffée délirante.
02:04 -D'accord. Il était très calme,
02:05 après ce qu'on dit, les premiers enquêteurs qui étaient sur place.
02:08 Très calme, c'est pour ça, d'ailleurs,
02:09 qu'il a pu être placé en garde à vue.
02:12 C'est incompatible avec la bouffée délirante,
02:14 le fait d'être très calme ou pas ?
02:16 -Non, parce que la bouffée délirante, le thème est variable.
02:18 Ça peut être "je suis le roi du monde",
02:20 c'est pas forcément d'ailleurs agressif,
02:22 mais ça peut être agressif, c'est-à-dire
02:23 "je suis menacé par cette personne,
02:25 mais une fois que cette personne est morte,
02:28 je suis soulagé."
02:30 Donc on n'est pas forcément agressif
02:32 dans le cadre d'une bouffée délirante.
02:34 -D'accord. Donc là, il va falloir un petit peu de temps
02:37 pour que les psychiatres se penchent sur le cas de ce jeune homme,
02:39 voir s'il avait des antécédents,
02:41 s'il était soigné, s'il était suivi ou pas.
02:43 Tout ça sera déterminant, j'imagine.
02:45 -C'est important, parce que
02:47 ces copains désignent une personnalité particulière,
02:50 en tout cas une personnalité de quelqu'un de très inhibé.
02:53 On a entendu dire aussi
02:55 qu'il avait des fois des comportements un peu bizarres.
02:58 Donc est-ce qu'il était suivi
03:00 au dispensaire, au CMP de Saint-Jean-de-Luz,
03:02 ou alors en libéral,
03:04 il y a deux pédopsychiatres à Saint-Jean-de-Luz ?
03:06 Est-ce qu'il était pris en charge ?
03:07 Est-ce qu'il ne l'était pas ?
03:09 En tout cas, il est certain que si on a un adolescent comme ça,
03:13 qui s'isole, qui rumine, qui a des idées bizarres,
03:16 il est important de le conduire en consultation spécialisée.
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