Dominique Chargé (La Coopération Agricole) : "notre souveraineté alimentaire n’est pas assuré"

  • l’année dernière
Avec JDominique Chargé, Président de La Coopération Agricole

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2023-03-03##
Transcript
00:00 du salon de l'agriculture, depuis le stand de la coopération agricole,
00:04 le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Roger.
00:08 - Toutes les questions autour de l'agriculture, et il y en a à se poser,
00:12 autour de la souveraineté alimentaire, de la transmission des fermes
00:16 de main, et puis quel modèle économique nous sommes avec Dominique Chargé,
00:20 président de la coopération agricole. Bonjour. - Bonjour. - De bon matin, évidemment,
00:24 sur Sud Radio. On entendait tout à l'heure un agriculteur qui disait, oui, alors,
00:28 dans ce système aussi, il y a plein de choses à revoir, l'industrie agroalimentaire,
00:32 et le système aussi des coopératives, comment ça fonctionne ? Parce que je pense que le grand public
00:36 ne connaît pas ce système des coopératives agricoles sur le terrain.
00:40 - Non, mais effectivement, et je comprenais la question de votre interlocuteur précédent,
00:44 il y a effectivement deux modèles très différents, celui des coopératives et celui
00:48 des industries agroalimentaires qui ne sont pas coopératives. - Oui.
00:52 - Une coopérative a la particularité d'être une entreprise qui appartient aux agriculteurs,
00:56 qui a un mode de fonctionnement et un mode de relation économique qui est différent
01:00 d'une relation avec une entreprise qui n'est pas coopérative. - C'est-à-dire que
01:04 les coopératives, elles sont gérées par les agriculteurs eux-mêmes, quoi, bien sûr.
01:08 - Absolument. Elles sont gérées par les agriculteurs, elles décident, ce sont des entreprises des territoires,
01:12 et elles sont au service de l'agriculture, au service des territoires, ce qui n'est pas systématiquement le cas
01:16 des autres entreprises. - Mais quels sont les avantages d'appartenir à une coopérative ?
01:20 - Les avantages pour un agriculteur, c'est qu'il décide, en fait, il a décidé de mettre
01:24 son exploitation dans un système qui lui permet d'avoir la transformation
01:28 de sa production agricole et un débouché sur les marchés de manière collective,
01:32 et d'assurer finalement la pérennité de son exploitation et la rémunération de sa production.
01:36 - Oui, la rémunération qui est décidée par la coopérative, quoi. - Qui est décidée par le Conseil d'administration.
01:40 Bien sûr, cette rémunération, on en trouve sa valeur sur les marchés,
01:44 et c'est pour ça que pour nous, c'est important de pouvoir valoriser correctement la production
01:48 de nos coopératives sur les différents marchés. - Oui. Dominique Chargé, il y a un grand enjeu
01:52 actuellement qui est la hausse des prix, l'inflation. Alors, on sait qu'il y a eu
01:56 des discussions entre les distributeurs, les industries agroalimentaires,
02:00 et puis vous, vous êtes en bout de chaîne, ou au début en tout cas de la chaîne.
02:04 Comment vous voyez les choses, en fait, pour demain ? - On est dans une période
02:08 qu'on n'avait pas connue depuis 40 ans, donc on a eu une augmentation des coûts de production
02:12 d'abord dans les exploitations agricoles, le prix des engrais, le prix de la nutrition
02:16 animale, enfin un peu tous les intrants de production. Ça a entraîné
02:20 mécaniquement une augmentation des coûts de la production agricole, et puis on a eu
02:24 dans nos entreprises aussi, la transformation, l'augmentation de l'énergie, l'augmentation d'un certain
02:28 nombre d'intrants aussi comme l'emballage. Tout ça fait qu'effectivement,
02:32 les coûts de production ont augmenté, donc la valeur de l'alimentation a augmenté. - Et est-ce que vous pouvez
02:36 répercuter ? - Alors, on a eu beaucoup de difficultés, parce que depuis le début
02:40 de la guerre en Ukraine, qui a été un grand révélateur, on a eu beaucoup de difficultés. L'année dernière,
02:44 pour vous citer un chiffre, nos entreprises
02:48 de transformation ont vu leur marge baisser de 16%, donc effectivement, quand nos marges
02:52 baissent de 16%, c'est difficile d'augmenter la rémunération des adhérents
02:56 des coopératives. - Oui, donc c'est l'une des grandes difficultés. Est-ce que ça peut
03:00 remettre en cause le système français de notre
03:04 agriculture ? - Mais il est déjà ! - Il est déjà ? - Il est déjà fragilisé
03:08 et vulnérabilisé. C'est-à-dire qu'on a vu depuis la crise
03:12 Covid, et ça s'est renforcé avec la guerre en Ukraine, que notre système
03:16 d'approvisionnement, notre souveraineté alimentaire n'était pas assurée. On s'est aperçu, alors que nous
03:20 on tire la sonnette d'alarme depuis le début des années 2000, que nous importions 50%
03:24 de nos poulets, que nous importons 60% de nos légumes,
03:28 plus de 50% de nos fruits, et que finalement, depuis l'an 2000,
03:32 la France, qui était une forte nation de production, a régressé. Nous sommes, par
03:36 exemple, passés du rang de deuxième exportateur au rang de sixième exportateur
03:40 à l'échelle mondiale. - Mais alors, où est le problème ? C'est parce qu'on produit trop
