POURQUOI LE RN EST L'IDIOT UTILE DE LA MACRONIE

  • l’année dernière
Ils sont sages, encravatés et se disent disciplinés, veulent incarner à l'Assemblée Nationale l'opposition raisonnable et crédible à la majorité présidentielle relative. Ce sont les 88 députés du Rassemblement National.

Se mettant en scène dans les médias et sur Internet, adoptant un discours emprunté à une certaine gauche populaire, le parti d'extrême droite de Marine Le Pen partage en réalité nombre de positions idéologiques et politiques avec les néolibéraux qui peuplent les bancs du centre et de la droite de l'hémicycle. La xénophobie en plus… bien que ça ne soit plus vraiment, et malheureusement, la marque de fabrique exclusive de l'extrême-droite.

L'opération séduction de l'ex front national qui, pour cette même entreprise de dédiabolisation, à changé de nom, n'est donc pas nouvelle. Mais avec l'arrivée massive et inédite d'une masse de députés au parlement, il semblerait que le parti de la dynastie des Le Pen prenne enfin son envol. Jusqu'à ce que Marine Le Pen elle-même apparaisse, dans un récent sondage IFOP, en tête des personnalités politiques et syndicales incarnant le mieux l'opposition à la réforme des retraites voulue par le gouvernement Macron/Borne.

Mais quelle est, au juste, la véritable alternative proposée par le RN sur ce dossier?
Vient-elle réellement en opposition avec le projet du gouvernement ?
Et plus largement, comment ces nouvelles figures, tel Jordan Bardella, tentent de séduire l'historique électorat volatile avec une certaine gauche?

Ce sont, entre autres, des questions que nous allons nous poser avec Michel Soudais, rédacteur en chef adjoint chez Politis, reçu par Cemil Şanlı à l'occasion de la parution d'un article décryptage sur le sujet.

https://www.politis.fr/articles/2023/02/retraites-ce-que-prone-vraiment-le-rassemblement-national/

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Ils sont sages, encravatés et se disent disciplinés, veulent incarner à l'Assemblée l'opposition crédible et raisonnable à la Macronie.
00:07 Ce sont les 88 députés du Rassemblement National, pardon, se mettant en scène dans les médias et sur Internet,
00:13 adoptant un discours souvent emprunté à une certaine gauche populaire.
00:17 Le parti d'extrême droite de Marine Le Pen partage en réalité nombre de positions politiques et idéologiques avec les néolibéraux
00:23 qui forment les familles politiques situées au centre et à la droite de l'hémicycle.
00:27 La xénophobie en plus, bien que là-dessus le reste de la droite se débrouille plutôt pas mal de plus en plus.
00:33 L'opération séduction alors de l'ex-Franc National qui, pour cette même entreprise, a changé de nom n'est donc pas nouvelle.
00:40 Mais avec l'arrivée inédite et en masse de députés au Parlement, il semblerait que le parti de la dynastie des Le Pen prenne enfin son envol
00:47 jusqu'à ce que Marine Le Pen elle-même apparaisse en tête des personnalités politiques et syndicales incarnant le mieux l'opposition
00:53 au projet de réforme des retraites du Président, selon un récent sondage IFOP.
00:57 Mais au juste, quelle alternative est proposée par l'ORN sur ce sujet ?
01:01 Vient-elle réellement en rupture avec celui du gouvernement cette alternative ?
01:05 Et en plus, et plus largement, comment ces nouvelles figures telles Jordan Bardella tentent de séduire l'historique électorat volatile avec une certaine gauche ?
01:13 Ce sont des questions que nous allons nous poser avec Michel Soudé, rédacteur en chef adjoint du Média Politis, pour ce nouveau Combat de l'Info.
01:21 (Générique)
01:27 – Bonsoir Michel Soudé. – Bonsoir.
01:29 – Comment allez-vous ? – Très bien.
01:31 – Parfait, merci d'être là ce soir avec nous.
01:33 Alors, comme je le disais, vous publiez dans les colonnes de Politis un article fouillé sur le dossier "retraite", retraite au pluriel,
01:41 avec un titre prometteur "retraite, ce que prône vraiment le Rassemblement National".
01:46 Mais, avant d'aller plus loin sur ce dossier, on a beaucoup de choses à dire, pourquoi vous penchez sur le cas Rassemblement National,
01:54 le cas Hérène en général, vous semble si important, par ailleurs, on sait que vous avez écrit, c'est pas la première fois, sur le sujet.
02:02 Pourquoi vous penchez sur le sujet ?
02:04 – Effectivement, ce n'était pas la première fois et ça fait déjà maintenant pas mal d'années
02:09 puisque j'ai commencé à écrire sur le sujet dans Politis en 1988, donc ça ne nous rajeunit pas.
02:16 – J'avais un an. – Non, c'était effectivement une approche à faire, obligatoirement,
02:23 parce qu'il y a effectivement une opposition qui peut être sur le terrain politique,
02:30 et ça c'est aux partis qui ne sont pas d'accord ou en opposition avec le Front National,
02:37 Rassemblement National, de faire le boulot, notamment à s'opposer dans le cadre des élections, etc.
02:45 Mais on a un travail d'information depuis que ce parti existe, depuis qu'il a émergé encore plus,
02:53 et ce travail d'information, il ne faut pas le prendre à la légère.
