ITALIE : ELLYE SCHLEIN - LA GAUCHE RENAIT DE SES CENDRES ?

  • l’année dernière
Elly Schlein est le nouveau visage de la gauche italienne et le nouvel espoir du pays gouverné Giorgia Meloni, leader d’extrême droite. Elle est la première femme élue à la tête du Parti démocrate à seulement 37 ans. "Nous avons gagné, c'est une petite grande révolution", a réagi Elly Schlein, à l'annonce de sa victoire. Environ un million de sympathisant·e·s ont participé aux primaires ayant permis à la députée de battre le président de la région Émilie-Romagne, Stefano Bonaccini, pourtant donné favori. Il a aussitôt reconnu sa défaite : "Je l'ai félicitée et lui ai souhaité bonne chance pour les responsabilités qu'elle prend à partir de ce soir à la tête d'un Parti démocrate qui a besoin de réagir et de se régénérer".

La gauche italienne a bien besoin de se régénérer, en effet. Les enjeux pour Elly Schlein, avant de prétendre à une victoire aux prochaines législatives, sont de cet ordre. Ré-ancrer le PD à gauche, une gauche populaire, progressiste et pourquoi pas radicale, pour faire front contre front face à l’extrême-droite de Georgia Meloni.
Transcript
00:00 Elischlein est le nouveau visage de la gauche italienne et le nouvel espoir du pays gouverné par Giorgia Meloni, leader de l'extrême droite.
00:09 Elle est la première femme élue à la tête du Parti démocrate à seulement 34 ans.
00:13 « Nous avons gagné, c'est une petite grande révolution », a réagi Elischlein à l'annonce de sa victoire.
00:19 Environ un million de sympathisants ont participé aux primaires ayant permis à la députée de battre le président de la région Emilie-Romagne, Stefano Bonaccini.
00:28 Pourtant donné favori. Il a aussitôt reconnu sa défaite. Je cite « Je l'ai félicité et lui ai souhaité bonne chance pour les responsabilités qu'elle prend à partir de ce soir à la tête d'un parti démocrate qui a besoin de réagir et de se régénérer ».
00:43 Elischlein succède à Enrico Letta, qui avait annoncé quitter son poste deux ans après avoir pris les commandes du parti à la suite de la déroute qu'il a essuyée aux élections législatives de septembre 2022,
00:54 remporté donc par Fratelli d'Italia le parti de Giorgia Meloni. Mais quelle perspective cette victoire ouvre vraiment pour la gauche italienne et le PD en particulier ?
01:03 Pour en savoir plus, j'accueille sur le plateau Valerio Motta. C'est l'Entretien express.
01:08 (Générique)
01:15 – Alors bonjour Valerio. – Oui bonjour.
01:19 – Alors vous êtes spécialiste en communication politique et vous êtes par ailleurs ancien candidat aux élections législatives italiennes pour Libére et Uguali en 2018,
01:28 un parti qui aujourd'hui n'existe plus. Donc on va tous les deux discuter un petit peu de cette victoire d'Elischlein à la tête du Parti démocrate italien.
01:38 Alors tout d'abord, avant de rentrer un petit peu dans le détail du contexte politique qui se joue en ce moment,
01:45 est-ce qu'on peut en dire un peu plus sur Elischlein, justement, sur le personnage qu'elle est ?
01:49 – Oui, c'est un personnage Elischlein qui détonne pas mal par rapport à ce que sont les responsables politiques italiens classiques,
01:56 et notamment au Parti démocrate. Elle a 37 ans, on la présente comme mélomane, elle aime le rock, elle a un côté un peu geek,
02:04 elle dit qu'elle joue aux jeux vidéo, amatrice de ciné. Elle est issue d'une famille d'universitaires et de juristes.
02:12 Elle-même est diplômée en droit. Elle est trinationnale, puisqu'elle est née en Suisse d'un père américain et d'une mère italienne.
