Gastronomie - La nationale 7, la route de la gastronomie
Olivier Poels nous embarque, en voiture, sur la Nationale 7, la route de la gastronomie dans les années 1930 au temps des premiers congés payés, des débuts de l'automobile sur cette fameuse route des vacances qui va voir la naissance de grandes institutions gastronomiques : Pic, Troisgros ou encore La Pyramide...
Retrouvez "Mes aïeux quelle époque !" sur : http://www.europe1.fr/emissions/mes-aieux-quelle-epoque
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 avec Stéphane Bern.
00:02 Mais aïeux, quelle époque, mais aïeux, quelle époque...
00:04 Oui mais aïeux, quelle époque, une époque et même plusieurs
00:07 qu'on vous raconte chaque jour pendant deux heures.
00:09 Toujours avec Jean-Luc Lemoyne, David Cassel-Lopez,
00:11 qu'on retrouve dans un instant.
00:13 Et aujourd'hui avec vous, Olivier Pouls, notre guide culinaire vivant
00:16 et même bon vivant.
00:18 Alors, ça s'est passé dans le passé, on remonte dans les années 30.
00:21 Olivier, pour refaire la route dans l'autre sens,
00:24 la National 7, la route de la gastronomie.
00:27 National 7.
00:30 Il faut l'apprendre qu'on aille à Rome.
00:33 Eh oui, Charles Trenet la chantait, et rien que l'évocation
00:36 du nom National 7 plonge les moins jeunes d'entre nous
00:40 dans de doux souvenirs qui évoquent les vacances,
00:43 l'été, les bouchons, la perspective de la mer, du soleil,
00:47 pour les plus chanceux, les étapes gastronomiques,
00:50 voire peut-être même la perspective d'une amourade de vacances
00:53 au bout de cette National 7.
00:55 C'est dans les années 30 que notre Route 66 à nous voit le jour.
01:00 Le nombre de possesseurs d'automobiles monte en flèche,
01:03 les congés payés ont été arrachés de haute lutte par le Front populaire,
01:07 les Français veulent prendre le large et voyager.
01:11 Comme on l'imagine, les voitures de l'époque et les infrastructures routières
01:14 ne permettaient pas d'atteindre la Méditerranée
01:17 depuis Paris en 5 heures, comme c'est le cas aujourd'hui.
01:20 On serpentait, on prenait son temps, il fallait faire des étapes,
01:23 se restaurer et se reposer.
01:25 - Et tant qu'à faire, autant bien choisir ses adresses.
01:28 - Et bien oui, je vous le rappelle, je vous l'ai raconté il y a quelque temps,
01:31 le guide Michelin existe depuis quelques années seulement,
01:34 depuis le début du siècle, il est devenu un outil précieux,
01:37 indispensable pour les voyageurs en quête de bonnes tables.
01:40 Ces dernières, profitant du flot de touristes drainé par la National 7,
01:44 s'installent donc en bordure de cet axe pour attirer les chalants.
01:49 Et c'est là que vont éclore quelques-unes des tables
01:52 qui feront la fierté de notre gastronomie.
01:54 Alors partons du nord au sud,
01:56 Rouen, ça vous dit peut-être quelque chose, au-dessus de Lyon,
01:59 un petit bourg, dans lequel dès 1930,
02:02 Jean-Baptiste et Marie Troigrot, tiens, tiens, ce nom sonne,
02:06 ouvrent un établissement qui deviendra un des temples de la gastronomie
02:09 quelques années plus tard, sous l'égide de leur fils au pluriel, Jean et Pierre.
02:14 Quelques kilomètres un peu plus loin, nous voilà à Vienne,
02:17 au sud de Lyon, à la pyramide.
02:19 Alors lui sera le royaume d'un des plus grands chefs du XXe siècle,
02:23 un certain Fernand Poin, à qui le guide Michelin attribue
02:27 "Trois étoiles dès 1933".
02:30 Le garçon est surnommé Magnum, car il en buvait un quotidiennement,
02:34 un Magnum de Champagne, un géant d'1m92 et de 165 kilos,
02:39 qui a élaboré des recettes qui sont encore des grands classiques
02:42 de notre gastronomie.
02:43 On retient sa célèbre "Sol", la "Sol Fernand Poin",
02:47 sauce tomate, champignons, crème, servie avec des nouilles,
02:49 ou encore son célèbre gratin de queue d'écrevisse.
02:53 - Ça met en appétit, Olivier. On poursuit la route ?
02:55 - Bien sûr, et nous voilà à Valence, chez André Pic,
02:59 l'arrière-grand-père d'Anne-Sophie.
03:01 C'est lui qui donne ses lettres de noblesse dans les années 30 à cette maison,
03:05 qui verra défiler une lignée de cuisiniers,
03:07 fera le bonheur des vacanciers, artistes, hommes politiques,
03:10 qui poseront leur valise pour une étape gastronomique.
03:13 On lui doit une célèbre recette de chaussons aux truffes,
03:16 dont la seule évocation me fait saliver, même à cette heure-ci.
03:20 Mais voilà qu'apparaissent les premiers Oliviers,
03:22 la nature change et se fait plus aride,
03:24 le soleil nous éblouit, pas de doute,
03:26 ben voilà, nous sommes arrivés dans le Sud.
03:28 - Mais Olivier, ces maisons ont toutefois bien résisté
03:31 à la fin de la National 7, qui a été remplacée par l'autoroute.
03:34 - Oui, vous l'avez dit, dans les années 60,
03:37 l'autoroute A6 est progressivement mis en service,
03:41 et ça change la donne, ça permet de gagner du temps,
03:44 et ça n'impose plus ses étapes aux voyageurs.
03:46 Mais la réputation de ces maisons est faite,
03:49 et toutes sont encore bien vivantes aujourd'hui.
03:51 La dynastie des Trois Gros est au sommet,
03:53 avec César et Léo, qui ont toutefois déménagé
03:56 l'établissement à Houches, à 8 km de Rouen.
04:00 Anne-Sophie Pic, évidemment, brille au firmament
04:02 de la gastronomie française, au révolu de 3 étoiles.
04:05 C'est la seule femme à ce niveau en France.
04:07 Quant à la pyramide, elle connaît une résurrection depuis 1989,
04:11 sur les directions du chef Patrick Henri Roux.
04:13 Des tables qui continuent donc à faire le bonheur,
04:15 des touristes fortunés qui peuvent y faire une halte gastronomique,
04:19 en se remémorant les paroles de Trenet,
04:22 que l'on soit 2, 3, 4, 5, 6 ou 7, c'est une route qui fait recette.
04:26 - Bravo, merci beaucoup Olivier, mais à yeux qu'à l'époque !