02:58 Moi, j'ai entendu pendant des années, et on l'entend encore, je l'ai entendu à l'Assemblée Nationale la semaine dernière,
03:05 quand il y avait le débat sur les retraites, on entendait dire, et des grands journalistes à la télé
03:11 recevaient les dirigeants du Front National, ils leur disaient "mais vous n'avez pas de programme".
03:16 J'ai toujours pensé autrement, le Front National a un programme, il peut être évolutif, on peut le critiquer, etc.
03:25 La question c'est de savoir à quel prix ce programme peut venir en application,
03:31 quelles sont les conséquences de ce qu'il défend dans son programme, à supposer qu'il l'applique.
03:36 Mais en tous les cas, il faut toujours prendre ces questions au sérieux.
03:40 Bien sûr, et on va en parler ce soir. Alors revenons à votre article, à votre décryptage.
03:44 Dès le départ de celui-ci, vous vous en prenez au, et je vous cite, "au récit médiatique servi à l'envie par les médias mainstream".
03:51 C'est vos mots. Alors pour illustration, de mon côté, j'ai noté, on le voit à l'écran,
03:55 Lopes qui lui titre en une de son dernier numéro au magazine, vous l'avez sans doute vu passer, "R.N. la conquête silencieuse", titre-t-il.
04:03 Alors très bruyant quand même ce silence, je peux être d'accord.
04:07 Et puis après on se demande d'abord s'ils sont sourds, et puis finalement on réalise que non, au contraire, ils participent au bruit.
04:13 Mais à la fin, que doit-on comprendre, surtout selon vous, en fait,
04:16 que s'il y a des députés aujourd'hui en nombre à l'Assemblée Nationale, c'est de la faute d'abord ou seulement aux médias ?
04:23 C'est en partie aux médias qui ont une responsabilité qu'ils n'ont pas toujours assumée.
04:30 Et on le voit, un certain nombre d'éditorialistes, de commentateurs, parmi les plus en vue, considèrent depuis plusieurs années, déjà,
04:43 on l'avait noté avec Denis Siffert, j'avais fait un petit livre sur Mélenchon et les médias,
04:51 et dans ce petit livre on avait montré qu'il y avait un certain nombre de traitements différenciés,
04:56 où des éditorialistes comme Jean-Michel Apathy, par exemple, considéraient que finalement Marine Le Pen était plus sérieuse que Jean-Luc Mélenchon,
05:04 et ne se cachaient pas de le dire, ils le disent toujours.
05:07 Du Zop l'a dit il y a quelques jours, qu'elle était plus républicaine que certains d'un gauche.
05:11 Même chose du côté d'un Alain Duhamel, donc il y a cette petite musique qui revient,
05:18 où finalement le côté sérieux, le côté non-bruyant des députés du Rassemblement National,
05:28 séduit finalement une bonne bourgeoisie médiatique qui…
05:33 Qui serait dupe ?
05:34 Je ne sais pas s'ils sont dupes, je pense qu'ils partagent une partie des principes, des valeurs défendues par Marine Le Pen.
05:44 La gauche, on en parlait tout à l'heure, elle emprunte à la gauche, une certaine gauche, des discours qui ne pourraient pas plaire aux bourgeois.
05:51 Elle emprunte sur le vocabulaire, en étant pour cela extrêmement fidèle à ce qu'est le Front National depuis une bonne trentaine d'années.
06:05 Que j'avais caractérisé dans un essai que j'avais fait sur ce parti en 1996, comme un parti opportuniste, attrape-tout,
06:15 qui est capable d'adapter son discours pour rechercher un électorat particulier, s'adapter à l'ère du temps,
06:24 et d'où un certain nombre de variations dans ce qu'il pouvait défendre. Mais il reste le noyau.
06:31 C'est marrant ce que vous dites là, parce que s'adapter à tout, un parti s'adapte à tout.
06:35 Rien à voir avec le parti, mais ça me fait penser au capitalisme un petit peu. Le capitalisme qui s'adapte à son époque.
06:40 C'est ce que je pense, du moins, qui pourrait rattraper le moindre truc. Est-ce qu'on pourrait dire que ce parti est le plus capitaliste des partis en France ?
06:47 En tous les cas, ce n'est pas un parti qui remet en question le capitalisme, qui remet en question la libre entreprise.
06:54 Au contraire, dans ses propositions, dans son programme, quand il proposait d'augmenter les salaires,
07:04 et quand il l'a fait dans une proposition de loi venue en discussion il y a quelques semaines,
07:11 finalement, il poursuit ce que la droite libérale a toujours voulu, c'est-à-dire augmenter les salaires en diminuant les cotisations sociales,
07:22 les cotisations patronales, pour aller de plus en plus vers ce qu'ils appellent le salaire réel.
07:28 Ce que les ultra-libéraux appellent le salaire réel comme un miroir aux alouettes qu'on vendrait.
07:34 Donc vous gagneriez plus, mais après il faudrait vous débrouiller pour votre assurance, pour la Sécu ou autre.
07:40 Beaucoup de propositions du RN, faites par amendement ou autre dans cette mandature, on le voit, agissent comme ça.
07:51 C'est "on va vous donner plus, mais il ne faut pas que les patrons, les entreprises aient à payer".