02:22 Un père américain qui avait des origines juives ukrainiennes. Elle a aussi dans ses grands-parents un ancien avocat antifasciste
02:30 qui est devenu plus tard député socialiste. Et en fait, son parcours, c'est celui d'une activiste.
02:36 En parallèle et à l'issue de ses études de droit à Bologne, puisqu'elle s'est déplacée après la Suisse vers l'Emilie-Romagne,
02:45 elle a été aux États-Unis faire les deux campagnes de Barack Obama.
02:51 Elle s'est inscrite dans les mouvements étudiants, notamment sur les questions migratoires à l'université à Bologne.
02:58 Par la suite, elle a travaillé sur la production de documentaires sur ces sujets.
03:03 Et elle s'est engagée en politique très tôt dans l'aile gauche du Parti démocrate.
03:07 On est au début des années 2010. Et quand Matteo Renzi, qui incarnait lui l'aile droite et libérale de ce parti,
03:17 l'a emporté, était devenu Premier ministre, etc., elle s'est inscrite dans le mouvement qui s'appelait Occupy PD,
03:24 où des militants de l'aile gauche allaient occuper les sections et les fédérations du Parti démocrate
03:29 pour demander une réorientation politique. Il y a eu à l'époque le Jobax notamment,
03:33 qui était un petit peu la loi travail italienne.
03:39 Elle a été élue députée européenne juste à ce moment-là, en insistant très fortement sur les enjeux écolo.
03:48 Et elle quitte le Parti démocrate en 2015 en dénonçant cette dérive droitière.
03:52 Et à ce moment-là, il y a tout un ensemble de petits partis qui se montent à la gauche du Parti démocrate,
03:57 dont elle fait partie, possible et en l'occurrence, qui sur certaines élections après l'épisode Renzi,
04:04 s'allient avec le Parti démocrate. C'est ce qui va se passer au second tour des élections régionales en Émilie-Romagne en 2020,
04:11 où elle devient vice-présidente de la région. C'est le moment également où elle fait son coming-out,
04:16 puisqu'elle assume sa bisexualité et le fait d'être en couple avec une femme.
04:21 Et elle devient vice-présidente de Stefano Bonaccini, contre qui elle était candidate lors de ses primaires.
04:29 Elle a été élue députée en 2022, où le PIDI s'est représenté en alliance avec ses partis issus de Sission,
04:38 qui dénonçaient sa dérive libérale. Et elle est donc élue après une campagne assez particulière,
04:43 puisqu'elle n'était pas adhérente du Parti démocrate il y a trois mois encore.
04:47 Elle a annoncé sa candidature, puis elle a réadhéré au PIDI, avec une campagne qui a fait revenir pas mal d'électeurs
04:55 et de sympathisants du PIDI, puisque c'est une élection primaire, donc ouverte, qui a permis son élection.
05:02 Il faut savoir qu'en plus, les primaires, c'est quelque chose de beaucoup plus institutionnalisé qu'en France.
05:07 C'est quelque chose de très important dans la scène politique italienne.
05:11 Oui, particulièrement au Parti démocrate, le mécanisme des primaires a commencé dans les années 2000 avec Prodi,
05:20 et s'est continué sans interruption, à la fois des primaires pour désigner les candidats au leadership
05:28 avant une élection pour être candidat au poste de Premier ministre, mais aussi des primaires ouvertes
05:34 pour désigner le premier secrétaire du Parti démocrate.
05:37 C'est devenu le mode de fonctionnement tout à fait normal et institutionnel, ce qui fait que,
05:43 notamment, il n'y a pas eu vraiment de capacité des forces qui se sont inscrites à gauche du PIDI
05:51 au moment où la dérive libérale, la dérive à droite a été la plus marquée, a existé vraiment fortement,
06:00 parce que malgré tout, le PIDI est un parti qui, bien qu'en crise, réussit encore à faire venir un million de personnes à des primaires,
06:06 s'inscrit dans des sections qui sont très actives et très présentes sur le territoire national,
06:11 et on a un mécanisme sur les élections locales, des élections nationales qui sont des élections parlementaires
06:18 et non pas présidentielles, qui font que le rôle du PIDI pour être la force d'un leadership à gauche
06:26 reste très très fort et moins déboulonnable que ce qu'a pu être la position du PS à la fin des années Hollande, par exemple.
