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Olivier Poels nous raconte Maxim's, symbole de la gastronomie, de la fête et des années folles.
Retrouvez "Mes aïeux quelle époque !" sur : http://www.europe1.fr/emissions/mes-aieux-quelle-epoque

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Transcription
00:00 Europain, historiquement vôtre, avec Stéphane Berne.
00:04 Mais aïe, quelle époque, mais aïe, quelle époque !
00:07 Oui, mais aïe, quelle époque, une époque et même plusieurs
00:09 qu'on vous raconte chaque jour pendant deux heures.
00:11 Toujours avec Jean-Luc Lemoyne, David Castel Lopez,
00:14 qu'on retrouve dans un instant.
00:15 Et maintenant avec vous, Olivier Pouls, notre guide culinaire vivant
00:18 et même bon vivant.
00:20 Ça s'est passé dans le passé.
00:21 On remonte en 1893 à Paris,
00:24 quand fut inauguré un lieu qui deviendra, au début du XXe siècle,
00:29 un symbole de la gastronomie, mais aussi de la fête et des années folles, Maxime.
00:34 Alors, je vais vous faire une confidence, les amis.
00:36 Je ne suis jamais allé manger chez Maxime's.
00:40 Ouh !
00:41 Et pourtant, comme la Tour d'Argent, le Grand Véfour ou le Jules Verne,
00:45 le Maxime's de Paris est certainement l'un des restaurants
00:49 les plus célèbres de la capitale, ou plutôt était,
00:52 car il faut bien le dire, aujourd'hui, son étoile, ses étoiles,
00:56 ont un peu pâli, voire même disparu.
00:58 Même si l'adresse de la rue Royale existe toujours
01:01 et continue à accueillir des clients plutôt aisés,
01:05 dirons-le, elle est toujours bien vivante.
01:08 Mais, point de Maxime's, dans le palmarès des meilleurs guides culinaires
01:12 ou des tops je ne sais combien des meilleurs restaurants du monde,
01:15 le lieu qui fut durant des décennies l'une des adresses les plus courues de la capitale
01:20 semble s'être un peu endormi,
01:22 pourtant dans son décor inscrit à l'inventaire des monuments historiques
01:26 et resté dans son jus, Maxime's raconte pourtant l'histoire d'une success story incroyable
01:31 qui, vous l'avez dit Stéphane, a débuté en 1893.
01:35 - Oui, c'est une époque où les restaurants commencent à être vraiment à la mode,
01:39 très en vogue, et puis on y danse aussi, enfin on y fait plein de choses.
01:43 - Les parisiens sortent et les restaurants, comme on dit, à la carte,
01:47 connaissent un franc succès.
01:49 C'est dans ce contexte qu'un certain Maxime Gaillard, modeste garçon de café,
01:54 et son ami Georges Everhart reprennent ce qui était alors un glacier
01:58 et le transforment en bistrot, un très modeste bistrot où s'arrêtent d'ailleurs beaucoup les cochers.
02:03 Ils le nomment Maxime's et Georges, vous aurez compris, ce sont leurs prénoms.
02:08 Le 21 mai de cette année 1893, après avoir assisté au prix de Diane,
02:12 la comédienne Irma de Montigny pousse la porte de l'établissement
02:16 et les conquise et promet à Maxime de l'aider à développer la notoriété et la clientèle de son établissement.
02:23 Elle, qui connaît le tout Paris, recommande l'adresse à ses amis
02:27 et c'est le début de la notoriété et d'une relation particulière
02:30 qu'entretiendra le restaurant et les célébrités durant pratiquement toute sa vie.
02:35 Mais en 1898, Maxime Gaillard est contraint de céder le lieu
02:40 car si effectivement le restaurant attire une clientèle dorée,
02:43 cette dernière ne règle pas toujours ses additions
02:46 et le pauvre Maxime Gaillard n'a plus en rond.
02:48 Il est alors repris par Eugène Cornuchet qui voit avoir une idée assez lumineuse,
02:53 moderniser le décor.
02:55 - Et là on est en pleine période de l'art nouveau.
02:57 - Oui, et Eugène fait appel aux artistes de l'école de Nancy
03:01 qui durant deux années vont fasciner un incroyable nouveau décor
03:05 qui aujourd'hui encore est la signature de Maxime.
03:08 Fresques murales, boiseries, vitraux, immenses miroirs, tons rouges et ors,
03:14 le lieu en impose.