07:59 Dans le débat sur les retraites, ils ont refusé systématiquement tout ce qui pouvait être des financements alternatifs
08:07 mettant en contribution les grandes fortunes, les gros salaires, les entreprises qui font des profits,
08:15 ou à la limite, quand à gauche on proposait, il y avait des amendements pour proposer 10% de taxation,
08:25 9%, 8%, ils refusaient. Et pour se donner bonne conscience, ils proposaient un autre amendement où ils acceptaient 3%.
08:35 Oui, on voit la position. En tout cas, n'empêche que dans cette opération séduction qu'on décrit et qu'on comprend de plus en plus en disputant ensemble,
08:44 Marine Le Pen elle-même a une botte secrète, un élément talentueux quand même, il faut le reconnaître, sur le terrain médiatique,
08:50 des débats autour, on en revient, de la réforme des retraites. Jordan Bardella, cette jeune recrue adore, on le voit, les plateaux de télévision,
08:57 elle les enchaîne, alors je propose de l'écouter face à Benjamin Duhamel hier sur le plateau de BFM TV.
09:03 C'était du coup, encore une fois, autour des débats sur la réforme des retraites.
09:07 Et moi, quand j'entends aujourd'hui tous les LR nous parler de courage sur ce texte de loi, mais est-ce que le courage, c'est de demander à une caissière,
09:13 à un boulanger ou à un électricien de travailler jusqu'à 64 ans ? Et les Français qui nous écoutent ce matin, et ils l'ont bien compris,
09:20 doivent bien retenir que cette réforme, c'est la baisse des pensions. Parce qu'en décalant l'âge de départ à la retraite, et c'est la raison pour laquelle
09:26 j'en veux beaucoup à la NUPES d'avoir empêché le débat sur le fond de la réforme, beaucoup de Français vont devoir partir avec une décote.
09:32 Il y a 6% des Français qui partaient avec une décote il y a 10 ans. Il y en a 13% aujourd'hui. Et ce chiffre va évidemment augmenter,
09:39 parce qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent ce matin, qui font des métiers difficiles, qui font des métiers de force, qui ont le corps usé,
09:45 et qui ne pourront pas aller jusqu'à 64 ans. Qu'entre aux bénéfices économiques de la réforme, tout le monde a bien compris qu'il n'y aura évidemment pas
09:51 le bénéfice escompté, et qu'on est là dans la gestion d'une pénurie que le gouvernement a lui-même organisée.
09:57 - Alors beaucoup de choses dans cet extrait, je pense, qui ont fait réagir. On croirait quand même entendre encore une fois un homme de gauche.
10:01 Encore une fois, tous les éléments sont là. Assister sur les métiers difficiles, les corps usés, sans oublier l'attaque à la NUPES,
10:07 qui aurait empêché le débat de fond. Arguments, notons-le, je pense, que vous notez aussi, empruntés à la Macronie.
10:13 Comment vous, Michel Soudève, vous analysez ce moment qu'on vient d'entendre là ? Qu'est-ce que ça raconte de la stratégie du RN ?
10:19 - Ça raconte déjà que le RN a agi un peu comme un coucou. Il faut bien voir que dans son entourage, on cherche en vain des économistes dignes de ce nom,
10:38 universitaires ou autres, des sociologues, des penseurs sur tout ce qui concerne le quotidien de la société.
10:47 On va trouver des penseurs qui remettent en question l'histoire. Mais de ce qui nous importe, on va pas le trouver.
10:57 Donc ils se nourrissent de ce qu'ils disent, des travaux qui sont faits, de ce qui accroche.
11:04 Je suis sûr qu'ils étaient prêts à reprendre les démonstrations de Michael Zemmour. De toute façon, ils l'ont fait sur les 1 200 €,
11:13 les travaux qui ont pu être faits par un député comme Jérôme Getsch, qui, usant du pouvoir que lui donne une fonction à l'intérieur de l'Assemblée nationale,
11:24 qui est de vérifier les comptes de la Sécurité sociale, est arrivé à faire dire maintenant dans une lettre à Olivier Dussopt que ces 1 200 € minimum pour la retraite,
11:35 finalement, ça sera 10 à 20 000 personnes par an qui pourront être concernées, alors qu'au départ on était parti sur 1,8 million.
11:46 Et sur tout le monde.
11:47 Et sur tout le monde.
11:48 C'est vrai que c'est différent. Et là, le discours du RN, qu'on voit globalement copié à la gauche, on comprend ?
11:54 Non, pas uniquement à la gauche, parce que la défense des métiers pénibles, de ceux qui se lèvent tôt, qui travaillent,
12:03 on le trouve à droite aussi. Il y a des députés de droite. Parce qu'en fait, c'est un vieux truc.
12:10 François Mitterrand disait « Si vous voulez savoir où penche un député, regardez ses pieds ».
12:17 Sous-entendu, il dépend de son électorat. Et beaucoup de députés à droite ou autre ont ces discours-là,
12:24 parce que leur électorat est composé majoritairement de gens qui vivent ces métiers-là.
12:31 Vous prenez un député qui défend l'agro-industrie, les pesticides, tous les traitements de l'agriculture industrielle en Bretagne,
12:45 et ne veut pas voir qu'il y a un problème d'algues vertes comme Marc Le Fur.
12:49 Bon, Alain Keller, lui, fait état des 3 000 ouvriers qui sont dans les deux principaux abattoirs de sa circonscription,
13:00 qui ont des troubles musculo-squelettiques, qui sont usés de bonheur, etc. Toute réalité réelle que tout le monde connaît sur le terrain.