06:33 – D'accord, alors pour en revenir un petit peu, pour aller un petit peu plus vers justement le contexte politique
06:39 dans lequel se situe le Parti démocrate, parce qu'on dit "Eli Schlein est le nouveau visage de la gauche",
06:46 mais quand même, il faut savoir que le Parti démocrate sort peut-être de 30 ans de déboire,
06:52 depuis peut-être l'opération de main propre au début des années 40,
06:56 enfin la gauche italienne en tout cas sort de 30 ans de déboire,
07:00 – Est-ce qu'on peut parler un petit peu de ce contexte politique justement ?
07:03 – Oui parce que c'était pas le PIDI effectivement il y a 30 ans, au début des années 90,
07:09 les forces politiques qui dominaient l'Italie ont disparu en une poignée d'années.
07:14 – En effet c'était pas le PIDI, c'est pour ça que je me suis corrigé.
07:17 – Oui bien sûr, avec cette opération de main propre où s'est effondrée et a disparu à peu de choses près
07:23 le PSI, le Parti socialiste italien, ou le Parti communiste italien qui était le plus puissant d'Europe,
07:29 a affronté comme les autres la fin du bloc soviétique,
07:33 et il y a donc une réorganisation politique très importante à ce moment-là,
07:38 et où la démocratie chrétienne, qui était aussi un des trois grands partis structurants,
07:42 a disparu, a éclaté, elle aussi touchée par les affaires et main propre.
07:50 Et donc la vie politique italienne s'est à ce moment-là restructurée,
07:53 entre la droite autour de Silvio Berlusconi et des mouvements d'extrême droite
07:58 qui se sont développés comme la Ligue du Nord, puis plus tard Fratelli d'Italie,
08:02 de Giorgia Melloni, mais c'est beaucoup plus récent,
08:05 et une partie de la démocratie chrétienne, donc du centre, s'est alliée à la gauche
08:12 pour constituer d'abord des alliances avec les anciens communistes
08:15 qui se sont regroupés et ont occupé l'espace laissé et abandonné
08:20 par le Parti socialiste italien qui a disparu,
08:23 et ont fondé d'abord une alliance qui s'appelait l'Olivier,
08:28 et puis plus tard ont créé ce Parti démocrate qui,
08:32 dans un système parlementaire avec des éléments d'instabilité parfois,
08:37 avec des logiques d'alliance parfois larges,
08:39 le Parti démocrate a souvent voulu jouer le rôle de leadership,
08:44 de pôle majoritaire et de centralité du pays pour garder les responsabilités
08:52 avec des schémas d'alliances très différents,
08:55 mais qui font qu'on parle du centre gauche en Italie traditionnellement.
09:01 Oui, parce que, pardon je vous coupe, mais pour rappeler,
09:04 pour ceux qui ne connaissent pas forcément comment fonctionnent
09:07 les institutions italiennes, la République italienne fonctionne
09:11 un petit peu comme la 4ème République en France,
09:13 c'est-à-dire que c'est des élections à la proportionnelle,
09:17 en tout cas la Chambre des députés est élue à la proportionnelle,
09:20 et donc il faut jouer sur des coalitions et des alliances
09:22 pour pouvoir constituer un gouvernement.
09:24 Alors, si on vous explique le mode de scrutin et son évolution en Italie
09:29 et que vous pensez avoir compris, c'est qu'on vous a mal expliqué.
09:32 Il y a une telle volatilité des lois électorales, des schémas d'élections,
09:36 de passage de parts de majoritaires, de parts de proportionnelles,
09:40 en tout cas, oui, il y a une assemblée dans laquelle on peut avoir
09:44 des compositions au final qui sont plus éclatées
09:48 que ce qu'on a traditionnellement en France.
