• il y a 2 mois
Avec Docteur Daniel Scimeca, médecin généraliste

Rendez-vous tous les samedis à 7h39.
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##PARLONS_SANTÉ-2024-08-31##

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Transcription
00:00Allez, à 8h moins 20, c'est votre rendez-vous santé en cette veille de la rentrée selon l'Institut de Veille Sanitaire.
00:07Près de 480 000 salariés français seraient en souffrance psychique au travail, dont 7% en burn-out.
00:14On en parle avec Daniel Cimeca, notre médecin généraliste. Bonjour Daniel.
00:18Bonjour, bonjour à tous.
00:20Alors déjà, il faudrait peut-être rappeler ce qu'est le burn-out, parce que c'est vrai que c'est un terme qu'on utilise un petit peu souvent, très souvent, trop souvent, galvaudé aussi.
00:30Oui, bien sûr, pour qu'on puisse parler de burn-out, qui est une expression anglo-saxonne, parce que ça a été décrit la première fois dans ce cadre-là,
00:39on parle plutôt en France d'épuisement professionnel, il faut quand même trois critères. Il ne faut pas juste en avoir un petit peu assez et avoir besoin de vacances.
00:47Le premier critère, c'est l'épuisement. L'épuisement à la fois physique, psychique, on n'en peut plus, les nuits ne suffisent plus à récupérer,
00:57les week-ends, même les vacances ne suffisent plus à récupérer et on est à la fois physiquement et psychiquement épuisés.
01:03Le deuxième élément, c'est vraiment une perte du plaisir de travailler, jusqu'au plaisir même de vivre, ça peut aller jusque-là,
01:13de trouver que son travail est absolument sans intérêt et cette dévalorisation du travail, au fur et à mesure, entraîne une dévalorisation de soi-même.
01:24Et le troisième critère, qui est souvent le plus méconnu et pourtant presque le plus important, c'est un développement de ce qu'on pourrait appeler le cynisme par rapport à son travail,
01:34c'est-à-dire qu'on trouve que rien n'a d'importance. C'est particulièrement vrai pour toutes les professions qui ont une relation avec l'humain.
01:45On pense évidemment aux professionnels de santé, mais aussi aux enseignants, voire même aux autorités de police ou de gendarmerie,
01:51c'est-à-dire qu'au fond, on fait son travail de façon mécanique et donc on devient distancié, on devient même éventuellement désagréable, agressif avec les gens auxquels on a affaire,
02:04y compris les collègues. Et cette notion de cynisme, elle aggrave parce qu'au fond, on sait bien que ce n'est pas bien quand on est infirmière, quand on est policier,
02:14quand on est enseignant, je ne vais pas dire médecin, mais évidemment tous les professionnels de santé, quand on ne fait pas bien son travail, quand on le fait comme si on traitait des chapeaux ou des chaussettes alors qu'on a affaire à des humains,
02:27eh bien automatiquement, on se dévalorise aussi soi-même. Et donc, les conséquences sont multiples, plus anxiété jusqu'à la dépression et puis des ennuis physiques aussi,
02:39des douleurs digestibles, des douleurs musculaires jusqu'à la vraie dépression.
02:45Justement, avant peut-être la dépression, à quel moment il faut vraiment consulter un médecin, des médecins comme vous, des psychiatres ? Est-ce qu'un psychologue peut aussi faire un arrêt ?
02:54Le psychologue, non. Il faut que ce soit un médecin qui fasse l'arrêt de travail. Donc effectivement, la première chose à faire, c'est de voir son médecin traitant et de prendre un rendez-vous aussi avec son médecin du travail.
03:07Le médecin du travail ne va pas vous soigner, mais souvent, il connaît l'entreprise, surtout si c'est un médecin du travail d'une grande entreprise,
03:17parce qu'automatiquement, il est davantage connecté avec les postes de travail, mais c'est valable pour tous les médecins du travail.
03:24Et son médecin traitant, pour avoir d'abord du repos, pour pouvoir parler éventuellement, voir un psychologue, voir un psychiatre, mais aussi maintenant, on peut prescrire du sport,
03:36on peut reprendre de l'activité physique, on peut faire un certain nombre de choses qui finalement élargissent le champ d'existence et montrent qu'il n'y a pas que le travail.
03:45Le travail est important pour un être humain, ça donne du sens, mais qu'il n'y a pas que le travail et que la vie, c'est un ensemble et donc permettre de relativiser.
03:54Et ensuite, assez rapidement quand même la reprise du travail, parce que sinon le risque...
03:59Rapidement, ça veut dire quoi en fait ?
04:01Rapidement, ça veut dire quoi ?
04:02Rapidement, ça veut dire quoi ? C'est quoi la durée moyenne d'un arrêt de travail pour burnout ?
04:06On sait bien que quand on commence à dépasser deux mois, trois mois d'arrêt de travail, la désinsertion sociale, c'est le risque.
04:16L'arrêt de travail est un très bel outil, un acquis social absolument formidable.
04:22C'est un droit des travailleurs de pouvoir dire à un moment donné, voilà, avec mon médecin, ça va plus, je suis obligé de m'arrêter et de vivre quand même et d'être payé.
04:32Mais comme tout médicament, ça a des effets secondaires.
04:36Si c'est trop prolongé, le risque, c'est la désinsertion sociale et l'impossibilité de retour à une activité salariée.
04:42Après, c'est les invalidités, etc.
04:44C'est des solutions qui existent, qui ont leur valeur, mais chaque fois qu'on peut l'éviter, en tout cas, ce sera préférable.
04:54Dernière petite question.
04:55En même temps, on voit qu'il y a un risque de récidive de 28% chez les patients qui ont déjà fait un burnout.
04:59Donc, il y a vraiment la nécessité d'être bien accompagné lors de cette fameuse reprise du travail.
05:04Oui, mais c'est aussi le reflet d'une société qui devient un peu plus mécanique, un peu plus sauvage.
05:12Il y a une des causes quand même.
05:14Alors, les liens verticaux ont toujours été un peu difficiles avec les chefs, avec les petits chefs, etc.
05:22Mais ce que l'on observe aussi, c'est une déliquescence des liens horizontaux entre collègues, moins de solidarité, moins d'entraide.
05:33Et ça, c'est un phénomène que nous, médecins, on observe de plus en plus dans le récit que nous font nos patients.
05:40En tout cas, merci beaucoup pour vos lumières, Daniel Cimekia, en vous souhaitant une belle rentrée aussi à vous.
05:45Merci.
05:46Bonne journée, bonne rentrée à tous.

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