Retrouvez toutes les chroniques de Hippolyte Girardot dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-d-hippolyte-girardot
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00:00 Hippolyte Girardot, mon cher Hippolyte, vous aussi vous êtes ancré dans la société,
00:04 vous absorbez tout ce qui se passe autour de nous, n'est-ce pas ?
00:06 Oui, vous avez entendu ça, le mot blocage ?
00:08 On va bloquer la France, tout ça, alors c'est marrant.
00:11 On imagine la France en pleine action et soudain bloquée par un super héros musclé comme Hulk.
00:16 Elle est éructante, dévastatrice, incontrôlable la France, mais là elle est saisie à bras le corps,
00:21 bloquée, voire même à genoux comme on l'a entendu aussi.
00:24 Du calme, tout doux, bijou, du tout.
00:27 Et la France, en train de souffler comme une forge, tremblante de rage et d'ivresse, mais bloquée.
00:32 Une prise de catch sans faiblesse qui se sert davantage si on essaie de s'en échapper comme un bois constrictor
00:37 qui étouffe anneau par anneau le pauvre rat qui finit par s'évanouir d'apoplexie
00:41 et est alors englouti vivant dans l'estomac du rat.
00:44 Le blocage, comme ces freins sans ABS dont les plaquettes surchauffées se collent soudain au disque
00:50 et sont parfois la cause de tonneaux interminables dans les voitures.
00:54 Imagine la France telle une berline lancée à toute allure, les freins soudains, soudés,
00:58 sans voler et faire faire quelques tonneaux qui lui remettraient peut-être les idées en place, qui sait.
01:03 Le tête à queue spectaculaire dans l'air pourrait même être au ralenti comme dans "Les choses de la vie",
01:07 le film de Claude Sauter. La France reverrait sa vie, son histoire, sa grande histoire et ses petites histoires.
01:13 Et la sensation de ne plus savoir où est le haut et le bas pourrait-elle paradoxalement lui remettre les pieds sur terre
01:18 et la tête au ciel et non l'inverse.
01:20 Le blocage des freins ne donnerait-il pas la possibilité d'enfin savoir où et comment avancer ?
01:25 Le blocage serait-il "The New Revolution" ?
01:28 Le blocage !
01:30 Comme celui que le patient fait sur le divan de son analyste, se demandant malgré lui pourquoi soudain rien ne sort,
01:37 pourquoi sa parole s'éteint-elle soudainement alors qu'elle semblait aussi riche qu'un fleuve en cru ?
01:42 Pourquoi est-elle bloquée ? Pourquoi ce petit souvenir d'un écrou serré a-t-il été assez puissant
01:47 pour bloquer ce torrent d'images et de mots qui noyaient le cabinet si bien rangé de l'analyste qui n'en pouvait ?
01:52 Mais pourquoi plus rien ne sera pareil dans ce lieu pour son familier,
01:56 après cette petite anecdote sur ton grand-père t'apprenant à serrer un écrou ?
02:01 Le blocage !
02:02 Comme celui que l'on fait sur quelqu'un, sur un lieu, un goût, un son, une langue, une heure, du jour, un jour de la semaine.
02:08 Un blocage sur ce rendez-vous toujours repoussé qui vous fait rebrousser chemin et mettre le téléphone en monde d'avion
02:14 même si vous détestez voler.
02:15 Un blocage sur ce mec et sa façon de poser des questions si gentille et pourtant si intrusive.
02:20 Un blocage sur le geste de cette fille, sa morgue, son air de ne pas y toucher.
02:24 Un blocage ! Là je ne peux pas te dire, ça bloque, Laurence !
02:29 Un blocage enfin pour avoir la joie de débloquer, débloquer le SMIC, les quotas, les ratios, les frontières.
02:37 Oui, bloquer, pour débloquer, pour divaguer, pour délirer, pour désirer, pour aimer, pour desserrer l'écrou !
02:44 Oui, je sais, je sais, vous allez dire, Hippolyte, là, tu débloques.
02:47 Oui, c'est vrai, je débloque, mais ce blocage, moi je suis à fond pour, comment dire, je suis à bloc.
02:54 - Ah, Yves-Olive Gérardot, il en a sorti l'homme de théâtre, à fleurer, ainsi que l'écrivain.
02:59 La France qui souffle comme une forge, j'ai noté cette phrase.
03:03 - On aurait dit du Zola !
03:04 - Du Zola, du Zola, j'accueille !
03:06 - J'ai l'impression que les blocages et la lutte vous donnent un de ces pepsi, Hippolyte, c'est quand même fou, fou, fou.
03:11 - Deux jours de grève par semaine, si nécessaire.
03:13 - Plus le monde est sans pitié, plus vous êtes bon dedans, j'ai l'impression.
03:17 Merci, Hippo !