Le Sénat adopte l'article 7 sur le report de l'âge de départ à 64 ans : pourquoi continuer les mobilisations ?

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Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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Transcript
00:00 - Europe 1 Midi, Romain Desarbres.
00:03 - Merci d'être avec nous sur Europe 1 dans Europe 1 Midi.
00:07 Bonjour Cyril Chabanier.
00:08 - Bonjour.
00:09 - Bonjour, vous êtes le président de la CFTC, du syndicat CFTC.
00:13 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:15 Quelques heures après le vote par le Sénat,
00:18 donc je le disais, du fameux article 7 de la réforme des retraites,
00:23 celui qui permet de repousser l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
00:29 Alors la première question qu'on se pose, c'est à quoi ça sert de maintenir la pression
00:36 alors que le cœur de la réforme vient d'être voté par les sénateurs
00:40 et que ça devrait être conservé même en commission mixte paritaire ?
00:44 Il y a une nouvelle manifestation samedi.
00:47 - Pour plusieurs raisons.
00:48 D'abord, vous l'avez dit, il y a évidemment ce vote au Sénat qui a eu lieu cette nuit,
00:53 mais par la suite, il va y avoir la commission mixte paritaire avec 7 sénateurs et 7 députés.
00:57 Le texte, au final, va revenir à l'Assemblée nationale.
01:01 Et vu la composition de l'Assemblée nationale par rapport au Sénat,
01:04 autant le vote au Sénat était quasiment acquis pour le gouvernement,
01:07 le vote à l'Assemblée, lui, est loin d'être acquis.
01:09 Donc c'est la première raison pour laquelle il faut continuer le combat.
01:12 Puis il y a une deuxième raison qui est que même si la loi au bout du bout est votée,
01:17 rappelez-vous de l'histoire du CPE, la loi avait été votée,
01:20 mais jamais promulguée sous la pression justement de la rue.
01:24 Et si on ne met pas en cause la démocratie parlementaire,
01:27 il y a une autre démocratie qui est celle de la rue.
01:28 Et quand on a les trois quarts de la population qui refusent cette loi,
01:32 je crois que la démocratie de la rue peut aussi se faire entendre.
01:36 J'aimerais que vous écoutiez ce qu'a dit ce matin la Première ministre Elisabeth Borne.
01:41 On a été à l'écoute.
01:42 Il y a eu trois mois de concertation avec les organisations syndicales et patronales.
01:47 On reste à l'écoute s'il y a des points particuliers,
01:50 des améliorations que les uns et les autres veulent apporter à la réforme.
01:54 Comme on est à l'écoute des groupes parlementaires,
01:57 cette réforme se construit dans la concertation et ça c'est mon état d'esprit.
02:01 On a été à l'écoute des organisations syndicales.
02:03 En fait, le message du gouvernement,
02:06 j'entendais Bruno Le Maire sur CNews ce matin qui disait la même chose,
02:11 à chaque moment, ces interlocuteurs, il y a eu le moment des syndicats.
02:16 On a été à l'écoute des syndicats, maintenant ça se passe à l'Assemblée.
02:19 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
02:22 Ça a été une fausse écoute.
02:24 La problématique qu'il y a eu, c'est que nous avons fait une concertation sur plusieurs volets.
02:29 Et autant si le gouvernement a été à l'écoute sur le premier volet,
02:33 par exemple, qui a été le volet central et clé de l'emploi des seniors,
02:37 dont on sait que si on arrivait à résoudre cette difficulté,
02:39 on pourrait résoudre le déficit sur les retraites.
02:44 L'écoute a été aussi, on va dire, partielle sur la question de la pénibilité,
02:49 mais par contre il n'y a eu aucune écoute et aucune discussion possible
02:53 sur le cœur du sujet qui a été le financement.
02:56 Puisque dès la première réunion, la première ministre nous a dit
03:00 "on vous laisse simplement un choix, c'est les 65 ans ou 64 ans avec accélération de la loi Tourette,
03:06 donc accélération des trimestres de cotisation".