13:10 Et à l'Assemblée, on voit que les discours se heurtent à des prises de position, pour le coup, dans les votes des députés.
13:18 Vous en faites l'état dans votre article, en partie, où tout à l'heure vous citiez les votes contre la hausse du SMIC.
13:25 Il y a vraiment un double jeu. On le rappelle encore une fois, on l'a fait plusieurs fois ici,
13:29 mais c'est vrai qu'il est important de souligner la posture médiatique d'un porte-parole ou d'un député, d'un dirigeant du parti de Marine Le Pen,
13:37 et leur traduction dans le réel ensuite.
13:40 – C'est un travail ingrat d'aller voir un peu comment ça se passe.
13:46 Alors déjà, il faut savoir qu'à part lors de gros sujets comme la réforme des retraites,
13:53 des journalistes dans les tribunes de l'Assemblée nationale, il n'y en a jamais beaucoup.
13:59 Ensuite, les députés, bon, est-ce qu'ils parlent ? Qu'est-ce qu'ils défendent dans leurs interventions ?
14:05 Là, on a vu sur le débat des retraites, finalement, que les députés du Rassemblement national ont très peu pris la parole en commission.
14:14 Ils étaient absents, ils ont déposé peu d'amendements et ils ont encore parlé moins que les amendements qu'ils avaient déposés.
14:21 Ils apparaissent comme des opposants parce qu'ils ont déposé au début une motion référendaire après la gauche,
14:29 avec moins de signataires et que la Macronie leur a fait le cadeau de leur permettre de la défendre à la place de celle de la gauche.
14:38 Donc ils ont ouvert les débats, en quelque sorte.
14:41 – Bien sûr.
14:42 – Et ensuite, ils ont déposé une motion de censure en raison de la réforme des retraites,
14:47 qui fait qu'ils ont terminé les débats.
14:50 – Donc ils apparaissent là, c'est malin.
14:52 – Du coup, c'est assez malin, mais entre les deux, rien.
14:56 Et malheureusement, enfin en tous les cas, ça les sert quelque part,
15:01 une bonne partie des amendements qu'ils avaient pu déposer n'ont jamais été mis en discussion,
15:07 parce qu'ils intervenaient après les deux premiers articles qui ont été véritablement discutés.
15:14 L'article 1, c'était sur la fin des régimes spéciaux, et là, de manière assez étonnante,
15:21 les régimes spéciaux qu'ils défendaient, c'était avec des arguments non pas sociaux,
15:25 mais des arguments patronaux, qui étaient de dire,
15:28 on a du mal à recruter des chauffeurs de bus et des machinistes dans le métro,
15:33 donc il faut garder le régime spécial de la RATP.
15:37 On va avoir besoin de main-d'œuvre française pour nos centrales nucléaires.
15:42 – L'industrie gazière, etc.
15:43 – Or, actuellement, on fait venir, il y en a un qui l'a dit en débat,
15:47 on fait venir des soudeurs américains, états-uniens,
15:51 il faut absolument qu'on puisse attirer des français,
15:55 donc on maintient le régime spécial des électriciens gaziers.
16:01 – C'est vrai qu'il y a eu tout ça de débats dessus, et même au-delà même,
16:04 on va revenir à cela au niveau de la retraite, mais au-delà même de cela,
16:07 il y a encore quelques jours, je crois que c'était le 15 février,
16:11 les députés du RN s'étaient abstenus sur le rétablissement de l'ISF,
16:14 ça raconte quelque chose de plus large finalement.
16:16 – Oui, ça raconte que la défense systématique des situations acquises,
16:22 Marine Le Pen est une héritière.
16:25 – Oui, mais est-ce que ça suffit comme argument pour faire comprendre
16:29 peut-être une partie de nos téléspectateurs ce soir,
16:31 et téléspectatrices, de dire voilà, ce parti-là ne nous parle pas,
16:36 ne vous protège pas en tant qu'ouvrier, en tant qu'employé, en tant que classe…
16:40 – Non, ça ne suffit pas, mais ce qu'il faut bien montrer,
16:43 c'est que Marine Le Pen, elle a une réforme des retraites en tête.
16:49 – Oui.
16:51 – Quel est son projet ? Elle ne l'a pas présentée véritablement.
16:55 – Elle le dit, elle a aimé le dire, on va en écouter un extrait,
16:59 elle aime le dire que c'est la vraie candidate des 60 ans, etc.
17:02 et dans le détail, effectivement, mais avant d'arriver là,
17:05 il y a un point dans votre article qui m'a aussi pas mal interloqué,
17:08 c'est cette préférence nationale, vous commencez peut-être à en parler à l'instant,
17:11 que le RN avait prévu de défendre à travers 6 amendements,
17:14 et ça n'a pas pu à cause du fait qu'il n'y avait pas le temps, etc.
17:18 Vous pouvez nous en dire un peu plus, de quoi il s'agissait en fait ?
17:22 – En fait, c'est des amendements qui paraissent un peu techniques,
17:26 et comme dans toute proposition de loi, à chaque fois qu'ils le peuvent,
17:31 ils avancent des amendements de préférence nationale.
17:34 Alors là, ça a pris quelle forme ?