09:50 Et on a eu parfois, à partir de mêmes élections législatives,
09:56 deux, parfois trois scénarios d'alliances, c'est le cas de la dernière législature,
10:00 où on a commencé avec une alliance entre le Mouvement 5 étoiles
10:04 et la Ligue du Nord, la Ligue, donc partie de Matteo Salvini d'extrême droite,
10:11 puis le Mouvement 5 étoiles a abandonné cette alliance
10:15 avec la Ligue du Nord pour s'allier avec le Pidi.
10:19 Et puis, il y a eu une troisième étape dans la même législature,
10:22 où c'est une figure externe, Mario Draghi, donc plutôt centriste et libéral,
10:25 issu de la Banque Centrale Européenne, qui a gouverné une alliance
10:30 de grande coalition incluant le Parti démocrate, les partis à sa gauche,
10:34 le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord.
10:36 Donc, on a une plasticité de la vie politique italienne
10:42 dans laquelle le Pidi s'est beaucoup dilué ces dernières années.
10:45 Et au final, c'est vrai qu'Elischlein ramène des éléments de clarification
10:51 sur l'identité de ce parti en affirmant, elle, dans toute sa campagne,
10:56 très fortement le terme gauche, en parlant beaucoup de la dignité du travail,
11:01 du salaire minimum, de la conversion écologique de la société italienne,
11:05 des inégalités, en affirmant une identité féministe extrêmement forte,
11:09 a ramené une forme de clarté qui n'est pas forcément aussi radicale
11:15 qu'on pourrait le percevoir, mais qui est nette en tout cas,
11:19 en termes d'identité et où on peut sans doute aussi trouver une inspiration
11:24 dans certains aspects de la gauche américaine.
11:27 Alors, certains parlent de la campagne d'Obama, d'Occasio-Cortez,
11:30 même si elle n'en a pas l'origine populaire.
11:33 C'est aussi parce qu'elle a fait campagne sur un renouvellement du parti,
11:36 sur une vision où le parti sert davantage les outsiders,
11:39 est moins descendant, moins basé sur l'appareil,
11:41 et plus et impliquant davantage la base et, comme elle le dit, la communauté.
11:47 Oui, mais justement, là je vois bien qu'il y a quand même un...
11:51 Avant d'arriver potentiellement au pouvoir, aux prochaines législatives,
11:55 on ne sait pas, on saisit peut-être bien l'enjeu qui sera pour Elie Schlein,
12:02 c'est de réaffirmer une certaine gauche, de redonner une identité
12:06 au Parti démocrate en tant que parti de gauche, peut-être de gauche radicale,
12:11 mais en même temps il faudra aussi composer avec le -5 étoiles
12:14 qui garde un ancrage très populaire.
12:16 Comment ça va se jouer tout ça ?
12:19 Alors, elle a plusieurs défis en parallèle, qui sont compliqués, il ne faut pas le cacher.
12:25 Je ne suis pas sûr, moi, qu'elle aille sur une gauche radicale,
12:28 au sens où on pourrait l'entendre en France,
12:31 mais une gauche plus assumée, en tout cas plus nette et plus frontale,
12:34 ça c'est certain, y compris dans la tonalité de l'opposition vis-à-vis de Georgia Melloni.
12:39 En ce qui concerne les alliances, sa première difficulté,
12:44 le premier sujet qui va se poser à elle, c'est de maintenir une forme d'unité,
12:49 ou en tout cas du Parti démocrate, puisqu'il y a aujourd'hui une partie de l'aile droite
12:56 qui se pose la question de savoir si elle va rester.
12:59 Il y a eu quelques départs, pour l'instant c'est sur les doigts de la main,
13:03 puisqu'il y a aussi dans ce paysage politique italien,
13:05 il n'y a pas que le mouvement 5 étoiles et le Parti démocrate et la droite,
13:09 il y a aussi Matteo Renzi et Calenda,
13:12 qui sont en gros les alliés italiens d'Origniou et d'Emmanuel Macron.