03:44 d'alimentaires en France, ou il y a un problème de concurrence au sein de l'Union Européenne,
03:48 et même au sein d'une économie mondialisée ? - Les problèmes, ils sont effectivement
03:52 multiples. Il y a les problèmes de ce qu'on appelle les normes,
03:56 ce qu'on appelle les surtranspositions, c'est-à-dire les règles que l'on s'impose
04:00 en France, des règles de production sur le bien-être animal, sur notre capacité
04:04 à pouvoir protéger nos plantes, sur le social, sur le fiscal, et qui sont différentes
04:08 de nos concurrents européens. Ça veut dire que nous ne pouvons plus produire
04:12 certaines catégories de produits, alors que nos concurrents européens, l'Allemagne, la Pologne,
04:16 les Pays-Bas, peuvent les produire. - Et ils ont à peu près les mêmes règles, quand même, non ?
04:20 - Eh bien, pas tout à fait, puisque nous sommes effectivement dans la même Europe. Ce que nous
04:24 réclamons, c'est que les règles décidées à l'échelle européenne puissent s'appliquer de manière
04:28 unilatérale à tout le monde. - Nous sommes trop vertueux en France. - C'est pas comme ça que ça se passe,
04:32 parce qu'effectivement, la France a tendance à surtransposer,
04:36 c'est-à-dire à faire plus que ce que demande la réglementation européenne,
04:40 peut-être pour de bonnes raisons. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que pour nous,
04:44 ça se traduit par des distorsions de concurrence et une moindre compétitivité sur les marchés.
04:49 - Oui, vous aviez rendu un rapport qui avait été remis, je crois, d'ailleurs, au ministre de l'Industrie,
04:52 Roland Lescury, il y a quelques jours, Dominique Chargé. Est-ce que
04:56 demain, notre agriculture en France est véritablement menacée ?
05:00 Un agriculteur sur deux à plus de 50 ans quitte de la transmission.
05:04 C'est ce que nous disait l'une de nos invités agricultrices, tout à l'heure, ce matin,
05:08 à 7h15. - Oui, le renouvellement des générations, à la fois en agriculture,
05:12 mais aussi dans l'ensemble de nos entreprises de transformation de la production
05:16 en alimentation, est un enjeu majeur. Il faut que nous rendions, effectivement, nos métiers
05:20 plus attractifs. Et dans le rapport que nous avons rendu à M. Lescury, nous mentionnons
05:24 d'ailleurs un certain nombre de points sur lesquels nous devons travailler pour faire
05:28 en sorte que nous soyons plus attractifs. Il y a un vrai problème, effectivement, autour de la qualité
05:32 des emplois, évidemment de la rémunération, mais également de la modernisation
05:36 et de la robotisation de nos activités, parce que les activités agricoles sont des activités
05:40 contraignantes. Il y a un autre point important, c'est celui du risque. En agriculture,
05:44 vous travaillez avec un risque permanent, qui est un risque sanitaire, qui est un risque
05:48 climatique, et on doit pouvoir aussi mieux se prémunir des risques
05:52 que nous avons, parce qu'une grande partie de ce que les agriculteurs
05:56 ont comme difficultés aujourd'hui, tient au fait qu'ils sont constamment dans un risque qui n'est pas couvert.
06:00 - Des gens qui nous écoutent et qui se disent "Tiens, peut-être que je pourrais
06:04 renvoyer mes enfants ou moi-même dans une reconversion, aller vers l'agriculture",
06:10 si vous aviez un argument pour les attirer ? Parce que là, il y a un discours quand même pessimiste,
06:14 donc ça ne donne pas forcément envie de les charger. - Non, nous ne sommes pas pessimistes,
06:18 et moi je pense que... - Non, mais bon, attendez, l'ambiance n'est quand même pas très joyeuse.
06:22 - Non, les prix à la production agricole ont considérablement augmenté l'année dernière,
06:28 le revenu des agriculteurs sur l'année 2022, en tout cas leur marge,
06:32 se sont améliorées, et c'est très bien, et je pense qu'il faut continuer dans ce sens-là.
06:36 Ce qui pose problème, effectivement, c'est ces règles qui s'imposent spécifiquement à l'agriculture française,
06:40 et qu'il nous faut pouvoir corriger, c'est-à-dire qu'il faut que nous puissions produire
06:46 dans les mêmes conditions que nos concurrents européens. - Foutez-nous la paix !
06:50 C'est ce que disait tout à l'heure une agricultrice à 7h15. Il y a trop de...
06:54 - Quoi ? Il y a trop de contrôles, il y a trop de normes, justement, de contraintes administratives...
06:58 - Je ne dirais pas "foutez-nous la paix", je dirais "aidez-nous".
07:02 Aidez-nous à trouver des solutions alternatives aux molécules qui, aujourd'hui, doivent être retirées,
07:07 et dont nous savons que nous ne pourrons plus les utiliser dans quelque temps.
07:10 Aidez-nous à construire des réserves d'eau pour que nous puissions arroser.
07:14 Aidez-nous à faire en sorte que nous soyons protégés de ce que nous avons aujourd'hui
07:17 comme accident sanitaire ou accident climatique. Aidez-nous !
07:19 Non, ne nous foutez pas la paix, mais aidez-nous. - Aidez-nous.
07:22 Bon, ben voilà, c'est le message que l'on retient, puis je poserai cette question, justement,
07:26 au ministre de l'Agriculture qui sera à ce micro, Dominique Chargé, donc tout à l'heure, Marc Fesneau,
07:31 à 8h15, 8h12, 13, même, juste après Éric Nolot et le journal qu'on va retrouver dans un instant.

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