17:36 – Ça a pris la forme de dire que les allocations familiales seraient réservées au foyer
17:42 dont au moins l'un des deux parents a la nationalité française.
17:46 – Ok.
17:47 – Donc si le foyer, c'est deux résidents étrangers,
17:53 avec titre de séjour en règle, etc.
17:56 Non, ils n'ont pas d'allocation familiale.
17:58 Ils vont fabriquer, c'est le terme, fabriquer des enfants, fabriquer des travailleurs,
18:03 ils vont nous faire laisser en France des bons petits français, par le droit du sol.
18:09 Mais il ne faut pas leur venir en aide pour le rassemblement national.
18:12 Il y a mieux encore, le bénéficiaire, le bénéfice des prestations familiales
18:18 doit être réservé aux français ou aux ménages, disent-ils,
18:22 car les politiques en faveur de la famille sont le moyen de soutenir les familles
18:27 qui éduquent les enfants, sous-entendu les familles étrangères nés en France.
18:32 Les familles étrangères n'éduquent pas les enfants.
18:34 Il faut être des bons français pour éduquer les enfants.
18:37 C'est un propos absolument scandaleux.
18:39 – Bien sûr, et c'est le cas sur les 6, c'est ça ?
18:42 – C'est le cas sur les 6, où à chaque fois, c'est pour réserver des prestations sociales
18:49 qui ne sont pas des prestations sur lesquelles on cotise,
18:56 mais sur lesquelles il y a une contribution de l'État
18:59 ou qui viennent de cotisations patronales, mais pas de cotisations salariales,
19:03 ils les retirent aux étrangers.
19:06 Mais auparavant, dans le fameux projet de loi
19:13 qui a donné lieu à la réforme de l'assurance chômage,
19:15 il y avait aussi un volet, un article,
19:18 qui donnait les conditions d'éligibilité et d'électeur pour les élections professionnelles.
19:27 Et là aussi, il voulait en exclure les travailleurs qui n'étaient pas de nationalité française
19:34 ou les travailleurs qui n'étaient pas de l'Union Européenne.
19:38 Et deuxième point qui montre l'aspect peu social,
19:44 il voulait en exclure ceux qui étaient depuis trop peu de temps dans l'entreprise,
19:51 c'est-à-dire ceux qui n'avaient pas 6 mois, 1 an,
19:55 donc les CDI uniquement pouvaient voter,
19:58 les CDD en étaient exclus, les contrats temporaires,
20:01 alors qu'actuellement ils peuvent voter.
20:04 – Donc un vrai projet de régression, vous le dites avec ce terme-là.
20:07 – C'est un projet de régression sociale à tout point de vue,
20:09 et xénophobe.
20:11 – Et xénophobe, effectivement, on le voit, la définition est là,
20:13 de vouloir proposer des propositions de préférence nationale,
20:17 je pense que ça résume la chose.
20:19 Et il y a un très court extrait de Sébastien Chenu,
20:21 député RN et vice-président de l'Assemblée Nationale,
20:24 là aussi ça en dit pas mal de choses, qui déclarait ceci le 13 février dernier.
20:28 – On préfère qu'on fabrique des travailleurs français
20:31 plutôt qu'on les importe.
20:32 Et je crois que je ne suis pas le seul à le penser,
20:34 puisque François Bayrou, commissaire au plan, déclarait,
20:36 j'ai retrouvé sa citation,
20:38 "il n'y a pas d'évidence à une politique qui ne soit pas une politique d'immigration,
20:44 qui soit une politique d'immigration en ce qui concerne la natalité".
20:47 Je regardais ce que disait le géographe Laurent Chalard,
20:49 il disait "une politique de natalité est plus efficace pour combler les besoins en manœuvre,
20:53 qu'une politique de l'immigration".
20:55 Donc oui, nous nous considérons que fabriquer des travailleurs français de demain,
20:59 eh bien il faut aider les familles pour cela,
21:01 c'est la logique dans laquelle nous souhaitons nous orienter.
21:04 – Pour assurer la perpétuation de la civilisation.
21:07 – Pour assurer la perpétuité de la civilisation et de la population française.
21:10 Qu'on ait plus de petits français de demain,
21:12 plutôt que d'ouvrir les vannes et de voir l'immigration comme un projet de peuplement.
21:16 Vous savez, moi je pense que ce n'est pas un gros mot la politique nataliste,
21:20 faire des enfants, on a l'impression que c'est devenu un gros mot.
21:23 Alors c'est vrai que Hollande et Macron se sont beaucoup attaqués aux politiques familiales,
21:27 notamment aux prestations d'accueil du jeune enfant,
21:29 qui aujourd'hui sont par exemple demandées par très très peu de familles.
21:32 Mais ce n'est pas un gros mot.
21:34 – Cet extrait vient nourrir notre discussion de l'instant,
21:37 alors vous écrivez que ces politiques de préférence nationale
21:40 remettraient en cause notre droit actuel, comment ça ?
21:43 Qu'on comprenne bien.
21:45 – Alors depuis 1945, tout étranger qui se trouve sur le sol français régulièrement
21:56 a les mêmes droits sociaux, il y a tout un droit qui ne relève pas
22:05 d'uniquement de la citoyenneté, c'est-à-dire que les nationaux peuvent voter,
22:12 les étrangers ne peuvent pas voter, mais pour le reste il n'y a plus de discrimination réelle.