13:18 Donc il peut y avoir quelques départs de ce côté-là,
13:21 il faut qu'elle veille à ne pas être affaiblie par cette séquence qui peut s'ouvrir.
13:27 En ce qui concerne les alliances,
13:29 elle a réaffirmé la volonté de s'allier avec le mouvement 5 étoiles.
13:32 Et en termes de géographie électorale,
13:34 aujourd'hui on a une certaine complémentarité possible entre le Pidi,
13:38 qui est fort dans les grandes villes, dans les grandes agglomérations,
13:40 qui est plutôt fort dans le centre et dans le nord de l'Italie,
13:43 alors que le mouvement 5 étoiles est plus puissant dans le sud.
13:47 Ensuite, il va y avoir la question de savoir si cette alliance
13:55 et cette nouvelle leader de la gauche va être en capacité de reparler
14:00 à des catégories de la population qui se sont éloignées de la politique,
14:05 qui se sont éloignées du Parti démocrate,
14:07 qui est un parti vieillissant en termes d'électorat,
14:10 en termes de militants également.
14:13 Elle a plutôt été élue dans ses primaires dans les grandes villes du nord.
14:18 Donc la question c'est est-ce qu'elle va pouvoir aussi dépasser un ancrage
14:22 qu'en Italie on pourrait considérer un petit peu comme radical chic,
14:26 c'est un peu le terme italien qu'on pourrait utiliser pour gauche caviar.
14:30 Donc est-ce qu'elle pourrait être plus qu'une gauche urbaine et diplômée ?
14:34 Ça c'est une vraie réinterrogation.
14:36 Alors elle essaie de positionner très très fort le terme du travail
14:39 dans les premières prises de parole ou dans les premières expressions du Pidi
14:44 ou de ses lieutenants depuis son élection.
14:47 Il va falloir voir comment ça va se traduire.
14:49 Du coup si je comprends bien, l'électorat du Pidi,
14:53 enfin en tout cas de la tendance Elislein est plutôt petit bourgeois urbain,
14:57 pour caricaturer un petit peu,
15:00 c'est pas si éloigné que ça finalement que de l'électorat de la France insoumise
15:03 comme on l'a vu pendant la présidentielle.
15:06 Est-ce que justement l'alliance qu'elle prétend vouloir faire
15:10 avec le mouvement 5 étoiles est pas une méthode pour faire de l'entrisme
15:14 vers justement le sud de l'Italie qui est une région beaucoup plus pauvre
15:17 que le nord et beaucoup plus rurale ?
15:20 Alors il y a des électorats et des géographies qui sont composites.
15:28 C'est un peu artificiel de réduire le nord à l'urbain.
15:32 Non je schématise un petit peu,
15:34 mais pour qu'on comprenne bien un peu les stratégies politiques.
15:37 Bien sûr, mais ce qu'il faut comprendre c'est qu'on a deux parties en crise
15:39 aujourd'hui avec le Pidi et le mouvement 5 étoiles.
15:42 Le Pidi parce qu'il a été réduit très fortement à l'os,
15:49 c'est-à-dire cet électorat urbain des grandes villes
15:52 et puis l'Italie rouge de l'Emilie-Romagne, d'une partie de la Toscane, etc.
15:57 en perdant des bastions.
16:00 Le Parti démocrate a perdu la région du Lazio, la région de Rome,
16:04 il y a quelques semaines.
16:06 Et de l'autre côté, le mouvement 5 étoiles qui avait réussi
16:09 à agréger des électorats populaires de villes moyennes, ruraux,
16:14 du nord et du sud, issus de la droite et de la gauche en gros,
16:18 a perdu tout son électorat du nord,
16:22 qui a très largement voté pour Mélanie
16:28 ou qui tout aussi largement s'est abstenu.