03:09 Donc là il n'y a pas eu d'écoute.
03:10 Donc sur le sujet central de comment on finance le système des retraites,
03:14 comment on comble le déficit annoncé dans les années futures de 12 ou 13 milliards,
03:19 sur ça on n'a pas pu discuter, on n'a pas pu donner nos propositions,
03:23 en tout cas on les a données mais elles ont été balayées dans le revers de la main,
03:26 et ça a été uniquement le report de l'âge légal.
03:28 Donc ça a été des discussions sur les premiers volets, les choses un petit peu annexes,
03:33 et sur le cœur de la réforme il n'y a eu aucune discussion possible.
03:36 - À la CFTC, vous pensez qu'on peut éviter les 64 ans
03:40 en développant le travail des seniors et donc en augmentant les cotisations ?
03:46 - Alors il y a plusieurs possibilités.
03:48 La première c'est évidemment de travailler sur l'emploi des seniors,
03:51 puisqu'aujourd'hui une personne sur deux arrive à la retraite et n'est plus en activité.
03:55 Si simplement 10 à 15% de seniors travaillaient en plus jusqu'à 62 ans,
03:59 qui est l'âge d'aujourd'hui, c'est 10 milliards qui rentrent dans les caisses.
04:02 Donc on a quasiment bouché le déficit.
04:04 On veut aussi remettre à plat les aides données aux entreprises.
04:07 160 milliards, certaines aides sont efficaces, montrent des bons effets,
04:13 celles-là on les garde, d'autres, il y en a des tas, ne produisent aucun effet.
04:17 On les supprime, c'est des milliards aussi qui rentrent encore au niveau des recettes.
04:22 Et on avait évoqué y compris la question des cotisations,
04:25 des cotisations progressives, puisque nous sommes tous imposés
04:29 avec une première grosse cotisation à 6,9%
04:32 qui est plafonnée au plafond sécurité sociale,
04:35 c'est-à-dire que les gros revenus ne payent ces 6,9% que sur 3 800 euros de leur salaire,
04:40 même s'ils gagnent beaucoup plus.
04:41 Et on avait évoqué y compris la possibilité de pouvoir augmenter les cotisations.
04:46 En premier lieu du côté du patronat,
04:48 puisque cette réforme des retraites ne demande aucun effort au niveau des entreprises.
04:53 C'est d'ailleurs pour ça que vous n'entendez pas beaucoup
04:56 les organisations patronales s'exprimer sur cette réforme des retraites,
04:59 puisqu'elles sont mises complètement de côté, on ne leur demande aucun effort.
05:02 - Cyril Chabanier, une dernière petite question,
05:05 une réaction rapide s'il vous plaît de votre part,
05:07 parce qu'il y a déjà la petite musique avant la publicité.
05:10 À l'instant, la CGT annonce que le courant est coupé au Stade de France
05:14 et au chantier du village olympique.
05:16 Vous avez sur les fameuses coupures ciblées un commentaire sur la méthode.
05:22 - On n'est pas forcément très favorable à la CFTC à des coupures ciblées.
05:26 On l'avait déjà dit lorsqu'il était évoqué des coupures auprès de députés,
05:30 auprès de sénateurs.
05:32 Nous, on reste vraiment dans ce qu'on a dit au niveau de l'inter-syndical.
05:36 C'est le mouvement de samedi, le mouvement de mercredi,
05:40 y compris des grèves, y compris des grèves reconductibles.
05:43 On laisse certains secteurs qui organisent parfois des blocages le faire.
05:47 Après, les coupures ciblées, c'est toujours compliqué de faire les bons ciblages.
05:51 Donc, ce n'est pas l'action qu'on privilégie à la CFTC.
05:53 - Merci beaucoup Cyril Chabanier de la CFTC.
05:56 Merci d'avoir été avec nous dans Europe 1 Midi.
05:58 Dans un instant, on parle des aides sociales
06:01 avec le gouvernement qui semble vouloir serrer la vis.

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