22:18 Et ça, ça remonte à une ordonnance de 1945,
22:23 qui était une ordonnance signée du général de Gaulle.
22:26 Alors elle a été modifiée au fil du temps, tous les articles initiaux ont été abrogés,
22:34 et la plupart finalement récemment, dans les années 2000-2010,
22:39 mais le fond est là, et on a des accords internationaux,
22:45 notamment le fait d'avoir signé le traité de la Convention européenne des droits de l'homme,
22:52 qui nous interdit d'appliquer ce type de discrimination.
22:58 – Dans un but d'assimilation des populations finalement, de vivre ensemble, d'intégration.
23:03 – Oui, d'aller vers l'égalité, l'égalité des droits.
23:06 – C'est un peu ce qu'on pourrait comprendre de la France, du projet républicain.
23:10 – Quelque part, ça fait partie de notre corpus de constitutionnalité,
23:15 ce que Jean-Marie Le Pen rejetait quand la question lui était posée.
23:19 J'ai des souvenirs très précis, sur des plateaux de télé, interrogés sur ce sujet,
23:24 ils disaient "mais non, ça ne fait pas partie, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
23:28 ne fait pas partie de notre corpus de constitutionnalité".
23:31 Ben si. – Donc là, quelque part, à travers le travail que vous avez fait,
23:36 vous démontrez que le projet n'a pas changé.
23:38 Il est peut-être avancé différemment, les mots sont peut-être différents,
23:43 la forme, mais le projet est le même ?
23:45 – Alors ça, on l'avait déjà écrit, l'article sur les retraites est un article web, en accès libre.
23:54 Mais on avait fait un petit dossier "Déconstruire Marine Le Pen" dans le numéro du 26 janvier,
24:02 numéro dont la couverture a beaucoup circulé, parce qu'on mettait sous forme de BD
24:10 les racailles bourgeoises des chaînes Bolloré, Pascal Praud, Hanouna, etc.
24:21 – Et on appelait à soutenir la presse indépendante, que nous sommes, comme le Média.
24:27 Et dans ce numéro, on évoquait effectivement cette dédiabolisation,
24:34 pour montrer qu'en fait c'était juste quelque chose de tactique,
24:39 et que ça n'était jamais sur le fond.
24:42 D'ailleurs, Marine Le Pen avait abandonné le terme, l'expression "préférence nationale"
24:50 pour la remplacer par "priorité nationale", qu'est-ce que ça change ? Rien.
24:55 – Tant pis comme le nom du parti, finalement, est-ce que ça ne change rien ?
24:58 C'est quand même pas anodin.
25:00 – Le nom du parti, bon, ça fait nouveau.
25:04 Maintenant, les anciens se rappellent que quand Jean-Marie Le Pen avait voulu élargir l'implantation
25:11 et faire élire des députés à l'Assemblée nationale, en 1986,
25:16 elle les avait présentés sous l'étiquette "Rassemblement national",
25:20 et pour remonter encore plus loin, entre les deux tours des élections du Front populaire,
25:28 quand la droite divisée voit finalement que la gauche va l'emporter,
25:32 il y en a qui se tournent vers le maréchal Pétain,
25:35 qui fait un beau texte et dit dans un journal de droite,
25:40 "la solution c'est le Rassemblement national, Front populaire, Rassemblement national,
25:45 on en revient toujours à la même dualité et à la même opposition,
25:52 surtout entre deux logiques politiques complètement différentes
25:55 et deux projets politiques bien différents d'ailleurs.
25:58 – Deux projets politiques bien différents, et ce n'est pas si simple à lire
26:01 quand on le voit de l'extérieur, un peu dépolitisé,
26:03 et à ce stade de notre échange, on pourrait croire, on pourrait, enfin,
26:06 comprendre que Marine Le Pen et son parti sont tout bonnement antisociales, antihumanistes,
26:10 on le comprend bien ici, alors que pas du tout, selon Éric Zemmour,
26:13 souvenez-vous qu'il a qualifié sa rivale aux dernières élections présidentielles
26:17 de femme de gauche, on écoute sa réaction à elle, c'était à l'époque en 2022.
26:23 – Éric Zemmour, il a un projet qui est très néolibéral,
26:27 et qu'il considère que quand on s'intéresse à la justice sociale, on est de gauche,
26:33 il ne peut pas concevoir qu'il puisse en être autrement,
26:36 moi je suis désolé, j'ai toujours eu une fibre sociale,
26:39 je considère que le rôle d'un président de la République,
26:42 ce n'est pas seulement d'être au chevet de ceux qui n'ont pas besoin qu'on les aide,
26:45 c'est-à-dire les grandes entreprises du CAC 40, les gros salaires, les gros moyens,
26:50 comme l'a fait d'ailleurs Emmanuel Macron en supprimant l'ISF,
26:54 mais c'est surtout… – L'impôt sur la fortune.
26:56 – Voilà, mais c'est surtout de venir au soutien, en aide,
27:00 de ceux qui sont dans une situation de précarité ou de vulnérabilité.
27:03 Donc c'est une vision, effectivement, radicalement différente qui nous sépare.
27:07 – Une vision radicalement différente qui les sépare, elle et Éric Zemmour,
27:10 c'est pas un peu du pain béni pour l'extrême droite historique
27:13 de voir arriver un autre parti pour encore une fois faire un pas de côté ?
