Aujourd'hui, Hippolyte nous parle d'un grand classique du cinéma français : À bout de souffle de Jean-Luc Godard.
Retrouvez toutes les chroniques de Hippolyte Girardot dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-d-hippolyte-girardot
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AmusantTranscription
00:00 Et donc c'est Hippolyte Girardot, l'acteur de la troupe.
00:03 - Cachez votre joie !
00:05 - Vous êtes en train de mettre...
00:06 - J'ai jamais fait ça, donc on va y aller !
00:08 - Allez, on va mettre nos mains par Hippolyte Girardot !
00:10 - 53, ouais, ça va, je vais finir dans les temps vers 18, 19.
00:14 On y va !
00:15 Difficile, difficile de choisir un film parmi la centaine qu'on aime vraiment.
00:20 Ils ont tous leur qualité, des scènes qui nous bouleversent, un plan avec une musique
00:24 qui nous entortille.
00:25 On aime une actrice dans l'un, une bande de potes dans l'autre.
00:28 C'est un peu comme nos histoires d'amour, elles ont toutes leurs trucs qui font qu'on
00:32 y est attaché.
00:33 Ça peut être une façon de s'habiller le matin, une façon de s'endormir, un mot qui
00:36 revient tout le temps, un regard, des mains qui cherchent et parfois trouvent.
00:39 Oui, elles ont toutes leur chance d'exister, nos amours.
00:42 Et puis il y a celle qui change la donne.
00:43 Il y aura un avant et un après.
00:45 Et il y a des films comme ça.
00:47 Citizen Kane, Les Lumières de la Ville, 2001, le lycée de l'espace.
00:50 Et il y a celui dont je vais vous causer.
00:52 Comme dit son auteur, voilà un film qui voulait être Scarface et qui se retrouve à être
00:57 Alice au Pays des Merveilles.
00:59 Un film noir, en hommage au film de série B qui se résumait à Un flingue et une fille
01:05 et qui en fait devint la première pierre cinématographique des années 60.
01:09 A bout de souffle, le premier film de Jean-Luc Godard, une bombe de cinéma en 1959.
01:16 Raconter le film, l'expliquer, tenter de le résumer, c'est un casse-tête impossible,
01:21 comme un gâteau à multiples couches.
01:23 Alors, autant y aller à fond, pieds au plancher.
01:25 C'est un film de voiture américaine et de vieille 403 qu'on doit doubler de taxi qu'on
01:31 engueule parce qu'il traîne.
01:32 C'est un film sur l'amour.
01:35 C'est un film qu'on tourne sans son pour aller plus vite.
01:47 Les acteurs disent à peu près leur ligne et Godard réécrit tout en post-synchro.
01:51 Un film qui, pour pas être trop long, coupe les scènes au milieu sans tenir compte des
01:54 raccords entre les regards, les places dans la pièce et dans l'ordre des répliques.
01:58 Un film avec une idée par plan, des dialogues que les gens se répètent un peu comme des
02:02 talismans.
02:03 Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la vie,
02:13 allez vous faire foutre.
02:14 Un film où le héros tue un flic, vole de l'argent à une ancienne copine, tabasse
02:19 des mecs pour leur piquer leur bagnole et pourtant devient le type que tout le monde
02:23 adore.
02:24 Un film qui invente un sexe symbole masculin des années 60 alors que l'acteur était
02:32 destiné à des rôles comiques.
02:33 Un film qui parle de mode.
02:34 Un film tourné à l'arrache dans la rue, la caméra cachée dans un triporteur de la
02:46 poste avec une caméra de reportage.
02:48 C'est un film avec une américaine qui comprend pas la France.
02:51 Un film noir où un tueur de flics est traqué par la police mais qui se permet de s'arrêter
03:13 une demi-heure, pendant une demi-heure, ou une petite chambre d'hôtel pour réinventer
03:18 le flirt.
03:19 C'est un film documentaire sur un acteur unique qui ne vit là que dans l'instant,
03:33 improvise mille détails hors des canons de jeux classiques, enfile sa chemise en téléphonant
03:37 et en filmant sa clope, saute dans les voitures décapotables.
03:40 Un type qui fait des conneries mais aussi des corrections orthographiques.
03:43 Un type avec une goaille unique.
03:44 Un type à qui on veut ressembler.
03:46 C'est un film qui filme le visage d'une femme sous toutes les coutures avec tendresse,
03:50 intérêt et surprise.
03:51 C'est un film sur les mots qu'on ne comprend pas.
03:53 C'est aussi un film où Godard met dans la bouche d'un écrivain à qui on demande
04:02 quelle est sa plus grande ambition.
04:04 Une phrase incroyablement prémonitoire quand on sait que Jean-Luc Godard a décidé du
04:12 jour et de l'heure de sa mort après être devenu une sorte d'immortel, en tout cas
04:17 de fabricant de films immortels comme ce A bout de souffle qui pourtant n'en manquait
04:22 pas.
04:23 * Extrait de la chronique de Hippolyte Girardot *