16:32 Donc la question c'est de savoir s'il peut y avoir une dynamique qui se recrée.
16:36 Ce qui est frappant dans le changement de style
16:39 et de situation dans lequel on va être,
16:42 c'est que l'opposition ne serait-ce que de style va être énorme,
16:48 puisque Mélanie a construit la première ministre de Fraternité d'Italie
16:53 et a construit son identité politique dans un discours
16:57 notamment où elle dit, elle revendiquait le fait d'être femme, mère, catholique, italienne
17:03 et vraiment d'avoir une dimension identitaire nationale,
17:08 une définition de droite assez radicale de ce que pouvait être son identité de leader.
17:15 Et Lichlein est l'opposé de ça.
17:18 Oui, parce que c'est un petit peu ce que les médias annoncent déjà
17:21 dans les papiers qui sont sortis hier suite à la victoire de Lichlein,
17:24 c'est qu'on va avoir un face à face, un front contre front entre Lichlein d'un côté,
17:29 femme progressiste, féministe, de gauche, de gauche affirmée d'un côté,
17:35 et Mélanie, femme ultra conservatrice d'extrême droite de l'autre.
17:38 Oui, oui, en tout cas, ça peut être un risque pour Elischlein et pour la gauche
17:44 d'être enfermée uniquement dans ce débat de style.
17:48 Mais c'est sûr que cette confrontation, on ne peut pas faire comme si elle ne va pas exister
17:52 ou comme si elle n'était pas un fait médiatique et politique.
17:55 Simplement, il va falloir que la gauche italienne réapprenne à se faire aimer
17:59 de catégorie à qui elle a pu donner le sentiment de s'être détournée d'eux.
18:05 Et l'alliance avec le mouvement 5 étoiles, si elle a lieu, il faut voir,
18:09 le mouvement 5 étoiles est un mouvement crise également,
18:12 qui a perdu la moitié de son électorat en une législature.
18:18 Donc, sa volonté de faire alliance, les conditions dans lesquelles il va le faire,
18:23 ne garantissent pas non plus nécessairement et automatiquement qu'il y ait une dynamique
18:30 qui se crée là. Je pense qu'elle devra d'abord compter sur ses propres forces
18:34 et sur la capacité à recréer un leadership par le Parti démocrate.
18:37 Il faut d'ailleurs noter que le congrès dans lequel s'inscrivent ces primaires
18:42 est un congrès de refondation, qui vise à réintégrer un certain nombre des formations
18:48 qui sont issues de scissions dans ces années 2010, de les réintégrer,
18:54 un peu suivant le chemin qu'Eline Stein a fait elle-même.
18:58 Mais donc, il y a ce sujet de rajeunissement du Parti, de sa capacité à s'adresser à tous.
19:06 Et c'est clair qu'en tout cas, elle a réussi ça dans cette élection
19:10 et dans cette primaire.
19:12 Maintenant, la question c'est de savoir si elle va pouvoir faire ça à plus grande échelle,
19:16 parce que c'est une élection qui n'était pas attendue dans la mesure où Bonachin
19:23 avait obtenu la majorité des adhérents avant le vote de la primaire.
19:30 Il y a une sorte de premier tour de qualification où les adhérents du Parti
19:34 votaient pour sélectionner les candidats qui allaient aller à la primaire.
19:40 Donc, il était devant là-dessus.
19:43 Et c'est vraiment une mobilisation dans ces villes, dans le Nord, etc.,
19:49 qui fait que Elischlein l'a emporté.
19:53 C'est un peu considéré comme une surprise quand même.
19:56 D'accord. Merci beaucoup Valério.
20:00 Merci.
20:02 Merci d'avoir répondu à mes questions.
20:05 Je le rappelle, vous êtes spécialiste en communication politique
20:08 et ancien candidat aux législatives italiennes de 2018 pour le Parti Libéré et UGuali.
20:14 Merci encore.
20:16 Merci. Bon après-midi.

Recommandée