27:17 – Évidemment, ça l'a servi, et notamment, ça a permis,
27:22 notamment, alors là, le rôle d'un certain nombre de chaînes dites d'information
27:29 a été extrêmement important par les invités qu'ils avaient,
27:33 faire venir toujours des éditorialistes de droite,
27:36 et c'est comme ça qu'ils ont fait venir Zemmour,
27:39 et lui a en assuré sa place pour une élection présidentielle.
27:44 Ça a ouvert la fenêtre d'Overton toujours plus,
27:49 et finalement, permis à Marine Le Pen de passer pour finalement…
27:54 – Plus modérée ? – Plus modérée.
27:57 Mais on avait eu à peu près le même cas de figure, à une autre échelle,
28:02 à l'élection présidentielle de 2002, où Jean-Marie Le Pen
28:07 était concurrencée par Bruno Maigret, qui était dans l'outrance en permanence,
28:15 y compris dans ses clips de campagne officielle,
28:18 contre l'islamisation, etc. – Elle est plus loin dans la forme en fait.
28:23 – Beaucoup plus loin sur le fond et dans la forme, et outrancière,
28:28 et Jean-Marie Le Pen qui avait soigné sa com' pour apparaître plus pâtelin, etc.
28:35 et qui a profité surtout de la dispersion à gauche,
28:39 de l'effondrement de la gauche, en tous les cas de la gauche de Lionel Jospin.
28:44 Mais bon, en tous les cas, on avait déjà eu ce phénomène en réduit.
28:48 – Bien sûr, c'est pas nouveau.
28:49 – Et là, évidemment, c'était plus important, plus accentué.
28:53 – Bien sûr. Alors, à côté de ça, on l'a dit tout à l'heure,
28:56 elle aime le marteler de, dès qu'elle le peut, Marine Le Pen promet bien
28:59 la retraite à taux plein, à 60 ans. Ses partisans aussi aiment le rappeler
29:03 pendant les débats, qu'elle est la vraie candidate de la retraite à 60 ans
29:06 face à Mélenchon qui aurait soutenu lui, Macron, vous vous souvenez,
29:09 vous avez travaillé sur le sujet, n'appelant pas à voter pour elle au second tour.
29:12 Mais là encore, on ne nous explique pas tout quand on y regarde de plus près.
29:16 Vous l'avez fait, au fond, on l'a fait aussi ici, au Média.
29:19 En réalité, on est loin de la retraite à 60 ans dans le projet du RN.
29:22 Très précisément, de manière, là, on vous écoute pendant une minute,
29:26 expliquez aux personnes qui nous écoutent que, en fait, il y a un lieu, il y a un loup.
29:30 – Alors, le loup, c'est simple, c'est la retraite à 60 ans avec 42 ans de cotisation
29:36 pour une carrière complète, les carrières hachées, les temps partiels,
29:42 bon, tout ça, il n'y a pas de problème. Donc, ceux qui ont commencé tôt
29:47 peuvent avoir la retraite à 60 ans. Mais après, le nombre de trimestres,
29:54 parce que ça va être avec 40 annuités, ça suffit.
29:58 Après, ça augmente avec, à 25 ans, 42 annuités obligatoires, donc retraite à 67 ans.
30:08 – Ah, ça c'est mal. – Pour ceux qui ont commencé à 25 ans.
30:11 Et, en fait, l'idée qu'elle a, et qu'elle explique, mais elle ne s'en cache pas,
30:19 c'est qu'il faut inciter les jeunes à commencer à travailler de bonheur
30:24 s'ils veulent avoir une retraite.
30:26 – À entrer dans le monde du travail. – Entrer dans le monde du travail.
30:29 – Le plus tôt possible. – Le plus tôt possible.
30:31 Parce que, ben, ça ne sert à rien de suivre des études
30:34 qui ne donnent pas forcément du travail.
30:37 Donc, ce faisant, je l'accuse de vouloir baisser le niveau d'instruction des jeunes,
30:45 mais aussi le niveau d'instruction du pays.
30:48 – Donc, elle est objective, c'est ce que vous dites, effectivement.
30:51 – Parce que dans un monde qui bouge énormément avec des tas de révolutions
30:56 dans tous les sens, une bonne instruction permet de s'adapter
30:59 aux nouveaux métiers, aux nouvelles machines,
31:03 de ne pas être perdu dans ce monde.
31:05 On le voit bien avec toutes les victimes de la fracture numérique,
31:10 c'est-à-dire des personnes qui n'ont pas eu les moyens,
31:14 par leur instruction, les études qu'ils ont faites,
31:17 de s'adapter à toutes ces nouveautés.
31:20 Et c'est dramatique quand l'État fait le virage numérique qu'il fait,
31:26 supprime des services publics dans tous les domaines.
31:29 Donc, baisser, inciter les jeunes à arrêter leurs études beaucoup plus tôt,
31:34 ne pas poursuivre au prétexte que ce n'est pas ce qui leur donne du travail,
31:39 c'est complètement fou, quoi.
31:41 – Et comment vous expliquez, c'est ma dernière question,
31:44 parce que c'est quand même quelque chose qu'on voudrait comprendre,
31:46 comment vous expliquez que ce décryptage, qui est à la fois technique,
31:49 mais qui est à la fois pas si complexe, pas si compliqué,
31:51 on tend la main, on a les résultats des votes des députés,
31:54 on prend un peu le temps, comme vous l'avez fait,
31:56 d'aller creuser un petit peu, de comprendre,
31:58 comment vous expliquez que ce travail-là n'est pas ou peu fait
32:02 dans les canaux traditionnels ?