03:16 Mais si un joli décor c'est bien, ça ne suffit pas forcément à attirer la clientèle
03:21 et pour ça Eugène Cornuchet a une botte secrète.
03:25 Il fait appel à ce que l'on nomme les courtisanes,
03:28 vous savez, de jolies femmes qui ne refusent jamais de se faire inviter par des messieurs fortunés.
03:33 Et il les place à l'avant du restaurant, devant la vitrine,
03:36 histoire d'appâter le client.
03:38 Et ça marche, figurez-vous.
03:39 À l'époque, Maxime est donc davantage une maison de passe chic,
03:43 avec ses célèbres chambres d'amour d'ailleurs,
03:46 qu'un restaurant gastronomique.
03:48 Mais le lieu ne désamplit pas et rapidement le tout parie
03:51 et au-delà, six presses, Edouard Sept, Greta Garbo, Marcel Proust,
03:55 Sacha Guitry, Fedot, Viennesia Tablé
03:58 et Festoyer dans une ambiance plutôt torride,
04:01 un succès qui ne faiblira pas
04:03 et qui connaîtra son âge d'or durant les années 50, 60 et 70.
04:08 Impossible de vous dresser la liste intégrale des people
04:11 qui, comme on dit, se pressent dans l'établissement.
04:14 Il y a certainement dans cette liste, évidemment, Stéphane Bern, je l'imagine.
04:17 - Non, non, mais votre côté, si on va du côté de la gastronomie,
04:21 est-ce qu'on y mange bien chez Maxime ?
04:23 - Alors durant cette période... - C'est même la question dans un restaurant.
04:25 - Entre les années 50 et 70, figurez-vous que Maxime est le plus cher
04:30 et le plus célèbre restaurant au monde.
04:32 Il est distingué par trois étoiles au Guide Michelin.
04:35 En cuisine, c'est le chef Alex Humbert, grande célébrité de l'époque,
04:40 qui régale avec ses œufs de caille au caviar,
04:43 sa terrine de canard au foin cru, sa selle d'agneau au truffe
04:46 ou encore de remarquables soufflets.
04:49 L'établissement demande à sortir du Guide Michelin en 1977 et rend les étoiles.
04:54 En 1981, il est racheté par Pierre Cardin,
04:57 qui craignait de le voir passer sous pavillons étrangers.
05:00 Et puis aujourd'hui, Maxime, qu'est-ce que c'est ?
05:02 C'est une marque aux nombreux produits dérivés,
05:04 comme des bagages ou du parfum.
05:06 Encore un restaurant à Paris, je crois qu'il y en a deux autres en Chine.
05:09 On peut encore y déjeuner.
05:11 Un feuilleté de homard fumé de crustacé à 42 euros
05:15 ou un filet de bœuf sauce périgueux à 61 euros.
05:18 Une cuisine très traditionnelle, pas franchement bon marché,
05:21 mais une fois encore que je n'ai pas goûté.
05:22 Et la Jet Set a pris ses quartiers.
05:24 Et la Jet Set, évidemment. Elle n'a pas déménagé depuis bien longtemps.
05:28 Pourquoi ? Vous n'y avez jamais été ?
05:30 Parce qu'au moment où c'était vraiment chic d'y aller...
05:33 J'étais beaucoup trop jeune et ensuite c'est devenu un peu ringard d'y aller.
05:37 Et moi, c'est là où on m'a commencé à m'y inviter.
05:41 Merci beaucoup, Olivier, mes aïeux, quelle époque !
05:45 Dans un court instant, c'est le début de la fin.
05:47 Je ne parlais pas de Maxime là.
05:48 Ou le début tout court.
05:49 Avant de partir, on remonte aux origines avec David Castelle-Lopez
05:53 et ses applaudissements.
05:54 Je crois, David, que vous avez d'ailleurs demandé une petite avance.
05:59 Mais d'abord, un rendez-vous à ne pas manquer sur Europe 1.
06:01 Toute cette semaine, on te la fera compte.
06:02 L'année 1963.
06:04 En 1963, Martin Luther King prononce son "I have a dream".
06:08 Europe 1 organise un grand concert gratuit place de la Nation
06:11 pour l'amour du peuple Jean XXIII.
06:13 Brigitte Bardot tourne "Le mépris de Godard".
06:15 Le bac est réformé.
06:17 Et puis, 1963, c'est mon année de naissance aussi.
06:21 On te la tera compte.
06:21 1963, c'est demain à 15h sur Europe 1.

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