32:05 – Il n'est pas fait parce que c'est relativement ingrat,
32:09 parce que les interviewers qu'on voit le plus,
32:15 ou en tous les cas qui reçoivent le plus,
32:17 travaillent 7 jours sur 7, sur plusieurs antennes,
32:21 finalement ne s'informent pas,
32:23 posent des questions relativement banales,
32:29 ne vont pas à la source, et en tous les cas,
32:31 ne creusent pas leur sujet.
32:33 Ils reçoivent des gens qu'ils connaissent, qu'ils croient connaître,
32:37 mais ils ne vont pas poser des questions dérangeantes,
32:41 leur demander d'expliquer véritablement.
32:43 Bien souvent, ils se contentent de leur demander de commenter l'actualité.
32:47 Donc on en reste à des discussions sur la communication,
32:50 sur les stratégies, on interroge les stratégies,
32:53 on interroge rarement les programmes.
32:55 – Ça n'intéresserait pas les gens, vous pensez ?
32:57 – Je pense que ça intéresserait les gens,
32:59 dans des émissions un peu posées,
33:01 où on ne vous coupe pas la parole toutes les 10 secondes,
33:05 en vous empêchant d'apporter une réponse complète,
33:09 qui ensuite peut être questionnée.
33:12 – C'est vrai, en tout cas c'est ce qu'on peut retrouver
33:14 dans le travail que vous faites dans les colonnes de Politis,
33:16 grâce à certains, on appelle d'ailleurs nos téléspectateurs
33:18 et nos interprétatrices à les lire.
33:20 Votre article, que je rappelle, est disponible sur le site.
33:23 – Il y a quand même un point qu'on n'a pas vraiment abordé,
33:26 même si on a eu l'extrait de Sébastien Chenu,
33:28 c'est que le Rassemblement National a réussi à remettre là,
33:31 dans le débat sur les retraites,
33:33 la question de la natalité, qu'il faudrait une politique nataliste.
33:37 – La droite aussi, les maires aussi.
33:39 – Oui, ils se sont embarqués derrière,
33:42 et d'autant plus fortement que Geoffroy de Roudes-Bézieux,
33:46 le patron du MEDEF, a complètement hacké c'est,
33:49 et veut porter maintenant le sujet.
33:51 Donc là, il y a un recul sur les femmes,
33:55 qui est assez dangereux, où il faudrait qu'elles participent
33:59 à l'effort de la nation.
34:00 – D'ailleurs, vous y mettez un point d'honneur dans votre article,
34:03 vous parlez d'un projet profondément sexiste,
34:05 alors qu'on pourrait encore une fois, elle le disait,
34:09 je crois que c'est elle ou c'est Valérie Pécresse,
34:11 je les confonds peut-être sur ce point-là,
34:13 on lui pose la question "êtes-vous féministe ?"
34:15 elle répond "je suis une femme", donc ça coule deux sources.
34:17 – Elle répond à peu près la même chose,
34:19 et dans le précédent article sur ce que n'est pas Marine Le Pen,
34:24 je disais qu'elle n'était pas sociale, qu'elle n'était pas écologiste,
34:28 qu'elle n'était pas féministe, en ayant décortiqué là-dessus
34:32 un grand entretien qu'elle a donné pendant la campagne présidentielle,
34:37 à l'hebdomadaire "elle", où il l'avait bien questionnée, bien cuisinée,
34:44 et ses réponses étaient intéressantes.
34:47 Et d'ailleurs sur les retraites, on retrouve la question
34:50 où elle se préoccupe très peu du sort des femmes,
34:52 puisque sur les carrières achetées et autres,
34:55 elle se fiche de savoir si elles pourront partir plus tôt,
34:58 elle maintient le taux plein à 67 ans,
35:01 qui en fait est bien souvent l'âge où les femmes peuvent partir
35:06 avec le maximum de retraite.
35:08 – C'est vrai, je pense aussi à nos confrères de Bastamac
35:11 qui a fait un travail assez formidable lorsqu'elle était eurodéputée,
35:14 Marine Le Pen avait beaucoup voté avec son groupe
35:16 contre notamment les lois progressistes envers les femmes à l'Assemblée européenne.
35:21 Eh bien merci beaucoup Michel Soudé d'avoir répondu à mes questions ce soir.
35:25 Je rappelle que vous êtes rédacteur adjoint chez Politis,
35:31 et que votre article "Retraite, ce que prône vraiment le renforcement national"
35:35 est disponible, vous l'avez dit librement, en ligne,
35:38 mais ça a un coût, peut-être que rappeler…
35:41 – Évidemment, toute l'information a un coût,
35:44 donc il est possible de s'abonner à Politis, de faire des dons,
35:48 tout ça sur notre site, vous pouvez trouver toutes les informations utiles.
35:52 – Tout à fait, on ne manquera pas d'aller voir, nous on connaît,
35:55 mais on invite les personnes à le faire aussi.
35:57 [Bruit de l'unité]
35:59 [Silence]
36:01 [Silence]
36:03 [Silence]
36:05 [Silence]
36:07 [SILENCE]

Recommandée